Saint-Laurent-de-TrĂšves
Saint-Laurent-de-TrÚves est une ancienne commune française, située dans le département de la LozÚre en région Occitanie, devenue, le , une commune déléguée de la commune nouvelle de Cans et Cévennes. Ses habitants sont appelés les Trévilaurentiens.
Saint-Laurent-de-TrĂšves | |
Vue générale de Saint-Laurent-de-TrÚves. | |
Administration | |
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Pays | France |
RĂ©gion | Occitanie |
DĂ©partement | LozĂšre |
Arrondissement | Florac |
Maire délégué | Rémi Noël |
Code postal | 48400 |
Code commune | 48P07 |
DĂ©mographie | |
Population | 173 hab. (2013) |
Densité | 7,5 hab./km2 |
GĂ©ographie | |
CoordonnĂ©es | 44° 16âČ 19âł nord, 3° 36âČ 12âł est |
Altitude | Min. 568 m Max. 1 166 m |
Superficie | 23,09 km2 |
Ălections | |
DĂ©partementales | Le Collet-de-DĂšze |
Historique | |
Commune(s) d'intégration | Cans et Cévennes |
Localisation | |
GĂ©ographie
Antique site fortifiĂ© sur la route de NĂźmes Ă Saint-Flour (aujourd'hui dĂ©nommĂ©e Corniche des CĂ©vennes", Saint-Laurent-de-TrĂšves abrite un patrimoine historique et naturel de grand intĂ©rĂȘt.
Communes limitrophes
Hameaux et lieux-dits
La commune est constituée d'un grand nombre de hameaux dont certains sont aujourd'hui en ruine.
Un recensement effectué en 1874[2] indique leurs populations respectives:
Le Mazel: 66, Ăcole mixte
St Laurent: 59, Temple, Ă©glise, Ă©cole, dĂ©bris dâun ancien chĂąteau
Vernagues: 57
NoziĂšres: 35
FerriĂšres: 29
Bosc: 19
Peyrastre: 17
Artigues: 16
La Barraque: 13
Mas-viel: 11
Le Rey: 10
Grattegals: 9, Moulins Ă eau
Ferreyrettes: 6
Mas Chabanis: 4
Aubaret: 2
Issart Long
CarlĂšques
Le Devez
Le Pommaret
Le hameau St Laurent s'est particuliĂšrement dĂ©veloppĂ© Ă l'Ă©poque des diligences pour devenir aujourd'hui le hameau principal et donner son nom Ă l'ensemble de la commune. Lui-mĂȘme s'appelle dĂ©sormais le Village.
Histoire
La préhistoire
DĂšs la fin du NĂ©olithique, il y a 5 000 ans, les hommes sâinstallent durablement prĂšs des nombreuses sources de la commune et dans des campements plus ou moins fortifiĂ©s. Câest lâĂ©poque des « caps barrĂ©s », comme le site du « Castellas » occupĂ© aujourdâhui par le chef lieu de la commune, des tumuli comme au col de Vache, sur la can de Tardonnenche, ou des pierres Ă cupules comme Ă Artigues ou sur la can de FerriĂšres.
LâĂ©poque gallo-romaine
Les Gaulois Volques ArĂ©comiques y installent un oppidum quâils nomment « Trevidunum », le dunum (place forte) des trois vallĂ©es (Tarn, Tarnon et Mimente, aujourdâhui).
Ils y vĂ©nĂšrent Tritullo, un dieu guerrier celte, connu grĂące Ă lâinscription trouvĂ©e Ă Saint-Laurent-de-TrĂšves, oĂč il est appelĂ© « MAR[ti ] TRITVLLO ». DâaprĂšs Jules CĂ©sar, repris par Tacite, qui ont travaillĂ© Ă Ă©tablir des correspondances entre dieux gaulois et romains, cette divinitĂ© pourrait ĂȘtre assimilĂ©e au dieu romain Mars. Ceci tĂ©moigne dĂ©jĂ de lâintĂ©rĂȘt militaire qui Ă©tait portĂ© Ă ce lieu stratĂ©gique, sur une voie de communication reliant le pays nĂźmois des Volques au pays des Gabales et des Arvernes.
Le nom de Tritullus peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme un dĂ©rivĂ© des termes celtiques tris (trois) et tullo (perçant, perforĂ©). Il signifie littĂ©ralement perforant trois fois. La stĂšle conservant cette inscription fut trouvĂ©e en 1802 dans une citerne du chĂąteau, par M. Bancilhon, le notaire local de lâĂ©poque. Elle est aujourdâhui conservĂ©e au MusĂ©e de Mende.
Tonnance Ferréol, un grand homme oublié
FerrĂ©ol fut le dernier prĂ©fet des Gaules de 450 Ă 453. Câest lui qui, en 451, sachant convaincre Gaulois et Romains de combattre ensemble, prĂ©serva la Gaule de l'invasion des Huns commandĂ©s par Attila. Il usa Ă©galement de mesures judicieuses et de diplomatie lors du siĂšge d'Arles par les Wisigoths en 453. FerrĂ©ol disposait une rĂ©sidence principale prĂšs de NĂźmes et une autre secondaire Ă TrĂ©vidon (qui est peut-ĂȘtre Saint-Laurent-de-TrĂšves). Il s'y retira vers l'an 470, sans doute pour n'ĂȘtre pas obligĂ© de vivre sous la domination des Wisigoths, aprĂšs que ces derniers eurent placĂ© sous leur obĂ©issance la province romaine de la « Gaule narbonnaise ».
Selon Sidoine Apollinaire, son ami de toujours, il finit sa vie dans une grande piĂ©tĂ© chrĂ©tienne. Sidoine Apollinaire Ă©tait un homme politique gallo-romain, prĂ©fet de Rome en 468, nommĂ© Ă©vĂȘque de Clermont-Ferrand en 471 pour des raisons politiques. Il fut sanctifiĂ© par lâĂglise qui cĂ©lĂšbre sa fĂȘte le , pour avoir christianisĂ© lâAuvergne. Dans son Ćuvre littĂ©raire abondante, il dĂ©crit notamment ses voyages dans notre rĂ©gion. Il y conseille le voyageur Ă©ventuel : « Tu te rendras Ă TrĂ©vidon, et vers ces montagnes trop voisines hĂ©las des mĂ©chants RutĂšnes. Câest lĂ , Ă TrĂ©vidon, que tu verras le bienfaiteur et lâappui des Gaules, FerrĂ©olus, dont lâĂ©pouse Papianilla partage les soins et les travaux. Tu apercevras le mont LozĂšre, plus Ă©levĂ© que le Caucase des Scythes, et le Tarnon rapide, qui nourrit dans ses eaux limpides un excellent poisson. Mais Ă©vite cette montagne dont la cime est battue par dâĂ©ternelles tempĂȘtes... »
Le Moyen Ăge
Il semble que lâĂ©levage ovin y Ă©tait important au Moyen Ăge, puisque le bĂ©lier figurant au centre du blason des seigneurs de Saint-Laurent, lâĂ©voque en position dâhonneur. Le langage hĂ©raldique dĂ©crivant ces armoiries est prĂ©cis : « ĂcartelĂ© : aux 1 et 4, de sable, Ă la croix engrĂȘlĂ©e d'or, cantonnĂ©e de dix-huit billettes du mesme, 5 Ă chaque canton du chef, et 4 Ă chaque canton de la pointe aux 2 et 3, d'argent, Ă deux fasces de gueules (de Barre). Sur le tout : d'azur, au bĂ©lier d'argent, accornĂ© et onglĂ© d'or, acc. en chef d'une Ă©toile d'or. Ce qui? en langage hĂ©raldique? dĂ©signe : « Un blason en 4 parties avec en coins, une croix dâor entourĂ©e de billettes dâor, sur fond noir (les armes de la famille de Taulignan), et deux traits rouges sur fond dâargent (les armes de la famille de BlĂ©giers, armes des seigneurs de Barre-des-CĂ©vennes). Au centre sur fond bleu, un bĂ©lier dâargent Ă cornes et sabots dâor, avec une Ă©toile dâor au-dessus de la tĂȘte ».
La RĂ©forme
Les Taulignan adoptent dĂšs le milieu du XVIe siĂšcle les idĂ©es rĂ©formatrices de Calvin. Ils installent Ă Saint-Laurent, Jean Fornier, premier pasteur de la rĂ©gion, qui occupe en 1568 la ferme du col du Rey. Son successeur en 1581, Jean de Ulmo choisit pour rĂ©sidence le moulin de Grattegals. Les guerres de Religion faisaient alors rage en France. En 1580, le chĂąteau de Saint-Laurent fut assiĂ©gĂ© par les catholiques mais rĂ©sista. La paix ne revint quâen 1598 avec lâĂ©dit de Nantes de Henri IV. Ă sa mort, les troubles reprendront, et la fronde protestante ne prit fin quâen 1629 lors de la paix d'AlĂšs, aux termes de laquelle Richelieu imposa le dĂ©mantĂšlement de places fortes protestantes, dont le chĂąteau de Saint-Laurent-de-TrĂšves.
La guerre des Camisards
Le dimanche , Ă la foire de Barre, des CĂ©venols exaspĂ©rĂ©s par les persĂ©cutions religieuses dĂ©cident de dĂ©livrer leurs coreligionnaires emprisonnĂ©s par lâabbĂ© du Chayla au Pont-de-Montvert. Câest dans la maison Atger au Bosc Ă Saint-Laurent-de-TrĂšves quâils arrĂȘtent les dĂ©tails de lâopĂ©ration.
Avec dâautres familles alertĂ©es, ils se retrouveront le lendemain aux Trois Fayards, dans le BougĂšs, en vue de se rendre au Pont-de-Montvert afin d'y obtenir la libĂ©ration des prisonniers. LâexĂ©cution de lâabbĂ© du Chayla par les insurgĂ©s constitue l'Ă©vĂšnement tragique qui enclenche la guerre des Camisards.
Ă cette Ă©poque, la plupart des habitants de Saint-Laurent-de-TrĂšves sont qualifiĂ©s par les autoritĂ©s catholiques « dâattroupĂ©s trĂšs dangereux fanatiques ».
La période des diligences
Saint-Laurent est situé presque en haut de la route (Corniche des Cévennes) qui monte de Florac jusqu'au Causse pour aller au Pompidou puis à Saint-Jean-du-Gard et à Nßmes.
Les chevaux qui tiraient les diligences et autres voitures sur la longue montĂ©e y arrivaient complĂštement extĂ©nuĂ©s et Saint-Laurent constituait une trĂȘve bien mĂ©ritĂ©e. Pour que ces voyageurs puissent continuer leur route, il fallait reposer ou remplacer les attelages, loger et nourrir voyageurs et chevaux.
Un relais de diligences fut donc construit à CarlÚques, plusieurs au village ainsi qu'un autre à NoziÚres. L'activité et la population de Saint-Laurent augmentent de concert de 1820 à 1850, période d'importantes mises en culture et en construction. La présence permanente de deux notaires résidant à demeure dans la commune tandis qu'un troisiÚme venait occasionnellement de Vébron, atteste l'intense niveau de mutations immobiliÚres.
Le désenclavement qu'induit le développement de l'automobile mit cependant fin à cette période de prospérité. De nombreux habitants sans emploi s'exilÚrent, certains hameaux furent alors abandonnés et ne sont plus désormais que des ruines. Les auberges, boulangerie et commerces, maréchal-ferrant et école ne sont plus qu'un lointain souvenir.
HĂ©raldique
Blason | ĂcartelĂ©: aux 1 et 4, de sable, Ă la croix engrĂȘlĂ©e d'or, cantonnĂ©e de dix-huit billettes du mesme, 5 Ă chaque canton du chef, et 4 Ă chaque canton de la pointe aux 2 et 3, d'argent, Ă deux fasces de gueules (de Barre). Sur le tout: d'azur, au bĂ©lier d'argent, accornĂ© et onglĂ© d'or, acc. en chef d'une Ă©toile d'or. |
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Détails | Le statut officiel du blason reste à déterminer. |
Politique et administration
DĂ©mographie
L'Ă©volution du nombre d'habitants est connue Ă travers les recensements de la population effectuĂ©s dans la commune depuis 1793. Ă partir du , les populations lĂ©gales des communes sont publiĂ©es annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose dĂ©sormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une pĂ©riode de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquĂȘte de recensement portant sur toute la population est rĂ©alisĂ©e tous les cinq ans, les populations lĂ©gales des annĂ©es intermĂ©diaires Ă©tant quant Ă elles estimĂ©es par interpolation ou extrapolation[4]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2006[5] - [Note 1].
En 2013, la commune comptait 173 habitants, en diminution de â5,46 % par rapport Ă 2008 (LozĂšre : â1,05 %, France hors Mayotte : 2,49 %).
Monuments et lieux touristiques
Sur le site du Castelas[Note 2], sont visibles pour les yeux avertis une vingtaine d'empreintes de dinosaures théropodes (ichnogenre Grallator) sur trois dalles différentes. Découvertes en 1935, ces empreintes étaient connues localement comme des gravures de fleurs de Lys, avant que des savants de Montpellier ne déterminent qu'il s'agisse d'empreintes fossiles de Grallator minusculus pour les deux pistes, et de Grallator lescurei pour l'empreinte isolée[8]. Le site, aménagé par le parc national des Cévennes qui y a installé des panneaux d'interprétation, permet d'avoir une vue panoramique sur la vallée du Tarnon.
Notes et références
Notes
- Par convention dans WikipĂ©dia, le principe a Ă©tĂ© retenu de nâafficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations lĂ©gales postĂ©rieures Ă 1999, que les populations correspondant Ă une enquĂȘte exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des annĂ©es 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la derniĂšre population lĂ©gale publiĂ©e par lâInsee pour l'ensemble des communes.
- Nom en référence à la présence du chùteau seigneurial détruit au XVIIe siÚcle.
Références
- Carte IGN sous GĂ©oportail
- V-Technologies / Ligeo-Archives - http://www.vtech.fr, « 1 T 682-166 - Monographie de la commune. », sur Archives départementales de la LozÚre (consulté le ).
- DĂ©cĂšs accidentel.
- L'organisation du recensement, sur le site de l'Insee.
- Calendrier départemental des recensements, sur le site de l'Insee.
- Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'Ăcole des hautes Ă©tudes en sciences sociales.
- Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 201120122013 .
- G. Gand, M. Vianey-Liaud, G. Demathieu, J. Garric, « Les traces de pas d'amphibiens, de dinosaures et autres reptiles du MesozoĂŻque Français: inventaire et interprĂ©tations », Palaeovertebrata, vol. 31, nos 1-4,â , p. 5 et 28.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à la géographie :