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Nerviens

Les Nerviens (Nervii en latin) Ă©taient l'un des plus puissants peuples belges du nord/nord-est de la Gaule (Gaule belgique dans la terminologie romaine). Durant l'Ă©poque romaine, leur capitale Ă©tait Bagacum — Bavay —, Ă  l'est de l'Escaut, qui les sĂ©parait des MĂ©napes et des AtrĂ©bates. La tribu contrĂŽlait une grande partie de l'importante route commerciale de Amiens Ă  Cologne.

Nerviens
Image illustrative de l’article Nerviens
Potin dit “au rameau” frappĂ© par les Nerviens. Date : c. 60-50 AC

Ethnie Celtes, Belges, Germains cisrhénans
Langue(s) Gaulois, Belge
Religion Celtique
Villes principales Flaumont-Waudrechies, Estrun, Asse, Elewijt, Binche et Blicquy.
Région actuelle provinces modernes du Hainaut, du Brabant (wallon et flamand), la province d'Anvers, la province néerlandaise du Brabant du Nord, le Sud et l'Est du département du Nord,
Rois/monarques Boduognatos, Viros

Étymologie

En latin, Neruus et ses dérivés sont en rapport avec les muscles et les nerfs.

CĂ©sar et les Nerviens

Situation des Nerviens au Ier siĂšcle av. J.-C.

Jules CĂ©sar commence son rapport (Commentaires sur la Guerre des Gaules) en rappelant que la Gaule comprenait 3 rĂ©gions : l'Aquitaine, la Gaule 'elle-mĂȘme' ou Gaule celtique, et la Gaule belgique. Il ajoute que ces trois pays « se distinguent par leurs lois, us et coutumes et langues ». Cela eut nĂ©anmoins pour consĂ©quence que des peuples non uniquement celtes furent intĂ©grĂ©s Ă  cette entitĂ© tripartite de « Gaule », dont les Nerviens, et qu'Ă  l'inverse d'autres peuples celtes continentaux en furent exclus. Les Belges Ă©taient considĂ©rĂ©s comme « les plus braves des trois [rĂ©gions] » qui, selon CĂ©sar, constituaient « sa » Gaule. Ayant conquis tout le territoire entre les PyrĂ©nĂ©es et le Rhin, CĂ©sar crĂ©a tout probablement la grande Gaule, n'ayant reçu de Rome qu'un mandat pour la Gaule elle-mĂȘme.

Jules CĂ©sar considĂšre les Nerviens comme les plus farouches des Belges, eux-mĂȘmes considĂ©rĂ©s comme les plus braves de toute la Gaule. Leur culture Ă©tait spartiate : ils ne pouvaient consommer de boissons alcoolisĂ©es et rejetaient toute forme de luxe, pour conserver les idĂ©es claires et un esprit combatif. Ils Ă©taient hostiles au commerce avec l'extĂ©rieur et aux marchands. Les archĂ©ologues ont cherchĂ© Ă  dĂ©finir le territoire des tribus belges en regardant les piĂšces de monnaie utilisĂ©es. Les Nerviens sont associĂ©s Ă  un statĂšre figurant un epsilon grec[1]. MalgrĂ© les liens avec la culture de la TĂšne, CĂ©sar prĂ©cise que les Nerviens n'avaient pas de cavalerie. En fait, ils avaient mis en place des haies le long de leurs terres afin de les rendre difficile d'accĂšs pour la cavalerie. À l'Ă©poque de CĂ©sar, la tribu Ă©tait dirigĂ©e par 600 sĂ©nateurs.

Origine « germanique »

On estime que les Belges sont arrivĂ©s dans le nord de la Gaule vers -300 venant de la moyenne vallĂ©e du Rhin et de la rive droite au nord du Main. Ils y ont supplantĂ© des Gaulois[2]. Au IIIe siĂšcle av. J.-C., on peut identifier une sĂ©rie de piĂšces d’origine orientale caractĂ©ristiques du milieu danubien pour les populations du « groupe de la TĂšne » (piĂšces mĂ©talliques dĂ©couvertes Ă  Leval-Trahegnies et Ă  Solre-sur-Sambre). CĂ©sar mentionne un tĂ©moin gaulois selon lequel « les Belges du nord sont d'origine germanique ». Strabon mentionne explicitement l'origine germanique des Nerviens. Tacite a Ă©crit que les Nerviens (et TrĂ©vires) « affectionnaient hautement leur origine germanique, disant que ce sang noble les sĂ©parait de toute similitude [avec les Gaulois] et de la paresse gauloise » ("Germania" par. 28).

« CĂ©sar leur demanda quelles Ă©taient les citĂ©s qui avaient pris les armes, quelle Ă©tait leur importance, leur puissance militaire ; il obtint les renseignements suivants : la plupart des Belges Ă©taient d’origine germanique ; ils avaient, jadis, passĂ© le Rhin, et s’étant arrĂȘtĂ©s dans cette rĂ©gion Ă  cause de sa fertilitĂ©, ils en avaient chassĂ© les Gaulois qui l’occupaient ; c’était le seul peuple qui, du temps de nos pĂšres, alors que les Cimbres et les Teutons ravageaient toute la Gaule, avait su leur interdire l’accĂšs de son territoire ; il en Ă©tait rĂ©sultĂ© que, pleins du souvenir de cet exploit, ils s’attribuaient beaucoup d’importance et avaient de grandes prĂ©tentions pour les choses de la guerre »

— CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre II, 4.

Cependant, le terme de « germanique » peut avoir eu une autre signification que celle qu'on lui prĂȘte aujourd'hui (d'ailleurs, le mot latin Gĕrmānicus est probablement d'Ă©tymologie celtique[3]) et les auteurs antiques, d'origine mĂ©diterranĂ©enne Ă©taient assez peu capables de se faire une idĂ©e exacte de la nature prĂ©cise des peuples qu'ils dĂ©crivent, ils rapportent souvent des on-dit. En outre, le sens du mot latin germanus, dont il est dĂ©rivĂ©, est double : il signifie d'une part "frĂšre" et d'autre part "[originaire] de Germanie". Ainsi, « germanique » peut s'appliquer aux peuples celtes ayant migrĂ© de maniĂšre relativement rĂ©cente vers l'ouest, mais tout de mĂȘme « frĂšres » et non pas Ă  un groupe de langues bien distinct du celtique, au sens oĂč on l'entend aujourd'hui. Le concept d'un groupe de langues germaniques diffĂ©rent du celtique est moderne, en français par exemple, le terme de langue germanicque est attestĂ© pour la premiĂšre fois chez Rabelais (Pantagruel, Chap. IX).

Tel est le cas des Volques par exemple, certaines sources antiques les qualifient de « germaniques », alors que leur nom mĂȘme, les anthroponymes et la toponymie des rĂ©gions qu'ils ont habitĂ© en font un peuple de langue indubitablement celtique. Leur nom mĂȘme est considĂ©rĂ© par les spĂ©cialistes[4] comme l'Ă©tymologie du terme germanique (au sens moderne et linguistique du terme) *walχaz « Ă©tranger, Celte, Roman » (d'oĂč adj. vieux haut allemand walh(a)isc, dial. welsch, vieil anglais WĂŠlisċ, mod. Welsh, substantif Wales), ce qui est tout Ă  fait significatif. C'est aussi le cas des TrĂ©vires, mentionnĂ©s avec les Nerviens par Tacite, dont le nom encore, les traces laissĂ©es dans l'anthroponymie, la toponymie et les thĂ©onymes en font Ă©galement un peuple celtique[5]. Difficile de concevoir en effet, qu'un peuple germanique (au sens contemporain du terme) se nomme lui-mĂȘme avec un terme d'Ă©tymologie celtique treuori > TrĂ©vires, Ă  moins que ce ne soit qu'un sobriquet donnĂ© par les Gaulois et repris par les Romains, ce qui reste Ă  prouver, et dont les noms des dieux connus sont celtiques (par exemple Ritona). On peut imaginer un syncrĂ©tisme religieux, mais, alors, aucun nom de dieu propre Ă  la mythologie germanique n'est attestĂ© chez ce mĂȘme peuple.

Cela semble ĂȘtre aussi le cas pour les Nerviens, dont le nom de l'oppidum principal Bagacum est typiquement celtique (d'un gaulois *bagos hĂȘtre, suivi du suffixe -acum). En outre, on y a dĂ©couvert une courte inscription dans cette langue, alors mĂȘme que cette citĂ© se romanisait, puisque l'on ne conserve aucune trace prĂ©-romaine de Bagacum[6]. Leur religion a aussi Ă©tĂ© analysĂ©e comme celtique[7]. On y reconnaĂźt par exemple Esus ou TeutatĂšs. Leurs deux principaux chefs connus portent aussi des noms celtiques : Vertico(n) (sur la racine uert- 'tourner' que l'on retrouve aussi dans l'ethnonyme des Vertacomorii et le nom du vergobretos des RĂšmes Vertiscos), leur autre chef rĂ©putĂ© Ă©tait Viros, nom attestĂ© sur des monnaies d'or et de bronze attribuĂ©es aux Nerviens[8]. Boduognatos signifie le « fils de la corneille ». La racine boduos / boduo- est sous la forme bodua, le nom d'une divinitĂ© guerriĂšre que l'on retrouve dans la mythologie celtique irlandaise sous la forme Bodb[9] (voir Morrigan). Le terme -gnatos / gnata signifie « fils/fille de »[10]. Par contre, on ne relĂšve, Ă  l'ouest du Rhin, aucune trace onomastique ou religieuse ancienne de ce qu'on pourrait nommer « germanique » dans notre terminologie contemporaine. Le trĂ©sor de Frasnes, accidentellement dĂ©terrĂ© en 1864 prĂšs de Frasnes-lez-Buissenal, en Hainaut, contenait une cinquantaine de piĂšces associĂ©es aux Morins et aux Nerviens, ainsi que des torques en or typiquement gaulois, aujourd'hui exposĂ©s au Metropolitan Museum of Art Ă  New-York[11]. Un dĂ©pĂŽt humain situĂ© Ă  Blicquy et datĂ© au carbone 14 entre 200 av. J.-C. et 50 av. J.-C., Ă©voque les pratiques rituelles celtiques[12].

Alors comment expliquer la mention de César, selon laquelle la langue des Belges est différente ? Il se peut qu'il ait fait une erreur, car ni lui ni son entourage ne maßtrisait ni le celtique, ni le germanique, ou encore qu'il ait voulu donner une consistance géographique et culturelle à une vision purement politique de la situation dans la région. Autre chose aussi, certains philologues[13] évoquent la possible existence d'un autre idiome indo-européen dans la région, voire d'une autre culture au sein du bloc du nord-ouest. Cependant, Jean Loicq[14] préfÚre parler de « paléo-rhénan », une forme archaïque de celtique.

Situation géographique

Le diocÚse médiéval de Cambrai était basé sur le territoire de la Civitas Nervii.

Le territoire nervien comprenait les provinces modernes belges du Hainaut, du Brabant (wallon et flamand), plus au nord, la province d'Anvers ainsi qu'en France le Sud et l'Est du dĂ©partement du Nord, le Hainaut français oĂč se trouve l'actuelle Bavay. Le territoire nervien comprenait une sĂ©rie d'oppida celtiques : Flaumont-Waudrechies et Estrun, Asse, Elewijt, Binche et Blicquy. La vallĂ©e de la Haine semble correspondre au centre de leur territoire, tandis que la Sambre et l’Escaut constituent des axes majeurs de peuplement. Au contraire, le nord du plateau brabançon et le CambrĂ©sis semblent Ă©trangers aux Nerviens de l’ñge du Fer. La partie la plus peuplĂ©e du territoire se situait au sud Ă  proximitĂ© de la Sambre. Leurs voisins sont incertains. Au nord, les berges du Rhin Ă©taient tenues par les Bataves (germaniques) (Selon Tacite & Strabon) ; au nord-ouest, sĂ©parĂ©s par l'Escaut, les MĂ©napes et Ă  l'ouest les Morins (celtiques); Ă  l'est les Éburons (celtiques); au nord-est trĂšs probablement les Aduatiques (germaniques) ; au sud-est les RĂšmes (celtiques) et les Viromanduens (celtiques) au sud; au sud-ouest les AtrĂ©bates. CĂ©sar signale des haies bien maintenues, ce qui laisse penser que le paysage Ă©tait peut-ĂȘtre similaire au bocage, tel qu'on le trouve de nos jours dans l'Avesnois (dont fait partie Bavay) et Ă  l'ouest de la France[15]. Le Pays des Collines qui regroupe les communes de Flobecq, Ellezelles, Frasnes-lez-Anvaing, Mont-de-l'Enclus, ainsi que trois villages d’Ath : Ostiches, Houtaing et Mainvault, constitue une autre rĂ©gion de bosquets et de bocages. Une rĂ©gion du Brabant situĂ©e Ă  l'est de Louvain s'appelle d'ailleurs encore de nos jours le Hageland - le pays des haies. Selon CĂ©sar, les Nerviens ne consommaient pas de vin. Cela n'empĂȘche pas qu'ils aient eu une consommation alcoolisĂ©e rĂ©guliĂšre, Ă  l'instar de l'hydromel ou de la cervoise. Les sources archĂ©ologiques montrent bien l'absence d'amphores vinaires dans le territoire nervien d'avant-conquĂȘte alors qu'il existe des rĂ©cipients particuliers qui ont dĂ» contenir de l'alcool.

Peuples clients

Liste

Selon Jules César, les Nerviens comptaient plusieurs peuples clients, probablement installés dans la région avant l'arrivée des Belges[16] :

LĂ©vaques

Les Lévaques (latinisé en Leuaci) étaient un peuple celte de Gaule (Gaule belgique selon la géographie des Romains), client des puissants Nerviens[17] - [18].

Les LĂ©vaques ne nous sont connus que par une mention de Jules CĂ©sar, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, oĂč ils apparaissent aux cĂŽtĂ©s des Ceutrons, des Grudii, des Pleumoxii et des Geidumnes, comme « vassaux Â» de leurs voisins Nerviens.

« Ils [les Nerviens] s’empressent donc d’envoyer des messagers aux Centrons, aux Grudii, aux LĂ©vaques, aux Pleumoxii, aux Geidumnes, toutes tribus qui sont sous leur dĂ©pendance ; ils rĂ©unissent le plus de troupes qu’ils peuvent et Ă  l’improviste se jettent sur le camp de CicĂ©ron, avant que la nouvelle de la mort de Titurius lui soit parvenue. Lui aussi, il lui arriva - ce qui Ă©tait inĂ©vitable - qu’un certain nombre de soldats, qui s’étaient Ă©loignĂ©s pour aller dans les forĂȘts chercher du bois de chauffage et du bois de charpente pour la fortification, furent surpris par l’arrivĂ©e soudaine de la cavalerie. On les enveloppe, et en masse Eburons, Nerviens, Atuatuques, ainsi que les alliĂ©s et clients de tous ces peuples, commencent l’attaque de la lĂ©gion. Les nĂŽtres vivement courent aux armes, montent au retranchement. Ce fut une rude journĂ©e : les ennemis plaçaient tout leur espoir dans une action prompte et, ayant Ă©tĂ© une fois vainqueurs, ils croyaient qu’ils devaient l’ĂȘtre toujours. »

— Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre V, chapitre 39.

La guerre contre CĂ©sar

En -57, CĂ©sar marche contre les Belges. Au cours d'une assemblĂ©e commune (ce qui montre l'unitĂ© de ces peuples), ils dĂ©cident de faire front sous la direction des Suessions en levant une armĂ©e de 300 000 hommes, dont 50 000 Nerviens.

César entre chez les Suessions et défait les Belges à la bataille de l'Aisne, puis prend Noviodunum, l'oppidum principal des Suessions, qui se soumettent. Il part immédiatement vers l'ouest, chez les Bellovaques, le peuple le plus puissant et prend l'un de leurs oppida, Bratuspantium. Ils se soumettent à leur tour. César remonte au nord et les Ambiens se soumettent. Il part alors vers l'est, pour combattre les Nerviens.

AlliĂ©s aux AtrĂ©bates (15 000 hommes) et aux Viromanduens (10 000 hommes), avec Ă  leur tĂȘte Boduognatos, les Nerviens battent presque Jules CĂ©sar Ă  la bataille du Sabis[19]. Cette bataille se dĂ©roule sur les bords de la riviĂšre Sabis (localisation discutĂ©e en rapport Ă  l'Ă©tymologie du nom : la Sambre ou la Selle). Les Belges attaquent l'armĂ©e de CĂ©sar alors qu'elle bĂątit un camp. L'armĂ©e romaine, surprise, est vite encerclĂ©e. La tactique Ă©choue quand le lĂ©gat LabiĂ©nus attaquant le camp gaulois, se rend compte du danger et encercle les Nerviens.

Les Nerviens finirent par demander l'armistice. Selon CĂ©sar, la situation Ă©tait telle que leur armĂ©e de 60 000 hommes fut rĂ©duite Ă  500 et leurs 600 sĂ©nateurs Ă  3. Jules CĂ©sar leur accorda la paix demandĂ©e et ordonna Ă  leurs voisins de ne leur montrer aucune rancƓur.

Cependant, les Nerviens ont rejoint les Eburons dans leur lutte contre CĂ©sar en -54, en assiĂ©geant le camp d'hivernage de Q. CicĂ©ron sur le territoire Nervien. Les Nerviens convoquĂšrent rapidement les forces de plusieurs tribus sous leur gouvernement, Centrones, Grudii, Levaci, Pleumoxii, et Geiduni. Un esclave nervien de CicĂ©ron nommĂ© Vertico parvient Ă  traverser les lignes ennemies pour prĂ©venir CĂ©sar. La coalition des Éburons, Atuatuques et Nerviens est battue par CĂ©sar, venu Ă  la rescousse[20]. Les Nerviens auraient encore fourni 5 000 hommes Ă  l'armĂ©e de secours de VercingĂ©torix Ă  AlĂ©sia[21].

Extraits de la guerre des Gaules

« Il (CĂ©sar) marcha contre les Ambiens, qui mirent aussitĂŽt leurs personnes et leurs biens Ă  sa discrĂ©tion. Au territoire de ces derniers touchait celui des Nerviens. CĂ©sar s'informa du caractĂšre et des mƓurs de ce peuple, et apprit que chez eux tout accĂšs Ă©tait interdit aux marchands Ă©trangers ; qu'ils proscrivaient l'usage du vin et des autres superfluitĂ©s, les regardant comme propres Ă  Ă©nerver leurs Ăąmes et Ă  amollir le courage ; Que c'Ă©tait des hommes barbares et intrĂ©pides ; qu'ils accusaient amĂšrement les autres Belges de s'ĂȘtre donnĂ©s au peuple romain et d'avoir dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© de la valeur de leurs pĂšres ; qu'ils avaient rĂ©solu de n'envoyer aucun dĂ©putĂ©, et de n'accepter aucune proposition de paix. »

« AprĂšs cette bataille, oĂč la race et le nom des Nerviens furent presque entiĂšrement anĂ©antis, les vieillards, que nous avons dit s'ĂȘtre retirĂ©s au milieu des marais avec les enfants et les femmes, instruits de ce dĂ©sastre, ne voyant plus d'obstacles pour les vainqueurs ni de sĂ»retĂ© pour les vaincus, sur l'avis unanime de ceux qui survĂ©curent Ă  la bataille, envoyĂšrent des dĂ©putĂ©s Ă  CĂ©sar et se rendirent Ă  lui. Rappelant le malheur de leur pays, ils dirent que le nombre de leurs sĂ©nateurs se trouvait rĂ©duit de six cents Ă  trois seulement, et que de soixante mille hommes en Ă©tat de porter les armes, il en restait Ă  peine cinq cents. CĂ©sar voulut user de clĂ©mence envers ces infortunĂ©s suppliants, pourvut soigneusement Ă  leur conservation, leur rendit leur territoire et leurs villes, et enjoignit aux peuples voisins de ne se permettre envers eux et de ne souffrir qu'il leur fĂ»t fait aucun outrage ni aucun mal. »

Époque romaine

AprÚs leur intégration à l'Empire romain, les Nerviens ont servi dans l'armée romaine. Ils furent rassemblés dans des cohortes nerviennes. Ces cohortes servaient le long du Rhin et le long du mur d'Hadrien en (Grande) Bretagne. Selon Tacite, c'étaient des troupes d'élite. Entre 12 et 9 avant Jésus-Christ, des troupes nerviennes participent à la campagne de Germanie de Nero Claudius Drusus, sous les ordres des chefs nerviens, Senectius et Anectius. Dans les années 70 de notre Úre, des troupes nerviennes sont chargées de combattre la révolte des Bataves menée par Caius Julius Civilis mais la nation se rallie un temps aux révoltés.

La naissance du Civitas Nerviorum, aprĂšs la conquĂȘte, rĂ©sulte de la rĂ©organisation du territoire par Auguste (sans doute entre -16 et -13). La capitale administrative de la civitas fut fondĂ©e Ă  Bagacum ou Bavacum (Bavay). Au Bas-Empire, aprĂšs une descente dĂ©vastatrice des Germains sur Bavacum, le chef-lieu administratif Romain fut transfĂ©rĂ© Ă  Cambrai (Camaracum), au cƓur de la rĂ©gion agricole la plus riche, mais nettement plus au sud, en pays gaulois.

Dans la culture populaire

Insigne du 87e régiment d'infanterie
  • Les Nerviens sont reprĂ©sentĂ©s dans le jeu vidĂ©o Total War : Rome II
  • Le groupe Nervia est un cercle artistique qui soutient de jeunes artistes hennuyers de qualitĂ©.

Notes et références

  1. Edith Mary Wightman, Gallia Belgica, 1985, University of California Press, url=https://books.google.com/books?id=aEyS54uSj88C, page 20.
  2. Georges-Henri Dumont, Histoire de la Belgique, des origines Ă  1830, Le Cri, Bruxelles, 2005, p. 11
  3. Albert Dauzat, Jean Dubois et Henri Mitterand, Nouveau dictionnaire Ă©tymologique et historique, Librairie Larousse 1971. p. 340.
  4. T. F. Hoad, English Etymology, Oxford University Press paperback 1993. p. 537.
  5. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ă©ditions errance 2003. p. 300.
  6. Georges Dottin, La langue gauloise, Préface de Camille Jullian, Collection Histoire.
  7. G. Faider-Feytmans, La « Mater » de Bavai in Gallia, 1948.
  8. Venceslas Kruta, Les Celtes : histoire et dictionnaire, Collections Bouquins - Robert Laffont, Paris 2000.
  9. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, page 81.
  10. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, page 181.
  11. Thomas P.F. Hoving, "'Valuables and Ornamental Items': The Collection of Mr. and Mrs. Alastair Bradley Martin" The Metropolitan Museum of Art Bulletin New Series, 28.3 (November 1969:147-160) p. 152.
  12. GILLET, E., PARIDAENS, N. et DEMAREZ, L., 2006, p. 188-189.
  13. Hans Krahe, Ortsnamen als Geschichtsquelle, Heidelberg 1949.
  14. « Avant le latin, la Gaule Belgique », dans Daniel Blampain et al. (dir.) Le français en Belgique, deculot Bruxelles 1997.
  15. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre II, 17
  16. CĂ©sar, B.G. ou Commentaires sur la Guerre des Gaules, V, 39
  17. Venceslas Kruta, Les Celtes, Histoire et Dictionnaire, Éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins Â», Paris, 2000, (ISBN 2-7028-6261-6).
  18. John Haywood (intr. Barry Cunliffe, trad. Colette Stévanovitch), Atlas historique des Celtes, éditions Autrement, Paris, 2002, (ISBN 2-7467-0187-1).
  19. Les Atuatuques, une autre tribu septentrionale en marche pour les rejoindre, n'atteignent pas Ă  temps la bataille.
  20. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre V, 38-51.
  21. CĂ©sar, B.G. VII, 75.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie (et références externes)

  • Jules CĂ©sar La guerre des Gaules source :BIBLIOTHECA CLASSICA SELECTA
  • B. et R. Delmaire, Les limites de la citĂ© des AtrĂ©bates (nouvelle approche d'un vieux problĂšme), dans Revue du Nord, 1990, p. 697-735 pour la frontiĂšre occidentale des Nerviens.
  • ElĂ©onore FourniĂ©, Les Nerviens, peuple de la Gaule Belgique, dans ArchĂ©ologia, No 530, mars 2015, p. 22-27/82.p.
  • Xavier Deru et Germaine Leman-Delerive, Le peuple gaulois des Nerviens (France-Belgique), dans ArchĂ©othĂ©ma, mai 2011, source :
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