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Radio Canut

Radio Canut est une radio associative à caractère régional, diffusant ses programmes à Lyon et dans son agglomération, sur la fréquence 102.2 FM. Radio historique du quartier des pentes de la Croix-Rousse, elle a pour slogan « Radio Canut, la plus rebelle des radios ! ». Elle est installée au 24 de la rue du Sergent-Blandan, dans le 1er arrondissement de Lyon. Radio Canut est une association régie par la loi du 1er juillet 1901 et dont les statuts ont été déclarés à la préfecture du Rhône le . Elle tient son nom des canuts, ouvriers de la soie lyonnais.

Radio Canut
Description de l'image Logo Radio Canut.png.
Présentation
Pays Drapeau de la France France
Siège social 69001 Lyon
Slogan Radio Canut, la plus rebelle des radios !
Langue Français
Statut Radio associative
Site web www.radiocanut.org
Historique
Création
Diffusion hertzienne
GO Non
AM Non
FM Oui
RDS __CANUT_
DAB+ Non
Satellite Non
Diffusion câble et Internet
Câble Non
ADSL Non
Streaming Oui
Podcasting Oui

Historique

Ă€ l'origine radio pirate et illĂ©gale, elle est crĂ©Ă©e en 1977 dans une optique politique pour lutter contre le monopole des mĂ©dias traditionnels sur la diffusion radiophonique, elle s'inscrit alors dans le mouvement de crĂ©ation de radios libres dont elle reste la seule survivante sur Lyon. Les Lyonnais connaissent alors Radio Canut sous le nom d'antenne de Radio-Guignol. Ă€ cette Ă©poque, cet illĂ©galisme militant se traduit par des poursuites et des saisies, qui augmentent au cours des six derniers mois de 1978 (sans ĂŞtre pour autant systĂ©matiques). En novembre 1978, deux radios lyonnaises, Radio Joufflu et Radio Canut-Radio Guignol reçoivent la visite d'inspecteurs de la police judiciaire et de fonctionnaires de la DST Le matĂ©riel est saisi et les animateurs inculpĂ©s[1]. Durant cette arrestation du , outre la saisie d'un magnĂ©tophone, d'un Ă©metteur et d'une antenne, trois personnes sont interpellĂ©es, dont Victor Fremaux, de Radio Canut, ingĂ©nieur Ă  EDF.

Victor Fremaux et Jean-Baptiste Blanchemain (animateur de Radio-Joufflu) sont alors inculpés en fonction de la loi du concernant les infractions au monopole d'État de la radiodiffusion. Ces saisies et ces inculpations font suite aux plaintes déposées par la société TéléDiffusion de France[2].

La première rĂ©union europĂ©enne des radios libres qui se tient les 29 et Ă  Longwy et Ă  laquelle participent soixante-deux radios (dont des radios belges, italiennes, espagnoles, anglaises, suisses), Ă  l'appel de Radio SOS Emploi, la radio de la CFDT Ă  Longwy, propose la prĂ©paration de plusieurs JournĂ©es nationales dont l'une Ă  l'occasion du procès de Radio Canut, le [3]. Les deux responsables de radios libres de la rĂ©gion lyonnaise sont condamnĂ©s par la cinquième chambre du tribunal correctionnel de Lyon l'un et l'autre Ă  1 500 francs d'amende et Ă  la confiscation du matĂ©riel de diffusion, en application de la loi sur le monopole de la radiodiffusion. Ces condamnations se font dans un contexte gĂ©nĂ©ral de poursuites d'animateurs de radios libres qui sont aussi parfois des syndicalistes : par exemple cinq syndicalistes CGT de Rennes sont inculpĂ©s pour diffusion illĂ©gale d'Ă©missions de radio (parmi eux figurent Yannick FrĂ©nin et Michel Gallerand, respectivement secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'union dĂ©partementale CGT d'Ille-et-Vilaine et secrĂ©taire de l'union de Rennes). Ă€ la mi-novembre 1979, la CGT avait diffusĂ© des Ă©missions clandestines, Ă  l'occasion de la campagne nationale pour les Ă©lections prud'homales. Quatre des animateurs d'une radio libre de Besançon, Radio 25, Benoit Roche, vingt-quatre ans, Ă©ducateur, Jean-Paul Marthey, trente ans, manutentionnaire, Ghislaine Seguin, vingt-trois ans, Ă©ducatrice, et GĂ©rard Pomez, vingt-six ans, agent de service, sont aussi condamnĂ©s le , par le tribunal de grande instance de Besançon, Ă  5 000 F d'amende avec sursis. TĂ©lĂ©Diffusion de France, partie civile, obtient 1 F de dommages-intĂ©rĂŞts[4]. Ă€ Auby (Nord), le matĂ©riel de Radio-Quinquin, la station libre de la CGT est saisi le , Radio-Quinquin recommence Ă  Ă©mettre dès le vendredi Ă  18 heures. Mais ces Ă©missions, qui ont une portĂ©e d'une vingtaine de kilomètres, sont nĂ©anmoins brouillĂ©es. Lorraine-CĹ“ur d'acier Ă  Nancy et Radio-Paris-80, dont le matĂ©riel a Ă©tĂ© Ă©galement saisi ont aussi repris leurs Ă©missions malgrĂ© le brouillage[5].

Dans ce contexte, trois radios libres lyonnaises, Radio Canut, Radio-LĂ©zard et Radio-Pipelette se regroupent pour lancer une radio libre permanente (la première Ă©mission a lieu le lundi Ă  19 heures). Radio Canut est la doyenne de ces trois radios libres. Les deux autres sont plus jeunes, Radio-LĂ©zard, crĂ©Ă©e aux assises de l'Ă©cologie, et Radio-Pipelette, qui est d'abord une radio fĂ©minine, dĂ©cident de s'associer et de sortir de la clandestinitĂ© en ce mois de juin 1980. Leur première Ă©mission commune a Ă©tĂ© diffusĂ©e le lundi soir en modulation de frĂ©quence (92 MHz) depuis le CEP (Collectif d'expression populaire). L'objectif de cette association (il ne s'agit pas d'une fusion) est de « ne plus ĂŞtre seulement reconnue mais aussi d'ĂŞtre entendue ». Chacune des trois radios libres conserve son autonomie et continue Ă  fonctionner dans les quartiers ou les banlieues. Mais la rĂ©union des trois doit permettre, selon ses animateurs, « la crĂ©ation d'une vĂ©ritable radio d'agglomĂ©ration », sans censure ni autocensure et en se gardant de l'institutionnel. Pas de publicitĂ© sur les ondes des radios lyonnaises rĂ©unies, qui n'ont pas encore choisi de nom, mais dont les ressources proviendront essentiellement de l'organisation de concerts et de fĂŞtes. « Par ces temps de rĂ©pression », expliquent les responsables, « nous voulons faire une radio au grand jour avec un maximum d'Ă©missions en direct. La question est de savoir si on va nous laisser agir »[6].

Radio LĂ©on, le collectif de ces radios libres lyonnaises (Radio Canut, Radio-Pipelette, Radio-LĂ©zard), dont les Ă©missions seront interrompues en par la police), Ă©met Ă  nouveau Ă  partir du . Les Ă©missions, qui sont publiques, ont lieu de 19 heures Ă  22 heures, les lundi, mardi, mercredi, sur 100 MHz, Ă  partir du Centre d'expression populaire, 44, rue Saint-Georges, Ă  Lyon[7].

Le contexte va par la suite changer. Les élections présidentielles de 1981 et l'arrivée de la gauche au pouvoir précèdent un développement des radios libres, souvent apolitiques, qui cachent mal leurs appétits commerciaux, voire électoraux. Le temps des pionniers des années 1977-1980 (Radio Canut, Radio Léon) semble déjà loin au printemps 1982[8].

Deux courants divergent au sein de Radio Léon : l’un est axé vers la professionnalisation, le salariat et le financement publicitaire ; l’autre entend défendre le bénévolat associatif et anti-commercial. Entre ces deux positions, la séparation est irréversible. La fraction « militante » décide la poursuite de l’activité associative et, en reprenant le nom de Radio Canut, confirme son attachement à la ligne historique du collectif. Quant à l’aile « dissidente », elle entame sa nouvelle politique en conservant le nom de Radio Léon[9].

En 1984, il est Ă©crit dans la presse que l'autorisation d'Ă©mettre dans la première agglomĂ©ration rĂ©gionale de Radio Scoop (très explicite dans ses ambitions commerciales) serait subordonnĂ©e Ă  la fusion autoritaire de deux anciens divorcĂ©s - Radio LĂ©on et Radio Canut[10].

Radio Léon disparaîtra en 1985 à la suite des dissensions internes.

La Haute AutoritĂ© de la communication audiovisuelle autorise Radio Canut Ă  Ă©mettre de façon lĂ©gale le sur le 102,2 MHz, frĂ©quence qu'elle utilise encore actuellement. Depuis Radio Canut signe chaque annĂ©e une convention de diffusion avec TDF.

Les locaux de la radio ont été perquisitionnés en après des propos d'un animateur bénévole appelant à « se faire sauter au milieu du cortège » en faisant référence à la manifestation des policiers place Bellecour le [11].

Mode de fonctionnement

Son fonctionnement est assuré par des bénévoles sur le principe de l'autogestion. Le refus des logiques commerciales en fait, avec quelques rares radios associatives strictement non commerciales, une des dernières radios sans publicité du paysage radiophonique français, d'où un financement constitué du Fonds de soutien à l'expression radiophonique (FSER) et de cotisations des animateurs des émissions. Radio Canut est ouverte aux personnes motivées selon des modalités expliquées sur le site Internet de la radio.

Radio Canut est adhérente de la Confédération des radios associatives non commerciales de Rhône-Alpes.

Politique

Maintenant lĂ©gale, elle garde pourtant son identitĂ© revendiquĂ©e « rebelle Â».

Pour la programmation musicale (qui reste majoritaire en temps d'antenne), avec un choix de musique que l'on pourrait qualifier de « non commerciales Â», pointues et très variĂ©es (punk, reggae, rap, chanson, jazz, musique expĂ©rimentale…).

Pour son fonctionnement : toute personne ayant un projet peut proposer une Ă©mission. Tous les animateurs et animatrices participent Ă  la gestion de Radio Canut.

Pour ses Ă©missions d'expression politiques, avec un refus de la « fausse objectivitĂ© Â» revendiquĂ©e par la majoritĂ© des mĂ©dias, mais avec une subjectivitĂ© assumĂ©e. Cette particularitĂ© est visible notamment Ă  travers des Ă©missions d'informations (le Canut info) ou clairement politiques (idĂ©es noires, la bande Ă  spartacus qui voient intervenir notamment des militants de la ConfĂ©dĂ©ration nationale du travail et de la Coordination des groupes anarchistes).

Elle organise chaque année un repas de quartier dans le 1er arrondissement de Lyon, le 1er mai place Sathonay où se retrouvent certains animateurs de la radio, certains habitants du quartier et certains manifestants revenant de la traditionnelle manifestation syndicale (en général une partie du cortège « Rouge et noire (anarchiste) » de la manifestation rejoint le repas de quartier).

Notes et références

  1. Catherine Humblot, « Les radios libres », Le monde,‎ (lire en ligne)
  2. « Une nouvelle « Radio libre » a été saisie à Lyon », Le monde,‎ (lire en ligne)
  3. Catherine Humblot, « L'Europe des radios libres », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Les poursuites contre les animateurs de radios libres », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. « Les trois radios libres ont repris leurs émissions », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  6. « Trois radios libres lyonnaises s'associent », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. « L'audience des stations régionales de Picardie », Le Monde,‎
  8. « La foire de Lyon », Le Monde,‎
  9. « L'histoire de Radio Canut », sur Radio Canut (consulté le )
  10. « Blanchot sans l'oseille », Le Monde,‎
  11. « L’animateur d’une radio lyonnaise appelle à se “faire sauter” durant la manif des policiers », sur https://www.lyonmag.com, (consulté le ).

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

Liens externes

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