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Éburons

Les Éburons (en gaulois : ጘÎČÎżÏ…ÏÏ‰ÎœÎżÎŻ — gallo-grec — ou EBVRONOI — gallo-latin, EbourƍnoĂ­ ; en latin : EBVRONES ou EBVRONÉS, Eburonēs) Ă©taient un peuple belge, Ă©tabli au nord-est de la Gaule au Ier siĂšcle av. J.-C..

Éburons
Image illustrative de l’article Éburons
Statue d'Ambiorix Ă  Tongres (Belgique)

Ethnie Celtes, Belges, Germains cisrhénans
Langue(s) Gaulois, Belge
Religion Celtique
Villes principales Atuatuca
RĂ©gion actuelle Limbourg (Drapeau de la Belgique Belgique et Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas)
LiĂšge (Drapeau de la Belgique Belgique)
Aix-la-Chapelle (Drapeau de l'Allemagne Allemagne) et alentours
Rois/monarques Ambiorix et Catuvolcos (conjointement)

Selon ses Commentaires, Jules CĂ©sar les considĂ©rait comme des Germains cisrhĂ©nans (Jules CĂ©sar, Guerre des Gaules, II, 4), mais leur nom est celtique et le proconsul romain lui-mĂȘme semble les considĂ©rer Ă©galement comme gaulois dans le livre VI (guerre contre Ambiorix).

Territoire

Chemin celte pavé menant à un passage sur la Meuse, à Maastricht

Leur territoire correspond aux provinces modernes du Limbourg et de LiĂšge en Belgique, au Limbourg nĂ©erlandais, et Ă  une partie avoisinante de l'Allemagne jusqu'Ă  Aix-la-Chapelle. Strabon indique, en 7 avant JĂ©sus-Christ, que les Eburons rĂ©sident dans une forĂȘt appelĂ©e « Arduenna », large de 4 000 stades ou environ 800 km[1]. Selon Jules CĂ©sar mentionne : « les Éburons, dont la plus grande partie habite entre la Meuse et le Rhin, et qui Ă©taient gouvernĂ©s par Ambiorix et Catuvolcos »[2] - [3]. CĂ©sar situe les SĂšgnes et les Condruses au sud des Eburons, entre eux et les TrĂ©vires, qui rĂ©sident prĂšs de la Moselle. Le territoire des SĂšgnes se situait Ă  proximitĂ© de la riviĂšre Ourthe, le territoire des Condruses se situait dans le Condroz. A l'ouest, ils Ă©taient voisins des Nerviens et des Atuatuques, ces derniers situĂ©s entre ces deux tribus, dans l'Entre-Sambre et Meuse.

La capitale du peuple Atuatuca est une forteresse située « au centre de leur territoire »[4]. L'emplacement de la cité anciennement associé à Tongres est aujourd'hui remis en cause. César décrit le site comme pourvu d'un étroit défilé à l'ouest, adapté à une embuscade, caractéristique trÚs rare en Campine. D'autres sites ont été proposés comme la Montagne Saint-Pierre, sur la Meuse, ou la ville de Spa, en Ardenne. Maastricht est habité depuis 500 avant Jésus-Christ.

Étymologie

Fragment de cruche en forme de taureau, datant du Ier siÚcle av. J.-C., découvert à Maastricht

L'ethnonyme Éburon, le substrat toponymique de leur ancien territoire, ainsi que les diffĂ©rents noms de personnes s'expliquent indubitablement par une langue celtique et non pas germanique au sens moderne du terme. En effet, Eburo est expliquĂ© par le celtique *eburo- « if » ou « sanglier »[5] - [6]. On compare le vieil irlandais ibar, if, le breton evor et la gallois efwr, bourdaine[7].

Le terme eburo- (autrement eburos) se rencontre frĂ©quemment dans l'onomastique personnelle gauloise (anthroponymes gaulois cf. Eburus, Eburo, Eburius, etc.) et dans la toponymie (ex: Eburo-dunum > Yverdon, Embrun. Plusieurs villes et villages remontent Ă  *Eburiacon, toponyme similaire, d'oĂč les Ivry, Ivrey, Évry, Ivry-la-Bataille, Eure[8]. Le nom des Éburons se rapproche Ă©galement d'autres appellations issues du monde celtique : les Éburovices, Eburacum (York). Le nom de la ville anglaise de York, la civitas eburacum et plus au nord se trouve une rĂ©gion appelĂ© Yorkshire Moors (les bruyĂšres du comtĂ© de York). Les fermiers locaux complĂ©taient, tout comme les Éburons belges, leur maigre revenu avec la culture de l'if. Le village devait ĂȘtre connu pour son marchĂ© du bois d'if, d'oĂč la rĂ©fĂ©rence romaine. La ville suisse d'Yverdon s'appelait *Eburodunum dans l'antiquitĂ©. Eburo (if, taxus) + dunon (*dun, colline, village fortifiĂ©). Celle d'Envermeu dans l'actuelle Normandie s'appelait *Eburomagus, devenu *Eburomavus « la plaine des ifs » ou « le marchĂ© de l'if ». Ainsi que la tribu des Aulerques Eburovices qui a donnĂ© son nom Ă  Évreux dans la mĂȘme province[8].

Selon CĂ©sar, les Éburons Ă©taient connus pour la culture de l'if[9]. Cet arbre donne un bois fibreux, Ă©lastique et solide, d'une excellente qualitĂ© pour la fabrication des arcs et flĂšches. Le meilleur bois d'if se cultivait dans les rĂ©gions sableuses, oĂč la croissance est lente et les fibres du bois d'une grande densitĂ©. L'if se taille bien, et les haies que l'on retrouve actuellement ont une origine ancienne attestĂ©e dans l'antiquitĂ©[10]. L'if des Éburons Ă©tait tellement apprĂ©ciĂ© en Gaule, qui avait son propre if, que cette qualitĂ© fut nommĂ©e eburo[11]. Le mot latin pour dĂ©signer l'if est taxus, il permet d'expliquer la dĂ©nomination plus rĂ©cente de cette rĂ©gion, la Toxandria ou Taxandrie.

Historique

StatĂšre en or des Éburons. Triskele surmontĂ© d'une croisette et au revers, cheval celtisĂ© et roue de char, Ă©vocation de l’attelage figurant sur les monnaies de Philippe II de MacĂ©doine.

Venant de la moyenne vallée du Rhin et de la rive droite au nord du Main, les Belges arrivent en Gaule Belgique vers -300. Ils y supplantent les Gaulois. Les Eburons avaient des relations étroites avec les Nerviens, une grande tribu Belge située à l'ouest de leur territoire. Les Aduatuci (ou Atuatuci) étaient voisins des Nerviens et les Eburons. César rapporte qu'Ambiorix avait été obligé de leur rendre hommage avant l'arrivée des Romains et que son propre fils et son neveu leur avaient été confiés comme otage[12]. Ce fut avec ces deux tribus, que les Eburons allait former rapidement une alliance militaire contre les forces de César[13].

La conquĂȘte romaine

Casque gaulois en bronze de type Coolus-Manheim provenant de la région de Tongres. Musée du Cinquantenaire, Bruxelles (Belgique)
Ambiorix tendant une embuscade à la XIV° légion romaine, Karel de Kesel

En 57 avant JĂ©sus-Christ, les forces de CĂ©sar affrontent une alliance de tribus belges dans la bataille du Sabis. Des informations des Remi, une tribu alliĂ©e avec Rome, Ă©tablissent que les Germani (Condruses, Éburons, CĂ©rĂšses, et PĂ©manes) ont promis environ 40.000 hommes. Ceux-ci devaient rejoindre 60.000 Bellovaques, 50.000 Suessions, 50.000 Nerviens, 15.000 AtrĂ©bates, 10.000 Ambiens, 25.000 Morins, 9000 MĂ©napes, 10.000 CalĂštes, 10.000 VĂ©liocasses, 10.000 Viromanduis, et 19.000 Aduatuques. Toutes ces forces devaient ĂȘtre dirigĂ©es par Galba, roi des Suessions. Cependant, cette alliance n'a pas fonctionnĂ©. Les Suessions et les Bellovaques se sont rendus aprĂšs que les Romains se soient dĂ©placĂ©s vers leurs terres. Les Nerviens, avec les AtrĂ©bates et Viromanduis, formĂšrent la force la plus importante le jour de la bataille. Les Éburons ne sont pas spĂ©cifiquement mentionnĂ©s dans la description de la bataille elle-mĂȘme, mais aprĂšs la dĂ©faite, les Éburons devinrent la tribu la plus importante Ă  rĂ©sister Ă  la suzerainetĂ© romaine.

Lorsque les TenctĂšres et les UsipĂštes qui Ă©taient des tribus germaniques, traversĂšrent le Rhin en 55 avant notre Ăšre, ils affrontĂšrent en premier selon CĂ©sar les MĂ©napes, avant de traverser la Meuse vers une tribu appelĂ©e AmbivarĂštes, puis avancĂšrent dans le territoire des Éburons et Condruses, qui Ă©taient tous les deux "sous la protection des TrĂ©vires"[14].

L'attaque d'Ambiorix représentée sur le Palais provincial de LiÚge

En 54 avant JĂ©sus-Christ, les forces de CĂ©sar sont de retour sur le territoire belge pour hiverner, Ă  la suite de leur deuxiĂšme expĂ©dition en Grande-Bretagne. Les rĂ©coltes n'ont pas Ă©tĂ© bonnes, en raison de la sĂ©cheresse, ce qui conduit Ă  un nouveau conflit. L'insurrection commence seulement 15 jours aprĂšs qu'une lĂ©gion et cinq cohortes, sous le commandement des lieutenants de CĂ©sar, Quintus Titurius Sabinus et Lucius AurunculĂ©ius Cotta, soient arrivĂ©es dans leurs quartiers d'hiver situĂ©s dans le pays Ă©buron. Selon Jules CĂ©sar qui l'Ă©crit dans son ouvrage Commentaires sur la Guerre des Gaules, Ambiorix, un des deux chefs Ă©burons avec Catuvolcos, extermine la 14e lĂ©gion romaine avec ses 5 cohortes supplĂ©mentaires lors de la bataille d'Aduatuca. Les Éburons, encouragĂ©s par les messages du roi des TrĂ©vires, Indutiomare, et dirigĂ©s par leurs deux rois attaquent le camp romain et, aprĂšs avoir incitĂ© les Romains Ă  quitter leur bastion, sur la promesse d'un passage sĂ»r, ils les massacrent presque tous (environ 6000 hommes). Les deux lĂ©gats, Quintus Titurius Sabinus et Lucius Aurunculeius Cotta, furent tuĂ©s. Ceci se passa peut-ĂȘtre dans la vallĂ©e du Geer, en 54 av. J.-C. Il s'agit de la plus importante perte romaine de la Guerre des Gaules (8 000 lĂ©gionnaires ainsi que les suiveurs : valets, marchands, etc.).

Révolte d'Ambiorix et ses alliés contre les légions romaines en Gaule belgique en 54 av. J.-C., ordre chronologique des événements :
1. Massacre d'Aduatuca de la légion de Sabinus et Cotta ;
2. Victoire de César contre l'armée qui assiégeait Cicero ;
3. Victoire de Labienus contre les troupes qui l'assiĂšgent.

EncouragĂ© par cette victoire, Ambiorix se rend personnellement chez les Aduatuci puis chez les Nerviens, pour leur proposer une nouvelle attaque d'un hivernage romain sur le territoire nervien, sous le commandement de Quintus Tullius CicĂ©ron, frĂšre du cĂ©lĂšbre orateur. Les Nerviens convoquĂšrent rapidement les forces de plusieurs tribus sous leur gouvernement, Centrones, Grudii, Levaci, Pleumoxii, et Geiduni. L'attaque du camp hivernage de Q. CicĂ©ron sera moins heureuse : la coalition des Éburons, Atuatuques et Nerviens est battue par CĂ©sar, venu Ă  la rescousse[15]. Pourtant, CĂ©sar rapporte que le sauvetage Ă©tait « tout juste » en suggĂ©rant que pratiquement la moitiĂ© de cette lĂ©gion Ă©tait dĂ©jĂ  dĂ©truite Ă  son arrivĂ©e. Les pertes de CĂ©sar en Belgique s'Ă©lĂšveraient ainsi Ă  10 000 hommes au moins, soit prĂšs d'un quart de son armĂ©e (estimĂ©e Ă  8 lĂ©gions, soit entre 40 000 et 45 000 lĂ©gionnaires). Labienus, l'un des gĂ©nĂ©raux les plus fiables de CĂ©sar, qui Ă©tait en hivernage sur le territoire des TrĂ©vires, est Ă©galement menacĂ© lorsque les nouvelles de la rĂ©bellion des Eburons se propage. Finalement, le roi des TrĂ©vires, Indutiomare, est exĂ©cutĂ©, ce qui entraĂźne la dispersion des forces des Eburons et des Nerviens. L'annĂ©e suivante, CĂ©sar entre dans le pays des Eburons. Lors d'une attaque surprise sur le quartier gĂ©nĂ©ral d'Ambiorix, Catuvolcos, trop ĂągĂ© pour fuir ou pour se battre, s'empoisonne avec une concoction Ă  base d'if pour ne pas ĂȘtre capturĂ©. Ambiorix parvient Ă  s'Ă©chapper. Le pays des Eburons boisĂ© et marĂ©cageux Ă©tant difficile pour les Romains, CĂ©sar invite les peuples voisins Ă  venir piller les Eburons. Tandis qu'il ravage le pays des Eburons, CĂ©sar laisse Quintus Tullius Cicero, avec une lĂ©gion, pour protĂ©ger les bagages et magasins, Ă  un endroit appelĂ© Aduatuca, qui Ă©tait le lieu oĂč Sabinus et Cotta avaient Ă©tĂ© tuĂ©s. La tentative de faire usage des Sicambres se retourne contre les Romains lorsque les Eburons leur expliquent que les fournitures romaines sont des cibles les plus attrayantes. À cause de cette rĂ©bellion, CĂ©sar tente d'exterminer le peuple Ă©buron, mais le manque de chiffres annoncĂ© dans son ouvrage, alors qu'il a Ă©tĂ© si prolixe et trop heureux d'annoncer le nombre d'ennemis tuĂ©s et d'esclaves vendus lors de ses victoires, montre que CĂ©sar a eu du mal Ă  mettre la main sur les Éburons. D'aprĂšs CĂ©sar, ceux-ci, sur ordre d'Ambiorix, prirent le maquis et leur armĂ©e se divisa, menant pendant deux annĂ©es une guerre d'usure et de guĂ©rilla. Ambiorix ne fut jamais capturĂ© par CĂ©sar, qui lui adresse quelques lignes Ă©piques dans la Guerre des Gaules[16]. CĂ©sar rapporte avoir brĂ»lĂ© chaque village qu'il pouvait trouver sur le territoire des Eburons, chassĂ© tout le bĂ©tail, et il indique que ses hommes et bĂȘtes ont consommĂ© tout le blĂ©. Il laisse ceux qui se sont cachĂ©s, s'il y en avait, avec l'espoir qu'ils seraient tous morts de faim pendant l'hiver. Les Eburons vont fuir vers les recoins les plus inaccessibles du territoire : Ambiorix se rĂ©fugie dans la forĂȘt d'Ardenne, d'autres dans la Peel ou le delta du Rhin et de la Meuse.

La Civitas Tungrorum

CĂ©sar dit qu'il voulait anĂ©antir les Eburons et leur nom, et en effet, nous n'entendons plus parler des Eburons. Leur pays fut bientĂŽt occupĂ© par une tribu germanique avec un nom diffĂ©rent, les Tongres. Cependant, l'indication de Tacite selon laquelle les Tungri Ă©taient Ă  l'origine "Germani" venus plus tĂŽt du Rhin, correspond Ă  la description que CĂ©sar a faite des Eburons et de leurs voisins, ce qui conduit Ă  la possibilitĂ© qu'ils aient survĂ©cu sous un nouveau nom. Sous les Romains, une des tribus associĂ©es aux Tungri, et vivant dans le nord de leur territoire, dans la Campine moderne, Ă©taient les Toxandrians. Comme les Tungri, ils ne sont pas mentionnĂ©s par CĂ©sar. Comme les Condruses qui ont continuĂ© Ă  exister sous la domination romaine, les Texuandri ou Toxandriens sont reconnus comme un groupe distinct, intĂ©grĂ© Ă  la Civitas Tungri Ă  des fins administratives. L'Ă©tymologie de ce nom est incertaine, mais il est possible que cela corresponde Ă  la traduction du nom gaulois d'origine des Eburons, qui se rĂ©fĂšre Ă  l'if (taxus en latin). Dans l'extrĂȘme nord du territoire des Eburons, dans la zone oĂč la Meuse et le Rhin entrent aux Pays-Bas, il est possible que certains Eburons, accompagnĂ©s d'immigrants germaniques, aient rejoint le nouveau groupe tribal batave qui a constituĂ© une force de combat importante de l'armĂ©e romaine. Strabon[17] les cite encore vers 20 av. J.-C., mais le nom de leur civitas fut remplacĂ© par celle des Tungri[note 1], associant alors les Atuatuques, les Condruses et des Sicambres. Comme d'autres citĂ©s et rĂ©gions des provinces gallo-romaines, la civitas Tungrorum servira de base Ă  la constitution d’un diocĂšse qui prendra vers le VIIe siĂšcle le nom de sa nouvelle capitale LiĂšge.

Celtes ou Germains ?

Fibules celtes découvertes dans la Meuse à Maastricht

Bien qu'ils soient considérés comme Belges, un des peuples de la Gaule, Jules César dit que les Condruses, Eburons, Caeraesi, Paemani et Segni étaient appelés du nom de Germani et s'étaient installés il y a quelques générations, venant de l'autre cÎté du Rhin. Les Eburons sont donc considérés par César comme des Germani cisrhenani, à savoir des peuples germaniques qui vivaient au sud et à l'ouest du Rhin et distincts des Belges. Bien que les tribus de la Gaule belgique aient été influencées par les cultures gauloises et germaniques, les autres éléments d'identification par exemple les langues qu'ils parlaient, restent pourtant incertains.

Le caractĂšre proprement « germanique », au sens moderne du terme, c'est-Ă -dire fondĂ© sur des critĂšres linguistiques, des Éburons a Ă©tĂ© frĂ©quemment mis en doute. En effet, la plupart des ethnonymes citĂ©s dans la Guerre des Gaules se prĂȘtent Ă  une interprĂ©tation Ă©tymologique Ă  partir de racines celtiques. Les noms des chefs Ă©burons Ambiorix et Catuvolcus sont par exemple indubitablement celtiques[18]. Le nom tribal (aprĂšs le celte Eburo « ifs »), les noms de personnes et de lieux (Ambiorix, Atuatuca) et les preuves archĂ©ologiques renvoient Ă  la culture celte. La dĂ©esse Ă©buronne Virodactis a un cognat en irlandais : feardhacht « vertu virile, Ăąge d'homme »[19]. On trouve chez CĂ©sar des passages en faveur de la celticitĂ© des Eburons. Il fait dire Ă  Ambiorix, roi des Éburons : « il Ă©tait bien difficile Ă  des Gaulois [c'est-Ă -dire aux Éburons] de refuser leur concours Ă  d'autres Gaulois »[20]. On observe Ă©galement qu'Ambiorix s'adresse aux Romains par l'intermĂ©diaire d'un interprĂšte originaire d'Hispanie[20], puis d'un autre venant de Gaule narbonnaise (le pĂšre de Trogue PompĂ©e)[21]. Les Eburons avaient leurs propres dialecte et coutumes.

Double royauté

L'If semble avoir joué un sens rituel

Les Eburons Ă©taient peut-ĂȘtre une confĂ©dĂ©ration composĂ©e de deux groupes tribaux, dont chacun Ă©tait reprĂ©sentĂ© par un roi. CĂ©sar mentionne qu'en - 54 les Eburons Ă©taient dirigĂ©s par Ambiorix et Catuvolcos[22], CĂ©sar leur accorde la qualitĂ© de "Rex"[23]. De mĂȘme, Livius nomme Ambiorix "Eburonem rege"[24]. La rĂ©partition des tĂąches au sein de cette double royautĂ© est identifiable. De toute Ă©vidence, ils pouvaient conjointement dĂ©clarer la guerre. CĂ©sar explique Ă©galement que chacun Ă©tait roi pour la moitiĂ© des Eburons[25]. La distribution des piĂšces de monnaie relatives Ă  Ambiorix pourraient indiquer qu'il Ă©tait responsable du territoire proche de Bruxelles, tandis que le territoire de Catuvolcos correspondrait Ă  la rĂ©gion des Ardennes et du Nordeifel, entre Meuse et Rhin[26]. Ambiorix semble ne plus disposer d'autoritĂ© sur la tribu lorsqu'elle s'oppose Ă  lui[27]. Pendant les Ă©pisodes ultĂ©rieurs de la guerre, Ambiorix prend la direction des opĂ©rations. CĂ©sar le dĂ©crit comme un nĂ©gociateur et un chef de guerre rusĂ© et prudent[28]. AprĂšs la dĂ©faite, le vieux roi Catuvolcos maudit son co-rĂ©gent comme l'instigateur de la guerre et s'empoisonne avec le « jus de l'arbre if », ce qui peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme une indication du rĂŽle sacrĂ© du second roi, plus ĂągĂ©, et confirme le sens rituel de l'if pour les Eburons[29].

Sources primaires

TrĂ©sor monĂ©taire d'Amby retrouvĂ© prĂšs de Maastricht et probablement cachĂ© par les Eburons lors de la conquĂȘte romaine

« Ambiorix ne rassembla pas ses troupes : le fit-il de propos dĂ©libĂ©rĂ©, parce qu’il estimait qu’il ne fallait point livrer bataille, ou bien faute de temps et empĂȘchĂ© par la soudaine arrivĂ©e de notre cavalerie, qu’il croyait suivie du reste de l’armĂ©e ? On ne sait ; toujours est-il qu’il envoya de tous cĂŽtĂ©s dans les campagnes dire que chacun eĂ»t Ă  pourvoir Ă  sa sĂ»retĂ©. Une partie se rĂ©fugia dans la forĂȘt des Ardennes, une autre dans une rĂ©gion que couvraient sans interruption des marĂ©cages ; ceux qui habitaient prĂšs de l’ocĂ©an se cachĂšrent dans des Ăźles que forment les marĂ©es ; beaucoup quittĂšrent leur pays pour aller se confier, eux et tout ce qu’ils possĂ©daient, Ă  des peuples qu’ils ne connaissaient aucunement. Catuvolcos, roi de la moitiĂ© des Éburons, qui s’était associĂ© au dessein d’Ambiorix, affaibli par l’ñge et ne pouvant supporter les fatigues de la guerre ou de la fuite, aprĂšs avoir chargĂ© d’imprĂ©cations Ambiorix, auteur de l’entreprise, s’empoisonna avec de l’if arbre trĂšs commun en Gaule et en Germanie »

— Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VI, 31.

« À l'Ouest des TrĂ©vires et des Nerviens habitent les SĂ©nons et les RĂšmes, auxquels il faut ajouter les AtrĂ©bates et les Éburons ; puis, Ă  la suite des MĂ©napes, sur le littoral mĂȘme, viennent les Morins, et, aprĂšs eux, les Bellovaques, les Ambiens, les Suessions et les CalĂštes jusqu'Ă  l'embouchure du Sequanas. Le pays des Morins, des AtrĂ©bates et des Éburons offre le mĂȘme aspect que celui des MĂ©napes, l'aspect d'une forĂȘt, mais d'une forĂȘt d'arbres trĂšs peu Ă©levĂ©s, qui, tout en prĂ©sentant une superficie considĂ©rable, n'a pourtant que les 4000 stades d'Ă©tendue que les historiens lui donnent. On dĂ©signe cette forĂȘt sous le nom d'Arduenne. Habituellement, en cas de guerre et d'invasion, les gens du pays entrelaçaient ensemble les branches de ces arbustes, qui sont Ă©pineux et rampants comme des ronces, pour que l'ennemi trouvĂąt tous les passages obstruĂ©s ; dans certains endroits mĂȘme ils enfonçaient en terre de gros pieux, aprĂšs quoi ils allaient se cacher eux et leurs familles au plus profond des bois dans les petites Ăźles de leurs marais. Seulement, s'ils trouvaient lĂ , durant la saison des pluies, d'impĂ©nĂ©trables retraites, il devenait aisĂ© de les y atteindre quand commençait la sĂšcheresse... »

— Strabon, GĂ©ographie IV, 3, 5.

Dans la culture

  • L'Eburonien est une pĂ©riode gĂ©ologique du Calabrien, nommĂ©e en hommage aux Eburons.
  • Pierre Hazette, HaĂŻr CĂ©sar ?, LiĂšge, CEFAL Éditions, , 245 p. (ISBN 978-2-87130-304-6). Roman historique. L'action se situe principalement au moment du gĂ©nocide des Éburons (54 av. J.-C.) et de la Grande rĂ©volte gauloise (52 av. J.-C.).

Notes et références

Notes

  1. Formulons une hypothĂšse: le mot 'tong' (en NĂ©erlandais, en vieux bas francique, vieux Saxon, vieux norvĂ©gien 'tunga', vieux frison, vieil anglais 'tunge', vieux latin 'dingua', latin classique 'lingua' rĂ©fĂšre Ă  la fois Ă  l'organe et au parler. Nous savons qu'aprĂšs CĂ©sar eut 'exterminĂ©' les Éburons, ce territoire est devenu la citĂ© des 'Tungri'. Pourtant, ni CĂ©sar, ni Tacite, ni aucun auteur Romain ne mentionne prĂ©cĂ©demment cette tribu. Une plaque commĂ©morative retrouvĂ©e en Angleterre mentionne la prĂ©sence d'une cohorte de Tungri : il est probable que les Éburons se nommaient eux-mĂȘmes 'Tunger'.

Références

  1. Geographia, IV, Kap. III, 5
  2. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre V, 24
  3. (fr) « Les peuples celtes », sur www.arbre-celtique.com (consulté le )
  4. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VI, 32
  5. Pierre-Yves Lambert, La Langue gauloise, Ă©dition Errance, 2003.
  6. Ugo Janssens, Ces Belges, « les Plus Braves », Histoire de la Belgique gauloise, 2007, Racine, p. 50.
  7. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Ă©ditions errance 2003, 159.
  8. Xavier Delamarre, Op. cité.
  9. CĂ©sar, B.G., VI, 31.
  10. CĂ©sar, B.G., II, 18.
  11. Citation Information. Zeitschrift fĂŒr celtische Philologie. Volume 55, Issue 1, pages 50–55, ISSN (Print) 0084-5302, 9 mai 2007
  12. Julius Caesar, Gallic War V.27
  13. "Gallic War" V.38 - V.39.
  14. Julius Caesar, Gallic War II.6
  15. Jules CĂ©sar, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre V, 38-51.
  16. « Ambiorix : l'Ardenne entre dans l'Histoire », sur eus-arduenn.over-blog.org (consulté le )
  17. Strabon, GĂ©ographie, IV, 3, 5.
  18. Vincent Samson, Le nom des Germains, Nouvelle École, no63, 2014, pp. 53-93
  19. Jean Loicq, op. cit. p. 16.
  20. Jules César, op. cit., V, 27 [lire en ligne], cité par Jean Loicq, op. cit., p. 12.
  21. Jules César, op. cit., V, 36 [lire en ligne], cité par Jean Loicq, op. cit., p. 12.
  22. b. Gall. V 24
  23. b. Gall. VI 31
  24. per. CVI
  25. b. Gall. VI, 31: rex dimidiae partis Eburonum
  26. Heinrichs, Verwicklung, S. 289
  27. De bello Gallico V, 27: "non minus haberet iuris in se multitudo quam ipse in multitudinem"
  28. b. Gall. V 27-38
  29. b. Gall. VI 31: omnibus precibus detestatus Ambiorigem, qui eius consilii auctor fuisset, taxo ... se exanimavit

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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