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Subterfuge canadien

Le « subterfuge canadien » ou évasion d'Iran (Canadian Caper en anglais) est l'opération d'exfiltration d'Iran de six diplomates américains, le . Elle fut organisée conjointement par le gouvernement du Canada et la CIA, après la prise d'otages à l'ambassade américaine de Téhéran qui avait débuté le .

« Merci Canada » : message de remerciement lors de l'arrivée aux États-Unis des diplomates américains évadés, en 1980.
Photo de six diplomates américains.

L'Ă©vasion

Le jour de la prise de l'ambassade amĂ©ricaine par des manifestants, cinq diplomates amĂ©ricains rĂ©ussissent Ă  Ă©chapper Ă  la foule et se rĂ©fugient d'abord dans l'appartement du consul amĂ©ricain. Cette cachette n'Ă©tant pas sĂ»re, ils contactent, quatre jours plus tard, le diplomate canadien John Sheardown pour lui demander son aide[1]. Celui-ci en rĂ©fère Ă  l'ambassadeur canadien Ken Taylor (en), qui estime prĂ©fĂ©rable d'hĂ©berger deux personnes du groupe Ă  l'ambassade, tandis que les autres iraient chez Sheardown. ImmĂ©diatement alertĂ©, le gouvernement canadien accorde son appui. Le , un autre diplomate amĂ©ricain, qui s'Ă©tait rĂ©fugiĂ© Ă  l'ambassade de Suède, s'ajoute au groupe hĂ©bergĂ© chez Sheardown. Les six rĂ©fugiĂ©s y resteront cachĂ©s pendant 79 jours[2].

Après quelques semaines, comme certains médias commencent à poser des questions au sujet du nombre exact d'otages, notamment Jean Pelletier du journal La Presse, il devient évident qu'il faut exfiltrer le groupe avant que le secret ne soit éventé. La décision est prise le lors d'une rencontre entre Flora MacDonald, ministre canadienne des Affaires étrangères, et Cyrus Vance, secrétaire d'État du président Jimmy Carter. Quelques jours plus tard, Antonio Mendez et un autre spécialiste de la CIA arrivent à Ottawa pour mettre au point le scénario de l'évasion : les six otages seraient présentés comme des cinéastes canadiens travaillant pour une société fictive installée à Hollywood. Autorisation est donnée d'émettre secrètement des passeports canadiens pour les otages. Selon le plan de Ken Taylor, les fugitifs devaient s'embarquer sur un vol régulier par leurs propres moyens dès le , mais la CIA insiste pour envoyer ses deux agents, qui se font passer eux aussi pour des cinéastes canadiens, afin de faciliter les opérations de sortie et corriger une erreur de date sur les visas d'entrée. L'embarquement se fait sans aucune difficulté sur un avion Swissair le [3].

Dans les médias

Cette opération d'évasion a été reprise sous diverses formes dans les médias.

  • En , le label amĂ©ricain Mercury Records sort un disque 45 tours intitulĂ© (This Is My Country) Thank You, Canada, interprĂ©tĂ© par la future joueuse de hockey sur glace Shelley Looney (en), alors âgĂ©e de sept ans.
  • Un long-mĂ©trage canadien pour la tĂ©lĂ©vision intitulĂ© Otages Ă  TĂ©hĂ©ran / Escape from Iran: The Canadian Caper[4] est rĂ©alisĂ© en 1981 par Lamont Johnson, avec dans les rĂ´les de Ken Taylor (en) et John Sheardown (en) les acteurs Gordon Pinsent et Chris Wiggins.
  • Le film amĂ©ricain Argo (Oscar du meilleur film 2013) rĂ©alisĂ© par Ben Affleck et sorti en 2012, est consacrĂ© Ă  l'opĂ©ration, mais a Ă©tĂ© critiquĂ© pour ses inexactitudes[5]. Selon un reportage de Radio-Canada, des tĂ©moins de l'Ă©vĂ©nement auraient affirmĂ© que le film ne relaterait pas la vraie histoire de cette crise[6] - [7]. Le film serait plutĂ´t une fiction qui placerait de cĂ´tĂ© la vĂ©ritĂ© pour raconter une histoire plus glorieuse pour les États-Unis. Le Canada aurait jouĂ© un rĂ´le beaucoup plus important dans le dĂ©roulement de l'opĂ©ration[8].

Références

  1. (en) Robert Wright, « Our other man in Tehran », Ottawa Citizen,‎ (lire en ligne [PDF]).
  2. (en) Antonio J. Mendez, « A Classic Case of Deception: CIA Goes Hollywood », Studies in Intelligence, Arlington, Virginie, Center for the Study of Intelligence, no Winter 1999–2000,‎ (ISSN 1527-0874, lire en ligne).
  3. Ministère des Affaires étrangères, du commerce et du développement du Canada, « Ken Taylor et les évadés d'Iran », .
  4. (en) Otages à Téhéran sur l’Internet Movie Database.
  5. (en) Argo: Iran hostage crisis film fiddles with the facts, ctvnews.ca.
  6. (en) CTV: Argo: Iran hostage crisis film fiddles with the factsRead, .
  7. (en) BBC News : Argo: The true story behind Ben Affleck's Globe-winning film, .
  8. Radio-Canada, « Argo, une pure fabulation, selon de nouvelles révélations », sur www.radio-canada.ca, (consulté le ).

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Canadian Caper » (voir la liste des auteurs).
  • Jean Pelletier et Claude Adams, ÉvadĂ©s d'Iran, MontrĂ©al, Éditions La Presse, 1981.
  • (en) John Kneale, Foreign Service, North York (Ontario), Captus Press, 1993.

Articles connexes

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