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Ormosia coutinhoi

Ormosia coutinhoi est une espÚce néotropicale d'arbres de la famille des Fabaceae.

L'épithÚte spécifique rend hommage à José Coutinho de Oliveira qui en récolté des échantillons en fleur[1].


Il est connu en Guyane sous les noms de Panacoco (en Guyane, Panacoco désigne les lianes et arbres à graines rouges et noires : Ormosia spp.[4], Abrus precatorius, Rhynchosia phasaeolides), Neko udu grande feuille, Saint-martin blanc (Saint-martin rouge) (Créole)[5], Wanaku marikasmatgene, Wanaku purubumna (Palikur), Buiuçu (Portugais)[4], Korokororo, Warabokkadan (Arawak); Nekoe-oedoe, Neko oudou aguitin, Lebi-kiabisi, Lebi kiabisi (Nenge tongo) [6], Haiari [7].

Ailleurs, on l'appelle Horse eye[8], Crook (Créole du Guyana), Korokororo[5], Korongpinbiu (Akawaio), Wanaka (Macushi), Korokororo (Arawak)[9] au Guyana, Nekoe-oedoe (Sranan tongo, Nenge tongo), Lebi-kiabisi (Nenge tongo)[6] au Suriname, Buiuçu au Brésil[4].

Description

Ormosia coutinhoi est un arbre grand Ă  moyen, atteignant 35 m de hauteur, Ă  feuillage dense vert trĂšs foncĂ©, Ă  rameaux cylindriques, finement pubĂ©rulents-ferrugineux devenant glabres, et Ă  bourgeons secs brun dorĂ©.

Ses feuilles sont alternes, composĂ©es, imparipennĂ©es Ă  5-ll folioles. Les folioles sont glabres, trĂšs grandes (10-20 x 7-10 cm), pĂ©tiolulĂ©es, de forme ovale ou oblongue-ovale, Ă  apex sub-aigu, Ă  base obtuse ou cordĂ©e, avec les nervures mĂ©diane et secondaires trĂšs saillantes. marges en dĂ©veloppante.

Les inflorescences sont des panicules terminaux soyeux, blanchùtres, à trÚs petites bractées et bractéoles, et à fleurs pédicellées.

Le calice est persistant ou caduc, coriace, argentĂ©-soyeux, campanulĂ©, long de 1(–1,5) cm pour 0,7-1 cm de large, Ă  5 dents longues de 0,4-0,5 cm. L'Ă©tendard est suborbiculaire rĂ©flĂ©chi. Les ailes et la carĂšne sont subĂ©gales. L'ovaire est glabre, avec un stipe court.

Le fruit est une gousse ligneuse, dĂ©primĂ©e, brun jaunĂątre, glabre, globuleuse, Ă  base effilĂ©e sur 0,5-2 cm, apex obtusement acuminĂ© sur environ 0,2 cm, mesurant 6-7 x 4,5-5 x 2,5-3,5 cm (si elle contient 2 graines, la gousse est allongĂ©e mesurant 11(−13) x 4,5 x 2,5 cm, quelque peu resserrĂ©e entre les graines). La sutures est arrondie, Ă©paissies (jusqu'Ă  0,7 cm), et large de 0,3-0,4 cm. Le pĂ©ricarpe est Ă©pais de 0,3 Ă  0,5 cm. Les 1(-2) graines, mesurant 3-4 x 2,5-3 x 1,5-2 cm[10], sont rouges (rouge brunĂątre une fois sĂšches), avec une tache linĂ©aire oblongue et noire[6] - [11] - [5].

Il se distingue des autres Ormosia par la grande taille de ses graines[4].

RĂ©partition

Ormosia coutinhoi est prĂ©sent commun dans le nord-est de l'Amazonie (ParĂĄ), et apparemment plus rare le long des fleuves des Guyanes (frĂ©quent dans les forĂȘts inondables de basse Guyane)[6] - [4] - [5].

Écologie

Ormosia coutinhoi est un arbre de taille moyenne Ă  grande, peu commun Ă  frĂ©quent, que l'on rencontre dans les forĂȘts marĂ©cageuses, les forĂȘts inondables, et le long des cours d'eau dans les Guyanes[6].

Ses graines flottantes sont hydrochores et peuvent ainsi ĂȘtre transportĂ©es sur de longues distances le long des fleuves, voire jusqu'en mer (il n'est cependant pas certain qu'elles survivent Ă  l'eau salĂ©e)[12].

Utilisation

Ormosia coutinhoi est connu pour ses grosses graines rougeùtre dures (les plus grosses des Ormosia) souvent employées pour la fabrication de bijoux (ex : bijoux artisanaux fabriqués à partir de graines sauvages au Guyana[8]), et commercialisées jusqu'en Europe[12].

Le bois brun-jaune à veines foncées de Ormosia coutinhoi présente un aspect pelucheux, est moyen dans ses qualités mécaniques, sa densité et sa durabilité et sert dans l'ameublement bas de gamme au Suriname[5] - [7] - [13].

Ormosia coutinhoi est la base d'un remÚde contre la fiÚvre chez les Palikur de Guyane[4] et chez les Caboclos du bas Amazone[14] : on administre en friction corporelle, en bain ou en bain de vapeur, la décoction de l'écorce du tronc broyée en morceaux. L'écorce interne sert à soulager les rhumatismes et les graines rùpées à apaiser les rages de dent au Guyana[15]. Les graines sont utilisées pour provoquer la sudation et pour traiter les rhumatismes par les Amérindiens de Kurupukari (en) (Guyana)[9] - [16] - [17] - [18].

Chimie

Les espÚces du genre Ormosia contiennent des alcaloïdes quinolizidinique dipipéridinique (spartéine et lupanine) qui en plus de leur toxicité notable, présentent des activités hypnotiques, morphiniques, anti-arythmiques, diurétiques et affectent la vision.

On a par ailleurs isolé dans Ormosia coutinhoi du lupéol, de l'acétate de lupéol et de la lupénone (un acide gras estérifié par le lupéol) L'écorce de son tronc contient des alcaloïdes (homopodopétaline, lupanine, homo-18-épiormosanine, podopélaline, 11-oxo-tétrahydro-rhombifoline[19])[4].

Protologue

En 1922, le botaniste Ducke propose le protologue suivant pour Ormosia coutinhoi Ducke, 1922) :

Ormosia Coutinhoi : planche 10a dans l'article original de Ducke[1]
(planche 10b Duckesia verrucosa (Ducke) Cuatrec.)
lien biodiversitylibrary.org

« Ormosia Coutinhoi Dickk n. sp. (planche 9 et 10 a).

Sectionis I (Macrocarpae) species unica. Arbor mediana vel submagna, speciosa, ramulis novellis minutissime ferruginescenti-puberulis mox glabratis, foliis saepe ultra 40 cm. longis, 4-ad 9-foliolatis ; foliola petiolulo crassissimo 1 ad 1 1/2 cm. longo, rigide coriacea glabra, utrinque nitida, pleraque 10 ad 20 cm. longa, 7 ad 10 cm. lata, ovata vel oblongo-ovata, basi obtusa interdum cordata, apice plus minusve acuta, costis subtus valde prominentibus, secundariis paucis, dissitis. Panicula terminalis ampla e racemis dissitifloris composita, rhachidibus et pedicellis dense albi-dosericeis. Bracteae bracteolaeque minimae, acutae. Pediceili 3 ad 4 mm. longi. Calix circa 1 cm. longus apice 3/4 cm. latus, parum obliquas, crasse coriaceus, nigrescens, argenteosericeus, hujus dentes superiores reliquis altius connati at paruna maiores modice curvati. Petala glabra, violacea apice et marginibus atroviolaceis, unguiculis et vexilli centro albidis vel flavidis ; vexillum circa 1 1/2 cm. longum ac latum fere orbiculare, reflexum, basi breviter sat late unguiculatum apice medio profunde emarginatum interdum ultra médium fissum ; alae et carinae inter se subaequales, liberae, curvato-convexae obliquae, breviter ac tenuiter unguiculatae. Staminum glabrorum 5 longiora, 5 breviora, filamentis apice curvatis, antheris dorsifixis. Ovarium glabrum, breviter stipitatum, 3-ad 7-ovulatum, stylo apice recurvo, stigmate laterali. Legumen omnino indehiscens, ligneum, compressum. sutura carinali incrassata, basi late ac breviter stipitatum, saepissime uniseminatum orbiculare 6 ad 7 cm. longum ac latum, medio circa 3 1/2 cm. crassum, rarius biseminatunt biorbiculare inter semina valde restrictum circa 13 cm. longum. Sémen transversum, compressum, 3 ad 4 cm. longum, 2 1/2 ad 3 1/2 cm. latum, 1 1/2 ad 2 cm. crassum, oblique ovatum rarius subreniforme, modice vel paulo nitidum, brunnescenti-rubrum hilo nigro late semicinctuni.

Habitat in silvis marginalibus plus minusve inundatis rivulorum circa BelĂ©m do ParĂĄ, 1. A. Ducke 25-6-1916, florif (n. 16.188) ; 12-3-1917 fruct. mat. (n. 16.798) ; prope QuatipurĂș 11-1916 fructibus immaturis (numero 16.572) ; prope CametĂĄ. GurupĂĄ et Porto de Moz a me visa. "BuiussĂș" appellatur.

Arbre de moyenne taille ou assez grand qui, au milieu de l’"igapĂł" (forĂȘt inondĂ©e) marginal des petits cours d'eau de la rĂ©gion de l'estuaire amazonien et littorale Ă  l'est de cellui-ci, se dĂ©tache par ses feuiUes trĂȘs grandes d'un vert foncĂ©, luisant. Les grosses semences, entiĂšrement rouges ĂĄ l'exception du hile, sont bien connues des habitants de la rĂ©gion par la circonstance qu'on les rencontre souvent flottant sur l'eau des riviĂšres; on les confond parfois avec les fĂšves de Mucuna altissima sous le nom d’olho de boi (Ɠil de bƓuf). Le bois est blanchĂątre, fibreux, grossier et n'a pas de valeur. — Cet arbre ne fleurit qu'Ă  de trĂšs longs intervalles et c'est seulement grĂące Ă  l'amabilitĂ© de mes amis mrs. CĂ©sar (docteur en droit) et JosĂ© Coutinho de Oliveira que j'ai pu enfin, aprĂšs plusieurs annĂ©es de recherche, connaitre un individu florifĂšre. »

— Walter Adolpho Ducke, 1922[1].

Notes et références

  1. (la + fr) Walter Adolpho Ducke, « Plantes nouvelles ou peu connues de la rĂ©gion amazonienne (II PARTIE) », Archivos do Jardim BotĂąnico do Rio de Janeiro, vol. 3,‎ , p. 136–137, pl. 9, 10a (lire en ligne)
  2. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 11 juin 2022
  3. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 11 juin 2022
  4. Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 537
  5. ONF, Guide de reconnaissance des arbres de Guyane : 2e Ă©dition, ONF, , 374 p. (ISBN 978-2842072957), p. 74-75
  6. (en) Mark G.M. Van Roosmalen, Fruits of the guianan flora, INSTITUTE OF SYSTEMATIC BOTANY UTRECHT UNIVERSITY - SILVICULTURAL DEPARTMENT OF WAGENINGEN AGRICULTURAL UNIVERSITY, , 483 p. (ISBN 978-9090009872), p. 50
  7. Pierre DÉTIENNE, Paulette JACQUET et Alain MARIAUX, Manuel d'identification des bois tropicaux : Tome 3 Guyane française, Quae, (lire en ligne), p. 126-128
  8. Tinde van Andel, Non-timber forest products of the North-West district of Guyana. Part II. A field guide., vol. 8, National Herbarium Nederland. Universiteit Utrecht. Tropenbos-Guyono Series, , 284 p. (lire en ligne)
  9. (en) Robert A. DEFILIPPS, Shirley L. MAINA et Juliette CREPIN, Medicinal Plants of the Guianas (Guyana, Surinam, French Guiana), Washington, DC, Department of Botany, National Museum of Natural History, Smithsonian Institution, , 477 p. (lire en ligne)
  10. (pt) F. de O. ALVINO et Eniel David CRUZ, « Biometria de frutos e sementes de buiucu (Ormosia coutinhoi Ducke, Leguminosae-Fabaceae) », dans Embrapa AmazĂŽnia Oriental-Artigo em anais de congresso (ALICE) - SEMINÁRIO DE INICIAÇÃO CIENTIFICA DA FCAP, 10.; SEMINÁRIO DE INICIAÇÃO CIENTIFICA DA EMBRAPA AMAZÔNIA ORIENTA, BelĂ©m, PA, (lire en ligne)
  11. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome II - Podostémonacées à Sterculiacées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALIER, , 400 p., p. 116
  12. Nathalie Vidal, Le grand livre des ÉTONNANTES GRAINES : entre Nature et Cultures, Orphie, , 200 p. (ISBN 978-2-87763-639-1), p. 116-117
  13. (en) Bruno CLAIR, Julien RUELLE et Jacques BEAUCHÊNE, « Tension wood and opposite wood in 21 tropical rain forest species », Iawa Journal, vol. 27, no 3,‎ , p. 329-338 (DOI 10.1163/22941932-90000158, lire en ligne)
  14. (pt) Maria Christina de Mello AMOROZO et Anne GÉLY, « Uso de plantas medicinais por caboclos do baixo Amazonas Barcarena, PA, Brasil », Boletim do Museu Paraense EmĂ­lio Goeldi. Nova SĂ©rie, BelĂ©m, vol. 4, no 1,‎ , p. 47-131 (lire en ligne)
  15. (en) AM. POLAK et H.R. Rypkema (Illustrations), Major Timber Trees of Guyana: a Field Guide, Wageningen, Tropenbos, , 272 p. (ISBN 978-9051130133, lire en ligne)
  16. Johnston, M. et A. Colquhoun, « Preliminary ethnobotanical survey of Kurupukari: an Amerindian settlement of central Guyana », Economic Botany, vol. 50, no 2,‎ , p. 182-194 (DOI 10.1007/BF02861450, lire en ligne)
  17. D.B. Fanshawe, Forest Products of British Guiana. Part II. Minor Forest Products, Forest Department, British Guiana, coll. « Forestry Bulletin », , 81 p., chap. 2 (New Series)
  18. E.A. Mennega, W.C.M. Tammens-de Rooij et M.J. Jansen-Jacobs, eds., Check-list of Woody Plants of Guyana, Ede, The Netherlands, Tropenbos Foundation, , 281 p.
  19. (en) Stewart MCLEAN, A. G. HARRISON et D. G. MURRAY, « The isolation of 11-oxotetrahydrorhombifoline from Ormosia coutinhoi and a study of its mass spectrum », Canadian Journal of Chemistry, vol. 45, no 7,‎ , p. 751-757 (DOI 10.1139/v67-12, lire en ligne)

Voir aussi

Liens externes

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