Saulges
Saulges est une commune française, située dans le département de la Mayenne en région Pays de la Loire, peuplée de 316 habitants[Note 1].
Saulges | |||||
L'hĂŽtel de ville. | |||||
Logo | |||||
Administration | |||||
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Pays | France | ||||
RĂ©gion | Pays de la Loire | ||||
DĂ©partement | Mayenne | ||||
Arrondissement | Mayenne | ||||
Intercommunalité | Communauté de communes des Coëvrons | ||||
Maire Mandat |
Jacqueline Lepage 2020-2026 |
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Code postal | 53340 | ||||
Code commune | 53257 | ||||
DĂ©mographie | |||||
Population municipale |
316 hab. (2020 ) | ||||
Densité | 14 hab./km2 | ||||
GĂ©ographie | |||||
CoordonnĂ©es | 47° 59âČ 00âł nord, 0° 24âČ 16âł ouest | ||||
Altitude | Min. 47 m Max. 112 m |
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Superficie | 21,81 km2 | ||||
Type | Commune rurale | ||||
Aire d'attraction | Commune hors attraction des villes | ||||
Ălections | |||||
DĂ©partementales | Canton de Meslay-du-Maine | ||||
LĂ©gislatives | DeuxiĂšme circonscription | ||||
Localisation | |||||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Mayenne
GĂ©olocalisation sur la carte : Pays de la Loire
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Liens | |||||
Site web | www.saulges.mairie53.fr | ||||
La commune fait partie de la province historique du Maine, et se situe dans le Bas-Maine.
GĂ©ographie
Le village construit en bordure d'une gorge creusĂ©e par la riviĂšre l'Erve est blotti entre des falaises hautes de vingt-cinq mĂštres. En contrebas, le cours d'eau a façonnĂ© un important rĂ©seau de grottes. ĂtudiĂ© de prĂšs par les archĂ©ologues du monde entier, le site n'a pas encore livrĂ© tous ses secrets. Rien qu'en 2011, une dent vieille d'au moins 500 000 ans a Ă©tĂ© dĂ©couverte, signe que la prĂ©sence humaine pourrait remonter ici au PalĂ©olithique infĂ©rieur, premiĂšre pĂ©riode de la PrĂ©histoire. Fiers de leur patrimoine, les villageois se sont totalement appropriĂ©s les lieux. ClassĂ© Natura 2000, le site abrite aussi des espĂšces devenues rares comme le grand rhinolophe, une chauve-souris sĂ©dentaire, ou le grand capricorne, le colĂ©optĂšre le plus imposant de la faune française<ref>GEO no 397 de mars 2012 p. 121.</ref>.
Climat
Le climat qui caractĂ©rise la commune est qualifiĂ©, en 2010, de « climat ocĂ©anique dĂ©gradĂ© des plaines du Centre et du Nord », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en mĂ©tropole[1]. En 2020, la commune ressort du type « climat ocĂ©anique altĂ©rĂ© » dans la classification Ă©tablie par MĂ©tĂ©o-France, qui ne compte dĂ©sormais, en premiĂšre approche, que cinq grands types de climats en mĂ©tropole. Il sâagit dâune zone de transition entre le climat ocĂ©anique, le climat de montagne et le climat semi-continental. Les Ă©carts de tempĂ©rature entre hiver et Ă©tĂ© augmentent avec l'Ă©loignement de la mer. La pluviomĂ©trie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs[2].
Les paramĂštres climatiques qui ont permis dâĂ©tablir la typologie de 2010 comportent six variables pour les tempĂ©ratures et huit pour les prĂ©cipitations, dont les valeurs correspondent aux donnĂ©es mensuelles sur la normale 1971-2000[Note 2]. Les sept principales variables caractĂ©risant la commune sont prĂ©sentĂ©es dans l'encadrĂ© ci-aprĂšs.
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Avec le changement climatique, ces variables ont Ă©voluĂ©. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2014 par la Direction gĂ©nĂ©rale de l'Ănergie et du Climat[5] complĂ©tĂ©e par des Ă©tudes rĂ©gionales[6] prĂ©voit en effet que la tempĂ©rature moyenne devrait croĂźtre et la pluviomĂ©trie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations rĂ©gionales. Ces changements peuvent ĂȘtre constatĂ©s sur la station mĂ©tĂ©orologique de MĂ©tĂ©o-France la plus proche, « Saint-Georges-le-Flechard », sur la commune de Saint-Georges-le-FlĂ©chard, mise en service en 1993[7] et qui se trouve Ă 10 km Ă vol d'oiseau[8] - [Note 5], oĂč la tempĂ©rature moyenne annuelle est de 11,7 °C et la hauteur de prĂ©cipitations de 798,4 mm pour la pĂ©riode 1981-2010[9]. Sur la station mĂ©tĂ©orologique historique la plus proche, « Le Mans », sur la commune du Mans, dans le dĂ©partement de la Sarthe, mise en service en 1944 et Ă 45 km[10], la tempĂ©rature moyenne annuelle Ă©volue de 11,6 °C pour la pĂ©riode 1971-2000[11], Ă 12 °C pour 1981-2010[12], puis Ă 12,5 °C pour 1991-2020[13].
Urbanisme
Typologie
Saulges est une commune rurale, car elle fait partie des communes peu ou trÚs peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[Note 6] - [14] - [15] - [16]. La commune est en outre hors attraction des villes[17] - [18].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnĂ©es europĂ©enne dâoccupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquĂ©e par l'importance des territoires agricoles (97 % en 2018), nĂ©anmoins en diminution par rapport Ă 1990 (99,1 %). La rĂ©partition dĂ©taillĂ©e en 2018 est la suivante : terres arables (56,1 %), prairies (29,1 %), zones agricoles hĂ©tĂ©rogĂšnes (11,8 %), forĂȘts (3,1 %)[19].
L'IGN met par ailleurs Ă disposition un outil en ligne permettant de comparer lâĂ©volution dans le temps de lâoccupation des sols de la commune (ou de territoires Ă des Ă©chelles diffĂ©rentes). Plusieurs Ă©poques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aĂ©riennes : la carte de Cassini (XVIIIe siĂšcle), la carte d'Ă©tat-major (1820-1866) et la pĂ©riode actuelle (1950 Ă aujourd'hui)[20].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme latinisée Salicam au IXe siÚcle[21].
Il peut s'agir d'un type toponymique gaulois (celtique) *Salica(s)[22]. Il repose sur le terme gaulois salico-, « saule », dont on ne connaĂźt pas le nominatif, peut-ĂȘtre *saliks, avec passage probable au fĂ©minin Ă *salicÄ comme de nombreux noms d'arbres[22].
Le mot se perpétue en celtique moderne par exemple dans l'irlandais au nominatif sail, au génitif sailech ou dans le breton halek (s étant passé à h en brittonique)[22].
Cependant, il existe une explication alternative par le bas latin *Salica(s) qui dĂ©signe un Ă©tablissement de Francs saliens[23] (cf. loi salique), avec la mĂȘme suffixation en -ica quâAlamanica, Allemanica par exemple qui se rĂ©fĂšre Ă un Ă©tablissement dâAlamans, d'oĂč Allemanche (Marne, Alemanche vers 1229) ou encore Allemance, hameau de ChamaliĂšres-sur-Loire (Loire).
LâĂ©volution phonĂ©tique de *Salica(s) Ă Sau(l)ges est rĂ©guliĂšre en langue dâoĂŻl (les mots latins comme fabrica ou *granica ont respectivement abouti Ă forge et Ă grange), elle a donnĂ© Saugues en langue d'oc[22].
Il existait un autre Salica chez les CĂ©nomans, mais de localisation incertaine et la riviĂšre Salica dans le Harz en Allemagne est devenue Selke en allemand. Le terme gaulois salico- est un proche parent du latin salix, salicis qui a abouti Ă l'ancien français saus, sausse, « saule », d'oĂč les nombreux toponymes Saussay, Saussaye, Saussaie « saulaie ». Il est Ă©galement apparentĂ© au francique *salha (vieux haut-allemand salaha) qui a donnĂ© le mot saule en français.
Histoire
La vie fut vraisemblablement abondante Ă Saulges au PalĂ©olithique supĂ©rieur (environ â45000 Ă â10000). La richesse des traces de l'habitat des grottes connu et explorĂ© depuis le XIXe siĂšcle, restes animaux et humain, art pictural, fait de ce site palĂ©olithique un lieu d'Ă©tude majeur de dimension nationale[24]; une partie des dĂ©couvertes est exposĂ©e au musĂ©e de PrĂ©histoire sur place[25].
Depuis cette Ă©poque, la vie nâa jamais quittĂ© la vallĂ©e de lâErve. Si lâon ne sait exactement ce quâil a pu se passer entre cette derniĂšre pĂ©riode et le dĂ©but de lâĂ©poque gauloise, on est Ă peu prĂšs sĂ»r de lâimplantation dâune agglomĂ©ration gallo-romaine vers lâan Le plateau de la citĂ© dominait alors le site des grottes. Bien que ce site nâait jamais Ă©tĂ© exploitĂ© archĂ©ologiquement, il pourrait ĂȘtre la capitale des Arviens : Vagoritum. La position de cette citĂ© fait l'objet de polĂ©mique surtout Ă la fin du XIXe siĂšcle[26] - [27]. DâaprĂšs certaine chronique du XVIIIe et XIXe siĂšcles, il aurait Ă©tĂ© trouvĂ© quelques artĂ©facts, notamment une paire de statuette en bronze et de nombreuses piĂšces de monnaie. Cette citĂ© Ă©tait idĂ©alement situĂ©e sur lâaxe Cenomani (Le Mans) - Riedones (Rennes), mais on ne sait quelle en fut son importance. Si lâon se base sur un plan de 1761, de nombreux vestiges Ă©taient encore prĂ©sents. Aujourdâhui envahi par la vĂ©gĂ©tation, ce site reste confidentiel et mĂ©connu sans exploration rĂ©cente (p. 98)[28].
La prĂ©sence dâune importante nĂ©cropole mĂ©rovingienne Ă lâemplacement du bourg actuel, attesterait de la continuitĂ© de la vie sur les rives de lâErve. Les inhumations les plus anciennes remonteraient au Ve siĂšcle, on ne dĂ©nombre pas moins de 59 sarcophages et plusieurs centaines dâinhumation de cette Ă©poque. Selon les Ă©tudes anthropologiques faites aprĂšs les dĂ©couvertes de 1958, les corps ne correspondent pas au type dâhomme autochtone, mais davantage au type germanique (stature et corpulence plus Ă©levĂ©es[28].
Câest vers lâan 650 que lâermite CĂ©nerĂ©, qui quitta Rome pour la Gaule quâil traversa jusqu'au lieu qui s'appelait autrefois Salvia, oĂč ils se fixa.
CĂ©nerĂ© sâapplique Ă la plus grande sagesse. La renommĂ©e de sa bontĂ© sâaccroĂźt dans le peuple et une foule de gens afflue vers lui. Ainsi se dĂ©veloppe la communautĂ© chrĂ©tienne de Saulges et la construction par la suite de lâantique Ă©glise Saint-Pierre. CĂ©nerĂ© meurt le Ă la suite dâune maladie. Son corps a Ă©tĂ© inhumĂ© dans l'ancienne Ă©glise de Saulges.
Politique et administration
Liste des seigneurs de Saulges
La seigneurie de Saulges fut acquise en 1556, par Jean de ThĂ©valle, le dernier et le plus cĂ©lĂšbre de ce nom, qui rĂ©unit ce nouveau domaine Ă sa terre de ThĂ©valle, dont le chĂąteau fĂ©odal s'Ă©lĂšve tout prĂšs de lĂ , au-dessus du cours de lâErve. Il laissa pour unique hĂ©ritiĂšre Jacqueline de ThĂ©valle, dont, il fallut, Ă lâĂ©poque de son mariage (1597) avec Charles de MaillĂ©-BrezĂ©, prouver par tĂ©moignage la lĂ©gitimitĂ©, car les registres paroissiaux de ChĂ©merĂ©-le-Roi avaient Ă©tĂ© brĂ»lĂ©s par les bandes de huguenots anglais qui avaient dĂ©vastĂ© le pays en 1592.
Urbain de MaillĂ©-BrĂ©zĂ©, marquis de BrĂ©zĂ©, issu de ce mariage, devint, par ses mĂ©rites personnels et surtout par la protection du cardinal de Richelieu, dont il avait Ă©pousĂ© la sĆur, marĂ©chal de France et chevalier des ordres du roi.
Quand Claire-ClĂ©mence de MaillĂ©-BrĂ©zĂ©, fille du marĂ©chal, eut atteint lâĂąge de treize ans, en 1641, le cardinal-ministre l'imposa comme Ă©pouse Ă Louis II de Bourbon-CondĂ©, qui, deux ans plus tard, Ă©tait le vainqueur de Rocroi, et qui, par une sĂ©rie de victoires, est devenu dans lâhistoire le Grand CondĂ©. Par son mariage avec Claire-ClĂ©mence de MaillĂ©, le futur hĂ©ros Ă©tait devenu seigneur de ThĂ©valle, seigneur de Saulges et patron temporel de cette Ă©glise. Ce domaine Ă©tait bien peu de chose dans l'immense fortune d'un prince du sang. CondĂ© y fit cependant, dans plusieurs circonstances, acte de maĂźtre et seigneur, non en personne, mais par procureur. Puis, au temps oĂč exilĂ© pour ses multiples rĂ©voltes contre Mazarin et la cour, il voyait tous ses biens saisis, la terre de ThĂ©valle et celle de Saulges, son annexe, l'Ă©taient elles aussi[Note 7]. Mais le prince rentra en grĂące Ă la cour, rentra dans la jouissance de ses biens confisquĂ©s et fut depuis, jusqu'Ă sa mort, seigneur de ThĂ©valle et de Saulges.
Henri Jules de Bourbon-Condé, fils du grand Condé, était seigneur de Saulges ; il était lui aussi grand maßtre de France.
DĂ©mographie
L'Ă©volution du nombre d'habitants est connue Ă travers les recensements de la population effectuĂ©s dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquĂȘte de recensement portant sur toute la population est rĂ©alisĂ©e tous les cinq ans, les populations lĂ©gales des annĂ©es intermĂ©diaires Ă©tant quant Ă elles estimĂ©es par interpolation ou extrapolation[32]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2005[33].
En 2020, la commune comptait 316 habitants[Note 8], en augmentation de 2,93 % par rapport Ă 2014 (Mayenne : â0,3 %, France hors Mayotte : +1,9 %).
Culture locale et patrimoine
- Petite cité de caractÚre, Saulges appartient au Pays d'art et d'histoire Coëvrons-Mayenne.
- Ancien four à chaux (1834) restauré en 2007.
- Ancien lavoir.
Le canyon et les grottes
Le site de Saulges, classé Natura 2000, est réputé pour ses grottes préhistoriques et son patrimoine naturel concentré dans le canyon de Saulges, sur la riviÚre l'Erve.
La formation calcaire de Saulges est exceptionnelle dans le Massif armoricain par ses formes d'érosions souterraines et superficielles de type karstique, donnant en particulier un réseau de grottes : les grottes de Saulges[36] (situées sur les territoires des communes de Saint-Pierre-sur-Erve et Thorigné-en-Charnie). La roche s'est constituée dans une mer peu profonde au CarbonifÚre (340 millions d'années). Puis, prise dans le plissement hercynien, elle a émergé. Longtemps aprÚs, il y a 1,8 million d'années, l'Erve a creusé une vallée aux flancs abrupts, sorte de canyon. En agrandissant des fissures, l'eau a creusé latéralement un réseau souterrain. Vingt entrées de grottes sont recensées.
Des amĂ©nagements encouragĂ©s par le dĂ©partement ont permis la rĂ©introduction d'aurochs[37]. Un musĂ©e, un gĂźte gĂ©rĂ© par la municipalitĂ©, des aires de pique-nique favorisent la frĂ©quentation de ce site apprĂ©ciĂ© dĂšs les beaux jours avec circuits de randonnĂ©es[38], pĂȘche et escalade. Les falaises sont Ă©quipĂ©es pour cette pratique et en font le plus grand site d'escalade en milieu naturel du grand ouest avec cent soixante dix voies en accĂšs libre classĂ©es du 3b au 7a selon la cotation en usage en France. Entretenues par le comitĂ© dĂ©partemental 53 de la FFME, celui-ci y organise tous les ans en juin la fĂȘte de l'escalade ouverte aux licenciĂ©s, famille ou amis[39].
Le Vieux Logis, maison la plus emblématique de Saulges. Escalade au canyon de Saulges. Four à chaux de Saulges.
Les Ă©glises
La bourg de Saulges abrite aussi deux édifices religieux remarquables, l'église mérovingienne Saint-Pierre et l'église romane Notre-Dame, et un ermitage, fondé par saint Cénéré de Saulges.
L'église mérovingienne Saint-Pierre. L'église Notre-Dame. L'oratoire surmontant la source de l'ermitage.
L'église Saint-Pierre, église mérovingienne
- L'Ă©glise Saint-Pierre est l'ancienne Ă©glise paroissiale de Saulges, elle est probablement la plus ancienne du dĂ©partement. VĂ©ritable tĂ©moin d'une Ă©poque lointaine, elle a Ă©tĂ© construite au VIIIe siĂšcle selon un plan en croix grecque. Seule une partie de la nef d'origine est conservĂ©e. La chapelle sud est dĂ©diĂ©e Ă saint CĂ©nerĂ©. Construite et peinte au XVIe siĂšcle Ă l'emplacement du bras sud du transept prĂ©-roman, elle constitue une grande partie de la nef actuelle. LâintĂ©rieur renferme une impressionnante collection de statues et de tableaux allant du XVe siĂšcle au XIXe siĂšcle.
L'Ă©glise Notre-Dame
L'Ă©glise de Saulges est mentionnĂ©e pour la premiĂšre fois dans les textes en 1060 : Guy de Saulges qui la dĂ©tenait (ainsi que l'Ă©glise Saint-Pierre) « en fit l'abandon partiel puis total aux moines de la Couture au Mans, Ă condition qu'ils y missent un prĂȘtre. Il leur assigna un terrain au Plessis pour y bĂątir leur demeure, et rĂ©clama pour lui la faveur d'ĂȘtre enterrĂ© Ă l'abbaye, et le droit pour un pauvre d'une ration de pain et de vin. » (Alphonse-Victor Angot).
La nef conserve les baies romanes en plein cintre d'origine ; obstruĂ©es, leur tracĂ© est visible Ă l'extĂ©rieur. La croisĂ©e du transept et la tour Ă©levĂ©e au XIe siĂšcle illustrent Ă©galement la pĂ©riode romane. La tour, considĂ©rĂ©e comme la partie la plus authentique de l'Ă©difice, est voĂ»tĂ©e en berceau et coiffĂ©e d'un toit pyramidal. Elle est flanquĂ©e Ă l'ouest d'une tourelle d'escalier. Au XIVe siĂšcle, la nef et le chĆur sont transformĂ©s : le chĆur est Ă©clairĂ© par une baie en arc brisĂ© Ă deux compartiments ajourĂ©s d'un quatre-feuilles. Les chapelles nord et sud ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es Ă l'occasion d'importants travaux Ă partir de 1848.
Statue de la TrinitĂ© (croisĂ©e du transept) : cette Ćuvre du XVe siĂšcle reprĂ©sente Dieu le PĂšre qui tient dans ses mains le Christ en Croix. De la bouche du PĂšre sort le Saint-Esprit symbolisĂ© par une colombe qui se dirige vers la tĂȘte du Fils. « Cette vision "hiĂ©rarchique" a Ă©tĂ© totalement remise en cause par le concile de Trente (1542-1563), et remplacĂ©e par une reprĂ©sentation "horizontale" des trois personnages divins. »
Le retable du Christ au calvaire (transept sud) a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 1401 Ă la demande de Foulques du Rocher, seigneur de Valtrot, pour manifester la piĂ©tĂ© de son pĂšre Robin et la sienne. Le panneau reprĂ©sente le Christ au calvaire : Marie et saint Jean se trouvent de part et d'autre de la Croix. Saint Julien, qui a Ă©vangĂ©lisĂ© le Maine, prĂ©sente le groupe des hommes de la famille des seigneurs de Valtrot Ă la Vierge, tandis que saint Gilles s'avance vers saint Jean Ă la tĂȘte du groupe des femmes.
Le retable (chĆur) date de 1689. ExĂ©cutĂ© par Michel II Lemesle sur un dessin de François Langlois, il est consacrĂ© Ă l'Assomption de la Vierge. On remarque son Ă©troitesse, due Ă l'exiguĂŻtĂ© du chĆur.
La statue de saint Louis, portant la couronne d'épines et les clous de la passion[Note 9], figurée sous les traits du Grand Condé, située dans la niche du retable. Il s'agit d'une statue représentant un homme de guerre, à la riche parure, à la cuirasse travaillée avec finesse et au manteau fleurdelisé. Quel était ce saint, placé là depuis 1692 ?⊠On l'ignora longtemps.
En 1898 seulement, un Ă©rudit, l'abbĂ© Angot, Ă©tablit que le personnage en question nâavait rien de saint. C'Ă©tait⊠Louis de Bourbon, le grand CondĂ©, que son mariage en 1641 avec Claire-ClĂ©mence de MaillĂ©-BrĂ©zĂ©, niĂšce du cardinal de Richelieu avait fait seigneur de Saulges. Le curĂ© de Saulges Ă©tait, en 1692, AndrĂ© ChĂ©riotty[Note 10], qui, par flatterie pour le prince, avait fait placer la statue en pied de son puissant protecteur⊠six annĂ©es aprĂšs la mort de celui-ci⊠Pendant son administration, il eut l'occasion de faire reconstruire le maĂźtre-autel de son Ă©glise. C'Ă©tait en 1690. Il s'adressa, pour cela, Ă un architecte de Laval, François Langlois, qui, en deux ans, exĂ©cuta ce travail[Note 11]. Le travail des sieurs Langlois et Lemesle, est datĂ© du chiffre 1692, aux pieds mĂȘmes de la statue, tandis qu'au-dessus de sa tĂȘte est lâun des Ă©cussons dont la gravure avait Ă©tĂ© demandĂ©e au sculpteur. Cet Ă©cusson est double : Ă dextre, de Bourbon, c'est-Ă -dire de France avec le bĂąton en bande ; Ă senestre, de ThĂ©valle, d'argent Ă trois annelets de sable[Note 12]. Ainsi, dĂšs 1692, une statue en pied, de grandeur presque naturelle, Ă©tait placĂ©e sur un autel, dans cette petite Ă©glise de campagne, alors que le hĂ©ros quâelle reprĂ©sente n'avait dans sa famille, pour conserver ses traits, qu'un buste modelĂ© aprĂšs sa mort[Note 13]...
Le retable du Christ au calvaire. Le retable (chĆur). Louis II de Bourbon, prince de CondĂ©, par Joost van Egmon.t Grand CondĂ© du sculpteur français Antoine Coysevox en 1688 au musĂ©e du Louvre.
Aux XVIIe et XVIIIe siÚcles, la ville de Laval a été un centre de création de retables trÚs important, au point de donner naissance à une véritable école : les retabliers lavallois ont diffusé leur art dans tout l'Ouest de la France.
L'oratoire de Saint-Céneré
Cet oratoire principalement édifié entre 1849 et 1933 surmonte la source de l'ermitage, objet de vénération et de pÚlerinage[40] - [41].
Patrimoine culturel
Outre les grottes qui se visitent et dont lâintĂ©rĂȘt scientifique gĂ©ologique et historique est dĂ©taillĂ© plus haut, le musĂ©e de prĂ©histoire est ouvert depuis mars 2017 dans la vallĂ©e de l'Erve prĂšs des grottes[25].
Patrimoine naturel
- La commune avait le label village fleuri (trois fleurs) au concours des villes et villages fleuris en 2014[42] mais l'a perdu depuis[43].
- La commune est concernée par le classement site Natura 2000 de la vallée de l'Erve en aval de Saint-Pierre-sur-Erve sous le numéro FR5200639[44]
Personnalités liées à la commune
- CĂ©nerĂ© de Saulges (vers 600-680), saint ermite vĂ©nĂ©rĂ© Ă l'oratoire de Saint-CĂ©nerĂ© (fĂȘtes le 7 mai et le 21 juillet, pĂšlerinage mi-aoĂ»t).
- MĂ©rolle (VIIIe siĂšcle), chorĂ©vĂȘque de Saulges puis Ă©vĂȘque du Mans. La prĂ©sence d'un chorĂ©vĂȘque Ă cette Ă©poque est le signe des liens distants entre ces foyers d'Ă©vangĂ©lisation ruraux et l'Ă©vĂȘchĂ© urbain[45].
- Louis Gruau (mort en 1633 à Saulges), curé et chasseur de loups.
- Louis Bigot (1805 Ă Saulges-1883), industriel et homme politique.
Ă voir aussi
Bibliographie
- « Saulges », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne) ;
- Documentation du Pays d'art et d'histoire Coëvrons-Mayenne ;
- AbbĂ© Angot, « Note sur une statue du Grand CondĂ© conservĂ©e dans l'Ă©glise de Saulges », Bulletin archĂ©ologique du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques,â , p. 547-549 (lire en ligne, consultĂ© le )
- AbbĂ© Angot, Une statue du grand CondĂ© dans lâĂ©glise de Saulges (Mayenne), Laval, Goupil, , 4 p. (lire en ligne);
- Grosse-Duperon, Deux excursions au pays de Saulges. Souvenirs d'un touriste. Poirier-Bealu. 1901.
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
Notes
- Population municipale 2020.
- Les normales servent à représenter le climat. Elles sont calculées sur 30 ans et mises à jour toutes les décennies. AprÚs les normales 1971-2000, les normales pour la période 1981-2010 ont été définies et, depuis 2021, ce sont les normales 1991-2020 qui font référence en Europe et dans le monde[3].
- L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critÚre de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
- Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphÚre. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomÚtres[4].
- La distance est calculée à vol d'oiseau entre la station météorologique proprement dite et le chef-lieu de commune.
- Selon le zonage des communes rurales et urbaines publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
- Le , Jean Doujat, Nicolas Chevalier, Michel Ferrand, commissaires dĂ©putĂ©s, par arrĂȘt de la cour du 27 mars prĂ©cĂ©dent, « pour la direction des biens qui ont appartenu », dit le texte, « au sieur prince de CondĂ© », donnaient bail des deux seigneuries Ă Julien Coignard, au prix de 3 900 livres par an. Archives nationales (R 3, 82).
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.
- L'abbé Angot avait cru dans un premier temps, sur un examen superficiel, que le Grand Condé était représenté à cette place sans attributs religieux. Il s'est rétracté et corrigé depuis...
- Le prieurĂ© et l'Ă©glise de la paroisse de Saulges Ă©taient Ă la prĂ©sentation de l'abbĂ© de la Couture, du Mans. Or, depuis 1580, sauf une pĂ©riode de quelques annĂ©es, la Couture Ă©tait comme un fief hĂ©rĂ©ditaire dans la maison de Bourbon. Quand le personnage de la famille qu'on voulait gratifier de ce bĂ©nĂ©fice n'Ă©tait pas dans les conditions d'Ăąge ou d'Ă©tat qui permissent de l'en investir, un prĂȘte-nom tenait sa place Ă son profit. Louis-Henri de Bourbon, fils lĂ©gitimĂ© de Louis de Bourbon, comte de Soissons, et connu sous le nom de chevalier de Soissons, avait Ă©tĂ© pourvu de l'abbaye en 1658 ; ayant, de son cĂŽtĂ©, Ă doter un prĂȘtre du diocĂšse de Carpentras qui remplissait, auprĂšs de sa personne, les fonctions d'aumĂŽnier, il trouva tout naturel de le faire nommer, en 1678, Ă la cure de Saulges. AndrĂ© ChĂ©riotty devint donc curĂ© au Bas-Maine. Il le fut jusqu'en l'annĂ©e 1700, puis il songea Ă se dĂ©mettre, mais avec pour l'abbĂ© Angot des procĂ©dĂ©s et des retours qui annoncent ou une tĂȘte malade, ou des sentiments trop peu scrupuleux.
- On a du procureur de la fabrique de Saulges, une note dans laquelle il donne dĂ©charge Ă l'architecte et reconnaĂźt que les conditions stipulĂ©es au marchĂ© ont Ă©tĂ© fidĂšlement exĂ©cutĂ©es. « Je soubsignĂ©, procureur de la fabrice de Sauges, tiens quitte et dĂ©charge Me Langlois, Me architecte, de la façon de notre autel, au moyen qu'il parachĂšve de graver les armes dudit autel qu'il a encommencĂ©es, et reconnois Ă ce moyen qu'il est conforme au dessain sur lequel nous avions marchandĂ©, sans prĂ©judice de mes prĂ©tentions et Ă me faire rembourser du nommĂ© Lemesle, aussi architecte, ouvrier dudit sieur Langlois, de ce qu'il a receu plus que je ne debvois audit Langlois, ainsi que je voirĂ© l'avoir affaire, â dont il y a instance encommencĂ©e au siĂšge de Sainte-Suzanne qui demeure rĂ©servĂ©e â contre ledit Lemesle. Fait ce dix septembre mil six cens quatre vingt douze. ».
- L'abbĂ© Angot s'interroge : « Ă qui conviennent ces armes, sinon au prince qui, par son alliance avec lâhĂ©ritiĂšre du seigneur de ThĂ©valle, Ă©tait devenu patron et fondateur de lâĂ©glise de Saulges ? Sans doute Claire-ClĂ©mence de MaillĂ© avait ses armoiries de famille qu'on aurait pu unir Ă celles de son mari, mais pour les paroissiens, ThĂ©valle restait toujours, par souvenir, la terre de ceux qui en avaient portĂ© si longtemps le nom. L'Ă©cusson aux trois annelets Ă©tait encore partout aux murs et aux vitres de l'Ă©glise. C'est celui-lĂ que les habitants voulaient voir accolĂ© aux trois fleurs de lys de Bourbon, plutĂŽt que celui dâune femme, grande et estimable dans son malheur, mais qui n'avait jamais partagĂ© la gloire et l'affection de son Ă©poux, qui avait toujours Ă©tĂ© poursuivie du mĂ©pris de l'illustre famille Ă laquelle on lâavait unie. Il est bien certain d'ailleurs qu'il n'y eut jamais d'alliance directe entre la maison de Bourbon et la famille de ThĂ©valle. ».
- Pour l'abbĂ© Angot, CondĂ© est lĂ avec ses traits ressemblants, avec les attributs de sa charge de grand maĂźtre de France : dans la main droite, le bĂąton ornementĂ© qu'on aurait tort de prendre pour un bĂąton de marĂ©chal ; ce dernier est beaucoup plus simple et CondĂ© ne fut jamais marĂ©chal de France ; dans la main gauche, une serviette, parce que le grand maĂźtre Ă©tait le chef de tous les officiers de la maison du roi. La cuirasse, lĂ©gĂšre et Ă©lĂ©gante, le grand, manteau de cour fleurdelisĂ© de la statue, ne peuvent convenir qu'au prince dont le type bourbonien est, du reste, facile Ă reconnaĂźtre. Le personnage reprĂ©sentĂ©, semble assez jeune. Au-dessus de la tĂȘte de la statue, sont les armoiries de Bourbon-ThĂ©valle, c'est-Ă -dire de l'alliance qui a mis dans la maison de CondĂ© la seigneurie de Saulges, c'est-Ă -dire celles du grand CondĂ©. Au cĂŽtĂ© opposĂ© de l'autel, au-dessus de Pierre (apĂŽtre), patron de la paroisse, est l'Ă©cusson de Bourbon, mais seul, avec le collier des deux ordres, ce qui ne peut convenir Ă lâabbĂ© de la Couture, qui n'eĂ»t pas eu ces dĂ©corations, mais dont lâĂ©cu eĂ»t Ă©tĂ© surmontĂ© de la crosse abbatiale. Ces derniĂšres armoiries sont celles de Henri Jules de Bourbon-CondĂ©, le patron temporel de l'Ă©glise.
Références
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