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Surnaturel (christianisme)

Dans le christianisme, le surnaturel, également appelé ordre surnaturel, est un concept de la théologie chrétienne, étudié entre autres par Henri de Lubac et, dans la lignée du thomisme, par Jean-Pierre Torrell.

L'ordre surnaturel (théologie)

« L'Ordre chrĂ©tien c'est l'ordre naturel de la crĂ©ation blessĂ© par le pĂ©chĂ© originel mais restaurĂ© par l'ordre surnaturel apportĂ© par le Christ et son Église »[1]. Après le pĂ©chĂ© originel, l'humanitĂ© reste blessĂ©e mais en s'incarnant, JĂ©sus-Christ (le Verbe incarnĂ©, Seconde Personne de la Sainte TrinitĂ©) vient inaugurer une autre ordre, un Ordre surnaturel ou Ordre de la grâce rĂ©tablissant l'amitiĂ© de l'homme avec Dieu, la charitĂ© ou Amour de Dieu : Dieu se rĂ©concilie avec l'humanitĂ©. Cette ère est inaugurĂ©e par l'Annonciation : l'ange Gabriel portant l'annonce Ă  la Vierge Marie : le monde angĂ©lique ou monde des anges[2] fait partie de l'ordre surnaturel.

DĂ©finition : C'est ce qui dĂ©passe les forces et les conditions de toutes les natures crĂ©Ă©es possibles. L'union avec Dieu a pour effet de perfectionner et d'Ă©lever excellemment « au-dessus Â» de sa nature, les facultĂ©s de la nature raisonnable, en la bĂ©atifiant, union commencĂ©e dès ici bas par les dons de la grâce[3]. « J'appelle surnaturel ce que nous ne pouvons acquĂ©rir par nous-mĂŞmes, quelque soin et quelque diligence que nous y apportions. Ă€ cet Ă©gard tout ce que nous pouvons faire, c'est de nous y disposer », ThĂ©rèse d'Avila[4].

  • Saint Thomas d'Aquin est le thĂ©ologien qui a Ă©tabli le mieux la distinction, aussi bien que la relation, entre la nature et l'ordre surnaturel.
  • Blaise Pascal appelle l'Ordre surnaturel le Troisième ordre, celui de la CharitĂ©[5].
  • JosemarĂ­a Escrivá de Balaguer propose de rajouter au travail un motif surnaturel[6] : « Le travail est ainsi Ă©levĂ© Ă  l’ordre de la grâce, il est sanctifiĂ©, devient Ĺ“uvre de Dieu, operatio Dei, opus Dei ».

Les voies surnaturelles

Dans l'hymne à la Charité, Paul doit expliquer aux Corinthiens les limites du phénomène de glossolalie (ou don en langues), malgré la Pentecôte encore proche : de tous les dons (science, connaissances et dons en langues) seule la Charité restera.

Saint Jean de la Croix[7] explique dans la MontĂ©e du Carmel pourquoi il ne faut pas appuyer la foi chrĂ©tienne sur uniquement le surnaturel, dans l'expĂ©rience personnelle de la foi : Dieu n'aime pas les miracles, ni faire des miracles. La foi depuis l'Incarnation est fondĂ©e sur le Christ il n'y a plus de motif pour interroger Dieu comme les Juifs le faisaient Ă  travers MoĂŻse : par la grâce, Dieu a donne toute parole Ă  travers celles de son Fils JĂ©sus. « VoilĂ  pourquoi celui qui voudrait maintenant l'interroger, ou dĂ©sirerait maintenant une vision ou une rĂ©vĂ©lation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure Ă  Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveautĂ©. Â» Saint Jean de la Croix explique pourquoi les vĂ©ritables faits surnaturels sont très rares et donnĂ©s uniquement Ă  quelques Ă©lus (Ă©lection divine), les saints, tandis que les illusions abondent et que le plus sĂ»r moyen de plaire Ă  Dieu est de suivre la droite raison : la vraie vie intĂ©rieure du chrĂ©tien est fondĂ©e sur le principe de la direction spirituelle et non d'un rapport direct avec Dieu. Les saints du Carmel ont donc peu de grâces dites « extraordinaires Â» ; ThĂ©rèse de Lisieux Ă©crit dons son autobiographie, « Il y en aura pour tous les goĂ»ts, exceptĂ© pour les voies extraordinaires (9 aout 1897). L'histoire montre que les apparitions de Lourdes ont suscitĂ© une Ă©pidĂ©mie de visionnaires. Il est donc gĂ©nĂ©ralement nĂ©cessaire pour le fidèle d'attendre que des apparitions et faits surnaturels soient authentifiĂ©es par l'Église catholique, chargĂ©e de discerner les vraies apparitions, destinĂ©es au culte, des fausses.

Quelques phénomènes surnaturels reconnus

reliquaire du XIIIe siècle ; St François en prière.

Certains phĂ©nomènes surnaturels appelĂ©s « grâces extraordinaires Â» sont reconnus par l'Église catholique comme voulus par Dieu. Ils deviennent un sujet de dĂ©votion (notamment dans l'iconographie chrĂ©tienne), tels les stigmates de François d'Assise[8] ou les apparitions du Christ ou du SacrĂ©-CĹ“ur, ou des apparitions mariales comme celles de l'ImmaculĂ©e Conception Ă  Lourdes ou Ă  Fátima.

Ces phénomènes font l'objet de vénération de fidèles et de fêtes catholiques ou orthodoxes : fête et Icône de la Miséricorde divine, le premier dimanche après Pâques, Fête de Notre-Dame de Lourdes (le ), Fête des Stigmates de saint François d'Assise (), Fête de l'Icône miraculeuse de la Mère de Dieu "Portaitissa" de Montréal ( - ).

Toujours selon la tradition catholique, le corps de certains saints ou bienheureux, dégage, immédiatement après leur mort, une odeur de fleur, dite odeur de sainteté : Les plus célèbres sont François de Paule et Simon le Myroblyte. Leur corps, parfois, ne se décompose pas (Crispin de Viterbe, Padre Pio, Alexis d'Ugine, Pier Giorgio Frassati). Le don de faire des miracles est attesté par Saint Paul ainsi que la grâce des visions et des révélations[9]. Le don de bilocation permet à un saint de se déplacer de manière surnaturelle. Saint Ignace de Loyola aurait été favorisé de locutions, ou paroles surnaturelles de Dieu. François d'Assise, Thérèse d'Avila et Padre Pio auraient reçu la grâce de la transverbération. Certains saints ont le don des extases ou même, dit-on, de la lévitation.

Notes et références

  1. DĂ©finition de Riaumont
  2. Les Anges chez Saint Thomas d'Aquin Les hiérarchies angéliques et leurs relationsJean-Marie Vernier, Paris, Nouvelles Éditions Latines, Collection Angelologia III, 1986
  3. Dictionnaire de théologie, Volume 4 Par Bergier (Nicolas-Sylvestre) article SURNATUREL p. 424-436
  4. Lett. au P. Rodrigue Alvarez, 1576 Encyclopédie Agora
  5. Pensées de Pascal.
  6. La Montée du carmel, Livre II Chapitre XX On répond à un doute et on montre comment sous la Loi nouvelle il n'est pas permis comme sous la Loi ancienne, d'interroger Dieu par voie surnaturelle…
  7. Lire Considérations sur les stigmates
  8. Epître aux Corinthiens

Bibliographie

  • Henri de Lubac, sj, Le Mystère du surnaturel, 1965
  • Henri de Lubac, sj, Surnaturel : Ă©tudes historiques, 1946
  • L. J. Elders, La nature et l'ordre surnaturel, 1995, vol. 70, n°1, p. 18-35, Nova et Vetera, Genève, 1926
  • S.-Th. Bonino, op, La thĂ©orie des limbes et le mystère du surnaturel chez saint Thomas d’Aquin, Revue thomiste
  • Surnaturel. Une controverse au cĹ“ur du thomisme au XXe siècle. Actes du colloque organisĂ© par l'Institut Saint-Thomas-d'Aquin les 26- Ă  Toulouse. PubliĂ© par la Revue thomiste, T. CII, no 1, janvier-. Des contributions de Serge-Thomas Bonino, op, Jean-Pierre Torrell, op, et al.
  • Henry Donneaud, Surnaturel au crible du thomisme traditionnel, Revue thomiste
  • Cairn Un texte de Bernard SesboĂĽĂ©, sj, sur le surnaturel chez Henri de Lubac

Liens externes

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