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Papyrologie

La papyrologie (du grec ancien : Ï€ÎŹÏ€Ï…ÏÎżÏ‚ / pĂĄpyros, « papyrus », et Î»ÏŒÎłÎżÏ‚ / lĂłgos, « parole, discours, sujet d'entretien ») est la branche des Ă©tudes classiques qui dĂ©chiffre les documents grecs et latins provenant de divers sites de l’Égypte et surtout en exploite les donnĂ©es (papyri et ostraca). Par extension, elle Ă©tudie aussi l'Ă©tude de bien d'autres supports d'Ă©criture, Ă  l'exclusion de la gravure sur pierre (voir l'article Ă©pigraphie) et noue des liens Ă©troits avec l'Ă©tude des codex (codicologie), de mĂȘme que les Ă©critures subsistantes d'autres rĂ©gions du monde (surtout le Levant, la GrĂšce avec, par exemple, le Papyrus de Derveni et l'Italie avec les riches collections de Papyrus littĂ©raires d'Herculanum).

Exemple de Papyrologie littéraire : fragment d'Hérondas Mimiambes 1 vers 1 à 15.

Cette discipline historique apparaĂźt principalement comme l’étude d’une sociĂ©tĂ© de notables grecs ou hellĂ©nisĂ©s dans un milieu oriental bien spĂ©cifique, le monde Ă©gyptien tardif avec ses vieilles traditions sociales et religieuses. Toutefois, les limites de son domaine d'Ă©tude Ă©voluent considĂ©rablement depuis la derniĂšre gĂ©nĂ©ration du XXe siĂšcle et, elles doivent faire l'objet ci-dessous d'un dĂ©veloppement spĂ©cifique.

La matiĂšre papyrologique est considĂ©rable: dĂ©jĂ  en 1964, la base de travail, trĂšs partielle, sur laquelle le papyrologue Paul Bureth fondait ses Ă©tudes (sur la chronologie des empereurs romains et leurs titulatures officielles entre 30 avant notre Ăšre et 284 de notre Ăšre) comptait 10 155 textes[1]. En 2013, le nombre de papyrus rĂ©Ă©ditĂ©s par la seule collection des Sammelbuch atteignait les 17 270 textes etc[2].

Histoire de la papyrologie

Évolution de son domaine

Le cƓur du domaine de la papyrologie reste l'Ă©tude des documents grecs (puis aussi latins) retrouvĂ©s en Égypte entre la conquĂȘte d'Alexandre le Grand (en 332 avant notre Ăšre) et les derniers locuteurs du grec aprĂšs la conquĂȘte arabe de l'Égypte (aujourd'hui datĂ©s de la correspondance administrative entre le Gouverneur arabe Kurrah ben Sharik et l'un de ses fonctionnaires locaux, Basilios, en 714 de notre Ăšre)[3]. La papyrologie Ă©tudie donc la vie publique et privĂ©e des Égyptiens sur un millĂ©naire.

Mais quelles en sont les limites ? Les avis des spécialistes s'opposent ou évoluent dans le temps. Ils se posent en deux termes : du point de vue de son domaine d'activité et du point de vue linguistique. Ainsi, les compétences techniques du papyrologue comprennent-elles la paléographie ? Les avis divergent. Jean Bingen estimait que la paléographie est voisine de la papyrologie mais n'y est pas intégrée :

« Certains dictionnaires et encyclopĂ©dies considĂšrent que la papyrologie relĂšve de la palĂ©ographie ; cependant, les palĂ©ographes s'intĂ©ressent spĂ©cifiquement Ă  l’écriture des documents, tandis que les papyrologues Ă©tudient l'ensemble du document produit. »

L'avis de Henri Henne est différent. La complexité de sa définition de la papyrologie est bien condensée dans le texte de la conférence qu'il prononça en 1947[4] :

« (
) La papyrologie est Ă  la fois une branche de la palĂ©ographie, une branche de la diplomatique, une branche de la philologie dans tous les sens du mot, en mĂȘme temps qu'une science auxiliaire de l'histoire. Les papyrus, en effet, sont tout simplement une source de l'histoire, les archives de l'AntiquitĂ©, comme on l'a souvent dit. »

Par ailleurs, le domaine linguistique de la papyrologie s'étend au fil des générations : Roger S. Bagnall, dans la présentation de son manuel de papyrologie, publié en 2009, intÚgre les textes sur tous supports des langues égyptiennes (démotique, copte) et sémitiques (hébreu, araméen, arabe) et s'interroge sur la question d'élargir son domaine aux régions iraniennes[5] :

« Les documents de Bactriane (Sims-Williams 2000) seront-ils les prochains ? »

Origines de la papyrologie

La conservation d'un nombre trĂšs Ă©levĂ© (plusieurs dizaines de milliers en Égypte de la fin de l'AntiquitĂ©) rĂ©sulte de la convergence trĂšs particuliĂšre d’un facteur historique, d'un facteur botanique et d’un facteur gĂ©ographique spĂ©cifiques[6].

Le facteur historique

Pour trouver des papyrus et autres documents grecs en Égypte, il faut que des Grecs y vivent en permanence. Pendant le millĂ©naire qui se termine avec l’invasion arabe au milieu du VIIe siĂšcle, la langue grecque est en Égypte la langue du pouvoir, de l’administration. Avec plus ou moins de gĂ©nĂ©ralisation, elle est la langue utilisĂ©e par les groupes Ă©conomiquement ou socialement dominants, Ă  l’exception du haut clergĂ© Ă©gyptien, sous la dynastie des PtolĂ©mĂ©es. En 332 avant notre Ăšre, le MacĂ©donien Alexandre le Grand, qui est en train de conquĂ©rir l’empire perse des AchĂ©mĂ©nides, est accueilli par les Égyptiens comme un libĂ©rateur. Avant de partir, il fonde Alexandrie, qui devient la plus grande des villes du mĂȘme nom (et dont il va parsemer les conquĂȘtes qui le mĂšnent jusqu’à l’Indus). Il meurt prĂ©maturĂ©ment Ă  Babylone et ses gĂ©nĂ©raux se partagent l’empire sous la direction nominale des successeurs falots du conquĂ©rant. Le MacĂ©donien PtolĂ©mĂ©e Ier, compagnon de jeunesse et de guerre d’Alexandre, choisit l’Égypte et, en 304, il franchit le pas en se proclamant roi des territoires qu’il soumet bientĂŽt Ă  son autoritĂ©, l’Égypte, la CyrĂ©naĂŻque, Chypre et la Palestine. Cet ensemble est entiĂšrement administrĂ© en langue grecque. Il est dirigĂ© depuis Alexandrie qui devient bientĂŽt un foyer intellectuel grec de premiĂšre importance. La dynastie macĂ©donienne des PtolĂ©mĂ©es survit le plus longtemps Ă  l’expansion de Rome en Orient[7].

En 30 avant notre Ăšre, ClĂ©opĂątre VII se suicide pour Ă©viter de figurer au triomphe de son vainqueur, Octave, le futur Auguste. L’Égypte devient alors une province romaine, mais sous l’autoritĂ© exclusive de l’empereur qui dĂ©sire contrĂŽler ce grenier Ă  blĂ©. Seuls l’armĂ©e et les hauts magistrats romains qui reprĂ©sentent l’empereur Ă  Alexandrie emploient le latin. La langue grecque reste la langue de gestion et d'administration du pays. BientĂŽt, mĂȘme la population restĂ©e de langue Ă©gyptienne cesse d’utiliser l'Ă©criture dĂ©motique en utilisant la langue grecque pour tout ce qu’elle doit Ă©crire ou faire Ă©crire par un scribe.

À partir du IVe siĂšcle, les choses changent. L’Égypte byzantine, qui s’est largement christianisĂ©e, dĂ©pend des empereurs de Constantinople, lorsque l’Empire romain est scindĂ© en un Empire d’Orient et un Empire d’Occident. Le grec reste la langue de gestion du pays et l’élite des petites villes continue Ă  recevoir une Ă©ducation classique grecque. Elle continue Ă©galement Ă  produire des Ɠuvres grecques de qualitĂ©. Mais — surtout parce que les chrĂ©tiens de langue Ă©gyptienne doivent pouvoir lire leurs textes sacrĂ©s en traduction — il se forme un alphabet Ă©gyptien adaptĂ© de l’alphabet grec, l’alphabet copte. Le grec reste la langue de gestion du pays, celle d’Alexandrie et celle de l’administration d’une grande partie des notables provinciaux. Cependant, le rĂŽle du grec dĂ©croĂźt et disparaĂźt rapidement aprĂšs la conquĂȘte arabe[8].

Le facteur social

Cyperus papyrus

Le facteur historique montre donc qu’on a pu rĂ©diger en Égypte les dizaines de milliers de papyrus grecs. Il n’explique pas pourquoi on a pu les trouver, alors que presque rien n’a Ă©tĂ© conservĂ© de ce genre dans le reste des royaumes hellĂ©nistiques ou des Empires romain ou byzantin, qui prĂ©sentent pourtant des structures sociales et administratives plus ou moins proches. D'une part, ces textes sont Ă©crits sur des supports qui sont d'origine vĂ©gĂ©tale ou d'origine cĂ©ramiques : les papyrus ou les ostraca. D'autre part, les conditions matĂ©rielles de conservations ont pu nous permettre de retrouver les supports en papyrus, plus d'un millĂ©naire et demi aprĂšs l'Ă©criture des textes en question.

Nebamon chassant dans les buissons de papyrus

Pourquoi les habitants de l'Égypte, ceux du moins qui savaient Ă©crire une langue grecque ou Ă©gyptienne, ont-ils utilisĂ© si massivement des rouleaux, puis des codex, fabriquĂ©s avec des tiges de papyrus sĂ©chĂ©s ? Depuis la plus haute antiquitĂ©, les Égyptiens ont fabriquĂ© et associĂ© des planches de papyrus Ă  partir de cette plante, Ă  l'Ă©poque endĂ©mique sur tout le cours du Nil et de son delta. La peinture Ă©gyptienne ancienne regorge de reprĂ©sentations des marais couverts de cette plante. À titre d'exemples, parmi bien d'autres, l'on citera les peintures de la tombe de Nebamon, montrant le maĂźtre de ces lieux parcourant les buissons de papyrus (cyperus papyrus) bordant le fleuve ou les oasis pendant un Ă©pisode de chasse. Cette situation environnementale perdure jusqu'Ă  la fin de l'AntiquitĂ©. ThĂ©ophraste, puis Pline l'Ancien, nous renseignent en dĂ©tail sur la rĂ©colte et la fabrication des planches de papyrus sĂ©chĂ©s servant Ă  Ă©crire[9] - [10] - [11].

L'Ă©criture du grec sur papyrus Ă©volue selon le type de document Ă  garder, ou non. Les Ă©crits les plus importants et les plus prĂ©cieux (littĂ©raires, religieux) sont toujours Ă©crits avec des onciales, lettres tracĂ©es selon les formes lapidaires, comparables Ă  celle de l'Ă©pigraphie. En tĂ©moignent les textes conservĂ©s du Nouveau Testament : par exemple, le Papyrus P52. GĂ©nĂ©ralement, les textes de la vie quotidienne sont tracĂ©s dans des Ă©critures cursives. L'Ă©tude du ductus et des ligatures est la base de la papyrologie. Les Ă©volutions de l'Ă©criture sont les mĂȘmes pour les ostraca. Ces derniers, morceaux brisĂ©s de poterie, sans valeur, sont aussi utilisĂ©s pour toutes sortes de textes de la vie quotidienne ou pour la formation des Ă©lĂšves qui apprennent Ă  Ă©crire.

Le papyrus est utilisĂ© dans l'AntiquitĂ© bien au-delĂ  de l'Égypte, dans tout l'Empire romain et l'Empire byzantin. Ce commerce continue en Gaule encore un siĂšcle aprĂšs la chute de l'Empire d'Occident, comme l'atteste une citation de GrĂ©goire de Tours relative Ă  l'annĂ©e 576[12]. La question se pose donc de comprendre pourquoi l'Égypte est, Ă  quelques exceptions prĂšs, la seule rĂ©gion du monde oĂč les papyrus ont pu se conserver et pourquoi les dĂ©couvertes de papyrus y sont si massives depuis le XIXe siĂšcle.

Le facteur géographique

Le facteur gĂ©ographique explique cette particularitĂ©. Pour trouver des papyrus, il faut que deux Ă©lĂ©ments contradictoires coexistent : une sociĂ©tĂ© avancĂ©e qui pratique l’écriture, et une sĂ©cheresse importante du sol pour que les papyrus ne pourrissent pas sur place. Sauf dans le delta et pour sa frange cĂŽtiĂšre mĂ©diterranĂ©enne, l’Égypte appartient Ă  l’immense zone dĂ©sertique saharienne. Mais, les eaux de pluie d’une vaste zone de l’Afrique Ă©quatoriale et tropicale se frayent un chemin jusqu’à la MĂ©diterranĂ©e en descendant du sud vers le nord, Ă  travers ce que nous appelons l’Égypte (un immense ruban vert oĂč les hommes ont rapidement maĂźtrisĂ© les crues annuelles du Nil)[13].

Plusieurs phĂ©nomĂšnes se conjuguent. Les gens vivent si possible Ă  la limite du dĂ©sert pour ne pas trop entamer les cultures, et parmi les dĂ©chets (qu’ils rejettent Ă©videmment du cĂŽtĂ© du dĂ©sert), on trouve des lettres de toutes sortes, des livres dĂ©pareillĂ©s, des contrats pĂ©rimĂ©s, des comptes, etc. Les cimetiĂšres sont installĂ©s autant que possible dans les confins dĂ©sertiques des villes. Ainsi, quand, Ă  l’époque hellĂ©nistique ou romaine, les nĂ©crotaphes fabriquent des caisses Ă  momie en cartonnage, ils rachĂštent de vieux fonds d’archives ou des papyrus dont les particuliers veulent se dĂ©barrasser. Et les papyrologues ont dĂ©mantelĂ© ces caisses pour en dĂ©coller les diffĂ©rentes couches de papyrus. Les prĂȘtres du village de Tebtynis dans l’oasis du Fayoum confient au dĂ©sert les momies des crocodiles sacrĂ©s, manifestations du dieu Sobek. Ils ont soin de bourrer le ventre Ă©viscĂ©rĂ© de ces animaux avec des boules de papyrus de rebut, puis ils emmaillotent les cadavres avec des rouleaux de papyrus dont les textes ne prĂ©sentent plus d’intĂ©rĂȘt : une sĂ©rie impressionnante de volumes remplis de documents sur les villages du sud du Fayoum[14]. Par ailleurs, Alexandrie se trouvant en zone humide et on n’y dĂ©terre jamais de papyrus, mais des centaines de documents publics ou privĂ©s envoyĂ©s d’Alexandrie en Égypte[15] sont retrouvĂ©s dans un dĂ©potoir Ă  la limite du dĂ©sert.

DĂ©veloppement de la papyrologie

Lors de la derniĂšre dĂ©cennie du XIXe siĂšcle, la papyrologie s’organise comme discipline majeure des sciences de l’AntiquitĂ© grĂ©co-romaine. Elle doit cette reconnaissance au fait, qu’à ce moment, des quantitĂ©s considĂ©rables de papyrus arrivent d’Égypte en Europe. Il est d'abord nĂ©cessaire de les dĂ©chiffrer et de les publier, mais en mĂȘme temps la quantitĂ© et la qualitĂ© des donnĂ©es que l’on dĂ©couvre sur l’Égypte grĂ©co-romaine fait qu’on entrevoit la possibilitĂ© d’exploiter systĂ©matiquement toutes ces donnĂ©es en crĂ©ant progressivement des instruments de travail, des mĂ©thodes d’évaluation critique des donnĂ©es et les premiĂšres synthĂšses. La papyrologie moderne vient de naĂźtre.

Précédents

DÚs 1788, le Danois Nils Iversen Schow publie la Charta Papyracae Graece Scripta[16] qui vient d'arriver à Rome. Mais c'est une curiosité sans lendemain. Ce papyrus, étudié par le cardinal Borgia, décrit les travaux d'irrigation d'un groupe d'ouvriers à Tebtynis en 192 et 193. Peu de temps aprÚs, en 1793 un volume est publié portant sur les huit-cents premiers rouleaux de papyrus carbonisés découverts à Herculanum (détruite par une éruption du Vésuve en ) en 1752 à la Villa Ercolanese dei Papiri[17].

L’expĂ©dition du GĂ©nĂ©ral Bonaparte en Égypte ouvre ce pays aux savants de toutes disciplines et, en particulier, donne naissance Ă  la papyrologie. Les inscriptions grecques, dont la fameuse pierre trilingue de Rosette, permettent au Français Jean-Antoine Letronne de tracer en 1823 une premiĂšre esquisse de l’histoire de l’Égypte sous les PtolĂ©mĂ©es et les empereurs romains[18]. Il est aussi le premier historien français Ă  s'intĂ©resser Ă  la toute nouvelle papyrologie, dĂšs 1826 dans sa lettre Ă  Passalacqua[19].

Naissance de la papyrologie

Les premiers papyrus envoyĂ©s au Louvre sont Ă©tudiĂ©s par Letronne, puis par Egger et Brunet de Presle qui les publient en 1865. À cette Ă©poque, les paysans Ă©gyptiens apprennent la valeur des papyrus qu’ils trouvent. Le commerce des antiquitĂ©s nourrit quelques musĂ©es et bibliothĂšques et bientĂŽt apparaissent les premiers volumes de papyrus, fort mĂ©ritants, mais peu fournis en textes importants. À partir de 1877, commence la deuxiĂšme phase des dĂ©couvertes : les paysans en quĂȘte de fertilisants exploitent la terre azotĂ©e des sites antiques du Fayoum et dĂ©couvrent des masses de documents qui rejoignirent rapidement quelques grandes collections, comme celles de Berlin, de Londres, mais surtout de Vienne (avec la collection de l'archiduc Rainier).

La troisiĂšme phase des dĂ©couvertes est caractĂ©risĂ© par les fouilles scientifiques de sites aptes Ă  fournir des textes. L’un des champs de fouilles papyrologiques les plus fĂ©conds est celui d’Oxyrhynque, en Moyenne Égypte (voir papyrus d'Oxyrhynque). Deux jeunes universitaires d'Oxford, Bernard Pyne Grenfell et Arthur Surridge Hunt mĂšnent Ă  partir de 1896 des campagnes de fouille systĂ©matiques Ă  la recherche des papyrus. Tous ces documents se retrouvent trĂšs vite dĂ©posĂ©s Ă  Oxford. Leur publication est encore en cours aujourd'hui (en 2021), travail d'Ă©dition qui en est Ă  son quatre-vingt-sixiĂšme volume[20].

Maturité des études papyrologiques

Cette troisiĂšme phase des trouvailles correspond dans le temps Ă  la transformation du travail mĂ©ritoire des pionniers en une discipline organisĂ©e. Celle-ci se caractĂ©rise par la crĂ©ation d’instruments de travail sophistiquĂ©s et par des relations trĂšs suivies entre les papyrologues de tous pays. Ces relations, sous le signe de l’amicitia papyrologorum, donnent naissance en 1930 Ă  l’Association internationale de papyrologues, qui a son siĂšge Ă  Bruxelles Ă  l'Association Ă©gyptologique Reine Élisabeth (auparavant Fondation Ă©gyptologique Reine Élisabeth).

Les papyrologues travaillent sur tous les documents grecs et latins provenant d’Égypte, quel que soit le support de l’écriture. En plus des papyrus, fabriquĂ©s en rouleaux en juxtaposant Ă  angle droit de fines coupes longitudinales de moelle de papyrus, les fouilles clandestines ou scientifiques ont produit des milliers d’ostraca. Un ostracon est un tesson de poterie, le plus souvent un fragment d’amphore ; ce matĂ©riau bon marchĂ© permet d’écrire facilement sans Ă©critoire en tenant le tesson de la main gauche. On trouve de tout sur ces ostraca, depuis les exercices scolaires ou les petits messages privĂ©s jusqu’aux reçus de taxe ou mĂȘme des dessins. Ce n’est pas par hasard si le premier ouvrage qui, en 1899, pose dĂ©finitivement la papyrologie comme une discipline autonome et en dessine la mĂ©thodologie et les rĂšgles critiques, est le recueil et le commentaire de tous les ostraca d’Égypte et de Nubie connus Ă  ce moment. Ce monument est dĂ» Ă  Ulrich Wilcken qui est l'autoritĂ© incontestĂ©e de la papyrologie jusqu’au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale[21].

Parmi les tablettes de bois, les Ă©tiquettes de momie donnent le nom du mort, son origine et Ă©ventuellement le site oĂč on dĂ©sirait qu’il repose[22]. Les inscriptions sur pierre et les innombrables graffitis sur les murs ou les rochers constituent une source Ă©crite riche en donnĂ©es les plus variĂ©es ; celles-ci ont l’avantage d’ĂȘtre complĂ©mentaires au contenu des papyrus et des ostraca. Elles rĂ©pondent Ă  d’autres finalitĂ©s et sont destinĂ©s Ă  une communication plus ou moins limitĂ©e dans le temps et dans les utilisateurs prĂ©sumĂ©s.

Une quatriÚme phase dans le développement de la papyrologie est apparue avec la mise sur Internet d'un nombre important d'outils (publications de textes, bibliographies, listes, photographies de papyrus, etc.). C'est l'époque contemporaine de cette science (en cours en 2022). Comme dans toutes les disciplines (sciences dures et sciences humaines), elle contribue à l'accélération spectaculaire des connexions et des savoirs[23].

Les types de documents papyrologiques

La densitĂ© exceptionnelle des textes (papyrus et ostraca) permet aux chercheurs d'exploiter une documentation qui est presque totalement absente des autres rĂ©gions de l’Orient hellĂ©nistique, de l’Empire romain et de l’Empire byzantin ancien. Ces tĂ©moins grecs d’Égypte se rĂ©partissent en documents juridiques, dont ceux relevant du pouvoir et de son administration, en documents qui relĂšvent de l’activitĂ© privĂ©e[24], en documents littĂ©raires ou encore bibliques.

D'un point de vue chronologique, le premier papyrus Ă©crit en grec en Égypte (et que nous ayons retrouvĂ©) est la pancarte qui porte un ordre de l'Officier Peucestas Ă  ses hommes, datĂ© de 332 ou 331 avant notre Ăšre. Le dernier document connu en grec et datĂ© prĂ©cisĂ©ment est la correspondance du Gouverneur arabe Kurrah ben Sharik avec son subordonnĂ© Basilios Ă©voquĂ©e ci-dessus.

La papyrologie juridique

Les papyrus peuvent quelquefois provenir des plus hautes autoritĂ©s. Ainsi les imposants cahiers de charge des ou des normes fiscales, sortis des bureaux du ministre des finances et de l’économie de PtolĂ©mĂ©e II Philadelphe[25], ou une lettre de l’empereur Septime SĂ©vĂšre, ou encore la collation de privilĂšges Ă  un conseiller romain d’Antoine oĂč on peut lire l’ordre d’exĂ©cuter signĂ©, sans doute, de la main de ClĂ©opĂątre VII[26]. Mais nous avons presque toujours affaire Ă  des documents beaucoup plus modestes : les copies-lettres d’un haut fonctionnaire local voisinent avec l’ordre d’arrĂȘter un dĂ©linquant, le certificat attestant que tel obscur paysan est en rĂšgle Ă  propos de la corvĂ©e (sur les canaux d’irrigation) avec la dĂ©claration d’une naissance ou d’un dĂ©cĂšs[27]. L'on y compte Ă©galement des ordres de procĂ©der aux recensements des personnes, des animaux domestiques ou des propriĂ©tĂ©s, mais surtout les innombrables dĂ©clarations qui en rĂ©sultent et sont chaque fois une fiche sociale prĂ©cieuse. Les reçus de taxe reprĂ©sentent une documentation abondante, Ă  l’image mĂȘme d’un systĂšme oĂč, sous les Romains, par exemple, les classes infĂ©rieures payaient la plus lourde taxe de capitation.

Les conflits entre les hommes ou avec l’administration ont gĂ©nĂ©rĂ© une documentation abondante, de mĂȘme que les copies de lois et de rĂšglements, les plaintes et les verdicts, qui ont suscitĂ©, avec les contrats, rĂ©gulateurs des relations Ă©conomiques ou sociales. Il en rĂ©sulte une branche particuliĂšre de la papyrologie. Beaucoup parmi les documents juridiques dont celle-ci s’occupe, particuliĂšrement les contrats, relĂšvent par certains aspects de la documentation privĂ©e. Ils sont dus Ă  l’initiative d’individus, mĂȘme si ces actes suivent des normes plus ou moins contraignantes. La papyrologie juridique soulĂšve enfin un problĂšme majeur : celui de la coexistence de droits diffĂ©rents liĂ©s plus ou moins au statut des personnes concernĂ©es, le droit Ă©gyptien, le droit grec et, plus tard, le droit romain[28] - [29].

La papyrologie documentaire

Une variĂ©tĂ© comparable peut ĂȘtre trouvĂ©e dans les documents privĂ©s, traces Ă©crites les plus disparates de la vie quotidienne : les comptes d’un grand domaine ou l’inventaire d’une cuisine, les innombrables lettres privĂ©es avec leurs attentes, leurs griefs, leurs inquiĂ©tudes ou les compliments Ă  transmettre aux amis et connaissances, les invitations Ă  une fĂȘte ou Ă  un mariage, l’interrogation d’un oracle ou les recommandations d’un supĂ©rieur de monastĂšre etc. Ce sont autant d’échantillons qui permettent de dĂ©velopper la sociologie d’une sociĂ©tĂ© biculturelle, oĂč Grecs et hellĂ©nisĂ©s, d’une part, et Égyptiens, d’autre part, vivent dans deux milieux plus ou moins impermĂ©ables, mais des milieux oĂč, avec le temps, les mariages mixtes et certaines aspirations, comme le phĂ©nomĂšne religieux (les dieux Ă©gyptiens sont simplement pour les Grecs d’Égypte la forme locale de leurs propres dieux) ou le dĂ©sir de faire carriĂšre, crĂ©ent des passerelles.

Pour des synthĂšses de l'Ă©tude sociologique de l'Égypte aux Ă©poques grecque et romaine, on peut lire avec profit les livres suivants : pour l'Ă©poque lagide, l'ouvrage ancien mais toujours prĂ©cieux de Franz Cumont L'Égypte des Astrologues[30] et l'ouvrage rĂ©cent de Michel Chauveau L'Égypte au temps de ClĂ©opĂątre[31], pour l'Ă©poque romaine, de Naphtali Lewis, La MĂ©moire des Sables[32]. Pour la pĂ©riode qui va du IVe siĂšcle avant notre Ăšre au IVe siĂšcle de notre Ăšre, l'ouvrage de rĂ©fĂ©rence le plus rĂ©cent reste celui de RĂ©gis Burnet L'Égypte ancienne Ă  travers les papyrus - vie quotidienne[33].

Les documents et la linguistique

Les documents ont comme auteurs des gens qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de degrĂ©s fort diffĂ©rents de scolarisation ou disposent d’une connaissance du grec fort variable. Ces textes reprĂ©sentent donc des Ă©chantillons diversifiĂ©s de la langue vivante pratiquĂ©e Ă  un certain moment dans l’ensemble hĂ©tĂ©rogĂšne des composantes sociales. On peut ainsi suivre l’évolution de la langue grecque en route vers le grec moderne sur les plans de la phonĂ©tique, de la morphologie et de la syntaxe pendant un millĂ©naire. Mais il faut d’abord dĂ©crypter quel type d’usager est l’auteur d’une forme non classique du grec ou le responsable d’une faute d’orthographe, signe souvent rĂ©vĂ©lateur d’un phĂ©nomĂšne linguistique, notamment phonĂ©tique[34]. Car la langue Ă©volue diffĂ©remment suivant les classes sociales. Le notable fortement scolarisĂ©, quelquefois aprĂšs des Ă©tudes supĂ©rieures Ă  Alexandrie, parle et surtout Ă©crit un grec plutĂŽt conservateur, en tout cas un autre grec que le paysan Ă©gyptien qui en a appris Ă  l’oreille une centaine de mots qu’il estropie en oubliant de les dĂ©cliner, parce que la dĂ©clinaison n’existe pas dans les langues Ă©gyptiennes[35].

La papyrologie littéraire

Sappho lisant sur un rouleau de papyrus - Céramique à peinture rouge - détail - Musée national archéologique d'AthÚnes - N° 1260 - vers 440-430 avant notre Úre
Papyrus P.Lit.Lond. 134 (daté du IIe siÚcle) au British Museum d'un discours d'Hypéride (389-322 av. J.-C.), In Phillipidem (Contre PhillipidÚs), découvert au milieu du XIXe siÚcle et entré au BM en 1891.

Des centaines d'exemplaires d'Ɠuvres littĂ©raires grecques, mais aussi latines, dĂ©motiques ou coptes, sont arrachĂ©s aux sables d’Égypte, souvent Ă  l'Ă©tat de lambeaux, parfois en extraits plus ou moins longs. Les trouvailles les plus spectaculaires sont celles qui offrent, en entier ou pour une bonne part, d’importantes Ɠuvres de la littĂ©rature grecque qui avaient Ă©tĂ© perdues au fil des siĂšcles.

En voici quelques exemples. On ne possĂ©dait plus que des bribes informes de la comĂ©die Ă  happy end et amours contrariĂ©es nĂ©e au IVe siĂšcle Ă  AthĂšnes, alors que ce genre grec perdu, reprĂ©sentĂ© d’abord par ses imitations latines et la masse de la comĂ©die occidentale qui a suivi celles-ci. De mĂȘme, on a retrouvĂ© en Égypte plusieurs comĂ©dies de MĂ©nandre, le premier maĂźtre de ce genre, et ce sont des Ɠuvres de qualitĂ© qui tiennent encore la scĂšne. La dĂ©couverte d’un traitĂ© perdu d’Aristote, sa « Constitution d’AthĂšnes » a rĂ©volutionnĂ© l’histoire de l’AthĂšnes archaĂŻque et classique, du point de vue de l'accĂšs au texte comme de celui des traditions palĂ©ographiques[36]. GrĂące aux papyrus d’Égypte, on connaĂźt enfin mieux les poĂštes Sappho et AlcĂ©e, Bacchylide et Posidippe de Pella ou un orateur comme HypĂ©ride ; on dĂ©couvre la poĂ©sie de genre avec les Mimiambes d’HĂ©rondas[37]. La liste pourrait s’allonger, surtout avec les fragments plus ou moins longs d’Ɠuvres perdues, quelquefois d’écrivains qui n’étaient plus qu’un nom, quelquefois aussi de quelque rimailleur ou romancier local[38]. On a trouvĂ© des rouleaux illustrĂ©s, d’abord des traitĂ©s de gĂ©omĂ©trie ou d’astronomie d’époque ptolĂ©maĂŻque, plus des romans ou des recueils de poĂ©sie[39]. C’est ainsi que, parmi prĂšs de deux-cent-cinquante fragments de traitĂ©s de mĂ©decine, on a dĂ©couvert des fragments de deux herbiers. Par ailleurs, la papyrologie a livrĂ© un grand nombre de fragments musicaux, enrichissant grandement notre connaissance de la musique grecque antique[40], avec des passages d'Euripide ou d'Eschyle, mais aussi de MĂ©somĂšde de CrĂšte (PĂ©an de Berlin), ou d'anonymes. La plus ancienne hymne chrĂ©tienne connue (IVe siĂšcle), dĂ©diĂ©e Ă  la TrinitĂ©, nous a Ă©tĂ© transmise sur papyrus avec une notation musicale grecque antique.

Beaucoup de papyrus littĂ©raires grecs appartiennent Ă  des Ɠuvres que nous possĂ©dons dĂ©jĂ  parce que nos bibliothĂšques occidentales en avaient hĂ©ritĂ© de Byzance depuis la Renaissance ; ils prĂ©sentent un autre intĂ©rĂȘt. Ils sont beaucoup plus anciens que les manuscrits mĂ©diĂ©vaux qui nous ont conservĂ© ces livres et parce qu’ils ne proviennent pas des milieux savants byzantins qui sont gĂ©nĂ©ralement Ă  la source de ces manuscrits. Ils nous permettent souvent de corriger les altĂ©rations qui ont endommagĂ© plus tard la tradition manuscrite mĂ©diĂ©vale. Le cas d’HomĂšre est plus Ă©tonnant encore. Le texte des deux grandes Ă©popĂ©es, l’Iliade et l’OdyssĂ©e, que nous lisons sous le nom symbolique du vieil aĂšde, a Ă©tĂ© fixĂ© et commentĂ© par les philologues grecs du MusĂ©e (temple des Muses) d’Alexandrie sous les PtolĂ©mĂ©es. Des cartonnages de momie nous ont conservĂ© des lambeaux plus anciens de ces deux Ă©popĂ©es ; ils prĂ©servent des variantes, surtout des additions, qui nous Ă©clairent sur l’évolution anarchique de ces poĂšmes Ă©piques avant le moment oĂč les philologues alexandrins en ont figĂ© le texte, celui que nous lisons encore dans nos classes. Les papyrus et ostraca scolaires conservent quelquefois des bribes plus ou moins malmenĂ©es des auteurs classiques ; HomĂšre y figure souvent[41] - [42].

Les papyrus littĂ©raires latins sont beaucoup moins nombreux et rarement bien conservĂ©s ; mais leur intĂ©rĂȘt est du mĂȘme ordre : dĂ©couverte de textes inconnus ou tĂ©moins d’Ɠuvres connues, par exemple, Virgile[43].

Les papyrus littĂ©raires Ă©clairent aussi le chercheur dans le domaine de la sociologie. Dans le choix des textes, il dĂ©couvre que, tout au long du millĂ©naire, la jeunesse des milieux aisĂ©s a droit Ă  l'Ă©ducation du gymnase, institution pour l'Ă©ducation morale et sportive grecque. Cette Ă©ducation est la clef des privilĂšges sociaux et Ă©conomiques que les familles veulent transmettre Ă  leurs descendances. Le choix des Ɠuvres est Ă©difiant : HomĂšre, surtout l'Iliade, reste le texte fondamental, comme il l'est Ă  AthĂšnes et dans la plupart des citĂ©s grecques. Il reprĂ©sente de loin la rĂ©colte la plus nombreuse de papyrus littĂ©raires. DĂ©mosthĂšne et Euripide sont bien reprĂ©sentĂ©s. Mais l'on cherchera en vain une Ɠuvre d'inspiration Ă©gyptienne. Les dĂ©couvertes groupĂ©es font deviner les bibliothĂšques plus qu'honorables des notables locaux. Ce groupe social, installĂ© dans les petites villes de province Ă  l'Ă©poque impĂ©riale ou byzantine, nous apparaĂźt ainsi comme le terreau d'oĂč sont issus quelques grands Ă©crivains, comme Nonnos de Panopolis au Ve siĂšcle. Mais en pleine Égypte, mĂȘme dans des milieux sociaux modestes, l'Ă©ducation des jeunes Grecs repose sur un fonds culturel purement grec.Les nombreux papyrus et ostraca scolaires qui ont Ă©tĂ© publiĂ©s en tĂ©moignent.

La papyrologie biblique (ou testamentaire)

Papyrus de l'ÉpĂźtre de Jacques rĂ©digĂ© en grec au IIIe siĂšcle (Papyrus 23).

La papyrologie nous livre Ă©galement des exemplaires des Évangiles, d'Ă©vangiles apocryphes comme le ProtĂ©vangile de Jacques et d’autres Ă©crits religieux chrĂ©tiens, qui remontent quelquefois au IIe siĂšcle, entre autres de nombreux textes bibliques datant des tout premiers temps du christianisme.

Nous pouvons ainsi Ă©tudier des tĂ©moins plus anciens que les manuscrits dont nous disposions avant les dĂ©couvertes papyrologiques des sources chrĂ©tiennes qui avaient Ă©tĂ© perdues au fil du temps et de nombreux textes gnostiques. Cette spĂ©cialitĂ© compte beaucoup de textes en copte. Tel est le cas notamment des textes de la "BibliothĂšque" de Nag Hammadi, de l'Évangile de Thomas ou de l'Évangile de Judas[44].

Les papyrus trouvĂ©s hors d’Égypte

Exemple de fac-simile d'un papyrus d'Herculanum conservé à Oxford

En dehors de l’Égypte, des circonstances particuliùres ont permis la sauvegarde fortuite de papyrus grecs ou latins.

À PĂ©tra et Ă  Nessana, les documents rĂ©vĂšlent quelques aspects d’une Palestine chrĂ©tienne, proche de l’Égypte byzantine. On a trouvĂ© des papyrus grecs et latins d’époque romaine en Syrie, particuliĂšrement dans la garnison romaine de Doura Europos, dont le calendrier rituel du Feriale Duranum.

La carbonisation lente du papyrus en milieu privĂ© d’oxygĂšne a assurĂ© quelquefois la conservation de papyrus dans le delta, mais aussi en dehors de l’Égypte. Ainsi, dans une tombe de Derveni en MacĂ©doine, on a trouvĂ© un rouleau orphique du IVe siĂšcle (provenant d’une secte religieuse initiatique pratiquant l’orphisme).

Mais on connaĂźt surtout la dĂ©couverte au XVIIIe siĂšcle des papyrus carbonisĂ©s d’Herculanum, dĂ©jĂ  citĂ©s plus haut. Ils proviennent d’une bibliothĂšque de philosophie grecque submergĂ©e par les boues chaudes qui dĂ©valĂšrent les pentes du VĂ©suve lorsque des pluies torrentielles succĂ©dĂšrent Ă  l’éruption de 79[45]. Les papyrus carbonisĂšrent lentement, mais, Ă  leur dĂ©couverte, prĂ©sentĂšrent de graves problĂšmes pour les dĂ©rouler et les dĂ©chiffrer. Aujourd’hui, la lecture en est facilitĂ©e par la photographie infrarouge et l'imagerie multispectrale[46] - [47] - [48].

Les domaines voisins de la papyrologie

Les papyrus démotiques

Pendant le millĂ©naire de l'Égypte qui concerne les papyrologues, la population autochtone continue Ă  parler sa langue : l'Ă©gyptien, parvenu Ă  un stade d'Ă©volution tardif. La pierre de Rosette, qui est l’une des clefs du dĂ©chiffrement des hiĂ©roglyphes, porte un dĂ©cret trilingue. Ce dernier est votĂ© par un synode (conclave) des prĂȘtres des grands sanctuaires Ă©gyptiens en -196, peu aprĂšs le couronnement selon le rite pharaonique de PtolĂ©mĂ©e V. Une version est Ă©crite en hiĂ©roglyphes dans la langue sacrĂ©e, en fait une langue morte mais prestigieuse ; une autre version dans la langue Ă©gyptienne vivante, qu’on appelle le dĂ©motique, la « langue populaire » ; enfin une troisiĂšme version est rĂ©digĂ©e en grec, la langue de la gestion royale du pays. La langue Ă©gyptienne vivante apparaĂźt aussi dans des Ă©crits de la vie courante, avec une Ă©criture qui existe dĂ©jĂ  avant l'arrivĂ©e des MacĂ©doniens : l’écriture dĂ©motique, c’est-Ă -dire « l’écriture populaire », alors que les documents grecs l’appellent l’écriture « indigĂšne ». L’accumulation de documents et d'Ɠuvres littĂ©raires dĂ©motiques a permis aux DĂ©motisants de dĂ©velopper des instruments de travail et une mĂ©thodologie qu’on peut appeler une « papyrologie dĂ©motique », branche de l'Égyptologie.

Les papyrus coptes

Comme il est dit plus haut, la population Ă©gyptienne retrouve un alphabet qui lui est propre. L’alphabet copte reprend l’alphabet grec, complĂ©tĂ© par quatre signes empruntĂ©s au dĂ©motique pour rendre des sons inconnus du grec. Il transcrit un Ă©tat de la langue parlĂ©e, le dernier Ă©tat des grands dialectes Ă©gyptiens que la population indigĂšne continue Ă  parler. Il est utilisĂ© lorsque la christianisation, venue d’Alexandrie, s’accĂ©lĂšre dans le pays (Ă  partir du IIIe siĂšcle) et nĂ©cessite la diffusion des Évangiles et des autres Ă©crits chrĂ©tiens Ă  l’intention des nouveaux fidĂšles. Nos bibliothĂšques d’Europe et d'AmĂ©rique possĂšdent de nombreux manuscrits coptes mĂ©diĂ©vaux, qui permettent l’étude de cette langue Ă©gyptienne tardive.

La connaissance du copte a contribuĂ© fortement Ă  la rĂ©ussite de Champollion lorsqu’il a dĂ©cryptĂ© le systĂšme complexe des hiĂ©roglyphes. Depuis, les dĂ©couvertes abondantes de documents coptes issus de la vie courante, particuliĂšrement de celle des monastĂšres, suscitent la naissance d’une papyrologie copte, avec ses spĂ©cialistes et ses instruments de travail, malgrĂ© la date rĂ©cente du dĂ©veloppement de nos disciplines documentaires. L’intĂ©rĂȘt des papyrologies dĂ©motique et copte est manifeste pour tous : les papyrologues hellĂ©nisants ont de plus en plus tendance Ă  tenir compte de cette documentation parallĂšle Ă  la leur. Cet Ă©tat des choses est d’autant plus naturel que, souvent, les dĂ©motisants et les coptisants ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d'une formation initiale de papyrologues. Une partie d’entre ceux-ci se familiarisent avec l’une ou l’autre de ces papyrologies Ă©gyptiennes selon qu’ils sont attirĂ©s soit par la pĂ©riode ptolĂ©maĂŻque pour la premiĂšre, soit par l'Ă©poque byzantine pour la seconde.

Par exemple, pour l'Ă©tude de la vie d’un monastĂšre, cela n’a guĂšre de sens d’interroger les papyrus et ostraca grecs sans utiliser les informations qu’apporte le matĂ©riel copte correspondant. Cette disposition d'esprit est d’autant plus heureuse que le volet sociologique de la papyrologie est en grande partie marquĂ© par la coexistence dans un mĂȘme cadre politico-gĂ©ographique de deux cultures vivantes fort diffĂ©rentes et, initialement, peu permĂ©ables entre elles.

Une rĂ©flexion semblable doit ĂȘtre formulĂ©e pour les Ă©tudes des Gnostiques et de leur mouvement religieux, mĂȘlant textes grecs et coptes (comme la BibliothĂšque de Nag Hammadi dĂ©jĂ  mentionnĂ©e).

Les papyrus byzantins

La plupart des papyrus de l'Ă©poque byzantine se rĂ©fĂšrent plus ou moins directement Ă  l'histoire ou Ă  la religion chrĂ©tienne : les principales Ɠuvres retrouvĂ©es concernent la thĂ©ologie, l'ecclĂ©siologie, la lutte contre les hĂ©rĂ©sies et les schismes (dont, entre autres, l'arianisme ou l'iconoclasme), la vie des communautĂ©s chrĂ©tiennes[49].

Les papyrus d'Égypte dans les autres langues

On a trouvĂ© Ă  ÉlĂ©phantine, Ă  la premiĂšre cataracte, des papyrus aramĂ©ens laissĂ©s par la garnison juive que le roi de Perse avait postĂ©e Ă  la frontiĂšre mĂ©ridionale de l’Égypte au Ve siĂšcle. Ces documents, ainsi que les autres documents aramĂ©ens plus rĂ©cents, relĂšvent des Ă©tudes sĂ©mitiques.

Un lot de papyrus en pehlevi conservĂ© Ă  Berlin a pour origine la brĂšve occupation de l’Égypte byzantine par les Perses (616-627).

L’occupation progressive de l’Égypte par les Arabes islamisĂ©s Ă  partir de 639 explique la dĂ©couverte de documents sur papyrus ou sur papier Ă©crits dans la langue arabe, dont l’emploi se gĂ©nĂ©ralise au fil des siĂšcles, mĂȘme dans les milieux chrĂ©tiens. Progressivement, le grec disparaĂźt des documents privĂ©s, mais il survit quelque temps comme langue de chancellerie, comme dans le dossier issu des bureaux du gouverneur Kurrah ben Sharik Ă  Fostat (Le Caire) pour Basilios, pagarque (dirigeant d’un pagus ou canton) d'Aphrodito, en Haute-Égypte et qui date de 709 Ă  714[50]. Les papyrus arabes sont traitĂ©s par des arabisants. Mais la coexistence de documents dans les deux langues exige la coopĂ©ration des papyrologues hellĂ©nistes spĂ©cialisĂ©s dans le Proche-Orient au Haut Moyen Âge et des spĂ©cialistes de la papyrologie arabe. Celle-ci trouve un nouvel essor ces derniĂšres annĂ©es.

Techniques de la papyrologie

La désignation des papyrus

Les papyrologues utilisent couramment un systÚme d'abréviations pour désigner les papyrus qu'ils citent ou sur lesquels ils travaillent.

Ces abrĂ©viations dĂ©signent la plupart du temps le centre universitaire (ou le musĂ©e) oĂč les textes sont conservĂ©s et le tome de l'Ă©dition oĂč le chercheur peut lire le texte originel (par exemple, le B.G.U. V 1210, connu aussi sous le nom savant de GnĂŽmĂŽn de l'Idiologue, indique que le texte est conservĂ© dans la collection de la Berliner Greischische Urkunden, le recueil des papyrus grecs de Berlin, qu'il est publiĂ© dans le tome cinq des Ă©ditions de cette collection, sous le numĂ©ro 1210)[51]. La notation abrĂ©gĂ©e peut dĂ©signer aussi le lieu d'extraction archĂ©ologique du texte : P. Oxy. XI 1381, relatif Ă  un miracle attribuĂ© au dieu Ă©gyptien Imhotep[52], est un papyrus d'Oxyrhynque : il provient de la ville ainsi dĂ©nommĂ©e dans l'AntiquitĂ© et aujourd'hui El Behneseh, en Moyenn Égypte ; la collection est conservĂ©e actuellement Ă  Oxford (Royaume-Uni). Ce texte est publiĂ© dans le tome onziĂšme rĂ©servĂ© Ă  cette collection sous le numĂ©ro 1381. Parfois, le systĂšme d'abrĂ©viation concerne les deux critĂšres Ă  la fois (lieux d'extraction et de conservation) : P Tebt. Mich. dĂ©signe un papyrus provenant de l'antique Tebtynis (actuelle Oumm-el-Baragat, dans l'oasis du Fayoum) et conservĂ© dans le dĂ©partement Ă  l'UniversitĂ© du Michigan.

Quelques rares collections sont rĂ©fĂ©rencĂ©es selon d'autres critĂšres (par exemple P. Rainer Cent. 53, qui conserve le dĂ©but d'une pĂ©tition au fonctionnaire Apollonios), tient le nom de sa collection du mĂ©cĂ©nat de l'Archiduc Rainier en 1883 en faveur de son oncle, l'Empereur François-Joseph d'Autriche[53]. De plus, les textes les plus emblĂ©matiques de l'histoire de l'Égypte ou de tels faits de sociĂ©tĂ© sont parfois rĂ©Ă©ditĂ©s dans des ouvrages thĂ©matiques ou pĂ©dagogiques, d'oĂč une pluralitĂ© de rĂ©fĂ©rences. Ainsi, la pĂ©tition d'un reclus volontaire (religieux) dĂ©nommĂ© PtolĂ©maĂŻos au roi PtolĂ©mĂ©e VIII ÉvergĂšte II en 158 avant notre Ăšre porte les noms suivants : P. Lond 23, U.P.Z. 14 et Select Papyri II 272. Enfin, la multiplication d'Ă©ditions en petit nombre, parfois difficile Ă  se procurer, a nĂ©cessitĂ© la crĂ©ation d'un recueil systĂ©matique des publications locales, le Sammelbuch Griechischer Urkunden aus AEgypten (c'est-Ă -dire le Recueil des documents grecs d'Égypte, dont le sigle est abrĂ©gĂ© en S.B.).

L'ensemble de ces sigles est explicité par des listes périodiques dénommées checklists[54].

Les périodiques

Les revues savantes les plus importantes consacrées à la papyrologie sont les suivantes (Liste avec les abréviations courantes):

  • American Studies of Papyrology
  • Aegyptus. Rivista Italiana di Egittologia e di Papirologia, 1920ff.
  • Analecta Papyrologica (2005, le vol. 14/15 est paru en 2002/2003)
  • Archiv fĂŒr Papyrusforschung (2004, vol. 50)
  • BeitrĂ€ge zur Alten Geschichte, Papyrologie und Epigraphik (2006, vol. 21)
  • Bulletin of the American Society of Papyrologists, 1963ff.
  • Chronique d'Égypte, Bruxelles 1925ff.
  • Cronache Ercolanesi
  • Papyrologica Coloniensia (2005, vol. XXXI)
  • Papyrologica Lupiensia, 1991ff.
  • Studia papyrologica, Barcelone 1962–1983.
  • Studi di Egittologia e di Papirologia. Rivista internazionale, 2004ff.
  • The Bulletin of the American Society of Papyrologists, New Haven (Connecticut), puis Urbana 1963ff.
  • The Journal of Egyptian Archaeology, 1914ff.
  • The Journal of Juristic Papyrology, Varsovie 1952ff.
  • Tyche. Zeitschrift zur Alten Geschichte, Papyrologie und Epigraphik, 1986ff.
  • Zeitschrift fĂŒr Papyrologie und Epigraphik, 1967ff.

La papyrologie sur Internet

Le site généraliste en papyrologie, « Papyri.info », recense en anglais de multiples informations : sites, revues, checklist etc. Notamment, la saisie de la référence technique du papyrus recherché à partir de l'onglet DDbDp permet de retrouver une vaste bibliothÚque en ligne de papyrus ici : (présentation, texte avec appareil critique, souvent photographie du document)[55].

L'université catholique de Louvain met à disposition le lien sur une page « la papyrologie et l'électronique » (consulté le ),qui présente de nombreuses adresses électroniques.

La papyrologie littéraire dispose du site belge « Cedopal » ici : , en anglais et en français[56].

En Europe et aux États-Unis, de nombreux instituts de papyrologie disposent de sites internet, avec des versions en anglais, le plus souvent traduisibles en français. Ces sites prĂ©sentent souvent une information abondante sur la papyrologie (structure de l'institut, liens-web ou courriels Ă  destination des chercheurs et des enseignants, documentations, bibliothĂšques d'ouvrages, autres sites de papyrologie etc.). Parmi eux, l'on peut citer :

  • l'institut de papyrologie de l'universitĂ© Paris-Sorbonne, Ă  Paris, ici :,
  • l'institut de papyrologie d'Heidelberg, (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ici : ,
  • l'institut de papyrologie de l'universitĂ© Drew (Madison, New Jersey, États-Unis), ici : ,
  • le Centre de papyrologie littĂ©raire "CĂ©DoPaL" de l'UniversitĂ© de l'UniversitĂ© de LiĂšge ici : .

Bibliographie sélective

Il est possible de s'intĂ©resser Ă  la papyrologie[57], comme Ă©lĂ©ment de culture gĂ©nĂ©rale, sans disposer de beaucoup de connaissances en grec. Toutefois, dans un cadre universitaire ou pour progresser, il est indispensable de disposer comme prĂ©requis d'un fort minimum de connaissances du grec ancien. En matiĂšre de recherche, le prĂ©requis peut ĂȘtre singuliĂšrement rehaussĂ©, selon le type d'activitĂ© souhaitĂ©.

Introductions Ă  la papyrologie

  • (de) Wilhelm Schubart, Papyri graecae beroleninenses, Bonn, ,
  • Paul Collomp, La Papyrologie, Publications de la FacultĂ© des Lettres de l'UniversitĂ© de Strasbourg, , 35 p.,
  • AndrĂ© Bataille, Les papyrus (TraitĂ© d'Études byzantines tome II), Presses Universitaires de France, , 99 p.,
  • AndrĂ© Bataille, La papyrologie, dans Collectif L'histoire et ses mĂ©thodes, Gallimard Collection La PlĂ©iade, , pages 498 Ă  527,
  • AndrĂ© Bataille, La dynamique de l'Ă©criture grecque d'aprĂšs les textes papyrologiques, dans Recherches de Papyrologie tome II, Presses Universitaires de France, , p. 5-23,
  • (en) Martin David et Bernard Abraham van Groningen, Introduction (DĂ©finition of Papyrology
), dans Papyrological Primer, E.J. Brill, , p. 2* Ă  49*.
  • (en) Roger Shaler Bagnall, The Oxford Handbook of Papyrology, Oxford University Press, , 712 p.,
  • Jean Straus, « Initiation Ă  la papyrologie documentaire » (consultĂ© le ),
  • Jean-Luc Fournet, Le papyrus dans tous ses Ă©tats - de ClĂ©opĂątre Ă  Clovis, Éditions du CollĂšge de France, , 192 p.

Recueils de papyrus non littéraires sélectionnés

  • (en) Arthur S. Hunt et Cambbell C. Edgar, Select Papyri - I Private Affairs, Harvard University Press, William Heinemann Ltd (Loeb Classica Librairy), , 452 p.
  • (en) Arthur S. Hunt et Campbell C. Edgar, Select Papyri - II Public documents, Harvard University Press, William Heinemann Ltd (Loeb Classica Librairy), , 608 p.

Les papyrologues

L'on ne saurait parler de papyrologie sans mentionner les papyrologues. Il s'agit des historiens, archĂ©ologues et linguistes spĂ©cialistes de l'Égypte sous occupation romaine et du grec tardif (koinĂš). Parmi eux, l'on compte :

  • Ulrich Wilcken (nĂ© en 1862, dĂ©cĂ©dĂ© en 1944), universitaire allemand,
  • Salvatore Riccobono Jr (nĂ© en 1864, dĂ©cĂ©dĂ© en 1958), universitaire italien,
  • Paul Collart (nĂ© en 1878, dĂ©cĂ©dĂ© en 1946), universitaire français,
  • RafaƂ Taubenschlag (nĂ© en 1881, dĂ©cĂ©dĂ© en 1958), universitaire polonais,
  • Nabia Abbott (nĂ©e en 1897, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1981), universitaire amĂ©ricano-irakienne,
  • AndrĂ© Bataille (nĂ© en 1908, dĂ©cĂ©dĂ© en 1965), universitaire français (homonyme de l'homme politique, son aĂźnĂ©),
  • Naphtali Lewis (nĂ© en 1911, dĂ©cĂ©dĂ© en 2005), universitaire amĂ©ricain,
  • Danielle Bonneau (nĂ©e en 1912, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1992), universitaire française,
  • Jacques Schwartz (nĂ© en 1914, dĂ©cĂ©dĂ© en 1992), universitaire français,
  • Jean Bingen (nĂ© en 1920, dĂ©cĂ©dĂ© en 2012), universitaire belge,
  • Joseph MĂ©lĂšze-Modrzejewski (nĂ© en 1930, dĂ©cĂ©dĂ© en 2017), universitaire polonais puis français,
  • Pieter Willem Pestman (nĂ© en 1933, dĂ©cĂ©dĂ© en 2010), universitaire nĂ©erlandais,
  • Paul R. Swarney, universitaire amĂ©ricain,
  • Roger S. Bagnall, universitaire amĂ©ricain,
  • Jean-Luc Fournet, universitaire français,
  • RĂ©gis Burnet, universitaire français enseignant Ă  Louvain,
  • HĂ©lĂšne Cuvigny, universitaire française et Directrice de l'Institut de Papyrologie Ă  la Sorbonne.

Voir aussi la catégorie « Papyrologue ».

Notes et références

  1. Paul Bureth, Les titulatures impĂ©riales dans les papyrus, les ostraca et les inscriptions de l'Égypte (30 a.c - 284 de n.Ăš.), Bruxelles, , p. 130.
  2. Voir « Reçu de paiement ».
  3. HĂ©lĂšne Cadell, Nouveaux fragments de la correspondance de Kurrah ben Sharik, dans Recherches de papyrologie - Tome IV, Presses Universitaires de France, , 216 plus 6 planches, pages 107 Ă  160 plus planches V et VI.
  4. Collectif et Henri Henne, La papyrologie et les études juridiques, dans Conférences faites à l'Institut du Droit Romain en 1947, Paris, Sirey, , 251 p., p. 80.
  5. Voir la présentation de l'ouvrage (en) Roger S. Bagnall et alii, The Oxford Handbook of Papyrology, Oxford Univiersity Press, , 712 p. : Will the Bactrian documents (Sims-Williams 2000) be next?
  6. Outre la base des 10 155 textes juridiques citĂ©e en 1964 (voir ci-dessus), l'Ă©dition des Papyrus d'Oxyrhynchos dĂ©passe maintenant le numĂ©ro 5550 (au volume LXXXVI), la sĂ©rie des Sammelbuch publie jusqu'en 2013 son tome XXVIII avec plus de 17 000 textes republiĂ©s, etc.
  7. Les rĂ©fĂ©rences sur ces faits historiques sont lĂ©gion. L'Ă©tude de l'Égypte des PtolĂ©mĂ©es (de la Dynastie lagide) est souvent confondue avec celle des autres royaumes hellĂ©nistiques. Un rĂ©sumĂ© rapide de toute cette histoire de l'Égypte hellĂ©nistique est Ă©laborĂ©, entre autres par Michel Chauveau, L'Égypte au temps de ClĂ©opĂątre (180 - 30 av. J.C.), Hachette, , p. 5 Ă  96. Une Ă©tude, trĂšs complĂšte et pour l'essentiel politique et disponible pour l'ensemble du monde hellĂ©nistique, est prĂ©sentĂ©e par Édouard Will, Histoire politique du monde hellĂ©nistique (en deux tomes), Presses Universitaires de Nancy, , p. 408 et 626
  8. Voir Naphtali Lewis, La MĂ©moire des Sables - La vie en Égypte sous la domination romaine, Armand Colin, , 221 p..
  9. Voir « Avant Propos - La Papyrologie » (consulté le ), qui donne notamment la source primaire du texte de Pline l'Ancien, Histoire naturelle tome XIII, paragraphe 74, 77 à 82.
  10. La fabrication du papyrus Ă  Ă©crire est dĂ©taillĂ©e Ă  l'article Papyrus (papier). Outre les sources de cet article, voir LĂ©o Deuel, Le temps des Ă©crits, Stock, , 490 p., dont le chapitre Les papyrus de l'Égypte, pages 85 Ă  99.
  11. Marie-Alix DesbƓufs, « Papyrus et parchemins dans l'AntiquitĂ© grĂ©co-romaine »
  12. Voir Henri Pirenne, « Le commerce du papyrus dans la Gaule mĂ©rovingienne », Comptes-rendus de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et des Belles Lettres, vol. 72-2,‎ , p. 178 et sqr, disponible en en ligne, Ă  partir de rĂ©fĂ©rences comme GrĂ©goire de Tours, Livre V, paragraphe 5, avant de pĂ©ricliter entre 659 et 679 (Ibid pages 179 et 180).
  13. Sur les facteurs gĂ©ographiques de la civilisation Ă©gyptienne, il existe Ă©galement une foule d'ouvrage. Parmi bien d'autres, on peut citer : Adolphe Erman et Hermann Ranke, La civilisation Ă©gyptienne, Payot, , 751 p., dont on peut lire notamment le chapitre quatre, Le Pays, pages 21 Ă  44. Plus rĂ©cent et plus concentrĂ© sur le contraste entre la vallĂ©e du Nil et les dĂ©serts environnants, lire : BĂ©atrix Midant-Reynes, PrĂ©histoire de l'Égypte - des premiers hommes aux premiers pharaons, Armand Colin, , 288 p., dont le court chapitre premier, Entre riviĂšre et dĂ©serts, p. 23-29.
  14. Voir par exemple ThĂ©odore Reinach, « Compte-rendu de Grenfell, Hunt et Smyly The Tebtunis Papyri », Revue des Études Grecques, vol. XVII,‎ , p. 129.
  15. Alexandrie n’en faisait pas partie administrativement, tout en Ă©tant la rĂ©sidence du PrĂ©fet d'Égypte.
  16. (la) Nils Iversen Schow, Charta Papyracea Graece Scripta Musei Borgiani Velitris Qua Series Incolarum Ptolemaidis Arsinoiticae in Aggeribus Et Fossis Operantium Exhibetur, Rome, 1788.
  17. On en connaĂźt aujourd'hui 1 838.
  18. « Recherches pour servir Ă  l'Histoire de l'Égypte
 » (consultĂ© le ).
  19. Jean-Antoine Letronne, Lettre à M. Joseph Passalacqua sur un papyrus grec et sur quelques fragmens de plusieurs papyrus appartenant à sa collection d'antiquités égyptiennes (avec un fac similé du papyrus), Paris, ) et d'aprÚs sa nécrologie publiée par Charles-Athanase Walckenaer, « notice historique » (consulté le ), notamment aux p. 412-413.
  20. (en) « Full list of publications », p. 7, alinéas 85 et 91.
  21. Seymour de Ricci, « Ostraca grecques d'Égypte et de Nubie » (consultĂ© le )
  22. Voir par exemple Bernard Boyaval, Corpus des étiquettes de momies grecques, Publications de l'université de Lille III, , dont l'auteur revendique le caractÚre de travail provisoire (page 9).
  23. Voir ci-dessous au paragraphe "La papyrologie sur Internet".
  24. Certains papyrus se situent sur la limite floue entre documents juridiques et strictement privĂ©s. En voici un seul exemple : le P. Tebt. II 314 est une lettre privĂ©e (en grec) entre deux prĂȘtres Ă©gyptiens. Le document Ă©voque la cĂ©rĂ©monie trĂšs ritualisĂ©e et officielle oĂč se prend la dĂ©cision de la circoncision sacerdotale d'un fils de prĂȘtre (une procĂ©dure exceptionnelle et rigoureusement encadrĂ©e dans l'Empire romain).
  25. Voir le Papyrus Revenue Laws.
  26. Voir le papyrus Bingen 45, c'est-à-dire le « papyrus de Cléopùtre » (consulté le ) et l'article Papyrus de Cléopùtre.
  27. Par exemple, papyrus Fay. 28 pour une naissance, repris dans Select Papyri II 309, ou P.S.I. 1064, réédité comme Select papyri, II 310 pour un décÚs.
  28. Voir Collectif et Henri Henne, La Papyrologie et les Études juridiques, dans ConfĂ©rences faites Ă  l'Institut du Droit Romain en 1947, Paris, Sirey, , 249 p., texte pages 77 Ă  102.
  29. Voir par exemple : Joseph MĂ©lĂšze-Modrzejewski, Entre la citĂ© et le fisc : le statut grec dans l'Égypte romaine, in Symposium de Santander 1982, Valence, , p. 241
  30. Franz Cumont, L'Égypte des Astrologues, Bruxelles, 1937, rĂ©Ă©ditĂ© en 1982, 254 p.
  31. Michel Chauveau, L'Égypte au temps de ClĂ©opĂątre (180-30 av. J.C.), Hachette, , 293 p..
  32. Naphtali Lewis, La MĂ©moire des Sables, Armand Colin, , 222 p.
  33. RĂ©gis Burnet, L'Égypte ancienne Ă  travers les papyrus - vie quotidienne, Pygmalion, , 316 p..
  34. Comme c'est le cas avec le iotacisme. Notons que cette confusion, trÚs fréquente, de nombreuses diphtongues avec le iota en son i, mais aussi la confusion entre le iota, le héta et l'upsilon (toujours sous le son "i") n'a pas fait récemment l'objet d'un article ni d'un ouvrage spécialisé, mais que le iotacisme est indiqué dans trois articles différents (ceux de Natascha Pellé, de Nadine Quenouille et dans l'article co-écrit par Alexandra Trachsel et Uri Yiftach-Firanko, pages 607, 610, 637 et 785) dans les actes du CongrÚs de papyrologie de GenÚve (Collectif, textes réunis par Paul Schubert, Actes du 26e congrÚs de papyrologie - GenÚve 2010, Droz, , 839 p.).
  35. Voir l'ensemble du chapitre quatre, La KoinĂš, dans l'ouvrage de Henri Tonnet, Histoire du grec moderne, l'AsiatĂšque, , 20-53 p.
  36. Voir Antonio Ricciardetto, « Comparaison entre le systĂšme d'abrĂ©viations de l'Anonyme de Londres et ceux de la Constitution d'AthĂšnes et des autres textes littĂ©raires du P. Libr. inv. 131 », Proceedings of the 28th Congress of Papyrology Barcelona 1-6 august 2016 Scripta Orientalia, vol. 3,‎ , p. 405 et sqr et (it) Lucio del Corso, « L'Athenaion Politeia (P. Lond Lit. 108) e la sua 'biblioteca' libri e mani nella chora egizia - Oltre la Scrittura - variazioni sul tema per Cugglielmo Cavallo », Dossiers Byzantins, Paris, vol. 8,‎ , p. 13 et sqr, Ă  propos du papyrus P. Lit. Lond 108 qui nous restitue le texte de l'ouvrage d'Aristote.
  37. Voir Hamidou Richer, « Présentation des mimiambes d'Hérondas » (consulté le ) à l'Université de Rouen.
  38. Voir par exemple Fragment d'un roman grec non identifié.
  39. Voir les bas de pages de l'Alexander papyrus du Fragment d'un roman grec non identifié et sa « présentation par la BNF » (consulté le ).
  40. Voir le classique André Bataille, Remarques sur les deux notations mélodiques de l'ancienne musique grecque, dans Recherches de papyrologie - tome I, Presses Universitaires de France, , 120 p., p. 5 à 20. Plus récemment, on peut voir aussi les travaux d'Annie Bélis (de son article de 1984 : Anne Bélis, Un nouveau document musical, dans Bulletin de Correspondance hellénique (inédit), tome 103-1, , p. 99-109,à celui de 2004 : Annie Bélis, Un papyrus musical inédit au Louvre, dans Comptes-rendus de l'Académie des inscriptions et Belles Lettres, tome 148-3, , p. 1305-1329.
  41. Sur l'usage documentaire d'HomÚre (par opposition à l'usage littéraire de cet auteur), voir Jean-Luc Fournet, « HomÚre dans les papyrus non littéraires : le poÚte dans le contexte de ses lecteurs, dans I papyri omerici », Florence (Italie), (consulté le ), p. 125-157.
  42. Sur l'usage Ă©rudit d'HomĂšre dans la culture alexandrine, voir Éric G. Turner, l'Ă©rudition alexandrine et les papyrus in Chronique d'Égypte, Bruxelles, 1962∏passage=135 Ă  152.
  43. Papyrus P. Oxy. I 31, publié par Bernard P. Grenfell et Arthur S. Hunt, The Oxyrhynchus Papyri - tome I, Oxford, , p. 60.
  44. Texte traduit et commentĂ© par Rodolphe Kasser, Marvin Meyer et GrĂ©gor Wurst, L'Évangile de Judas, Flammarion, , 223 p..
  45. Voir Villa des Papyrus#BibliothĂšque des papyrus
  46. Digitization of Herculaneum Papyri Completed
  47. BYU Herculaneum Project Honored with Mommsen Prize.
  48. Voir Daniel Delattre, Le retour du Papyrus d'Herculanum de Paris 2 Ă  l'Institut de France (
), dans Comptes-rendus de l'AcadĂ©mie des Inscriptions et des Belles Lettres, tome 148-3, , p. 1351-1391, oĂč l'auteur raconte comment Ă  partir d'un puzzle de 279 fragments, il retrouve l'auteur, la matiĂšre et le titre possibles du rouleau Ă©miettĂ© : un texte qui aurait pu s'appeler De la calomnie et faire partie de l'ensemble dĂ©nommĂ© Des vices et des vertus qui leur sont opposĂ©es, de PhilodĂšme de Gadara !
  49. Voir Littérature byzantine : Le christianisme transforme les traditions antiques (du IIIe au VIe siÚcle).
  50. Voir HĂ©lĂšne Cadell, Nouveaux fragments de la correspondance de Kurrah ben Sharik, dans Recherches de papyrologie - Tome IV, Presses Universitaires de France, , 216p. plus 6 planches, p. 107 Ă  160 plus planches V et VI.
  51. Sur le GnĂŽmĂŽn de l'Idiologue, voir (it) Salvatore Riccobono Jr, Il Gnomon dell'Idios Logos, Palumbo Editore, , 281 p. et sous la direction de Vincenzo GiuffrĂš, Les Lois des Romains, Camerino (Italie), Jovene Editore, , 597 p., dont la contribution de Joseph MĂ©lĂšze-Modrzejewski : Le GnĂŽmĂŽn de l'Idiologue, p. 520-557.
  52. désigné aussi sous le nom d'ImouthÚs et assimilé à Asklépios
  53. Voir l'article Collection des papyrus de Vienne.
  54. Exemples de cheklists : (en) Martin David et Bernard A. van Groningen, Publications of Papyri and list of abbreviations in Papyrological Primer, E. J. Brill, , p. 6* à 13* et « checklist » (consulté le ),
  55. Sous le lien suivant « Accueil Papyri.Info » (consulté le ).
  56. « accueil Cedopal » (consulté le ).
  57. en grec

Voir aussi

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