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Prise d'otage

Une prise d'otage est une action visant à retenir des personnes contre leur volonté afin, le plus souvent, de revendiquer quelque chose (la possibilité d'une évasion, revendications politiques, financières, etc.). Ces prises d'otage se déroulent généralement sur un même site (le preneur d'otage ne peut donc pas bouger), ce qui fait que le (ou les) bâtiments sont encerclés par les forces spéciales.

Policiers simulant une prise d'otage lors d'un exercice.

Si les prises d'otages ont toujours existé dans l'histoire, le statut, l'utilité et la vision qu'on a des otages ont beaucoup évolué avec le temps[1]. Les premières prises d'otages répondant à la vision d'aujourd'hui furent menées dans les années 1920 par l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, pour financer leurs activités et attirer l'attention internationale[2].

Historique

Les prises d'otages ont toujours existé dans l'histoire mais ne recouvraient pas toujours une notion négative. Ainsi, la pratique des otages donnés voulait qu'un pays vaincu ou qui s'engageait à quelque chose fournisse des otages (souvent de haut rang) au vainqueur ou à celui envers qui il s'engageait (parfois un allié) comme garanties en attendant que toutes les obligations qu'il avait soient remplies[1]. Ce type d'otages s'apparente à des hôtes et ceux-ci sont bien traités, bénéficiant d'un cadre de vie semblable à celui qu'ils ont quitté[1]. Cette pratique disparaît progressivement au XVIIIe siècle et s'éteint définitivement au XIXe.

En dehors de cette pratique, le concept de prise d'otages qu'on a dans la vision contemporaine (d'une personne qu'on retient de force pour l'utiliser comme avantage réel) a également toujours existé mais sous des formes différentes. Ainsi, au Ve siècle av. J.-C., les Spartiates faits prisonniers après la bataille de Sphactérie sont utilisés par Athènes comme otages, mais dans un seul but : priver Sparte de sa supériorité militaire en les gardant prisonniers[1].

Annonce allemande de l'exécution de 100 otages polonais en représailles de la mort de deux soldats Allemands à Varsovie, en Pologne occupée, pendant la Seconde Guerre mondiale ().

Dans d'autres cas, les otages sont utilisés pour un but purement pécuniaire. C'est le cas de Guy de Lusignan, roi latin de Jérusalem, fait prisonnier par Saladin. Ce dernier le traita selon son rang de souverain, en attendant versement d'une rançon[1].

Enfin, d'autres buts peuvent exister à la prise d'otages, notamment la volonté de les utiliser à des fins de vengeance lors de guerres, ou comme sécurité pour éviter des attaques. Ainsi, pendant la Première Guerre mondiale, les Anglais faisaient monter des otages allemands (généralement des officiers de la marine allemande faits prisonniers) sur leurs navires de guerre pour éviter ainsi les torpillages allemands[1]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Armée allemande recourait notamment aux prises d'otages pour venger la mort de ses soldats tués par la résistance.

Aux XIXe et XXe siècles, la théorie des prises d'otages aussi bien que les buts qu'on veut en tirer vont beaucoup se transformer[1]. L'otage (retenu de façon contrainte) devient un moyen de pression dans un but précis (exigences pécuniaires, idéologiques, de vengeance, etc.). Son avenir n'est pas forcément garanti[3], et son statut se limite souvent à une monnaie d'échange[4].

Tactiques des preneurs d'otage et des négociateurs

Les preneurs d'otages peuvent avoir pour objectif de demander la libération de prisonniers amis ou alliés. La prise d'otage est souvent accompagnée de menace de mort si les revendications ne sont pas satisfaites, mais les otages sont parfois libérés sains et saufs même en cas de non-respect des revendications.

Le nĂ©gociateur dispose de plusieurs techniques de nĂ©gociation : technique du « cercle Â» ou « spirale concentrique Â», dans laquelle le nĂ©gociateur reprend la demande du preneur d'otage et la retourne Ă  son insu ; celle du « chaud et du froid Â», en alternant les rĂ©ponses positives simples et les rĂ©ponses qui soulignent des difficultĂ©s Ă  rĂ©pondre Ă  sa demande ; « mĂ©thode du salami Â» qui consiste Ă  dĂ©composer la revendication en plusieurs Ă©tapes (tel un salami tranchĂ©) ; principe ou thĂ©orie du « disque rayĂ© Â» (appelĂ© aussi « disque brisĂ© Â», « broken record Â» en anglais), en rĂ©pĂ©tant les arguments ou la problĂ©matique du preneur d'otage afin de l'user et qu'il cède aux propres arguments du nĂ©gociateur[5].

Forces d'interventions anti-terroristes

Agents américains de l'Hostage Rescue Team des SWAT (FBI).

Dans la plupart des pays développés, les prises d'otages sont résolues par des négociateurs dans plus de 80 % des cas. Dans chaque pays, chaque unité d'intervention dispose d'un négociateur qui lui est propre. La force n'est utilisée qu'en dernier recours, après échec des négociations ou lorsque le négociateur estime que la situation présente un risque inacceptable pour les otages.

Aux États-Unis, c'est le Federal Bureau of Investigation (FBI) ou le Special Weapons And Tactics (SWAT) qui intervient dans la majorité des cas. En Russie, c'est généralement le Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB) qui intervient.

En France, c'est le Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) ou la Force d'intervention de la police nationale (FIPN, dont le RAID et le BRI) qui intervient dans les prises d'otage.

Dans les cas les plus graves, ce n'est pas la police qui intervient, mais l'armée.

Aspect psychologiques

Dans une prise d'otage il y a deux configurations possibles pour les otages :

  • La première qui est la plus Ă©trange, c'est que les otages acceptent la cause du preneur d'otage : c'est le Syndrome de Stockholm ;
  • La deuxième c'est que les otages sont traumatisĂ©s (quand leur âge leur permet de comprendre la situation) Ă  vie et marquĂ©s Ă  jamais dans leur esprit. Il y a aussi une modification du système de valeur et de croyance de la personne. Par exemple, des gens qui avaient la foi vont la voir Ă©branlĂ©e[6]. Des pathologies peuvent se dĂ©clencher juste après la libĂ©ration, comme la dĂ©pression, ou le stress permanent (syndrome de stress post-traumatique).

Quelques prises d'otage célèbres

Dans la culture populaire

Films

Séries télévisées

  • 24 heures chrono (2001-2010) : sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e ayant durĂ© neuf saisons et qui, Ă  de multiples reprises, met en scène des prises d'otages.
  • Awake (2012), Ă©pisode « OĂą est mon pingouin ? Â» (Ă©pisode 6).
  • Chuck (2007-2012), Ă©pisode « InterSecret Story Â» (saison 2, Ă©pisode 11).
  • Day Break (2006), Ă©pisode « Et s'ils Ă©taient cernĂ©s ? Â» (Ă©pisode 5).
  • Dr House (2004-2012), Ă©pisode « Un diagnostic ou je tire Â» (saison 5, Ă©pisode 9).
  • FBI : PortĂ©s disparus (2002-2009), Ă©pisode « RetombĂ©es Â», parties 1 et 2 (saison 1, Ă©pisodes 22 et 23).
  • MĂ©dium (2005-2011), Ă©pisode « L'Angoisse et l'Espoir Â» (saison 3, Ă©pisode 17).
  • Psych : EnquĂŞteur malgrĂ© lui (2006-2014) :
    • Ă©pisode « Haut les mains ! » (saison 3, Ă©pisode 8) : prise d'otages dans une banque.
    • Ă©pisode « Le Bon MĂ©chant ! » (saison 8, Ă©pisode 4 ) : le mĂ©decin lĂ©giste et Shawn, le personnage principal, sont pris en otage.
  • Super Hero Family (2010-2011), Ă©pisode « Ă€ visage dĂ©couvert Â» (Ă©pisode 13).
  • Supernatural (depuis 2005), Ă©pisode « Le Polymorphe Â» (saison 2, Ă©pisode 12).
  • 9-1-1 (depuis 2018), Ă©pisode « Le 9-1-1 ne rĂ©pond plus » (saison 3, Ă©pisode 14).
  • La casa de papel (2017-2021)

Notes et références

  1. [PDF] « Une figure obsĂ©dante : l’otage Ă  travers les siècles Â», Irène Herrmann et Daniel Palmieri, Revue internationale de la Croix-Rouge, volume 87, sĂ©lection française 2005, sur icrc.org (consultĂ© le ).
  2. Henry Laurens, « Le terrorisme, personnage historique », in Terrorismes : Histoire et droit, dir. Henry Laurens et Mireille Delmas-Marty, CNRS éditions, 2010, p. 25
  3. « Adaptation psychologique aux prises d’otages Â», Garden-Breche, F., Journal International de Victimologie, sur le site http://www.jidv.com (consultĂ© le ).
  4. « Les otages français, une monnaie d'Ă©change prisĂ©e Â» Le Monde.fr, (consultĂ© le ).
  5. Jean-Luc Calyel, GIGN les secrets d'une unité d'élite, Le Cherche midi, , p. 97.
  6. « Comment se remet-on d'une prise d'otage ? Â», Alexandra Guillet, TF1 News.fr, (consultĂ© le ).
  7. « Niger : prise d’otages dans le fief d’Areva Â» CĂ©lian MacĂ©, LibĂ©ration, .

Annexes

Bibliographie

  • Laurence Dreyfus et BĂ©atrice Casanova, Chroniques d'une prise d'otages, Flammarion, 1997, 161 p. (ISBN 2-08-067340-8)
  • GĂ©rard A. Jaeger, Prises d'otages : de l'enlèvement des Sabines Ă  l'affaire Betancourt (prĂ©face d'HervĂ© Morin), L'Archipel, Paris, 2008, 285 p. (ISBN 978-2-8098-0121-7)
  • Bernard Meunier, De la prise d'otage Ă  la scène de mĂ©nage : la nĂ©gociation de crise comme contexte de communication. Cadrage thĂ©orique et Ă©tude de cas, Mission SpĂ©ciale Productions, Les Échelles (France), 2005, 120 p. (ISBN 9782916357034)

Articles connexes

Liens externes

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