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The Sugarcubes

The Sugarcubes (ou Sykurmolarnir en islandais[1]) est un groupe de pop rock islandais, originaire de Reykjavik. Il est formĂ© en 1986, sĂ©parĂ© en 1992 et reformĂ© pour un concert unique en novembre 2006 en Islande. Il a eu la faveur des critiques des États-Unis et du Royaume-Uni. Il est d'autant plus marquĂ© par la voix d'enfant de la chanteuse Björk GuĂ°mundsdĂłttir qui a par la suite poursuivi une carriĂšre solo avec succĂšs.

The Sugarcubes
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Björk lors d'un concert avec les Sugarcubes au Japon en 1992.
Informations générales
Pays d'origine Drapeau de l'Islande Islande
Genre musical Rock alternatif, rock indépendant, pop rock
AnnĂ©es actives 1986–1992, 2006
Labels One Little Indian, Elektra, BMG, Bad Taste/Smekkleysa
Composition du groupe
Anciens membres Einar Örn Benediktsson
Björk Guðmundsdóttir
Þór Eldon
Bragi Ólafsson
Sigtryggur Baldursson
MargrĂ©t ÖrnĂłlfsdĂłttir
Einar Melax
FriĂ°rik Erlingsson

Biographie

Smekkleysa (1986)

Parmi les personnes gravitant autour du groupe Kukl se trouvaient certains membres du groupe littĂ©raire et culturel MedĂșsa qui se revendiquait des mouvements surrĂ©aliste et dadaĂŻste et auquel appartenait Einar Melax lui-mĂȘme. SjĂłn et Þór Eldon en particulier se produisaient parfois sur scĂšne, en premiĂšre partie de leurs concerts, pour clamer des poĂšmes de leur composition, ce qui n'Ă©tait pas toujours du goĂ»t des membres de Crass moins guidĂ©s par des motivations culturelles que politiques.

À la fin du printemps, dĂ©but de l’étĂ© 1986, Einar rentre d’Angleterre et passe une grande partie de son temps au domicile de Björk GuĂ°mundsdĂłttir et Þór Eldon, le couple ayant souvent accueilli les membres de Kukl pour les rĂ©pĂ©titions du groupe dans les diffĂ©rents lieux d’habitation qu’ils ont occupĂ©s durant cette pĂ©riode. Einar et Þór envisagent la crĂ©ation d’une association culturelle de portĂ©e plus gĂ©nĂ©rale et plus ambitieuse que MedĂșsa. Il en rĂ©sulte la formation de l’organisation Smekkleysa s.m. hf dont la date officielle de crĂ©ation est choisie symboliquement et prĂ©cisĂ©ment le , Ă  2 h 50, date et heure de naissance du fils de Björk et Þór, Sindri. La charte officielle de l'organisation est Ă©ditĂ©e le sous le titre HeimsyfirrĂĄĂ° eĂ°a dauĂ°i et comporte les deux articles suivant : « 1 - Etant entendu que le « bon goĂ»t » et la « retenue » sont les pires ennemis de la crĂ©ation et du dynamisme, Smekkleysa s.m. hf se propose d’Ɠuvrer avec force contre tout ce qui peut ĂȘtre classĂ© comme Ă©tant de « bon goĂ»t » et « mesurĂ© » ; 2 - Dans le combat qu’il mĂšne contre les Ă©lĂ©ments prĂ©citĂ©s (le « bon goĂ»t », etc.) Smekkleysa s.m. hf se rĂ©serve le droit d’utiliser tous les moyens concevables et inimaginables, tels qu’endoctrinement, Ă©radication, publicitĂ© et annonce de mauvais goĂ»t, distribution et vente de dĂ©chets et dĂ©tritus[2]. »

La publication de cette charte et la devise qui lui sert de titre reflĂštent, tant par leur forme que leur fond, le nouvel Ă©tat d'esprit d'Einar et de ses compagnons de route; le sĂ©rieux et la tension perpĂ©tuelle qui caractĂ©risaient Kukl ne sont plus de mise, Ă  leur place l'autodĂ©rision et le second degrĂ© prĂ©valent. Les premiers membres du collectif sont : Ásmundur JĂłnsson, Björk GuĂ°mundsdĂłttir, Bragi Ólafsson, Einar Örn, FriĂ°rik Erlingsson, JĂłhamar (JĂłhannes Óskarsson, musicien et Ă©crivain, ami de Þór), Sigtryggur Baldursson et Þór Eldon. Le programme dĂ©clarĂ© des activitĂ©s est la mise en place d'une station de radio, Útvarp Skratta (la Radio du Diable), l'attribution d'une distinction « Ă  toute personne ou collectif se distinguant par son manque de goĂ»t ou son extravagance, l'ouverture d'un restaurant/cafĂ©tĂ©ria, Drullupytturinn (la Fosse septique) et la production ou l'Ă©dition de disques, d'Ɠuvres littĂ©raires, de poĂšmes, de rĂ©cits, de films, ...ou autre activitĂ© de nettoyage[2]. »

La production et la distribution de disques, ainsi que l’édition d’Ɠuvres littĂ©raires deviennent cependant rapidement les activitĂ©s principales de Smekkleysa qui, par ailleurs, prend le nom de Bad Taste pour les autres pays. Des expositions seront montĂ©es et des soirĂ©es organisĂ©es qui ne seront pas sans rappeler celles du groupe MedĂșsa, souvent caractĂ©risĂ©es par la prĂ©dominance d’un humour d’un goĂ»t effectivement parfois douteux. Des concerts seront Ă©galement organisĂ©s. Quant au prix du « mauvais goĂ»t », il ne sera attribuĂ© que deux fois : au responsable de la partie islandaise des programmes de tĂ©lĂ©vision, Hrafn Gunnlaugsson, et au leader du groupe StuĂ°menn, Jakob MagnĂșsson, groupe alors en vogue en Islande et pour lequel Einar avait travaillĂ© durant l’étĂ© 1986 en organisant un concert devant se tenir en septembre dans la salle Laugardalshöll avec, Ă  l’affiche, un nouveau groupe du nom de Sykurmolarnir. Si Hrafn Gunnlaugsson accepte officiellement le prix de bonne grĂące, au moins dans un premier temps, Jakob MagnĂșsson, lui, le refuse et s’en offusque au point de se brouiller durablement avec Einar et les membres du collectif.

Formation de Sykurmolarnir (1986–1987)

ParallĂšlement Ă  la constitution du collectif Smekkleysa, et dans le mĂȘme esprit, il est dĂ©cidĂ© de fonder un nouveau groupe composĂ© d’Einar Örn au chant et Ă  la trompette, Björk GuĂ°mundsdĂłttir au chant, Þór Eldon et FriĂ°rik Erlingsson aux guitares, Bragi Ólafsson Ă  la basse, Sigtryggur Baldursson Ă  la batterie et Einar Melax aux claviers. Einar a en effet fait appel Ă  ses deux compagnons et amis de Purrkur Pillnikk, Bragi ayant, entre-temps, jouĂ© dans le groupe Ikarus puis « pris du recul par rapport aux activitĂ©s musicales[3] » en s’établissant une annĂ©e en Espagne, FriĂ°rik, lui, ayant vecu Ă  Akureyri. La formation se produit tout d’abord sous le nom de Þukl durant les mois de juillet et , en rĂ©fĂ©rence au groupe Kukl dont la moitiĂ© des membres sont issus. Mais l’analogie ne va pas au-delĂ  du nom car les compositions, portĂ©es par les deux guitaristes, sont rĂ©solument orientĂ©es vers la pop et le chant de Björk se fait plus mĂ©lodique.

En le groupe prend le nom de Sykurmolarnir (littĂ©ralement « morceaux de sucre »). Durant l’automne ils enregistrent une douzaine de titres destinĂ©s Ă  un album qu’ils espĂšrent sortir dĂ©but 1987. Einar Melax n’y participe pas; fatiguĂ© des tournĂ©es de la prĂ©cĂ©dente formation, supportant de plus en plus difficilement les exils de plusieurs semaines et embarquĂ© dans l’aventure Sykurmolarnir malgrĂ© lui, il abandonne rapidement le groupe. Björk assure les parties de claviers sur plusieurs morceaux. Deux titres, AmmĂŠli et Köttur, sont choisis pour figurer sur un single intitulĂ© Einn mol’á mann (un morceau par personne) qui sort en Islande le , jour de l’anniversaire de Björk, en 500 exemplaires. Bien qu’il ait obtenu son diplĂŽme au printemps 1986, Einar Örn retourne en Angleterre en automne pour suivre son Ă©pouse, GuĂ°rĂșn MargrĂ©t JĂłnsdĂłttir, qui dĂ©crochera son BS en sciences physiques au printemps 1987. Il en profite pour confier les enregistrements du groupe Ă  son ami Derek Birkett, lequel a fondĂ© en 1985 un nouveau label One Little Indian avec son Ă©pouse, Sue Birkett, et Tom Kelly, de Flux of Pink Indians, Derek Ă©tant « fatiguĂ© de la trop grande violence de la scĂšne anarcho-punk et ayant dĂ©cidĂ© de mettre en place un label moins politique que Spider Leg[4]. »

Einar demande Ă  son ami s’il peut faire paraĂźtre les enregistrements en Angleterre sous son label et obtient Ă©galement une aide financiĂšre pour la sortie de Einn mol’á mann en Islande, coproduit donc par Smekkleysa et One Little Indian (le reste du financement ayant Ă©tĂ© trouvĂ© chez le grossiste en sucre Dansukker). Einar, les membres de One Little Indian et d’autres personnes de leur entourage passeront beaucoup de leurs temps libres pour retravailler les bandes, de sorte que le premier single ne sortira en Angleterre que le sous le titre Birthday (AmmĂŠli), accompagnĂ© de Cat (Köttur). L’album ne paraĂźtra qu’en , sous le titre Life’s Too Good. Le groupe se produira entre-temps en diffĂ©rents lieux d’Islande, avec ou sans Einar, entre l’automne 1986 et la fin de l’étĂ© 1987. FriĂ°rik Erlingsson s’investissant de plus en plus, aprĂšs son divorce, dans son travail de designer, prĂ©fĂšre abandonner la formation au printemps 1987.

NotoriĂ©tĂ© sous le nom The Sugarcubes (1987–1988)

En Ă©tĂ© 1987, Einar et son Ă©pouse reviennent dĂ©finitivement en Islande. À la recherche d’un logement et d’un emploi, le couple se voit offrir les deux dans l’établissement FjölbrautaskĂłli Vesturlands de la ville d’Akranes, oĂč GuĂ°rĂșn enseigne la physique et Einar les techniques des mĂ©dias. EmportĂ© par le succĂšs inattendu du groupe en Angleterre Ă  partir de l’automne 1987, sous le nom de The Sugarcubes, Einar fera pratiquement tous les soirs l’aller-retour entre Akranes et Reykjavik pour les rĂ©pĂ©titions. Les destinĂ©es de GuĂ°rĂșn et d’Einar prennent alors petit Ă  petit des chemins divergeant et le couple se sĂ©pare dans la premiĂšre moitiĂ© de l’annĂ©e 1988. Einar dĂ©missionne de son poste au bout d’un semestre pour se consacrer entiĂšrement Ă  Smekkleysa et Ă  la formation.

Le magazine musical britannique Melody Maker consacre Birthday « single de la semaine » dans son numĂ©ro du . Le le groupe se retrouve simultanĂ©ment en couverture des deux principaux hebdomadaires musicaux britanniques, New Musical Express (NME) et Melody Maker. En l’espace de six mois, trois couvertures du Melody Maker, une du NME, une de Sounds leur sont consacrĂ©es[5], pour ne citer que ces quelques exemples.

En 1988, les Sugarcubes sont devenus la coqueluche de la presse musicale anglaise qui ne tarit pas d’éloges dans leurs articles, critiques de disques, ou autres comptes-rendus de concerts. Le monde musical dĂ©couvre l’Islande. Life’s too Good est gĂ©nĂ©ralement bien accueilli, par la critique comme par le public, en Angleterre, mais Ă©galement aux États-Unis, au Japon, et sur le continent europĂ©en, mĂȘme si la presse y est en gĂ©nĂ©ral plus mesurĂ©e: en France par exemple, dans l’en-tĂȘte de la premiĂšre interview du journal qui leur est consacrĂ©e, Les Inrockuptibles se demandent s’il s’agit d’un « talent rĂ©ellement singulier car Ă©levĂ© loin de toute influence sur son Ăźle de glace, ou [d’un] simple coup de foudre d’une presse en mal d’exotisme ? »[6].

À la fin 1988, 80 000 exemplaires de Life’s too good auront Ă©tĂ© vendus en Grande-Bretagne, 280 000 aux États-Unis[7]. Au bout d’un an et demi les chiffres seront respectivement de 150 000 et 500 000 albums (l'album se vendra Ă  environ un million d'exemplaires dans le monde)[8]. « AprĂšs deux singles fulgurants, Birthday et Deus, un album de l’annĂ©e, Life’s Too Good, et des origines exotiques dĂ©clarĂ©es, le groupe est vite devenu l’obsession de la presse musicale mondiale. Avec, immĂ©diatement, de vilains malentendus. La moindre des fausses notes n’étant pas la fixation maniaque des photographes et journalistes pour la ravissante Björk. « C’est une forme de sexisme, clame Einar. Et au dĂ©part, nous n’y avons pas suffisamment prĂȘtĂ© attention. La presse veut seulement parler Ă  Björk parce qu’elle chante, nous ne pouvons pas ĂȘtre d’accord sur ce point. Nous faisons tous partie du processus crĂ©atif, du coup, c’est insultant ! » Le guitariste Thor [
] explique plus tranquillement que la jeune chanteuse n’a pas Ă  supporter toute la pression des mĂ©dias : Elle ne peut ĂȘtre sans cesse dans la lumiĂšre des projecteurs, celle-ci est vraiment brĂ»lante. Au fil des mois, les Sugarcubes ont appris Ă  repĂ©rer le photographe faisant un portrait de groupe avec l’objectif 200 mm braquĂ© sur le nez de Björk ainsi que les reporters Ă  l’affĂ»t d’une playmate mensuelle »[9].

C’est par ces lignes que Phil Ox, de Rock & Folk, rĂ©sume, en 1991, le revers de cette notoriĂ©tĂ© soudaine pour Einar et les autres membres de la formation. Il est Ă  noter Ă  ce propos que, sur les trois premiĂšres couvertures du Melody Maker consacrĂ©es au groupe, y figure uniquement Björk, deux d’entre elles reprĂ©sentant des portraits rapprochĂ©s de la chanteuse. Mais cela ne sera pas, pour Einar, la seule cause d’amertume.

DĂ©sillusion (1989–1990)

D’une nature fonciĂšrement indĂ©pendante et critique vis-Ă -vis de toute chose Ă©tablie, par ailleurs issu du mouvement punk, Einar accueille l’enthousiasme de la presse et du public de maniĂšre dubitative et rĂ©pond rapidement Ă  ces excĂšs par une attitude sarcastique. Lui et les autres membres du groupe refusent de se prendre au sĂ©rieux et adoptent souvent lors des interviews des comportements et des propos dont l'ironie est poussĂ©e jusqu’à l’absurde. Einar en particulier refuse de se plier aux responsabilitĂ©s et aux exigences qu’implique leur succĂšs naissant. C’est ainsi qu’il s’attire vite l’hostilitĂ© d’une partie croissante de la presse musicale.

En septembre 1989, Jonh Wilde, du Melody Maker, expose la situation dans les termes suivants : « Durant les 18 derniers mois, alors que l'essor des Sugarcubes atteignait un rythme effrĂ©nĂ©, Einar a constamment Ă©tĂ© pris Ă  partie par la critique. Et ce n’était pas seulement la presse musicale mondiale qui pensait qu’il Ă©tait dispensable pour le groupe, qu’il reprĂ©sentait une influence nĂ©faste, qu’il nuisait Ă  la beautĂ© de leur musique. Tandis que les principales maisons de disques du monde entier agitaient des chĂšques grassouillets, elles tentaient de prendre le reste du groupe Ă  part et de les persuader qu’Einar devait ĂȘtre exclu. « Les gens semblent penser qu’Einar ruine l’image du groupe », dit le guitariste ThĂłr. « Ils veulent voir une petite fille chanter et, derriĂšre, une gentille petite section rythmique qui l’accompagne. Nous avons dĂ» dire et redire aux gens que nous ne pouvons fonctionner sans Einar. Il est notre centre » »[10].

Et cela ne s’arrangera pas avec l’apparition du second album du groupe, sorti simultanĂ©ment dans tous les pays, en , sous le titre Here Today, Tomorrow Next Week ! (Illur Arfur !, en Islande, avec des textes islandais). Einar dĂ©sirant peut-ĂȘtre reprendre le contrĂŽle d’une situation qui semblait lui Ă©chapper, sa voix discordante et tonitruante y prend une place plus importante et sa contribution fait davantage penser aux enregistrements de Kukl. Mais les attentes suscitĂ©es par le groupe sont diffĂ©rentes, ainsi que le style musical de la formation.

Le disque est gĂ©nĂ©ralement mal accueilli par la critique anglaise et les attaques, souvent Ă  l’encontre d’Einar, se rĂ©vĂšlent parfois tout aussi excessives que l'hystĂ©rie dont le premier album avait Ă©tĂ© l’objet. On peut ainsi lire dans le NME : « 
 Et le groupe consent Ă  ce que la voix d’étoile filante de Björk soit constamment rudoyĂ©e et maltraitĂ©e par les divagations totalement ineptes d’Einar. Sur Pump, par exemple, la bouffĂ©e de sensualitĂ© qui se dĂ©gage du "dĂ©vore-moi / absorbe-moi / aspire-moi" est mise Ă  mal, mitraillĂ©e et sabotĂ©e par les grognements de l’imbĂ©cile beuglant un "Je te dĂ©teste / je te dĂ©teste" en arriĂšre-plan. C’est musicalement comme permettre Ă  un dĂ©bile de faire les oreilles de lapin derriĂšre la tĂȘte de la Mona Lisa 
 »[11].

Les jugements, bien que pour la plupart nĂ©gatifs, seront en gĂ©nĂ©ral plus modĂ©rĂ©es dans la presse des autres pays europĂ©ens oĂč le groupe ne suscitera plus, petit Ă  petit, qu’une certaine forme d’indiffĂ©rence ; il n’y a guĂšre que le mensuel français Best qui leur consacre leur couverture dans son numĂ©ro d’, mĂȘme si la formation conserve ses aficionados. L’échec de l’album sera toutefois relatif, puisqu’il s’en Ă©coulera environ 700 000 exemplaires de par le monde[2].

TournĂ©es (1988–1990)

Björk en 1990.

Si le groupe Kukl avait permis Ă  ses membres de parcourir et dĂ©couvrir de nombreux pays d’Europe, le succĂšs des Sugarcubes entraĂźnera Einar et ses compagnons sur les cinq continents entre 1988 et 1992. À la suite de nombreux concerts en Europe, pour la promotion de leur premier album, et peu aprĂšs l’intĂ©gration dans la formation de MargrĂ©t ÖrnĂłlfsdĂłttir (Magga), aux claviers, en , le groupe s’envole pour la premiĂšre fois vers le continent amĂ©ricain. Ils se produisent Ă  Washington le , qui sera le point de dĂ©part d’une tournĂ©e de quelques semaines passant par 25 villes des États-Unis et du Canada, pour une trentaine de concerts, jusqu'au dĂ©but du mois de septembre.

Seul le batteur Siggi avait dĂ©jĂ  eu l’occasion de sĂ©journer aux États-Unis, les autres membres pĂ©nĂ©trant pour la premiĂšre fois dans un univers qui leur est fonciĂšrement Ă©tranger, tant par la spĂ©cificitĂ© de la culture amĂ©ricaine que par la façon de travailler et les exigences marketing de leur distributeur, Elektra. À New York - mĂ©galopole qui laissera Ă  Björk une forte et durable impression - Einar et les autres membres du groupe font la connaissance de la chanteuse irlandaise SinĂ©ad O’Connor et de Michael Gira, des Swans.

Puis suivent encore 35 concerts en Europe, entre novembre et (Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Suisse, Yougoslavie, France, Espagne). La tournĂ©e de promotion de Here Today, Tomorrow Next Week !, qui dĂ©bute en Europe, dĂšs la fin de l’enregistrement de l’album, fin , les amĂšne jusqu’en Union soviĂ©tique oĂč le groupe se confronte aux difficultĂ©s organisationnelles et administratives d’un pays en crise. Le , la formation accompagne les groupes britanniques New Order et Public Image Limited (PIL) dans une nouvelle tournĂ©e amĂ©ricaine (The Monsters of Alternative Rock) et font l’expĂ©rience, pour la premiĂšre fois, des concerts tenus dans des stades, devant des publics de plusieurs dizaines de milliers de personnes (l’expĂ©rience se renouvellera en 1992, devant un public encore plus nombreux, en premiĂšre partie de U2, avec Public Enemy). La tournĂ© amĂ©ricaine s’achĂšve au Meadowlands Arena, dans le New Jersey, dĂ©but .

À l’automne, le groupe repart pour une sĂ©rie de 40 concerts europĂ©ens, rĂ©partis sur 75 jours, jusqu’au , et passant par 15 pays. DĂšs le dĂ©but du mois de commence, Ă  Phoenix, une nouvelle tournĂ©e amĂ©ricaine comprenant une trentaine de concerts qui s'Ă©tendent sur un mois et demi, jusqu’en fin . AprĂšs une pause relative d’un mois, le groupe s’envole pour le Japon pour cinq concerts (2 Ă  Tƍkyƍ, 2 Ă  ƌsaka et un Ă  Nagoya), puis pour l’Australie, oĂč s’achĂšve la tournĂ©e de leur deuxiĂšme album, le . Ces plus de deux annĂ©es de pĂ©rĂ©grination pratiquement ininterrompues, ajoutĂ©es au mauvais accueil critique de Here Today, Tomorrow Next Week !, contribuent Ă  tendre les relations entre les membres du groupe, en particulier entre Björk, qui ne cache plus sa volontĂ© d’évoluer vers une autre forme de musique et de sortir du carcan que constitue The Sugarcubes[12], et ses compagnons de route, de sorte que leurs apparitions scĂ©niques se rarĂ©fient Ă  partir de l’étĂ© 1990, jusqu’à leur derniĂšre tournĂ©e, amĂ©ricaine, en octobre – , pour une quinzaine de prestations, en premiĂšre partie de U2.

Parmi les quelques concerts qui les rĂ©uniront, on peut noter, pour l’anecdote, celui montĂ© Ă  l’occasion de la visite officielle de François Mitterrand en Islande, en , accompagnĂ© de Jack Lang, alors ministre de la culture. Ce dernier s’étant dĂ©clarĂ© admirateur des Sugarcubes, le groupe accepte de se produire dans la salle Duus, devant une vingtaine de personnes, dont Svarar Gestsson, ministre islandais de l’éducation, Jack Lang, François Mitterrand et son homologue islandaise, VigdĂ­s FinnbogadĂłttir.

SĂ©paration (1991)

Au dĂ©but de 1991 commencent les rĂ©pĂ©titions pour l’enregistrement de ce qui sera le troisiĂšme et dernier LP de la formation. LassĂ©s de la pression constante qu’entraĂźne leur statut mĂ©diatique et imposĂ©e par les quelque 17 maisons de disques avec lesquelles ils ont signĂ© de par le monde (One Little Indian en Angleterre, Elektra aux États-Unis, BMG en France, Rough Trade pour l'Allemagne, ..), Ă©chaudĂ©s par leur rĂ©cente expĂ©rience et nettement moins motivĂ©s, les membres du groupe choisissent, contrairement Ă  ce qui s’était passĂ© les deux fois prĂ©cĂ©dentes, de confier l’entiĂšre responsabilitĂ© de la production du disque Ă  une personne extĂ©rieure, rompue Ă  cet exercice. Elektra leur suggĂšre plusieurs producteurs, dont Paul Fox qui a travaillĂ©, entre autres, avec les groupes Yes et XTC et le trio The Pointer Sisters, et qui sera choisi pour l’enregistrement de Stick Around for Joy.

Alors que les deux premiers disques ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s en Islande, celui-ci le sera aux États-Unis, Ă  Bearsville, Ă  New York, prĂšs de Woodstock. Les sĂ©ances d’enregistrement commencent au dĂ©but du mois de mai 1991 dans une ambiance trĂšs Ă©loignĂ©e de celle, bon enfant, qui prĂ©valait encore quelque 18 mois plus tĂŽt. Certaines sections de guitare et de claviers, ainsi que les parties vocales sont captĂ©es Ă  Los Angeles oĂč Björk fait la connaissance de Dominic Thrupp (dit « Dom T ») - DJ de Bristol installĂ© Ă  Los Angeles depuis six mois et qui deviendra rapidement son compagnon - et d’un de ses amis, Nellee Hooper. DĂ©sormais plus intĂ©ressĂ©e par son propre projet musical, elle annonce aux autres membres du groupe qu’elle assurera sa part de travail pour la promotion du disque mais refuse toute nouvelle tournĂ©e. Le disque est prĂȘt en , mais ne sortira que le en Islande, le 10 en Grande-Bretagne et le 17 aux États-Unis. Une poignĂ©e de concerts seront programmĂ©s afin d’en assurer la promotion, jusqu’à la proposition inattendue du groupe U2 qui leur demande de faire leur premiĂšre partie pour 13 concerts amĂ©ricains (USA et Canada) sur la tournĂ©e d’Achtung Baby, The Zoo TV Tour. AprĂšs hĂ©sitation Björk accepte et les Sugarcubes se produiront sur scĂšne, pour la derniĂšre fois (si on excepte leur prestation du ), le , aux Limelight Club de New York, aprĂšs avoir jouĂ© pendant un mois sur 17 concerts - les 13, auxquels s’ajoutent 4 prestations en dehors de la tournĂ©e de U2, dont ce dernier concert - devant environ 700 000 personnes en tout.

Selon Mick St Michael, « Stick Around n’est pas parvenu Ă  engendrer le succĂšs commercial qu’il mĂ©ritait, le public s’étant vraisemblablement tournĂ© vers de nouveaux protĂ©gĂ©s »[13]. Et il est vrai que le disque se vend moins bien que les prĂ©cĂ©dents, malgrĂ© de bonnes critiques dans la presse spĂ©cialisĂ©e et un premier single, Hit, se tenant bien dans les charts britanniques et ouvrant pour la premiĂšre et derniĂšre fois au groupe la porte de l’émission Top of the Pops. Mais le manque de concerts en Europe pour supporter le disque est probablement l’une des causes de son Ă©chec. PrivilĂ©giant le rythme et le son des percussions, canalisant et apprivoisant la voix d’Einar, la production de l’album, techniquement parfaite mais conventionnelle, enlĂšve d’autre part au groupe son identitĂ© et sa spĂ©cificitĂ©. N’émettant pas de communiquĂ© officiel sur leur sĂ©paration, ni Einar, ni aucun des autres membres ne sait encore exactement, en cette premiĂšre moitiĂ© d’annĂ©e 1993, quel sera l’avenir de leur formation. L’important succĂšs, inattendu, de Debut, premier album solo de Björk, signera de facto, quelques mois plus tard, l’arrĂȘt dĂ©finitif de leur aventure musicale commune.

Membres

Discographie

Albums

Vidéographie

  • The Video (VHS) (1990)
  • Live Zabor (VHS) (1990)
  • Murder and Killing in Hell (VHS) (1992)
  • Live Zabor (DVD) (2004)
  • The DVD (DVD) (2004)

Notes et références

  1. Le groupe s'appelle originellement Sykurmolarnir en Islande et c'est sous ce nom qu'il a publié ses deux premiers EP (Einn Mol'å Mann en 1986 et Luftgitar en 1987), puis il est appelé The Sugarcubes à l'étranger.
  2. Sykurmolarnir, Árni Matthíasson, Örn og Örlygur, 1992, (ISBN 9979-55-038-4)
  3. Crossbeat, juillet 1988, The Sugarcubes, living through another cubes, interview de Sachiko Naganuma
  4. The Independent, 26 avril 2007, “Label profile: One Little Indian”
  5. MM : 24 octobre 1987, 2 janvier 1988, 16 avril 1988, NME : 24 octobre 1987, Sounds : 12 mars 1988
  6. Les Inrockuptibles (bimestriel), n°12, été 1988, The Sugarcubes : Icecubes, Jean Daniel Beauvalet
  7. Guitare & Claviers, Les Sugarcubes: La pop pervertie du chaud et froid, Dominique Guillerm, n°91, décembre 1988
  8. Björk : The illustrated story, Paul Lester, Hamlyn (Reed Consumer Books Limited), 1996, (ISBN 0-600-59067-4)
  9. Rock & Folk, n° 283, mars 1991, Histoires de cubes, Phil Ox.
  10. Melody Maker, 2 septembre 1989, "The Sugarcubes: The art of contradiction", Jonh Wilde.
  11. (en) New Musical Express, 30 septembre 1989, Huffin’ and Puffin, Danny Kelly
  12. Morgunblaðið, 11 novembre 1990, p.C12-13, interview d'Árni Matthíasson
  13. Björk: an illustrated biography, Mick St Michael, Omnibus Press, U.K. 1996, (ISBN 0-7119-5819-X)

Voir aussi

Bibliographie

  • (is) Árni MatthĂ­asson, Sykurmolarnir, Örn og Örlygur, 1992, 176 pages (ISBN 9979-55-038-4)
  • (en) Martin Aston, Björkgraphy, Simon & Schuster, 1996, 336 pages (ISBN 0-684-81799-3): pages 81-182
  • (en) Mark Pytlik, Björk: Wow and Flutter, ECW Press, , 230 pages (ISBN 1 85410 960 X): pages 31-62
  • Jordi Bianciotto, Björk, Editorial La MĂĄscara, Valence (Espagne), collection Images du Rock (n°40), 1998, 64 pages (traduit de l'espagnol) (ISBN 84-7974-566-5): pages 15-22
  • Paul Alexandre, Björk, Ă©ditions Prelude et Fugue, 1997, 127 pages (ISBN 2-84343-011-9): pages 31-49

Liens externes

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