Saint-Pierre-des-Ifs (Calvados)
Saint-Pierre-des-Ifs est une commune française située dans le département du Calvados en région Normandie, peuplée de 454 habitants[Note 1].
Saint-Pierre-des-Ifs | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Calvados |
Arrondissement | Lisieux |
Intercommunalité | Communauté d'agglomération Lisieux Normandie |
Maire Mandat |
Colette Malherbe 2020-2026 |
Code postal | 14100 |
Code commune | 14648 |
Démographie | |
Gentilé | Pétruvissiens, Pétruvissiennes |
Population municipale |
454 hab. (2020 ) |
Densité | 41 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 06′ 46″ nord, 0° 09′ 27″ est |
Altitude | Min. 83 m Max. 177 m |
Superficie | 11,16 km2 |
Unité urbaine | Commune rurale |
Aire d'attraction | Lisieux (commune de la couronne) |
Élections | |
Départementales | Canton de Mézidon-Canon |
Législatives | Troisième circonscription |
Localisation | |
Géographie
Situation
La commune de Saint-Pierre-des-Ifs s’étend sur le plateau où le Cirieux, petite rivière et affluent du fleuve la Touques, prend sa source[1]. Typique du pays d'Auge, elle n’a pas de bourg constitué. Sa mairie-école est située le long de l’axe principal, la départementale 511 (ancienne nationale 811).
Communes limitrophes
Hydrographie
La rivière le Cirieux, affluent de la Touques, prend sa source sur le territoire de Saint-Pierre-des-Ifs.
Climat
Le climat qui caractérise la commune est qualifié, en 2010, de « climat océanique altéré », selon la typologie des climats de la France qui compte alors huit grands types de climats en métropole[4]. En 2020, la commune ressort du même type de climat dans la classification établie par Météo-France, qui ne compte désormais, en première approche, que cinq grands types de climats en métropole. Il s’agit d’une zone de transition entre le climat océanique, le climat de montagne et le climat semi-continental. Les écarts de température entre hiver et été augmentent avec l'éloignement de la mer. La pluviométrie est plus faible qu'en bord de mer, sauf aux abords des reliefs[5].
Les paramètres climatiques qui ont permis d’établir la typologie de 2010 comportent six variables pour les températures et huit pour les précipitations, dont les valeurs correspondent à la normale 1971-2000[Note 2]. Les sept principales variables caractérisant la commune sont présentées dans l'encadré ci-après.
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Avec le changement climatique, ces variables ont évolué. Une étude réalisée en 2014 par la Direction générale de l'Énergie et du Climat[8] complétée par des études régionales[9] prévoit en effet que la température moyenne devrait croître et la pluviométrie moyenne baisser, avec toutefois de fortes variations régionales. Ces changements peuvent être constatés sur la station météorologique de Météo-France la plus proche, « Lisieux_sapc », sur la commune de Lisieux, mise en service en 1994[10] et qui se trouve à 6 km à vol d'oiseau[11] - [Note 5], où la température moyenne annuelle est de 11,5 °C et la hauteur de précipitations de 892,4 mm pour la période 1981-2010[12]. Sur la station météorologique historique la plus proche[Note 6], « Deauville », sur la commune de Deauville, mise en service en 1973 et à 28 km[13], la température moyenne annuelle évolue de 10,3 °C pour la période 1971-2000[14] à 10,7 °C pour 1981-2010[15], puis à 11 °C pour 1991-2020[16].
Urbanisme
Typologie
Saint-Pierre-des-Ifs est une commune rurale[Note 7] - [17]. Elle fait en effet partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[18] - [19].
Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Lisieux, dont elle est une commune de la couronne[Note 8]. Cette aire, qui regroupe 57 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[20] - [21].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (96,7 % en 2018), une proportion identique à celle de 1990 (96,7 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : prairies (83,4 %), terres arables (13,3 %), forêts (3,3 %)[22].
L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[23].
Accès et transports
En matière d'axes routiers, Saint-Pierre-des-Ifs est traversée suivant un axe nord-est / sud-ouest par la D 511 (ancienne nationale 811), de laquelle partent la D 103A (depuis le pont de la Motte, vers le nord-ouest), et la D 136A (depuis le centre de la commune, vers le sud-est). Saint-Pierre-des-Ifs est bordée au sud par la D 182 et à l'ouest par la D 103.
Elle est desservie par les bus de la ligne 52 du réseau Astrobus (Lisieux-Saint-Pierre-en-Auge)[24].
Toponymie
Le nom de la localité est attesté sous la forme Sanctus Petrus de Iz en 1221[25], Saint Pierre Desifs en 1793, Pierre-des-Ifs en 1801[26].
Toponyme composé de l'hagionyme Saint Pierre, premier évêque de Rome et du déterminant If au pluriel.
Symbolique de l'if
Les Celtes, les Saxons, et les colons anglo-scandinaves qui se sont installés dans la région au fil du Ier millénaire, attribuaient une force sacrée aux ifs. Ces conifères d’une durée de vie pouvant être plus que millénaire, ainsi que son feuillage vert persistant, symbolisaient l’immortalité.
Lors de la christianisation à l’orée du IIe millénaire, l'église catholique va récupérer ce symbole dans les contrées où on vénérait cet arbre : « La tradition chrétienne a planté près de ces ifs, d'autres arbres : les croix… La foi chrétienne propose de greffer sur les ifs une espérance folle : Jésus, mort et ressuscité[27] ».
Remarquons particulièrement cet if planté au XVIe siècle qui se trouve au centre du cloître de l'abbaye normande de Jumièges. Ou ces deux « ifs-chapelles » (deux oratoires installés dans leur tronc) à La Haye-de-Routot (Eure), auprès duquel on construisit au XIIIe siècle l'église et le cimetière. Ou encore l’if du cimetière du Troncq (Eure), de 500 à 700 ans, où on installa une statue en pierre de la Vierge au XVIe siècle.
Au XIXe siècle, le botaniste Henri Gadeau de Kerville[28] explique bien que les ifs et les chênes dominent la campagne normande[29]. L'association entre l’église et l’if tient aussi à la proximité immédiate des cimetières, très fréquente comme à Saint-Pierre-Azif : on surnommait d’ailleurs ce conifère « l’if funéraire[30] ». On trouve souvent des ifs près des églises normandes, comme pour signifier que la mort n’a pas le dernier mot. En outre, on pensait que l’if, très toxique, faisait éloigner le bétail des cimetières, tout comme les bêtes sauvages susceptibles de déterrer les cadavres.
Histoire
Antiquité
Sur les territoires actuels de Saint-Pierre-des-Ifs et de Saint-Désir s'étendait l'oppidum du Castellier, capitale des Lexoviens[31]. D'une superficie de 167 hectares, il est entouré d'une enceinte de type murus gallicus. Des fouilles réalisées dans les années 2000 ont permis de révéler la présence d'une villa édifiée à la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle, et occupée jusqu'au IIIe siècle[32].
Période moderne
La commune actuelle de Saint-Pierre-des-Ifs a été créée par la réunion des deux communes, Saint-Pierre-des-Ifs et La Motte, qui formaient chacune, avant 1790, une paroisse et communauté (ordonnance du )[33] - [34].
Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, le village est bombardé et subit des dommages[35]. Le , un avion de chasse Typhoon tombe près de l’église[36]. Le pilote, un Australien, est recueilli par des habitants et caché jusqu’à la Libération, le . Le , trois bombardiers américains de la 9th Air Force, de type B-26 Marauder, sont abattus au sud-ouest de Lisieux par l'artillerie aérienne allemande, la Flak[37]. Un des avions s'écrase à Saint-Pierre-des-Ifs et le seul membre de l'équipage ayant survécu est fait prisonnier.
La réfection de l'église, du presbytère et de l'école débute en 1945, puis se poursuit au début des années 1950 avec l'aide de l'État, au titre de dommages de guerre des bâtiments publics[35].
Politique et administration
En 1907, le maire Victor Roberge est suspendu de ses fonctions par le préfet du Calvados, pour avoir fait replacer dans l'école communale un crucifix enlevé par ordre de l'autorité académique[51] - [52]. Henri Gosset, adjoint, assure son remplacement. Roberge est réélu l'année suivante[40].
Démographie
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[53]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[54].
En 2020, la commune comptait 454 habitants[Note 9], en diminution de 2,58 % par rapport à 2014 (Calvados : +0,85 %, France hors Mayotte : +1,9 %).
Économie
Depuis le , un marché se tient place de la Mairie tous les vendredis, de 16 h à 19 h[56].
Culture locale et patrimoine
Église de Saint-Pierre
L'église, qui dépend du diocèse de Bayeux-Lisieux, a été principalement construite au XIIIe siècle, sous le patronage du prieur de Sainte-Barbe-en-Auge[57]. Elle reprend toutefois un bâti plus ancien, remontant au XIIe siècle ou XIIe siècle, et qui constitue le mur nord de la nef. L'édifice comprend un clocher-porche, une nef et un chœur de trois travées.
L'église subit plusieurs dommages durant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale : clocher, toiture, nef, sacristie et vitraux, partiellement détruits, font l'objet d'une campagne de réfection subventionnée en 1950[35]. Les vitraux actuels ont été dessinés par Charles Plessard, un élève du peintre Maurice Denis, et réalisés par le verrier Gabriel Loire, entre 1947 et 1951[58] - [59].
À partir de 2015, la commune, aidée par département du Calvados, la Fondation du patrimoine et l’Association de sauvegarde du patrimoine pétrussivien, entreprend des travaux de restauration[60]. La première tranche concerne l'intérieur de l'édifice (voûte de la nef, porte d’entrée, électricité et éclairage) ; la deuxième, en 2020, porte sur la maçonnerie et la façade de la tour clocher. La campagne suivante, en 2021-2022, comprend la restauration des façades nord et est de la nef, du chœur et de la sacristie[61]. Une quatrième tranche est prévue pour terminer la restauration de la façade côté presbytère.
Calvaire
Inauguré le [62], le calvaire se compose d'un socle en béton, brique et granit, surmonté d'un Christ en fonte moulée peinte, d'une hauteur de 1,5 m[35]. Détérioré dans les bombardements, le calvaire a été restauré en 1956.
Monument aux morts
Situé aux abords de l'église, le monument, commémorant la Première Guerre mondiale, est formé d'un pilier surmonté d'une croix latine, orné d'une palme et de la mention « A nos morts pour la patrie St Pierre des Ifs 1914-1948 »[63]. Les noms de douze hommes y ont été gravés[64].
Mairie
Manoir de la Motte
Construit dans le dernier quart du xve siècle, le manoir comprend, selon la description du services des monuments historiques[65], « un encorbellement sur sommiers, une sablière de chambrée d'une seule pièce, un escalier compris dans une tourelle carrée, une galerie en encorbellement, une grande lucarne, des cheminées monumentales et des portes intérieures à plis de serviette. La cour en herbe est délimitée par les bâtiments d'exploitation comprenant une écurie-charretterie, une grange et une étable. Le pressoir du XVIIe siècle a été démonté en 1993. »[66]
Le manoir, ainsi que les façades et les toitures des communs (grange, écurie et charretterie), ont été inscrits à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 4 mars 2004.
Saint-Pierre-des-Ifs dans les arts et la culture populaire
Le nom de la Saint-Pierre-des-Ifs est cité à plusieurs reprises par Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu[67]. Ainsi, dans Sodome et Gomorrhe, le narrateur, qui voyage en train, fait la rencontre d'une jeune fille, montée en gare de la commune : « À Saint–Pierre-des-Ifs monta une splendide jeune fille qui, malheureusement, ne faisait pas partie du petit groupe. Je ne pouvais détacher mes yeux de sa chair de magnolia, de ses yeux noirs, de la construction admirable et haute de ses formes. »
Vie locale
Enseignement
L'école communale, construite en 1955 par Georges Duval, un architecte normand, a été fermé en 1983. Elle a été transformée en salle des fêtes[68].
Culture
Personnalités liées à la commune
- Pierre Cosnard (1749-1799), homme politique né à Saint-Pierre-des-Ifs ;
- Louis-André Guillet (1901-1980), peintre montmartrois[73] - [74].
Bibliographie
- Thierry Marchand, Des ailes pour la liberté. Aviateurs alliés sauvés par la Résistance (Normandie - été 1944), Corlet Publications, , 208 p. (ISBN 978-2-84706-698-2)
Notes et références
Notes
- Population municipale 2020.
- Les normales servent à représenter le climat. Elles sont calculées sur 30 ans et mises à jour toutes les décennies. Après les normales 1971-2000, les normales pour la période 1981-2010 ont été définies et, depuis 2021, ce sont les normales 1991-2020 qui font référence en Europe et dans le monde[6].
- L'amplitude thermique annuelle mesure la différence entre la température moyenne de juillet et celle de janvier. Cette variable est généralement reconnue comme critère de discrimination entre climats océaniques et continentaux.
- Une précipitation, en météorologie, est un ensemble organisé de particules d'eau liquide ou solide tombant en chute libre au sein de l'atmosphère. La quantité de précipitation atteignant une portion de surface terrestre donnée en un intervalle de temps donné est évaluée par la hauteur de précipitation, que mesurent les pluviomètres[7].
- La distance est calculée à vol d'oiseau entre la station météorologique proprement dite et le chef-lieu de commune.
- Par station météorologique historique, il convient d'entendre la station météorologique qui a été mise en service avant 1970 et qui est la plus proche de la commune. Les données s'étendent ainsi au minimum sur trois périodes de trente ans (1971-2000, 1981-2010 et 1991-2020).
- Selon le zonage publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
- La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
- Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2023, millésimée 2020, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2022, date de référence statistique : 1er janvier 2020.
Références
- Altitudes, coordonnées, superficie : répertoire géographique des communes 2013 (site de l'IGN, téléchargement du 19 mars 2014)
- Lintercom Lisieux pays d'Auge Normandie, Élaboration du plan local d'urbanisme intercommunal. Approbation. Rapport de présentation, , 628 p. (lire en ligne)
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée »
- « Géoportail (IGN), couche « Limites administratives » activée »
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501,‎ (DOI https://doi.org/10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- « Le climat en France métropolitaine », sur http://www.meteofrance.fr/, (consulté le )
- 2021 : de nouvelles normales pour qualifier le climat en France, Météo-France, 14 janvier 2021.
- Glossaire – Précipitation, Météo-France
- « Le climat de la France au XXIe siècle - Volume 4 - Scénarios régionalisés : édition 2014 pour la métropole et les régions d’outre-mer », sur https://www.ecologie.gouv.fr/ (consulté le ).
- [PDF]« Observatoire régional sur l'agriculture et le changement climatique (Oracle) - Normandie », sur normandie.chambres-agriculture.fr, (consulté le )
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- (http://catholique-coutances.cef.fr)
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- Henri Gadeau de Kerville, Les vieux arbres de la Normandie
- (cf. Un Arbre millénaire : l'if : ce Normand méconnu, par Aline Renault, Bayeux, Heimdal, 1995, )
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- « Guillet (Louis-André) », sur Gallica, Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans..., (consulté le ), p. 46
Liens externes
- Résumé statistique de Saint-Pierre-des-Ifs sur le site de l'Insee
- Inventaire des archives communales sur le site des Archives départementales du Calvados
- Site de la mairie de Saint-Pierre-des-Ifs
- Saint-Pierre-des-Ifs dans la presse ancienne par Jean-Yves Mérienne
- Sélection d'articles signés Isabelle Créa'ch, correspondante de Ouest-France