FĂ©lix Lajard
Jean-Baptiste Félix Lajard est un diplomate et un archéologue français, né à Lyon le [1], mort à Tours le [2].
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Biographie
Sa famille protestante est originaire de Montpellier. Il est le fils de Jean-Baptiste Lajard, dit Lajard de l'Hérault, député au Corps législatif sous l'Empire[2]. Son oncle, Pierre Auguste Lajard, a été ministre de la guerre pendant la Révolution française du 16 juin au 6 août 1792[3]. Nommé élève diplomatique, Félix entre de bonne heure dans la diplomatie, tout d'abord comme attaché à la division politique du ministère des Affaires étrangères. De 1803 à 1806, il remplit les fonctions de second secrétaire de légation à Berlin, puis il accompagne Talleyrand pendant les campagnes de Prusse et de Pologne[4]. Grâce à la protection de son oncle, Jean-Antoine Chaptal, Lajard est attaché en 1807 comme secrétaire à l'ambassade du général Gardanne, nommé ministre plénipotentiaire auprès du Shah de Perse, Fath Ali Shah Qajar[5]. La mission est de convaincre ce dernier de s'unir à la France contre la Russie[4]. Mais il s'avère bientôt que Paris ne donne plus suite à ce projet, Napoléon ayant signé en 1807 avec les Russes un accord de paix, le traité de Tilsit. La mission Gardanne est alors abandonnée, en butte à toutes les difficultés[6]. Malgré tout, ce séjour décide de la vocation scientifique du jeune Lajard. Pendant les trois ans qu'il passe dans ce pays, il s'adonne surtout à des recherches sur les antiquités et sur les anciennes doctrines religieuses du Moyen-Orient. Il forme ainsi une riche collection de cylindres babyloniens, qui se trouve maintenant à la Bibliothèque nationale. Il est parmi les premiers à être frappés par certaines similitudes entre les cultes grecs et moyen-orientaux, et il défend l'idée qu'il faut rechercher en Orient les clefs des religions helléniques[6].
Après avoir rempli plusieurs missions diplomatiques sous l'Empire en tant que secrétaire de légation à Dresde, où, après la mort du baron de Bourgoing, il gère seul les affaires pendant cinq mois, puis premier secrétaire de l'ambassade extraordinaire à Varsovie[1], il est nommé chargé d'affaires au congrès de Prague. Considérant que les services qu'il a rendus n'ont pas été reconnus, il quitte la carrière diplomatique, et il n'occupe plus aucune fonction pendant deux ans[7].
La Restauration ramenant en France le gouvernement auquel la famille Lajard est attachée par tradition, il devient en 1818 receveur des finances à Marseille, puis à Saint-Denis, où il se marie, (1823) et à Paris (1829)[7]. Il reprend ses travaux favoris, guidé par les conseils d'Abel Rémusat et de Saint-Martin[1], avec lequel il se lie d'amitié. En 1825, il remporte le prix proposé par l'Académie des inscriptions et belles-lettres sur la question des origines du culte de Mithra, et devient en 1830 membre de cette société. À partir de ce moment, il se plonge tout entier dans les travaux scientifiques, se spécialisant dans les monuments mithriaques et dans le culte de la Vénus orientale[8]. Son opinion hardie sur l'existence de rapports antiques entre la Grèce et l'Orient se trouvera vérifiée[9], mais ignorant les langues orientales, il ne peut éviter des vues fantaisistes[6], ni étayer ses intuitions par des arguments scientifiques solides.
Le 16 septembre 1836, il est élu le quatrième membre titulaire de la commission chargée de la continuation de l'Histoire littéraire de la France, aux travaux de laquelle il contribue activement. Il rédige en particulier les notices de Henri de Gand, du jurisconsulte Philippe de Beaumanoir, de Pierre d'Auvergne, de saint Yves de Tréguier et de Gilles de Rome. En 1840, il est nommé secrétaire de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et en 1842, il en devient le président. En 1846, il est nommé correspondant de l'Académie de Berlin, partageant avec Georg Friedrich Creuzer l'idée des origines orientales de la mythologie grecque[6]. Pour sa retraite, il se retire à Tours, où il meurt en 1858.
Après sa mort, Ernest Renan lui consacre une notice élogieuse dans l'Histoire littéraire de la France, tome 24, p. XIII à XVII[2].
Ĺ’uvres
On a de lui :
- Nouvelles observations sur le grand bas-relief mithriaque de la collection Borghèse, actuellement au musée royal de Paris (1828)
- Mémoires sur les deux bas-reliefs mithriaques qui ont été découverts en Transylvanie (1839)
- Recherches sur le culte, les symboles, les attributs et les monuments figurés de Vénus en Orient et en Occident (1837)
- Introduction à l'étude du culte public et du mystère de Mithra en Orient et en Occident (1847-1848)
- Recherche sur le culte du cyprès pyramidal chez les peuples civilisés de l'antiquité
Il a, en outre, fourni une foule de mémoires à divers recueils, tels que :
- Nouvelles annales de l'Institut archéologique
- Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres
- Journal de la société asiatique
Enfin il a édité les Mélanges posthumes d'histoire et de littérature orientale d'Abel Rémusat et Histoire d'Arménie, par le patriarche Jean VI, dit Jean Catholicos (1841) et Fragments d'une histoire des Arsacides (1850) de l'orientaliste Antoine-Jean Saint-Martin.
Source
- Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, tome 10, p. 91, colonnes 2 et 3 (lien vers Gallica)
Références
- Persée, « Annonce du décès et notice bibliographique de M. Jean-Baptiste-Félix Lajard, membre de l'Académie », (consulté le )
- François Laplanche, Les Sciences religieuses, Beauchesne, 1996, 678 pages, p. 376, (ISBN 2-7010-1341-0)
- Histoire littéraire de la France, tome 24, p. XIII
- Histoire littéraire de la France, tome 24, p. XIV
- Persée, « La mission de Félix Lajard en Perse (1807-1809) et ses conséquences scientifiques », (consulté le )
- François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, éditions Karthala, 2008, 1007 pages, p. 550 (ISBN 9782845868021)
- Histoire littéraire de la France, tome 24, p. XV
- Histoire littéraire de la France, tome 24, p. XVI
- Histoire littéraire de la France, tome 24, p. XVII
Liens externes
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