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SĂ©miologie psychiatrique

La sémiologie psychiatrique, branche de la sémiologie médicale, est l'étude des signes, symptômes et syndromes que l'on peut observer au cours des troubles psychiques.

La sémiologie est l’étude, au sens le plus général, des systèmes de communication et plus précisément, l’étude des signes en usage dans une société donnée. Ici, c’est l’étude des signes qui ont un sens dans le champ de la pathologie mentale. On distingue traditionnellement les signes des symptômes, le signe étant observé et le symptôme décrit par le patient. Les signes n’apparaissent ni ne se groupent de manière aléatoire et certaines associations signifiantes de signes sont décrites : de telles associations sont appelées syndromes. La connaissance de la sémiologie est nécessaire à l'élaboration du diagnostic. Ce diagnostic est souvent seulement synchronique, fondé sur la sémiologie présentée hic et nunc (« ici et maintenant »). L'examen psychiatrique est alors proche de l'examen physique dans d'autres branches de la médecine. Le psychiatre cherche des signes les moins subjectifs possibles décrivant au mieux l'état mental actuel du patient. La prise en compte des antécédents d'une part, de l'évolution d'autre part permet de poser dans un second temps un diagnostic diachronique. La recontextualisation biologique, psychologique et sociale s'approche de l'analyse de l'histoire de la maladie dans d'autres champs de la médecine.

Historique et réflexion

Le terme sémiologie date du XVIIIe siècle et Littré le définira 100 ans plus tard comme « partie de la médecine qui traite des signes des maladies ». On l'appelle aussi « sciences des signes ». Elle est issue de la psychiatrie. Littré distinguait aussi signe et symptôme : « Le signe est une conclusion que l'esprit tire des symptômes observés : le signe appartient plus au jugement, et le symptôme aux sens. » Les signes et les symptômes sont regroupés en syndromes (ensemble de signes). La sémiologie psychiatrique distingue treize catégories de troubles principaux :

  1. les troubles de la présentation,
  2. les troubles de la mimique,
  3. les troubles psychomoteurs,
  4. les troubles de l'expression verbale,
  5. les troubles des conduites instinctuelles,
  6. les troubles des conduites sociales,
  7. les troubles de la conscience de soi,
  8. les troubles de la vigilance,
  9. les troubles de l'humeur,
  10. les troubles des perceptions,
  11. les troubles de la mémoire,
  12. les troubles de la pensée,
  13. les troubles du jugement.

Troubles de la présentation et du contact

Présentation générale

Mimique

Contact

  • RĂ©ticence pathologique : attitude du sujet qui refuse le contact, l'Ă©vite manifestement, refuse de parler, etc. Cela peut masquer un dĂ©lire sous-jacent, tenu secret, ou bien entrer dans le cadre d'une dĂ©mence. La rĂ©ticence prolixe est une logorrhĂ©e permettant au patient de ne pas aborder le sujet qu'il veut Ă©viter.
  • FamiliaritĂ© : familiaritĂ© excessive au cours de la manie.
  • « Bizarre, froid, et hermĂ©tique » dans la schizophrĂ©nie. On parle aussi d'impĂ©nĂ©trabilitĂ©, de sentiment par l'observateur de dĂ©tachement (Ă  ne pas confondre avec l'indiffĂ©rence).
  • Discordance : perception globale par l'examinateur de « discordances », de bizarreries, entre l'habitus gĂ©nĂ©ral, le discours, la pensĂ©e, les mimiques, les attitudes du patient. Voir schizophrĂ©nie.
  • Ludisme : dans la manie (le patient se montre joueur : il se moque de l'observateur, pratique des calembours inadaptĂ©s, entre dans une relation de jeu).
  • "la belle indiffĂ©rence" : expression de la psychiatrie classique pour qualifier le contact dans l'hystĂ©rie de conversion oĂą le symptĂ´me est prĂ©sentĂ© avec un faux dĂ©tachement.
  • Syntonie/Hypersyntonie/Asyntonie : la qualitĂ© du contact est un Ă©lĂ©ment important Ă  apprĂ©cier, notamment dans la discussion diagnostique entre les troubles affectifs et la manie (hypersyntonie ou contact hypersynchrone) oĂą le patient rĂ©agit en phase avec son interlocuteur, et l'a-syntonie de la schizophrĂ©nie, Ă©lĂ©ment du trouble de la communication.

Troubles psychomoteurs

Il s'agit des troubles qui s'expriment par des symptĂ´mes moteurs, mais qui traduisent en fait des processus psychopathologiques sous-jacents.

Agitation motrice

L’agitation est l'expression dans le comportement de l’excitation psychique. Il s’agit d’une activité motrice augmentée et inadaptée. Cette activité peut être contrôlable ou non par le sujet. Les manifestations cliniques de l’agitation sont motrices (déambulation, mouvements brutaux et incoordonnés, manifestations d’agressivité) et verbales (voix forte et parole précipitée, cris…) Ces états peuvent être brefs et réactionnels (à un choc, une frustration), mais ils peuvent aussi être plus durables. Ils s'intègrent alors à un tableau plus complexe : manie, délire, confusion mentale, démence. On distingue trois niveaux d'agitation d'intensité croissante :

Compulsions

Actes inutiles ou absurdes, très ritualisés, que le sujet ne peut pas s'empêcher d'accomplir, même s'il perçoit bien leur caractère absurde. Si la personne, porteuse de TOC par exemple, en proie à une compulsion, essaie de lutter, une angoisse importante va apparaître, qui la pousse à se laisser aller à son rituel après un temps de lutte anxieuse.

Chez l'autiste, les compulsions (comme les obsessions) ont un caractère plutôt égosyntonique qu’égodystonique (c.-à-d. la personne avec autisme considère cette activité comme faisant partie de son fonctionnement naturel et habituel, alors que, dans les TOC sans TSA, la personne ressent le besoin irrépressible d'agir comme s'il lui était imposé par l’extérieur et contre lequel elle lutte). Il a été noté qu'en cas de TOC, la fréquence des TSA et des traits autistiques est élevée (20 % selon Bejerot et al., 2001) et que les TOC avec TSA résistent plus aux thérapies que les TOC sans TSA. Bejerot et al., en 2001 suggèrent que les TOC avec TSA sont un sous type de TSA (comme il peut y avoir des TOC avec tics)[1] - [2].

Ces actes sont très variés : vérifications diverses, lavages de main, etc. Lorsqu'elles sont nombreuses ou envahissantes, on parle de névrose obsessionnelle ou de TOC.

L'histoire d'une compulsion est d'abord relationnelle et consécutive à un rapport de force mental et conscient, interprété sans analyse originelle par le sujet qui l'a vécu comme une relation affective.

Impulsion

L’impulsion est la tendance irrésistible à la réalisation d’un acte. Elles peuvent être dirigées contre les choses (fugues, kleptomanie, pyromanie) ou contre les personnes (agression, homicide). Il peut s'agir d'un acte délictueux, violent, ou absurde. Contrairement à ce qui se passe dans les compulsions, il n'y a pas de lutte anxieuse. On peut rencontrer des impulsions dans un grand nombre de pathologies, mais ils sont particulièrement fréquents chez les sujets présentant une personnalité antisociale.

  • La fugue : c’est un comportement inhabituel et imprĂ©vu de fuite du lieu habituel de rĂ©sidence. On distingue les fugues symptĂ´mes d’une pathologie neuropsychiatrique comme la confusion mentale, la dĂ©mence ou la schizophrĂ©nie du comportement impulsif. Le patient peut garder le souvenir de sa fugue ou non (amnĂ©sie).
  • La pyromanie vraie est une impulsion Ă  allumer des incendies. Il faut la distinguer de l'inconscience du danger dans la dĂ©bilitĂ©, de la perversitĂ© dans la psychopathie, du dĂ©lire agi du schizophrène ou du paranoĂŻaque.
  • La kleptomanie est une impulsion Ă  voler sans nĂ©cessitĂ© Ă©conomique ni recherche de l’utilitĂ© de la chose volĂ©e.

Raptus

Impulsion brusque entraînant un passage à l'acte immédiat en général violent : on parle de « raptus agressif », de « raptus suicidaire »…

Parakinésies

Ce sont des mouvements anormaux, répétitifs, stéréotypés, qui parasitent l'activité motrice normale à laquelle ils se superposent. On les observe dans la schizophrénie et le retard mental.

  • l'akathisie est une forme d'impatience des membres infĂ©rieurs, le patient ne tenant pas en place. C'est un effet secondaire des neuroleptiques.

Tics

Mouvements anormaux, brusques, conscients mais involontaires qui concernent généralement quelques muscles, le plus souvent au niveau du visage (clignement des yeux, tics de bouche). Des tics transitoires sont fréquemment observés au cours du développement de l'enfant et n'ont pas de signification pathologique. Dans la maladie de Gilles de la Tourette les tics sont à la fois moteurs, vocaux et sonores, et sont particulièrement envahissants.

Stupeur

La stupeur (l'état stuporeux) est caractérisée par la suspension de toute activité motrice et langagière. Le calme du patient n'est qu'apparent dans la mesure où l'activité psychique sous-jacente peut être intense, rendant possible un passage à l'acte. On peut observer un état stuporeux immédiatement après un traumatisme psychique, au cours de la mélancolie (mélancolie stuporeuse), de la schizophrénie, du syndrome confusionnel.

Ralentissement psychomoteur

Ralentissement de l'activité motrice, et de l'activité psychique (bradypsychie), observé principalement dans la dépression (médecine).

Syndrome catatonique

Il associe deux états, qui sont en général alternants :

  1. Négativisme : immobilité, amimie, mutisme, refus actif de toute tentative de mobilisation
  2. Catalepsie, qui associe :
    L'absence de toute initiative motrice
    Une passivité totale et un maintien des attitudes (par exemple, si on élève le bras d'un patient, il maintient indéfiniment cette attitude). Le signe de « l'oreiller psychique » est la conservation de la position de la tête décollée du lit sans support physique.

Malgré la passivité apparente, de brusques passages à l'acte sont possibles. La catatonie s'observe au cours de certaines schizophrénies. Ce tableau est traditionnellement décrit par les psychiatres, mais n'est pas du tout spécifique et doit faire rechercher une pathologie non psychiatrique.

Tremblements

Ce sont des mouvements rythmiques et oscillatoires touchant surtout les extrémités. On distingue :

  • le tremblement physiologique peu marquĂ©, accru par l’émotion et le stress ;
  • le tremblement dit essentiel (sans cause connue), le plus souvent familial et qui s’accroĂ®t avec l’âge ;
  • le tremblement symptomatique d’une autre affection telles qu’un dysfonctionnement de la thyroĂŻde, un syndrome extrapyramidal qui peut ĂŞtre causĂ© par les neuroleptiques.

Dystonies ou Dyskinésies

Ce sont des troubles du tonus musculaire qui perturbent le mouvement volontaire ou la posture. Elles sont parfois spectaculaires et peuvent être douloureuses. Elles peuvent être la conséquence de la prise d’un traitement neuroleptique.

Troubles du langage

Nous n'étudions pas ici les troubles du langage liés à des troubles neurologiques, par exemple les aphasies. Le langage peut être perturbé dans sa dynamique ou bien dans son contenu.

Perturbations de sa dynamique

  • LogorrhĂ©e : Discours accĂ©lĂ©rĂ© et prolixe (on parle d'augmentation de la fluence verbale), souvent associĂ© Ă  son Ă©quivalent Ă©crit : la graphorrhĂ©e. Toutes les deux tĂ©moignent d'une accĂ©lĂ©ration des processus psychiques (tachypsychie) qu'on rencontre gĂ©nĂ©ralement au cours des Ă©tats maniaques. Une logorrhĂ©e importante s'accompagne gĂ©nĂ©ralement d'une fuite des idĂ©es (le discours est tellement accĂ©lĂ©rĂ© qu'il devient dĂ©cousu).
  • Ralentissement du discours, qu'on observe dans la dĂ©pression. Le sujet peut prendre plusieurs secondes pour rĂ©pondre Ă  des questions simples.
  • Mutisme : il s'agit d'une absence de langage sans cause non psychiatrique retrouvĂ©e. La signification est variable : conversion hystĂ©rique, opposition chez un patient sous l'effet d'un dĂ©lire, grande anxiĂ©tĂ©, repli autistique au cours de la schizophrĂ©nie, simulation…
  • Barrage : dĂ©signe une interruption du discours telle qu'on peut l'observer dans la schizophrĂ©nie (voir troubles de la pensĂ©e). Le barrage serait un symptĂ´me pathognomonique de la schizophrĂ©nie.
  • Fading : il se caractĂ©rise par une ralentissement progressif du discours.

Troubles sémantiques

  • Lapsus : c'est la dĂ©formation involontaire d'un mot. Pour la psychanalyse, le lapsus traduit l'Ă©mergence d'un dĂ©sir inconscient, mais il n'a pas de signification pathologique. Exemple de lapsus par Jospin lors de l'universitĂ© d'Ă©tĂ© 2006 du PS : « Je ne vous ai pas accompagnĂ©s...euh....abandonnĂ©s. »
  • Palilalie : rĂ©pĂ©tition de mots ou de phrases vides de sens, souvent associĂ©e Ă  une Ă©cholalie au cours de laquelle le patient rĂ©pète les mots de son interlocuteur (schizophrĂ©nie, dĂ©mence).
  • Les paralogismes (utilisation de mots dĂ©tournĂ©s de leur sens) et les nĂ©ologismes (crĂ©ation de mots) sont frĂ©quemment observĂ©s au cours de la schizophrĂ©nie. Exemple de paralogisme et de nĂ©ologisme dans le discours d'un patient schizophrène : « Je dispose des pelottes de biduli [nĂ©ologisme] aux quatre coins de ma chambre pour ne pas recevoir les ondes qui viennent des betacams [paralogisme] qui tournent autour de la terre. »
  • Glossolalie : langage nouveau, incomprĂ©hensible, propre au malade.
  • Schizophasie : langage totalement hermĂ©tique et incohĂ©rent, caractĂ©ristique du syndrome dissociatif au cours de la schizophrĂ©nie.
  • Jargonophasie ou jargonaphasie (en) : remplacement dans le langage des mots par des sons inintelligibles, tels que des grognements.

Productions supplémentaires

  • StĂ©rĂ©otypies : rĂ©pĂ©titions de mots ou de phrases, de manière automatique sans signification ni relation avec le contexte.
  • Écholalie : rĂ©pĂ©tition involontaire et sans signification des derniers mots entendus par le patient ; dans le cas d'une conversation avec un interlocuteur s'il rĂ©pète Ă  la manière d’un perroquet les mots de son interlocuteur : Psittacisme.
  • Parasitage : le discours du patient est Ă©maillĂ© de sons, mots ou phrases hors de propos. Quand ces productions verbales sont ordurières ou obscènes, on parle de coprolalie. Ce signe est Ă©vocateur d’une activitĂ© dĂ©lirante, mais se rencontre aussi dans la maladie de Gilles de la Tourette.
  • PersĂ©vĂ©ration : rĂ©pĂ©tition d’une rĂ©ponse par le sujet adaptĂ©e Ă  une question antĂ©rieure en rĂ©ponse aux questions qui suivent au cours d’un mĂŞme entretien.

Troubles de la syntaxe

C'est principalement l'agrammatisme : la perte de la capacité de faire des phrases syntaxiquement correctes (place des mots dans la phrase, orthographe grammatical).

Troubles de l'articulation

  • Bredouillement : expression caractĂ©risĂ©e par une accĂ©lĂ©ration du dĂ©bit avec articulation dĂ©fectueuse rendant la comprĂ©hension difficile, traduisant en gĂ©nĂ©ral un Ă©tat d’hyperĂ©motivitĂ©.
  • BĂ©gaiement : trouble caractĂ©risĂ© par un blocage rĂ©pĂ©tĂ© de l’expression sur une syllabe souvent associĂ© Ă  la rĂ©pĂ©tition de cette syllabe.
  • Dysarthrie : difficultĂ© Ă  Ă©mettre des sons intelligibles par atteinte de l’articulation Ă  la suite d'un dysfonctionnement cĂ©rĂ©bral.

Troubles de l'apprentissage

  • Dyslexie : trouble spĂ©cifique de l’apprentissage de la lecture
  • Dysgraphie, dysorthographie et dyscalculie : troubles de l’apprentissage, voisins de la dyslexie, touchant respectivement l’écriture, l’orthographe et le calcul.

Troubles des fonctions intellectuelles

Troubles de la vigilance

La vigilance traduit un état de réactivité à son environnement.

  • L’hypervigilance, ou vigilance augmentĂ©e, se rencontre de façon adaptĂ©e dans les situations de danger et de manière inadaptĂ©e dans les Ă©tats anxieux et le syndrome maniaque.
  • L’hypovigilance est une diminution de la vigilance, pathologique en dehors du sommeil. Selon le degrĂ© de la baisse de la vigilance, on distingue plusieurs stades :
    • l’obtusion, marquĂ©e par un Ă©tat de somnolence, une pensĂ©e ralentie, des difficultĂ©s de comprĂ©hension ;
    • la confusion mentale, baisse importante de la vigilance, fluctuante selon les moments de la journĂ©e avec dĂ©sorientation temporo-spatiale (cf. infra), trouble du jugement et du raisonnement, trouble de l’attention, amnĂ©sie de fixation (antĂ©rograde), onirisme possible (cf. infra) ;
    • la stupeur, diminution très importante de la vigilance avec arrĂŞt des opĂ©rations mentales, arrĂŞt de la production verbale (mutisme), indiffĂ©rence affective ;
    • le coma, traduisant une perte totale de la conscience avec absence totale ou partielle de la rĂ©activitĂ© aux stimulations douloureuses.

DĂ©sorientation temporo-spatiale

C’est l’incapacité pour le sujet qui en est atteint, de se repérer par rapport au temps et à l’espace. En général, la désorientation temporelle précède la désorientation spatiale. On rencontre ces troubles au cours du syndrome confusionnel, du syndrome démentiel ainsi que dans certaines formes de troubles de l’humeur.

Onirisme et Ă©tat oniroĂŻde

  • L'onirisme dĂ©signe la production d'une imagerie mentale Ă  l’état de veille caractĂ©risĂ©e par la succession de reprĂ©sentations visuelles, sans rapport avec la rĂ©alitĂ©, reprĂ©sentant des scènes visuelles le plus souvent effrayantes, s’enchaĂ®nant les unes aux autres sans logique ; on parle aussi de dĂ©lire du rĂŞve. Est souvent associĂ© au syndrome confusionnel, on parle alors de syndrome confuso-onirique.
  • L'Ă©tat oniroĂŻde, ou Ă©tat crĂ©pusculaire, est un Ă©tat proche du rĂŞve caractĂ©risĂ© par une forte diminution de l’activitĂ© mentale, la persistance d’activitĂ©s automatiques, l’association frĂ©quente Ă  des comportements pathologiques tels que les vols et les fugues, s’accompagnant d’une amnĂ©sie de l’épisode.

Troubles de l'attention

L'attention peut être augmentée, de manière sélective, on parle alors d'hyperprosexie, ou bien diminuée (hypoprosexie, aprosexie).

Troubles de la conscience de soi

  • DĂ©personnalisation
  • Dysmorphophobie : impression de « dĂ©formation » de son corps propre ou d'un membre en particulier (essentiellement dans les schizophrĂ©nies). Le « signe du miroir » dĂ©crit le patient se regardant sans cesse dans le miroir, inquiet des dĂ©formations qu'il croit percevoir.

Troubles de la mémoire

  • Par dĂ©faut : l'amnĂ©sie, dĂ©ficit de la mĂ©moire, peut ĂŞtre de plusieurs types,
    • l'amnĂ©sie antĂ©rograde, oubli au fur et Ă  mesure, Ă  compter du moment de dĂ©but des troubles, alors que les souvenirs antĂ©rieurs sont conservĂ©s ;
    • l'amnĂ©sie rĂ©trograde, concernant les souvenirs anciens, qui sont peu Ă  peu oubliĂ©s ;
    • l'amnĂ©sie antĂ©ro-rĂ©trograde, mĂ©lange des deux ;
  • Par excès
    • L'hypermnĂ©sie, Ă©tat de libĂ©ration mnĂ©sique avec irruption de bouffĂ©es de souvenirs (souvent chez le patient mourant).
  • L'ecmnĂ©sie traduit l'Ă©mergence brutale de souvenirs du sujet, vĂ©cus comme une expĂ©rience actuelle (le passĂ© est pris pour le prĂ©sent).
  • Les amnĂ©sies psychogènes :
    • l'amnĂ©sie sĂ©lective, oublis sĂ©lectifs liĂ©s Ă  une situation (refoulement) ;
    • l'amnĂ©sie pĂ©riodique, le patient ne se souvient plus de ce qui s'est passĂ© lors d'un Ă©tat second ;
    • l'amnĂ©sie post-traumatique.
  • Les amnĂ©sies organiques :
    • syndrome de Korsakoff, association de fabulations, fausses reconnaissances et dĂ©sorientations temps-espace
    • ictus amnĂ©siques (il est bien rare de pouvoir les Ă©valuer) : Ă©pisode; amnĂ©siques brutaux associĂ©s Ă  une dĂ©sorientation dans le temps (durent quelques minutes Ă  quelques heures, toujours rĂ©versibles). Ils doivent faire chercher un accident vasculaire cĂ©rĂ©bral transitoire.
  • Les paramnĂ©sies sont des productions imaginaires plus ou moins riches, prises pour des souvenirs. Contrairement Ă  l'ecmnĂ©sie, il ne s'agit pas de sensations ou de situations qui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© vĂ©cues. On en distingue plusieurs types :
    • les fausses reconnaissances sont des identifications erronĂ©es de personnes ou de lieux. Le patient pense avoir dĂ©jĂ  Ă©tĂ© en contact avec telle personne ou telle situation ;
    • les fabulations sont des rĂ©cits imaginaires, souvent riches de dĂ©tails, pouvant se modifier selon les moments et les circonstances, dont l’effet est de compenser le dĂ©ficit mnĂ©sique. On distinguait classiquement les fabulations vraies, rĂ©cits imaginaires autour d'un thème comme dans la mythomanie, les confabulations, venant combler une lacune mnĂ©sique comme dans le syndrome de Korsakoff, et les affabulations qui sont une version arrangĂ©e Ă  partir d'un souvenir rĂ©el.

Troubles du jugement

exemples :

  • incohĂ©rence
  • illogisme
  • interprĂ©tation

Troubles de la pensée

On distingue les troubles du « cours » et du « contenu » de la pensée.

Dans son cours

  • Tachypsychie : pensĂ©e accĂ©lĂ©rĂ©e qui s'accompagne gĂ©nĂ©ralement d'une fuite des idĂ©es (relâchement du lien associatif normal entre les idĂ©es) qu'on observe dans la manie et au cours des intoxications aux psychostimulants
  • Bradypsychie : ralentissement de la pensĂ©e observĂ©e dans la dĂ©pression et le syndrome confusionnel

Dans sa continuité

  • Barrage : interruption brutale du discours du sujet au cours d'une phrase. Le discours reprend au bout de quelques instants sur le mĂŞme sujet ou sur un autre. Le sujet ne peut dire ce qui s'est passĂ© en lui pendant l'intervalle de temps, il y a eu un "blanc", un "vide" de la pensĂ©e. Ce symptĂ´me est assez caractĂ©ristique de la schizophrĂ©nie
  • Fading mental, c'est un Ă©quivalent a minima du barrage : la pensĂ©e s'englue pendant quelques instants
  • ProlixitĂ© circumlocutoire : difficultĂ© Ă  orienter la pensĂ©e vers un but prĂ©cis avec retour au sujet initial après de multiples dĂ©tails
  • PensĂ©e tangentielle : perte du fil du discours, le patient suit des idĂ©es qui lui viennent de stimulations externes ou internes
  • PensĂ©e diffluente : la pensĂ©e se disperse de façon anarchique, sans logique apparente, renvoyant ainsi Ă  l'hermĂ©tisme de la pensĂ©e dans la schizophrĂ©nie
  • Fuite des idĂ©es : enchaĂ®nement rapide, encore contrĂ´lĂ© ou dĂ©jĂ  incontrĂ´lable par le patient dans la manie
  • Dissociation du cours et du contenu de la pensĂ©e : cette expression rejoint les notions d'hermĂ©tisme, d'ambivalence psychotique, de discordance constituant un syndrome clinique majeur de la schizophrĂ©nie dans la littĂ©rature française. Elle est Ă  distinguer catĂ©goriquement des « troubles dissociatifs » de la littĂ©rature psychiatrique amĂ©ricaine (DSM) qui renvoient aux troubles anxieux.

Dans son contenu

  • Phobie : la phobie est la crainte irraisonnĂ©e d'un objet extĂ©rieur ou d'une situation sans danger objectif (objet ou situation phobogène). Cette crainte est jugĂ©e absurde par le patient. La confrontation Ă  l'objet ou Ă  la situation redoutĂ©e provoque une angoisse intense. Le sujet dĂ©veloppe des conduites d'Ă©vitement pour Ă©viter la confrontation, ou bien alors il s'aide d'objets ou d'attitudes contraphobiques. On distingue les phobies simples, la phobie sociale (au cours de laquelle c'est une situation sociale qui est redoutĂ©e) et l'agoraphobie qui est une phobie liĂ©e Ă  l'espace. Dans la phobie, l'angoisse disparaĂ®t en l'absence d'exposition Ă  l'objet phobogène.
  • Obsession : l'obsession est une idĂ©e ou un sentiment qui s'impose Ă  la conscience du sujet qui le ressent comme contraignant mais absurde, fait des efforts pour le chasser, mais n'y parvient pas. En gĂ©nĂ©ral, des compulsions se dĂ©veloppent. On rencontre des obsessions principalement au cours de la nĂ©vrose obsessionnelle ou trouble obsessionnel compulsif. Il existe trois types d'obsessions :
    • obsessions idĂ©atives : ce sont des idĂ©es qui s'imposent au sujet, sous forme de doutes, de scrupules qui entraĂ®nent des ruminations incessantes ;
    • obsessions phobiques : il s'agit alors de craintes obsĂ©dantes (par exemple : peur d'ĂŞtre attaquĂ©, peur d'avoir un cancer, etc.) ;
    • obsessions impulsives (ou phobies d'impulsion) : il s'agit de la crainte de commettre un acte dĂ©lictueux ou dangereux (crainte d'agresser quelqu'un, de blasphĂ©mer dans une Ă©glise, etc.).

Nota Bene : les obsessions phobiques et les phobies d'impulsion sont donc des obsessions et pas des phobies.

  • IdĂ©e dĂ©lirante : idĂ©e en opposition avec la rĂ©alitĂ© entraĂ®nant l'adhĂ©sion du sujet. On rencontre des idĂ©es dĂ©lirantes au cours des psychoses, de la mĂ©lancolie, de la manie. Des Ă©pisodes quasi dĂ©lirants peuvent se rencontrer au cours d'Ă©tats modifiĂ©s de conscience.
  • pensĂ©e magique : forme de pensĂ©e qui s'attribue le pouvoir de rĂ©aliser ou d'empĂŞcher des Ă©vènements, sans support matĂ©riel.
  • rationalisme morbide : forme de pensĂ©e abstraite faite avec des raisonnements logiques poussĂ©s jusqu'Ă  l'absurde.
  • idĂ©es de rĂ©fĂ©rence conviction que certains Ă©lĂ©ments de l'environnement (tĂ©lĂ©vision, journaux) envoient des signes destinĂ©s au patient.

Fabulation

Histoire fantasque et extraordinaire racontée par le sujet qui en est l’inventeur comme s’il s’agissait de faits réels. La fabulation est normale dans la petite enfance et aux débuts de l’adolescence. Pathologique, elle relève de la mythomanie ou du délire d’imagination. Les confabulations sont des fabulations qui s’observent chez des patients présentant un déficit de la mémoire antérograde (oubli à mesure).

Mythomanie

Tendance pathologique plus ou moins volontaire et consciente à l’altération de la vérité, la fabulation et la construction de récits imaginaires voire à penser et construire sa vie sur le mode du récit imaginaire.

Pathomimie

  • La pathomimie, ou trouble factice, constitue la simulation volontaire de la maladie, dans un but qui n'est pas directement utilitaire, mais pour un but plus psychologique : lancer un dĂ©fi au corps mĂ©dical par exemple, ou pour ĂŞtre l'objet de l'intĂ©rĂŞt de ceux-ci.
  • Peut prendre la forme extrĂŞme du syndrome de MĂĽnchausen, qui est une demande rĂ©pĂ©tĂ©e d’opĂ©rations chirurgicales au nom de troubles organiques factices. Cette demande peut concerner l’enfant du sujet et est alors une forme majeure de maltraitance Ă  enfant et constitue le syndrome de MĂĽnchausen par procuration.

Dans la simulation, le simulateur se présente en mentant délibérément ou après une lésion auto-infligée. Tout cela est réalisé dans le but d'obtenir un bénéfice direct généralement matériel (une pension, une dispense, etc.).

Syndrome délirant

Le délire est un trouble du contenu de la pensée caractérisé par la permanence d'idées délirantes. Les idées délirantes sont des idées manifestement en désaccord avec les faits observés et les croyances habituellement partagées dans un contexte culturel donné. Ces idées emportent l'adhésion du patient.

Hallucinose

Perception sans objet proche de l’hallucination visuelle, faite d’images colorées mais sans participation affective du sujet qui a conscience que ce n'est « pas réel » ; elle n’est pas intégrée à un système délirant. S’observe dans certaines lésions cérébrales, ou du nerf optique, certaines épilepsies partielles. On parle également d’hallucinose au sujet d’hallucinations auditives sans trouble de la conscience ni participation affective du sujet et qui se rencontrent chez l’alcoolique chronique.

Imagerie hallucinatoire

Liées au sommeil, elles sont le plus souvent auditives ou visuelles et n’ont pas de caractère pathologique. On décrit les hallucinations hypnagogiques, qui surviennent lors de l’endormissement, et les hallucinations hypnopompiques, qui surviennent au réveil. On range dans cette catégorie les hallucinations qui peuvent survenir lors de la privation de sommeil. Elles n'entraînent pas d'adhésion du sujet, mais peuvent causer une certaine angoisse (voir : paralysie du sommeil).

Modifications de l’ambiance perceptive : Déréalisation et dépersonnalisation

Ces termes traduisent une modification de l’ambiance perceptive. Contrairement aux hallucinations, dans la déréalisation il y a perception correcte de la réalité mais le patient a un éprouvé inhabituel et étrange, une perte de la familiarité de l’environnement.

La dépersonnalisation est un syndrome clinique complexe lié au sentiment éprouvé par certains sujets de n’être plus eux-mêmes.

Hallucinations

Les hallucinations sont des perceptions sans objet à percevoir. Elles ne se rencontrent pas que dans les psychoses. Il convient toujours de les faire préciser au mieux et de « tester » l'adhésion voire l'obéissance du patient à ses hallucinations. L'observation d'un patient halluciné permet parfois de repérer des "attitudes d'écoute" où le patient semble écouter quelque chose. On peut aussi voir le patient suivre du regard une scène inexistante.

  • Echo de la pensĂ©e de la parole et des actes : forme d'hallucination oĂą le patient a la conviction que ses pensĂ©es, ses paroles, ses actes, sont rĂ©pĂ©tĂ©s, anticipĂ©s, commentĂ©s.
  • Syndrome d'action extĂ©rieure, syndrome d'influence : forme de syndrome hallucinatoire oĂą le sujet se sent contraint Ă  obĂ©ir aux ordres hallucinatoires, ce qui peut amener Ă  des actes mĂ©dicolĂ©gaux.

Automatisme mental

Ce syndrome a été décrit par Gaëtan Gatian de Clérambault. Le patient a la conviction délirante qu’il n’est plus le maître du fonctionnement de son psychisme, qu’une force extérieure et étrangère agit en lui et contrôle sa vie psychique, ses actes, ses pensées et ses perceptions.

Selon l’intensité des symptômes, on distingue un grand et un petit automatisme mental.

Troubles du vécu corporel

Les troubles du schéma corporel sont nombreux. On distingue :

  • les hallucinations cĂ©nesthĂ©siques, ou corporelles, qui concernent un organe ou tout le corps avec sentiment de modification corporelle, voire de dĂ©matĂ©rialisation, de possession, de mĂ©tamorphose en animal (voir le chapitre hallucination) ;
  • la dysmorphophobie concerne l’apparence corporelle. Le patient est convaincu d’une disgrâce corporelle ce qui l’angoisse et le dĂ©valorise. La partie corporelle concernĂ©e est variable (organes sexuels, seins, partie du visage). Ce symptĂ´me pousse le patient Ă  demander une intervention de chirurgie esthĂ©tique ;
  • l’hypocondrie est un souci exagĂ©rĂ© de l’état de santĂ© corporelle. Elle donne lieu Ă  des prĂ©occupations anxieuses et obsĂ©dantes et peut prendre un tour dĂ©lirant.
  • l'asomatognosie est l'ignorance ou la perte de conscience d'une partie du corps. Ce symptĂ´me fait aussi partie de la sĂ©miologie neurologique.

Troubles de l’affectivité et de la thymie

Humeur, ou thymie

Melancholia I (Albrecht DĂĽrer).

C'est la disposition affective de base donnant un éprouvé agréable ou désagréable oscillant entre les deux pôles extrêmes du plaisir et de la douleur. L’humeur peut être normale (on parle alors d’euthymie), expansive ou hyperthymique comme dans le syndrome maniaque, triste voire mélancolique comme dans le syndrome dépressif.

  • Humeur dĂ©pressive : c'est un Ă©prouvĂ© nĂ©gatif (distorsions cognitives) de la relation du sujet au monde et Ă  lui-mĂŞme : sentiment que la vie est un Ă©chec, la situation sans espoir, l’avenir impossible, perte du plaisir (anhĂ©donie) et d’intĂ©rĂŞt. Elle s'observe au cours du syndrome dĂ©pressif. Au cours du syndrome mĂ©lancolique (voir ce mot), cette sensation pĂ©nible est poussĂ©e Ă  son paroxysme, et l'on parle alors de douleur morale, surtout que des idĂ©es dĂ©lirantes et suicidaires y sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©es.
  • Humeur expansive : humeur euphorique, joyeuse, optimiste et conquĂ©rante. Elle est marquĂ©e par un optimisme pathologique, on parle d’élation de l’humeur, ainsi que par sa labilitĂ©. C’est une caractĂ©ristique essentielle du syndrome maniaque. On peut Ă©galement utiliser le terme d’« exaltation de l'humeur ».
  • Humeur mixte : coexistence d'Ă©lĂ©ments expansifs et dĂ©pressifs ; ces Ă©tats sont Ă  haut risque suicidaire.

Tonalité de l'affect

La peur, la colère, la surprise, le plaisir, sont des affects, des émotions de base. Selon le degré de réaction du patient, on parle d’hyper-expressivité des affects, d’affect normal, restreint, émoussé voire abrasé.

Les différents affects

Expression faciale exprimant la peur.
  • La peur est une Ă©motion de base qui comprend une composante neurovĂ©gĂ©tative (sueurs, tremblements, accĂ©lĂ©ration du rythme cardiaque…), motrice (sidĂ©ration puis Ă©vitement), psychique (Ă©prouvĂ© dĂ©sagrĂ©able, malaise plus ou moins intense) en rĂ©ponse Ă  un danger extĂ©rieur. Elle devient pathologique quand elle est disproportionnĂ©e au danger et/ou trop prolongĂ©e.
  • L'anxiĂ©tĂ© est le versant psychique de la peur caractĂ©risĂ© par un malaise diffus, une apprĂ©hension d’un danger Ă  venir, un sentiment d’insĂ©curitĂ©. L'anxiĂ©tĂ© peut-ĂŞtre flottante, continue, on parle alors d'anxiĂ©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e, ou bien Ă©voluer sous la forme de crises d'angoisse rĂ©pĂ©tĂ©es (attaques de panique) comme dans le trouble panique. Ces deux entitĂ©s correspondent Ă  ce que les freudiens nomment nĂ©vrose d'angoisse.
  • La colère est une rĂ©action Ă©motionnelle paroxystique face Ă  une menace ou une frustration, caractĂ©risĂ©e par une agitation verbale et motrice associĂ©e Ă  des manifestations neurovĂ©gĂ©tatives.
  • L'ambivalence est soit un sentiment d'hĂ©sitation entre « le pour et le contre », souvent prĂ©sent chez certaines personnalitĂ©s de type nĂ©vrotique, soit la coexistence simultanĂ©e de sentiments contraires que l'on rencontre dans la schizophrĂ©nie.
  • La mĂ©fiance, voire l'hostilitĂ©, tĂ©moignent souvent du vĂ©cu persĂ©cutif d'un patient dĂ©lirant.

Troubles du comportement

  • Agitation : voir la section Troubles psychomoteurs
  • Impulsions : voir la section Troubles psychomoteurs
  • AgressivitĂ© : c’est une tendance Ă  attaquer autrui. Elle peut se manifester de diffĂ©rentes façons, tant par le regard, les paroles que les actes. Elle peut ĂŞtre prĂ©sente dans presque toutes les pathologies psychiatriques. Elle va de la simple manifestation d’agressivitĂ© Ă  la fureur et l’homicide. L’agressivitĂ© peut ĂŞtre dirigĂ©e contre soi-mĂŞme : actes suicidaires, automutilations (comportement de destruction ou de dĂ©gradation de son propre corps).
  • Comportement suicidaire :
    • le suicide est l’acte de se donner la mort ;
    • on distingue les conduites suicidaires, qui concernent les tentatives de suicide, qu’elles Ă©chouent ou qu’elles rĂ©ussissent, du suicide Ă  proprement parler ;
    • le suicidĂ© est le sujet dont le geste a Ă©tĂ© mortel, le suicidant est celui qui a survĂ©cu Ă  son geste et le suicidaire est celui qui est Ă  risque de passage Ă  l’acte suicidaire.

Troubles de la volonté

  • Aboulie : diminution de la volontĂ© entraĂ®nant indĂ©cision et impuissance Ă  agir.
  • Apragmatisme : incapacitĂ© d’origine psychique de maintenir une activitĂ© et un comportement adaptĂ©s aux besoins et aux conditions de vie du sujet.
  • NĂ©gativisme : comportement de refus et d’opposition aux sollicitations d’autrui (voir la section Troubles psychomoteurs).

Troubles des conduites instinctuelles

Troubles du comportement alimentaire

  • Anorexie : ce terme dĂ©signe la perte de l'appĂ©tit. On peut l'observer au cours des dĂ©pressions, mais aussi de maladies du corps comme le cancer.
  • Anorexie mentale : trouble spĂ©cifique qui correspond Ă  une privation volontaire de nourriture et n'est donc pas une perte de l'appĂ©tit.
  • Hyperphagie : ingestion de trop grandes quantitĂ©s de nourriture
  • Boulimie : ingestion brutale d'une grande quantitĂ© d'aliments, il s'ensuit une culpabilitĂ© intense et des vomissements provoquĂ©s rĂ©pĂ©tĂ©s.
  • Sitiophobie : refus alimentaire (ou de certains aliments), gĂ©nĂ©ralement dans le cadre d'une pathologie dĂ©lirante sous-jacente (par exemple par crainte d'ĂŞtre empoisonnĂ©).
  • Potomanie : forme particulière d’excès se limitant Ă  l’eau absorbĂ©e en très grande quantitĂ© qui se voit presque exclusivement dans les troubles psychotiques.
  • MĂ©rycisme : chez l'enfant, rĂ©gurgitation et rumination du bol alimentaire
  • Pica, caractĂ©risĂ© par l’absorption de substances non comestibles avec une variĂ©tĂ© caractĂ©risĂ©e par l’ingestion d’excrĂ©ments, ou coprophagie.

Troubles du comportement sexuel

Ils peuvent être divisés en deux catégories : les déficiences sexuelles d’une part, les déviations du comportement sexuel de l’autre.

Insuffisances sexuelles chez l’homme

  • La perte du dĂ©sir, la perte de la capacitĂ© Ă  Ă©prouver du plaisir ou anhĂ©donie, l’aversion pour tout ou partie de la sexualitĂ©.
  • L'Ă©jaculation prĂ©coce
  • Les troubles de l’érection ou impuissance : ces troubles peuvent ĂŞtre organiques, psychogènes ou mixtes. L’impuissance psychogène est sous-tendue par l’anxiĂ©tĂ© anticipatoire de l’échec du rapport sexuel. Le sujet est en situation de stress, met en jeu la composante sympathique du système neurovĂ©gĂ©tatif qui antagonise les mĂ©canismes parasympathiques de l’érection. La prise en charge psychothĂ©rapeutique comportementale ainsi qu’une aide mĂ©dicamenteuse Ă  l’érection donnent de bons rĂ©sultats. L’éjaculation prĂ©coce, qui met fin Ă  l’érection, procède du mĂŞme mĂ©canisme.

Insuffisances sexuelles chez la femme

Outre la perte de désir et l’aversion sexuelle décrites déjà chez l’homme, on parle essentiellement chez la femme de frigidité, terme qui englobe diverses affections se traduisant toutes par une incapacité à parvenir à l’orgasme ou une insatisfaction sexuelle en général.

Le vaginisme, qui est le rétrécissement de l’ouverture vaginale due à une contraction musculaire involontaire, empêche la pénétration.

La dyspareunie décrit un coït douloureux.

DĂ©viations du comportement sexuel ou perversions sexuelles (paraphilies)

Le DSM-V s’écarte sur de nombreux points des éditions précédentes, apportant plusieurs changements concernant les paraphilies. Ces changements ont été principalement motivés par des considérations légales.

Plusieurs modifications ont été apportées au texte descriptif de ces troubles, au détriment des critères diagnostiques qui étaient soumis à beaucoup moins de révision.

L’Association Américaine de Psychiatrie a opté pour la conservation intégrale des huit catégories des troubles paraphiliques, en association avec deux catégories résiduelles : « autre trouble paraphilique spécifié » et « trouble paraphilique non spécifié ».

Ces huit types de paraphilies sont : le trouble exhibitionniste, le trouble frotteuriste, le trouble voyeuriste, le trouble fétichiste, le trouble pédophilique, le trouble masochiste sexuel, le trouble sadique sexuel et le trouble de travestissement fétichiste.

Les différents changements ayant concerné les critères des troubles paraphiliques exigent principalement la considération des faux positifs potentiels, ayant comme risque notamment le fait d’assigner plus facilement des diagnostics psychiatriques aux prédateurs sexuellement violents.

La classification de certains comportements sexuels comme pathologiques, même en l’absence de détresse, révèle une conception morale sous-jacente qui continue à sanctionner des comportements socialement répréhensibles. De ce fait, certains auteurs remettent en question la fiabilité diagnostique des paraphilies, et vont jusqu’à suggérer des changements révolutionnaires, dépathologisant les paraphilies et les supprimant des systèmes de classification des troubles mentaux[3].

Troubles du contrôle sphinctérien

Ils concernent les enfants.

L’énurésie est l’émission involontaire d’urine par un enfant, le plus souvent la nuit, à un âge où le contrôle mictionnel est normalement acquis, en règle après cinq ans. On distingue l’énurésie primaire, quand le contrôle sphinctérien n’a jamais été acquis, de l’énurésie secondaire, qui survient après une période plus ou moins longue de propreté. Elle concerne plus souvent les garçons, est souvent un signe d’immaturité et peut traduire une angoisse de séparation à la mère.

L’encoprésie est l’absence de contrôle sphinctérien anal après l’âge où la propreté est normalement acquise. Les garçons en sont plus souvent atteints que les filles. C’est un trouble plus rare que l’énurésie.

Troubles du sommeil

Ils portent sur la quantité, la qualité ou l’horaire du sommeil, et peuvent être permanents ou transitoires.

Insomnie

  • Insomnie d'endormissement
  • Insomnie de fin de nuit (classiquement associĂ©e Ă  la dĂ©pression).
  • Insomnie terminale
  • Agrypnie : perte totale prolongĂ©e du sommeil.

Hypersomnie

L'hypersomnie est l'augmentation de la durée du sommeil.

Parasomnie

  • Cauchemar
  • Terreur nocturne
  • Somnambulisme
  • Paralysie du sommeil
  • Conduites agressives durant le sommeil : les hypnologues dĂ©crivent des phĂ©nomènes agressifs identifiĂ©s au cours du sommeil, pouvant conduire Ă  des actes mĂ©dicolĂ©gaux.
  • Hallucinations hypnagogiques,survenant Ă  l'endormissement, le plus souvent sans valeur sĂ©miologique
  • Hallucinations hypnopompiques, survenant au rĂ©veil, le plus souvent sans valeur sĂ©miologique

Trouble du rythme circadien

  • Avance de phase
  • Retard de phase

Le plus souvent d’origine psychogène, ils peuvent révéler une pathologie organique ou être un des symptômes d’une affection générale ou neurologique. La pathologie du sommeil fait partie intégrante de la pathologie psychiatrique.

On distingue les dyssomnies, insomnies et hypersomnies, et les troubles du rythme circadien (avance et retard de phase essentiellement).

Les parasomnies tels que le somnambulisme, les terreurs nocturnes, le bruxisme et certains phénomènes hallucinatoires (hallucinations hypnopompiques et hypnagogiques).

Les troubles instrumentaux

Aphasie

L'aphasie est une perte de la parole liée à une lésion cérébrale, il faut donc en distinguer le mutisme (qui réalise une perte de la parole sans lésion). La sémiologie varie selon l'aire corticale affectée.

Apraxie

L'apraxie est un signe clinique qui décrit une incapacité à effectuer un mouvement ou une série de mouvements sur consigne. Ce ou ces mouvements sont par ailleurs bien exécutés spontanément. Les apraxies sont des troubles touchant les mouvements élaborés en l’absence de déficit sensoriel et de déficit moteur. Elles sont liées à des atteintes cérébrales.

On les regroupe en deux catégories : les apraxies idéomotrices et idéatoires.

  • L’apraxie idĂ©omotrice est l’incapacitĂ© Ă  rĂ©aliser un geste complexe sur commande. Elles sont dues Ă  des lĂ©sions pariĂ©tales et/ou frontales gauches qui perturbent la production et la comprĂ©hension du geste.
  • L’apraxie idĂ©atoire est l’incapacitĂ© Ă  rĂ©aliser une sĂ©quence motrice complexe dans le bon ordre alors que chaque geste Ă©lĂ©mentaire, pris isolĂ©ment, peut ĂŞtre exĂ©cutĂ© correctement. Cette apraxie est liĂ©e Ă  une dĂ©ficience de la reprĂ©sentation globale, conceptuelle de la tache Ă  accomplir alors que dans l’apraxie idĂ©omotrice, c’est la capacitĂ© de production du geste qui est surtout atteinte.

Agnosie

Les agnosies sont des troubles de la reconnaissance des formes en l’absence d’atteinte visuelle. Elles sont de divers types et les mécanismes mis en jeu sont complexes. On retrouve souvent des lésions des lobes pariétaux. Une agnosie spécifique est la prosopagnosie ou trouble de la reconnaissance des visages. Dans ce trouble, les visages des proches perdent leur familiarité.

Anosognosie : il s'agit de l'incapacité du sujet à se reconnaitre malade. C'est l'un des éléments classique observé dans la schizophrénie.

Notes et références

  1. (en) Susanne Bejerot, Lena Nylander et Eva Lindström, « Autistic traits in obsessive-compulsive disorder », Nordic Journal of Psychiatry, vol. 55, no 3,‎ , p. 169–176 (ISSN 0803-9488 et 1502-4725, DOI 10.1080/08039480152036047, lire en ligne, consulté le ).
  2. Vulser Hélène (2020). Autisme et autres troubles mentaux à l’âge adulte. le bulletin scientifique no 45 de l'arapi.URL=https://site.arapi-autisme.fr/wp-content/uploads/2021/09/Le_BS_45_-valide.pdf#page=13
  3. « Les troubles paraphiliques dans le DSM-5 : analyse critique et considérations médicolégales », Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, vol. 176, no 1,‎ , p. 34–41 (ISSN 0003-4487, DOI 10.1016/j.amp.2017.03.022, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Henri Ey: Manuel de psychiatrie. Ed. Masson; 2010, (ISBN 2294711580)
  • Georges Lanteri Laura : La sĂ©miologie psychiatrique : son Ă©volution et son Ă©tat en 1982, (article princeps) in l'Evolution psychiatrique, oct.-, vol 72, no 4, ISSN 0014-3855
  • Guelfi JD, Ă©d. Psychiatrie. Paris : PUF; 1993. (ISBN 2130456510)
  • Guillevin L, Ă©d. SĂ©miologie mĂ©dicale. Paris : Flammarion MĂ©decines-Sciences; 2004. (ISBN 2257150740)
  • Gear, M.-C. et Liendo, E.-C., SĂ©miologie psychanalytique, Paris: Editions de Minuit, 1975, (ISBN 978-2-7073-0038-6)

Articles connexes

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