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RĂ©my Roy

Rémy Roy, né en 1958, est un tueur en série français surnommé « le tueur du minitel ». Il entrait en contact et prenait rendez-vous avec ses victimes par l'intermédiaire du minitel rose homosexuel pour les tuer après une mise en scène sadomasochiste sans qu'il y ait eu de rapport sexuel[1].

RĂ©my Roy
Tueur en série
Image illustrative de l’article Rémy Roy
Information
Nom de naissance RĂ©my Roy
Naissance
Nationalité Française
Surnom le tueur du minitel
Condamnation
Sentence réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 18 ans
Actions criminelles Meurtres
Victimes 3
PĂ©riode -
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gions ĂŽle-de-France
Ville Draveil, Champigny-sur-Marne, Paris, Villeneuve-Saint-Georges
Arrestation

Biographie

RĂ©my Roy a une enfance agrĂ©able. C'est un enfant choyĂ©. Il fait ses Ă©tudes chez les frères de Saint-Vincent de Paul[2]. Sa scolaritĂ© est mĂ©diocre. Il va jusqu'en terminale. Il adore la mer et va dans une Ă©cole de voile. Il devient skipper. Il croise Florence Arthaud, Philippe Poupon. Il vogue sur l'ancien trimaran d'Olivier de Kersauson. Il travaille pour le plus proche collaborateur de Nicolas Hulot. Il rencontre sa future Ă©pouse, propriĂ©taire d'une librairie oĂą il fait des confĂ©rences. Ils se marient, habitent Villejuif[3], ont une fille, puis un fils. Son Ă©pouse le dĂ©crit comme un très bon père, un nounours, très gĂ©nĂ©reux, très bon, qui veut se faire aimer, ne fonctionne que par l'amour des autres[4]. Il est pigiste occasionnel d'une revue de nautisme. Il aide très activement son Ă©pouse dans sa librairie, Ă  plein temps sans ĂŞtre salariĂ©. En son Ă©pouse embauche une amie. Il se retrouve donc sans activitĂ© et dĂ©cide d'ouvrir une sociĂ©tĂ© de crĂ©ation de vidĂ©o promotionnelle, basĂ©e Ă  son domicile. Mais son entreprise n'atteint jamais le seuil de rentabilitĂ©. DĂ©sĹ“uvrĂ©, il sombre dans la dĂ©pression, passe son temps au lit, Ă  grignoter et grossit jusqu'Ă  120 kg. Il commence Ă  utiliser le minitel, y consacre de plus en plus de temps, plusieurs heures chaque jour.

Les faits et l'enquĂŞte

Le dans l'après-midi, dans un sous-bois à Draveil au bord de la Seine, Rémy Roy donne rendez-vous à Paul Bernard, agent d’assurances, âgé de 46 ans. Il habite Issy-les-Moulineaux, avec sa mère retraitée, veuve depuis 25 ans. Sa famille le surnomme « saint Paul ». Il utilise intensément le minitel rose homosexuel sous le pseudonyme « hpoilu75 » ou « hpoilu75asoumettre » ou « hpoilu75aexhiber » et a ainsi de nombreux contacts. Il a des tendances masochistes. Roy le bâillonne avec un foulard, lui attache les mains dans le dos et les testicules avec de la ficelle et lui fracture le crâne avec une grosse pierre. Le vers 10 h, un pêcheur trouve Paul Bernard nu, allongé sur le ventre, la tête recouverte d'un pantalon. Sa voiture est retrouvée sur le parking du port de plaisance à environ un kilomètre de là. Paul Bernard est mort asphyxié, probablement étranglé, il a des traces de lien autour du cou.

Dans la nuit du 19 au , Rémy Roy va à Champigny-sur-Marne dans le pavillon de Gilbert Duquesnoy, un astrologue de 48 ans qui exerce sous le nom de « mage Nathaniel ». Gilbert Duquesnoy utilise le minitel rose homosexuel de manière intensive sous le pseudonyme « Daisy » ou « Coralie »[5]. Il a des tendances masochistes. Il a un cabinet de voyance à Paris dans le 9e. Ils discutent en buvant un verre de porto. Roy lui recouvre la tête d'une cagoule en cuir, lui attache les chevilles et les mains dans le dos, et lui fracasse le côté droit du crâne d'au moins sept coups de marteau très violents. Roy emporte le marteau, le verre dans lequel il a bu, l'agenda et les carnets d'adresses de Gilbert. Le teckel de Gilbert le suit un moment dans la rue. Roy jette le marteau dans la Marne. À la Gare de Nogent-sur-Marne, il prend le RER où il jette l'agenda et les carnets d'adresses de Gilbert. Le , Alain, le conjoint de Gilbert, inquiet de ne pas avoir de nouvelles, demande à ses voisins d'aller voir dans le pavillon. Ils le découvrent nu allongé sur le ventre sur son lit dans la chambre au premier étage. Sa maison est en grand désordre. À côté du lit, il y a une mallette ouverte contenant des objets à usage sexuel[1].

Le , vers 11 h Rémy Roy se rend à Paris dans le 16e, chez Hugues Moreau, chef d’entreprise de revêtement mural de 41 ans. Roy lui fracasse le crane de plusieurs coups avec un gros robinet métallique. Il lui vole des chéquiers, des cartes bancaires et un télécopieur. Hugues est découvert vers 13 h par son épouse dans l'arrière boutique, nu allongé sur le ventre, les mains dans le dos, des chaînettes autour de la taille et du sexe. À côté de lui il y a un sac contenant toute une panoplie d'objets sadomasochistes. Quelques jours après, à la Fnac à Paris, Rémy Roy achète un caméscope sous-marin, qu'il paye avec un des chèques volés[1].

Le , Rémy Roy va à Villeneuve-Saint-Georges chez Bruno Giraudon, fonctionnaire de 32 ans. Il utilise le minitel rose homosexuel sous le pseudonyme « autre chose » pour trouver de la complicité, de la tendresse et si possible l'amour. Ils boivent un verre et discutent. Roy dit qu'il est photographe dans les journaux spécialisés dans le monde de la voile. Puis il dit à Bruno qu'il est adepte de pratiques sadomasochistes. Il sort de son sac du matériel qu'il a apporté. Il propose à Bruno de l'essayer, celui-ci refuse. Roy le frappe à la tête avec un pied de lampe en pierre, il s'évanouit. Roy lui vole une sacoche contenant un chéquier et tous ses papiers d'identité, il laisse Bruno pour mort et pose les accessoires sur le sol. Des amis de Bruno le découvrent, nu sur le ventre, baignant dans son sang. Dans le coma, il est emmené à l'hôpital et n'est en état de faire des déclarations aux policiers qu'après trois jours de soins[1].

En , dans un magasin de matĂ©riel vidĂ©o, Roy achète une table de montage et un magnĂ©toscope. Il prĂ©cise au vendeur qu'il a un camĂ©scope pour faire des prises sous-marines, et il souhaite que la table de montage soit compatible avec. Il paye avec un des chèques volĂ©s Ă  Bruno Giraudon. Le prix Ă©tant de 14 900 F, le vendeur lui demande une pièce d'identitĂ©. Roy prĂ©sente le permis de conduire de Bruno Giraudon, sur lequel il a placĂ© sa photo. Le vendeur le photocopie. Quelques heures plus tard, il fait un autre achat dans un autre magasin de vidĂ©o, qu'il paye aussi avec un chèque volĂ© Ă  Bruno. Le magasin est Ă©quipĂ© de camĂ©ras de vidĂ©osurveillance[1].

Les enquêteurs obtiennent ainsi des images de Rémy Roy. Ils les présentent aux rédacteurs de la dizaine de journaux spécialisés dans le monde de la voile. Alain Coroller rédacteur en chef de Neptune yachting identifie Rémy Roy.

Arrestation

Le , Rémy Roy est arrêté chez lui à Villejuif. Dans sa parka, les enquêteurs trouvent le chéquier de Bruno Giraudon et son permis de conduire portant la photo de Roy. Son casier judiciaire est vierge. Il est incarcéré à la prison de Fresnes. Lors des interrogatoires en garde à vue, il déclare que :

  • il n'est pas homosexuel et qu'il les a en horreur.
  • c'est pour rompre sa solitude et son ennui qu'il utilise les messageries roses sur minitel, juste pour dialoguer. Des homosexuels sadomasochistes l'ont alors abordĂ©, puis harcelĂ© sur ces messageries, ce qui lui Ă©tait insupportable.
  • Paul Bernard a pris contact avec lui sur minitel rose. Il accepte de le rencontrer, juste pour discuter. Il donne rendez-vous Ă  Paul Bernard au port de plaisance de Draveil, oĂą il va souvent se promener Ă  vĂ©lo. Sur place, ils parlent un peu, puis la discussion dĂ©rive sur le sexe et Paul Bernard lui dit qu'il est exhibitionniste et lui propose de se revoir. Une semaine plus tard, alors qu'il se promène Ă  vĂ©lo, il rencontre par hasard Paul Bernard sur le parking du port de plaisance. Ils discutent un peu, puis Paul Bernard l'invite Ă  le suivre dans le sous-bois, oĂą il lui propose de s'exhiber. Roy l'avertit qu'il accepte de le regarder, mais pas de le toucher. Paul Bernard se dĂ©shabille, lui demande de le bâillonner, se noue une ficelle autour des testicules et lui demande de lui attacher la main Ă  un arbre, ce qu'il fait. Paul Bernard se frotte alors contre lui et lui prend la main pour qu'il le masturbe. En colère, il le frappe. Paul Bernard tombe et se cogne la tĂŞte sur une pierre. Il est sĂ»r que Paul Bernard Ă©tait toujours vivant quand il s'est enfui.
  • il a rencontrĂ© Gilbert Duquesnoy au salon de la voyance alors qu'il dĂ©marchait pour sa sociĂ©tĂ© de production de films promotionnels. Le mage Nathaniel, avec qui il a longuement discutĂ©, lui demande de lui faire un devis pour une vidĂ©o publicitaire et lui donne rendez-vous quelques semaines plus tard chez lui Ă  Champigny-sur-Marne. En dĂ©but de soirĂ©e chez Gilbert Duquesnoy, après avoir parlĂ© affaires et rĂ©alisation du film, celui-ci change brusquement de conversation, lui fait des avances en lui mettant la main sur la jambe et enclenche une cassette vidĂ©o d'un film pornographique homosexuel. Il veut partir. Gilbert le retient, lui dit qu'il veut lui donner un exemplaire de son livre et l'invite Ă  le suivre dans sa chambre au premier Ă©tage. LĂ , Gilbert sort d'un sac une perruque blonde et une robe Ă  franges, pour se dĂ©guiser en prostituĂ©e et qu'il le frappe. Il refuse. Gilbert va dans la salle de bain et en ressort très vite nu, portant uniquement une cagoule en cuir. Hors de lui, il frappe Ă  coups de poing et coups de pied Gilbert, qui tombe sur le lit. Il attrape le premier objet qui lui tombe sous la main : un marteau, et frappe Gilbert avec sur la tĂŞte. Il lui attache les chevilles avec du scotch large, dont il avait apportĂ© un rouleau, mais se ravise et les lui attache avec une corde trouvĂ©e dans une cagette. S'Ă©tant calmĂ©, il prend le pouls Ă  Gilbert, s'assure ainsi qu'il n'est pas mort et s'en va.
  • il a rencontrĂ© Hugues Moreau au salon de dĂ©coration dans le cadre de son travail. Il se rend chez Hugues pour lui prĂ©senter un devis pour un film vidĂ©o. Hugues le reçoit vĂŞtu d'un impermĂ©able Burberry. Ă€ peine est-il entrĂ©, qu'Hugues ouvre son impermĂ©able, sous lequel il ne porte que des chaĂ®nettes autour du sexe. OutrĂ© et furieux, il le pousse dans l'arrière-boutique et le frappe. Hugues tombe au sol inconscient, il le frappe encore sur la tĂŞte. Hugues est encore vivant quand il part.
  • il prend contact par minitel avec une femme masochiste et se rend, avec son matĂ©riel, chez elle. C'est Bruno Giraudon nu, qui l'accueille. En colère d'avoir Ă©tĂ© ainsi trompĂ©, il le frappe violemment. Bruno se cogne la tĂŞte sur la table basse en tombant. Il s'enfuit persuadĂ© que Bruno est toujours vivant.
  • il n'a agressĂ© ou tuĂ© personne d'autre.

Les enquĂŞteurs ne trouvent pas d'autre victime dans leurs dossiers.

À Jean Martel, expert psychiatre et à Caroline Legendre, experte psychologue, Rémy Roy déclare qu'il a beaucoup souffert des absences de son père qui voyage énormément. Sa mère le fouettait souvent avec un lanière de cuir. À l'école ses camarades lui passent le sexe au cirage. Il est attaché par le bras à une branche et déshabillé. Quand il a 13 ans, dans un cinéma un homme assis à côté de lui, l'a obligé à le masturber et a éjaculé sur lui. Quand il a 17 ans en classe de terminale, il a une bande de copains à qui il rend des services (réparation d'appareils audio, électronique) contre un peu d'argent. Ses copains trouvent que ses services leur coûtent trop d'argent, exigent qu'il les rembourse, il ne peut pas. Ils lui proposent en alternative, de s'exhiber nu dans un gymnase pour un homme âgé. Il refuse et s'enfuit. Ils le violent collectivement dans un appartement. C'est pour cela qu'il déteste les homosexuels.

La police enquête sur ces faits et établit qu'ils n'ont jamais eu lieu. Les enquêteurs comprennent que ce n'est pas ses souvenirs qu'ils décrit, mais ses fantasmes. Pour les psychiatres, ces récits révèlent ses tendances sadomasochistes, qu'il refoulait quand il était en activité. Elles se sont libérées quand il s'est retrouvé désœuvré et déprimé devant le minitel. Ne supportant pas cette image de lui-même, il tue.

Roy est inculpé pour assassinat sur Paul Bernard et Gilbert Duquesnoy, pour tentative d'assassinat sur Bruno Giraudon et pour meurtre sur Hugues Moreau. La préméditation sur Hugues Moreau n'a pas été retenue, car Rémy Roy est venu chez lui sans matériel et a utilisé celui qu'Hugues Moreau avait chez lui.

Liste des victimes connues

Date Identité[N 1] Âge Profession Lieu
Des faits De découverte
Paul Bernard 46 agent d’assurances Draveil
nuit du 19 au Gilbert Duquesnoy 48 astrologue « mage Nathaniel » Champigny-sur-Marne
Hugues Moreau 41 chef d’entreprise de revêtement mural Paris 16e
Bruno Giraudon 32 fonctionnaire Villeneuve-Saint-Georges

Procès et condamnation

Le , le procès de Rémy Roy débute à la cour d'assises du Val-de-Marne à Creteil[1].

La défense de Rémy Roy est assurée par les avocats Gérard Serfaty et Bernard Prévost. Christian Mour est l'avocat des parents de Gilbert Duquesnoy et de son compagnon Alain. Philippe Petillault est l'avocat des parties civiles. Camille Tardo-Dino est l'avocat général.

Le , Rémy Roy est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 18 ans[6].

Notes et références

Notes

  1. Si la case du nom de la victime est sur fond saumon, cela signifie que Rémy Roy a tué cette victime.

Références

Documentaire télévisé

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Émission radiophonique

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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