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Jean-Antoine Letronne

Biographie

Frère du dessinateur-lithographe Louis-René Letronne, Jean-Antoine est l'élève du géographe Edme Mentelle et de l'helléniste Jean-Baptiste Gail. Il voyage de 1810 à 1812 en France, Italie, Suisse et Hollande. Il entre à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en 1816. Il est ensuite nommé inspecteur général des études. En 1832, sur l'inspiration de Guizot, il est nommé conservateur des Médailles puis quelques jours plus tard président du conservatoire et directeur de la Bibliothèque du Roi. Il exerce la fonction jusqu'en 1840. En 1834 il est élu à la chaire de morale et d'histoire du Collège de France avant de succéder en 1837 à Champollion dans la chaire d'archéologie[1]. Il est administrateur au Collège de France de 1840 à 1848[1]. Il est membre du Comité des travaux historiques et scientifiques de 1836 à 1841. En 1840, il succède à Pierre Daunou comme garde général des archives, et devient ainsi le premier directeur de l'école des chartes en 1847.

En 1835, il contribue à la publication de la revue Nouvelles Annales de l'Institut archéologique dont le comité de rédaction est également composé d'Antoine Chrysostome Quatremère de Quincy (président) du duc de Luynes (vice président), de Félix Lajard, de Charles Lenormant, de Raoul Rochette et du baron Jean de Witte.

Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise (14e division).

Le fondateur de l'Ă©pigraphie moderne

Letronne fut de son vivant un savant Ă  la notoriĂ©tĂ© immense, Franz le qualifia de vir immortalis[2] et Niebhur disait : « M. Letronne vaut Ă  lui seul une acadĂ©mie »[3]. Il est reconnu comme « le vĂ©ritable fondateur des Ă©tudes modernes d'Ă©pigraphie classique »[2] ayant le premier formulĂ© clairement les principes mĂ©thodologiques fondamentaux de la discipline insistant sur la nĂ©cessitĂ© de considĂ©rer toutes les inscriptions, mĂŞme les plus modestes et dĂ©finissant clairement les règles de rĂ©tablissement des textes lacunaires. Il fut pour Louis Robert « le modèle par excellence  »[1].

Il est aussi à l'origine du projet de nouvelle édition des Geographi graeci minores, dont il avait réalisé le plan avec Karl Müller. Après sa mort, ce sont Émile Egger et Wladimir Brunet de Presle qui se vouent à la publication des papyrus grecs du musée du Louvre, dont l'étude avait été commencée par lui.

Letronne « anticlérical »

En 1834, Jean-Antoine Letronne publie un article dans La Revue des Deux mondes au titre caractéristique : Des opinions cosmographiques des pères de l’Églises rapprochées des doctrines philosophiques de la Grèce. Dans cet article, l’auteur oppose les «fantasmes religieux du Moyen Âge » à l’âge de la raison, l’ère des Lumières[4].

C’est très exactement de cet article qu’il faut dater, pour la France, l’image d’un Moyen Âge obscurantiste: le Moyen Âge et ses donjons noirs, avec ses paysans travaillant sous le joug sans pitié des seigneurs, ses croisades préfiguration de la colonisation moderne, ce Moyen Âge qui pensait que la terre était plate et que les femmes ne possédaient pas d’âmes. Une époque enfin où régnaient l’inquisition et donc l’interdiction de penser…[4]. L'article de La Revue des Deux mondes est construit à la manière d'un article scientifique, où les arguments utilisés proviennent, pour l'essentiel, des affirmations reprises en boucle de Cosmas Indicopleustès, adepte du christianisme nestorien et de Lactance.

Publications

  • Essai sur la topographie de Syracuse dans le cinquième siècle avant J.-C., Paris, 1812.
  • « Lettre sur Eunapius », Magasin encyclopĂ©dique, avril, 1813
  • Dictionnaire gĂ©ographique de Vosgien, nouvelle Ă©dition augmentĂ©e et refondue, 1813 (sous le pseudonyme d'Auguste L***)
  • GĂ©ographie de toutes les parties du monde, Paris, 1816.
  • Recherches sur les fragments d'HĂ©ron d'Alexandrie, ou Histoire du système mĂ©trique des Égyptiens depuis le règne de Pharaon jusqu'Ă  l'invasion des Arabes, 1816 (mĂ©moire couronnĂ© par l'AcadĂ©mie des Inscriptions).
  • ConsidĂ©rations gĂ©nĂ©rales sur l'Ă©valuation des monnaies grecques et romaines, et sur la valeur de l'or et de l'argent avant la dĂ©couverte de l'AmĂ©rique, mĂ©moire lu Ă  l'AcadĂ©mie dans les sĂ©ances des , 13 et et .
  • Ĺ’uvres complètes de Rollin, t. I (nouvelle Ă©dition accompagnĂ©e d'observations et d'Ă©claircissements historiques, par Antoine Jean Letronne), Firmin Didot, Paris, 1821 (publication des Ĺ“uvres de Charles Rollin) (sĂ©rie de 30 volumes au total).
  • MĂ©moire sur le tombeau d'Osymandyas, 1822 (en ligne)
  • Recherches pour servir Ă  l'histoire de l'Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, tirĂ©es des inscriptions grecques et latines relatives Ă  la chronologie, Ă  l'Ă©tat des arts, aux usages civils et religieux de ce pays, 1823
  • Ĺ’uvres complètes de Rollin, vol. 16 (Histoire romaine t. IV), Paris, 1823 (publication des Ĺ“uvres de Charles Rollin).
  • « Notice sur la traduction d'HĂ©rodote de M. A.-L. Miot, et sur le Prospectus d'une nouvelle traduction d'HĂ©rodote de M. P.-L. Courrier », Journal des Savants, 1823.
  • Inscription grecque, gravĂ©e sur la base d'une statue trouvĂ©e dans les fouilles du canal d'Alexandrie, et maintenant dans la collection Drovetti Ă  Turin, 1824.
  • Observations critiques et archĂ©ologiques sur l'objet des reprĂ©sentations zodiacales qui nous restent de l'antiquitĂ©, Ă  l'occasion du zodiaque Ă©gyptien peint dans une caisse de momie, qui porte une inscription grecque du temps de Trajan, 1824
  • Cours Ă©lĂ©mentaire de gĂ©ographie ancienne et moderne, rĂ©digĂ© sur un nouveau plan, 9e Ă©dition, 1825.
  • Tabulae octo nummorum, ponderum, mensurarum apud Romanos et Graecos, 1825.
  • Lettre Ă  M. Joseph Passalacqua sur un papyrus grec et sur quelques fragmens de plusieurs papyrus appartenant Ă  sa collection d'antiquitĂ©s Ă©gyptiennes (avec un fac similĂ© du papyrus), Paris, 1826.
  • MatĂ©riaux pour l'histoire du Christianisme en Égypte, en Nubie et en Abyssinie, contenus dans trois mĂ©moires acadĂ©miques sur des inscriptions grecques des Ve siècle et VIes, Imprimerie royale, Paris, 1832.
  • La Statue vocale de Memnon, considĂ©rĂ©e dans ses rapports avec l'Égypte et la Grèce, 1833.
  • Lettres d'un antiquaire Ă  un artiste : sur l'emploi de la peinture historique murale dans la dĂ©coration des temples et des autres Ă©difices publics ou particuliers chez les Grecs et les Romains ; ouvrage pouvant servir de suite et de supplĂ©ment Ă  tous ceux qui traitent de l'histoire de l'art dans l'antiquitĂ©, 1835.
  • MĂ©moire sur l'utilitĂ© qu'on peut retirer de l'Ă©tude des noms propres grecs, pour l'histoire et l'archĂ©ologie, 1845. (en ligne).
  • Appendice aux lettres d'un antiquaire, etc., 1837.
  • Lettre des conservateurs de la Bibliothèque royale : sur l'ordonnance du relative Ă  cet Ă©tablissement / Jomard, Raoul-Rochette, Letronne, Champolion-Figeac, ..[et al.]
  • Fragments des poèmes gĂ©ographiques de Scymnus de Chio et du faux DicĂ©arque : restituĂ©s principalement d'après un manuscrit de la Bibliothèque royale, 1840
  • Sur l'origine du zodiaque grec et sur plusieurs points de l'astronomie et de la chronologie des ChaldĂ©ens, 1840
  • « Sur les Ă©crits et les travaux d'Eudoxe de Cnide, d'après M. Ludwig Ideler, membre de l'AcadĂ©mie de Berlin, et sur quelques points relatifs Ă  l'histoire de l'astronomie et Ă  la chronologie anciennes », Journal des savants, 1840-41
  • « Inscription grecque de Rosette [Ă©d. grecque et trad. française] », Fragmenta historicorum graecorum, 1, Ă©d. par Karl et Theodor MĂĽller, Paris, 1841, p. I-VIII et 1-44 (en ligne).
  • Fragments inĂ©dits d'anciens poètes grecs : tirĂ©s d'un papyrus appartenant au MusĂ©e Royal, avec la copie entière de ce papyrus : suivis du texte et de la traduction de deux autres papyrus appartenant au mĂŞme musĂ©e, 1841
  • Recueil des inscriptions grecques et latines de l'Égypte, vol. I, Paris, 1842.
  • « Inscription grecque accompagnĂ©e des noms hiĂ©roglyphiques de Marc-Aurèle et de Lucius VĂ©rus trouvĂ©e Ă  Philes en Égypte », Journal des savants, 1843
  • Examen critique de la dĂ©couverte du prĂ©tendu cĹ“ur de Saint-Louis, faite Ă  la Sainte Chapelle le , 1844
  • Table d'Abydos imprimĂ©e en caractères mobiles, 1845
  • Analyse critique des reprĂ©sentations zodiacales de DendĂ©ra et d'EsnĂ©, 1845
  • DiplĂ´mes et chartes de l'Ă©poque mĂ©rovingienne, sur papyrus et sur vĂ©lin, conservĂ©s aux Archives du royaume, publiĂ©s sous les auspices des ministres de l'intĂ©rieur et de l'instruction publique, Kaeppelin, Paris, 1845.
  • Sur l'authenticitĂ© de la lettre de Thibaud, roi de Navarre Ă  l'Ă©vĂŞque de Tusculum, 1846
  • Recueil des inscriptions grecques et latines de l'Égypte, vol. II, Paris, 1848.
  • MĂ©langes d'Ă©rudition et de critique historique, Paris, 1860 (recueil d'articles et de travaux dĂ©jĂ  parus, prĂ©cĂ©dĂ©s par l'« Éloge de A.-J. Letronne lu Ă  l'AcadĂ©mie des Inscriptions et Belles-Lettres dans sa sĂ©ance annuelle du » par le baron Walckenaer).
  • Ĺ’uvres choisies, 1881-1885

Notes

  1. Jean Leclant,« Une tradition : l'épigraphie à l'Académie des inscriptions et belles-lettres », CRAI, 132-4, 1988, p. 717
  2. Jean Leclant,« Une tradition : l'épigraphie à l'Académie des inscriptions et belles-lettres », CRAI, 132-4, 1988, p. 716
  3. Cité par Germain Sarrut et B. Saint-Edme, Biographies des hommes du jour, Paris, 1837, p. 192
  4. Christophe Dickès, Storia Voce.

Liens externes

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