Purrkur Pillnikk
Purrkur Pillnikk est un groupe de rock islandais, originaire de Reykjavik. Le groupe, Ă©phĂ©mĂšre, dure 18 mois (-), et Ă©tait trĂšs actif, avec la publication de deux 33-tours, deux 45-tours et un album live. Les caractĂšres distinctifs du groupe Ă©taient les hurlements et le chant, en dehors de la tonalitĂ© gĂ©nĂ©rale, de Einar Ărn, ainsi que les paroles qui dĂ©crivaient souvent des choses terre-Ă -terre de façon angoissante. Des membres du groupe se retrouvĂšrent plus tard dans le groupe Kukl, ou en 1986 dans The Sugarcubes.
Anciens membres |
Ăsgeir R. Bragason Bragi Ălafsson Einar Ărn Benediktsson FriĂ°rik Erlingsson |
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Les membres Ă©taient : Ăsgeir Ragnar Bragason (percussions), Bragi Ălafsson (basse), Einar Ărn Benediktsson (chant, trompette) et FriĂ°rik Erlingsson (guitare). Ces trois derniers crĂ©Ăšrent, avec des amis, la maison d'enregistrement Smekkleysa/Bad Taste Ă Reykjavik, et furent aussi membres de The Sugarcubes. L'ensemble de danse populaire islandais Gus Gus a publiĂ© une chanson intitulĂ©e If You don't Jump qui s'inspire de Augun Ăști, la chanson fĂ©tiche de Purrkur Pillnikk.
Biographie
Origines
« Un jeune de 16 ans pouvait publier un livre et sâattendre Ă ce quâil fasse lâobjet dâun compte-rendu littĂ©raire scrupuleux. Si vous sortiez un disque, vous pouviez harceler une station radio jusquâĂ ce quâils le programment et vous obteniez une petite interview dans les journaux. âNous grandissions avec lâidĂ©e quâil suffisait dây aller et de sây mettre. On sâattendait Ă ĂȘtre remarquĂ© et nous lâĂ©tionsâ[1]. » Câest ainsi que SigurjĂłn Birgir SigurĂ°sson, dit SjĂłn, poĂšte, Ă©crivain et occasionnellement parolier pour la chanteuse Björk, dĂ©crit en 2003 lâĂ©tat dâesprit qui prĂ©valait en ce dĂ©but des annĂ©es 1980, Ă Reykjavik. Peut-ĂȘtre plus quâailleurs, le mouvement punk, alors en pleine expansion en Islande, y gĂ©nĂ©rait un nombre impressionnant de formations musicales, parfois trĂšs Ă©phĂ©mĂšres, eu Ă©gard Ă la population relativement faible de la capitale islandaise. En tĂ©moigne le film documentaire sur le sujet, que tournera FriĂ°rik ĂĂłr FriĂ°riksson pendant lâhiver 1981-1982[2].
Dans le mensuel allemand de Hanovre SchĂ€delspalter, on peut ainsi lire, en 1988, sous la plume du journaliste Lothar Gorris : « Il manquait certes Ă la version islandaise du punk, qui sâest dĂ©veloppĂ©e un peu plus tard quâen Europe, des composantes sociologiques nettes â câest simplement dĂ©bile lorsque chacun, sâil le veut, peut obtenir une place en apprentissage -, musicalement toutefois, lâIslande se rĂ©vĂ©la ĂȘtre un terrain hautement favorable, lĂ mĂȘme oĂč, jusquâau milieu des annĂ©es 1970, la musique islandaise consistait essentiellement en des reprises de musique pop anglaise ou amĂ©ricaine avec des textes diffĂ©rents. CâĂ©tait ennuyeux et entraina Ă la fin des annĂ©es 1970, dĂ©but des annĂ©es 1980, la formation de 30 Ă 40 groupes. Björk explique : « avant quâil y ait le punk jâallais Ă chaque concert qui se tenait Ă ReykjavĂk â il y en avait environ 2 ou 3 par an. Et tout dâun coup, en lâespace dâune annĂ©e, il y a eu un concert chaque semaine, avec 2 ou 3 groupes. Et tous ceux que je connaissais Ă cette Ă©poque jouaient dans un groupe. Tous[3]. »
Formation
Câest dans ce contexte quâen ce dĂ©but du mois de mars 1981 trois amis dâEinar, FriĂ°rik Erlingsson Ă la guitare, Bragi Ălafsson Ă la basse et Ăsgeir Bragason Ă la batterie (il avait une formation de bassiste), se rĂ©unissent dans un local pour composer une dizaine de morceaux en utilisant le matĂ©riel du groupe UtangarĂ°smenn qu'Einar avait empruntĂ© pour eux. Einar est prĂ©sent. Les trois musiciens lui tendent alors un micro et lui demandent dâimproviser sur leurs morceaux en sâexprimant comme il veut. AprĂšs une hĂ©sitation Einar sâexĂ©cute. Ce qui nâĂ©tait alors que le fruit de la spontanĂ©itĂ© du moment deviendra par la suite la caractĂ©ristique essentielle du groupe Purrkur Pillnikk, Einar dĂ©livrant gĂ©nĂ©ralement sur scĂšne et en studio un numĂ©ro de chant oĂč se mĂȘleront cris, vocifĂ©rations, gĂ©missements et rĂąles dans une dĂ©bauche dâĂ©nergie, dâagitation et de mimiques parfois thĂ©Ăątrales ou teintĂ©es d'agressivitĂ©.
Leur premier concert a lieu dĂšs le premier avril, aprĂšs moins dâun mois de rĂ©pĂ©titions, selon le prĂ©cepte punk qui consiste Ă dĂ©daigner tout ce qui sâĂ©loigne de lâimmĂ©diatetĂ© et la spontanĂ©itĂ©. Trois mois aprĂšs, le groupe entre en studio dâenregistrement afin de graver la dizaine de morceaux alors bien rodĂ©s quâils ont Ă leur actif. LĂ encore Einar se sert de sa position de manager du groupe UtangarĂ°smenn pour obtenir le prĂȘt dâun studio par lâintermĂ©diaire de Danny Pollock. Le premier EP de Purrkur Pillnikk, Tilf, enregistrĂ© en 9 heures et mixĂ© dans la foulĂ©e, paraĂźtra Ă peine un mois aprĂšs. Mais il manque encore pour cela au groupe un label susceptible de les accueillir. Einar se tourne alors vers son ami Ăsmundur JĂłnsson.
PĂ©riode Gramm
Ăsmundur JĂłnsson (dit Ăsi) a en effet dĂ©jĂ acquis chez FĂĄlkinn une expĂ©rience de quelques annĂ©es sur le fonctionnement dâun label quand Einar lui demande de sâoccuper de la sortie de leur premier disque. Ăsi profite alors de lâoccasion pour sâassocier avec DĂłra EinarsdĂłttir et Björn Valdimarsson avec qui il jette les bases dâune nouvelle sociĂ©tĂ© de management et de production quâils nomment fr=Gramm. Les trois associĂ©s demanderont plus tard Ă Einar de se joindre Ă eux. Si le label est fondĂ© pour produire les disques de Purrkur Pillnikk, il diversifie rapidement Ă la fois son catalogue, en intĂ©grant dâautres formations (dont Tappi TĂkarrass), et ses activitĂ©s, en sâĂ©tendant Ă la distribution. Il est ainsi Ă lâorigine du premier magasin de disques de Reykjavik oĂč il est possible dâobtenir des imports en provenance de Grande-Bretagne.
Dans les quelque six ou sept annĂ©es qui suivront, ils intĂšgreront Ă leur catalogue des artistes, gros vendeurs de disques, comme Bubbi Morthens et Megas, Ă©couleront de nombreux albums Ă lâĂ©tranger et importeront et distribueront dâautre types de musique comme la variĂ©tĂ© et surtout le classique. Ils deviendront ainsi le principal label islandais en termes dâimportance du chiffre dâaffaires. Une vingtaine dâannĂ©es plus tard une compilation rassemblant de nombreux titres sera Ă©ditĂ©e par Smekkleysa[4].
SĂ©paration (1982)
En mai 1982, les Purrkur Pillnikk sont en concert Ă Londres. Ils y retrouvent John Loder qui gĂšre le studio dâenregistrement Southern Studios de Londres oĂč le groupe avait enregistrĂ© leur LP Ekki enn. John Loder est accompagnĂ© de Derek Birkett et Andy Palmer avec lesquels Einar Ărn sympathise rapidement. Andy Palmer est un membre du groupe anarcho-punk britannique Crass, dĂ©nomination qui dĂ©signe Ă©galement un collectif et un label, tous deux Ă forte connotation politique. Lorsqu'Einar s'occupera de lâorganisation dâun festival qui se tiendra le dans la salle Laugardalshöll, Ă Reykjavik, sous le nom de ViĂ° krefjumst framtĂĂ°ar (Nous rĂ©clamons un/lâavenir), il y invitera Andy Palmer et son groupe Crass. Cette rencontre aura une grande importance pour lâĂ©volution du groupe Kukl, prochaine formation Ă laquelle appartiendra Einar.
Derek Birkett est le bassiste du groupe Flux of Pink Indians appartenant au collectif Crass. Il monte, en 1981, un label, appelĂ© Spiderleg, Ă la suite de la sortie du premier EP de son groupe, Neu Smell. Les activitĂ©s et les tendances du groupe et du label son Ă©galement empreintes dâune forte connotation politique ainsi que des idĂ©es promouvant le vĂ©gĂ©tarisme et le pacifisme[5]. Derek propose Ă Einar de sortir les disques de Purrkur Pillnikk sous son label, en Grande-Bretagne, mais la formation vit alors ses derniĂšres semaines, leur dernier concert se dĂ©roulant le Ă Melarokk. Einar retiendra cependant la proposition lors de la naissance du groupe The Sugarcubes.
Discographie
Leurs disques sont : Tilf (1981), un 45-tours contenant dix chansons et durant au total environ 12 minutes ; Ehgji En (1981), un 33-tours de 17 chansons ; Googooplex (1982), un album de deux 45-tours comprenant 13 chansons ; No Time to Think (1982), un 45-tours de 4 chansons en anglais ; et le 33-tours posthume MaskĂnan (1982), enregistrĂ© 'live', avec 17 morceaux, nombre d'entre eux jamais enregistrĂ©s au prĂ©alable, et, particuliĂšrement, une suite de 5 chansons, intitulĂ©e OrĂ° fyrir dauĂ°a (Mots avant la mort), spĂ©cialement Ă©crite pour leur concert d'adieu au festival Melarokk en . Tous ces enregistrements ont Ă©tĂ© Ă©ditĂ©s par la maison islandaise Gramm.
Notes et références
- Word, juillet 2003, The Wild One.
- Rokk Ă ReykjavĂk, FriĂ°rik ĂŸĂłr FriĂ°riksson, Hugrenningur sf., 1982 (DVD, Sena, 2008).
- SchÀdelspalter, juillet 1988, Reise zum Eiland des schwarzen Todes.
- Guitare et claviers, Les Sugarcubes: La pop pervertie du chaud et froid, Dominique Guillerm, no 91, décembre 1988.
- The Independent, 26 avril 2007, Label profile: One Little Indian.