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Substitut du lait maternel

Un substitut du lait maternel, plus communĂ©ment appelĂ© lait artificiel, prĂ©paration infantile, ou encore prĂ©paration pour nourrisson, dĂ©signe « tout aliment commercialisĂ© ou prĂ©sentĂ© de toute autre maniĂšre comme produit de remplacement partiel ou total du lait maternel, qu’il convienne ou non Ă  cet usage » (OMS 1981)[1]. Le premier substitut du lait maternel a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1865 par Justus von Liebig. La plupart des substituts du lait maternel sont aujourd'hui Ă  base de lait de vache. Il existe des boissons pour nourrisson Ă  base de riz ou de soja.

Lait artificiel

Histoire

Tout au long de l'histoire, les mĂšres qui n'ont pas pu allaiter leurs bĂ©bĂ©s les ont confiĂ©s Ă  une nourrice Ă  domicile pour les familles les plus aisĂ©es ou les ont envoyĂ© chez des nourrices Ă  la campagne pour les classes sociales moins favorisĂ©es. Moins frĂ©quemment, elles donnaient aux nourrissons des laits artificiels prĂ©parĂ©s par elles-mĂȘmes, le plus souvent Ă  base de lait cru mal conservĂ©, ce qui provoquait la mort de nombreux bĂ©bĂ©s[2].

Le développement de la pasteurisation, du biberon muni d'une tétine en caoutchouc, le travail des femmes exercé de plus en plus en dehors du cadre familial et l'évolution des mentalités ont amené progressivement au cours du XIXe siÚcle à employer de préférence ces laits artificiels à base de lait d'animal, de farine de céréales et de sucre. Ces préparations étaient encore mal formulées, entraßnant des infections gastro-intestinales et des déshydratations aiguës ou toxicoses[3].

Professeur de chimie, Justus von Liebig imagine un substitut de lait maternel pour deux de ses petits-enfants qui ne sont pas allaitĂ©s naturellement. Analysant la composition chimique du lait humain et du lait de vache, il crĂ©e en 1865 le premier « lait artificiel pour nourrisson Â», mĂ©lange Ă  partir de farine de blĂ©, d'extrait de malt et de bicarbonate de potasse devant ĂȘtre dĂ©layĂ© dans de l'eau et du lait de vache Ă©crĂ©mĂ©. DĂšs 1866, Henri NestlĂ© conçoit une farine lactĂ©e sur le mĂȘme principe que Justus von Liebig et la commercialise en 1867 avec plus de succĂšs que son prĂ©dĂ©cesseur, succĂšs Ă  l'origine du groupe d'industrie agroalimentaire NestlĂ©[4].

Recommandations de l'OMS

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l'allaitement exclusif au sein les six premiers mois et une diversification de l'alimentation avec poursuite de l'allaitement jusqu'à deux ans ou plus[5]. Le lait infantile, fabriqué en conformité avec les rÚgles sanitaires du Codex Alimentarius, est ensuite décrit comme substitut adéquat au lait maternel[6], en complément de l'alimentation solide.

IntĂ©rĂȘts et limites

IntĂ©rĂȘts

La composition des substituts du lait maternel a Ă©voluĂ© avec l’apport d'Ă©tudes scientifiques pour se rapprocher au mieux des besoins spĂ©cifiques en protĂ©ines et lipides. La teneur en protĂ©ines a ainsi Ă©tĂ© rĂ©duite Ă  10 g/L[7]. Cette source protĂ©ique peut ĂȘtre constituĂ©e par des protĂ©ines du lait de vache (PLV), des protĂ©ines de soja (PS) ou des protĂ©ines partiellement hydrolysĂ©es, issues de diffĂ©rents produits azotĂ©s[8]. Le rapport casĂ©ine / protĂ©ines solubles ne devrait pas ĂȘtre trop Ă©levĂ©e : une richesse en casĂ©ine augmente la constipation, alors que les substituts plus riches en protĂ©ines solubles se rapprochent de la composition du lait maternel[7]. Le lait devrait ĂȘtre dĂ©barrassĂ© de ses graisses saturĂ©es d’origine au profit de graisses vĂ©gĂ©tales non hydrogĂ©nĂ©es apportant notamment de l’acide linolĂ©ique (omĂ©ga-6) et de l’acide alpha-linolĂ©nique (omĂ©ga-3). Le rapport de ces acides gras essentiels (omĂ©ga-3 et omĂ©ga-6) devrait ĂȘtre le plus bas possible[7].

Certains substituts du lait maternel proposent des protéines transformées par hydrolyse visant à réduire leur pouvoir allergénique, cependant l'efficacité de ces substituts hypoallergéniques n'est pas démontrée[9].

Par ailleurs, il existe un consensus scientifique sur la qualité des laits infantiles à base de soja[10].

Limites

Les composants de certains laits artificiels sont controversés :

  • les prĂ©parations riches en fer seraient moins bonnes pour le cerveau de l'enfant Ă  long terme[11] ;
  • la teneur en aluminium de certains substituts du lait maternel pourrait ĂȘtre nocive[12] - [13] - [14] - [15] - [16] - [17] - [18] - [19] - [20] ;
  • l'huile de palme, prĂ©sente dans quasiment toutes les prĂ©parations infantiles, pose des problĂšmes Ă©cologiques. On peut s'en passer dans les prĂ©parations infantiles mais Ă  un coĂ»t plus important et une plus grande difficultĂ©. Si l'huile de palme peut provoquer des maladies cardio-vasculaires chez l'adulte, elle semble en revanche sans danger pour le nourrisson[21].

Par ailleurs, une utilisation prolongée de substitut du lait maternel augmenterait le risque de leucémie aiguë lymphoblastique, un cancer des cellules de la moelle osseuse[22].

Préparation de suite

Le lait utilisé de l'ùge de six mois à deux ans est aussi appelé « préparation de suite » (en anglais : « follow-on formula »).

Influence

Un corpus de publications d'experts internationaux publiĂ© en 2023 dans la revue mĂ©dicale The Lancet pointe l'influence exercĂ©e par les industriels fabricant les substituts au lait maternel et leurs « stratĂ©gies de marketing sournoises, conçues pour tirer parti des peurs et des inquiĂ©tudes des parents dans une pĂ©riode oĂč ils sont vulnĂ©rables, afin de faire de l’alimentation des jeunes enfants un business Ă  plusieurs milliards de dollars [...] Les fabricants ont engrangĂ© un immense pouvoir Ă©conomique qu’ils dĂ©ploient au niveau politique pour assurer une sous-rĂ©glementation du secteur tout en limitant les ressources accordĂ©es aux services qui Ɠuvrent en faveur de l’allaitement maternel. ». Ces industriels auraient investi 3,5 milliards de dollars par an entre 1978 et 2019 dans cette stratĂ©gie d'influence, permettant au chiffre d'affaires de cette activitĂ© de croĂźtre de 1,5 milliards de dollars Ă  55 milliards sur la mĂȘme pĂ©riode[23].

Notes et références

  1. Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, Organisation mondiale de la Santé GenÚve, 1981.
  2. (en) Andrew J. Schuman, « A concise history of infant formula (twist and turns included) », Contemporary Pediatrics, no 20,‎ , p. 91-103
  3. (en) Mary Spaulding et Penny Welch, Nurturing Yesterday's Child : A Portrayal of the Drake Collection of Paediatric History, B C Decker Inc, , 352 p.
  4. (en) Berthold Koletzko, Drivers of Innovation in Pediatric Nutrition, Karger Publishers, , p. 4
  5. Stratégie de l'OMS/UNICEF, rapport de 2003
  6. Étude publiĂ©e sur le site de l'OMS
  7. « Les meilleurs laits infantiles pour bébé avant 6 mois ».
  8. A. Barkat, M. Kabiri, N. Lamdouar Bouazzaoui, « CritĂšres de prescription d’un lait infantile », EspĂ©rance mĂ©dicale, no 162,‎ (lire en ligne).
  9. (en) Camille Davisse‐Paturet, Chantal Raherison, Karine Adel‐Patient et Amandine Divaret‐Chauveau, « Use of partially hydrolysed formula in infancy and incidence of eczema, respiratory symptoms or food allergies in toddlers from the ELFE cohort », Pediatric Allergy and Immunology,‎ (ISSN 0905-6157 et 1399-3038, DOI 10.1111/pai.13094, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. (en) Russell J. Merritt, Belinda H. Jenks, « Safety of Soy-Based Infant Formulas Containing Isoflavones: The Clinical Evidence », The Journal of Nutrition, Volume 134, Issue 5, May 2004,‎ , Pages 1220S–1224S (lire en ligne)
  11. « Les laits infantiles riches en fer moins bons pour le cerveau ».
  12. (en) Shelle-Ann M Burrell et Christopher Exley, « There is (still) too much aluminium in infant formulas », BMC Pediatrics,
  13. (en) Jenny Hope, « Health fear over metal in formula milk as researchers discover up to 40 times more aluminium than breast milk », The Daily Mail,
  14. (en) Alexa Nameth, « UK: Excess Aluminum Found in Infant Formula », Food Safety News,
  15. (en) Sandra Blum et Samantha Fox Olson, « Alarming Levels Of Aluminum In Infant Formulas And Other Foods Still Unregulated: FAQ with Aluminum Expert », Safbaby,
  16. (en) Nancy Chuchu, Bhavini Patel, Blaise Sebastian et Christopher Exley, « The aluminium content of infant formulas remains too high », BMC Pediatrics,
  17. (en) Sarah Boseley, « Formula milk exposes babies to high levels of aluminium, experts warn », The Guardian,
  18. (en) « Action is needed now to lower the content of aluminium in infant formulas », ScienceDaily,
  19. Étude publiĂ©e en 2010 du professeur Christopher Exley, maitre de confĂ©rence en chimie bio-inorganique au centre Birchall, Ă  l’UniversitĂ© de Keel en Grande Bretagne.
  20. Aluminium, notre poison quotidien, documentaire réalisé en 2011 par Valérie RouviÚre.
  21. « A-t-on « besoin » d'huile de palme pour le lait infantile comme le dit Emmanuelle Wargon? », huffingtonpost
  22. « Plus les bébés consomment de lait infantile plus ils développent de leucémie ».
  23. « Les stratĂ©gies marketing « sournoises » des fabricants de laits infantiles pour dĂ©courager le recours Ă  l’allaitement maternel », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Voir aussi

Articles connexes

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