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Pixies

Pixies [ˈpÉȘksiz][2] est un groupe de rock alternatif amĂ©ricain, originaire de Boston, dans le Massachusetts[3]. FormĂ© en 1986[4], le groupe se sĂ©pare en janvier 1993 dans des conditions quelque peu houleuses, mais s’est reformĂ© en avril 2004. De ses dĂ©buts jusqu'en 2013, le groupe est constituĂ© de quatre membres : Black Francis (nĂ© Charles Thompson IV, et ayant eu pour nom d'artiste Frank Black entre 1993 et 2006) (chant et guitare rythmique), Joey Santiago (guitare solo), Kim Deal (basse et chant) et David Lovering (batterie). AprĂšs le dĂ©part de Kim Deal pendant l'enregistrement de l'album Indie Cindy, Kim Shattuck d'abord, puis Paz Lenchantin dĂ©sormais membre Ă  part entiĂšre du groupe, ont Ă©tĂ© les bassistes du groupe.

Pixies
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Frank Black et Kim Deal, lors d'un concert des Pixies, Ă  Kansas City, le .
Informations générales
Pays d'origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre musical College rock[1], rock alternatif[1], rock indépendant[1], noise pop
AnnĂ©es actives 1986–1993, depuis 2004
Labels 4AD, Elektra, Spin Art, Artemis
Site officiel www.pixiesmusic.com
Composition du groupe
Membres Black Francis
David Lovering
Joey Santiago
Paz Lenchantin
Anciens membres Kim Deal
Kim Shattuck (†)

Le groupe n'a rencontré qu'un modeste succÚs dans son pays d'origine, mais en Europe ses albums ont touché un large public[5].

La musique des Pixies puise notamment ses influences dans le punk rock et la surf music des annĂ©es 1960, et se caractĂ©rise par sa richesse mĂ©lodique, sa dynamique particuliĂšre (couplets calmes et refrains endiablĂ©s). Les chansons sont Ă©crites en quasi-totalitĂ© par Black Francis, le chanteur et guitariste du groupe. Ses textes sont dĂ©libĂ©rĂ©ment obscurs, souvent surrĂ©alistes[6], et traitent de sujets aussi divers et graves que l'ufologie, la maladie mentale, les blessures physiques et l’inceste, avec de nombreuses rĂ©fĂ©rences bibliques[7] - [8].

Le groupe est largement considĂ©rĂ© comme l'un des fers de lance lors de l’explosion du rock alternatif au dĂ©but des annĂ©es 1990, bien qu’il se soit sĂ©parĂ© avant d’avoir pu bĂ©nĂ©ficier pleinement de ce statut de pionnier[1] - [9]. Leur influence s'est considĂ©rablement Ă©tendue aprĂšs leur sĂ©paration. Ce statut de groupe culte n'est sans doute pas Ă©tranger au succĂšs de Nirvana, dont le leader Kurt Cobain a plusieurs fois reconnu que son groupe devait Ă©normĂ©ment aux Pixies[10].

Biographie

Origines et formation (1984–1986)

L’histoire des Pixies commence en 1984, avec la rencontre de Joey Santiago et de Black Francis (nĂ© Charles Michael Kitteridge Thompson IV[11]) alors qu’ils sont Ă©tudiants en Ă©conomie Ă  l’UniversitĂ© Amherst du Massachusetts (thĂšme de la chanson U-Mass, sur Trompe le Monde). Le hasard veut que les deux futurs amis partagent la mĂȘme rĂ©sidence universitaire. Leur passion commune pour la musique fait naĂźtre rapidement leur amitiĂ©, Joey passionnĂ© du punk rock des annĂ©es 1970, de David Bowie, et Francis admirateur des artistes des annĂ©es 1960, des Beatles et Donovan. Joey se charge d’initier Francis au punk rock. Le duo enregistre quelques maquettes Ă  deux guitares, sans objectif ou projet particulier[12]. En , Francis part pour un an Ă  Porto Rico, dans le cadre d’un Ă©change universitaire et se retrouve dans un dortoir composĂ© pour moitiĂ© de jeunes portoricains homosexuels trĂšs extravertis, dont un certain JosĂ© Jones, protagoniste de la chanson Crackity Jones, sur Doolittle. Le mal du pays et sa difficultĂ© Ă  maĂźtriser l’espagnol (qui s'amĂ©liorera par la suite, comme le montreront certains titres de Come on Pilgrim) poussent Black Francis Ă  revenir Ă  Boston au bout de six mois, en . LĂ , il parvient Ă  convaincre Joey d’abandonner ses Ă©tudes et de monter un groupe de rock[12] - [13]. Les deux compĂšres passent alors leur temps Ă  composer, vivotant d'emplois de manutentionnaires sur les docks de la ville[14]. En juin 1986, ils passent une petite annonce dans un journal local, le Boston Phoenix pour recruter une bassiste sachant chanter en harmonie et aimant Peter, Paul and Mary et HĂŒsker DĂŒ[15].

Kim Deal, jeune laborantine tout juste mariĂ©e et fraĂźchement dĂ©barquĂ©e Ă  Boston est la seule personne Ă  rĂ©pondre Ă  l’annonce[16]. Francis et Santiago surent dĂšs le dĂ©but que c'Ă©tait elle qu'il leur fallait, en dĂ©pit du fait que Kim n’ait jamais touchĂ© de basse de sa vie[17] - [18]. Le groupe commença dĂšs lors Ă  rĂ©pĂ©ter avec une boĂźte Ă  rythmes, mais la nĂ©cessitĂ© d’un batteur se fait sentir. C'est d’abord Kelley Deal, sƓur jumelle de Kim, qui est pressentie. Francis et Kim se partagent le prix du billet d’avion pour la faire venir de l’Ohio. Kelley passe l'audition avec succĂšs, mais refuse d’intĂ©grer le groupe en dĂ©clarant que cela ne l’intĂ©ressait pas et repart dĂšs le lendemain. Kim se souvient alors de David Lovering, croisĂ© Ă  la rĂ©ception de son mariage et vieille connaissance de son mari[19] - [20]. Non seulement David accepte, mais il propose au groupe de rĂ©pĂ©ter dans le garage de ses parents, chez qui il vit encore[21] - [22]. Reste Ă  trouver un nom au groupe fraĂźchement formĂ©. Joey, qui avait souvent recours au dictionnaire (l’anglais n’étant pas sa langue maternelle) tombe par hasard sur ce drĂŽle de mot qui dĂ©signe de petits elfes malicieux[12]. AprĂšs avoir envisagĂ© des noms tels que Pixies in Panoply et Things on Fire[23], le nom de Pixies est dĂ©finitivement adoptĂ©[24]. C’est sous ce nom qu’ils donnent leur premier concert, au Rathskeller (en) de Boston en [25].

Contrat avec 4AD et Come On Pilgrim (1987)

Alors qu’ils jouent en premiĂšre partie des Throwing Muses, ils sont remarquĂ©s par le producteur Gary Smith, des fameux studios Fort Apache. Il approche le groupe en ces termes : « je ne trouverai pas le sommeil tant que vous ne serez pas mondialement cĂ©lĂšbres »[12]. Peu de temps aprĂšs, en , le groupe s’enferme en studio pour trois jours[26], le temps d’enregistrer dix-sept ou dix-huit titres sous la houlette de Gary Smith. L’enregistrement constitue la maquette plus connue sous le nom de Purple Tape, littĂ©ralement « cassette violette » en rĂ©fĂ©rence Ă  sa couleur. Le pĂšre de Black Francis avance les mille dollars nĂ©cessaires Ă  l’enregistrement. Cette cassette n’est destinĂ©e qu’à assurer la promotion du groupe auprĂšs des maisons de disques, elle est envoyĂ©e, entre autres, Ă  Ivo Watts-Russell de 4AD et au promoteur local Ken Goes qui devint le manager du groupe[12]. Watts Russell n'est pas trĂšs emballĂ© par la cassette, mais il signe le groupe aprĂšs s’ĂȘtre laissĂ© convaincre par sa petite amie d’alors[12] - [27]. Un album sort en 2002, l'Ă©ponyme Pixies, contenant les chansons de la Purple Tape ne figurant pas sur Come on Pilgrim et un morceau inĂ©dit, Rock A My Soul.

À la suite de la signature du groupe chez 4AD, huit titres issus de la Purple Tape sont sĂ©lectionnĂ©s pour figurer sur le mini-album Come On Pilgrim, premier opus du groupe, publiĂ© le . Le titre de ce premier disque est tirĂ© des paroles de Levitate Me, elles-mĂȘmes inspirĂ©es d’une harangue utilisĂ©e par le pionnier du rock chrĂ©tien Larry Norman durant ses concerts : « Come on pilgrim / You know he loves you »[12] soit : « Allez, pĂšlerin. Tu sais qu'il (JĂ©sus) t'aime ». ÉlevĂ© au sein d’une famille trĂšs religieuse, Francis raconte en interview avoir vu Larry Norman sur scĂšne Ă  l’occasion d’un camp de vacances chrĂ©tien. Plus tard, devenu Frank Black, il reprend l’un des titres de Larry Norman, et monte sur scĂšne avec lui. Au moment de crĂ©diter les quatre membres du groupe sur la pochette du disque, Charles Thompson dĂ©cide de se faire appeler Black Francis[28]. Il avoue plus tard que ce coup de tĂȘte Ă©tait un hommage, certes discret, Ă  Iggy Pop. Dans le mĂȘme ordre d'idĂ©es, Kim Deal apparait sous le nom de Madame John Murphy, son mari d’alors. Selon elle, il s'agissait lĂ  d'une blague fĂ©ministe.

Sur Come On Pilgrim, Francis fait allusion Ă  son voyage Ă  Porto Rico (Vamos, Isla de Encanta). Les textes Ă©voquent la pauvretĂ© des habitants de l’üle et leur dĂ©sir de connaĂźtre une existence meilleure. Les paroles Ă  connotations religieuses de Come On Pilgrim et des albums Ă  venir sont un Ă©cho des jeunes annĂ©es de Black Francis, passĂ©es au sein de l’Église PentecĂŽtiste[29]. Come On Pilgrim prĂ©sente dĂ©jĂ  toutes les caractĂ©ristiques du groupe : mĂ©lange des idiomes avec la prĂ©sence de l’espagnol (Vamos et Isla de Encanta), textes traitant de l’inceste (Nimrod's Son), du sexe (l'onanisme est le thĂšme de The Holiday Song) et de la religion (animiste en l'occurrence, sur Caribou), mais aussi le style erratique de Joey Santiago, les harmonies vocales de Kim Deal, et la trĂšs large palette vocale de Black Francis, qui va du fausset de I've Been Tired aux grondements sauvages de Caribou ou de Vamos[30].

Surfer Rosa et Doolittle (1988)

Come On Pilgrim est suivi de Surfer Rosa, premier vĂ©ritable album du groupe. EnregistrĂ© et produit par Steve Albini (engagĂ© par Ivo Watts Russell sur conseil d’un de ses collĂšgues de 4AD)[31] et bouclĂ© en deux semaines ; l'album sort dĂ©but 1988. Steve Albini sera plus largement connu en 1993, lorsqu’il produira le dernier album de Nirvana, In Utero, Ă  la demande de Kurt Cobain, pour qui Surfer Rosa Ă©tait un disque de chevet. Kurt Cobain en apprĂ©ciait particuliĂšrement le son de batterie brut et puissant – l’une des griffes caractĂ©ristiques d’Albini[32]. Avec Surfer Rosa, les Pixies s’attirent les louanges du monde musical. Des revues spĂ©cialisĂ©es comme le Melody Maker et Sounds lui dĂ©cernent le titre d'album de l’annĂ©e[12]. Le succĂšs critique de l’album est tel que le groupe signe un accord de distribution sur le marchĂ© nord-amĂ©ricain avec Elektra, avant mĂȘme la sortie du nouvel album.

Surfer Rosa, comme son prĂ©dĂ©cesseur, fait preuve d’inventivitĂ© et varie les plaisirs. Bone Machine, qui ouvre l’album, fait Ă©talage de la force de frappe de David Lovering avec sa batterie trĂšs en avant. On y trouve aussi de la pop aux guitares incisives (Broken Face, bel exemple de texte surrĂ©aliste de Black Francis[33], Break My Body, Brick Is Red) ou encore du punk hardcore bestial (Something Against You, trĂšs influencĂ© par HĂŒsker DĂŒ). Vamos, rĂ©enregistrĂ©e pour l’occasion, apparaĂźt aussi sur l’album. Avant cette nouvelle version de la chanson, on trouve un petit dialogue entre Black Francis et Kim Deal, oĂč le chanteur envoie proprement paĂźtre la bassiste. Certains y ont vu un rĂ©vĂ©lateur de tensions dĂ©jĂ  existantes au sein du groupe, alors qu’il n’en est rien, il ne s'agit en fait que d’une simple farce. Les tensions qui conduiront Ă  l’implosion du groupe n'apparaĂźtront que plus tard.

Surfer Rosa contient deux chansons devenues trĂšs populaires : Gigantic, Ă©crite et chantĂ©e par Kim Deal[34], et Where Is My Mind?, devenu, avec le temps, le grand tube des Pixies. Le fait que le titre ait Ă©tĂ© utilisĂ© en gĂ©nĂ©rique de fin de Fight Club y est sans doute pour beaucoup. Lors des premiĂšres annĂ©es des Pixies, c’est cependant bien Gigantic qui est le morceau prĂ©fĂ©rĂ© des foules, ce qui, dit en passant, rend Black Francis trĂšs jaloux. Entre fĂ©vrier et , les Pixies rĂ©alisent leur premiĂšre tournĂ©e europĂ©enne, en premiĂšre partie des Throwing Muses et enregistre Ă  cette occasion la premiĂšre Peel Session des six au total, jusqu’en . Ces sessions ont Ă©tĂ© compilĂ©es en 1998 sur l’album Pixies at the BBC.

À la fin 1988, le groupe est mis en relation avec Gil Norton, censĂ© produire leur deuxiĂšme album, Doolittle (provisoirement intitulĂ© Whore[12]). Pour l’occasion, la durĂ©e de l’enregistrement et le budget grimpent en flĂšche : les sessions s’étalent sur les six derniĂšres semaines de 1988, et leur coĂ»t avoisine les quarante-mille dollars, soit le quadruple de ce qu’avait coĂ»tĂ© Surfer Rosa[35]. Le son perd son cĂŽtĂ© brut, mais gagne en ampleur. La production de Gil Norton est indĂ©niablement plus propre. Les sujets abordĂ©s par Black Francis restent similaires Ă  ceux des deux premiers disques : la religion, les blessures physiques (la mutilation et les pertes de sang en particulier), les souvenirs de Porto Rico
 Les paroles sont toujours aussi surrĂ©alistes.

Debaser, premier morceau, est un hymne au film de Luis Buñuel, Un chien andalou (1929). Here Comes Your Man, chanson pop faussement innocente[36], est le premier single tirĂ© de Doolittle. Monkey Gone to Heaven, enregistrĂ© avec un quatuor Ă  cordes, sera le second. Dans l’unique contribution de Kim Deal, Silver, la jeune femme passe pour l’occasion Ă  la slide guitar, tandis que David Lovering s’occupe de la basse. Deal, signant pour la premiĂšre fois de son vrai nom sur Doolittle, David Lovering lui, chante La La Love You, une chanson d’amour naĂŻve quelque peu atypique pour le groupe. Tout comme Surfer Rosa, Doolittle est louĂ© par la critique et les fans. Le disque certifiĂ© or aux États-Unis en 1995, est classĂ© parmi les meilleurs disques de tous les temps par nombre de revues musicales, dont Rolling Stone[37], Q et NME.

Pause (1989)

L’album Doolittle est promu via deux tournĂ©es aux noms provocateurs, l'une en Europe (Sex and Death Tour)[38] et l'autre en AmĂ©rique du Nord (Fuck or Fight Tour). Si le groupe se permet quelques fantaisies lors de la tournĂ©e europĂ©enne (notamment certains concerts avec les morceaux jouĂ©s dans l'ordre alphabĂ©tique[1]), c'est aussi durant cette tournĂ©e que les tensions entre Black Francis et Kim Deal apparaissent. Le , sur scĂšne Ă  Stuttgart, Black Francis jette une guitare sur Kim Deal arrivĂ©e au concert avec une heure de retard[39]. Santiago expliquera, des annĂ©es plus tard, dans une interview Ă  Mojo, que Black Francis avait mĂȘme songĂ© Ă  renvoyer Kim Deal avant l’enregistrement de Bossanova. Seule la persuasion de l’avocat du groupe permet d’empĂȘcher l’éviction de la bassiste. Elle s’en sort ainsi avec un simple avertissement[40] - [41].

ExtĂ©nuĂ© par deux annĂ©es de concerts entre l’Europe et les États-Unis, le groupe finit son Fuck or Fight Tour sur les rotules. Lors de la derniĂšre date amĂ©ricaine, Kim Deal, ivre, ne tient mĂȘme plus debout, et Joey Santiago se casse la main en tentant de briser une guitare Ă  la fin du concert. Le groupe dĂ©cide alors d’annoncer une pause dans ses activitĂ©s. Joey en profite pour faire du tourisme dans le Grand Canyon, David fait de mĂȘme en voyageant en JamaĂŻque. Francis s’achĂšte une Cadillac jaune et part faire le tour des États-Unis avec sa compagne, Jean Walsh. À l’occasion il donne quelques concerts, seul, pour gagner de l’argent et meubler ainsi son nouvel appartement de Los Angeles. Quant Ă  Kim, elle rĂ©active son groupe de jeunesse, The Breeders, en compagnie de sa sƓur Kelley, de Tanya Donelly des Throwing Muses et de la bassiste Josephine Wiggs de Perfect Disaster. Le groupe enregistre l'album Pod, sorti en 1990[42].

Bossanova, Trompe le Monde et sĂ©paration (1990–1993)

En 1990, tous les membres des Pixies, Ă  l'exception de Kim Deal, partent vivre Ă  Los Angeles[43], car, selon David Lovering, le studio d'enregistrement se trouve lĂ [44]. DotĂ© d'un budget plus important, Bossanova fut enregistrĂ© sur un 46 pistes, alors que Doolittle l'avait Ă©tĂ© sur un 24 pistes. Contrairement aux disques prĂ©cĂ©dents, Black Francis compose la majoritĂ© des titres en studio[45]. Avec Bossanova, Black Francis affirma un caractĂšre de plus en plus despotique[46]. Il limite ainsi drastiquement l’apport de Kim Deal au groupe, dans l’écriture et dans les chƓurs ; toutes les chansons originales sont signĂ©es Black Francis. L’album sort en et durant la tournĂ©e qui suit, Deal manifeste Ă  diverses reprises son dĂ©saccord en multipliant les dĂ©clarations tapageuses, notamment au sujet de la dissolution imminente du groupe. Pourtant les Pixies au sommet de leur popularitĂ© sont propulsĂ©s en tĂȘte d’affiche du gigantesque festival de Reading, le , oĂč ils donnent une prestation mĂ©morable. Bossanova montre un changement d’orientation dans les textes des Pixies. Black Francis y Ă©voque sa passion pour la science-fiction, les ovnis, les enlĂšvements par les extraterrestres[6]. Musicalement, la surf music est la source d'inspiration majeure pour cet album. D'ailleurs le premier titre, Cecilia Ann, est une reprise du groupe The Surftones, pionniers du genre. Pour la premiĂšre fois, Black Francis chante de façon bien plus mĂ©lodieuse (Ă  la seule exception de Rock Music) et abandonne pratiquement les hurlements qui Ă©taient sa marque de fabrique. Des titres comme Ana, Havalina dĂ©veloppent une atmosphĂšre quasi Ă©lĂ©giaque. Les soli de Santiago sont eux aussi moins agressifs que sur les prĂ©cĂ©dents albums.

La tournĂ©e Bossanova s’achĂšve en dĂ©cembre 1990. Coupant court momentanĂ©ment aux rumeurs rĂ©currentes prĂ©disant sa sĂ©paration, le groupe commence Ă  travailler sur son prochain disque. Des bruits de couloir prĂ©tendent que le groupe allait s’essayer au heavy metal, et la sortie du single Planet of Sound, au son particuliĂšrement carnassier, ne faisaient que les conforter. Pour Black Francis, Trompe le Monde est son disque punk rock, et rien d'autre. Du point de vue des textes, le leader des Pixies confirme son obsession de l’ufologie[47], la science-fiction et les voyages interstellaires (notamment sur Bird Dream of the Olympus Mons et Motorway to Roswell, l'histoire d'un voyage d'extraterrestres qui tourne mal)[47] ou des thĂšmes inattendus comme un hommage Ă  l'ingĂ©nieur Gustave Eiffel sur le titre Alec Eiffel. Les compositions gagnent en densitĂ©, avec notamment la prĂ©sence sur certains titres d’Eric Drew Feldman, clavier de Pere Ubu et de Captain Beefheart.

Le groupe tourne en Europe durant l’étĂ© 1991 puis en AmĂ©rique du Nord en automne-hiver 1991-1992, oĂč ils assurent la premiĂšre partie de U2, sur la tournĂ©e Zoo TV pour 30 dates entre fĂ©vrier et . La tournĂ©e se termine avec un dernier concert au Commodore Ballroom de Vancouver, au Canada, le , qui est pendant douze ans le dernier concert des Pixies. Les tensions sont alors telles que Kim et Francis ne s’adressent mĂȘme plus la parole. AprĂšs ce dernier concert, Francis annonce aux autres membres son intention de prendre une annĂ©e sabbatique, pendant laquelle il va en fait enregistrer son premier album solo. Kim Deal part en tournĂ©e avec les Breeders (publiant notamment avec le groupe l'EP Safari). Joint par satellite le [48] par Mark Radcliffe pour l’émission Hit the North sur BBC Radio 5, Black Francis confirme la fin des Pixies Ă  l’animateur qui le questionne Ă  ce sujet. Il annonce ensuite la nouvelle Ă  Joey Santiago par tĂ©lĂ©phone, Dave Lovering et Kim Deal reçoivent un fax[49].

Post-sĂ©paration (1993–2003)

Black Francis se fait appeler Frank Black et sort trois albums en solo. Puis il forme un nouveau groupe, les Franck Black and the Catholics, en compagnie de Scott Boutier, Eric Drew Feldman, Rich Gilbert, David McCaffrey et Dave Phillips. Le groupe sort six albums partagĂ©s entre punk, folk et country rock. En 2005, Frank Black sort son quatriĂšme album solo, Honeycomb, enregistrĂ© avec des musiciens de sĂ©ance de Nashville, et en 2006 Fast Man/Raider Man, double album issu des mĂȘmes sessions. En 2007, Frank Black reprend son ancien pseudo Black Francis Ă  l'occasion de la sortie de l'album Bluefinger.

Deal repart vers les Breeders, obtenant un gros succĂšs avec Cannonball, issu du deuxiĂšme album du groupe, Last Splash. Le groupe met ensuite neuf ans Ă  sortir son troisiĂšme opus, Kelley Deal luttant notamment contre une addiction Ă  l’hĂ©roĂŻne[50]. Title TK, troisiĂšme album du groupe sort en 2002 ; de la prĂ©cĂ©dente formation, seules les sƓurs Deal Ă©taient restĂ©es. Pendant le hiatus imposĂ© aux Breeders, Kim Deal monte The Amps, qui sortent un unique album en 1995, Pacer[51].

David Lovering tente de rejoindre Depeche Mode, puis tient la batterie chez Cracker et sur l’album solo Tanya Donelly, Lovesongs for Underdogs (1997). Il se reconvertit ensuite comme illusionniste, son nom de scĂšne Ă©tant The Scientific Phenomenalist, ouvrant notamment pour Frank Black et les Breeders[52]. Joey Santiago joue sur les deux premiers albums solo de Frank Black, avant de former un groupe avec sa femme Linda Mallari, The Martinis. Le premier album du groupe, Smitten, est sorti en 2004. AprĂšs la dissolution des Pixies, 4AD a sorti plusieurs compilations, telles que Death to the Pixies, Complete 'B' Sides, Pixies (The Purple Tape) et Pixies at the BBC.

Retour (2004–2013)

Joey Santiago et sa guitare Les Paul, le .

Onze ans aprĂšs la sĂ©paration du groupe, de nombreuses rumeurs ont circulĂ© sur une nouvelle tournĂ©e. En , interrogĂ© par une radio londonienne sur l'Ă©ventuelle reformation des Pixies, Thompson rĂ©pond sur le ton de la plaisanterie : « HĂ©, mais on se voit et on jamme ensemble tout le temps ! ». Cette simple blague de la part de Thompson est malgrĂ© tout prise au sĂ©rieux et se rĂ©pand comme une traĂźnĂ©e de poudre, notamment sur Internet. ÉtonnĂ© de l'intĂ©rĂȘt que suscite la nouvelle de la reformation, Thompson songe alors rĂ©ellement Ă  remonter son groupe de jeunesse[53]. En , la rumeur enfle, mais ce n’est que le que le groupe annonce officiellement sa reformation. Le premier concert depuis douze ans a lieu le au Fine Line Music Cafe de Minneapolis[54], et marque le point de dĂ©part d’une premiĂšre sĂ©rie de quinze concerts dans l'ouest des États-Unis et au Canada, dont le point culminant fut le festival Coachella Valley Music and Arts. Les billets pour ces spectacles se sont souvent vendus en quelques minutes, mĂȘme dans des villes canadiennes de taille moyenne comme Winnipeg ou Regina.

Suivent une date au BrĂ©sil le , une tournĂ©e europĂ©enne (- ), une date au Japon (), trois dates en Angleterre (20-21-) puis une tournĂ©e aux États-Unis (- ). Sur cette premiĂšre tournĂ©e mondiale en douze ans, le groupe puise surtout dans ses premiers albums, dĂ©laissant notamment Bossanova et Trompe le Monde. Les Pixies reviennent en 2005 avec une nouvelle tournĂ©e amĂ©ricaine[55] qui dĂ©bute Ă  Portland, Oregon, le et qui se termine le Ă  Boston (ce dernier concert faisant l’objet d’un DVD sorti dans le commerce). Puis le groupe embarque pour l’Europe et une tournĂ©e des festivals (- 1er septembre). Quatre derniĂšres dates amĂ©ricaines (29-, 1er-) prĂ©cĂ©dent la premiĂšre tournĂ©e japonaise du groupe (3-). L’annĂ©e 2005 sembla ĂȘtre la meilleure annĂ©e de la reformation des Pixies, avec un rĂ©pertoire plus Ă©toffĂ© que l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente : des piĂšces maĂźtresses comme Alec Eiffel, Stormy Weather, mais aussi The Sad Punk, ainsi que des morceaux plus rarement jouĂ©s (Dancing the Manta Ray, Weird at My School
) font leur retour.

En 2006, les Pixies se contentent d'une tournĂ©e des festivals europĂ©ens, soit neuf dates, du 13 au . En 2007, les Pixies jouent pour la premiĂšre fois en Australie, le temps de neuf nouvelles dates (27 mars - 7 avril). C'est Ă  l'occasion de cette tournĂ©e australienne que le groupe donne ce qui semble ĂȘtre son dernier concert, le 7 avril, au Southern Roots de Hobart, Tasmanie. En effet, fin , Frank Black confie Ă  Colin Murray lors d'une interview pour BBC Radio 1 que les Pixies se sont probablement sĂ©parĂ©s pour de bon, le groupe n'ayant pas rĂ©ussi Ă  s'entendre en studio quant Ă  un hypothĂ©tique nouvel album[56]. En , Kim Deal expliquait dans une entrevue Ă  Rolling Stone qu’il n’y aurait pas de nouvel album des Pixies, tout simplement car elle ne le souhaitait pas[57]. En janvier 2008, dans une entrevue pour The Skinny, Black prĂ©cise : « La reformation du groupe a Ă©tĂ© un succĂšs, mais s'est terminĂ© en queue de poisson (
) Nous ne ferons pas de nouvel album »[58]. Mais Ă  la fin d', dans une interview donnĂ©e pour le NME, Frank Black reparle d'un nouvel album des Pixies sur la table, dĂ©sormais « possible »[59]. « Je dois m'assurer que le groupe, dans son intĂ©gralitĂ©, veut retourner en studio afin d'y enregistrer un nouveau disque (
) Nous ne pouvons pas nous contenter de jouer nos vieilles chansons encore et encore. »

2009 marque le grand retour des Pixies. Le 13 mars, le groupe est annoncĂ© comme tĂȘte d'affiche du festival de l'Île de Wight, le dimanche [60]. Le , les deux principaux forums de discussion consacrĂ©s aux Pixies rĂ©pandent la nouvelle qu'une « grande nouvelle » concernant les Pixies sera annoncĂ©e le lundi par le biais du magazine Rolling Stone. Le soufflĂ© retombe vite puisqu'il s'agit en fait d'une rĂ©Ă©dition des prĂ©cĂ©dents albums sous la forme d'un coffret intĂ©gral, avec pour seule particularitĂ© des illustrations inĂ©dites de Vaughan Oliver et Simon Larbalestier.

Le groupe joue le temps de sept dates du 11 au , et reprend sur scĂšne Cecilia Ann, Rock Music, Dig for Fire pour la premiĂšre fois depuis 1992, ainsi que Boom Chicka Boom. Dans la foulĂ©e, le magazine britannique NME rapporte les propos de Frank Black : selon ce dernier, le groupe retournerait en studio pendant l'annĂ©e 2010 afin d'y enregistrer leur cinquiĂšme album. De plus, ce nouveau projet serait un mĂ©lange entre musique et cinĂ©ma, et pourrait voir la collaboration avec un grand rĂ©alisateur, le nom de Quentin Tarantino ayant Ă©tĂ© Ă©voquĂ©[61]. Le , de nouvelles dates sont annoncĂ©es : les Pixies ont prĂ©vu de tourner en Europe du au et aux États-Unis du 4 au , afin de fĂȘter les 20 ans de leur deuxiĂšme album, Doolittle[62]. À cette occasion, le groupe reprend sur scĂšne l'album en intĂ©gralitĂ© et dans l'ordre. Le morceau Silver est jouĂ© pour la premiĂšre fois sur scĂšne lors de cette tournĂ©e. Une autre tournĂ©e passe aussi en Australie et en Nouvelle-ZĂ©lande du 11 au [63].

Le groupe revient en Europe pour deux dates à Toulouse les 25 et , puis une poignée de concerts en Espagne, Belgique, Italie et Israël. Contrairement à ce qui était attendu, le groupe ne reprend pas Doolittle sur scÚne, mais reprend des morceaux de Surfer Rosa (Break My Body, pour la premiÚre fois depuis 1991), Bossanova et Trompe le Monde. Vu le contexte politique tendu, le groupe annonce le l'annulation du concert prévu à Tel-Aviv[64], non sans déclencher une polémique parmi les fans, notamment sur le Myspace du groupe. Une tournée canadienne (incluant quelques concerts en sol américain) est annoncée pour le printemps 2011.

Depuis 2014 : Indie Cindy, Head Carrier, Beneath the Eyrie

Le , le groupe annonce que Kim Deal quitte la formation[65]. Le , un nouveau morceau, Bagboy, diffusé par la BBC 6 Music est disponible en téléchargement gratuit le lendemain sur Internet[66]. Le , le groupe annonce sur son site une tournée européenne d'au moins 18 dates qui débute le à l'Olympia de Paris. Kim Shattuck, du groupe The Muffs, remplace Kim Deal. Le , Pixies sort EP1, un EP comprenant quatre titres disponibles au format numérique. En , Paz Lenchantin remplace Kim Shattuck à la basse avant une tournée mondiale les premiers mois de l'année 2014.

Le , Pixies sort EP2 qui contient lui aussi quatre titres, vendu sur le site du groupe, comme le premier. Le , le groupe sort EP3 et le mĂȘme jour, annonce la parution de son cinquiĂšme album Indie Cindy pour le , ce disque regroupe les trois EP prĂ©cĂ©demment sortis. Une Ă©dition ouvrage double-CD deluxe (3 000 exemplaires) propose, en bonus de l’album, un enregistrement live captĂ© lors de la tournĂ©e amĂ©ricaine du groupe et un livret de 40 pages[67].

En mai 2015, les Pixies entament une nouvelle série de concerts avec de nouveaux morceaux[68]. Le , à la veille d'une nouvelle tournée européenne, les Pixies annoncent la sortie d'un nouvel album studio, Head Carrier, le et en rendent public un premier extrait : Um Chagga Lagga[69]. Paz Lenchantin est désormais officiellement membre du groupe.

Le , le groupe annonce un nouvel album pour septembre et une série de podcasts qui raconteront son enregistrement[70]. Beneath the Eyrie sort le , précédé des singles Graveyard Hill et Catfish Kate. Ce troisiÚme album des nouveaux Pixies, décrit par les journalistes comme morbide et gothique, rencontre un succÚs critique plus franc que les précédents.

Le 28 avril 2022, David Lovering annonce officiellement la sortie en septembre 2022 d'un nouvel album du groupe, Doggerel[71].

Style musical

Le magazine Spin dĂ©crit la musique des Pixies comme Ă©tant « une rencontre entre la surf music et les Stooges, pour le cĂŽtĂ© tranchant de ces derniers avec des dynamiques calmes et bruyantes au sein d'un mĂȘme morceau et une succession de dĂ©parts et d'arrĂȘts »[72]. Bien que leur style musical ait changĂ© au fil du temps, le groupe a toujours Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme un groupe de rock alternatif. Les Pixies se sont essayĂ©s Ă  plusieurs styles de chansons, tout en conservant un style bien particulier : hurlements de Black Francis, contre-chants de Kim Deal (les meilleurs exemples se trouvent sur I Bleed et Debaser), la guitare erratique de Joey Santiago. Le groupe passe progressivement d’un son rock indĂ©pendant sur ses deux premiers disques Ă  un son plus Ă©toffĂ©, notamment sur les albums Bossanova et Trompe Le Monde, oĂč ils ont expĂ©rimentĂ© d’autres styles, dont la surf music (Cecilia Ann) ou le heavy metal (Planet of Sound).

Influences

Les Pixies puisent leurs influences dans un spectre musical trĂšs large ; chaque membre est nourri par des styles musicaux diffĂ©rents. Francis a beaucoup Ă©coutĂ© les Beatles et a citĂ© Iggy Pop et Captain Beefheart comme influences majeures avant de fonder les Pixies. Santiago, pour sa part, Ă©tait fan du Bowie des annĂ©es 1970 et des groupes punk de la mĂȘme Ă©poque, ainsi que des groupes punk hardcore des annĂ©es 1980, tels que Black Flag[12]. Deal, quant Ă  elle, venait de la country. Elle avait fondĂ©, dĂšs ses seize ans, un duo country folk avec sa sƓur jumelle, jouant dans les clubs de l’Ohio et ouvrant notamment pour le Allman Brothers Band. Deal partage, avec Lovering, un goĂ»t trĂšs prononcĂ© pour le trio canadien Rush. Enfin le folk a largement influencĂ© les Pixies : Francis a beaucoup Ă©coutĂ© Larry Norman, et le groupe, au moment de faire paraĂźtre une annonce dans le journal pour trouver une bassiste, demandait que cette derniĂšre aime Peter, Paul, and Mary. Sur I've Been Tired, Francis cite aussi Lou Reed, ancien chanteur guitariste du Velvet Underground.

Les influences des Pixies viennent aussi du cinĂ©ma : Francis cite notamment les films surrĂ©alistes Eraserhead de David Lynch (dont il tirera deux reprises de la chanson In Heaven (The Lady in the Radiator Song) : une chantĂ©e par lui Ă  leurs dĂ©buts et une chantĂ©e par Kim Deal jusqu'en 2009) et Un chien andalou de Luis Buñuel (ce dernier film est le sujet de Debaser)[12] - [73]. Dans une interview accordĂ©e au Melody Maker, il dĂ©clare qu’il est « plus facile de regarder un film de vingt minutes que de se poser pour lire un roman surrĂ©aliste »[74].

Écriture et chant

La quasi-totalitĂ© des chansons des Pixies sont Ă©crites et chantĂ©es par Black Francis, dont l'Ă©criture est caractĂ©risĂ©e par une fascination pour les histoires violentes tirĂ©es de la Bible (Gouge Away, Dead) et l'inceste (Nimrod’s Son, The Holiday Song). Il a dĂ©clarĂ© d’ailleurs Ă  ce sujet dans une interview accordĂ©e au Melody Maker[30] : « Tous ces personnages de l'Ancien Testament, ça m'obsĂšde. Pourquoi ? Je n'en sais rien ». Cependant, il Ă©crit aussi sur des sujets diffĂ©rents, sur le monde marin (Where Is My Mind? et Wave of Mutilation) et les tremblements de terre (Here Comes Your Man). Plus tard, il Ă©crit sur la science-fiction, les extra-terrestres, (Motorway to Roswell), ou les OVNIS (The Happening).

Deal chante sur Gigantic et Bam Thwok, deux titres qu'elle a écrits et composés. Elle a aussi coécrit Silver avec Francis. Elle chante sur Into the White, écrit par Francis et sur la reprise de Neil Young, I've Been Waiting for You. Le batteur David Lovering chante sur La La Love You et Make Believe, deux titres écrits par Black Francis. Enfin, Levitate Me est coécrite par Black Francis, sa compagne Jean Walsh et David Lovering.

Reprises

Le groupe a repris plusieurs artistes : Wild Honey Pie (The Beatles), Ain't That Pretty at All (Warren Zevon), Winterlong et I've Been Waiting for You (Neil Young), I Can't Forget (Leonard Cohen), une version chantée en espagnol de Evil Hearted You (The Yardbirds), Head On (The Jesus and Mary Chain), Cecilia Ann (The Surftones), Born In Chicago (The Paul Butterfield Blues Band), In Heaven (The Lady in the Radiator Song) (tirée du film de David Lynch, Eraserhead ; la chanson est attribuée à Peter Ivers et David Lynch), et Theme from NARC (Brian Schmidt[75], tirée du jeu vidéo NARC).

Matériels et instruments

Pour ce qui est des instruments, les Pixies utilisent la formule guitare solo/guitare rythmique/basse/batterie. Black Francis, guitariste rythmique et chanteur, utilisait soit une Fender Telecaster, soit une Fender Mustang, soit une Fender Jaguar, avec un amplificateur Marshall JCM 800 ou Vox AC30[76].

Joey Santiago, guitariste solo, fidĂšle de la Gibson Les Paul, possĂšde aussi une Gibson ES-335 et utilisait un amplificateur Pearce GR-8. Kim Deal, bassiste, utilisera soit une Fender Precision, soit une Music Man Stingray[77], tandis que le batteur David Lovering jouait sur une batterie cinq toms Pro Prestige[78]. Le groupe utilise Ă©galement des instruments plus inhabituels au cours de sa carriĂšre, en invitant un quatuor Ă  cordes sur Monkey Gone To Heaven. Sur Velouria, on trouve un Theremin, tandis que sur Alec Eiffel et U-Mass on note la prĂ©sence de claviers. Bam Thwok de 2004, est traversĂ©e par un solo d’orgue.

Postérité

Le batteur David Lovering au Reliant Arena, Ă  Houston, Texas.

En dĂ©pit du petit nombre de disques produits et de leur courte carriĂšre, les Pixies ont eu une immense influence sur la percĂ©e du rock alternatif au dĂ©but des annĂ©es 1990 qui commence avec le succĂšs du single Smells Like Teen Spirit de Nirvana, sorti en 1991. En 1997, le producteur du premier disque des Pixies, Gary Smith, a dĂ©clarĂ© Ă  ce sujet : « La lĂ©gende prĂ©tend que les quelques personnes qui achetĂšrent les disques du Velvet Underground ont toutes formĂ© un groupe. Je pense que cette affirmation vaut aussi pour les Pixies. L’arme secrĂšte de Charles ne resta pas secrĂšte trĂšs longtemps, et rapidement, de nombreux groupes exploitĂšrent le sens de la dynamique des Pixies. C’est devenu une nouvelle formule magique de la pop, et bientĂŽt, on vit Smells Like Teen Spirit grimper au sommet des classements et les membres de Nirvana eux-mĂȘmes ont reconnu qu’ils cherchaient alors Ă  sonner comme les Pixies en composant ce titre ».

Musicalement parlant, les Pixies sont considĂ©rĂ©s comme les inventeurs patentĂ©s du gimmick ralenti/explosion qui devait marquer le rock alternatif. Les chansons des Pixies sont caractĂ©risĂ©es par leurs couplets calmes et leurs refrains explosifs, tout en saturation. Les critiques musicaux ont louĂ© le groupe[79], mais plus encore des artistes et groupes influents et reconnus tels que David Bowie (qui reprendra en 2002, sur son album Heathen, la chanson Cactus tirĂ©e de Surfer Rosa), Radiohead, U2 ou encore Nirvana, qui lui ont rendu hommage dans leurs interviews ou en reprenant leurs titres. Kurt Cobain de Nirvana avoue lors d’un entretien au magazine Rolling Stone en [80] : « J’essayais d’écrire la chanson pop ultime. En fait, je dois bien admettre que j’essayais de pomper les Pixies. Lorsque je les ai entendus pour la premiĂšre fois, je me suis senti tellement en osmose avec leur musique que j’ai regrettĂ© de ne pas faire partie du groupe, ou du moins d’un groupe qui jouait leurs chansons. Nous leur avons empruntĂ© leur sens de la dynamique, le truc du couplet jouĂ© calmement et du refrain rageur ».

Lors de la tournĂ©e Trompe le Monde Ă  l'Ă©tĂ© 1991, les Pixies reçoivent en coulisses un message de Bono de U2 : « Continuez comme ça. Nous adorons ce que vous faites ». David Bowie, dont la musique a inspirĂ© Santiago et Francis quand ils Ă©taient Ă©tudiants, fut trĂšs touchĂ© par l'annonce de la premiĂšre dissolution du groupe en : « Je suis trĂšs triste car j’ai appris que les Pixies s’étaient sĂ©parĂ©s
 Quel gĂąchis. Je les voyais devenir immenses ». Il ajoute en : « Je ne me suis jamais remis du fait que les Pixies se soient formĂ©s, aient travaillĂ© et se soient sĂ©parĂ©s sans que l'AmĂ©rique ne les prenne en son sein ou mĂȘme ne reconnaisse leur existence, pour la plupart »[81].

Thom Yorke, chanteur de Radiohead, refuse que les Pixies passent avant son groupe lors du festival de Coachella aux États-Unis. « Les Pixies ouvrant pour nous, c’est comme les Beatles ouvrant pour nous. Impossible ! » Weezer cite les Pixies comme une de ses influences majeures (le groupe a repris Velouria sur une compilation hommage) et son leader Rivers Cuomo, lors d’une interview Ă  Addicted To Noise, dĂ©clare : « Ce groupe m’a vraiment retournĂ© la tĂȘte lorsque je suis allĂ© pour la premiĂšre fois Ă  Los Angeles et que je dĂ©couvrais la musique cool »[82].

Damon Albarn, leader de Blur, n’est pas en reste : « Lorsque nous avons commencĂ© nous voulions sonner comme les Pixies ». Bob Mould (leader de HĂŒsker DĂŒ, influence citĂ©e par les Pixies) dĂ©clare ĂȘtre un gros fan du groupe. Tom Barman, leader du groupe belge dEUS est Ă©galement un fan du groupe. Il prĂ©tend avoir composĂ© la chanson Eternal Woman (sur l'album Vantage Point) en regardant le documentaire Loud Quiet Loud sur les Pixies. La chanteuse Lies Lorquet du groupe Mintzkov est invitĂ©e par Tom Barman Ă  chanter sur ce morceau car il cherchait depuis longtemps une chanteuse qui ait une voix « Ă  la Kim Deal (notes de la chanson Eternal Woman, dans la section songbook). »

Apparitions télévisuelles et clips

Les Pixies font plusieurs apparitions sur les plateaux de tĂ©lĂ©vision entre 1989 et 1992, notamment dans les Ă©missions amĂ©ricaines The Tonight Show et 120 Minutes, ainsi que dans l’émission britannique The Word[83].

Aucun clip n'est rĂ©alisĂ© pour leurs deux premiers disques, Come On Pilgrim et Surfer Rosa, les Pixies Ă©taient alors signĂ©s sur le petit label indĂ©pendant 4AD. Mais aprĂšs la signature du contrat de distribution avec Elektra Records pour la sortie de Doolittle, les choses changent et le groupe sort ses premiers clips, destinĂ©s Ă  promouvoir les singles. Ils consistent gĂ©nĂ©ralement simplement en des extraits de concert du groupe, notamment sur Monkey Gone to Heaven, Head On et Debaser. À l’époque de la sortie de Bossanova, le groupe dĂ©veloppe une solide aversion pour les clips ; Black Francis refuse de chanter en play-back (Here Comes Your Man)[84]. Selon 4AD, l'absence de clip digne de ce nom explique certainement le dĂ©sintĂ©rĂȘt de MTV pour le groupe[84].

Lorsque Velouria, premier single issu de Bossanova, entre dans le top 40 britannique, on propose au groupe de jouer sur le plateau de Top of the Pops. Cependant, une rĂšgle interne de la BBC statue que seuls les groupes qui ont tournĂ© une vidĂ©o promotionnelle pour leur single peuvent participer Ă  l’émission. Une vidĂ©o du groupe courant dans une carriĂšre est alors rĂ©alisĂ©e[84] vers la camĂ©ra, le tout au ralenti. En vain. Bien que Velouria soit bien classĂ© dans les ventes[85] le groupe ne participe pas Ă  l’émission, en dĂ©pit (ou Ă  cause) de ce clip tournĂ© Ă  la derniĂšre minute.

Membres

Membres actuels

  • Black Francis – chant, guitare rythmique (1986–1993, 2004–aujourd'hui)
  • David Lovering – batterie, percussions (1986–1993, 2004–aujourd'hui)
  • Joey Santiago – guitare solo, claviers (1986–1993, 2004–aujourd'hui)
  • Paz Lenchantin – chant, basse, violon, claviers, chƓurs (2014–aujourd'hui)

Anciens membres

  • Kim Deal – basse, chant (1986–1993, 2004–2013)
  • Kim Shattuck – basse, chƓurs (2013)

Chronologie

RĂ©compenses et distinctions

Bien que les Pixies n’aient pas gagnĂ© la reconnaissance du grand public (du moins lors de leur premiĂšre existence), le groupe a Ă©tĂ© saluĂ© par nombre de revues musicales influentes. Voici la liste des distinctions qu'il a reçues :

  • Sounds – album de l’annĂ©e – Surfer Rosa – 1988
  • Melody Maker – album de l’annĂ©e – Surfer Rosa – 1988
  • Sounds – deuxiĂšme meilleur album de l’annĂ©e – Doolittle – 1989
  • Melody Maker – single de l’annĂ©e – Monkey Gone to Heaven – 1989
  • Melody Maker – deuxiĂšme meilleur album de l’annĂ©e – Doolittle – 1989[86]
  • Sounds – album de l’annĂ©e – Bossanova – 1990[87]
  • Les inrockuptibles - deuxiĂšme meilleur album de 1986 Ă  1996 - Doolittle[88]

Discographie

Vidéographie

  • Pixies (concert et documentaire, 2004)
  • Pixies - Sell Out 2004 Reunion Tour (concert, 2005)
  • Pixies - Club Date: Live At The Paradise In Boston (concert, 2006)
  • Pixies - Acoustic - Live In Newport (concert, 2006)
  • LoudQUIETLoud (documentaire, 2006)

Notes et références

  1. (en) Erlewine, Stephen Thomas, « Pixies Biography », AllMusic (consulté le ).
  2. Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
  3. (en) Erlewine, Stephen Thomas, « Pixies », AllMusic (consulté le )
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  7. Francis, Black. Lyrics. "Broken Face." Surfer Rosa. LP. 4AD 1988.
  8. Francis, Black. Lyrics. "Dead." Doolittle. LP. 4AD 1988.
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  34. Cependant, Gigantic ne connait pas le succùs aux États-Unis, et atteint la 93e place au classement des ventes de singles au Royaume-Uni.
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Bibliographie

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  • Fool the World: The Oral History of a Band Called Pixies., Frank, Josh; Ganz, Caryn, 2005. (ISBN 0-312-34007-9)
  • Doolittle., Sisario, Ben. Continuum, 2006 (33⅓ series). (ISBN 0-8264-1774-4).
  • Pixies. The Breeders. The Amps. Frank Black : Planet of Sound, Jordi Bianciotto, 1997, La Mascara, (ISBN 84-7974-104-X)

Liens externes

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