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Sierra d'Atapuerca

Le site préhistorique de la sierra d'Atapuerca représente un ensemble de gisements très importants pour la connaissance de la Préhistoire ancienne en Europe. Situés sur la commune d'Atapuerca, près de Burgos, dans le nord de l'Espagne, ces gisements paléolithiques ont livré de nombreux restes fossiles dont ceux qui ont permis la définition d’Homo antecessor, le plus ancien représentant du genre Homo décrit à ce jour en Europe.

Site archéologique d'Atapuerca *
Image illustrative de l’article Sierra d'Atapuerca
Crâne de Protonéandertalien de la Sima de los Huesos, mis au jour en 1992.
CoordonnĂ©es 42° 21′ 09″ nord, 3° 31′ 06″ ouest
Pays Drapeau de l'Espagne Espagne
Subdivision Drapeau de Castille-et-LeĂłn Castille-et-LeĂłn
Drapeau de la province de Burgos Province de Burgos
Type Culturel
Critères (iii) (v)
Numéro
d’identification
989
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année d’inscription 2000 (24e session)
GĂ©olocalisation sur la carte : Castille-et-LeĂłn
(Voir situation sur carte : Castille-et-LeĂłn)
Site archéologique d'Atapuerca
GĂ©olocalisation sur la carte : Espagne
(Voir situation sur carte : Espagne)
Site archéologique d'Atapuerca
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification UNESCO

Historique

Le site fut révélé lors de la construction d'une tranchée (Trinchera del Ferrocarril) pour la construction d'une voie de chemin de fer reliant Burgos à des mines de charbon. Les découvertes se limitèrent alors à du matériel daté de l'Âge du bronze et à des peintures rupestres[1].

L'histoire des recherches à Atapuerca commence en 1976, quand l'ingénieur des mines Trino Torres et l'anthropologue Emiliano Aguirre trouvent dans la montagne des fossiles d'ours préhistoriques, ainsi que plusieurs fossiles humains. Les fouilles commencent en 1978 dans deux des trois gisements principaux, Gran Dolina et Sima de los Huesos.

Sima de los Huesos

La Sima de los Huesos a rĂ©vĂ©lĂ© en 1976 le potentiel archĂ©ologique de la sierra d'Atapuerca avec la dĂ©couverte d'une mandibule humaine archaĂŻque complète sous une couche lithostratigraphique contenant des ours de Deninger, ancĂŞtres des ours des cavernes. C'est un aven constituĂ© d'une petite chambre et d'une rampe au plafond bas, Ă  la base d'un puits de 14 m de profondeur[2]. Sous leur surface les fouilles ont livrĂ© une grande quantitĂ© de fossiles appartenant Ă  au moins 28 individus, soit l'un des plus grands rassemblements de restes humains de tout le registre fossile. Ils ont d'abord Ă©tĂ© attribuĂ©s par leurs dĂ©couvreurs Ă  l'espèce Homo heidelbergensis[3] avant d'ĂŞtre rĂ©cemment reclassĂ©s en ProtonĂ©andertaliens[4] - [5]. Ils sont datĂ©s d'environ 430 000 ans[5]. Il semble que leur concentration ne soit pas naturelle, mais due Ă  la première manifestation d'un acte rituel connue chez l'homme : les corps des morts auraient Ă©tĂ© jetĂ©s du haut du puits, et un biface dont la qualitĂ© exceptionnelle lui aurait valu le surnom d'Excalibur, en rĂ©fĂ©rence Ă  l'Ă©pĂ©e magique du roi Arthur[6], aurait servi d'offrande funĂ©raire[7] - [8]. La qualitĂ© exceptionnelle de conservation des ossements a permis d'en extraire de l'ADN, faisant d'eux en 2013 puis 2016 les plus anciens ADN mitochondriaux, puis nuclĂ©aires, humains, jamais analysĂ©s. Ces analyses ont permis de reconstruire l'arbre phylogĂ©nĂ©tique des NĂ©andertaliens, des DĂ©nisoviens et de l'Homme moderne, et d'estimer l'âge du dernier ancĂŞtre commun entre les hommes archaĂŻques et modernes entre 550 000 et 760 000 ans[9] - [10].

Arbre phylogénétique des hommes archaïques et modernes d'après les analyses ADN sur les fossiles de la Sima de los Huesos
Hypothèse de reconstruction des différentes lignées humaines récentes d'après l'ADN nucléaire trouvé dans des fossiles de la Sima de los Huesos[9] - [10].

Gran Dolina

Le gisement de Gran Dolina, dont la sĂ©quence est puissante de 18 mètres, a livrĂ© des vestiges dont l'âge est compris entre 1 million d'annĂ©es et 100 000 ans avant le prĂ©sent. En 1994, les palĂ©ontologues dĂ©couvrent dans la strate TD6 (rebaptisĂ©e «Aurora stratum») des ossements d'environ six individus associĂ©s Ă  un matĂ©riel lithique archaĂŻque (couteaux et Ă©clats en silex, Ă©clats en calcaire et quartzite). Ces outils seront datĂ©s par rĂ©sonance paramagnĂ©tique Ă©lectronique et par palĂ©omagnĂ©tisme Ă  plus de 800 000 ans[1]. La première datation directe d'un fossile par la mĂ©thode ESR est publiĂ©e en 2018, elle donne un âge entre 624 to 949 ka, la magnĂ©tostratigraphie rĂ©duit la fourchette entre 772 and 949 ka[11]. Les spĂ©cificitĂ©s de ces ossements conduisent Eudald Carbonell Ă  dĂ©finir une nouvelle espèce humaine, Homo antecessor.

Par la suite de nouvelles découvertes permettront de porter à onze individus le nombre d'Homo antecessor retrouvés dans ce gisement[1].

Sima del Elefante

SĂ©quence stratigraphique de la Sima del Elefante.
SĂ©quence stratigraphique de la Sima del Elefante ou Trinchera del Elefante (TE).

La Sima del Elefante, aussi dĂ©signĂ©e par le terme de Trinchera del Elefante (TE) Ă  cause de son emplacement dans la Trinchera del Ferrocarril, est un ancien aven de 18 m de haut qui s'est progressivement rempli de sĂ©diments, lui donnant un rĂ´le de piège Ă  fossiles. On distingue ainsi sur plus d'un million d'annĂ©es un enregistrement continu de microfossiles, de restes de la flore et de la faune locales, notamment la fameuse mĂ©gafaune du PlĂ©istocène. Elle a enfin Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©e au XIXe siècle par le creusement de la tranchĂ©e d'un chemin de fer (Trinchera del Ferrocarril) qui a presque entièrement portĂ© Ă  affleurement sa stratigraphie[2]. Les recherches y ont dĂ©butĂ© en 1992[12] et les fouilles de l'affleurement sont systĂ©matiques depuis 1996[13]. On y a dĂ©couvert en 2007 une phalange et une mandibule humaines dans le niveau TE9, âgĂ© d'au moins 1,22 Ma[14]. Des os d'herbivores qui ont Ă©tĂ© travaillĂ©s et une centaine d'outils de pierre de mode 1 ou oldowayens les accompagnent. L'un d'entre eux se trouve mĂŞme dans le niveau prĂ©cĂ©dent, suggĂ©rant une prĂ©sence encore plus reculĂ©e dans le temps. C'Ă©taient les plus anciennes traces fossiles connues de l'Homme en Europe de l'ouest jusqu'Ă  la publication en 2013 de la dĂ©couverte d'une dent de 1,4 Ma Ă  Orce en Andalousie[14] - [15].

La mandibule humaine de 1,22 Ma de la Sima del Elefante exposĂ©e au musĂ©e de l'Évolution humaine de Burgos, un des plus vieux restes humains d'Europe de l'ouest.
Le fragment de mandibule humaine de 1,22 Ma[14] de la Sima del Elefante, exposĂ© au musĂ©e de l'Évolution humaine de Burgos, un des plus anciens restes humains d'Europe de l'ouest.

Patrimoine mondial

Le site a été inscrit au Patrimoine mondial de l'Unesco en 2000.

Notes et références

  1. Brigitte Postel, « Atapuerca, au cœur préhistorique de l'Europe », Archéologia, no 462,‎ , p. 17-27 (ISSN 0570-6270)
  2. (en) Juan Luis Arsuaga, I. Martínez, A. Gracia, J. M. Carretero, C. Lorenzo et N. García, « Sima de los Huesos (Sierra de Atapuerca, Spain). The site. », Journal of Human Evolution, 2-3, vol. 33,‎ , p. 109-127 (DOI doi:10.1006/jhev.1997.0132, lire en ligne)
  3. (en) Juan Luis Arsuaga, I. Martínez, A. Gracia et C. Lorenzo, « The Sima de los Huesos crania (Sierra de Atapuerca, Spain). A comparative study. », Journal of Human Evolution, vol. 33,‎ , p. 219-281 (DOI DOI:10.1006/jhev.1997.0133, lire en ligne)
  4. (en) Christopher Brian Stringer, « The status of Homo heidelbergensis (Schoetensack 1908) », Evolutionary Anthropology, 3e série, vol. 21,‎ , p. 101-107 (DOI doi:10.1002/evan.21311, lire en ligne)
  5. (en) Juan Luis Arsuaga, Martínez, L. J. Arnold, A. Aranburu, A. Gracia-Téllez, W. D. Sharp, R. M. Quam, C. Falguères, A. Pantoja-Pérez, J. Bischoff, E. Poza-Rey, J. M. Parés, J. M. Carretero, M. Demuro, C. Lorenzo, N. Sala, M. Martinón-Torres, N. García, A. Alcázar de Velasco, G. Cuenca-Bescós, A. Gómez-Olivencia, D. Moreno, A. Pablos, C.-C. Shen, L. Rodríguez, A. I. Ortega, R. García, A. Bonmatí, J. M. Bermúdez de Castro et Eudald Carbonell, « Neandertal roots: Cranial and chronological evidence from Sima de los Huesos », Science, 6190e série, vol. 344,‎ , sp. 1358-1363 (DOI doi:10.1126/science.1253958, lire en ligne)
  6. « Les découvertes du XXIe siècle », Sciences Humaines,‎ , p. 42
  7. Eudald Carbonell, Marina Mosquera, Andreu OllĂ©, XosĂ© Pedro RodrĂ­guez, Robert Sala, Josep Maria Vergès, Juan Luis Arsuaga et JosĂ© MarĂ­a BermĂşdez de Castro, « Did the earliest mortuary practices take place more than 350 000 years ago at Atapuerca », L'Anthropologie, Elsevier, 1re sĂ©rie, vol. 107,‎ , p. 1-14 (DOI doi:10.1016/S0003-5521(03)00002-5, lire en ligne)
  8. (en) Nohemi Sala, Juan Luis Arsuaga, Ana Pantoja-Pérez, Adrián Pablos, Ignacio Martínez, Rolf M. Quam, Asier Gómez-Olivencia, José María Bermúdez de Castro et Eudald Carbonell, « Lethal Interpersonal Violence In the Middle Pleistocene », PLOS One,‎ (DOI doi:10.1371/journal.pone.0126589, lire en ligne)
  9. (en) Matthias Meyer, Qiaomei Fu, Ayinuer Aximu-Petri, Isabelle Glocke, Birgit Nickel, Juan-Luis Arsuaga, Ignacio Martínez, Ana Gracia, José María Bermúdez de Castro, Eudald Carbonell et Svante Pääbo, « A mitochondrial genome sequence of a hominin from Sima de los Huesos », Nature, vol. 505,‎ , p. 403–406 (DOI doi:10.1038/nature12788, lire en ligne)
  10. (en) Matthias Meyer, Juan Luis Arsuaga, Cesare de Filippo, Sarah Nagel, Ayinuer Aximu-Petri, Birgit Nickel, Ignacio MartĂ­nez Ana Gracia, JosĂ© MarĂ­a BermĂşdez de Castro, Eudald Carbonell, Bence Viola, Janet Kels, Kay PrĂĽfer et Svante Pääbo, « Nuclear DNA sequences from the Middle Pleistocene Sima de los Huesos hominins », Nature, 7595e sĂ©rie, vol. 531,‎ , p. 504-507 (DOI doi:10.1038/nature17405, lire en ligne)
  11. (en) « The first direct ESR dating of a hominin tooth from Atapuerca Gran Dolina TD-6 (Spain) supports the antiquity of Homo antecessor », Quaternary Geochronology, vol. 47,‎ , p. 120–137 (ISSN 1871-1014, DOI 10.1016/j.quageo.2018.05.001, lire en ligne, consulté le )
  12. Antonio Rosas et al., « Le gisement pléistocene de la Sima del Elefante (Sierra de Atapuerca, Espagne) », L'Anthropologie, 2e série, vol. 105,‎ , p. 301-312 (DOI doi:10.1016/S0003-5521(01)80018-2, lire en ligne)
  13. (en) Antonio Rosas et al., « The Sima del Elefante cave site at Atapuerca (Spain). », Estudios Geologicos, 1re série, vol. 62,‎ , p. 327-348 (ISSN 0367-0449, DOI doi:10.3989/egeol.0662129, lire en ligne)
  14. (en) Eudald Carbonell et al., « The first hominin of Europe », Nature, vol. 452,‎ , p. 465-469 (DOI doi:10.1038/nature06815, lire en ligne)
  15. (en) Isidro Toro-Moyano, Bienvenido Martínez-Navarro, Jordi Agustí, Caroline Souday, José María Bermúdez de Castro, María Martinón-Torres, Beatriz Fajardo, Mathieu Duval, Christophe Falguères et Oriol Oms, « The oldest human fossil in Europe dated to ca. 1.4 Ma at Orce (Spain) », Journal of Human Evolution, 1re série, vol. 65,‎ , p. 1-9 (DOI 10.1016/j.jhevol.2013.01.012, lire en ligne)

Voir aussi

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