Parasites du livre
Les parasites du livre aussi nommés vers du livre ou poux du livre, désignent tout insecte dont la forme larvaire ou adulte endommage des livres en rongeant la reliure ou en perçant les pages par des petits trous. On y inclut également certains champignons, rats et souris.
Contrairement à leur nom ils ne sont ni des vers, ni des poux, mais divers types d’insectes ou de champignons. Aucune espèce spécifique ne peut être appelée « ver ou pou de livre », car il existe de nombreux insectes d'espèces différentes qui se nourrissent des constituants du cuir et du papier et ainsi endommagent des livres. Parmi les plus communs des insectes bibliophages on trouve : la vrillette, le poisson d'argent, le psoque, le termite et le cafard. Aux yeux des profanes, ces insectes ressemblent à des vers ou des poux.
Un risque d'infestation pour les bibliothèques, musées et archives par ces insectes est permanent et grave : toute une collection de livres rares peut être détruite rapidement. Les utilisateurs eux-mêmes peuvent être vecteurs de l'introduction des nuisibles (en particulier les punaises des lits) dans une bibliothèque[1].
La prévention de la biodégradation des documents et les moyens d'éradication des insectes sont très coûteux et leur mise en œuvre difficile.
Dégâts provoqués par les vers du livre
Nombreux sont ceux qui, au fil des siècles, ont observé l'existence d'insectes nuisibles aux livres et documents de bibliothèque et en ont parlé dans leurs ouvrages. Il y a 2 300 ans, Aristote, dans son Histoire des animaux, écrivait : « Dans les livres aussi, il y a des animalcules, certains semblables aux larves que l'on trouve dans les vêtements, d'autres à des scorpions sans queue, mais très petit. »[2] Son scorpion sans queue était probablement le scorpion des livres Chelifer cancroides.
La plupart des insectes non-larvaires se nourrissent du cuir ou des reliures en tissu du livre, de la colle utilisée dans le processus de reliure, mordillant les bords du papier ou mangeant les champignons qui se sont développés sur le livre. D'autres, comme les termites, les fourmis charpentières et les coléoptères xylophages infectent les étagères sur lesquelles se trouvent les livres et peuvent s'en nourrir.
Les espèces d'insectes bibliophages ne sont pas forcément les mêmes partout dans le monde, mais d'une manière générale leurs habitudes, leur cycle de vie et les dommages qu'ils provoquent peuvent être repérés et décrits en dépit de différences mineures.
Au XXe siècle les matériaux de reliure modernes ont permis de contrecarrer une grande partie des dommages causés aux livres par divers types d'insectes adultes. Mais le problème posé par les larves demeure.
Espèces nuisibles pour les livres
Il y a des milliers d'espèces d'insectes qui sont capables d'endommager ou détruire des livres. Ci-dessous se trouve une courte liste des espèces que l'on observe fréquemment dans les bibliothèques, musées et archives des zones géographiques tempérées.
Coleoptera
Il y a plus de 400 000 espèces de coléoptères connues. Les espèces xylophages endommagent les livres en mangeant du papier, les espèces qui nourrissent de cuir et de carton attaquent le matériel de reliure. C'est essentiellement au stade larvaire qu'elles s'attaquent aux documents. Leurs cycles de vie sont très semblables :
- Les œufs sont déposés à proximité de la surface de la reliure ou sur les bords des feuilles et éclosent en l'espace de 5 à 6 jours.
- Les larves creusent le livre, au voisinage de la couverture et du dos, avec leurs mandibules et ingèrent le matériau, laissant derrière elles une galerie remplie de poussière d'excréments.
- Une fois que la larve a atteint son plein développement, elle se rapproche, avant la nymphose, de la surface extérieure. Elle creuse alors une loge nymphale où elle s'installe pour la métamorphose.
- Le coléoptère adulte sort de cette loge en se frayant un petit trou vers l'extérieur.
Il faut environ deux mois pour que le cycle de vie s'accomplisse, du stade de l’œuf à celui de l'insecte adulte.
Ce mode d'infestation peut s'observer dans les bibliothèques aux magasins humides. La présence de ces insectes constitue un danger pour les livres et exige une intervention rapide.
Les coléoptères xylophage les plus communs dans les bibliothèques sont : Anobium punctatum (Petite vrillette), Lasioderma serricorne et Stegobium paniceum (vrillette du pain).
Petite vrillette (adulte) Petite vrillette (larve) Lasioderma serricorne (adulte) Lasioderma serricorne (larve) Stegobium paniceum (adulte) Stegobium paniceum (larve)
- Ces coléoptères se nourrissent de reliures en cuir.
- Dermestidés : Les anthrènes, les dermestes et les attagènes appartiennent à la famille des dermestidés. Les dermestes s'en prennent en particulier aux peaux, cuirs, viandes et autres produits animaux du même ordre. Dans ce genre, on citera le dermeste du lard ou dermeste noir. Les dermestes ne se rencontrent que rarement dans les ouvrages de bibliothèque. Vu les habitudes alimentaires ordinaires de ces coléoptères, on peut penser que les reliures en cuir sont particulièrement vulnérables à leurs attaques.
- Les anthrènes sont beaucoup plus petits que les dermestes et sont des destructeurs communs des objets contenant des protéines tels que les lainages, tapis, meubles capitonnés, spécimens de musées, etc. La plupart des adultes se nourrissent essentiellement de pollen et de nectar. Les larves sont responsables des dommages causés à certains documents de bibliothèques. Des espèces telles que Anthrenus scrophularial, Anthrenus flavipes, Anthrenus verbasci et Trogoderma inclusum, de plus grande taille, ainsi que l'attagène Attagenus megatoma se rencontrent très couramment dans les musées, les bibliothèques et les collections diverses.
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- Tricorynus herbarius (Mexican book beetle)[3] : La larve a pratiquement la même taille que l'adulte ; elle est de couleur crème avec une tête brillante et des pièces buccales sombres. On la trouve généralement recroquevillée en forme de C dans des tunnels encroûtés de poudre d'excréments. Cette espèce est connue comme ravageur des livres et du cuir, particulièrement sous les tropiques. Des volumes anciens en papier fait à la main peuvent subir de sérieux dégâts. Pour les ouvrages plus récents dont le papier a reçu une charge de kaolin (papier couché) et une charge chimique, les dégâts se bornent en règle générale aux reliures. Dans certains cas, les larves ont un comportement cannibale, ce qui peut expliquer que l'on trouve très peu d'individus à l'intérieur des livres, malgré l'ampleur des dégâts subis. D'abord les adultes pondent près des plats ; ensuite, les larves mangent la colle à relier puis la reliure elle-même.
- Ptinus fur et Ptinus clavipes (en) : En 1776, Linné signale que le ptine[N 1], Ptinus fur, cause de sérieux dégâts dans les bibliothèques. Il se nourrit de matières végétales et animales. L'adulte est d'un brun rougeâtre et présente une villosité de couleur chocolat. La larve est semblable d'aspect à celle de la vrillette du pain. Le cycle de vie, les activités et les dégâts occasionnés aux livres sont comparables. Ptinus clavifes passe pour préférer les livres reliés en cuir et en basane. En règle générale, ses galeries s'observent à l'intérieur du cuir qui recouvre le dos des reliures.
Lepidoptera
Les insectes que l'on trouve dans les bibliothèques sont des mites ou teignes. Leurs larves, qui se nourrissent d'objets ayant une forte teneur en protéines peuvent causer des destructions massives. Elles sont particulièrement friandes des carcasses d'animaux, fourrures, plumes, cheveux, laine, cadavres d'insectes, spécimens naturalisés, coussins rembourrés de plumes, tapisseries et tapis, du feutre et des reliures de livres.
Quatre espèces sont dangereuses pour les bibliothèques et les collections des musées :
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- Mite des vêtements (Tineola bisselliella) : La plus connue de ces quatre espèces de teignes est la mite des vêtements que l'on rencontre dans le monde entier. Ses larves ont l'habitude de filer, confectionnant des tunnels et pistes de soie à mesure qu'elles rongent le tissu. En outre, leurs déjections en granules sont généralement agglutinées en grappes par la toile de soie qu'elles produisent. Ces larves qui sont des chenilles blanchâtres à capsule céphalique brune s'alimentent en général dans les lieux sombres et clos. Les mites des vêtements adultes volent bien mais ne le font guère que dans les lieux sombres. Ce sont plutôt les mâles qui volent, les femelles ayant plutôt tendance à marcher. On connaît des cas d'adultes capables de voler jusqu'à une altitude de plus de 90 m pour pénétrer dans les immeubles et en particulier les greniers. Les femelles pondent de 40 à 50 œufs. Elles les déposent dans les lieux sombres ou durant la nuit. Elles meurent après la ponte. Après éclosion, les larves se mettent immédiatement à dévorer tout ce qu'elles rencontrent comme aliment convenable. Les nouveau-nées peuvent se faufiler dans toute ouverture d'un diamètre supérieur à 0,01 mm, ce qui leur permet de pénétrer dans les boîtes apparemment les plus étanches. Parvenues à maturité, les larves filent un cocon nymphal de soie où elles se transforment en mites adultes. Le cycle séparant deux pontes s'étale sur 5 à 9 mois et peut dépasser 2 ans si la larve est conduite à entrer en diapause.
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- Mite des pelleteries (Tinea pellionella) : De teinte brunâtre, elle présente des taches noires peu distinctes sur les ailes. Sa larve file un fourreau de soie entrelacé de fibres de l'article dont elle se nourrit. Quand la larve se déplace, elle transporte ce fourreau avec elle et meurt si elle en est séparée. La larve ne fabrique pas de tunnel de soie au fur et à mesure qu'elle s'alimente comme le fait celle de la mite des vêtements.
Son cycle de vie est sensiblement le même que celui de la mite des vêtements. Lorsque la larve atteint la maturité et est prête à se nymphoser, elle abandonne souvent l'article dont elle se nourrit et fixe son cocon de soie à des objets situés à une certaine distance. L'infestation se propage ainsi couramment d'un lieu à l'autre.
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- La mite des tapis (Trichophaga tapetzella) : Cette espèce est beaucoup plus rare que les deux précédentes et présente des marques distinctives qui permettent de l'en différencier aisément. La larve ne fabrique pas de fourreau mais confectionne un tunnel de soie ou creuse des galeries dans le matériau dont elle se nourrit. Ce tunnel, ajouté à l'action dévoreuse de l'insecte, cause beaucoup de dégâts aux objets infestés. On peut voir les adultes voler d'avril à juin ; ils s'accouplent presque immédiatement après l'émergence. La femelle pond de 60 à 100 œufs. Le stade larvaire perdure tous les mois d'été. La larve construit un cocon grossier pour la nymphose. Il peut y avoir une ou deux générations par an.
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- Teigne brune (Hofmannophila pseudospretella) : Cette espèce, présente dans de nombreux pays du monde, se nourrit de matières animales et végétales. Au stade larvaire, elle ronge principalement les capitonnages, tapis, fourrures, peaux, spécimens séchés d'animaux, nids d'oiseaux, plantes et fruits séchés et parfois les livres. On en a vu endommager des reliures en cuir. Son cycle de vie est d'une durée extrêmement variable qui dépend surtout des variations de température. La durée d'incubation des œufs varie de 8 à 110 jours et celle du stade larvaire de 71 à 145 jours. La larve peut entrer, avant la nymphose, dans une phase de résistance à la dessiccation qui peut durer des mois. Le cycle de vie complet dans la nature s'étend en général sur 11 à 13 mois. On a observé des dégâts considérables causés par cette mite comme aux livres reliés en toile. En l'occurrence, ce sont les livres situés sur les rayons les plus proches du plancher qui avaient subi les dégâts les plus graves, dégâts qui étaient moins marqués et finissaient par être inexistants à mesure que la distance au sol augmentait. Les déprédations des larves se manifestaient par des trous réguliers de profondeur variable dans la reliure et des dégâts du même type sur la face interne des couvertures. Les rayonnages contenaient de grosses quantités de déjections et des traces de fils de soie. On a trouvé également des cocons sur les rayonnages, dans les galeries creusées sur la face externe des reliures et entre les couvertures et les feuilles de garde.
Thysanura et Lepismatidae
Ces insectes consomment des portions de livre contenant des polysaccharides. Le papier qui est légèrement déchiqueté sur les bords est généralement le travail des poissons d'argent.
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- Le Lepisma saccharina (Poisson d'argent) ou lépisme est l'un des insectes ravageurs les plus courants dans les bibliothèques et les édifices en général. Il se nourrit de préférence de produits riches en hydrates de carbone (amidon) et en protéines. Il recherche plus particulièrement les matériaux comme le papier, les produits d'encollage, les gravures, la colle, le papier peint et le plâtre en plaque. Il lui arrive aussi de se nourrir d'étoffes à base de fibres végétales comme le lin, la rayonne, le fil d’Écosse et le coton, et en particulier de lin et de coton amidonnés. Il envahit parfois la farine et autres produits à base de céréale.
- Il est impossible de ne pas introduire de poissons d'argent dans une bibliothèque, dans la mesure où ils sont très fréquents dans les usines de fabrication de carton et où ils recherchent les creux du carton ondulé employé dans les emballages pour y pondre. Toute entrée de nouvelle boîte de carton dans une bibliothèque s'accompagne nécessairement de l'arrivée d'un lot supplémentaire de poissons d'argent et d’œufs, dont l'éclosion va donner de nouveaux individus qui peuvent, suivant les conditions dans lesquelles est entreposée la boîte, se répandre largement en quête de nourriture.
- Le Thermobia domestica (Firebrat (en)) préfère des températures plus élevées que le poisson d'argent (30 à 40 °C) et des endroits humides. Ils se nourrissent des amidons qui se trouvent dans les reliures de livres.
Psocoptera
Les psoques, souvent désignées « poux des livres » dans la langue populaire sont minuscules (moins de 1 mm) insectes au corps mou et sans ailes. Il y a plusieurs centaines d'espèces dans la famille Liposcelididae de l'ordre des Psocoptera. Malgré leur nom, les poux de livre ne sont pas vraiment des poux, car ils ne se nourrissent pas d'un hôte vivant.
Les psoques[4] se nourrissent de moisissures microscopiques et d'autres matières organiques trouvées dans des œuvres mal entretenues, par exemple dans des zones d'archives et de bibliothèques fraîches, humides, sombres et non perturbées et aux musées. Tout ce qui est d'origine végétale — bois, papier ou livres — peut, si on l'entrepose dans un local humide, se couvrir d'abondantes moisissures qui favorisent à leur tour leur prolifération. Les psoques attaquent également les reliures, la colle et le papier.
Ils se cachent dans l'obscurité. Lorsqu'il sort de l’œuf, l'insecte est très petit et relativement peu mobile. Au fur et à mesure qu'il mue et se développe, il prend une couleur un peu plus grise. Il vit en moyenne 110 jours s'il n'est pas tué par le froid. Dans un milieu où l'humidité relative est constamment faible (au-dessous de 35 %), le psoque se dessèche et meurt.
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Certains pseudoscorpiones comme Chelifer cancroides (Scorpion des livres) ou des acariens de maison comme Cheyletus eruditus se trouvent dans les bibliothèques. Ils ne sont pas bibliophages eux-mêmes mais prédateurs des « poux du livre » comme des psoques.
Blattaria
Plusieurs grandes espèces de blattes (cafards) sont à l'origine d'importants dégâts dans les bibliothèques. Elles se cachent dans des livres, détruisent l'amidon dans les reliures en tissu et le papier. Leurs excréments peuvent également nuire aux livres et aux parchemins. Les blattes sont omnivores. Certaines grandes espèces régurgitent un liquide de couleur foncée qui signale leur passage et leurs caches.
- La Blatte américaine : Se réfugie en général dans l'obscurité des cages d'ascenseur, gaines techniques, sous-sols et faux plafonds pendant la journée et en sort la nuit pour grouiller dans la bibliothèque et se nourrir des ouvrages qu'elle contient. Longue de quatre à cinq centimètres, les individus de cette espèce, la plus grosse des espèces inféodées aux habitations, ont des ailes d'un brun rougeâtre et présentent des taches claires sur le thorax. Elles recherchent les lieux chauds et humides. La femelle pond une oothèque qu'elle dépose ou parfois colle sur des surfaces à l'air libre. Le moment venu, les jeunes blattes éclosent puis elles passent par une série de mues avant d'atteindre l'âge adulte, cette période de croissance durant largement plus d'un an. La durée de vie de cette espèce, à partir du stade de l’œuf jusqu'à la mort, est d'environ deux années. L'habitude qu'a la femelle de coller ses oothèques sur des surfaces soigneusement choisies accroît les risques d'introduction de cette espèce dans les bibliothèques à l'occasion de livraisons.
- La Blatte orientale : La couleur va du brun foncé au noir. Chez le mâle, les ailes ne dépassent pas l'extrémité de l'abdomen, et chez la femelle, elles sont pratiquement inexistantes. Les dégâts que cet insecte provoque dans les bibliothèques sont comparables à ceux de la blatte américaine, à cette différence près qu'il ne laisse pas derrière lui d'excréments en granules.
- Alors que l'on trouve la blatte américaine un peu partout dans les étages des immeubles, la blatte orientale ne fréquente guère que les étages inférieurs et les surfaces horizontales, car, elle dépourvue de ventouses aux pattes, elle ne peut grimper le long des surfaces verticales lisses. Toutes les autres espèces ont par contre des griffes aux pattes qui leur permettent de grimper le long de surfaces irrégulières.
- La Blatte australienne : Elle ressemble beaucoup à la blatte américaine, mais elle s'en distingue par sa taille, légèrement plus petite, ainsi que par les taches jaunes clairement visibles qui bordent son thorax et les lignes jaune clair qu'elle porte sur les côtés à la base des élytres. Elle affectionne les endroits chauds et humides. Bien que cette espèce soit commune dans les régions à climat plutôt tropical, on l'a repérée plus au Nord, jusqu'au Canada, dans des immeubles chauffés. Chez cette espèce, l'oothèque contient 24 œufs disposés en deux rangées de 12 œufs chacune. Une fois l'oothèque pondue, il faut environ 40 jours aux larves pour éclore. Il leur faut ensuite près d'un an pour atteindre l'âge adulte. Comme les autres grandes espèces de blattes, la blatte australienne se nourrit volontiers de couvertures de livres et de papier.
Autres nuisibles
- Le termite : les termites sont le type de ravageur de livre le plus dévastateur, ils se nourrissent presque exclusivement de matière cellulosique qui compose de presque toutes les parties d'un livre, y compris le papier, le tissu et le carton, sans parler des dommages pouvant être causés au bois des étagères. Les termites peuvent causer d'importants ravages dans les réserves où les collections ne sont que très rarement inspectées.
- La fourmi : certaines espèces de fourmis, en particulier la fourmi charpentière noire, peuvent endommager les livres de la même manière que les termites.
- Champignons et moisissures : l'humidité et la chaleur sont des facteurs de germination des spores des champignons et de fructification des bactéries[5]. La présence de moisissures dans les collections est un problème qui se pose de manière répétée dans les bibliothèques, en particulier sous les climats tropicaux et subtropicaux. La moisissure apparaît lorsque des spores se déposent sur un substrat à une température favorable dans une atmosphère suffisamment humide. De fins brins de mycélium sortent des spores, envahissant le substrat, l'utilisant comme aliment. Le mycélium sécrète des enzymes liquides qui dissolvent le substrat, cette substance nutritive étant utilisée pour produire davantage de mycélium et des millions de spores nouvelles.
- Rats et souris : Diverses espèces de rats et de souris sont susceptibles d'envahir les bâtiments dans leur quête d'un abri et de nourriture. En région urbaine, l'espèce de rat la plus commune est le surmulot, dit aussi rat gris ou rat d'égout, et la souris la plus commune est souris domestique. Ils sont redoutables pour les fonds des bibliothèques car ils rongent les papiers, les livres et les objets analogues pour confectionner leurs nids avec les débris et les souillent d'urine et de fèces. Lorsqu'elles meurent, leurs cadavres servent de nourriture aux dermestidés et aux mites.
Traitements pour l’éradication des vers du livre
La lutte contre les bibliophages est permanente et les tentatives d'éradication des espèces qui ont survécu plusieurs millions d'années sans encombre sont nécessairement de portée limitée et provisoires. Au XIXe siècle des pesticides étaient utilisés pour protéger les livres de ces insectes. Les produits chimiques qu'elles contenaient, par exemple :
- Alum
- Huile de bouleau
- Arsenic
- Huile de cèdre-acajou Benzène (en bain)
- Huile de marsouin
- Borax
- Kérosène
- Camphre
- Poivre
- Chaux
- Poudre de pyrèthre
- Chlorure mercurique
- Roténone
- Coloquinte
- Strychnine
- Créosote
- Sublimé corrosif Fluorure de sodium
- Sulfate de cuivre
- Fluosilicate de sodium
- Térébenthine
- Formaline
- Thymol
- Huile d'anis
- Vaseline
sont toxiques et des précautions doivent être prises lors de la manipulation des volumes anciens, en particulier s'ils présentent des décolorations ou des taches pouvant être l'indice d'un traitement appliqué antérieurement. Fort heureusement, certaines préparations anciennes — à base d'huiles diverses, de camphre, de kérosène, de formaline, de créosote, de poudre de pyrèthre, de thymol et de térébenthine — se seront déjà dissipées. Toutefois, quelques produits chimiques parmi les plus toxiques, tels que l'arsenic, le chlorure mercurique, le fluorure de sodium, le fluosilicate de sodium et la strychnine, peuvent demeurer à l'état de dépôts sur les objets.
Les musées et les universités qui souhaitent préserver leurs archives sans utiliser de pesticides se tournent souvent vers le contrôle de la température[6] - [7]. Les livres peuvent être conservés à basse température pour empêcher les œufs de couver ou placés dans un congélateur pour tuer les larves et les adultes. L'idée a été empruntée aux pratiques commerciales de stockage des aliments, car il s'agit souvent des mêmes organismes nuisibles.
Les moyens de prévention élémentaires sont :
- La limitation des sources de nourriture dans le bâtiment : interdiction pour les usagers de consommer sur place ; s'il y a un lieu de restauration, il doit être totalement à l'écart de la zone « livres ».
- La limitation des possibilités d'introduction d'insectes par l'arrivée de nouveaux livres ; carton d'emballage écarté (poisson d'argent).
- Le contrôle de l'humidité.
- Le contrôle de la température.
- Le filtrage de l'air pour Ă©liminer les spores.
Notes et références
Notes
- Ptine sur Wiktionnaire.
Références
- Clément Solym, « Les punaises de lit envahissent la bibliothèque Alcazar de Marseille », sur Actu Litté : les univers du livre, .
- Aristote, « Histoire des animaux », sur L'antiquité grecque et latine du moyen âge.
- (en) Richard E. White, « The Mexican Book Beetle, Catorama herbarium, Established in the United States (Coleoptera: Anobiidae) », Annals of the Entomological Society of America, vol. 56, no 3,‎ , p. 280-285.
- Alain Fravel, « Les Psocoptères », Insectes, no 149,‎ , p. 27-30 (lire en ligne).
- Flieder et Duchein 1974, p. 226.
- (en) Strang, « A Review of Published Temperatures for the Control of Pest Insects in Museums », p. 3
- (en) Kenneth Nesheim, « The Yale Non-toxic Method of Eradicating Book-eating Insects by Deep-freezing », Restaurator : International Journal for the Preservation of Library and Archival Material, vol. 6, nos 3-4,‎ , p. 147-164 (e-ISSN 1865-8431, présentation en ligne).
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jules Cousin, L'organisation et l'administration des bibliothèques publiques et privées : Manuel théorique et pratique du bibliothécaire, Paris, A. Durand et Pedone-Lauriel, , 392 p. (lire en ligne).
- (en) John Francis Xavier O'Conor, Facts About Bookworms : Their History In Literature And Work In Libraries, New York, F.P. Harper, , 99 p. (disponible sur Internet Archive).
- Françoise Flieder et Michel Duchein, « La désinfection des documents d'archives attaqués par les microorganismes et les insectes », La Gazette des archives, no 87,‎ , p. 225-237 (DOI https://doi.org/10.3406/gazar.1974.2397). .
- Thomas A. Parker, Lutte intégrée contre les agents de détérioration biologique dans les bibliothèques et les archives, Paris, UNESCO, , 62 p. (lire en ligne). .
- Jean-Paul Oddos (dir.), La Conservation : Principes et réalités, Éditions du cercle de la librairie, coll. « bibliothèques », , 405 p. (ISBN 978-2-7654-0592-4).
- (en) David Pinniger, Pest management in museums, archives and historic houses, Londres, Archetype, , 115 p. (ISBN 1-873132-86-7).
- Raphaële Mouren (dir.), Manuel du patrimoine en bibliothèque, Paris, Éditions du cercle de la librairie, coll. « bibliothèques », , 416 p. (ISBN 978-2-7654-0949-6).
- (en) « Restaurator : International Journal for the Preservation of Library and Archival Material », sur De Gruyter
Articles connexes
Liens externes
- « Où il est traité de quelques ennemis très cruels des bibliothèques et des bibliothécaires, la tierce épître – fort récréative – de Jean Marchand », sur Bibliophilie.com (consulté le ), texte publié dans le Bulletin de la Société des Bibliophiles de Guyenne, 1940 (37), p. 19-27.
- Caroline Laffont et Raphaële Mouren, « Les Ennemis du livre », sur bbf.enssib.fr, (consulté le )
- Insectes du Patrimoine Culturel : Insectes dangereux pour les Ĺ“uvres patrimoniales
- « Pest Control | Library Preservation and Conservation Tutorial », Cornell University Library (consulté le )
- INPM (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
- (en) Wiener, « What's That Smell You're Reading? », Distillations, vol. 4, no 1,‎ , p. 36–39 (lire en ligne)
- (en) John V. Richardson, « Bookworms: The Most Common Insect Pests of Paper in Archives, Libraries, and Museums »