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Roméo et Juliette, de la haine à l'amour

Roméo et Juliette, de la haine à l'amour est une comédie musicale française du musicien et auteur-compositeur-interprète français Gérard Presgurvic, créée en 2001 au Palais des congrès de Paris et inspirée de la pièce de William Shakespeare Roméo et Juliette.

Roméo et Juliette
De la haine à l'amour
Image décrite ci-après
Roméo et Juliette à l'affiche du Raimund Theater à Vienne, en 2006.

Livret Gérard Presgurvic
Musique Gérard Presgurvic
Mise en scène Redha
Chorégraphie Redha
Décors Petrika Ionesco (en)
Costumes Dominique Borg
Lumières Antonio de Carvalho
Production Gérard Louvin, GLEM, Universal Music
Première
Palais des congrès de Paris
Dernière
Langue d’origine Français
Pays d’origine France
Airs
  • Aimer - Roméo et Juliette
  • Les Rois du monde - Roméo, Benvolio et Mercutio
  • Vérone - Le Prince
  • On dit dans la rue - Roméo, Benvolio et Mercutio
  • Avoir une fille - Comte Capulet
  • Avoir vingt ans - Roméo, Benvolio et Mercutio (Les enfants de Vérone)

Argument

Acte I

La haine ancestrale existant entre les deux familles les plus puissantes de Vérone, les Montaigu et les Capulet, se transforme le plus souvent en violence entre les deux parties. N’en pouvant plus, le Prince de Vérone décrète, sous peine de mort, l’interdiction absolue de tout combat dans la ville entre les deux factions (Vérone). De leurs côtés, alors que Lady Capulet et Lady Montaigu dénoncent la violence des deux clans (La Haine), Roméo (le fils unique des Montaigu) et Juliette (la fille unique des Capulet) sont à la recherche du véritable amour (Un jour). Chez les Capulet, un bal est organisé afin que Juliette puisse rencontrer le Comte Pâris, qui vient de demander sa main (La Demande en mariage, Tu dois te marier). Pendant ce temps, Roméo et ses deux meilleurs amis, Benvolio et Mercutio, traînent dans les rues de Vérone et chantent à tue-tête leur envie de plaisirs simples (Les Rois du monde, La Reine Mab). Plus tard, Roméo confie qu’il a peur. De quoi ? Il ne le sait pas vraiment (J’ai peur). Alors, dans l’espoir de le distraire, Benvolio et Mercutio le persuadent de les accompagner, déguisés, au bal qui se tient chez les Capulet (Le Bal). Là, dès le premier regard que pose Juliette sur lui, Roméo tombe amoureux d’elle, sans toutefois savoir qui elle est exactement (L’Amour heureux). Tybalt reconnaît Roméo,et en informe les Capulet. C’est alors que Roméo et Juliette apprennent par la Nourrice qui ils sont l’un pour l’autre, à savoir l’enfant de leur pire ennemi (Le Bal 2). Dévasté (il aime secrètement Juliette), Tybalt reconnaît qu’il n’est nourri que de haine et de mépris (C’est pas ma faute). Après le bal, Juliette trouve refuge dans sa chambre et rêve de Roméo (Le Poète), qui finalement vient la courtiser en prenant de grands risques, dans le jardin des Capulet. Ils échangent des vœux d’amour, et décident de se marier le plus rapidement possible (Le Balcon). Sachant que leurs deux familles ne seront jamais d’accord sur cette union, Roméo se rend chez le Frère Laurent, et le prie de les unir. Ce dernier accepte, espérant que ce mariage scellera la réconciliation entre les deux familles (Par amour). Le lendemain, Roméo rejoint ses amis, et dit à la Nourrice, dont tout le monde se moque (Les Beaux, les Laids), que le Frère Laurent est d’accord pour célébrer le mariage l’après-midi même. La Nourrice, qui aime Juliette comme sa propre fille, lui annonce la bonne nouvelle (Et voilà qu’elle aime). Finalement, Roméo et Juliette deviennent mari et femme devant Dieu (Aimer).

Acte II

Le lendemain, Benvolio et Mercutio retrouvent Roméo et l’accusent de les avoir trahis (On dit dans la rue). Dans les rues de Vérone, Tybalt cherche Roméo afin de le tuer (C’est le jour). Cependant, il croise d’abord Mercutio, qui le provoque. Refusant de se faire insulter en public, Tybalt le provoque à son tour en duel (Le Duel). Roméo, arrivant soudainement s’interpose entre les deux hommes, et tente de les calmer. Malheureusement, en plein combat, Tybalt blesse mortellement Mercutio. Guidé par la culpabilité, la vengeance et l’insouciance de la jeunesse, Roméo tue Tybalt (Mort de Mercutio). Les deux familles, plongées dans le deuil, réclament vengeance auprès du Prince (La vengeance). Finalement, il bannit Roméo de Vérone et réfléchit à ce que représente le pouvoir (Le Pouvoir). Dans sa chambre, Juliette apprend les deux mauvaises nouvelles par sa Nourrice. Elle se retrouve partagée entre l’amour pour son cousin et celui qu’elle éprouve pour son époux. De son côté, Roméo se réfugie chez le Frère Laurent. Il estime que le bannissement est pire que la mort (Duo du désespoir). Plus tard, Roméo et Juliette passent leur nuit de noces ensemble puis, au petit matin, Roméo quitte sa bien-aimée pour se rendre à Mantoue (Le Chant de l’alouette). À peine son mari parti, Juliette apprend par ses parents qu’elle épousera le Comte Pâris le lendemain matin (Demain). Malgré tout, elle refuse de se plier à leur volonté. Déçu par l’attitude de Juliette, le Comte Capulet chante néanmoins son amour profond pour sa fille (Avoir une fille). Dans sa chambre, Juliette se demande pourquoi elle doit obligatoirement obéir à ses parents (Pourquoi). Alors qu’à Mantoue, Roméo se languit de Juliette, cette dernière rend visite au Frère Laurent, lequel imagine un plan qui, espère-t-il, apportera une fin heureuse pour les deux amoureux et leurs familles (Sans elle). Juliette fait mine d’accepter le mariage avec Pâris, mais, la nuit précédente, elle boit un poison préparé par le Frère Laurent qui lui donnera l’apparence de la mort (Le Poison). Le lendemain, Juliette est déposée dans le caveau familial, espérant trouver Roméo auprès d’elle à son réveil. Malheureusement, le message du Frère Laurent informant le jeune homme de la tromperie ne lui parvient pas, et il apprend, à la place, la mort de Juliette par Benvolio (Comment lui dire ?). Dévasté, il se rend dans le caveau familial des Capulet, trouve ce qu’il croit être la dépouille de son épouse, et la Mort tue Roméo (La Mort de Roméo). Peu après, Juliette se réveille et ne peut que constater le suicide de son époux. Elle s’empare de la dague de Roméo, et s’en sert pour se poignarder (La Mort de Juliette). Le Frère Laurent fait alors irruption dans le caveau, et découvre les cadavres des deux amoureux. Il ne comprend pas pourquoi Dieu a accepté que l’histoire se termine de cette façon et en vient à douter de sa foi (Je ne sais plus). *

Finalement, en mémoire de l’amour de Roméo Montaigu et de Juliette Capulet, les deux familles, se sentant responsables de la mort de leurs enfants, se réconcilient pour dorénavant vivre en paix (Coupables).

Fiche technique

  • Textes et musique : Gérard Presgurvic
  • Arrangements musicaux : Gérard Presgurvic, Carolin Petit
  • Mise en scène : Redha assisté de Isabelle Millard
  • Chorégraphie : Redha assisté de Cyrille de la Barre et Mylène Riou
  • Costumes : Dominique Borg
  • Coiffures : Laurent Falcon
  • Maquillages : Bernard Pontier
  • Décors : Petrika Ionesco
  • Lumières : Antonio de Carvalho
  • Son : Thierry Rogen, Philippe Parmentier
  • Direction artistique : Daniel Moyne
  • Direction vocale : Richard Cross assisté de Severine Parent, Patricia Jumelle et Cécile Bonardi
  • Production : Gérard Louvin, GLEM, Universal Music

Distribution

Cécilia Cara
Damien Sargue

Note : Les doublures sont indiquées entre parenthèses[1].

Chanteurs et chanteuses

Danseurs et danseuses

Medhi Aït-Arkoub, Antonietta Campolo, Émilie Capel, Anthony Chasset, Fanny Chrétien, Stéphane Fly Corcel, Géraldine Couf, Franck Desplanches, Lionel Desruelles, Tiphanie Doucet, Bérénice Faure, Mickaël Finistère, Franck Folly, Costanza Garrone, Serge Germany, Esther Giacalone, Steeve Guimaraes, Christine Hassid, Guillaume Jauffret, Frédéric Jean-Baptiste, Cyril Journet, Rémy Lailavoix, Stéphanie Lutenbacher, Sara Magistro, Céline Marié, Lilian N'Guyen, Belinda Nusser, Esteban Olives, Sabrina Oukkal, Tommy Pascal, Jérome Piel, Julie Richer, Sabrina Secchi, Candice Thomas, Djeff Tilus, Florent Tortel, Elodie Tuquet-Barbe, Manuel Vignoulle, Thao Vilayvong, Béatrice Warrand

Différences avec la pièce shakespearienne

Contrairement aux dires de Presgurvic, lequel affirme avoir suivi la trame fidèlement[3], la comédie musicale diffère assez de la pièce originale. La première variation réside dans les dialogues : le texte élisabéthain n'est pas utilisé, à l'exception de la version italienne Ama e cambia il mondo.

L'intrigue a également connu de nombreux changements. Ainsi, presque tous les personnages sont au courant du mariage « secret » des deux amoureux, ce qui renforce l'hostilité entre les familles.

Les morts des protagonistes diffèrent selon la production, certaines s'éloignant grandement du final imaginé par le Barde d'Avon.

Le personnage du Comte Montaigu est absent dans quasiment toutes les versions, la mère de Roméo est le plus souvent veuve. Il est néanmoins présent dans les productions anglaise et italienne, son rôle restant cantonné à de la figuration. En conséquence, Lady Montaigu occupe un rôle plus important : elle est une mère protectrice et une cheffe de famille déterminée, soucieuse de préserver son fils comme son clan. Si elle peut sembler sous-estimer les conflits, parlant avec ironie de « bataille », elle prend conscience de la gravité de la situation lors de l'assassinat de Mercutio et Tybalt. Dans la plupart des spectacles, elle apparaît souvent avec une escorte, généralement des danseurs/danseuses. Si elle est parfois en désaccord avec Benvolio, elle peut compter sur son soutien infaillible. Dans la production hongroise, elle est plus active et virulente, s'opposant frontalement avec Lady Capulet. Lors de la chanson finale Bűnösők (Coupables), effondrée, elle s'appuie sur Benvolio pour se rendre auprès de la dépouille de son fils.

Lady Capulet tient un rôle majeur et représente le plus souvent la voix de la raison. Dans les productions hongroise du Budapesti Operettszínház et japonaise de Toho, elle est en revanche la véritable cheffe de famille ; elle s'avère aussi agressive et virulente que son neveu Tybalt, avec lequel elle entretient par ailleurs une relation très ambiguë. Dans ces cas précis, Lady Capulet apparaît comme un personnage sensuel et séducteur, bien au fait de ses charmes - c'est toutefois la perte de son neveu qui signe la chute morale du personnage. Symboliquement, dans la version italienne, ce sont les mères qui se réconcilient sur les dépouilles de leurs enfants.

Le rôle de Tybalt a lui aussi évolué : d'un personnage très violent et belliqueux, uniquement tourné vers l'honneur de sa maison, il s'est vu doté d'une personnalité plus complexe. Ici, il s'agit d'un jeune homme moins manichéen, son comportement étant la résultante d'une enfance bercée par la haine. Il n'est pas incapable d'amour, la trame de Presgurvic lui prêtant une passion non réciproque pour sa cousine Juliette.

De nouveaux personnages tels que La Mort (productions française, belge, néerlandaise, russe, coréenne, taïwanaise, mexicaine et japonaise) ou Le Poète (production française) n'apparaissent que par effet dramatique. La Mort est incarnée par une femme sur la scène française mais par un homme dans les clips de Vérone et des Rois du monde. Son rôle est masculin dans certaines productions, par exemple dans la version japonaise de Toho et l'adaptation russe.

Concurrence et succès

Le spectacle musical sort en même temps que trois autres créations (Da Vinci, Les Ailes de la lumière, Les Mille et Une Vies d'Ali Baba et Les Dix Commandements), après le grand succès de Notre-Dame de Paris l'année précédente[4].

En , les chiffres de vente d'albums atteignent 500 000 exemplaires, les autres comédies musicales de l'époque Les Mille et Une Vies d'Ali Baba et Les Dix Commandements affichent respectivement 200 000 et 700 000 albums vendus[5]. Le show a rassemblé en France près de 2 millions de spectateurs. Selon Gérard Presgurvic « au total, près de 5 millions de personnes ont vu le spectacle dans le monde »[6].

Réception

Si le public réserve un triomphe au spectacle, les retours spécialisés sont plus mitigés. La grandiloquence de la musique, la pauvreté des paroles et le casting inégal constituent les principales critiques.

Pour Jean-François Brieu, Cécilia Cara campe « une remarquable Juliette » et Damien Sargue est parfaitement à l'aise dans son rôle, pourvu d'un « visage si romantique qu'il ne pouvait qu'éclater dans une histoire tragique ». A son sens, Roméo et Juliette répond à un besoin très actuel : « entre l'amour et la mort, la jeunesse romantique du XXIe siècle prouve qu'elle ressemble comme deux gouttes d'eau à celle de la guerre, à celle de Saint-Germain-des-Prés, à celle de Mai 68 : elle redoute d'aimer trop, elle souffre d'aimer mal ». Pour l'auteur, le spectacle traduit aussi la scission entre la presse et les spectateurs. Il provoque un « engouement incontestable du show-biz » et un « scepticisme plus ou moins général de la presse », ce qui n'entache en rien son éclat auprès du public : « c'est un succès qui se moque des critiques »[7].

François Brunet, docteur ès lettres, est beaucoup plus intransigeant envers le spectacle et les libertés prises vis-à-vis de la pièce shakespearienne. A son sens, l'évolution entourant Tybalt n'est pas un choix pertinent : « Tout comme chez Bellini (créateur de l'opéra I Capuleti e i Montecchi), [il] est amoureux de Juliette, ce qui rend l'intrigue banale ». Il loue cependant « les décors avec de beaux effets de changements à vue, et les éclairages, à la fois brutaux et sophistiqués, selon la tradition des concerts de rock ». Il sauve aussi la prestation de Grégori Baquet, seule exception d'un casting qui ne sait « ni jouer, ni parler, ni même se tenir sur scène »[8].

Journaliste et collaborateur de l'AICOM, Alexandre Raveleau s'interroge sur le certain élitisme de la presse et souligne une fois encore la scission entre les chroniqueurs et le public : « La critique n'a été tendre ni avec Les Dix Commandements, ni avec Roméo et Juliette. Appartiennent-ils vraiment au genre de la comédie musicale ? Sont-ce des shows formatés pour vendre du disque, voire carrément des concerts ? A regarder les groupies s'amassant devant la scène et applaudissant à la moindre apparition des artistes-vedettes, le doute s'installait chez les puristes. Certains ont préféré parler de spectacle musical, comme pour mettre de côté la veine la plus populaire du nouveau musical à la française »[9].

Calendrier des représentations

Adaptations

Depuis la première représentation qui s'est tenue à Paris le , la comédie musicale a été adaptée et traduite dans plusieurs pays[10] :

  • Roméo et Juliette, de la haine à l'amour - version franco-québécoise
  • Romeo en Julia, van Haat tot Liefde - version belge et néerlandaise
  • Romeo and Juliet, the Musical – version anglaise
  • Rómeó és Júlia – version hongroise
  • Romeo si Julieta – version roumaine
  • Róméó & Julieta – version bilingue hongro-roumaine
  • Roméo et Juliette, мюзикл – version mongole
  • Romeo & Juliet – version israélienne
  • Ромео и Джульетта: от ненависти к любви (Romeo i Djoul’etta: ot nenavisti k lioubvi) – version russe
  • Romeo und Julia: das Musical – version autrichienne
  • Roméo et Juliette, les enfants de Vérone – version sud-coréenne
  • Romeo y Julieta, el musical – version mexicaine
  • Romeo e Giulietta, ama e cambia il mondo – version italienne
  • Rómeo a Júlia muzikál – version slovaque

De nouvelles adaptations seraient en projet pour la Pologne, l'Espagne, Singapour, l'Australie, la République populaire de Chine...

Costumes

Les costumes varient régulièrement d'une production à l'autre, chaque pays ayant insufflé une note particulière à son esthétisme.

  • Version française : Les costumes sont inspirés du XVIe siècle avec une touche de XXe siècle. Ils sont en grande partie faits en similicuir. Les costumes des Montaigu sont dans les tons bleus, ceux des Capulet sont dans les tons rouges, les costumes des dignitaires de Vérone sont marrons, comme celui porté par le Frère Laurent. Le Prince de Vérone arbore du gris et du noir, Pâris opte pour le doré.
  • Version franco-québécoise : Les costumes reprennent les codes de la version française, excepté celui de Juliette qui propose une variation dans les tons blancs et argentés.
  • Versions belge et néerlandaise : La plupart des costumes reprennent les designs français. Ceux de Lady Montaigu, du frère Laurent, de la Nourrice et de Mercutio présentent cependant des variations. Juliette porte des robes de bal et de mariage plus épurées.
  • Version anglaise : Les costumes de la production anglaise proposent un nouveau parti-pris. Ils sont un mélange de différents styles : renaissance, victorien, élisabéthain et fin du XXe siècle. Les costumes des Capulet sont bleu foncé et blancs, tandis que ceux des Montaigu sont rouge foncé et noirs. Juliette porte essentiellement du blanc.
  • Version hongroise : Rita Velich, récompensée par le prestigieux Prix Mari-Jászai, insuffle une dimension plus provocante à la comédie musicale. Ses costumes mélangent les époques et les genres, futuristes pour certains (Benvolio), médiévaux excentriques pour d'autres (le Prince, Tybalt), bohèmes (Roméo) ou rock dans certains cas (Mercutio). La tenue de la nourrice évoque le style de la Belle Epoque. Ils contribuent à renforcer la nature hors du temps du spectacle - un choix déjà souligné par l'esthétique post-apocalyptique et gothique des décors. A l'exception de quelques scènes, les codes couleurs ne sont plus présents. Certains passages viennent contrebalancer cette décision. Lady Capulet et Lady Montaigu portent les teintes attribuées par la comédie musicale française, notamment dans Gyűlölet (La haine), où la première arbore une robe grenat à sequins et la seconde une combinaison bleue violacée à bustier. Lors du bal, Juliette apparaît dans une robe corset en satin rouge, Roméo dans une chemise bleue, foulard léger assorti et pantalon de cuir noir. Le couple arbore cependant des tenues dans les teintes blanches et beiges durant le premier acte ; leurs vêtements vont devenir de plus en plus sombres dans le second acte. Dès la mort de Tybalt, Roméo portera ainsi une tenue intégralement noire avec un ample manteau camel, Juliette dissimulera ses toilettes immaculées sous une veste en cuir sombre (peut-être celle de son amant). Tout comme celle du bal, la robe de mariée choisie par Juliette est beaucoup plus osée que celle des précédentes productions : de coupe empire (cintrée sous la poitrine), elle est très décolletée, avec des manches amples en dentelle délicate et un fin ruban noué en guise de ceinture. Pour se présenter discrètement à la chapelle, elle se dissimule sous un lourd chaperon en velours noir, bordé de bleu, rappelant le foulard de Roméo. Ce dernier porte lui aussi un ensemble blanc (une chemise échancrée pourvue d'un col en V et pantalon assorti), caché par un capuchon noir similaire à celui de son amante. Suivant la trame shakespearienne, Juliette porte sa robe de mariée lorsqu'elle est déposée dans la crypte familiale : elle se suicide donc dans cette tenue.
  • Version russe : De nombreux costumes sont un mélange des productions française et belge. D'autres sont des créations originales, comme celui de La Mort.
  • Version autrichienne : la costumière Dominique Borg opte pour une direction plus futuriste. Les costumes de cette production sont plus dénudés, rappelant la nature charnelle de la pièce, mais conservent malgré tout une note médiévale.
  • Version coréenne[12] : Laurent Dejardin livre des costumes dans un esprit haute couture, contemporains, à la fois urbains et baroques. Il mise sur l'anachronisme pour empêcher toute identification claire d'époque ou de lieu. Le code couleur est globalement le même que dans la version française d'origine : rouge agrémenté de touches d’or et de noir pour les Capulet ( « ligne militaire, structurée, austère »), bleu réhaussé d'argent pour les Montaigu (ligne « bohème, tzigane, dénudée, floue, aérienne »). Un soin tout particulier est apporté au style de Mercutio, personnage plus volubile et instable que dans la production initiale. La lignée de Mercutio est cette fois la même que dans la pièce shakespearienne : il est le neveu du Prince, en conséquence, il ne peut se permettre de brandir ouvertement la couleur des Montaigu. Il porte donc du violet, obtenu par le mélange du pourpre et du bleu. Son tempérament emporté se traduit par « la pointe du col de son manteau, un peu agressive ». Le violet est également la couleur de la robe portée par Juliette lors de son mariage : elle arbore une tenue qui mêle les couleurs de sa famille à celles de son époux.
Luca Giacomelli Ferrarini en costume de Mercutio pour la production italienne.
  • Version italienne : les costumes sont signés par le français Frédéric Olivier, célèbre couturier ayant œuvré pour divers comédies musicales et opéras. Pour son travail sur Ama e cambia il mondo, il a remporté le prix des meilleurs costumes aux Oscar Italiani del Musical[13]. Il opte ici pour un croisement entre la Renaissance et une esthétique haute couture, reprenant le code couleur habituels des deux maisons. La jeunesse véronaise porte pour l'essentiel des pourpoints stylisés largement ouverts et des pantalons modernes. Les figures adultes ou d'autorité arborent des vêtements plus imposants, plus lourds. Les jeunes protagonistes semblent en avance sur leur temps, là où leur famille respective reste engoncée par le passé. Entre ces deux extrêmes, le Prince possède l'une des tenues les plus spectaculaires et avant-gardistes : sous un opulent manteau bronze et or, il apparaît torse nu, la gorge prise dans une large fraise, la taille ceinte d'une immense ceinture soulignant sa stature. Le vêtement semble contraignant mais est contrebalancé par son buste dénudé, révélant la dualité de son personnage : à la fois autoritaire, fortuné et imposant, il est aussi un homme de chair et de sang, sensible à la luxure et obsédé par sa descendance - ces facettes sont soulignées par la chanson Il potere / Le pouvoir. La veste en jean de Roméo, dont le dos est orné d'une représentation christique, semble être inspirée par la chemise de Leonardo DiCaprio dans Roméo + Juliette. Juliette ne porte jamais de vêtements rouges ou bleus mais une gamme de tenues allant du rose pâle au crème en passant par le blanc immaculé - l'innocence de son caractère et sa volonté d'échapper aux conflits se traduit donc par son apparence. Elle ne se soucie guère des tensions entre Capulet et Montaigu, se soustrait à l'autorité familiale et ne doit allégeance qu'à elle-même ou son amour. Hormis sa toilette de bal (dont elle usera également pour son mariage), elle mise essentiellement sur des robes épurées et légères, dont une nuisette en tulle translucide pour sa nuit de noces. Lors du bal, les costumes évoquent un carnaval bariolé, très contemporain, dans l'esprit des festivités brésiliennes. Les tenues sont multicolores, les danseurs sont tous affublés de masques d'animaux : Pâris (danseur classique dans cette version) arbore par exemple une tête de cheval. Pour le jeune Comte, les couleurs prédominantes sont le vert et le doré, rappelant sa fortune et son rang.
  • Versions japonaises : la première version signée Toho opte pour des costumes alliant la fin du XIXe siècle (redingote, robe imposante) et la scène rock (pantalon rouge, vêtements à motif floral, léopard ou crocodile). Roméo et Juliette portent essentiellement du blanc, couleur de deuil dans la culture nippone, comme annonciatrice des malheurs à venir. La seconde production Toho joue encore davantage sur les anachronismes. Les jeunes Capulet ont un style rock, avec de nombreux jeux sur les fermetures éclairs et de matière, beaucoup de cuir, le tout dans une dominance de rouge et de noir. Les jeunes Montaigu ont un look grunge/punk avec des rangers, vestes bariolées ou en jean, dreadlocks, le tout dans une dominance bleue/blanche. A noter que pour se fondre parmi les invités lors du bal, Benvolio, Mercutio et Roméo optent pour le style des Capulet et leur code couleur. Les tenues de Juliette évoquent le style de la fin des 60's et du début des 70's. Cela l'oriente davantage vers l'univers de Grease avec une veste Letterman, des Converse ou des escarpins à petits talons et des robes de coupe pin-up à jupon. Sa robe de bal l'associe au mouvement Lolita. Pâris a un look exagérément précieux, inspiré du dandysme, rappelant la nature superficielle et vaniteuse du personnage. Lady Capulet et Lady Montaigu ont une garde robe proche des années 40 : la jupe est droite, la veste croisée et bordée de fourrure. La Mort arbore un costume strict, sombre et sans fioriture, avec un fédora qui dissimule en grande partie son visage.

Les morts de Roméo et Juliette

  • Version française : Dans la production française, Roméo chante Mort de Roméo, avant que la danseuse incarnant La Mort ne le tue d'un baiser. Quand Juliette se réveille et découvre son cadavre, elle entonne La mort de Juliette puis se poignarde avec la dague de Roméo, donnée par La Mort.
  • Version franco-québécoise : Après avoir chanté Mort de Roméo, ce dernier boit du poison et s'effondre à côté de Juliette. Cette dernière se réveille et le trouve mort. Elle chante La mort de Juliette, la tête de Roméo sur ses genoux, puis met fin à ses jours avec la dague de Roméo.
  • Version anglaise : Roméo et Juliette se tuent tous les deux avec la dague du jeune homme.
  • Version hongroise : La production du Budapesti Operettszínház comprend sans doute le dénouement le plus violent et le plus graphique. Après avoir tué Paris, Roméo, hagard et désespéré, enlace son épouse en chantant Úgy fáj (reprise de Miért fáj?, version hongroise de J'ai peur). Il attache Juliette à lui au moyen de sa ceinture, puis se pend à la potence. Elle se réveille suspendue à son amant, dans le vide, et hurle sa souffrance. Elle chante alors Júlia halála (La mort de Juliette) en s'ouvrant les veines avec le poignard de Roméo. Le couple maudit est détaché par Frère Laurent[14].
  • Version russe : La Mort, incarnée par un homme, n'embrasse pas Roméo mais aspire tout son fluide vital. Juliette se tue avec la dague de Roméo.
  • Versions autrichienne, coréenne et italienne[15] : Roméo boit une fiole de poison. Juliette se réveille juste au moment où Roméo meurt, tout comme dans la mise en scène de Baz Luhrmann. Elle s'éventre avec la dague de Roméo et expire contre lui.
  • Version japonaise (Toho) : Après avoir chanté Mort de Roméo, ce dernier boit du poison. Son agonie est douloureuse mais il parvient à sourire en contemplant sa bien-aimée. Après lui avoir effleuré le bras une dernière fois, il s'effondre aux côtés de Juliette. A son réveil, la jeune fille comprend que son amant s'est suicidé. Elle chante La mort de Juliette en se blottissant contre lui puis se poignarde avec la dague de Roméo. Elle expire à proximité de son mari, entrelaçant leurs mains dans un ultime effort. Durant ces deux chansons, l'ombre de la Mort apparaît dans le décor. Elle surplombe le couple maudit et observe les amants mettre fin à leurs jours[16].

Les productions

De la haine à l'amour

Les Enfants de Vérone

En 2010, du au le spectacle revient sur scène pour une nouvelle série de représentations au Palais des Congrès de Paris. Cette nouvelle version s'intitule : Roméo et Juliette, les enfants de Vérone.

Presgurvic voit dans Les enfants de Vérone « l’alchimie de la création originale et l’expérience des diverses versions à travers le monde ». Deux comédiens sont de retour dans leurs rôles originaux : « Damien Sargue, irremplaçable Roméo, et Tom Ross, Tybalt inspiré »[26].

Si Damien Sargue est de retour, Cécilia Cara ne fait plus partie du casting. Le personnage féminin phare est dévolu à Joy Esther, découverte dans la comédie musicale Belles belles belles en 2003. Esther est plus âgée que ne l'était Cara, Presgurvic voulant une Juliette « plus femme pour dramatiser l'histoire »[6].

Joy Esther, la nouvelle Juliette.
Distribution
  • Roméo : Damien Sargue (Regis Olivier) (Jules Grison)
  • Juliette : Joy Esther (Anaïs Delva) (Stéphanie Grison-Impoco)
  • Benvolio : Cyril Niccolaï (Regis Olivier)
  • Mercutio : John Eyzen (Fabien Incardona)
  • Tybalt : Tom Ross (Fabien Incardona)
  • Lady Montaigu : Brigitte Venditti (Marie Klaus)
  • Lady Capulet : Stéphanie Rodrigue (Marie Klaus)
  • La Nourrice : Ida Gordon (Gwladys Fraioli)
  • Comte Capulet : Arié Itah (Alain Cordier)
  • Comte Montaigu : n'apparaît pas dans cette production
  • Frère Laurent : Frederic Charter (Alain Cordier)
  • Le Prince de Vérone : Stéphane Métro (Alain Cordier)
  • Pâris : un danseur dans cette production, il ne chante pas, Alexandre Galopin.
  • Le Poète : (Fabien Incardona)
  • La Mort : Aurélie Badol
  • Danseurs :
    • Capulet : Camille Brulais, Elise Laconi, Aurélie Giboire, Ksenia Dykina, Rachel Duray, Sabrina Haroun, David Lerat, Sachaa Malafeev, Alexandre Galopin, Laurent Leroux-Morio, Dima Loktov, Max Carpentier.
    • Montaigu : Peggy Didon, Jenny Sepiere, Noellie Bordelet, Emilie Sudre, Zalina Dzutseva, Svetlana Isaeva, Mika Fau, Michael Biasi, Nicolas Nivert, Deddi N'sallu, Manu Macau, Stéphane Lavallée
Chansons du spectacle
Acte 1 Acte 2
Ouverture (Gérard & Laura Presgurvic) Le Pouvoir (Le Prince de Vérone)
Vérone (le Prince de Vérone) On dit dans la rue (Roméo, Mercutio et Benvolio)
La Haine (Lady Capulet et Lady Montaigu) C'est le jour (Tybalt)
A la vie, à la mort (Benvolio et Mercutio) La Folie (Mercutio)
La Demande en mariage (Le Comte Capulet Tybalt et les Chœurs) Le Duel (Mercutio, Tybalt, et Roméo)
Tybalt (Tybalt) Mort de Mercutio (Mercutio et Roméo)
Tu dois te marier (Lady Capulet) La Vengeance (Comte Capulet, Lady Montaigu, le Prince de Vérone et Roméo)
Un jour (Roméo et Juliette) Duo du désespoir (La Nourrice et Frère Laurent)
Les Rois du monde (Roméo, Benvolio et Mercutio) Le Chant de l'alouette (Roméo et Juliette)
La Reine Mab (Je Rêve) (Mercutio) Demain (Comte Capulet, Lady Capulet, Juliette et La Nourrice)
J'ai peur (Roméo) Avoir une fille (Comte Capulet)
Le Bal (instrumental) On prie (Roméo & Juliette)
L'Amour heureux (Roméo et Juliette) Le Poison (Juliette)
C'est pas ma faute (Tybalt) Sans elle (Roméo)
Les Poupées (instrumental) Vérone 2 (Le Prince)
Le Balcon (Roméo et Juliette) Comment lui dire (Benvolio)
Le Poète (Le Poète et Juliette) Mort de Roméo (Roméo)
Par amour (Frère Laurent, Roméo et Juliette) La Mort de Juliette (Juliette)
Les Beaux, les Laids (La Nourrice, Benvolio et Mercutio) J'sais plus (Frère Laurent, La Nurse, Lady Montaigu, Lady Capulet & la troupe)
Et voilà qu'elle aime (La Nourrice) Coupables (final) (Lady Montaigu, Lady Capulet, La Nourrice et tous)
Aimer (Roméo et Juliette) Avoir 20 ans (Rappel, Mercutio, Roméo, Benvolio & la troupe)

Récompense

Notes et références

  1. Roméo et Juliette, de la haine à l'amour
  2. À noter que Redha a interprété lui-même une fois le rôle de La Mort.
  3. Livret présent dans le DVD de la captation de Roméo et Juliette
  4. Bruno Masi, « Une comédie musicale sur deux cale », Libération, (lire en ligne)
  5. Frédéric Garat, « L'Ali Babazar des comédies musicales », Radio France International, (lire en ligne)
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