Argo (film)
Argo est un thriller politique amĂ©ricain sorti en 2012 et rĂ©alisĂ© par Ben Affleck, qui en est Ă©galement l'acteur principal. Le film retrace de façon romancĂ©e un fait historique survenu Ă TĂ©hĂ©ran en 1979, le sauvetage de six des otages de lâambassade amĂ©ricaine durant la RĂ©volution iranienne.
RĂ©alisation | Ben Affleck |
---|---|
Scénario | Chris Terrio |
Acteurs principaux |
Ben Affleck |
Sociétés de production |
GK Films Smokehouse |
Pays de production | Ătats-Unis |
Genre | Biopic, drame, thriller, historique |
Durée | 120 minutes |
Sortie | 2012 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
TrÚs bien accueilli par les professionnels du cinéma, il est gratifié de trois Oscars, dont celui du meilleur film, et les critiques sont trÚs élogieuses, en France notamment[1]. Le public est également au rendez-vous : plus d'1,3 million de spectateurs vont le voir dans les salles de l'Hexagone[2].
Cependant, des voix se sont Ă©levĂ©es, au Canada notamment, sur les contre-vĂ©ritĂ©s sur lesquelles repose le film. En effet, celui-ci minimise le rĂŽle de l'ambassade du Canada dans lâexfiltration des otages pour en attribuer tous les mĂ©rites Ă un improbable agent de la CIA hors de contrĂŽle de sa hiĂ©rarchie[3] - [4].
Synopsis
1979 : TĂ©hĂ©ran est plongĂ©e dans l'effervescence de la rĂ©volution islamique iranienne. L'ambassade amĂ©ricaine est envahie par des Ă©meutiers cautionnĂ©s par le rĂ©gime de Khomeyni, les employĂ©s sont retenus prisonniers par les Gardiens de la RĂ©volution qui tentent de s'en servir comme monnaie d'Ă©change pour rĂ©cupĂ©rer et juger le Chah rĂ©fugiĂ© aux Ătats-Unis (cf. Crise iranienne des otages).
Six diplomates sont parvenus Ă s'Ă©chapper lors de la prise de l'ambassade et se sont rĂ©fugiĂ©s chez l'ambassadeur du Canada. La CIA charge un de ses agents, Antonio Mendez (Ben Affleck), de les exfiltrer (cf. Subterfuge canadien). Il monte de toutes piĂšces un simulacre de projet de film de science-fiction, Argo, dans le but de les faire passer pour des membres de lâĂ©quipe de tournage venue faire quelques jours de repĂ©rages pour le film.
Cependant, la veille du dĂ©part du groupe pour les Ătats-Unis, Mendez reçoit l'ordre dâabandonner cette mission car le prĂ©sident Carter a optĂ© pour une intervention armĂ©e.
Fiche technique
- Titre original et français : Argo
- RĂ©alisation : Ben Affleck
- Scénario : Chris Terrio, d'aprÚs l'article de presse Escape from Tehran de Joshuah Bearman et The Master of Disguise de Antonio Mendez
- Direction artistique : Peter Borck et Deniz GöktĂŒrk
- DĂ©cors : Sharon Seymour
- Costumes : Jacqueline West
- Photographie : Rodrigo Prieto
- Montage : William Goldenberg
- Musique : Alexandre Desplat
- Production : George Clooney, Grant Heslov, David Klawans et Ben Affleck
- Sociétés de production : GK Films et Smokehouse
- Société de distribution : Warner Bros.
- Pays d'origine : Ătats-Unis
- Langue originale : anglais
- Sous-titres français : Géraldine le Pelletier
- Format : couleur - 2,35:1 - 35 mm - son Dolby Digital
- Budget : 44 500 000 $
- Genre : Biopic, drame, thriller et historique
- Durée : 120 minutes
- Version longue sortie en vidéo : 129 minutes
- Dates de sortie[5] :
Distribution
- Ben Affleck (VF : Boris Rehlinger ; VQ : Pierre Auger) : Tony Mendez
- Bryan Cranston (VF : Jean-Louis Faure ; VQ : Jacques Lavallée) : Jack O'Donnell, le supérieur de Tony
- John Goodman (VF : Jacques Frantz ; VQ : Yves Corbeil) : John Chambers
- Alan Arkin (VF : Yves Barsacq ; VQ : Jean-Marie Moncelet) : Lester Siegel
- Kyle Chandler (VF : Emmanuel Curtil ; VQ : Daniel Picard) : Hamilton Jordan
- Tate Donovan (VF : Franck Capillery ; VQ : BenoĂźt Rousseau) : Bob Anders
- Clea DuVall (VF : Marie Donnio ; VQ : Camille Cyr-Desmarais) : Cora Lijek
- Christopher Denham (VF : Alexandre Gillet ; VQ : Philippe Martin) : Mark Lijek
- Rory Cochrane (VF : Tanguy Goasdoué ; VQ : Jean-François Beaupré) : Lee Schatz
- Scoot McNairy (VF : Thierry Bourdon ; VQ : Antoine Durand) : Joe Stafford
- Kerry Bishé (VF : Jessica Barrier ; VQ : Magalie Lépine-Blondeau) : Kathy Stafford
- Victor Garber (VF : Gabriel Le Doze ; VQ : Denis Gravereaux) : Ken Taylor, l'ambassadeur du Canada
- Page Leong (VF : Yumi Fujimori) : Pat Taylor, femme de l'ambassadeur
- Adrienne Barbeau : Nina
- Richard Kind (VF : Patrice Dozier ; VQ : Manuel Tadros) : Max Klein
- Titus Welliver (VF : Pascal Germain ; VQ : Pierre Chagnon) : Jon Bates
- Michael Parks : Jack Kirby
- Ćœeljko Ivanek (VF : HervĂ© Bellon ; VQ : Jean-Luc Montminy) : Robert Pender
- Chris Messina (VF : Alexis Victor ; VQ : Marc-André Bélanger) : Malinov
- Richard Dillane (VF : JĂ©rĂŽme Keen ; VQ : Gilbert Lachance) : Peter Nicholls
- Omid Abtahi (VF : Antoine Nasseri) : Reza Borhani
- J. R. Cacia (VF : Patrick Mancini ; VQ : Alexandre Fortin) : Brice
- Bob Gunton (VF : Georges Claisse ; VQ : Marc Bellier) : Cyrus Vance
- Taylor Schilling : Christine Mendez, la femme de Tony
- Christopher Stanley (VF : Charles Borg) : Tom Ahern
- Keith Szarabajka (VF : Michel Voletti ; VQ : Ăric Gaudry) : Adam Engell
- Matt Doherty (VF : Michel Laroussi) : Butler
- Barry Livingston : Bill Hickey
- Tom Lenk : Rodd
- Michael Cassidy : l'analyste de Jordan
- Bill Tangradi (VF : Daniel Lafourcade) : Alan
- Philip Baker Hall (VF : Philippe Ariotti ; VQ : Vincent Davy) : Stansfield Turner, le directeur de la CIA
Source et légende : version française (VF) sur RS Doublage[6] et AlloDoublage[7] ; version québécoise (VQ) sur Doublage.qc.ca[8]
Accueil
Public
En France Argo se classe 40e au box-office de l'annĂ©e 2012 avec prĂšs d'1,4 million dâentrĂ©es dans les salles. Cela reprĂ©sente un peu plus de 9 millions de dollars de recettes pour ses producteurs amĂ©ricains. Aux Ătats-Unis ces derniers empochent 136 millions $ et au niveau mondial prĂšs de 283 millions $[2].
Box-office détaillé
Sorti le aux Ătats-Unis dans 3 232 salles, Argo dĂ©marre Ă la seconde place du box-office pour le week-end, se positionnant derriĂšre Taken 2[9], en totalisant 19 458 109 $ de recettes[9] - [10], pour une moyenne de 6,020 $ par salles[9] - [10]. En premiĂšre semaine, toujours en seconde position, Ă©galement derriĂšre Taken 2[11], Argo a rĂ©coltĂ© 26 566 489 $[11] - [12], pour une moyenne de 8,220 $ par salles[11] - [12]. Obtenant 15 salles supplĂ©mentaires en second week-end[10] et seconde semaine[12] Ă l'affiche, Argo reste en seconde position du box-office, la premiĂšre place Ă©tant occupĂ© par Paranormal Activity 4[13] - [14], en engrangeant 48 425 288 $ de recettes en semaine (6 732 $ par salles)[12] - [14], dont 43 011 964 $ de recettes en week-end (5 065 $ par salles)[10] - [13]. Toutefois, il connait une petite baisse de frĂ©quentation de 15,5 % des recettes en week-end[10] - [13] et 17,7 % des recettes en semaine[12] - [14].
MalgrĂ© une baisse de frĂ©quentations assez stable et une perte de 392 salles[10] - [12], Argo prendra la premiĂšre place du box-office amĂ©ricain au cours du troisiĂšme week-end, avec 60 510 347 $, pour une moyenne de 4,233 $ par salles[10] - [15]. Il reste en tĂȘte pour sa troisiĂšme semaine, avec 65 651 137 $, pour une moyenne de 6,034 $ par salles[10] - [16]. Le film atteint le cap des 100 millions de $ de recettes en huitiĂšme week-end[10]. AprĂšs vingt-neuf semaines Ă l'affiche, Argo termine son exploitation en salles avec 136 024 128 $[17].
Sorti en France le dans 343 salles, Argo dĂ©marre Ă la quatriĂšme place du box-office avec 365 701 entrĂ©es, se positionnant derriĂšre Skyfall, AstĂ©rix et ObĂ©lix : Au service de Sa MajestĂ© et Nous York[18], toutefois, la semaine suivante, ayant obtenu trois salles supplĂ©mentaires, le film monte en troisiĂšme position avec 245 395 entrĂ©es, pour un cumul de 611 096 entrĂ©es[19]. Argo parvient Ă se maintenir dans le top 20 des meilleures entrĂ©es au box-office français durant les huit semaines suivantes et ce, de maniĂšre consĂ©cutive, tout en ayant obtenu une combinaison maximale de 363 salles en cinquiĂšme semaine et ayant atteint le million d'entrĂ©es durant cette mĂȘme semaine[19] - [20]. RestĂ© vingt-quatre semaines en salles, le long-mĂ©trage a totalisĂ© 1 375 884 entrĂ©es[19].
Critique
Les acteurs Ben Affleck et Bryan Cranston Ă la premiĂšre du film au Festival international du film de Toronto 2012. |
Ătats-Unis
Lors de sa présentation au Festival international du film de Toronto, le film recueille des critiques unanimement favorables[21] :
- The Guardian : « Un compte rendu divertissant, bien qu'enjolivĂ© sans vergogne, de lâune des opĂ©rations les plus Ă©tranges menĂ©es par la CIA. »
- The Hollywood Reporter : « Argo est un excellent thriller politique narré avec intelligence, un grand sens du détail et une dose surprenante d'humour barré, pour un film portant un regard sérieux sur la crise des otages iraniens de 1979-1981. »
- Variety : « Riche en adrĂ©naline et moins auto-satisfait qu'il en a lâair, le troisiĂšme long mĂ©trage Ă©tonnamment comique de Ben Affleck a tout ce quâil faut pour ravir le public adulte. »
- Film.com : « Gloire à Ben Affleck, acteur et réalisateur, pour avoir proposé un film d'action politique vivant et excitant. »
DĂšs sa sortie en salles, Argo est Ă©galement acclamĂ© par la critique, qui est trĂšs largement favorable, obtenant 96 % d'avis positifs sur le site Rotten Tomatoes, basĂ© sur 253 commentaires collectĂ©s et une note moyenne de 8.3â10[22] et un score de 86â100 sur le site Metacritic, basĂ© sur 45 commentaires collectĂ©s[23].
France
La critique hexagonale est Ă l'unisson. AllocinĂ© calcule une moyenne de 3,7 sur 5 pour 27 articles recensĂ©s. Ceux-ci notent que Ben Affleck a tenu la gageure de rĂ©aliser Ă la fois un film politique (genre souvent austĂšre) et un thriller palpitant. Lâhebdomadaire Elle, par exemple, Ă©crit : « Outre l'aspect historique (...) "Argo" est un film qui se regarde comme un thriller avec un suspense qui vous noue l'estomac. » Et Paris Match renchĂ©rit : « âArgoâ vous colle au siĂšge. » Seul Pierre Murat de TĂ©lĂ©rama se dĂ©clare « ... navrĂ©, tout de mĂȘme, de voir Ben Affleck (...) rĂ©alisateur plutĂŽt douĂ© se faire le hĂ©raut de cet hĂ©roĂŻsme bĂȘta et surannĂ©. ». Il est le seul, avec le chroniqueur de LibĂ©ration, Ă mettre le doigt sur la rĂšgle hollywoodienne qui met au centre de la plupart des productions un hĂ©ros sans peur et sans reproche... mĂȘme sâil nâexiste pas dans la rĂ©alitĂ© quâon est supposĂ© relater.
Distinctions
RĂ©compenses
- San Diego Film Critics Society Awards 2012 : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario adapté et meilleur montage
- New York Film Critics Online Awards 2012 : meilleure distribution
- Los Angeles Film Critics Association Awards 2012 : meilleur scénario
- St. Louis Film Critics Association Awards 2012 : meilleur film, meilleure réalisation
- Satellite Awards 2012 : meilleure musique de film
- Phoenix Film Critics Society Awards 2012 : meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleur montage
- Austin Film Critics Association Awards 2012 : meilleur scénario adapté
- Florida Film Critics Circle Awards 2012 : meilleur film, meilleure réalisation et meilleur scénario adapté
- Southeastern Film Critics Association Awards 2012 : meilleur film, meilleure réalisation et meilleur scénario adapté
- Kansas City Film Critics Circle Awards 2012 : meilleur scénario adapté
- Nevada Film Critics Society Awards 2012 : meilleur film, meilleure réalisation
- African-American Film Critics Association Awards 2012 : meilleure réalisation
- Black Film Critics Circle 2012 : meilleur scénario adapté
- Houston Film Critics Society Awards 2013 : meilleur film, meilleure réalisation
- Online Film Critics Society Awards 2013 : meilleur film, meilleur scénario adapté
- Denver Film Critics Society Awards 2013 : meilleur film, meilleure réalisation
- EDA Awards 2013 : meilleur scénario adapté
- Critics' Choice Movie Awards 2013 :
- Golden Globes 2013 :
- Producers Guild of America Awards 2013: meilleur producteur de film
- Screen Actors Guild Awards 2013 : meilleure distribution
- Directors Guild of America Awards 2013 : meilleure réalisation de film
- Irish Film and Television Awards 2013 : meilleur film international
- BAFTA Awards 2013 :
- American Cinema Editors Awards 2013 : meilleur montage d'un film dramatique pour William Goldenberg
- Writers Guild of America Awards 2013 : meilleur scénario
- César du cinéma 2013 : meilleur film étranger
- Oscars du cinéma 2013 :
- Oscar du meilleur film
- Oscar du meilleur montage pour William Goldenberg
- Oscar du meilleur scénario adapté pour Chris Terrio
- Casting Society of America Awards 2013 : meilleure distribution
Nominations
- Festival international du film de Toronto 2012 : sélection « Gala Presentations »
- David di Donatello 2013 : meilleur film Ă©tranger
- Golden Globes 2013 :
- BAFTA Awards 2013 :
- Meilleur acteur pour Ben Affleck
- Meilleur acteur dans un second rĂŽle pour Alan Arkin
- Meilleur scénario adapté pour Chris Terrio
- Meilleure musique de film pour Alexandre Desplat
- Oscars du cinéma 2013 :
- Oscar du meilleur acteur dans un second rĂŽle pour Alan Arkin
- Oscar du meilleur montage de son
- Oscar du meilleur mixage de son
- Oscar de la meilleure musique de film pour Alexandre Desplat
Controverses et inexactitudes
Polémique en Iran
Le gouvernement iranien a fortement critiquĂ© le film. En plus de vouloir monter un projet cinĂ©matographique opposĂ©, le gouvernement a contactĂ© l'avocate française Isabelle Coutant-Peyre afin de « voir s'il existe des moyens pour que la production spĂ©cifiquement anti-iranienne sâarrĂȘte ». L'avocate Ă©voque notamment une « falsification historique » et « un cas de dĂ©nigrement, dâatteinte Ă lâhonneur et Ă la considĂ©ration de lâEtat iranien et de sa population par les producteurs du film », tout en prĂ©cisant que les autoritĂ©s iraniennes n'exigent pas le retrait du film, simplement « la diffusion d'un bandeau disant que les faits racontĂ©s ne correspondent pas Ă la rĂ©alitĂ© »[24].
Accusations de fabulation
Selon un reportage de Radio-Canada, des tĂ©moins de l'Ă©vĂšnement auraient affirmĂ© que le film ne relaterait pas la vraie histoire de cette crise[25] - [26]. Le film serait plutĂŽt une fiction qui placerait de cĂŽtĂ© la vĂ©ritĂ© pour raconter une histoire plus glorieuse pour les Ătats-Unis[27].
« Le film de Ben Affleck est une pure fabulation ! C'est un travestissement de la réalité pour des fins commerciales. » - Guy Gendron[27].
Sur les rÎles comparés du Canada et de la CIA
AprĂšs l'avant-premiĂšre au festival du film international de Toronto 2012, de nombreux critiques dĂ©clarĂšrent quâil glorifiait injustement les rĂŽles de la CIA et minimisait de mĂȘme celui du gouvernement du Canada (particuliĂšrement celui de son reprĂ©sentant, lâambassadeur M. Taylor) dans lâopĂ©ration dâextraction[28]. Lâhebdomadaire canadien Maclean's affirma que « le film rĂ©Ă©crit lâhistoire aux dĂ©pens du Canada, faisant dâHollywood et de la CIA les sauveurs hĂ©roĂŻques de la saga alors que Taylor est relĂ©guĂ© au rang dâun aimable gardien dâambassade. »[29] Le texte qui passe Ă lâĂ©cran Ă la fin du film dit que la CIA a laissĂ© Taylor sâen attribuer le mĂ©rite car il avait un but politique ; certains critiques ont interprĂ©tĂ© que cela laissait entendre quâil ne mĂ©ritait pas les louanges quâil avait reçues[30]. En rĂ©ponse Ă cette critique, Ben Affleck changea ce texte en : « L'implication de la CIA a complĂ©tĂ© les efforts de lâambassade canadienne pour libĂ©rer les six rĂ©fugiĂ©s Ă TĂ©hĂ©ran. Ă ce jour cette histoire se prĂ©sente comme un modĂšle durable de coopĂ©ration internationale entre gouvernements »[31]. Le Toronto Star estima « mĂȘme cela rend Ă peine justice au Canada »[32].
Dans une interview à CNN, l'ancien président US Jimmy Carter a relancé la controverse :
« La contribution canadienne aux idĂ©es et Ă la rĂ©alisation du plan est de 90 % alors que le film en accorde presque tout le crĂ©dit Ă la CIA amĂ©ricaine ; mis Ă part ceci, le film est trĂšs bon. Mais le personnage jouĂ© par Ben Affleck dans le film n'a Ă©tĂ© que... un jour et demi Ă TĂ©hĂ©ran. Et le hĂ©ros principal pour moi a Ă©tĂ© Ken Taylor, lâambassadeur canadien qui a orchestrĂ© lâensemble[33]. »
Taylor fait remarquer, « En rĂ©alitĂ© le Canada eut la responsabilitĂ© des six otages et la CIA fut un partenaire subalterne. Mais je dois tenir compte que c'est un film et quâil faut tenir les spectateurs accrochĂ©s Ă leur siĂšge. »[31]. Dans le film, on montre Taylor menaçant de fermer lâambassade canadienne. Ce ne fut pas le cas et les Canadiens nâont jamais envisagĂ© dâabandonner les six AmĂ©ricains qui avaient trouvĂ© refuge sous leur protection[31].
Ben Affleck déclara :
« Du fait que nous disons que c'est basĂ© sur une histoire vraie, nous avons le droit dâenjoliver le drame. Il y a une atmosphĂšre de vĂ©rité⊠Les choses qui sont vraiment importantes pour la vĂ©ritĂ© y sont ; par exemple les relations entre les Ătats-Unis et le Canada. Les Ătats-Unis se sont dressĂ©s collectivement comme une seule nation et ont dit : âNous vous aimons, nous vous apprĂ©cions, nous vous respectons, et nous avons une dette envers vous.â⊠Il y a des gens qui nâont pas voulu se mouiller mais les canadiens lâont fait. Ils ont dit : âNous allons risquer notre statut de diplomates, nos vies en hĂ©bergeant six amĂ©ricains parce que câest la bonne chose Ă faire.â En faisant cela, ils ont sauvĂ© la vie des otages[29]. »
Sur les rĂŽles du Royaume-Uni et de la Nouvelle-ZĂ©lande
DĂšs sa sortie en , le film fut critiquĂ© car il suggĂ©rait que les ambassades britanniques et nĂ©o-zĂ©landaises avaient tournĂ© le dos aux rĂ©fugiĂ©s amĂ©ricains de TĂ©hĂ©ran. Or ces ambassades les ont aidĂ©s tout comme l'ambassade canadienne. Les Britanniques ont dâabord hĂ©bergĂ© les rĂ©fugiĂ©s amĂ©ricains[34], mais on a considĂ©rĂ© que le lieu nâĂ©tait pas sĂ»r, et tous les officiels impliquĂ©s ont pensĂ© que la rĂ©sidence de lâambassadeur canadien Ă©tait plus indiquĂ©e. Lâambassade de Nouvelle-ZĂ©lande a pris dâĂ©normes risques : elle sâest prĂ©parĂ©e Ă les recevoir et Ă les cacher pour le cas oĂč ils auraient Ă changer de refuge[35], puis emmener les AmĂ©ricains en voiture Ă lâaĂ©roport quand ils se sont enfuis de TĂ©hĂ©ran[36]. Des diplomates britanniques ont aussi aidĂ© dâautres otages amĂ©ricains en plus du groupe des six Ă©vadĂ©s[37]. Lâagent consulaire Bob Anders, jouĂ© dans le film par Tate Donovan, dĂ©clara[38] : "Ils ont risquĂ© leur vie pour nous. CâĂ©tait risquĂ© pour nous tous. JâespĂšre que personne en Grande-Bretagne ne sera offensĂ© par ce qui est dit dans le film. Les Britanniques ont Ă©tĂ© parfaits avec nous et nous leur en serons Ă©ternellement reconnaissants."[38]
Sir John Graham, alors ambassadeur britannique en Iran déclara[38] :
« Ma réaction immédiate en écoutant ceci fut de l'indignation. Depuis je me suis calmé, mais je suis toujours bouleversé par le fait que les réalisateurs se soient tellement trompés. Je suis préoccupé car ce récit inexact ne devait pas entrer dans la mythologie des évÚnements de Téhéran en novembre 1979[38]. »
Le chargĂ© d'affaires britanniques de lâĂ©poque Ă TĂ©hĂ©ran dĂ©clara que si les AmĂ©ricains avaient Ă©tĂ© dĂ©couverts dans lâambassade britannique, "je peux vous assurer que nous aurions tous Ă©tĂ© bons pour le grand saut."[39] Martin Williams, le secrĂ©taire de Sir John Graham en Iran Ă lâĂ©poque est celui qui trouva les AmĂ©ricains, ceci aprĂšs les avoir cherchĂ©s dans sa propre voiture, et qui, le premier les abrita chez lui[40]. La sĂ©quence du film oĂč une gouvernante est confrontĂ©e Ă un camion transportant des Gardiens de la RĂ©volution Ă la rĂ©sidence de lâambassadeur canadien ressemble de façon frappante Ă lâhistoire de William. Il raconta comment un courageux garde de lâambassade britannique, Iskander Khan, se retrouva face Ă des Gardiens de la RĂ©volution fortement armĂ©s et les convainquit quâil nây avait personne Ă lâintĂ©rieur quand ils tentĂšrent de fouiller la maison de William pendant un black-out. William dĂ©clara ensuite : « Ils sont partis. Les AmĂ©ricains et nous avons eu beaucoup de chance dans notre fuite. » Plus tard, les fuyards ont rejoint la rĂ©sidence de lâambassadeur du Canada[40].
On cite Ben Affleck dĂ©clarant au Sunday Telegraph : « J'ai consacrĂ© beaucoup de temps et dâefforts Ă cette sĂ©quence car elle prĂ©sente la Grande Bretagne et la Nouvelle ZĂ©lande sous un angle qui nâest pas vraiment honnĂȘte. Mais je mettais au point une situation oĂč on devait sentir que ces six personnes nâavaient nulle part ailleurs oĂč aller. Ăa ne signifie pas que le rĂŽle de quiconque est minorĂ©. »[38]
Le , la Chambre des représentants de Nouvelle-Zélande a condamné moralement Ben Affleck en votant à l'unanimité le texte suivant, proposé par Winston Peters le leader du parti politique Nouvelle-Zélande d'abord[41] - [42] :
« âŠcette Chambre manifeste sa gratitude aux anciens diplomates de la Nouvelle ZĂ©lande Chris Beeby et Richard Sewell pour leur aide aux otages amĂ©ricains Ă TĂ©hĂ©ran pendant la crise de 1979 et exprime des regrets que le rĂ©alisateur du film Argo ait fait des coupes qui ont trompĂ© le public Ă propos de ce qui s'est rĂ©ellement passĂ© au cours de cette crise, alors quâen fait, les actions inspirĂ©es de nos courageux diplomates ont apportĂ© une aide significative aux otages amĂ©ricains et mĂ©ritent une remise en place des faits rĂ©els et historiques. »
La réalité du danger pour le groupe
Dans le film, les diplomates sont confrontĂ©s Ă des regards suspicieux de la part d'Iraniens Ă chaque fois qu'ils sortent en public et paraissent prĂšs d'ĂȘtre attrapĂ©s Ă plusieurs occasions au cours de leur escapade vers la libertĂ©. En rĂ©alitĂ©, les diplomates n'ont jamais paru ĂȘtre en situation de danger imminent. En fait le groupe devant supporter un examen approfondi pendant qu'ils achetaient leurs billets d'avions, la femme de Taylor a achetĂ© tranquillement sans aucun problĂšme, bien Ă l'avance, trois sĂ©ries de billets de trois compagnies diffĂ©rentes[43].
- Le film montre une dramatique annulation de la mission de derniÚre minute par l'administration Carter et Mendez déclarant qu'il poursuivra cette mission. Carter a différé son autorisation de seulement 30 minutes, et ce fut avant que Mendez ait quitté l'Europe pour l'Iran.
- Le film dĂ©peint une situation tendue quand le groupe essaie d'embarquer dans lâavion alors que leurs identitĂ©s sont presque dĂ©couvertes. Il nây eut pas de confrontation de ce genre Ă la porte dâembarquement avec les responsables de la sĂ©curitĂ©.
- Le film montre une course poursuite au moment oĂč l'avion dĂ©colle ; cela nâa pas eu lieu. Mark Lijek en fit cette description : « Heureusement pour nous, il y avait trĂšs peu de Gardiens de la RĂ©volution dans cette zone. Câest pour cette raison que nous avions optĂ© pour un vol Ă 5 h 30 du matin ; mĂȘme eux nâavaient pas assez de zĂšle pour y ĂȘtre si tĂŽt. La vĂ©ritĂ© est que les officiers de lâimmigration ne nous regardĂšrent Ă peine et que nous avons Ă©tĂ© contrĂŽlĂ©s comme tout le monde. Nous sommes montĂ©s Ă bord du vol pour Zurich puis nous avons Ă©tĂ© emmenĂ©s Ă la rĂ©sidence de lâambassadeur des Ătats-Unis Ă Berne. Ăa a Ă©tĂ© aussi simple que ça. »
Autres inexactitudes ou controverses
Le film comporte d'autres inexactitudes historiques :
- Le scĂ©nario montre les Ă©vadĂ©s â Mark et Cora Lijek, Bob Anders, Lee Schatz, et Joe Cathy Stafford â s'installant Ă lâĂ©troit dans une cohabitation forcĂ©e Ă la rĂ©sidence de lâambassadeur canadien Ken Taylor. En fait, aprĂšs quelques nuits, le groupe sâest sĂ©parĂ© entre la maison de Taylor et celle dâun autre officiel canadien, John Sheardown.
- Mark Lijek dĂ©clara : « C'est faux dâavoir montrĂ© que nous ne pouvions jamais sortir. La maison de John Sheardown avait une cour intĂ©rieure avec un jardin et nous pouvions y marcher librement ».
- Le rÎle important du producteur de cinéma Lester Siegel joué par Alan Arkin est totalement fictif.
- En montrant l'effort frĂ©nĂ©tique du quartier gĂ©nĂ©ral de la CIA, Ă Langley, pour obtenir du prĂ©sident Jimmy Carter quâil rĂ©-autorise la mission de telle sorte que les billets dâavions dĂ©jĂ achetĂ©s soient toujours valables, un cadre de la CIA est montrĂ© entrant en communication avec lâopĂ©rateur tĂ©lĂ©phonique de la Maison-Blanche pour pouvoir parler au chef du cabinet Hamilton Jordan et se faisant passer pour un reprĂ©sentant de lâĂ©cole oĂč va le fils de Jordan. En fait, Jordan Ă©tait cĂ©libataire et nâavait pas dâenfants Ă cette Ă©poque.
- Le film montre Mendez découvrant le script avec le titre Argo, en fait le script avait pour titre Lord of Light adapté du livre de Roger Zelazny. C'est la CIA qui en changea le titre en Argo.
- Le dessinateur de bandes dessinĂ©es Jack Kirby n'a pas illustrĂ© le scĂ©nario pour le film proposĂ© par la CIA. Il lâa fait pour une tentative de production de Lord of Light quelques annĂ©es avant la prise dâotages en Iran.
- On montre le panneau Hollywood en ruines comme il l'a été au début des années 1970. Il a été réparé en 1978, deux ans avant les événements décrits dans le film.
- On voit un drapeau de l'actuelle RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo de lâune des fenĂȘtres du quartier gĂ©nĂ©ral de la CIA. En 1979/1980 ce pays s'appelait le ZaĂŻre et avait un drapeau complĂštement diffĂ©rent.
- Le groupe de Mendez et des otages a pris un vol de la Swissair pour quitter Téhéran, on les voit prendre un Boeing 747, avec l'immatriculation fictive HB-ISO. Swissair avait un avion avec cette immatriculation mais qui en fait correspondait à un McDonnell Douglas DC-9-51.
Controverse sur le casting
Des hispaniques et des critiques de cinĂ©ma ont reprochĂ© le choix de Ben Affleck pour le rĂŽle de Mendez qui a des ancĂȘtres mexicains du cĂŽtĂ© de son pĂšre. L'acteur et metteur en scĂšne mexicano-amĂ©ricain Edward James Olmos ajoute qu'Affleck jouant Mendez est une « erreur » et que lâacteur « n'avait pas le sens de la culture du personnage quâil jouait ».
Cependant, Mendez dĂ©clara qu'il ne voyait pas de souci avec le casting et prĂ©cisa quâil ne sâidentifiait pas comme hispanique.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Argo (2012 film) » (voir la liste des auteurs).
- « Argo : Critique presse », sur Allociné
- « Argo. 1,3 million dâentrĂ©es en France. 232 millions $ de recettes dans le monde pour un budget de 44,5 millions », sur JP's Box-Office
- « Argo, une pure fabulation, selon de nouvelles révélations », sur ici.radio-canada.ca
- « La CIA twitte la vraie histoire d'«Argo» », sur liberation.fr
- (en) Dates de sortie sur IMDB
- « Fiche de doublage VF du film » sur RS Doublage, consulté le 1er octobre 2012, m-à -j le 25 avril 2013
- « DeuxiÚme fiche de doublage VF du film » sur AlloDoublage, consulté le 7 novembre 2012
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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