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Organisation défensive de la Corse

L'organisation défensive de la Corse est une partie de la ligne Maginot, devant servir à la défense de l'île de la Corse. Construites pendant les années 1930, les fortifications corses sont très discontinues. Elles n'ont pas servi en .

Casemate de Spinella Ouest, près de Bonifacio.

Organisation et unités

Insigne de la 373e DBIA.
Insigne du 28e RTT.

Il n'y a pas en Corse d'organisation au sein d'un « secteur Â», comme ailleurs sur la ligne Maginot. Les diffĂ©rentes fortifications dĂ©pendent d'abord de la 15e rĂ©gion militaire (QG Ă  Marseille[1]), puis du « commandant suprĂŞme de la dĂ©fense de la Corse » (le gĂ©nĂ©ral Mollard en 1940), reprĂ©sentĂ© Ă  Bastia par le groupement Nord Corse (colonel d'Ornano) et Ă  Bonifacio par le groupement Sud Corse (colonel Denis) ; la dĂ©fense du littoral est confiĂ©e Ă  deux commandants, l'un Ă  Bastia (lieutenant-colonel Hugues), l'autre Ă  Bonifacio (colonel Mandielli)[2].

Les unités disponibles en Corse après la mobilisation de 1939 sont principalement deux demi-brigades d'infanterie alpine :

Composants

Casemate de Spinella Est.
Créneau de défense rapprochée pour fusil-mitrailleur.

Seuls les sites les plus favorables Ă  un dĂ©barquement sont fortifiĂ©s, avec en plus la constitution d'un rĂ©duit autour de Bonifacio. Les casemates sont du type CORF peu protĂ©gĂ©es (protection type 1, soit des murs Ă  1,75 mètre d'Ă©paisseur de bĂ©ton armĂ© et la dalle Ă  1,50 m, sauf celles du Pertusato du type 2, soit les murs Ă  2,25 m et la dalle Ă  m).

La plage de Saint-Florent est couverte par un blockhaus (pour deux FM) et une casemate (double avec deux créneaux mixtes pour JM/AC 47[3], deux autres créneaux pour JM et une cloche GFM[4] - [5]).

Bastia :

  • citadelle de Bastia, abritant deux blockhaus couvrant au nord le port et au sud le front de mer ;
  • plage de l'Arinella, battue par un blockhaus (pour deux FM) et une casemate (double avec deux crĂ©neaux mixtes pour JM/AC 47, deux autres crĂ©neaux pour JM et une cloche GFM[5]).

Golfe de Porto-Vecchio, défendu par quatre casemates :

  • celle de Saint-Cyprien (crĂ©neau pour canon de 75 mm modèle 1929) Ă  la Punta San Ciprianu,
  • celle de l'ArĂ©na (crĂ©neau pour canon de 75 mm modèle 1929) Ă  Pavellone au pied du Monte di Fiori,
  • celle de Ziglione (crĂ©neau pour JM) Ă  Casetta Bianca,
  • celle double de Georges-Ville (deux crĂ©neaux pour JM et une cloche GFM) juste au nord de l'embouchure du ruisseau de Lagunienu.

Golfe de Santa Giulia, couvert par la casemate de Santa-Giulia (un créneau pour JM et une cloche GFM) sur la rive nord.

Plateau du Corbu, défendant l'accès à Bonifacio grâce à :

  • la casemate de Ventilegne (un crĂ©neau pour JM) interdisant la plage du golfe de Ventilegne,
  • la casemate de Catarello (un crĂ©neau pour JM, une cloche JM et une cloche GFM) tirant sur la route N 196,
  • les blockhaus du Corpo-di-Verga, du type MOM[6] (pour mitrailleuses et FM), au nord-ouest de Spinella,
  • les deux casemates de Spinella Ouest (un crĂ©neau pour JM et une cloche JM[7]) et Est (un crĂ©neau pour JM, une cloche JM et une cloche GFM) barrant la route N 198.
Casemate de Rondinara

Golfu di Rondinara, protégé par la casemate de Rondinara (deux créneaux pour JM et une cloche GFM) à la base de la Punta di Rondinara.

Golfu di Sant'Amanza, couvert par trois casemates :

  • celle de Capo-Bianco Nord (un crĂ©neau pour JM et une cloche GFM) tirant sur la plage de Balistra,
  • celle de Capo-Bianco Sud (un crĂ©neau pour JM et une cloche GFM) tirant sur la plage jusqu'au Capu Biancu,
  • celle de Sant'Amanza (deux crĂ©neaux pour canon de 75 mm modèle 1929) Ă  l'est de la Punta di a Nava tirant vers le nord.

Plateau de Pertusato, pas au cap de Pertusato mais plus au nord autour du sémaphore (côte 106) pour protéger la batterie de marine couvrant les bouches de Bonifacio, avec deux casemates et cinq abris-cavernes numérotés de I à VII (Pertusato I est une casemate avec un créneau pour JM et une cloche GFM ; Pertusato V est une casemate cuirassée avec une cloche FM)[8].

À ces défenses se rajoutent les batteries de défense côtières :

  • Ă  Bastia la batterie de Toga (quatre emplacements pour canon de 138 mm modèle 1893) au-dessus de Toga et de Minelli ;
  • Ă  Ajaccio avec les trois batteries de la Parata au-dessus de la pointe du mĂŞme nom (quatre 138 mm modèle 1893), de la Chapelle-des-Grecs et de la pointe de Porticcio ;
  • Ă  Bonifacio, avec les batteries de Pertusato (huit 190 mm et six 95 mm), de la citadelle (huit 194 mm), du Monte-Leone (six 164 mm), etc.

Histoire

Le premier projet date de 1928 par le général Gaston Émile Fournier, commandant de la défense de la Corse, mais il est très ambitieux alors que les restrictions budgétaires limitent les efforts sur les secteurs fortifiés d'Alsace et de Lorraine : il n'est pas financé. En , le ministre Maginot confie la tâche à la Commission d'organisation des régions fortifiées (CORF), dont le président, le général Charles Louis Belhague, effectue une reconnaissance sur le terrain en compagnie du général Fournier et du lieutenant-colonel André (de la direction technique du génie de Nice). Leurs projets sont approuvés pendant l'été, les travaux sont effectués en 1932 et 1933 autour de Porto-Vecchio et de Bonifacio.

Pendant la drĂ´le de guerre, la dĂ©fense de l'Ă®le est complĂ©tĂ©e au nord par les quatre blockhaus près de Saint-Florent et de Bastia (non terminĂ©s en ) et au sud (entre les casemates de Spinella et de Catarello) par 35 blockhaus et 15 abris MOM autour de Bonifacio. Ces 50 constructions sont surnommĂ©es la « ligne Mollard Â» du nom d'AmĂ©dĂ©e Mollard, commandant de la dĂ©fense de la Corse en 1939[9].

Les opérations militaires en Corse en 1940 se limitent à quelques bombardements par la Regia Aeronautica du 15 au , aux résultats très faibles. À partir de l'armistice du 24 juin 1940, l'île fait partie de la zone libre administrée par l'État français.

Le , alors que les forces allemandes envahissent rapidement le sud de la France, les troupes italiennes débarquent en Corse sans rencontrer de résistance.

Notes et références

  1. La 15e région militaire couvre les départements des Alpes-Maritimes, des Basses-Alpes (moins les cantons de Saint-Paul, de Barcelonnette et du Lauzet), de l'Ardèche, des Bouches-du-Rhône, de la Corse, du Gard, du Var et du Vaucluse.
  2. Mary et al. 2009, p. 88.
  3. Un JM/AC 47 signifie jumelage de mitrailleuses et canon antichar de 47 mm.
  4. Une cloche GFM signifie une cloche pour guetteur et fusil-mitrailleur.
  5. La cloche GFM n'a pas été installée sur les casemates de Saint-Florent et de l'Arinella ; elle est remplacée par un dôme en béton à cinq créneaux.
  6. La MOM désigne la main-d’œuvre militaire.
  7. Une cloche JM désigne une cloche armée avec un jumelage de mitrailleuses.
  8. Mary et al. 2009, p. 89.
  9. Mary et al. 2009, p. 82-83.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Mary, Alain Hohnadel, Jacques Sicard et François Vauviller (ill. Pierre-Albert Leroux), Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 4, Paris, Ă©ditions Histoire & collections, coll. « L'EncyclopĂ©die de l'ArmĂ©e française » (no 2), , 182 p. (ISBN 978-2-915239-46-1).
    • Hommes et ouvrages de la ligne Maginot, t. 5 : Tous les ouvrages du Sud-Est, victoire dans les Alpes, la Corse, la ligne Mareth, la reconquĂŞte, le destin, Paris, Histoire & collections, , 182 p. (ISBN 978-2-35250-127-5).
  • StĂ©phane Heurlier (dir.), La ligne Maginot et les fortifications françaises du 20e siècle en Corse, La TaillĂ©e, SPH productions et Ă©d., coll. « Les carnets de SPH », (BNF 42396227).
  • Michel TercĂ©, Les fortifications de Bonifacio : Des bastions de GĂŞnes aux casemates Maginot, Ajaccio, Albiana, , 300 p. (ISBN 978-2-84698-427-0).

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