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Radio pirate

Une radio pirate est une station de radio émettant sans autorisation administrative. Ces émetteurs radio ont connu leur âge d'or lors de l'explosion de la culture pop, avant la naissance, en nombre, des radios libres (autorisées en France au début des années 1980), remplacées progressivement par des radios privées couvrant tout le territoire.

REM Island était une plate-forme au large de la côte néerlandaise utilisée comme station de radio pirate en 1964 avant d'être démantelée par la Netherlands Marine Corp.

Historique

Au cours des années 1960, les radios pirates connaissent un essor important en Europe du Nord. Il s'agit alors généralement de radios associatives à la fois subversives et commerciales offshore, s'opposant au monopole d'État sur la radiodiffusion et émettant depuis les eaux internationales, échappant ainsi, en théorie du moins, aux réglementations en vigueur[1].

Les pays les plus affectés sont les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark[1], les stations étant généralement installées en mer du Nord. Les plus emblématiques comme Radio Caroline ou Radio London, en proposant des programmes adaptés aux attentes de la jeunesse, jouent alors un rôle significatif dans l'essor de nouvelles formes de musique populaires, particulièrement de rock[2].

Entre 1969 et mai 1981, la France connait (voir ci-dessous) un phénomène similaire. Des actions gouvernementales répressives et l'évolution des législations, notamment avec la création du statut de « radio libre » sous la présidence de François Mitterrand (gouvernement Mauroy), restreignent peu à peu considérablement la diffusion de ces pratiques[1].

La Tunisie connait (voir ci-dessous) entre 2010 et 2014 à la suite de la Révolution de jasmin, le fleurissement de plusieurs radios pirates dans le grand Tunis et dans l'intérieur de la Tunisie.

Chronologie

  • 1925 : WUMS[3], première radio pirate connue, Ă©met depuis la mer ;
  • 1933 : RKXR est la première radio pirate commerciale maritime. Elle connaĂ®t un grand succès mais est rapidement repĂ©rĂ©e et son matĂ©riel confisquĂ© ;
  • 1935 : la première radio pirate terrestre est fondĂ©e Ă  Oradea, en Roumanie ;
  • 1942-1952 : Voice of America est diffusĂ©e depuis des bateaux au large de l'Afrique et de l'Asie ; ce ne sont pas des radios pirates au sens strict, mais l'idĂ©e de radio offshore se diffuse ;
  • 1958 : durant l'Ă©tĂ©, la radio danoise Radio Mercur Ă©met ses premiers programmes, d'abord en danois puis en suĂ©dois ;
  • 1960 : premiers programmes officiels de la station nĂ©erlandaise Radio Veronica ;
  • 1961 : premiers programmes officiels de la station suĂ©doise Radio Nord ;
  • 1962 : premiers programmes officiels de la station suĂ©doise Radio Syd. Sa directrice, Mme Wadner, est condamnĂ©e pour Ă©mission radiophonique illĂ©gale. Après avoir rĂ©cidivĂ© elle sera condamnĂ©e quelques annĂ©es plus tard Ă  de la prison ferme ;
  • 1964 : premiers programmes officiels de Radio Caroline. ProlifĂ©ration des radios pirates au large de l'Angleterre (Radio Sutch, Radio Atlanta (en), qui devient vite Radio Caroline South, Radio London, Radio Invicta…) ;
  • 1965 : dĂ©but des programmes officiels de Radio Essex, qui deviendra BBMS. (Britain's Better Music Station) ;
  • 1966 : fin de Radio Syd ; le meurtre de Reginald Calvert, directeur de Radio City (ex Radio Sutch), jette le discrĂ©dit sur la communautĂ© des pirates radiophoniques ;
  • 1967 : le Royaume-Uni vote une loi antipirate. De nombreuses stations cessent leur Ă©mission. Le Ă  minuit, date d'entrĂ©e en vigueur de ladite loi, Radio Caroline devient la seule station pirate d'Angleterre ;
  • 1968 : les autoritĂ©s britanniques prennent d'assaut les deux navires de Radio Caroline et la station disparaĂ®t des ondes pendant quatre ans ;
  • 1969 : crĂ©ation de Radio Campus Ă  l'UniversitĂ© de Lille 1, Villeneuve d'Ascq, première radio libre française Ă  l'initiative de Christian Verwaerde ;
  • 1970 : dĂ©but des programmes officiels de Radio North Sea International (RNI). La radio adopte le nom de Radio Caroline International pendant la campagne Ă©lectorale. Ses programmes sont rapidement brouillĂ©s, les autoritĂ©s tentent vainement d'aborder le navire, puis, Ă  la suite d'un contrat signĂ© avec Radio Veronica, la station cesse ses Ă©missions ;
  • 1971 : reprise des programmes de RNI ;
  • 1972 : reprise des programmes de Radio Caroline ;
  • 1973 : dĂ©but des programmes officiels de la radio israĂ©lienne Voice of Peace, qui cherche Ă  aider la rĂ©conciliation entre les peuples israĂ©liens et palestiniens. La radio cesse ses Ă©missions rapidement en raison de l'opposition des autoritĂ©s ;
  • 1974 : Une loi antipirate, le Marine Broadcasting Offences Act, est mise en application aux Pays-Bas. De nombreuses stations cessent leurs Ă©missions (RNI, Radio Veronica, Radio Atlantis, etc.) mais Radio Caroline dĂ©cide de braver la lĂ©gislation et change son point d'ancrage ;
  • 1975 : dĂ©but des radios pirates italiennes, qui feront plus tard des Ă©mules en France. Reprise des programmes de Voice of Peace. Profitant d'un vide juridique, Paddy Roy Bates s'empare du fortin maritime de Forts Maunsell, dans l'estuaire de la Tamise, et proclame l'indĂ©pendance de la principautĂ© de Sealand ;
  • 1976 : le Parlement italien dĂ©clare illĂ©gal le monopole de la RAI ;
  • 1977 : printemps : dĂ©but des radios pirates françaises (Azur 102, Radio Continentale, Radio Verte Paris, Radio Verte Fessenheim…). Le , Le Figaro publie un article « pas de frontière pour les radios ». Les radios pirates se multiplient dans l'Hexagone. Jean-Pierre Soisson dĂ©clare en septembre que le gouvernement souhaite un changement de la rĂ©glementation sur la radiodiffusion. L'historien des mĂ©dias Antoine LefĂ©bure fonde le mĂŞme mois l'ALO (Association pour la libĂ©ration des ondes) ;
  • 1978 : en janvier, la DST arrĂŞte onze personnes accusĂ©es de piratage radiophonique. En mai, le prĂ©sident de la RĂ©publique, ValĂ©ry Giscard d'Estaing demande au gouvernement de mettre fin aux radios pirates. Le , la loi Lecat confirme le monopole des radios d'État et durcit les peines encourues par les contrevenants. En aoĂ»t, le Royaume indĂ©pendant de Sealand est envahi ;
  • 1979 : dĂ©but le des programmes officiels de Lorraine cĹ“ur d'acier. François Mitterrand, leader de la gauche française, participe le Ă  l'Ă©mission Radio Riposte, utilisant l'Ă©metteur de Radio Onz'DĂ©brouille, ce qui lui vaut une inculpation[4] ;
  • 1980 : le vieux navire de Radio Caroline, le Mi Amigo, coule ; dĂ©but des Ă©missions de Radio Mont-Blanc, station installĂ©e en vallĂ©e d'Aoste, Ă  Sarre et Ă©mettant depuis le sommet de l'Aiguille de TrĂ©-la-TĂŞte, Ă  3800 mètres d'altitude et couvrant la rĂ©gion RhĂ´ne-Alpes, la Bourgogne et la Suisse romande.
  • 1981 : ; Ă©lection de François Mitterrand Ă  l’élection prĂ©sidentielle. Les espoirs sont grands chez les amateurs français de radios pirates, qui espèrent une libĂ©ralisation de la diffusion radiophonique. Georges Fillioud confirme le 14 mai la fin prochaine du monopole d'État mais le brouillage persiste cependant. Au 31 dĂ©cembre, Le Monde dĂ©nombre 113 radios FM Ă  Paris. Elles n'Ă©taient que 26 en juillet ;
  • 1982 : la loi no 82-652 du sur la communication audiovisuelle supprime le monopole d'État et autorise les radios libres[5] ;
  • 1983 : le 1er fĂ©vrier, 22 stations obtiennent l'autorisation d'Ă©mettre Ă  Paris. Au large d'IsraĂ«l, Voice Of Peace fĂŞte ses dix ans d'existence le . En aoĂ»t de nombreuses stations parisiennes sans autorisation sont saisies ;
  • 1984 : dĂ©but des programmes de Laser 730, qui devient vite Laser 558. Mitterrand se dĂ©clare favorable Ă  la publicitĂ© sur les radios locales privĂ©es, en contradiction avec son ministre Fillioud. Le , grosse manifestation pour la dĂ©fense d'NRJ. Suivant les conseils d'Attali et de Dalida, Mitterrand cède. DĂ©but des programmes officiels de Radio Monique le ;
  • 1985-1986 : le Royaume-Uni augmente l'Ă©tendue de ses eaux territoriales, passant de 3 Ă  12 miles des cĂ´tes ;
  • 1988 : RNI, rebaptisĂ©e, Radio Newyork International reprend ses programmes le , mais les garde-cĂ´tes tentent de la prendre d'assaut le 17 et elle cesse ses Ă©missions par prudence ;
  • 1993 : Voice of Peace cesse ses Ă©missions.
  • 2010 Ă  2014 : plusieurs radios pirates fleurissent en Tunisie Ă  la suite de la rĂ©volution du jasmin et la chute du rĂ©gime de Ben Ali.

Utilisation actuelle

Puisque la transmission FM sur la bande de 87 Ă  108 MHz n'a qu'une portĂ©e locale due Ă  la propagation radio de la bande VHF utilisĂ©e, de nombreux Ă©metteurs de radio pirate utilisent les ondes courtes pour atteindre la rĂ©gion dĂ©sirĂ©e. Ils Ă©mettent gĂ©nĂ©ralement dans la bande des 60, 49, 41, ou 31 mètres principalement et en petites ondes sur le canal de 1 602 kHz de longueur d'onde 187 mètres.

Des radioécouteurs passionnés (« Short Wave Listeners », ou SWL) recensent précisément les fréquences et les heures d'émission sur des sites internet[6]. Ces radios ont souvent des adresses postales situées hors du pays de diffusion, il est possible de leur écrire pour leur donner un rapport de réception, elles répondront en envoyant une carte QSL de remerciements, représentant l'image qu'elles veulent donner de leur radio.

Les pirates n'émettent la plupart du temps qu'en portable, durant une période courte, souvent une heure par mois uniquement, et disparaissent du lieu d'émission rapidement. En Europe, les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark sont parmi les pays les plus tolérants pour les radios pirates, considérant qu'elles n'occasionnent pas de brouillage aux services officiels de radiodiffusion, ni aux services de transmission des États qui eux ont abandonné les ondes courtes au profit des liaisons chiffrées par satellites.

Cinéma et souvenirs

Notes et références

  1. « Broadcasting » dans l'Encyclopædia Britannica, version en ligne consultable au 18 avril 2009.
  2. « Rock music » dans l'Encyclopædia Britannica.
  3. À ne pas confondre avec WUMS-FM (en) (92.1 FM, Rebel Radio), radio étudiante de l'université du Mississippi.
  4. Fabrice d'Almeida, Christian Delporte, Histoire des médias en France : de la grande guerre à nos jours, Flammarion, , p. 238.
  5. Jean Bénetière et Jacques Soncin, Au cœur des radios libres, Éditions L'Harmattan, , p. 34.
  6. Radios Pirates en Ondes Courtes.
  7. Ozap Actu audiences

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Harris, Paul, When pirates ruled the waves, Impulse book, 1968
  • InterfĂ©rences, 1975-81, revue no 1 Ă  12
  • Harris, Paul, Broadcasting from the high seas, Billing & sons, 1977
  • La radio ? Mais c'est le diable !, collectif 1979
  • Libres antennes, Ă©crans sauvages, Autrement, no 17, 1979
  • Yoder, Andrew R., Pirate radio stations, Tab books, 1990
  • Lesueur, Daniel, Pirates des ondes : Histoire des radios pirates au XXe siècle, Éditions L'Harmattan, 2002 (ISBN 2-7475-1989-9)
  • Marie Pujolas, « InterfĂ©rences : l'aventure des radios pirates en bande-dessinĂ©e », sur francetvinfo.fr, (consultĂ© le ).

Liens externes

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