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Tina Modotti

Assunta Adelaide Luigia Modotti Mondini dite « Tina[2] Modotti », née le [1] à Udine[3], région du Frioul-Vénétie Julienne, Italie et morte le [4] à Mexico[4], est une photographe, actrice et militante révolutionnaire.

Tina Modotti
Tina Modotti dans le film The Tiger's Coat (1920).
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom dans la langue maternelle
Assunta Adelaide Luigia Modotti Mondini
Nom de naissance
Assunta Adelaide Luigia Modotti Mondini[1]
Nationalité
Activité
mannequin, actrice, photographe et militante révolutionnaire
Tina Modotti par Edward Weston.

Biographie

Jeunesse

Le pĂšre de Tina Modotti est mĂ©canicien Ă  Udine. Un oncle, Pietro Modotti, est un photographe rĂ©putĂ© dans la mĂȘme ville[5]. En 1897 ou 1898, la famille s’installe dans les environs de Klagenfurt (Autriche) oĂč son pĂšre a trouvĂ© un emploi dans une usine de bicyclettes. La famille revient Ă  Udine en 1905 et la jeune Tina doit recommencer ses Ă©tudes primaires au dĂ©but, en italien, aprĂšs les avoir faites en allemand Ă  Klagenfurt.

La rĂ©adaptation lui est difficile, notamment Ă  cause de la diffĂ©rence d’ñge avec ses condisciples. Son pĂšre Ă©migre en AmĂ©rique vers 1908 avec sa fille aĂźnĂ©e, oĂč il rejoint un de ses frĂšres, Ă©tabli Ă  Turtle Creek (Pennsylvanie) depuis 1904. Au bout d'un an, il doit abandonner ce projet, qui est un Ă©chec et, revenant Ă  son mĂ©tier d’origine, il ouvre un atelier de mĂ©canique, oĂč il fait surtout des rĂ©parations en tout genre. Pendant ce temps, la famille restĂ©e Ă  Udine se trouve plongĂ©e dans une grande pauvretĂ©. À 12 ans, Tina Modotti travaille douze heures par jour dans une usine textile[6]et est la seule Ă  apporter un salaire Ă  la maison pour nourrir sa mĂšre et ses quatre frĂšres et sƓurs.

L'Amérique

Le palais des Beaux-Arts de San Francisco.

En 1913, le pĂšre a les moyens de faire venir sa fille Ă  San Francisco. Tina Modotti dĂ©barque Ă  Ellis Island le et rĂ©pond au fonctionnaire de l’Immigration qui l’interroge qu’elle n’est « ni anarchiste ni polygame, et n’a jamais Ă©tĂ© en prison[1]. » Tina a 17 ans et trouve rapidement un emploi de couturiĂšre auprĂšs de sa sƓur dans le prestigieux magasin de mode I. Magnin qui propose notamment les derniĂšres crĂ©ations de Paris. Sa beautĂ© est remarquĂ©e, ce que lui vaut d'ĂȘtre employĂ©e comme mannequin pour prĂ©senter les collections.

En 1915, San Francisco accueille l’Exposition internationale Panama-Pacific, officiellement organisĂ©e pour cĂ©lĂ©brer l’ouverture du canal de Panama, mais surtout pour cĂ©lĂ©brer la reconstruction de la ville aprĂšs le sĂ©isme de 1906. C’est lĂ  que Tina Modotti rencontre celui qui deviendra son mari en 1917, le peintre et poĂšte Roubaix de l’Abrie Richey (dit « Robo »), et est confrontĂ©e pour la premiĂšre fois aux manifestations de l’art moderne. Au palais des beaux-arts elle voit notamment des Ɠuvres d’Edvard Munch et des futuristes italiens ainsi que des photos d’Edward Weston[7]. Un an plus tard, elle abandonne le mĂ©tier de mannequin et se tourne vers une carriĂšre thĂ©Ăątrale, elle joue dans des opĂ©rettes dans un thĂ©Ăątre italien local et est remarquĂ©e par un chercheur de talents de Hollywood.

Tina Modotti et Robo arrivent Ă  Los Angeles fin 1918 et, aprĂšs quelques petits rĂŽles, elle obtient le rĂŽle principal dans deux films, I Can Explain et The Tiger’s Coat[5]. Dans ce dernier, elle porte une robe dont le modĂšle et le tissu ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s par Robo. Pour Tina Modotti et Robo, Los Angeles ne se limite pas Ă  Hollywood et au cinĂ©ma. Ils font partie de tout un cercle d’avant-garde composĂ© d’artistes, d’anarchistes et d’intellectuels, tous fascinĂ©s par l’art, le mysticisme oriental, l’amour libre et la rĂ©volution mexicaine.

Pendant ce temps, Modotti pÚre a acquis une certaine aisance et, en 1920, il a enfin pu faire venir son épouse et les enfants restés en Italie.

Premiers voyages au Mexique

À Los Angeles, en 1921, Tina Modotti rencontre Edward Weston, photographe cĂ©lĂšbre de dix ans son aĂźnĂ©, mariĂ© et pĂšre de 4 garçons, personnage important d’un autre cercle d’intellectuels bohĂšmes. Les deux groupes se retrouvent rĂ©guliĂšrement chez l’un ou chez l’autre, et Tina et Edward ressentent rapidement une attirance rĂ©ciproque. Son mariage avec Robo bat dĂ©jĂ  un peu de l’aile et Tina expliquera plus tard que leur union s’est progressivement dĂ©gradĂ©e, quoiqu’ils restent en bons termes, du fait de la personnalitĂ© de Robo, trop dĂ©pendant, qui ne peut la satisfaire ni sur le plan sentimental ni sur le plan sexuel. Tina Modotti devient d’abord le modĂšle d'Edward Weston, puis son amante. Robo et Weston sont invitĂ©s Ă  exposer Ă  Mexico par le directeur de l’AcadĂ©mie des Beaux-Arts, le poĂšte Ricardo GĂłmez Robelo, dont Robo a illustrĂ© un recueil. Il est prĂ©vu que Tina Modotti accompagne son mari, mais elle doit auparavant terminer le tournage de I Can Explain. Robo part donc seul pour le Mexique.

En 1922, elle part pour Mexico oĂč Robo a contractĂ© la variole, elle y arrive deux jours aprĂšs son dĂ©cĂšs. Elle reste sur place et supervise une exposition des Ɠuvres de Robo, Edward Weston et d’autres artistes californiens dont il avait emportĂ© des travaux. Ricardo GĂłmez Robelo l’introduit auprĂšs des muralistes mexicains lors de ce premier sĂ©jour qui se termine brutalement lorsqu’elle apprend la maladie et le dĂ©cĂšs de son pĂšre quelques semaines plus tard.

Sa relation avec E. Weston qui s’intensifie et cette double perte provoquent une nouvelle prise de conscience chez Tina Modotti. Elle ne peut plus se satisfaire des rĂŽles stĂ©rĂ©otypĂ©s que lui offre Hollywood, ni de son rĂŽle de simple modĂšle devant l’objectif d'Edward Weston, de Johan Hagemeyer (en) et des autres membres du cercle de Weston. Elle commence Ă  travailler au studio de Weston [5], Ă  les accompagner, Johan Hagemeyer et lui, lors de prises de vue en extĂ©rieur et Ă  les assister pour les travaux de laboratoire.

En 1923, elle retourne au Mexique, accompagnĂ©e cette fois d'Edward Weston et de Chandler, le fils de ce dernier. Edward Weston s’est engagĂ© Ă  lui enseigner la photographie en Ă©change de son aide au studio, elle devient donc officiellement son assistante. Le Mexico postrĂ©volutionnaire des annĂ©es 1920 est en pleine effervescence sociale et culturelle, un peu comme le sont Berlin et Paris Ă  la mĂȘme Ă©poque et la maison des Weston-Modotti devient un lieu de rĂ©union cĂ©lĂšbre oĂč se rencontrent radicaux, Ă©crivains et artistes tels que Diego Rivera, Anita Brenner (en) ou Jean Charlot.

La photographie

Instruite par Edward Weston, Tina Modotti maĂźtrise rapidement la technique photographique et, plus son sĂ©jour se prolonge au Mexique, plus elle s’éloigne de son influence pour s’investir dans le reportage photographique et rendre compte de l’agitation politique et de l’injustice sociale dont elle est tĂ©moin, ainsi que de la rĂ©volution culturelle en cours au centre de laquelle se trouvent les muralistes. Le , une exposition oĂč l’on peut voir des photos de Tina Modotti et d'Edward Weston est inaugurĂ©e en prĂ©sence du prĂ©sident Álvaro ObregĂłn. Ils font la connaissance de l’écrivain D. H. Lawrence qui est alors au Mexique en train d’écrire son roman fameux Le Serpent Ă  plumes. Elle a lu Oscar Wilde, Edgar Allan Poe, Freud ainsi que Nietzsche, et ses idĂ©es radicales, alimentĂ©es par les souvenirs de la misĂšre connue en Italie, ont Ă©tĂ© renforcĂ©es par l’influence de son mari.

Son amitiĂ© avec les muralistes, tous proches ou membres du Parti communiste mexicain, Rivera en particulier, la fortifie dans son engagement politique et l’amĂšne Ă  devenir la photographe officielle de ses fresques en 1925. Elle fait la connaissance du poĂšte russe Vladimir MaĂŻakovski, un des chefs de file des futuristes russes. C’est pour elle une pĂ©riode d'intense activitĂ© artistique et politique, oĂč elle s’implique surtout dans des campagnes pour la libĂ©ration des prisonniers politiques ou la promotion des mouvements de libĂ©ration internationaux, laissant de cĂŽtĂ© les dĂ©bats idĂ©ologiques qui ne l’intĂ©ressaient que trĂšs peu. Fin 1925, dĂ©but 1926 elle retourne Ă  San Francisco auprĂšs de sa mĂšre gravement malade. Elle frĂ©quente tous les amis d'Edward Weston et le studio de Dorothea Lange[5].

En 1926, elle sillonne le Mexique avec Edward Weston et son fils aĂźnĂ©, Brett, prenant des photos pour illustrer le livre d’Anita Brenner Idols Behind Altars (Des idoles derriĂšre les retables), une rĂ©flexion sur l’art moderne mexicain et ses sources traditionnelles et prĂ©colombiennes. En novembre de la mĂȘme annĂ©e, la rupture entre Edward et Tina est consommĂ©e : l’écart entre leurs conceptions esthĂ©tiques et l’engagement politique et social de Tina Modotti, qui se tourne vers l’extĂ©rieur alors que Edward Weston est dĂ©pourvu de tout rĂ©alisme social, la nostalgie d'Edward qui voulait revoir sa famille et la volontĂ© de Tina de rester au Mexique, oĂč elle pressentait qu’elle avait un rĂŽle Ă  jouer dans la rĂ©volution culturelle et sociale en cours, toutes ces diffĂ©rences s’accentuant provoquent leur sĂ©paration. Ils ne se reverront jamais, mais resteront en contact Ă©pistolaire permanent jusqu’en 1931, date Ă  laquelle Tina Modotti s’installera en Russie.

Elle mĂšne de front son Ɠuvre personnelle, les photographies de travaux d’artistes mexicains destinĂ©es Ă  la publication de livres d’art ainsi que ses travaux de photojournalisme pour El Machete, le journal du Parti communiste mexicain, et une activitĂ© de photographe plus conventionnelle, alimentaire, rĂ©alisant de nombreux portraits en studio pour la riche bourgeoisie de Mexico. Sa maison est devenue un lieu de rencontre pour les exilĂ©s dont elle soutient les luttes de libĂ©ration nationale et pour nombre d’artistes mexicains, comme le jeune photographe Manuel Alvarez Bravo, Rufino Tamayo ou Frida Kahlo, qu’elle prĂ©sentera Ă  Diego Rivera[5].

Scandales, drames et procĂšs

Julio Antonio Mella.

En 1928, Tina Modotti vit avec Julio Antonio Mella, un jeune rĂ©volutionnaire cubain en exil, qui sera abattu en pleine rue Ă  ses cĂŽtĂ©s alors qu’ils rentraient un soir aprĂšs ĂȘtre allĂ©s au cinĂ©ma[5]. Il s’agit d’un crime politique dont le gouvernement se sert contre les communistes, le faisant passer pour un crime passionnel malgrĂ© les tĂ©moins qui ont dĂ©crit le dĂ©roulement des faits. L’enquĂȘte est orientĂ©e, sa maison est perquisitionnĂ©e et une vĂ©ritable inquisition sur sa vie privĂ©e commence. Les photos de nus qu'Edward Weston a rĂ©alisĂ©es d’elle sont saisies comme preuve de son « immoralité », ce qui va causer un tort irrĂ©parable Ă  sa rĂ©putation et Ă  sa carriĂšre, aussi bien auprĂšs de la base du Parti communiste, paysans et ouvriers peu familiarisĂ©s avec l’art photographique, qu’auprĂšs de sa clientĂšle de la haute sociĂ©tĂ© qui la voit dĂ©peinte dans la presse comme une « communiste dĂ©pravĂ©e »[5].

Malgré son acquittement lors du procÚs, la mort de J. Mella et le harcÚlement policier et médiatique la laissent profondément meurtrie, lui donnent une perception du monde irrévocablement changée et renforcent son engagement dans la lutte pour le changement social.

« Il n’y avait plus pour elle de moyen terme ; la vie Ă©tait dĂ©sormais affaire d’absolus. Elle avait Ă©tĂ© une photographe engagĂ©e, elle Ă©tait dĂ©sormais une rĂ©volutionnaire pourvue d’une mission. Un zĂšle nouveau la poussait Ă  suivre les traces de Mella[1]. »

Julio Antonio Mella Ă©tait le rĂ©dacteur en chef de El Machete, elle y avait dĂ©jĂ  publiĂ© une sĂ©rie de photos sous le titre Les contrastes du rĂ©gime, montrant des images de dĂ©gradation et de pauvretĂ© confrontĂ©es Ă  celles de la richesse des possĂ©dants. Tina Modotti poursuit son engagement dans le photojournalisme en couvrant une manifestation le 1er mai, 18 images prises avec son Graflex qui montrent le dĂ©but jovial de la marche que l’on suit dans les rues de Mexico, l’arrivĂ©e de la police venue disperser la foule et les violences qui mettent fin Ă  la manifestation. C’est un changement d’attitude dans sa pratique photographique : la composition lente et prĂ©cise de l’image esthĂ©tique n’en est plus l’objectif principal, il s’agit maintenant de montrer le mouvement de la vie saisi sur le vif. Elle se dĂ©place rapidement pour enregistrer les moments importants de la manifestation. Dans une interview parue la mĂȘme annĂ©e, elle dĂ©finira sa nouvelle maniĂšre comme traduisant sa volontĂ© de ne produire que des « instantanĂ©s parfaits ».

AprĂšs un voyage dans l'isthme de Tehuantepec oĂč elle s’est consacrĂ©e Ă  un reportage sur la vie quotidienne et les coutumes des femmes de cette rĂ©gion, Tina est de retour Ă  Mexico et de nouveau poursuivie par le scandale et la police secrĂšte qui la met sous surveillance continue. Des vigiles sont en permanence devant sa porte. Lors de sa premiĂšre exposition personnelle, le peintre muraliste David Alfaro Siqueiros fait le discours inaugural et sera arrĂȘtĂ© quelques jours plus tard pour conspiration contre le gouvernement. La presse se dĂ©chaĂźne Ă  nouveau contre Tina Modotti alors que, dans le mĂȘme temps, son travail est de plus en plus reconnu sur le plan international Ă  un point tel qu’elle devient une caution publicitaire pour Agfa et que ses photos ou des articles sur elle sont publiĂ©s dans diffĂ©rentes revues de gauche ou d’avant-garde aux États-Unis et en Europe.

DĂ©but 1930, les membres du Parti communiste mexicain sont l’objet d’une rĂ©pression sĂ©vĂšre car on leur attribue la responsabilitĂ© d’un attentat contre le prĂ©sident. Tina Modotti est arrĂȘtĂ©e et expulsĂ©e. Sur le bateau qui l’emmĂšne vers l’Europe, elle retrouve Vittorio Vidali, un ami italien dont elle a fait la connaissance Ă  Mexico en 1927. Il est agent soviĂ©tique et essaye sans succĂšs de la convaincre de l’accompagner Ă  Moscou. À son arrivĂ©e Ă  Rotterdam, le consul italien l'attend pour tenter de la faire arrĂȘter. La police mussolinienne, l’Ovra, suit sa piste depuis 1927, mais les avocats du Secours rouge international (SRI) empĂȘchent l’arrestation[8].

Tina Modotti dĂ©cide de s’installer Ă  Berlin oĂč elle entre en contact avec le mouvement du Bauhaus dont elle connaĂźt les travaux par des publications. Lotte Jacobi lui organise une exposition qui est trĂšs bien reçue par les critiques. Mais Tina ne parvient pas Ă  s’adapter Ă  cet environnement et, au bout de six mois, elle rejoint Vidali Ă  Moscou oĂč une autre dĂ©ception l’attend. Elle se rend assez vite compte que son travail de photographe ne correspond pas aux exigences du rĂ©alisme socialiste stalinien. En 1930, la crĂ©ation soviĂ©tique est loin des expĂ©rimentations et de l’originalitĂ© enthousiasmantes des annĂ©es 1920[5].

La guerre d'Espagne

Comme elle l’envisageait dĂ©jĂ  depuis quelque temps, Tina Modotti abandonne complĂštement la photographie pour se consacrer essentiellement Ă  la lutte contre le Fascisme en travaillant pour le Secours rouge international. DĂ©jĂ  au Mexique, aprĂšs l’assassinat de J. Mella, le traumatisme du meurtre et de son intimitĂ© violĂ©e, de sa vie privĂ©e exposĂ©e au grand public par des journalistes malveillants puis l’incomprĂ©hension et le rigorisme des dirigeants du Parti communiste, tout cela avait dĂ» faire naĂźtre en elle un sentiment de malaise vis-Ă -vis de sa propre beautĂ©, sentiment qu’elle ne pouvait sans doute apaiser qu’en s’immergeant avec humilitĂ© dans le travail en faveur de la « cause ». Sous diffĂ©rents pseudonymes elle se rend ainsi dans les pays Ă  rĂ©gime fasciste pour apporter de l’aide aux familles des prisonniers politiques. Tina Modotti est envoyĂ©e en Pologne, en Roumanie, en Hongrie, pour aider les militants pourchassĂ©s, en Autriche, en , oĂč le soulĂšvement contre la dictature de Dollfuss se soldera par 1 800 morts et des milliers de blessĂ©s, en Espagne oĂč 30 000 mineurs asturiens sont arrĂȘtĂ©s fin 1934. En , avec son compagnon Vidali, elle contribue Ă  organiser le Secours rouge international Ă  Paris. Le couple est hĂ©bergĂ© chez les Le Bihan, la famille de la future rĂ©sistante CĂ©cile Rol-Tanguy[8].

En 1936, dĂšs le dĂ©but de la guerre d’Espagne, Tina Modotti est Ă  Madrid avec Vidali. Sous le nom de Carlos, ce dernier participe Ă  la dĂ©fense de la capitale contre les franquistes tandis qu’elle travaille activement Ă  l’organisation de l’aide internationale Ă  la rĂ©publique, fait des traductions et Ă©crit pour "Ayuda", le journal du Secours rouge espagnol et s’occupe particuliĂšrement de l’évacuation des enfants de Madrid et Valence vers Barcelone. Tina Modotti fera Ă©galement partie des proches de Dolores IbĂĄrruri, "La Pasionaria", la prĂ©sidente du Parti communiste espagnol. En 1937, elle reprĂ©sente le SRI au CongrĂšs international des intellectuels pour la dĂ©fense de la culture Ă  Valence. Jusqu’à la fin de la guerre d’Espagne elle s’occupe de l’organisation du SRI et de l’évacuation vers le Mexique et l'Union soviĂ©tique des orphelins de guerre [5].

Retour en Amérique

En 1939, Barcelone est occupĂ©e par les franquistes et Tina Modotti parvient Ă  fuir avec Vidali pour Paris. Elle arrive en avril avec un faux passeport espagnol Ă  New York, oĂč se trouve dĂ©jĂ  Vidali, mais on ne la laisse pas dĂ©barquer et elle est placĂ©e sur un bateau en partance pour le Mexique oĂč Vidali la rejoindra quelque temps aprĂšs. Elle vit sous la fausse identitĂ© de Carmen Ruiz et Ă©vite ses anciens amis. Elle travaille au soutien des rĂ©fugiĂ©s de la Guerre d’Espagne. Lorsqu’elle rencontre Manuel Alvarez Bravo, elle lui confie qu’elle a abandonnĂ© la photographie. Tina Modotti ne se rĂ©inscrit pas au Parti communiste car elle est en dĂ©saccord avec le parti sur le pacte germano-soviĂ©tique.

En 1940, le prĂ©sident LĂĄzaro CĂĄrdenas annule l’ordre d’expulsion qui la frappait. Tina reprend progressivement contact avec ses anciens amis. Vidali est arrĂȘtĂ©, soupçonnĂ© d’avoir trempĂ© dans le meurtre de Trotsky, survenu en Ă  Mexico. TerrorisĂ©e, Tina Modotti n’ose presque plus quitter sa maison mais passe quand mĂȘme le rĂ©veillon de la Saint-Sylvestre chez le poĂšte chilien Pablo Neruda.

Tina Modotti meurt d’une crise cardiaque dans le taxi qui la ramĂšne chez elle, dans la nuit du , Ă  l’ñge de 45 ans, aprĂšs un dĂźner chez son ami l’architecte du Bauhaus Hannes Meyer[5]. La presse se montre Ă  nouveau virulente envers elle. Pablo Neruda rĂ©pond en publiant les vers qui figurent sur sa tombe au PanthĂ©on de Dolores Ă  Mexico : « Tina Modotti, ma sƓur, tu ne dors pas, non[8]. »

Filmographie

  • The Tiger's Coat (Lubin Manufacturing Company, 1920)
  • Riding With Death (Fox Film Corporation, 1921) en tant que « Tina Medotti »
  • I Can Explain (PathĂ© Exchange, 1922)
  • Tina Modotti: El dogma y la pasiĂłn (documentaire) (Mexique - Italie, 2011)

Pendant cette pĂ©riode, les actrices Ă©taient censĂ©es apporter leurs propres costumes, c'est ainsi que pour ces films, Tina, couturiĂšre douĂ©e, conçut ses vĂȘtements : « garish plaid travel ensemble, satin cloak, bejeweled brassiere, feathered beret, harem pants, tie-dyed shawl and batiked gown. »

Collections

Publication

  • Lettres Ă  Edward Weston 1922–1931, titre original Vita, arte e rivoluzione. Lettere a Edward Weston 1922–1931, Ă©dition de Valentina Agostinis, traduit de l'anglais par BĂ©atrice Vierne, Anatolia Ă©ditions, Paris, 1995 (ISBN 2-909848-20-5)

Hommages

  • Trois chansons ont Ă©tĂ© Ă©crites sur Tina Modotti. Une dans sa langue natale, le frioulan, intitulĂ©e Tine[9] et Ă©crite par Jean-Marie Sommarti ; une autre, en italien, Ă©crite par Maxime Bubola ; la troisiĂšme, Recap Modotti, par le groupe amĂ©ricain Fugazi sur l'album End Hits sorti en 1998.
  • Une plaque commĂ©morative, via Pracchiuso Ă  Udine, rappelle au passant que Tina Modotti naquit dans cette maison. Sur cette plaque est gravĂ©e une citation du poĂšte chilien Pablo Neruda cĂ©lĂ©brant la mĂ©moire et l'engagement de son amie.
  • Le guitariste amĂ©ricain Nels Cline lui rend hommage dans son morceau Exiled (for Tina Modotti) prĂ©sent sur l'album Silencer sorti en 1992.
  • Le film Frida de Julie Taymor lui rend hommage en 2002, sous les traits de l'actrice Ashley Judd.
  • Tina[10] est un album de chansons (2013 distribuĂ© par Musicast) dĂ©diĂ© Ă  Tina Modotti, du duo Catherine Vincent[11] (Marseille). L'album comprend 10 titres dont un poĂšme de Tina Modotti, Plenipotentiary[12] (1923) mis en musique ainsi que le poĂšme Tina Modotti ha muerto (1942) de son ami le poĂšte chilien Pablo Neruda. Le duo a Ă©galement crĂ©Ă© un cinĂ© concert chantĂ©[13] autour du film The tiger's coat avec Tina Modotti dans le rĂŽle principal.

Notes et références

  1. Margaret Hooks, Tina Modotti, amour, art et révolution, titre original Tina Modotti, Photographer and Revolutionary, traduit de l'anglais par Béatrice Vierne, Anatolia éditions, Paris, 1995 (ISBN 2-909848-19-1).
  2. « TroisiÚme enfant et deuxiÚme fille d'Assunta Mondini et de Giuseppe Saltarini Modotti, la petite fille est trÚs vite appelée « Assuntina », pour la distinguer de sa mÚre, diminutif qui ne tarde pas à se contracter en « Tina », le nom qu'elle portera toute sa vie. » Ibid. p. 21.
  3. « 113, via Pracchiuso », ibid. p. 21 et in Tina Modotti, Lettres Ă  Edward Weston 1922–1931, « Chronologie » p. 261.
  4. Ibid., p. 297–299.
  5. (it) Giuliana Muscio, « Saltarini Madotti, Assunta in "Dizionario Biografico" », sur treccani.it, (consulté le ).
  6. (en) The Epic Life of Tina Modotti
  7. (it) « Le molte vite di Tina Modotti », sur treccani.it (consulté le ).
  8. « Tina Modotti. La clandestine », sur L'Humanité,
  9. Tine sur Youtube.
  10. http://www.catherinevincent.org/discographie/tina.html
  11. « Catherine Vincent », sur catherinevincent.org (consulté le ).
  12. « Catherine Vincent Plenipotentiary - Be good » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).
  13. « Catherine Vincent Ciné Concert "The tiger's coat" avec Tina Modotti bande annonce » [vidéo], sur YouTube (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Margaret Hooks, Tina Modotti. Amour, art et rĂ©volution, titre original Tina Modotti, Photographer and Revolutionary, traduit de l'anglais par BĂ©atrice Vierne, Anatolia Ă©ditions, Paris, 1995 (ISBN 2-909848-19-1)
  • Margaret Hooks, Tina Modotti (photographies), Ă©diteur Phaidon, 2002, EAN (ISBN 978-0714893297)
  • Pino Cacucci, Tina ou La BeautĂ© incendiĂ©e, trad. de Pierre Galet, Paris, Ă©ditions Belfond, 1993, 262 p. + 16 pl. (ISBN 2-7144-3019-8)
  • Elena Poniatowska, Tinisima, Ă©d. Era, 1992, MĂ©xico Le livre est paru en français en 2014 aux Ă©ditions L'atinoir : Voir sur latinoir.fr..
  • Federica Muzzarelli, « Tina Modotti (1896-1942) » dans : Femmes photographes, Ă©mancipation et performance (1850-1940), Ă©ditions Hazan, 2009, p. 248-273. (ISBN 9782754103473)
  • Gerard de Cortanze, "Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre", Albin Michel, 2020.

Bandes dessinées

  • L'Impertinence d'un Ă©tĂ©, deux albums parus en 2009 et 2010. ScĂ©nario de Denis LapiĂšre, dessins de RubĂ©n Pellejero, Ă©ditions Dupuis, label Aire libre Les albums couvrent principalement la pĂ©riode de 1923 Ă  1930 (Mexique et relation amoureuse avec Edward Weston).
  • Tina Modotti, roman graphique paru en Une biographie de Tina par Angel de la Calle, publiĂ©e en coĂ©dition par Vertige Graphic et la librairie Envie de Lire (Ivry-sur-Seine).
  • L'ombre rouge, scĂ©nario de Jean-Pierre PĂ©cau, dessin de Jandro Gonzalez, paru chez GlĂ©nat en 2020, met en scĂšne Jorge SemprĂșn dĂ©couvrant des photos inĂ©dites de Tina Modotti et retraçant son parcours.

Liens externes

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