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Théorie de l'ordre implicite

La thĂ©orie de l'ordre implicite est une conception spĂ©culative relevant de la physique thĂ©orique et de la mĂ©taphysique, d'abord soutenue par le physicien amĂ©ricain David Bohm, puis reprise par diffĂ©rents chercheurs et auteurs tels que Basil Hiley (en), Karl Pribram, Paavo PylkkĂ€nen ou, dans un cadre plus mystique, Michael Talbot et David Peat. D'aprĂšs cette thĂ©orie, une rĂ©alitĂ© plus profonde sous-tend l’univers, et le monde que l’on perçoit avec nos sens n’est qu’une illusion, une sorte de fantĂŽme ou de projection de cette cohĂ©rence cachĂ©e. La notion d’ordre implicite met l’accent sur la primautĂ© de la structure et du processus par rapport aux objets individuels. Ces derniers sont interprĂ©tĂ©s comme de simples approximations d’un systĂšme dynamique sous-jacent. Les particules Ă©lĂ©mentaires et l'ensemble des objets n’auraient ainsi qu’un degrĂ© d’individualitĂ© limitĂ©.

L’ordre implicite est un ordre fondamental et invisible de l’univers dont l'existence a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©e pour la premiĂšre fois par le physicien David Bohm.

Le terme « implicite » dĂ©rive du latin implicatus (« enveloppĂ© »), l’une des formes du participe passĂ© de implicare (« plier, emmĂȘler ») [1]. Il qualifie donc une rĂ©alitĂ© dont chacune des parties est en contact avec les autres. Chaque fragment de la rĂ©alitĂ© contient en effet des informations sur chacun des autres fragments, de telle sorte que chaque Ă©lĂ©ment du monde renvoie Ă  la structure de l’univers en son entier. L'ordre implicite, qui est cachĂ©, produit la rĂ©alitĂ© phĂ©nomĂ©nale – celle que l'on perçoit avec nos sens et nos instruments – et avec elle, l'ordre de l'espace et du temps, de la sĂ©paration et de la distance, des champs Ă©lectromagnĂ©tiques et de la force mĂ©canique. Cette rĂ©alitĂ© opĂšre elle-mĂȘme selon un ordre que Bohm nomme l’« ordre explicite », monde ouvert et rĂ©vĂ©lĂ© de façon manifeste.

Pour Bohm, la « vraie » rĂ©alitĂ© ne peut ĂȘtre captĂ©e que par un esprit libre, dĂ©barrassĂ© des leurres engendrĂ©s par le processus mĂȘme de la pensĂ©e. L’univers perceptible et mesurable n'est qu'une manifestation de cette rĂ©alitĂ© profonde sous-jacente, ou une projection de niveaux plus profonds de rĂ©alitĂ© qui trouvent eux-mĂȘmes leur origine dans un ordre implicite ultime. Cette manifestation, ou projection, se rĂ©alise selon un processus par lequel les particules subatomiques se « dissolvent » sans cesse dans l'ordre implicite pour ensuite se « cristalliser » dans l'ordre explicite.

Paradoxe EPR et non-localité

Pour David Bohm, l'Ă©trangetĂ© des phĂ©nomĂšnes quantiques, en particulier ceux impliquant la non-localitĂ©, peut ĂȘtre expliquĂ©e comme une consĂ©quence d'une activitĂ© qui Ă©chappe encore Ă  l'investigation des physiciens. Il soutient que l'espace et le temps eux-mĂȘmes peuvent ĂȘtre infĂ©rĂ©s Ă  partir d'un niveau encore plus profond de rĂ©alitĂ© objective que celle qui se manifeste dans la physique quantique standard. C'est le point de dĂ©part de sa conception de l'ordre implicite.

Le paradoxe EPR et l'idée de variables cachées

Rendu artistique de la génération d'une paire de photons intriqués par un faisceau laser traversant un cristal.

Le paradoxe dit « EPR » constitue une rĂ©fĂ©rence essentielle pour toute la thĂ©orie de David Bohm[2]. Ce paradoxe provient d’une expĂ©rience de pensĂ©e dĂ©crite par Albert Einstein, Boris Podolsky et Nathan Rosen (d'oĂč l'acronyme EPR), formalisĂ©e par le physicien John Bell qui en fit un thĂ©orĂšme, reprise par Bohm dans le cadre de sa mĂ©canique et confirmĂ©e par le physicien Alain Aspect en 1982. Dans sa version simplifiĂ©e, elle part du raisonnement suivant : si l’on sĂ©pare un couple de particules Ă©lĂ©mentaires, par exemple un couple d'Ă©lectrons sans spin (le spin reprĂ©sentant la caractĂ©ristique de rotation des particules Ă©lĂ©mentaires), l’une de ces particules doit avoir, d’aprĂšs la loi de conservation du spin (l’une des lois de la mĂ©canique quantique), un spin de + Âœ et l’autre un spin de – Âœ. Elles sont dites en ce sens « intriquĂ©es ». Si l’on suppose Ă  prĂ©sent que ces particules intriquĂ©es sont envoyĂ©es chacune dans des directions contraires jusqu’à atteindre des distances trĂšs grandes, et que l’on inverse le signe du spin de l’une d’elles, l’autre particule, pour garantir la loi de conservation du spin, devra changer instantanĂ©ment le signe de son propre spin. C’est ce que Bohm appelle « l’effet des spins liĂ©s ». Or, avec un tel phĂ©nomĂšne, le respect de la loi de conservation du spin conduit Ă  violer une loi fondamentale de la thĂ©orie de la relativitĂ© qui Ă©tablit que les signaux ne peuvent se propager instantanĂ©ment, mais seulement Ă  une vitesse finie qui est celle de la lumiĂšre. La modification de l’une des caractĂ©ristiques d’une particule intriquĂ©e gĂ©nĂšre donc un Ă©vĂ©nement non local incompatible avec la physique relativiste classique[3].

Les rĂ©sultats de l'expĂ©rience EPR semblent prouver que des particules subatomiques qui sont Ă©loignĂ©es l'une de l'autre sont en mesure de communiquer entre elles d'une maniĂšre qu'on ne peut pas expliquer par l'Ă©mission de signaux qui voyagent Ă  la vitesse de la lumiĂšre[4]. Par consĂ©quent, comme l'affirmait Einstein, ou bien la mĂ©canique quantique est fausse, ou bien les particules Ă©lĂ©mentaires doivent rĂ©pondre Ă  des variables « cachĂ©es » ou « additionnelles » qui remettent en cause la complĂ©tude de la mĂ©canique quantique, et qu'il faut dĂ©couvrir[4] - [5]. C’est en 1964 que John Bell Ă©tablit les cĂ©lĂšbres inĂ©galitĂ©s de Bell qui pourraient ĂȘtre vĂ©rifiĂ©es si des variables cachĂ©es – au sens dĂ©fini par Einstein (c'est-Ă -dire des variables dites « locales » et respectant le principe de causalitĂ© classique) – existaient, et infirmĂ©es si elles n'existaient pas. Les expĂ©riences visant justement Ă  vĂ©rifier les inĂ©galitĂ©s de Bell purent ĂȘtre menĂ©es au dĂ©but des annĂ©es 1980, et aboutirent Ă  une violation des inĂ©galitĂ©s, invalidant la possibilitĂ© d'existence de telles variables[5].

Les variables cachées non locales

Les inĂ©galitĂ©s de Bell ont Ă©tĂ© formulĂ©es par leur auteur non pas pour confirmer l’interprĂ©tation de Copenhague (Ă©tablissant l'impossibilitĂ© des variables cachĂ©es) mais pour confirmer celle de Bohm (affirmant l'existence de variables additionnelles non locales)[6]. En effet, ce n'est pas l’ensemble des thĂ©ories Ă  variables cachĂ©es qui est rĂ©futĂ© par la violation des inĂ©galitĂ©s de Bell, mais toutes celles qui sont locales. Les variables non locales n'obĂ©issant pas aux lois de la physique relativiste, et leur valeur Ă©tant dĂ©terminĂ©e Ă  une Ă©chelle subquantique (sous l’échelle de Planck), elles Ă©chappent Ă  l'objection de la violation des inĂ©galitĂ©s. Au lieu de se comporter de façon vĂ©ritablement alĂ©atoire comme dans le modĂšle orthodoxe de la mĂ©canique quantique, les particules pourraient trĂšs bien alors Ă©voluer dans un fluide subquantique qui agirait sur elles de façon causale – mais en un sens non classique – Ă  l'image des molĂ©cules d’eau invisibles qui exercent une influence cachĂ©e sur les grains de pollen en suspension dans l’air en les faisant se mouvoir de maniĂšre apparemment alĂ©atoire[7].

Bohm identifie ces variables non locales – dont il prĂ©suppose l’existence – Ă  ce qu’il nomme le « potentiel quantique », principe gouvernant la matiĂšre de maniĂšre dĂ©terministe et causale, mais Ă  un niveau de rĂ©alitĂ© qui ne se situe plus dans l’espace-temps comme c'est le cas dans la physique classique ou relativiste. Suivant cette perspective, les particules subatomiques restent en contact indĂ©pendamment de la distance qui les sĂ©pare car leur sĂ©paration est une illusion qui a lieu dans l’espace-temps. Bohm dĂ©veloppe au fur et Ă  mesure de ses recherches l'idĂ©e qu'Ă  un certain niveau de rĂ©alitĂ© plus profond que celui du monde apparent, ces particules ne sont pas des entitĂ©s individuelles, mais des extensions d'un mĂȘme systĂšme fondamental. C'est principalement cette idĂ©e qui le conduit Ă  concevoir sa « thĂ©orie de l'ordre implicite »[4], qui doit connecter les Ă©vĂ©nements disjoints dans l'espace et le temps :

« Dans l'ordre implicite, l'espace et le temps ne sont plus les principaux facteurs déterminant les relations de dépendance ou d'indépendance entre les différents éléments. Au contraire, une sorte de connexion entiÚrement différente est possible, de laquelle nos notions ordinaires d'espace et de temps, ainsi que de particules matérielles existant séparément, sont extraites en tant que formes dérivées de l'ordre plus profond. »[8].

Pour Bohm, puis pour Basil Hiley et Fabio Frescura avec lesquels il collabore, cet ordre implicite procĂšde d’une « prĂ©-gĂ©omĂ©trie » et d'une algĂšbre seules capables de dĂ©crire un tel « prĂ©-espace ». Ces nouvelles mathĂ©matiques constitueraient une sorte de prolongement de la relativitĂ© gĂ©nĂ©rale, thĂ©orie qui se fonde Ă©galement sur la gĂ©omĂ©trie pour dĂ©crire le comportement des objets qui s'y trouvent[9]. À l'instar d'Einstein, Bohm et ses collĂšgues remettent ainsi en question la complĂ©tude de la physique quantique non seulement en introduisant des variables supplĂ©mentaires (en l’occurrence, les particules elles-mĂȘmes et leur dynamique dĂ©terministe) mais en articulant une nouvelle conception de l'espace-temps.

Potentiel quantique et champ d’information

David Bohm n'accepte pas l'interprétation devenue classique de la mécanique quantique associée historiquement à l'école de Copenhague. Il en rejette notamment la notion, selon lui mal définie et insatisfaisante, d'effondrement de la fonction d'onde avec tous les paradoxes qui en découlent. Il opte pour une interprétation « ontologique » et « causale » qui implique l'existence réelle de particules et de champs. Il reformule complÚtement l'équation de Schrödinger décrivant le mouvement de l'électron par une fonction d'onde spéciale en y ajoutant un paramÚtre crucial : le « potentiel quantique », sur lequel se rÚgle l'ordre apparent du monde.

Le potentiel quantique

Potentiel quantique

C'est pour transformer le caractĂšre probabiliste de la mĂ©canique quantique en une thĂ©orie dĂ©terministe que Bohm introduit le potentiel quantique dans sa propre thĂ©orie[N 1]. Ce potentiel dĂ©crit formellement comment des particules peuvent se mouvoir le long de trajectoires prĂ©dĂ©finies, conformĂ©ment Ă  un principe non local agissant comme pour conduire les Ă©lectrons[10]. Bohm dĂ©veloppe ainsi ce que l'on nomme une « mĂ©canique bohmienne », c'est-Ă -dire une mĂ©canique quantique non classique qui fait usage de concepts inspirĂ©s de la thĂ©orie de l' « onde pilote » de Louis de Broglie, elle-mĂȘme Ă©laborĂ©e dĂšs le dĂ©but de la mĂ©canique quantique entre 1923 et 1926.

Le potentiel quantique de Bohm () n'est pas une quantité qui diminue avec l'inverse du carré de la distance comme le font tous les signaux électromagnétiques dans la physique classique ; c'est une quantité dont l'intensité ne dépend pas de la distance, mais seulement de la « forme » de l'amplitude de la fonction d'onde de Schrödinger, ce qui génÚre inévitablement des effets non locaux :

« A la diffĂ©rence de ce qui se passe avec les potentiels Ă©lectrique et magnĂ©tique, le potentiel quantique ne dĂ©pend que de la forme. Cela signifie que mĂȘme lorsque ce potentiel quantique est faible, il peut influencer Ă©normĂ©ment la particule. C'est comme si l'onde d'un lac Ă©tait en mesure de faire tressauter un bouchon de liĂšge qui flotte dans l'eau, mĂȘme si ce dernier est loin de la source d'onde. »[11]

Les caractĂ©ristiques du potentiel quantique ne sont pas seulement hypothĂ©tiques dans la mesure oĂč la physique quantique reconnaĂźt dĂšs 1948, avec le physicien Hendrik Casimir, l'existence d'un vide quantique[N 2], autrement appelĂ© « champ du point zĂ©ro », qui est interprĂ©tĂ© par Bohm comme un ocĂ©an d'Ă©nergie infini dans lequel peut puiser son potentiel[12]. L'Ă©nergie du point zĂ©ro implique que, mĂȘme en l'absence de toute matiĂšre, le vide possĂšde une Ă©nergie d'autant plus grande que le volume considĂ©rĂ© est petit, ce qui a pour consĂ©quence de confĂ©rer au vide une Ă©nergie infinie ou immense. Aux Ă©chelles macroscopiques, cette Ă©nergie est nĂ©gligeable car les fluctuations s'annulent sur de grands volumes, mais elle possĂšde cependant des effets physiques microscopiques comme l'effet Casimir, l'Ă©mission spontanĂ©e de photons par des atomes, la production de paires de particules/antiparticules, ou une agitation minimale des molĂ©cules. Pour Bohm, c'est bien dans le vide quantique de l'univers que rĂ©side toute son Ă©nergie, permettant le dĂ©ploiement de l'espace, du temps et de la matiĂšre :

« Ce qu'implique l'hypothÚse proposée [hypothÚse de l'océan infini d'énergie], c'est que toute cette énergie est présente dans l'espace vide et que la matiÚre, telle que nous la connaissons, n'est qu'une petite ondulation sur cette mer immense. Cette mer se situe dans l'ordre impliqué et nullement, en mode essentiel, dans l'espace et le temps. Pourtant c'est la totalité de l'univers, comprenant l'espace, le temps et la matiÚre connus de nous, qui se manifeste dans cette ride légÚre. »[13]

Les événements non locaux de la mécanique quantique s'expliquent désormais non plus comme de mystérieux signaux qui iraient à une vitesse super-liminale (supérieure à la vitesse de la lumiÚre) ou instantanée et grùce auxquels certaines particules communiqueraient entre elles, mais par le fait que ces particules n'ont en réalité jamais bougé et qu'elles ne se sont jamais fragmentées. Les particules renfermeraient en effet une réalité unitaire profonde qui précéderait toute division de l'espace et du temps[14].

L’onde pilote et le champ d'information

Paquet d’ondes (en bleu) et son « enveloppe » (en rouge). L’enveloppe se dĂ©place Ă  la vitesse de groupe.

Le concept de potentiel quantique conduit Bohm Ă  rĂ©interprĂ©ter la mĂ©canique quantique en gĂ©nĂ©ralisant la fonction d’onde Ă  tout l’univers[15]. Cette fonction a chez Bohm comme pour Schrödinger un caractĂšre objectif, dans le sens oĂč elle permet de dĂ©crire la rĂ©alitĂ© indĂ©pendamment de l'observateur. Mais elle rĂ©vĂšle en plus, par sa structure et sa dynamique, une rĂ©alitĂ© invisible qui organise le monde matĂ©riel au niveau subatomique.

Bohm rĂ©actualise Ă  partir de 1952 la notion d’« onde pilote » que le physicien Louis de Broglie forge dĂšs 1923[16]. S'appuyant principalement sur les travaux d'Einstein concernant les photons et leurs propriĂ©tĂ©s ondulatoires, le physicien français dĂ©montre que toute particule Ă©lĂ©mentaire (Ă©lectron, proton, etc.) est associĂ©e Ă  une onde, qu'il nomme « onde de matiĂšre » ou « onde pilote », et dont on peut calculer la longueur. Cette onde ne peut pas ĂȘtre envisagĂ©e comme une onde unique se propageant indĂ©finiment dans l'espace : elle constitue un ensemble d'ondes superposĂ©es nommĂ© par de Broglie « paquet d'ondes » ou « train d'ondes », se propageant de façon linĂ©aire et « guidant » l'Ă©lectron dans son dĂ©placement. Chaque phase de l'onde se dĂ©plaçant Ă  une vitesse lĂ©gĂšrement diffĂ©rente (dĂ©finie par la vitesse de phase ), elle a donc une longueur d'onde un peu diffĂ©rente mais restant comprise entre deux valeurs dĂ©terminĂ©es, l'une minimale et l'autre maximale. Or, dans ce contexte particulier oĂč les ondes sont lĂ©gĂšrement dĂ©calĂ©es (puis qu’ayant des frĂ©quences un peu diffĂ©rentes), un certain nombre d'entre elles disparaissent Ă  n'importe quel endroit gĂ©ographique de la trajectoire suivie, les crĂȘtes et les creux s'annulant, tandis que d'autres se superposent, provoquant en un endroit gĂ©ographique unique un pic de renflement important oĂč les ondes sont dites en phase. C'est au dĂ©placement de ce pic (dont la vitesse Ă©quivaut Ă  la vitesse de groupe ) que correspond, d'aprĂšs Louis de Broglie, le mouvement vĂ©ritable de la particule.

En mĂ©canique bohmienne, chaque particule Ă©mise suit une trajectoire unique bien dĂ©finie. Dans l’expĂ©rience de Young, seule l’onde qui « guide » les particules passe par les deux fentes.

Bien que cette conception soit en partie reprise par Bohm et Hiley[17] - [18], leur propre thĂ©orie diffĂšre de celle de Louis de Broglie sur un point majeur : l'onde pilote n'est plus chez eux interprĂ©tĂ©e comme une force qui pousserait mĂ©caniquement la particule dans une direction donnĂ©e, mais comme un principe directeur qui « in-forme » le mouvement de la particule[19]. NommĂ© « champ d'information », ce principe agit sur les particules non pas comme un champ de forces, mais Ă  la maniĂšre d’un « systĂšme de pilotage » fournissant les instructions sur la façon de bouger. Les particules sont par lĂ  dotĂ©es d'une sorte de « rĂ©seau de connaissances cachĂ©es » de toutes les propriĂ©tĂ©s physiques qu'elles pourraient avoir[20]. Ainsi, dans les expĂ©riences quantiques, leur comportement paradoxal et apparemment intentionnel s'explique par le fait qu'elles dĂ©tiennent les informations relatives Ă  l'ensemble de l'appareillage, voire Ă  l'ensemble de l'environnement[6]. Par exemple, dans l'expĂ©rience des fentes de Young avec obstruction de l'une des fentes, la particule qui est Ă©mise « sait » en quelque sorte oĂč et quand l'une des fentes est obstruĂ©e.

Le champ d'information n'est pas produit dans le temps Ă  partir d'une rĂ©gion prĂ©cise de l'espace, mais Ă  partir d'une rĂ©alitĂ© infinie qui transcende les limites de l'espace et du temps[21]. Contrairement aux champs connus en physique, ce n'est pas la force, mais la « forme », qui dĂ©termine son action. Cette action ne dĂ©croĂźt pas avec la distance et elle rend ainsi possible des effets non locaux manifestes Ă  l'Ă©chelle quantique. Un tel champ peut ĂȘtre comparĂ© Ă  la cause formelle, telle que dĂ©finie par Aristote[22] - [23] dont le principe diffĂšre radicalement de la cause motrice sur laquelle s'appuie la mĂ©canique classique. Bohm compare Ă©galement l'action de son onde Ă  celle d'un message radio intimant Ă  un bateau l'ordre de changer de direction : l'ordre vaut alors par l'information vĂ©hiculĂ©e plutĂŽt que par une action physique du signal[6]. MĂȘme si elle n’a jamais ralliĂ© la communautĂ© scientifique, cette thĂ©orie est considĂ©rĂ©e encore aujourd’hui comme une interprĂ©tation cohĂ©rente des phĂ©nomĂšnes quantiques.

Premiùres conceptions de l’ordre implicite

Se dĂ©veloppant d'abord dans le cadre de la mĂ©canique quantique de Bohm, la thĂ©orie de l'ordre implicite permet de justifier une approche causale et dĂ©terministe des phĂ©nomĂšnes quantiques qui contraste avec l’explication probabiliste de l’interprĂ©tation de Copenhague, mais qui diffĂšre Ă©galement profondĂ©ment de la conception classique de la rĂ©alitĂ© physique.

L’hypothĂšse de l’éther et la notion de prĂ©-espace

La premiÚre élaboration théorique de l'ordre implicite réactualise la notion traditionnelle d' « éther », jusque-là défini comme une matiÚre « subtile » ou une substance « impondérable » (de masse nulle ou insignifiante) permettant de fournir ou transporter des effets entre les corps sur un mode ondulatoire[24], notamment dans les phénomÚnes électromagnétiques.

C'est durant sa collaboration avec le physicien français Jean-Pierre Vigier et plusieurs physiciens de l'Institut Henri-PoincarĂ© de Paris que Bohm postule, dans les annĂ©es 1950, l'existence de fluctuations d'un Ă©ther dissĂ©minĂ© dans tout l'univers, contredisant par lĂ  mĂȘme l'expĂ©rience de Michelson et de Morley qui, en faveur de la thĂ©orie de la relativitĂ© d'Einstein, rĂ©futait l'hypothĂšse de l'Ă©ther de façon apparemment dĂ©finitive[25]. ConsidĂ©rant de son cĂŽtĂ© que la non-existence de l'Ă©ther n'a jamais Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e, Bohm s'associe aux recherches sur le « champ du point zĂ©ro » et souhaite alors dĂ©crire l'Ă©lectron comme une structure complexe qui Ă©volue dans un Ă©ther sous-jacent. À une Ă©chelle des millions de fois plus petites que l'Ă©lectron, la relativitĂ© d'Einstein se briserait dans un « espace absolu » bien rĂ©el (que Einstein avait rejetĂ©), un Ă©ther fait de particules subquantiques incommensurablement minuscules.

Sous cet espace absolu – autrement appelĂ© « prĂ©-espace » – n'existe plus aucune division ni distinction spatio-temporelle. La thĂ©orie probabiliste de la mĂ©canique quantique – pour laquelle le concept de probabilitĂ© est un concept complet et objectif – n'est plus dans cette perspective qu'une mesure de notre ignorance dans l'interprĂ©tation du mouvement compliquĂ© des Ă©lectrons, dont l'identification exige d'aller en dessous mĂȘme de la longueur de Planck[26] (fixĂ©e Ă  1,616 Ă— 10−35 m). Alors que selon l'interprĂ©tation classique de la mĂ©canique quantique, les Ă©lectrons se comportent de façon vĂ©ritablement alĂ©atoire, ils Ă©voluent selon ce nouveau modĂšle dans une sorte de fluide subquantique qui en dĂ©termine causalement le mouvement.

La structuration implicite de l'univers

À partir des annĂ©es 1960, Bohm cesse sa collaboration avec Jean-Pierre Vigier et ne s'arrĂȘte plus comme lui aux hypothĂšses du potentiel quantique et du prĂ©-espace qui le produit. Il Ă©labore une conception plus philosophique de l'univers en s'affranchissant des contraintes mathĂ©matiques liĂ©es Ă  la dĂ©finition rigoureuse des variables cachĂ©es et du potentiel quantique. Dans une perspective mĂ©taphysique, il thĂ©orise ce qu'il nomme dĂ©sormais « l'ordre implicite » (implicate/enfolded order) de l'univers et, dĂšs les annĂ©es 1970, suggĂšre que le monde contient une infinitĂ© de niveaux qualitativement diffĂ©rents, mais tous liĂ©s entre eux par leur caractĂ©ristique gĂ©nĂ©ratrice[27] :

« Au-delĂ  de cette mer d'Ă©nergie, il se peut Ă©videmment qu'existe un ocĂ©an encore plus grand car aprĂšs tout, si notre connaissance atteint ses limites, cela ne signifie pas qu'il n'y ait rien au-delĂ . Le cas Ă©chĂ©ant, on pourrait remonter jusqu'Ă  une source de l'Ă©nergie encore plus lointaine, mais rien ne dit qu'elle ne serait pas elle-mĂȘme en quelque maniĂšre contenue dans une source encore plus grande et ainsi de suite. »[28]

À ce stade, Bohm suppose l'existence de vĂ©ritables hiĂ©rarchies au sein desquelles les ordres implicites d'un niveau de rĂ©alitĂ© plus Ă©levĂ© organisent et guident les ordres d'un niveau infĂ©rieur, lesquels influencent Ă  leur tour les ordres d'un niveau supĂ©rieur dans un cycle sans dĂ©but et sans fin. C'est ce qui conduit Bohm Ă  penser la totalitĂ© du rĂ©el comme Ă  une structure holistique et organique, pratiquement semblable Ă  un corps humain[27]. Il soutient en ce sens l'existence d'un « potentiel superquantique » qui reprĂ©senterait un deuxiĂšme ordre de rĂ©alitĂ© implicite organisant de façon encore plus fondamentale l'ordre implicite de premier niveau[29]. Ce ordre implicite de niveau supĂ©rieur est comparĂ© Ă  un ocĂ©an d'Ă©nergie plus vaste encore que l'ordre implicite de premier niveau, comparĂ© Ă  une simple mer[28].

La physique n'est plus dans cette perspective qu'une approximation d'un certain niveau de rĂ©alitĂ©, et l'ultime niveau ne pourra jamais ĂȘtre atteint ni qualitativement, ni quantitativement. NommĂ© par lui « ordre super-implicite », l'ordre ultime de la rĂ©alitĂ© reste Ă  tout jamais insondable, dans la mesure oĂč le thĂ©Ăątre du monde explicite ne porte aucune information Ă  l'ordre super-implicite[27] - [30]. Le but du physicien consiste alors Ă  dĂ©couvrir un par un les diffĂ©rents niveaux qui lui sont accessibles, en approfondissant toujours plus loin sa comprĂ©hension de la rĂ©alitĂ©[27].

L'unité originaire du monde

Les rĂ©flexions de Bohm, dĂ©sormais associĂ©es aux recherches mathĂ©matiques de Basil Hiley, font Ă©merger un tableau de l'univers oĂč la rĂ©alitĂ© constitue un ensemble indivis, concentrĂ© en un point, et au sein duquel n'importe quel dĂ©placement apparent n'est plus qu'une illusion. Ce modĂšle n'est pas seulement spĂ©culatif mais a Ă©galement un caractĂšre explicatif : il explique, par exemple, que deux particules nĂ©es d'une seule particule maintiennent leur relation mĂȘme Ă  de trĂšs grandes distances[27].

La primautĂ© y est accordĂ©e Ă  l’ensemble, ou Ă  l’ordre implicite inhĂ©rent Ă  l’ensemble, plutĂŽt qu’aux parties de l’ensemble (objets, particules, ondes, Ă©tats quantiques, etc.). Cet ensemble comprend la totalitĂ© des choses, des structures, des abstractions et des processus, c'est-Ă -dire aussi bien les entitĂ©s normalement considĂ©rĂ©es comme physiques, telles que les atomes ou les particules subatomiques, que les entitĂ©s abstraites que sont par exemple les Ă©tats quantiques. Les Ă©lĂ©ments apparents de la rĂ©alitĂ© ne sont que des perspectives diffĂ©rentes sur une mĂȘme rĂ©alitĂ© et doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es en termes de totalitĂ©, selon une approche holiste par laquelle les « individus » sont regardĂ©s comme des « sous-totalitĂ©s » relativement sĂ©parĂ©es et indĂ©pendantes. Mais fondamentalement, rien n’est sĂ©parĂ© ni indĂ©pendant et tout se rejoint en une unitĂ© parfaite Ă  l'origine de toute chose :

« [
] Nous voici donc parvenus Ă  une mĂ©taphysique exempte de toute division [
] nous dĂ©couvrons que l'ordre impliquĂ© dont nous sommes partis s'enracine dans un ordre impliquĂ© d'une dimension bien supĂ©rieure, dans le vaste ocĂ©an d'Ă©nergie de l'espace vide. Et nous pouvons nous attendre, finalement, Ă  pĂ©nĂ©trer Ă  des niveaux encore plus profonds, sans aucune limite prĂ©visible (bien que leur comprĂ©hension puisse nĂ©cessiter des idĂ©es qui dĂ©passent le concept d'ordre impliquĂ©). Ainsi, il n'y a pas d'obstacle Ă  un travail fĂ©cond, en physique, dans le cadre de cet inconnu incommensurable qui est la source gĂ©nĂ©ratrice de tout ce qui est. »[28]

ModĂšle holographique

Dans un dispositif holographique, chaque région de la plaque photographique contient virtuellement la totalité de l'image présentée.

David Bohm utilise la mĂ©taphore de l'hologramme pour illustrer les caractĂ©ristiques de l'ordre impliquĂ© : chaque rĂ©gion d'une plaque photographique sur laquelle un hologramme est observĂ© contient en effet toutes les informations visuelles de l'objet reprĂ©sentĂ©, qui peut ĂȘtre observĂ© Ă  partir d'un Ă©ventail de perspectives. Sur une telle surface, chaque partie contient ainsi virtuellement une image entiĂšre et non divisĂ©e.

David Bohm et l’univers holographique

Dans le contexte de la nouvelle tournure que prend son travail dans les annĂ©es 1960, Bohm Ă©labore progressivement une « cosmologie philosophique » qui est en fait une mĂ©taphysique oĂč tout l'univers finit par ĂȘtre pensĂ© comme un hologramme gĂ©ant avec des caractĂ©ristiques dynamiques[31].

Quand un hologramme – rĂ©sultant d'une figure d'interfĂ©rence entre deux portions de lumiĂšre laser – est impressionnĂ© sur une pellicule photographique, celle-ci peut ĂȘtre coupĂ©e en deux sans jamais perdre une seule moitiĂ© de l'image d'origine, qui reste complĂšte (bien qu'avec une certaine perte de rĂ©solution)[32] - [33]. L'image complĂšte persiste mĂȘme si les deux moitiĂ©s de la pellicule sont elles-mĂȘmes sectionnĂ©es en de plus petits Ă©lĂ©ments. Chaque partie de la pellicule contient en effet tout l'espace nĂ©cessaire Ă  la restitution complĂšte de l'image. Dans l'analogie de l'hologramme, la surface de la pellicule photographique contenant les informations visuelles devient alors la mĂ©taphore de l'ordre implicite, tandis que l'hologramme lui-mĂȘme reprĂ©sente l'ordre explicite, c'est-Ă -dire l'explicitation dans notre rĂ©alitĂ© d'un ordre cachĂ© oĂč chaque partie renferme l'ordre total. Le « mouvement holographique » est reprĂ©sentĂ© quant Ă  lui par la lumiĂšre laser projetĂ©e sur la plaque photographique, illustrant le caractĂšre dynamique de la rĂ©alitĂ© holographique[34].

Le modĂšle holographique de l'univers, dans lequel l'idĂ©e de l'hologramme est associĂ©e Ă  celle de l'ordre implicite, intĂ©resse au moment de ses premiĂšres formulations un vaste public constituĂ© non seulement de physiciens, mais aussi de philosophes, de psychologues, d'Ă©ducateurs, d'artistes, d'Ă©crivains, de thĂ©ologiens et mĂȘme de mystiques pour qui l'analogie de Bohm reprĂ©sente Ă  la perfection le concept de totalitĂ© non fragmentĂ©e[1]. Cette analogie permet en effet de concevoir Ă  partir d'une rĂ©fĂ©rence scientifique une rĂ©alitĂ© fondamentale oĂč toute chose est contenue dans chaque chose, oĂč chaque fragment contient des informations sur chacun des autres fragments, de telle sorte qu'on pourrait dire que chaque rĂ©gion de l'espace et du temps contient la structure de l'univers en son sein, Ă  l'instar d'une plaque holographique qui contient toutes les informations de la figure reprĂ©sentĂ©e.

Selon cette approche, l'ordre explicite n'est rien d'autre que la projection holographique de niveau de réalité situés dans l'ordre implicite. Chaque région de l'espace-temps renvoie ainsi à l'ordre total de l'univers qui comprend non seulement tout l'espace, mais aussi tout le passé, le présent et le futur. Le mouvement holographique correspond quant à lui à l'activité implicite et non manifeste par laquelle se développe l'ordre manifeste du monde :

« Chaque chose émerge du mouvement holographique par un processus d'ouverture, avant de s'enrouler à nouveau dans l'ordre implicite. Je définis le processus d'enroulement sur soi comme "impliquant" et le processus d'ouverture comme "manifestant". L'implicite et l'explicite sont une totalité indivisible dans un flux continu. Chaque partie de l'univers est liée à toutes les autres, mais à différents degrés. »[35]

C'est ainsi que Bohm prĂ©tend expliquer l'aspect non local des phĂ©nomĂšnes de la mĂ©canique quantique. De la mĂȘme façon qu'en sectionnant la plaque photographique en diffĂ©rentes parties nous ne divisons pas l'hologramme, mais nous saisissons le tout dans chacune de ses parties, les particules Ă©lĂ©mentaires comme l'Ă©lectron restent intriquĂ©es les unes avec les autres indĂ©pendamment de la distance qui les sĂ©pare. Leur sĂ©paration en des objets apparemment fragmentĂ©s n'est plus, dans cette perspective, qu'une illusion[32]. Fragmentation, sĂ©paration, espace et temps ne sont eux-mĂȘmes qu'une illusion rĂ©sultant de notre perception limitĂ©e de la rĂ©alitĂ©[36].

Karl Pribram et la thĂ©orie holographique de l’esprit

Les recherches de Karl H. Pribram suggĂšrent que la mĂ©moire n’est pas localisĂ©e dans des rĂ©gions spĂ©cifiques du cerveau.

À la fin des annĂ©es 1960, le psychologue et neurophysiologiste Karl Pribram dĂ©veloppe, parallĂšlement aux travaux de David Bohm sur l'univers holographique, sa propre thĂ©orie holographique de l'esprit humain[37]. Son point de dĂ©part rĂ©side dans l'hypothĂšse suivante, confortĂ©e par de nombreuses recherches en neurosciences : la mĂ©moire, sous ses diffĂ©rentes formes, n'est pas localisĂ©e dans une rĂ©gion particuliĂšre du cerveau. C'est pourquoi, au lieu d'ĂȘtre automatiquement perdue lorsqu'une partie du cerveau est altĂ©rĂ©e, la mĂ©moire peut ĂȘtre transfĂ©rĂ©e Ă  d'autres rĂ©gions qui n'Ă©taient pas jusque-lĂ  sollicitĂ©es par elle[38]. Le systĂšme cĂ©rĂ©bral ne semble donc pas fonctionner comme un ordinateur dont les diffĂ©rents programmes sont rĂ©alisĂ©s par des circuits Ă©lectriques parfaitement dĂ©terminĂ©s. En revanche, il pourrait ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un systĂšme holographique s'activant sous l'effet de faisceaux de frĂ©quences diffĂ©rentes provenant de l'extĂ©rieur.

Un hologramme est le systĂšme le plus efficace pour emmagasiner de l'information et chaque fragment d'information y semble instantanĂ©ment liĂ© Ă  tous les autres[37]. Le cerveau est comparable en ce sens Ă  une pellicule holographique dont la spĂ©cificitĂ© serait d'ĂȘtre capable d'extraire de l'information Ă  travers les impulsions nerveuses qui s'y croisent, Ă  l'instar des dessins d'interfĂ©rence de lumiĂšre laser qui se croisent sur la surface d'une pellicule contenant une image holographique. Pribram prĂ©tend expliquer ainsi le phĂ©nomĂšne de la mĂ©moire et son caractĂšre non localisable. De mĂȘme qu'une portion donnĂ©e de pellicule holographique peut contenir toute l'information nĂ©cessaire pour crĂ©er une image complĂšte, chaque partie du cerveau contiendrait tout le bagage informatif nĂ©cessaire pour reconstruire un souvenir complet.

Le cerveau, avec les impulsions nerveuses qu'il produit, n'est dans cette perspective qu'un intermĂ©diaire pour obtenir de l'information provenant d'ailleurs, notamment d'un niveau de rĂ©alitĂ© qui se trouve au-delĂ  de l'espace et du temps[37]. L'esprit lui-mĂȘme n'est pas situĂ© dans le cerveau mais au-delĂ  du monde spatio-temporel dans une rĂ©alitĂ© plus fondamentale. La succession des Ă©vĂ©nements se rĂ©alisant au sein de la matiĂšre Ă  l'Ă©chelle macroscopique est produite Ă  ce niveau fondamental de la rĂ©alitĂ© par un processus non local et non temporel qui permet l'Ă©change d'informations quantiques, comme pour le phĂ©nomĂšne d'intrication vĂ©rifiĂ© avec les particules, ou pour le processus quantique d'Ă©mission et d'absorption de photons, mais gĂ©nĂ©ralisĂ© cette fois Ă  toute la matiĂšre et Ă  toutes les Ă©chelles.

Pour Pribram, notre cerveau n'est plus alors qu'un « rĂ©cepteur » qui dĂ©tecte et dĂ©code un canal particulier d'informations parmi tant d'autres dans un kalĂ©idoscope de frĂ©quences constituant lui-mĂȘme un ocĂ©an d'informations assimilable Ă  un super-hologramme[39].

Univers psychique et phénomÚnes paranormaux

L'esprit universel

ReprĂ©sentation conique de la structure hiĂ©rarchique de l’esprit selon Carl Gustav Jung, avec :
1. le Moi, dont l’extension est minimale ;
2. le conscient ;
3. l'inconscient personnel ;
4. l'inconscient collectif ;
5. l’ « inconscient archaĂŻque », part inconnaissable de l’inconscient collectif[40].

L'aspect probablement le plus contestĂ© de la pensĂ©e de David Bohm concerne sa conception « panpsychique » du rapport entre l'esprit et la matiĂšre[41] dans laquelle l'ordre implicite n'est pas seulement une rĂ©alitĂ© hyper-dimensionnelle qui gouverne le monde de la matiĂšre, mais le siĂšge mĂȘme de la conscience et de tous les phĂ©nomĂšnes qui lui sont liĂ©s, « l'intĂ©rioritĂ© » de l'univers[42].

« [L]'ordre explicite et manifestĂ© de la conscience n'est pas, finalement, distinct de celui de la matiĂšre. Fondamentalement, ce sont deux aspects, diffĂ©rents par essence, d'un mĂȘme ordre global. Cela explique un fait de base que nous avons dĂ©jĂ  soulignĂ©, Ă  savoir que l'ordre explicite de la matiĂšre est aussi par essence l'ordre sensoriel gĂ©nĂ©ral qui imprime dans la conscience l'expĂ©rience ordinaire. »[28]

Comme l'ordre implicite interagit directement avec le monde manifeste dont nous sommes les observateurs, la physique de Bohm prĂ©suppose non seulement l'existence d'une intĂ©rioritĂ© de l'univers comparable Ă  la conscience, mais aussi celle d'une interaction directe et continue entre cette intĂ©rioritĂ© et l'Ă©tat manifeste de l'univers dans lequel nous semblons vivre. L'ordre implicite peut en cela ĂȘtre comparĂ© Ă  l’« inconscient collectif » de Carl Gustav Jung, esprit impersonnel dont une partie essentielle interagit avec le monde alors qu'elle ne peut ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©e au niveau conscient et individuel. Bohm lui-mĂȘme considĂšre que sa pensĂ©e rejoint celle de Jung par leur affirmation commune de l'existence d'un esprit collectif qui transcende toute individualitĂ© :

« En Ă©tendant le concept de totalitĂ© Ă  l'homme, nous voyons que chaque ĂȘtre humain participe de façon insĂ©parable Ă  la sociĂ©tĂ© et Ă  la planĂšte comme un tout. Ce qu'il est possible de suggĂ©rer ultĂ©rieurement, c'est qu'une telle participation se rĂ©alise dans un esprit collectif plus grand, et peut-ĂȘtre Ă  la fin dans un esprit d'une portĂ©e encore plus vaste qui en principe soit aussi capable d'aller indĂ©finiment au-delĂ  de l'espĂšce humaine comme un tout. Cela peut ĂȘtre corrĂ©lĂ© Ă  certaines des notions proposĂ©es par Jung. »[43]

La thĂ©orie de l'ordre implicite semble ainsi dĂ©velopper sur un plan Ă  la fois scientifique et mĂ©taphysique ce que Jung avait pressenti dans son activitĂ© de psychologue analytique. Les phĂ©nomĂšnes psychiques aussi, mĂȘme si de façon plus complexe que les phĂ©nomĂšnes reconnus de la mĂ©canique quantique, s'articuleraient Ă  partir du monde implicite.

Les phénomÚnes paranormaux

Pour Bohm, les phĂ©nomĂšnes dits « paranormaux », mĂȘme s'ils sont en apparence impossibles Ă  connaĂźtre selon le paradigme de la physique conventionnelle, ne font pas partie du domaine de l'irrationnel, mais peuvent ĂȘtre compris comme une science dans le cadre de sa thĂ©orie de l'ordre implicite[44]. Bohm refuse l'existence de l'irrationnel, car elle est incompatible avec la connaissance de type informatif de l'univers. Ce prĂ©tendu « irrationnel dans la matiĂšre » auquel croyait son Ă©minent collĂšgue Wolfgang Pauli, notamment lorsqu'il Ă©tudiait avec Jung le phĂ©nomĂšne de la synchronicitĂ©, est selon lui explicable dans le cadre d'un modĂšle exhaustif de l'univers, oĂč la causalitĂ© se rĂ©alise dans l'action d'un potentiel quantique et dans ses effets non locaux.

C'est donc dans une perspective présentée comme scientifique que l'on peut, d'aprÚs Bohm, considérer les « pouvoirs psychiques » tels que la synchronicité, la clairvoyance, la vision à distance, la télépathie ou la psychokinésie. Il s'agit pour lui de manifestations de la conscience universelle dont le lieu véritable est l'ordre implicite, voire l'ordre « super-implicite ». Plus précisément, Bohm voit dans les phénomÚnes tels que la télépathie et la psychokinésie non pas un simple phénomÚne de non-localité quantique, comme celui que l'on relÚve dans le paradoxe EPR, mais une forme plus profonde et complexe de non-localité, une espÚce de « super-non-localité »[44] théoriquement explicable.

Conceptions dérivées ou apparentées

Bernard d'Espagnat et le réel voilé

AprĂšs les expĂ©riences d’Alain Aspect dans les annĂ©es 1980, qu'il considĂšre ĂȘtre une confirmation de l'existence d'une rĂ©alitĂ© non locale « voilĂ©e », le physicien français Bernard d'Espagnat publie une sĂ©rie d'ouvrages Ă  caractĂšre philosophique oĂč il expose une conception du monde trĂšs proche des positions de David Bohm (qu'il prĂ©sente dans son livre inaugural de 1965[45]). Il reconnaĂźt d’ailleurs lui-mĂȘme cette parentĂ©[46] :

« Pour parler de cette rĂ©alitĂ© fondamentale, Bohm dit qu'elle satisfait Ă  un ordre implicite. À son sujet, je parle, moi, de rĂ©el voilĂ©. »[47].

OpposĂ© Ă  l’interprĂ©tation de Copenhague, qui choisit de limiter la portĂ©e de la physique quantique Ă  l’observation et Ă  la description des phĂ©nomĂšnes mesurables, d'Espagnat postule l’existence d’une rĂ©alitĂ© indĂ©pendante de nos observations et de nos instruments de mesure, mais qui est non sĂ©parable, comme le dĂ©montre selon lui la preuve de l'existence de l'intrication Ă  distance. Il y aurait ainsi un mystĂ©rieux « continuum »[46] qu’on ne peut apprĂ©hender que de façon nĂ©gative, comme Ă©tant « non local », « non sĂ©parable », « non causal », « non observable ». Cette rĂ©alitĂ© Ă©chappe par principe Ă  notre perception ainsi qu'Ă  nos meilleurs instruments de mesure, lesquels ne peuvent donner accĂšs qu’aux phĂ©nomĂšnes spatio-temporels, qui ne sont eux-mĂȘmes que des apparences intersubjectives. Pour d'Espagnat comme pour Bohm, la rĂ©alitĂ© vĂ©ritable du monde n'est pointĂ©e qu'indirectement par nos connaissances scientifiques, dont le caractĂšre fragmentaire ne peut en rĂ©vĂ©ler l'unitĂ© indivisible[48].

Rupert Sheldrake et la causalité formative

En 1981, le biologiste et Ă©cologiste anglais Rupert Sheldrake dĂ©veloppe dans un ouvrage intitulĂ© Une nouvelle science de la vie : l'hypothĂšse de la causalitĂ© formative[49] une conception de la nature semblable Ă  celle de Bohm au sujet de l'ordre implicite, oĂč le concept central n'est toutefois plus celui de potentiel quantique mais de « rĂ©sonance morphique », ou de « champ morphogĂ©nĂ©tique »[50]. Sheldrake remet en cause la comprĂ©hension purement mĂ©caniste des phĂ©nomĂšnes biologiques et introduit l'idĂ©e d'une « causalitĂ© formative » rĂ©gissant la morphogenĂšse des organismes par des champs d'influence organisateurs affranchis de l'espace et du temps. Cette thĂ©orie prĂ©tend se fonder sur des rĂ©sultats expĂ©rimentaux, mais elle reste trĂšs contestĂ©e par la majeure partie de la communautĂ© scientifique, dans sa mĂ©thodologie comme dans ses conclusions. Elle reçoit nĂ©anmoins des soutiens enthousiastes auprĂšs du grand public ainsi qu'Ă  la marge de la communautĂ© scientifique.

Sheldrake s'est intéressé grandement à la théorie de l'ordre implicite développée par Bohm. Il discuta d'ailleurs souvent avec lui à ce sujet et considéra que l'ordre implicite n'était rien d'autre qu'une reformulation du « monde des Idées » de Platon[50].

Ervin LĂĄszlĂł et la dimension akashique

Dans un livre publié en 2004 et intitulé Science and the Akashic Field: An Integral Theory of Everything[51] (« La science et le champ akashique : une théorie intégrale du Tout »), le philosophe hongrois Ervin Låszló reprend à David Bohm l'idée de champ d'information. Utilisant le terme sanskrit et védique « Akasha » (espace), il nomme ce champ d'information « champ akashique » ou « champ A ». Sa théorie s'appuie notamment sur les idées de Karl Pribram et de Rupert Sheldrake, et reformule l'idée de Bohm selon laquelle il existe un autre ordre de réalité, plus fondamental, que le monde spatio-temporel que nous connaissons[52].

Pour LĂĄszlĂł, le monde spatio-temporel ou matĂ©riel semble avoir Ă©tĂ© l'objet exclusif des sciences modernes de la nature, tandis qu'Ă  l'inverse, les mystiques, les chamanes, les psychonautes et les philosophes de l'introspection ont concentrĂ© leur attention sur ce qui organise de façon invisible le monde que nous percevons[52]. Il revient alors Ă  la science de l'avenir de comprendre l'interaction entre ces deux dimensions de l'existence par une « thĂ©orie du Tout » qui intĂšgre dans un mĂȘme modĂšle la « dimension A » (ou « akashique ») de la rĂ©alitĂ©, et sa « dimension M » (ou « matĂ©rielle »). Cette thĂ©orie doit reposer sur la notion de champ d'information afin d'expliquer pourquoi l'Ă©volution cosmique et biologique est un processus informĂ© qui conduit Ă  la conscience. Elle pourrait dĂ©couler d'une meilleure comprĂ©hension du vide quantique.

Martin Rees et les univers multiples

C'est à partir du cadre théorique élaboré par David Bohm et Karl Pribram que l'astrophysicien britannique Martin Rees développe son propre modÚle holographique de la réalité[39], en lien avec la théorie des univers multiples[53]. Mais alors que le modÚle de Bohm prévoit l'existence de plusieurs niveaux de réalité, et donc celle d'une réalité à la fois unique et multidimensionnelle, le modÚle de Rees envisage l'existence d'univers différents qui ensemble constitueraient une mégastructure cosmique dénommée « multivers ».

Notes et références

Notes

  1. Les probabilitĂ©s entrent nĂ©anmoins dans la mĂ©canique quantique de Bohm de la mĂȘme façon que dans la mĂ©canique quantique classique, mais elles sont interprĂ©tĂ©es comme une consĂ©quence de notre ignorance des conditions initiales exactes. Le « principe d'incertitude » de Heisenberg ne rĂ©vĂšle lui-mĂȘme dans ce contexte qu'une limitation de notre propre connaissance, les particules ayant pour Bohm une position et une vitesse (quantitĂ© de mouvement) parfaitement dĂ©terminĂ©es.
  2. En 1948, le physicien hollandais Hendrik Casimir prédit un effet surprenant qui porte depuis son nom et qui trouve sa premiÚre confirmation expérimentale en 1958 : dans le vide, deux plaques parallÚles électriquement neutres et parfaitement conductrices s'attirent faiblement l'une l'autre, l'énergie diminuant lorsque la distance entre les plaques diminue, ce qui correspond à l'action d'une force attractive.

Références

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  2. Teodorani 2011, p. 33.
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  48. Voir notamment B. d'Espagnat, À la recherche du rĂ©el - Le regard d’un physicien, Paris, Gauthier-Villars, 1979, rĂ©Ă©dition : Pocket, 1991, p. 95.
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Bibliographie

Ouvrages

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Articles

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Articles connexes

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