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Orge des rats

Hordeum murinum

Hordeum murinum, l’Orge sauvage est une espĂšce de plantes monocotylĂ©dones de la famille des Poaceae, sous-famille des Pooideae, originaire des rĂ©gions tempĂ©rĂ©es de l'Ancien Monde.

Cette plante herbacĂ©e, cespiteuse, annuelle, Ă  racines fibreuses, Ă  tige pouvant atteindre 40 Ă  50 cm de hauteur est trĂšs commune dans les rĂ©gions tempĂ©rĂ©es. Ses Ă©pillets se caractĂ©risent par de nombreuses arĂȘtes ou barbes pouvant atteindre 5 cm de long. Glumes et lemmes sont aristĂ©es (garnies d’arĂȘtes).

Noms vernaculaires[1]
Orge des rats, orge des souris, orge queue-de-rat, orge queue-de-souris, orge des liĂšvres[2] - [3].

Nomenclature et Ă©tymologie

L’espĂšce a Ă©tĂ© dĂ©crite et nommĂ©e Hordeum murinum par LinnĂ© en 1753 dans Species Plantarum 1 :85[4].

Le nom de genre Hordeum est un mot latin dĂ©signant diverses espĂšces d’orge, comme Hordeum distichum L. (Columelle 2,9, Pline 18,78) ou Hordeum hexastichum L. Columelle 2, 9; Pline, 18, 78)[5].

L’épithĂšte spĂ©cifique murinum est empruntĂ© au latin mĆ«rÄ«nus, a, um (mus), « de rat, de souris ».

Paradoxalement, les termes latins utilisĂ©s par l’encyclopĂ©diste romain Pline (Ier siĂšcle) qui peuvent s’interprĂ©ter comme l’Orge sauvage (Hordeum murinum), sont aristis et holcus.

Description

Inflorescence montrant la désarticulation d'un épillet.
Triade d'épillets, au centre un épillet fertile sessile, entouré de deux épillets stériles pédicellés

Hordeum murinum est une plante herbacĂ©e annuelle, cespiteuse, velue. Les tiges (chaumes) genouillĂ©es ascendantes, feuillĂ©es jusqu'au sommet font de 6 Ă  60 cm de long, et comprennent de 3 Ă  5 nƓuds[3]. Les feuilles ont un limbe effilĂ© de 2 Ă  20 cm de long sur 2 Ă  8 mm de large. La ligule est une membrane ciliĂ©e de 0,5 Ă  1 mm de long. La gaine foliaire porte des auricules falciformes[6].

L'inflorescence est un racÚme, ou épi, de 4 à 12 cm de long, portant des épillets groupés par triades, chaque triade comprenant au centre un épillet fertile sessile, entouré de deux épillets stériles pédicellés[6].

Les Ă©pillets stĂ©riles, bien dĂ©veloppĂ©s, sont aussi longs que les Ă©pillets fertiles, et sont sous-tendus par des glumes subulĂ©es, de 16 Ă  30 mm de long. Ils comptent une lemme de 7 Ă  11 mm de long portant une arĂȘte de 10 Ă  40 mm de long. Les Ă©pillets fertiles, lancĂ©olĂ©s, comprimĂ©s dorsalement, de 7 Ă  12 mm de long, comprennent un fleuron fertile sans extension du rachillet. Ils sont sous-tendus par deux glumes similaires, subulĂ©es[7]. La glume supĂ©rieure atteint 25 Ă  30 mm de long. Les fleurons fertiles sont protĂ©gĂ©s par une lemme lancĂ©olĂ©e, coriace, prĂ©sentant 5 nervures latĂ©rales et un apex acuminĂ© muni d'une arĂȘte de 18 Ă  50 mm de long. Ils comptent 3 anthĂšres de 0,7 Ă  1,2 mm de long et un ovaire pubescent Ă  l'apex[6].

Le fruit est un caryopse ellipsoïde au péricarpe adhérent, pileux à l'apex et sillonné du cÎté du hile. L'embryon a une longueur égale à 20 % de celle du caryopse ; le hile, linéaire, est aussi long que le caryopse[6].

À maturitĂ©, lors de la dĂ©sarticulation, la diaspore (ou semence) est constituĂ©e par une triade d'Ă©pillets qui se dĂ©tachent ensemble[3].

Biologie

Floraison : de mai à août (dans l'hémisphÚre nord)

ParticularitĂ©s : l’inclinaison et la rigiditĂ© des soies de l'inflorescence empĂȘche l'Ă©pi de glisser en arriĂšre. En provençal, on le nomme pour cela monta sole, monta diable ou trauca-sac (troue sac). Les Ă©pis peuvent ainsi causer des lĂ©sions fatales chez les animaux lorsqu'ils s'introduisent dans l'oreille ou les naseaux. Les grains, malgrĂ© leur petite taille, peuvent fournir une bonne farine.

  • Hordeum murinum
    Hordeum murinum
  • Épi
    Épi
  • Triade d’épillets
    Triade d’épillets
Triade d’épillets dĂ©sarticulĂ©s (micrographie Ă©lectr. Ă  balayage)
Barbillons

Distribution

L'aire de répartition originelle de Hordeum murinum s'étend dans l'Ancien Monde :

Horduem murinum (et Amaranthus deflexus rougeĂątre), rue Daubenton Paris, au pied d'un mur

La plante s'est naturalisĂ©e dans de nombreuses rĂ©gions tempĂ©rĂ©es et chaudes du monde oĂč elle est parfois cultivĂ©e[8].

L’orge sauvage s’installe sur les sols enrichis de divers dĂ©chets et dĂ©jections et plus particuliĂšrement au pied des murs, dans les friches et les lieux piĂ©tinĂ©s ou dans les pelouses un peu abritĂ©es[9].

Taxinomie

Hordeum murinum. Planche botanique
Flora batava.

On distingue chez l'orge des rats trois sous-espÚces qui se différencient par leurs génomes diploïdes, tétraploïdes ou hexaploïdes :

  • Hordeum murinum subsp. glaucum (Steud.) Tzvelev (2n = 2x = 14),
  • Hordeum murinum subsp. murinum (2n = 4x = 28),
  • Hordeum murinum subsp. leporinum (Link) Arcang. (2n = 4x = 28, 2n = 6x = 42)

Il est cependant difficile sinon impossible de distinguer ces formes par leurs caractéristiques morphologiques, si bien que certains auteurs considÚrent qu'elles constituent le complexe d'espÚces Hordeum murinum[10].

Synonymes

Selon The Plant List (26 novembre 2017)[11] :

  • Critesion murinum (L.) Á.Löve
  • Hordeum boreale Gand.
  • Hordeum coleophorum Phil.
  • Hordeum delphicum Gand.
  • Hordeum depilatum Gand.
  • Hordeum dilatatum Gand.
  • Hordeum elongatum Gand.
  • Hordeum flexicaule Gand.
  • Hordeum hohenackeri Gand.
  • Hordeum microcladum Gand.
  • Hordeum neglectum Gand.
  • Hordeum pseudomurinum Tapp. ex W.D.J.Koch
  • Hordeum rubens Willk.
  • Hordeum vaginatum K.Koch
  • Triticum murale Salisb. nom. illeg.
  • Zeocriton murinum (L.) P.Beauv.

Liste des sous-espĂšces

Selon World Checklist of Selected Plant Families (WCSP) (17 novembre 2016)[12] :

  • sous-espĂšce Hordeum murinum subsp. glaucum (Steud.) Tzvelev (1971) (orge glauque)
  • sous-espĂšce Hordeum murinum subsp. leporinum (Link) Arcang. (1882) (orge des liĂšvres)
  • sous-espĂšce Hordeum murinum subsp. murinum (orge des rats)

Utilisation

La tige comestible se mùchonne comme les caryopses avant qu'ils ne soient trop secs. Malgré leur petite taille, les graines sont susceptibles de fournir une farine comestible[13].

L'orge des rats est commune dans les prairies dĂ©gradĂ©es. Son intĂ©rĂȘt fourrager est trĂšs mĂ©diocre[14].

Hordeum murinum est considĂ©rĂ©e comme une source potentielle de gĂšnes de rĂ©sistance pour l'amĂ©lioration gĂ©nĂ©tique des cultivars d'orge commune (Hordeum vulgare). Cette espĂšce appartient au pool gĂ©nique tertiaire de l'orge cultivĂ©e, le pool primaire Ă©tant constituĂ© par le complexe d'espĂšces regroupant l'orge cultivĂ©e et son ancĂȘtre sauvage (Hordeum vulgare subsp. spontaneum), et le pool secondaire par l'espĂšce Hordeum bulbosum. L'orge commune et l'orge des rats Ă©tant isolĂ©es sur le plan reproductif, avec des gĂ©nomes dissemblables des types I et Y respectivement, des hybrides interspĂ©cifiques ne peuvent ĂȘtre obtenus que par des manipulations artificielles, telles que le sauvetage d'embryons, ils seraient en tout Ă©tat de cause hautement stĂ©riles[15].

Notes et références

Notes

    Références

    1. (en) « Hordeum murinum (HORMU) », sur EPPO Plant Protection Thesaurus (EPPT), Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes (OEPP) (consulté le ).
    2. « Hordeum murinum L., 1753, Orge sauvage, Orge queue-de-rat, Orge des rats », sur INPN (consulté le )
    3. « Hordeum murinum », sur Hypermédia pour la protection des plantes - Adventices (HYPPA), Unité de Malherbologie & Agronomie - INRA-Dijon (consulté le ).
    4. Référence Biodiversity Heritage Library : 358104#page/97
    5. Jacques André, Les noms des plantes dans la Rome antique, Les Belles Lettres, , 336 p.
    6. (en) W.D. Clayton, M. Vorontsova, K.T. Harman & H. Williamson, « Hordeum murinum », sur GrassBase - The Online World Grass Flora (consulté le ).
    7. subulĂ© : qui se termine trĂšs progressivement en pointe trĂšs aigĂŒe comme une alĂšne.
    8. (en) « Taxon: Hordeum murinum L. », sur Germplasm Resource Information Network (GRIN) (consulté le ).
    9. Nathalie Machon (sous la direction de), Sauvage de ma rue, Guide des plantes sauvages des villes de la rĂ©gion parisienne, Diffusion Seuil, MusĂ©um National d’Histoire naturelle, Le Passage Ă©dition, , 256 p.
    10. (en) Ángeles Cuadrado, Alejandro Carmona, NicolĂĄs Jouve, « Chromosomal Characterization of the Three Subgenomes in the Polyploids of Hordeum murinum L.: New Insight into the Evolution of This Complex », PLoS One, vol. 8, no 12,‎ (PMCID PMC3862567, DOI 10.1371/journal.pone.0081385, lire en ligne).
    11. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 26 novembre 2017
    12. WCSP. World Checklist of Selected Plant Families. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet ; http://wcsp.science.kew.org/, consulté le 17 novembre 2016
    13. François Couplan, Le régal végétal : plantes sauvages comestibles, Editions Ellebore, , p. 87
    14. « Hordeum murinum », sur Botarela,
    15. (en) Meike S. Andersson, M. Carmen de Vicente, Gene Flow Between Crops and Their Wild Relatives, Baltimore (Md.), JHU Press, , 564 p. (ISBN 978-0-8018-9314-8 et 0-8018-9314-3, lire en ligne), p. 54-57.

    Voir aussi

    Références taxinomiques

    Liens externes

    Bibliographie

    • Pierre Idiart, Herbes folles, beautĂ© des graminĂ©es sauvages, Flammarion.
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