1973 est la première année du Championnat Mondial des Rallyes pour Marques, qui a succédé au 'Championnat d'Europe des Rallyes pour Marques', disputé de 1968 à 1972. Constitué de treize épreuves internationales, il est réservé aux voitures des catégories suivantes :
Groupe 1 : voitures de tourisme de série
Groupe 2 : voitures de tourisme spéciales
Groupe 3 : voitures de grand tourisme de série
Groupe 4 : voitures de grand tourisme spéciales
Cette première édition du championnat se dispute entre les constructeurs Alpine-Renault et Fiat, qui ont prévu de participer à la majorité des épreuves. Avec quatre victoires (Monte-Carlo, Portugal, Maroc et Acropole), Alpine domine le classement, son adversaire n'ayant remporté qu'une manche en Pologne.
L'épreuve
La Saab 96, cinq fois victorieuse de l'épreuve entre 1960 et 1972.
Créé en 1951 sous le nom de « Jyväkylän Suurajot », le rallye des 1000 lacs est un sprint disputé sur les chemins forestiers finlandais[2]. Les routes larges et le faible nombre de virages serrés autorisent des vitesses moyennes très élevées. Les nombreuses bosses, abordées à haute vitesse, sont une des caractéristiques de l'épreuve, les voitures décollant des quatre roues. Gagner aux 1000 lacs nécessite une parfaite connaissance du terrain et la victoire revient la plupart du temps aux pilotes locaux, qui se sont imposés dix-neuf fois en vingt-deux éditions. Vainqueur en 1971 au volant d'une Saab, le Suédois Stig Blomqvist est l'un des rares pilotes capables de battre les Finlandais sur leur terrain.
Le parcours
Le départ et l'arrivée de chaque étape ont lieu à Jyväskylä.
Le constructeur italien a engagé un spider 124 rallye groupe 4 (1750 cm3, 168 ch, 960 kg[4]) pour l'équipage Achim Warmbold - Jean Todt, récent vainqueur en Pologne. Malgré l'inexpérience de Warmbold en Finlande, Fiat espère profiter de l'absence d'Alpine pour réduire son retard au championnat du monde.
Ford
La défaite au Safari a sérieusement affecté le département rallye de Ford, quelque peu mis en veille[5]. Le constructeur a néanmoins engagé une Escort RS groupe 2 (2000 cm3, près de 240 ch, environ 800 kg[4] pour le Finlandais Timo Mäkinen, triple vainqueur de l'épreuve en 1965, 1966 et 1967 et qui figure toujours parmi les favoris.
Porsche
Le programme rallye du constructeur allemand ne comportait qu'une participation au Safari. Néanmoins, grâce à l'importateur local, une Carrera RS a été engagée pour l'éclectique pilote finlandais Leo Kinnunen (il s'agit de la voiture pilotée par Björn Waldegård au Kenya). Techniquement très proche du modèle de série, la Carrera est équipée d'un six cylindres de 2 700 cm3, développant 210 ch.
Saab
Les Saab 96 groupe 2 sont particulièrement adaptées aux pistes finlandaises. Elles disposent d'un moteur Ford V4 de 145 chevaux.
Le constructeur suédois ne consacre pas un budget très important au rallye, et limite ses participations à quatre épreuves par an : Suède, 1000 lacs, Autriche et RAC. Victorieux à six reprises en Finlande, Saab engage cette année trois 96 V4 groupe 2 (moteur Ford 1850 cm3, 145 ch, 975 kg[6]) pour Simo Lampinen (vainqueur l'année précédente sur cette voiture), Stig Blomqvist (vainqueur en 1971) et Per Eklund. De nombreuses Saab 96 privées participent également à la course, dont celle du Finlandais Tapio Rainio.
Volvo
Volvo-Finlande a engagé deux modèles 142 groupe 2 pour les Finlandais Hannu Mikkola (triple vainqueur de l'épreuve en 1968, 1969 et 1970) et Markku Alén, âgé de 22 ans, qui s'est récemment illustré dans les épreuves nordiques.
Datsun
Le constructeur japonais a engagé un coupé 240Z groupe 4 (1200 kg, 2400 cm3, 230 ch[4]) pour Shekhar Mehta, récent vainqueur du Safari.
Opel
Les robustes voitures allemandes sont très prisées par les pilotes nordiques : avec vingt-et-une Ascona, deux Kadett et une Commodore, Opel est le constructeur le plus représenté sur cette épreuve. Parmi les meilleurs pilotes de la marque, Pentti Airikkala dispose d'une Kadett Rallye groupe 2, Antti Ojanen d'une Ascona groupe 2 et le Suédois Lars Carlsson d'une Commodore groupe 2.
BMW
Tout comme au Portugal, le Suédois Leif Asterhag dispose d'une BMW 2002 groupe 2 (2000 cm3, 185 ch, 950 kg).
Les 120 équipages prennent le départ de Jyväskylä le vendredi , à partir de 18 heures, sous une pluie battante[3]. Les premières épreuves spéciales, assez courtes, ne génèrent pas d'écarts significatifs. Leo Kinnunen (Porsche) prend momentanément la tête de la course, mais se fait rapidement déborder par la Saab de Stig Blomqvist. Le Suédois imprime un rythme très rapide à la course, que seuls Timo Mäkinen (Ford Escort) et l'étonnant Markku Alén (Volvo) parviennent à suivre. Parmi les favoris, le triple vainqueur Hannu Mikkola est rapidement écarté de la course en tête, sa Volvo ayant des problèmes de moteur et de freins. Vers minuit, la pluie cesse et fait place au brouillard. Chez Porsche, on n'a pas jugé utile de remplacer les vitres teintées utilisées au safari[7] et, dans ces conditions, Kinnunen va perdre un temps considérable, concédant cinq minutes aux équipages de tête au cours de la nuit. La visibilité revient avec l'aube, et Kinnunen va alors retrouver le rythme des meilleurs, mais il a perdu toute chance de victoire. À la fin de l'étape, Blomqvist est toujours en tête, avec une vingtaine de secondes d'avance sur Mäkinen et Alen. Simo Lampinen (Saab), longtemps quatrième, a effectué une sortie de route à la réception d'une bosse dans la dix-neuvième épreuve spéciale, perdant plus de trois minutes. La Saab de Vilkas, qui vient d'abandonner, va lui procurer quelques pièces de rechange et lui permettre de continuer sa course[8]. Malgré ses ennuis de moteur, Mikkola termine l'étape en quatrième position, mais à plus de deux minutes et demie de la Saab de tête. Au terme de cette première journée, quarante équipages ont dû abandonner.
Les 80 équipages restant en course prennent le départ de la seconde étape sous la pluie. Ces conditions conviennent bien à la Saab de Stig Blomqvist, qui augmente progressivement son avance sur la Ford Escort de Timo Mäkinen. Markku Alén maintient sa Volvo en troisième position, mais cède du terrain sur les deux hommes de tête. Après la longue spéciale de Riistakoski, remportée par Leo Kinnunen qui effectue une spectaculaire remontée au volant de sa Porsche, Blomqvist compte une minute d'avance sur Mäkinen et deux sur Alen. Dès lors, il se contente de gérer cet écart et s'achemine vers une seconde victoire en Finlande, mais dans le trente-cinquième secteur chronométré le vilebrequin de la Saab de tête cède, mettant un terme à la démonstration du pilote suédois. Mäkinen prend la tête ; avec deux minutes et demie d'avance sur Alen, il a course gagnée et ne prend plus aucun risque. C'est Kinnunen qui se montre le plus rapide sur la fin de l'épreuve, remportant les dix dernières épreuves spéciales pour s'emparer de la troisième place au détriment de Simo Lampinen (Saab). Mäkinen remporte sa quatrième victoire en Finlande, devant Alen (la révélation du rallye), Kinnunen et Lampinen. Dans la dernière spéciale du jour, Hannu Mikkola, alors cinquième, effectue une réception brutale après avoir décollé sur une des nombreuses bosses. Le choc est si violent que son copilote, Erkki Rautanen, se casse une vertèbre. Il est transporté d'urgence à l'hôpital. Mikkola termine l'épreuve seul, mais est déclaré hors-course. Une fois encore, les pilotes nordiques ont totalement dominé le rallye : les sept premières places sont détenues par sept pilotes finlandais. Huitième à l'occasion de sa première participation aux 1000 lacs, Achim Warmbold (Fiat) est le premier étranger classé, à l'issue d'une course très régulière.
Classements intermédiaires
Classements intermédiaires des pilotes après chaque épreuve spéciale[3].
attribution des points : 20, 15, 12, 10, 8, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux dix premières marques de chaque épreuve (sans cumul, seule la voiture la mieux classée de chaque constructeur marque des points)
seuls les huit meilleurs résultats (sur treize épreuves) sont retenus pour le décompte final des points[9].
Malgré l'absence d'Alpine en Finlande, Fiat n'a réduit que de trois points l'écart avec son adversaire