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Sidi Ifni

Sidi Ifni (en tamazight ┉⎌┏┉ Ifni, en arabe : ŰłÙŠŰŻÙŠ Ű„ÙÙ†ÙŠ) ou Ifni (avant l'arabisation du nom de la ville) est une ville marocaine de la rĂ©gion de Guelmim-Oued Noun, situĂ©e au bord de l'ocĂ©an Atlantique. AprĂšs avoir fait partie de la province de Tiznit[1], elle est devenue le chef-lieu de la province de Sidi Ifni en 2009[2], lorsque celle-ci a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e.

Monument des martyrs de la libération lors de la guerre d'Ifni.
Legzira - Sidi Ifni.

GĂ©ographie

Sidi Ifni se trouve sur la cĂŽte atlantique sud du Maroc, entre les villes de Tiznit et de Guelmim, Ă  160 km au sud d'Agadir. De par sa situation, Sidi Ifni peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme « la porte atlantique du Sahara ». La ville est sur le versant sud de l'Anti Atlas, situĂ©e au milieu des montagnes et au bord de l'ocĂ©an, elle bĂ©nĂ©ficie tout le long de l'annĂ©e d'un climat agrĂ©able qui en fait une destination d'Ă©tĂ© prisĂ©e par les sahraouis fuiyant les grosses canicules du sahara mais aussi par les touristes Ă©trangers, de nombreux camping cars y sont stationnĂ©s durant plusieurs mois, la ville ayant la rĂ©putation d'ĂȘtre un havre de paix et de pĂȘche mais aussi de surf et de sport de l'extrĂȘme comme le parapente.

  • Panorama de Sidi Ifni.
    Panorama de Sidi Ifni.
  • Corniche Sidi Ifni.
    Corniche Sidi Ifni.
  • Plage de Legzira - Sidi Ifni.
    Plage de Legzira - Sidi Ifni.

Histoire

Sidi Ifni est la capitale historique des tribus Aït Baùmrane, confédération à la réputation guerriÚre au Maroc, leur installation sur le territoire est ancienne et remonterait à la période almoravide. Une population composée de tribus Masmouda y aurait préalablement vécu avant l'installation de tribus Guezoula puis plus tard l'arrivée des arabes Banu Maqil, future composante du sahara habité jusque là par les Sanhaja, arabes qui auraient transité par la région et potentiellement laissé une petite composante intégrée à la masse de la population berbÚre[3].

Un traitĂ© hispano-marocain de 1767, confirmĂ© par celui de 1860, concĂšde Ă  l'Espagne « un territoire suffisant pour la fondation d'un Ă©tablissement de pĂȘcheries » dans la rĂ©gion d'Ifni. Le territoire fut effectivement occupĂ© en 1934. Franco avait dĂ©cidĂ© de faire de cette enclave, Ifni, une base militaire et le centre politique de l'Afrique occidentale espagnole.

Avec le soutien financier de Madrid, la ville se dĂ©veloppe alors rapidement suivant un plan colonial avec un quadrillage de rues et d'avenues et une place centrale de forme ovale autour de laquelle se dressent les principaux bĂątiments : le consulat d'Espagne, le palais du gouverneur, la cathĂ©drale et l'hĂŽtel de ville. La ville disposait aussi d'un aĂ©roport, d'un port dotĂ© d’un accĂšs par tĂ©lĂ©phĂ©rique, de quatre cinĂ©mas, d'un casino, d'hĂŽtels, d'un zoo et d'une piscine. Jusqu'Ă  15 000 militaires espagnols sont alors stationnĂ©s Ă  Sidi Ifni[4].

La colonisation espagnole fait l'objet d'une rĂ©sistance tenace de la part des tribus locales des AĂŻt BaĂąmrane, reconnues pour leur courage dans l'ensemble du Maroc. Le territoire occupĂ© se rĂ©duit ainsi considĂ©rablement en surface jusqu'Ă  ne reprĂ©senter, dans les annĂ©es 1960, qu'une couronne de quelques kilomĂštres autour de la ville d'Ifni. Ces avancĂ©es sur le terrain, conjuguĂ©es Ă  une relative dĂ©tente des relations entre Franco et Hassan II et la pression internationale conduisent Ă  des nĂ©gociations qui aboutissent au traitĂ© de FĂšs du qui prĂ©voit la fin de la souverainetĂ© espagnole. La quasi-totalitĂ© des Espagnols sont alors rentrĂ©s en Espagne. Maria Gomez, la derniĂšre personne d'origine espagnole Ă  ne pas ĂȘtre rentrĂ©e, est morte en 2001.

Moins connues que l’attaque du palais de Skhirat (juillet 1971) ou le complot des aviateurs (aoĂ»t 1972), une tentative d’attentat contre Hassan II en visite Ă  Sidi Ifni a eu lieu le 2 fĂ©vrier 1972, au niveau du stade de football. Le roi avait quittĂ© prĂ©cipitamment la ville en hĂ©licoptĂšre pour ne jamais y revenir[4].

Le , Sidi Ifni n'est plus dépendante de Tiznit. Elle fait partie de sa propre province.

Économies

L’activitĂ© principale d’Ifni et celle de son port est la pĂȘche, capturant notamment sardines, soles, daurades, courbines, thons.

L'arriĂšre pays est parsemĂ© d'arganiers et de figuiers de barbarie dont les habitants tirent leurs ressources, Ă  l'image de la coopĂ©rative Tafyucht pour l'huile d'argane, situĂ©e dans le proche village de Mesti, et la coopĂ©rative Aknari, pour les produits Ă  base de figue de Barbarie, situĂ©e dans le proche village de Sbouya. La ville de Sidi Ifni dans la rĂ©gion Ait BaĂąmrane est connue comme Ă©tant la capitale du cactus du Maroc. Cette rĂ©gion est bĂ©nie par le bon climat qui favorise Ă  plus de 45.000 hectares de terres la production d’un grand nombre de figues de Barbarie (environ 30% de la production nationale de cactus avec un rendement de 8,3 tonnes par hectare). La culture de la figue de Barbarie est une source majeure de revenus locaux, reprĂ©sentant 57% de l’activitĂ© agricole totale dans la rĂ©gion.

Le tourisme connaĂźt un essor limitĂ© notamment en raison de l’éloignement de l’aĂ©roport d’Agadir, le plus proche Ă  ĂȘtre desservi par des vols internationaux. L'aĂ©roport de Sidi Ifni (code international : SII) n'est plus en service depuis 1972. Pourtant Sidi Ifni dispose d'atouts importants. Elle est situĂ©e Ă  proximitĂ© de nombreuses plages aux rivages sĂ©duisants, tels Legzira, Mirleft, Sidi Ouarzig ou encore la Plage Blanche qui attirent les surfeurs en Ă©tĂ© et les amateurs de douceur en hiver.

Sidi Ifni, avec sa population jeune, connaĂźt un taux de chĂŽmage Ă©levĂ© qui l’expose Ă  des tensions sociales. En , la dĂ©localisation vers Agadir de l’usine de conserve de sardines, a engendrĂ© des protestations qui ont dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© dans un chassĂ©-croisĂ© avec les forces de l’ordre. Ces derniĂšres ont Ă©tĂ© critiquĂ©es par une commission d’enquĂȘte parlementaire pour un usage excessif de la force.

En , il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de transformer Sidi Ifni en province afin d’optimiser l’utilisation des ressources et ainsi favoriser le dĂ©veloppement Ă©conomique et social. Divers projets ont Ă©tĂ© entrepris depuis: modernisation de la voirie, installation d'un Ă©tablissement d'enseignement technique supĂ©rieur et d'une usine de transformation et de valorisation de la figue de barbarie, modernisation des infrastructures portuaires.

Dans la fiction

Le film Un ange à la mer (2009) de Frédéric Dumont a été tourné à Sidi Ifni. Il a remporté le Globe de Cristal du meilleur film lors de la 44e édition du festival international du film de Karlovy Vary (République tchÚque) ainsi que le prix d'interprétation masculine pour Olivier Gourmet. Une premiÚre édition d'un Festival international du cinéma du Sud a eu lieu a Sidi Ifni en novembre 2013. Une sélection de films marocains, d'Afrique sub-saharienne et d'Europe y a été présentée

Architecture art déco

La ville de Sidi Ifni, construite en quelques annĂ©es seulement, est un beau fleuron de l’Art dĂ©co dont il reste de nombreux vestiges, plus ou moins bien prĂ©servĂ©s : l’ancienne amirautĂ©, tĂ©moin du Style « paquebot » aujourd'hui maison d'hĂŽtes), la cathĂ©drale (aujourd’hui utilisĂ©e comme tribunal) et le presbytĂšre attenant (aujourd’hui bibliothĂšque), le phare, le palais du gouverneur, le « Twist Club », et nombreuses maisons d’habitation. La rue Sidi Mohammed, une large avenue bordĂ©e de palmiers avec ses villas aux jardins arborĂ©s et fleuris n’est pas sans Ă©voquer les constructions cubaines des annĂ©es 1930.

  • Mairie de Sidi Ifni (ancienne Ă©glise de Santa-Cruz).
    Mairie de Sidi Ifni (ancienne Ă©glise de Santa-Cruz).
  • HĂŽtel Belle Vue Ă  Ifni.
    HĂŽtel Belle Vue Ă  Ifni.
  • HĂŽpital d'Ifni.
    HĂŽpital d'Ifni.
  • Palais du Gouverneur (ancien Gobierno General).
    Palais du Gouverneur (ancien Gobierno General).

Ethnologie

Sidi Ifni est située sur le territoire de la confédération des Ait Bamrane, célÚbre dans tout le Maroc, et particuliÚrement dans le Sud, pour sa résistance contre à la fois les Français et les Espagnols ; elle fut la derniÚre région du Maroc à tomber aprÚs une longue et valeureuse résistance jusqu'en 1934.

Peu de temps aprĂšs, en 1957, la guerre d’ifni vient rappeler que cette valeureuse tribu n'avait toujours pas acceptĂ© la colonisation, aidĂ©e de tribus sahariennes installĂ©s dans la rĂ©gion et de l'ArmĂ©e de libĂ©ration du sud marocain, les Ait BaĂąmrane ont rĂ©ussi Ă  libĂ©rer progressivement tout l'arriĂšre-pays de Sidi Ifni, ne laissant aux Espagnols que la ville et ses environs dans un rayon de km. De violents combats furent menĂ©s par toutes les tribus de la confĂ©dĂ©ration, notamment la tribu de Sbouya qui compta le plus de morts en son sein et en causa le plus Ă  l'occupant. L'indĂ©pendance de la ville est effective le , date qui est cĂ©lĂ©brĂ©e tous les ans dans la ville. Les tribus sahraouies liĂ©s aux Ait BĂąamrane sont Ă©galement installĂ©es Ă  Sidi Ifni ainsi que quelques tribus venues du Nord du Maroc (ancien protectorat espagnol) pendant la colonisation.

DĂ©mographie

La province de Sidi Ifni comptait 39 667 habitants[5] en 2014.

Évolution du nombre d'habitants

Annexes

Bibliographie

Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article : document utilisĂ© comme source pour la rĂ©daction de cet article.

  • Annarose Pandey, « Nostalgic lives: memories of Maria in Sidi Ifni, Morocco », The Journal of North African Studies, Volume 8, Issue 2, Summer 2003, p. 92-114 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Françoise de la Serre et Octave Marais, « Les prĂ©sides au Maroc et Ifni », Revue française de science politique, 1968, vol. 18, no 2, p. 346-345 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pierre de CĂ©nival/FrĂ©dĂ©ric de La Chapelle, « Possessions espagnoles sur la cĂŽte occidentale d'Afrique : Santa Cruz de Mar Pequeña et Ifni », in HespĂ©ris XXI, Paris 1935, p. 19-77 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pierre de Oliva, « Notes sur Ifni », in Revue de GĂ©ographie du Maroc 19, Rabat 1971, p. 85-96 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Pierre Pelissier, « Territoires espagnols d'Afrique: I. Ifni ou les larmes de l'Infante », in Le Monde 24 oct. 1967, p. 7 Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • J. Riser, « Ifni », EncyclopĂ©die berbĂšre, vol.24 (Edisud 2001), p. 3 645-3 649
  • Exposition permanente du MusĂ©e de la rĂ©sistance Sidi Ifni
  1. [PDF] « Recensement général de la population et de l'habitat de 2004 », sur www.lavieeco.com, haut-commissariat au Plan (consulté le ).
  2. [PDF] « Liste des cercles, des caĂŻdats et des communes urbaines et rurales ainsi que le nombre de conseillers Ă  Ă©lire dans chaque commune », Bulletin officiel du Royaume du Maroc, no 5 744,‎ , p. 1 020 (ISSN 0851-1217, lire en ligne).
  3. The Ait Ba 'Amran of Ifni : an ethnographie survey, David Montgomery Hart
  4. Noureddine Kadiri, « À l'orĂ©e du Sahara, les turbulences gĂ©opolitiques de l'ancienne enclave espagnole de Sidi Ifni », Outre-Terre, vol. 23, no 3,‎ , p. 101-116 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  5. HCP, « Recensement de la région Guelmim-Oued Noun en 2014 », sur www.hcp.ma,

Articles connexes

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