AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Mythe d'Adapa

Le Mythe d'Adapa, la Légende d'Adapa ou Adapa et le Vent du Sud est un récit mésopotamien, écrit en sumérien et en akkadien. Reconstitué à partir de fragments de tablettes découverts à Tell Haddad, El Amarna, Nippur et Ninive et dont les dates d'écriture varient entre de la période paléo-babylonienne ( - ) et VIIe siÚcle av. J.-C., il pourrait avoir des origines bien antérieures à la période paléo-babylonienne.

Le rĂ©cit raconte l’histoire d'Adapa, serviteur du dieu Ea (Enki en sumĂ©rien) — patron des arts et des techniques — dans son palais d'Eridu. Un jour, alors qu'il va pĂȘcher sur un bateau du poisson pour son maĂźtre, il est dĂ©rangĂ© par Ć utu, l'oiseau Vent du sud, qui fait vaciller son embarcation. Dans sa colĂšre, Adapa maudit la crĂ©ature et en brise l'aile. Cet acte compromet l'Ă©quilibre naturel et suscite la colĂšre du dieu cĂ©leste Anu, pĂšre de tous les dieux, qui convoque Adapa dans les cieux.

Ea, craignant pour la vie de son serviteur, dĂ©fait les cheveux de celui-ci, le revĂȘt d'un habit de deuil et lui explique la conduite Ă  tenir afin de se sortir de ce mauvais pas : il doit d'abord amadouer les dieux des palmiers et des dattiers, Ningishzida et Dumuzi qui se tiennent Ă  la porte du ciel en leur disant qu'il porte le deuil de leur disparition et ainsi s'attirer leur soutien auprĂšs d'Anu. Il devra aussi refuser tout ce qu'Anu lui donnera Ă  boire ou Ă  manger, mais il doit accepter le vĂȘtement et le parfum.

ArrivĂ© Ă  la demeure cĂ©leste du dieu Anu, Adapa s'est attirĂ© la sympathie des dieux de la fertilitĂ© Dumuzi et Ningishzida. Devant Anu conseillĂ© par les deux dieux de la fertilitĂ©, Adapa se comporte comme prĂ©vu : il refuse la nourriture et la boisson et accepte le vĂȘtement et le parfum. Admiratif devant la clairvoyance d'Adapa, Anu, dans la version d’El Amarna, renvoie immĂ©diatement Adapa parmi les vivants ou, dans les versions de la BibliothĂšque d'Assurbanipal et de Tell Haddad, lui montre les secrets du ciel avant de le renvoyer sur terre.

Le rĂ©cit possĂšde, en fonction de ses versions connues, une introduction plus ou moins longue et des conclusions variant lĂ©gĂšrement. Deux versions contiennent une incantation propre Ă  apaiser le Vent du Sud. Mythe pour beaucoup, lĂ©gende pour Jean BottĂ©ro, le rĂ©cit est depuis longtemps considĂ©rĂ© comme centrĂ© autour de l'immortalitĂ© des dieux face Ă  la mortalitĂ© des hommes. Mais il aborde aussi des thĂšmes relatifs Ă  la magie, Ă  la mĂ©decine, aux exorcismes et Ă  la prĂȘtrise d'Eridu et de toute la MĂ©sopotamie du Ier millĂ©naire av. J.-C..

Les sources

Le Mythe d’Adapa est connu en akkadien par six fragments de textes cunĂ©iformes dĂ©couverts Ă  El Amarna et dans la BibliothĂšque d'Assurbanipal Ă  Ninive[2] et en sumĂ©rien Ă  travers plusieurs versions et tablettes dĂ©couvertes Ă  Tell Haddad (ancienne Me-Turan) et Ă  Nippur[3].

Un premier fragment issu de la BibliothĂšque d'Assurbanipal — connu aujourd’hui comme le fragment D — est traduit par Georges Smith en . Cependant, l’assyriologue ne possĂ©dant pas assez d’élĂ©ments pour identifier son contenu comme une partie du mythe, l’attribue au poĂšme d’Erra et Nishum. Ce n’est qu’aprĂšs la dĂ©couverte d’un fragment plus large en dans les archives Ă©gyptiennes d’El Amarna — le fragment B — et son rapprochement avec le fragment D que les historiens prennent connaissance du Mythe d’Adapa. DatĂ© du XIVe siĂšcle av. J.-C., ce fragment B est le plus volumineux connu du rĂ©cit[1].

La tablette d'El Amarna est dĂ©couverte avec une autre qui contient une transcription du mythe de Nergal et Ereshkigal. Elles sont toutes deux Ă©crites par le mĂȘme scribe dans la mĂȘme argile. D'aprĂšs une Ă©tude du style d'Ă©criture et de la formulation grammaticale des deux textes, le scribe est fort probablement babylonien mais ne semble pas les avoir Ă©crits Ă  Babylone mais plutĂŽt en Égypte sous la dictĂ©e[4]. Ce fragment semble contenir une introduction au rĂ©cit qui paraĂźt tellement courte en comparaison du fragment D et de la version sumĂ©rienne de Me-Turan qu'il se pourrait qu'il soit la deuxiĂšme partie d'un ensemble de deux tablettes[5]. Le chercheur Shlomo IzreÊŸel rejette l'idĂ©e que la prĂ©sence du texte du Mythe d'Adapa dans une bibliothĂšque Ă©gyptienne puisse ĂȘtre un indice de notoriĂ©tĂ© du rĂ©cit en dehors de la MĂ©sopotamie[Note 1]. Il conclut plutĂŽt qu'il pourrait s'agir d'un texte scolaire visant Ă  enseigner l'Ă©criture akkadienne Ă  des scribes Ă©gyptiens[4].

Les autres fragments connus (dont le fragment D) sont issus de la « BibliothĂšque d'Assurbanipal Â» de Ninive en Assyrie, et datent du VIIe siĂšcle av. J.-C.. Parmi ceux-ci, trois petits fragments (A, A1 et E) et les fragments C et D qui donnent le dĂ©but et la fin de l'histoire. Les fragments C et D sont deux segments d'un mĂȘme texte dont la fin contient une incantation. Le fragment D offre une lĂ©gĂšre variante au fragment B au niveau la rĂ©action d'Anu face au refus d'Adapa de consommer la nourriture offerte. Le fragment A contient un bref prologue dont il manque le dĂ©but : il semble raconter la crĂ©ation d'Adapa et rĂ©sume l'histoire. Dans ce prologue, il y a Ă©galement un passage Ă©voquant les paroles d'Uta-Napishtim dans l’ÉpopĂ©e de Gilgamesh qui concerne la vie Ă©ternelle et l'existence d'Adapa. L’historien Sergio Picchioni remarque la prĂ©sence d'un incipit dans le fragment E de la BibliothĂšque d’Assurbanipal et dans le fragment B d'El Amarna qui pourrait attribuer un autre titre au Mythe d'Adapa : Adapa dans les cieux[6] - [2] - [7].

Une version sumĂ©rienne datĂ©e de la pĂ©riode palĂ©o-babylonienne ( - ) est dĂ©couverte en Ă  Tell Haddad dans le Djebel Hamrin (est de l'Irak). En deux copies aux contenus apparemment identiques, Ă©crites par deux scribes diffĂ©rents, sous forme d'une tablette en deux colonnes chacune, cette version est, dans son dĂ©roulement, similaire Ă  la version akkadienne. Elle constitue cependant la seconde partie d’un texte dont la premiĂšre est une description des moments qui suivent immĂ©diatement le DĂ©luge, le rassasiement des dieux et l’organisation des ĂȘtres humains[3] - [8]. Pour Antoine Cavigneaux, le sumĂ©rien fautif utilisĂ© dans les deux copies de Tell Haddad suggĂšre que leurs scribes sont plutĂŽt akkadophones et que cette langue est utilisĂ©e pour donner plus de beautĂ©, d'autoritĂ© et d’efficacitĂ© au rĂ©cit plutĂŽt considĂ©rĂ© comme une incantation. De plus, pour le chercheur, les nombreuses ellipses prĂ©sentes dans la version de Tell Haddad laissent supposer que le texte s'adresse Ă  un public qui connaĂźt dĂ©jĂ  l'histoire. Par consĂ©quent, le Mythe d’Adapa telle qu’il est narrĂ© dans la tablette d’Amarna du XIVe siĂšcle av. J.-C., semble dĂ©jĂ  connu et fixĂ© dans sa forme rĂ©dactionnelle dĂšs l’époque palĂ©o-babylonienne[9].

Un autre ensemble de fragments sumĂ©riens beaucoup plus petits que les prĂ©cĂ©dents sont dĂ©couverts Ă  Nippur en [3]. Le plus petit des deux concerne la plaidoirie d'Adapa face Ă  Anu, les maigres informations qu'ils contiennent semblent difficiles Ă  harmoniser avec les versions prĂ©cĂ©demment dĂ©couvertes Ă  Tell Haddad. Ce fragment d'une Ă©paisseur maximum de 3,5 cm constitue une portion du bas d'une tablette de deux colonnes[10]. Un autre fragment constitue l'extrĂ©mitĂ© gauche de ce qui Ă©tait probablement une tablette constituĂ©e de deux ou plusieurs colonnes. Les historiens ignorent encore si ce fragment fait partie de l'avers ou du revers de la tablette. Le style et le format de l'Ă©criture indiquent qu'il date de la pĂ©riode mĂ©dio-babylonienne ( - ), pĂ©riode correspondant Ă  celle de la version akkadienne de Tell Amarna. Ce petit fragment est rĂ©digĂ© dans un sumĂ©rien approximatif et il peut tout aussi bien s’intĂ©grer Ă  un texte sumĂ©rien unilingue qu'Ă  un texte bilingue. Il semble Ă©galement, comme pour son homologue de Tell Haddad, une traduction de l'akkadien. Comme pour la version akkadienne, ce fragment prĂ©sente Ă©galement la partie du rĂ©cit oĂč Adapa explique au dieu Anu les actions qu'il a commises envers le Vent du Sud, partie qui n'est pas incluse dans la version sumĂ©rienne palĂ©o-babylonienne de Tell Haddad[11].

Les personnages

Adapa

Statuette reprĂ©sentant un sage-apkallu vĂȘtu d'un costume en forme de poisson. PĂ©riode nĂ©o-assyrienne, British Museum.

Adapa (Adaba, dans les versions sumĂ©riennes) est prĂ©sentĂ© dans le fragment A comme un initiĂ© dotĂ© d’une incroyable intelligence et pourtant humain et mortel : « il[Éa] lui donna la sagesse, il ne lui donna pas la vie Ă©ternelle »[12]. Originaire d’Eridu, il joue le rĂŽle de « fils » d’Ea choisi parmi le peuple. Habile et le plus sage d'entre les Anunnaki, il accomplit les rites du temple d'Eridu : prĂ©parer la nourriture et les boissons, arranger la table du culte et pĂȘcher dans le Golfe Persique[13] - [14] Mais cette description des fonctions du personnage d'Adapa est notamment contestĂ©e par le chercheur Philippe Talon pour qui Adapa n'est, au dĂ©but de l'histoire, que le portier d'Eridu alors que la qualitĂ© d'Anunnaki prĂ©parateur des rites est attribuĂ©e au dieu Ea[15] - [16].

Par ailleurs, la figure d'Adapa apparaĂźt dans de nombreuses sources en dehors de la littĂ©rature mythique (lettres, monuments royaux, incantations
). Elles datent pour la plupart du Ier millĂ©naire av. J.-C. et Adapa y est gĂ©nĂ©ralement dĂ©crit comme un exorciste ou un sage[17]. Son nom est, par ailleurs, souvent utilisĂ© comme Ă©pithĂšte pour qualifier une personne trĂšs intelligente[18]. Ces textes le rattachent Ă  l'ancienne tradition d'Uruk des sept sages antĂ©diluviens — les apkalu —et, plus particuliĂšrement au premier sous le nom plus complet de U.AN.ADAPA, un ĂȘtre hybride mi-homme, mi-poisson, identifiĂ© par BĂ©rose comme OannĂšs, Adapa est le prototype du sage qui transmet Ă  l'humanitĂ© les techniques civilisatrices Ă©laborĂ©es par son maĂźtre Enki/Ea. Il est connu comme le premier prĂȘtre d'Eridu, la ville d'Ea, oĂč, Ă  l'aide de sa magie, de sa mĂ©decine et de ses connaissances, il dĂ©livre les hommes de la maladie[19] - [20]. Adapa pourrait Ă©galement ĂȘtre assimilĂ© au septiĂšme apkallu, U-TU-ABZU, voulant dire « NĂ© de l'ApsĂ» », l'ApsĂ» Ă©tant le lieu d'origne du dieu Enki/Éa[12].

Cependant les origines du personnage d'Adapa restent encore trĂšs incertaines, pour plusieurs chercheurs comme Antoine Cavigneaux ou Shlomo IzreÊŸel, ce personnage ne semble pas se rattacher directement Ă  la tradition d'Uruk et Ă  cette liste des sages. Adapa n'y apparaĂźt pas formellement[Note 2]. Cette tradition des sept sages Ă©tant trĂšs ancrĂ©e en MĂ©sopotamie jusqu'au Ier millĂ©naire av. J.-C., le personnage d'Adapa — qui en outre est post-diluvien dans le rĂ©cit — apparaĂźt plutĂŽt comme une contradiction avec celle-ci. Il semble donc que le rattachement du personnage d'Adapa Ă  l'un des sept apkallus originels ne se soit produit que trĂšs tardivement[Note 3] - [12] - [20]. Adapa pourrait mĂȘme appartenir Ă  une thĂ©ologie spĂ©cifique Ă  la ville d'Eridu oĂč les prĂȘtres officiaient habillĂ©s d'un costume de poisson, s'opposant Ă  la tradition officielle de Nippur[22].

Enki/Ea

Dieu des eaux douces souterraines (l'ApsĂ») Enki (Ea en akkadien) commence Ă  vivre dans les eaux d'ApsĂ» avant mĂȘme que les ĂȘtres humains voient le jour. Sa femme Ninhursag, sa mĂšre Nammu et une variĂ©tĂ© de crĂ©atures subordonnĂ©es y rĂ©sident Ă©galement. Son principal sanctuaire est l'EabsĂ» (« Maison de l'ApsĂ» Â»)[23].

Patron des arts et des techniques, il est le dieu civilisateur et ordonnateur du Monde. Il est le maĂźtre des « Me »[Note 4] qu'il garde dans sa ville, Eridu. C'est, d'ailleurs Inanna qui, dans le mythe d'Inanna et Enki, lui en dĂ©robe une partie. C'est lui qui instruit les hommes, par l'intermĂ©diaire des apkallu et d'Adapa. IngĂ©nieux et intelligent, il se rend indispensable aux autres dieux par la rĂ©solution des problĂšmes les plus ardus : dans Nergal et Ereshkigal, il aide Nergal Ă  rĂ©parer l'affront dont ce dernier s'est rendu coupable auprĂšs d'Ereshkigal, dans l’ÉpopĂ©e de la CrĂ©ation, il sauve les jeunes dieux de la colĂšre de l'ApsĂ», et il ressuscite Inanna morte dans les Enfers. Tous ces actes font qu'Enki se rĂ©vĂšle ordinairement comme le protecteur des hommes, alors que la tradition fait des autres dieux la source des problĂšmes qui affligent les humains[23].

Dans le Mythe d'Adapa, Éa est surtout Ă©voquĂ© comme le crĂ©ateur des hommes destinĂ©s Ă  servir les dieux[Note 5]. Avant le DĂ©luge, les premiers dieux, les Anunnaki — dont Éa — dirigent le monde et sont servis par les Igigi. À la suite du travail Ă©puisant qui leur est demandĂ© par leurs maĂźtres, ceux-ci se rĂ©voltent. Éa crĂ©e alors les hommes afin qu'ils continuent le travail des Igigi pour servir les dieux. L'homme est fabriquĂ© Ă  partir d'argile, ce qui le rend friable et le diffĂ©rencie des dieux par sa mortalitĂ©[25].

Dumuzi et Ningishzida

Vue d'un jardin recouvert de dattiers
Dattiers prÚs de l'Euphrate dans la région de Bagdad (Irak).

Dumuzi et Ningishzida sont, dans la mythologie mésopotamienne, deux dieux trÚs semblables : ils sont tous deux attachés à la fertilité et aux cycles saisonniers de la nature et sont également reconnus comme les protecteurs des palmiers-dattiers. En cela ils sont condamnés à mourir chaque année sous la chaleur de l'été pour renaßtre au printemps. Des mythes comme la Descente d'Inanna aux Enfers et le Voyage de Ningishzida aux Enfers possÚdent des similitudes significatives comme l'enlÚvement des deux dieux afin de les emmener dans les Enfers mésopotamiens[26] - [27].

Dans le Mythe d'Adapa, Ningishzida et Dumuzi sont souvent prĂ©sentĂ©s comme les gardiens du palais d'Anu et il semble Ă©trange que deux dieux chthoniens se trouvent dans le Ciel d'Anu[19] - [28]. Mais Georges Roux remarque que rien dans le mythe n'indique que Ningishzida et Dumuzi sont des gardiens : Éa avertit Adapa que les dieux Ningishzida et Dumuzi « Ă  la porte d'Anu se tiendront ». Les deux dieux seraient lĂ  en qualitĂ© de dieux des dattiers[Note 6] - [30].

Le Vent du Sud

Le Vent du Sud dont Adapa a brisĂ© les ailes est un vent annuel bien connu des MĂ©sopotamiens : le sĂ»tu. Chaud, humide et dĂ©sagrĂ©able, ce vent d'une force redoutable entraĂźne inconfort, tempĂȘtes et favorise parfois les maladies. Mais il amĂšne aussi les pluies et fait fructifier les dattiers. Sans lui, aucun fruit ne se dĂ©veloppe ni ne mĂ»rit sur l'arbre. Et donc, pour Georges Roux, il est tout Ă  fait normal qu'Adapa, en route vers le palais d'Anu rencontre sur son chemin Ningishzida et Dumuzi forts contrariĂ©s par l'absence du vent bĂ©nĂ©fique aux dattiers dont ils sont les protecteurs[30] - [5].

Cependant, dans plusieurs textes extérieurs au Mythe d'Adapa, le dieu Ea est également associé au Vent du Sud. Dans une incantation, le Vent du Sud est identifié comme le « bien-aimé d'Ea », un texte en assyrien moyen (écrit du XIVe au XIe siÚcles av. J.-C.) parle du Vent du Sud comme « serviteur » d'Ea et un troisiÚme texte assigne le Vent du Sud à « Ea, pÚre des dieux »[31]. Pour Shlomo Izre'el, le Vent du Sud est « un outil dans les mains d'Ea »[32].

Anu

Dans la mythologie mĂ©sopotamienne, pĂšre de tous les dieux, Anu (An, en sumĂ©rien), est le dieu du ciel, de la vĂ©gĂ©tation et de la pluie. Il habite au royaume des cieux et il a le pouvoir de juger tous les criminels. Il est notamment le pĂšre d'Enki. Il est donc l'ancĂȘtre, la source et le garant du pouvoir[33].

Anu est, en fonction des successives unifications des diverses traditions religieuses sumĂ©riennes et akkadiennes, celui qui prĂ©side l'assemblĂ©e des dieux oĂč il rĂšgne seul[33]. Dans la version sumĂ©rienne de Nippur du Mythe d'Adapa et dans sa version akkadienne d'El Amarna, le dieu Anu est seulement appelĂ© « roi » et non pas « roi des dieux », ce qui indique que ces versions ne font aucune mention d'une assemblĂ©e de dieux et qu'Anu rĂšgne seul[34].

Mythe ou légende

La catĂ©gorisation du rĂ©cit en tant que mythe ou lĂ©gende fait l'objet de discussions. Ne mettant en scĂšne qu'un personnage central humain, Jean BottĂ©ro considĂšre le rĂ©cit comme une lĂ©gende et non comme un mythe[35]. Cependant c'est une position marginale : d'autres chercheurs comme Sara J. Milstein ou Antoine Cavigneau parlent du « Mythe d'Adapa ». Shlomo Izre'el estime que le rĂ©cit illustre un parallĂšle entre la sociĂ©tĂ© des vivants et celle des dieux et, donc, peut ĂȘtre classĂ© dans les rĂ©cits mythologiques[36]. Philippe Talon argue que le rĂ©cit concerne assez de thĂšmes mythologiques pour ĂȘtre qualifiĂ© de mythe[37].

Le récit

Photo d'un pĂȘcheur dans sa barque vu dans. Il ramĂšne un filet qui Ă©tait immergĂ© dans l'eau. Plus haut, un autre pĂȘcheur dĂ©place sa barque depuis la berge
Un pĂȘcheur sur son bateau sur l'Euphrate dans le sud de l'Irak.

Dans le fragment B d'El Amarna et dans le fragment C de Nippur— dont les contenus se chevauchent —, Adapa sert fidĂšlement Ea son dieu et en assure les divers rites, s'occupe de la table et ferme le verrou de la citĂ©. Un jour, alors qu'il va pĂȘcher du poisson sur un bateau sans rames et sans godille pour son maĂźtre, son navire part Ă  la dĂ©rive et il est dĂ©rangĂ© par Ć utu, l'oiseau Vent du Sud, qui fait vaciller son embarcation. L'oiseau prĂ©cipite le pĂȘcheur dans la mer (dans les eaux du seigneur, dans le fragment B). Dans sa colĂšre, Adapa qui, pour la premiĂšre fois de sa vie, rencontre quelques difficultĂ©s, souhaite Ă  haute voix que l'aile de la crĂ©ature se brise. AussitĂŽt que les paroles sont prononcĂ©es, le souhait se rĂ©alise[2]. Dans le dĂ©roulement de l'histoire, la version sumĂ©rienne de Tell Haddad est identique aux documents akkadiens[5].

[Au] quai pur, au Quai-du-Disque-Lunaire, il(Adapa) embarqua sur un bateau,
[mais sans] gouvernail, son bateau dériva,
[sans mĂȘme] une perche, il tenta de diriger son bateau,
[(il arriva ainsi au milieu)] de la vaste mer ...

— La lĂ©gende d'Adapa - version akkadienne - (Texte de Tell Amarna)[38]

La suite de l'histoire est connue par le fragment D (BibliothĂšque d'Assurbanipal) et par la version sumĂ©rienne de Tell Haddad. Sept jours plus tard, le dieu Anu, le pĂšre des dieux, dĂ©rangĂ© par les perturbations de l'ordre naturel provoquĂ© par l'absence du Vent du sud, apprend de son vizir que cette situation inconvenante est provoquĂ©e par Adapa et convoque le pĂȘcheur en son Ciel. Mais, avant la comparution, Ea, craignant la perte de son serviteur, donne Ă  Adapa des vĂȘtements de deuil et met des poux dans ses cheveux[Note 7]. Il lui explique ensuite la conduite qu'il devra tenir en arrivant au Ciel : il devra dire Ă  Dumuzi et Ningshzida qui se trouveront sur le chemin du ciel qu'il porte le deuil des deux dieux qui sur terre sont morts et, une fois devant Anu, il devra refuser la « nourriture de mort » et la « boisson de mort » qui lui seront offertes. Mais il pourra accepter le vĂȘtement et l'huile qui lui seront proposĂ©s[14] - [2].

Sept jours et sept nuits s’écoulĂšrent, le vent du sud [ne soufflait plus sur le pays]
Alors le grand, le divin An ...
s’adressa à son vizir Kagia :
« Allons, mon vizir, mon interlocuteur, mon Kagia, idĂ©al [d’habiletĂ© (?)],
Pourquoi, depuis sept jours et sept nuits le vent du sud ne souffle-t-il plus sur le pays ? »
Kagia répondit à An, roi des dieux :
« Monseigneur, c’est Adaba l’apkallu, le citoyen d’Eridu.
Au pur quai, au quai de [la nouvelle lune] il pilotait la barque,
sans rame [il laissait le bateau aller au fil de l’eau,]
sans godille [il remontait le courant.] » 


— La lĂ©gende d'Adaba - version sumĂ©rienne - (Textes de Tell Haddad)[41]

Dans la version sumĂ©rienne de Tell Haddad, cet Ă©pisode est lĂ©gĂšrement diffĂ©rent : Enki recommande Ă  Adaba de non seulement refuser l' « eau Ă  boire » et le « pain Ă  manger » car ils sont mortels, mais il doit aussi refuser le vĂȘtement. En outre, Enki lui recommande de laisser tomber sa chevelure et de la laisser s'infester de poux[42].

« Adaba, tu vas monter chez le PĂšre, mais n’aie pas peur (?), n’accepte pas.
Quand il t’offrira du pain à manger, n’accepte pas.
Quand il t’offrira de l’eau à boire, n’accepte pas.
Le pain et l’eau sont des prĂ©sents mortels; quand il te les offrira, n’accepte pas!
Quand il te fera porter un habit (quand il te tendra la main ??), n’accepte pas!
Quand il te fera offrir du parfum (?), mets-en sur toi!
Adapa, tu laisseras tomber ta chevelure, laisse-la s’infester de poux (?). »

— La lĂ©gende d'Adaba - version sumĂ©rienne - (Textes de Tell Haddad)[43]

La fin de l'histoire est connue par les fragments B, C et D. ArrivĂ© dans la demeure cĂ©leste du dieu Anu, Adapa s'attire, par son attitude de deuil, la sympathie des deux dieux de la fertilitĂ© Dumuzi et NinĝiĆĄzida. ArrivĂ© devant Anu il se voit offrir la « nourriture de vie » et la « boisson de vie ». Adapa refuse ce que son dieu lui a dit ĂȘtre une nourriture et une boisson de mort mais accepte le vĂȘtement et le parfum qu'Anu lui offre ensuite. AprĂšs quoi Anu lui demande d'exposer les raisons pour lesquelles il a brisĂ© l'aile du Vent du Sud. Adapa rĂ©pond simplement qu'il Ă©tait en train de pĂȘcher alors que l'oiseau a renversĂ© son bateau et que « Dans la colĂšre de mon [son] cƓur » il lui a brisĂ© les ailes. En fonction du fragment B ou D, la conclusion est diffĂ©rente : dans le fragment B, Anu fait remarquer Ă  Adapa que celui-ci a perdu la seule chance devenir immortel et le renvoie « Ă  sa glĂšbe ». Dans le fragment D, Anu semble montrer Ă  Adapa la magnificence du ciel, le libĂ©rer du service d'Éa, le mettre Ă  son service et donner au pĂȘcheur le pouvoir de guĂ©rir les maladies. Le fragment D et le texte sumĂ©rien de Tell Haddad finissent par une incantation de soin contre les maladies apportĂ©es par le Vent du Sud. Cette incantation repose sur le fait qu'Adapa, la « Graine de l'HumanitĂ© » (fragment D), a rĂ©ussi Ă  en briser l'aile[2] - [5] - [44].

Adapa a contemplé les cieux de leur base
Ă  leur sommet et il en a vu la splendeur.
[Alors], Anu plaça sur Adapa la garde ? (des fonctions ?).
Ensuite d'Ea, il établit la liberté.
Anu, pour faire resplendir à jamais sa souveraineté décréta le destin :
Il pardonna Adapa, la Graine de l'Humanité,
[qui, de ses propres] forces, avait brisé victorieusement l'aile du Sud
[et qui ensuite] était monté aux cieux : "Qu'il en soit ainsi !
[La maladie] dont le souffle frappe méchamment les gens,
la maladie qui s'installe dans le corps des gens,
[qu'avec lui], la pure Ninkarrak (les) apaise !
Que s'en aille le simmu (type de maladie), que s'en retourne la maladie !
Sans lui, que survienne la fiĂšvre,
et que le malade (?) ne puisse dormir d'un bon sommeil !

— La lĂ©gende d'Adapa - version akkadienne - (Textes de la BibliothĂšque d'Assurbanipal)[45] - [38]

Dans la version sumĂ©rienne de Tell Haddad, la « nourriture de vie » et la « boisson de vie » deviennent la « nourriture Ă  manger» et la « boisson Ă  boire ». Adaba les refuse, rejette Ă©galement le vĂȘtement, mais accepte l'huile. La rĂ©action de An est lĂ©gĂšrement diffĂ©rente : il sourit et en conclu qu'Enki lui a interdit de boire et manger afin qu'il ne lui « donne pas sa vie » (celle d'Enki). An s'adresse ensuite Ă  l'assemblĂ©e des dieux et, devant elle, demande Ă  Adapa pourquoi il a brisĂ© l'aile du Vent du Sud. Il fixe ensuite le destin du Vent du Sud, qu'Enki soignera. Le dieu An fera descendre les instructions, les RĂšgles, les lois d’An dans le pays. Le texte termine par une incantation Ă  dire Ă  un homme malade et on demande au Vent du Sud de, lorsqu'il se lĂšve, ne pas toucher le corps pour que la maladie quitte celui-ci[46].

Les origines du mythe

Il semble que le Mythe d’Adapa ait des origines bien antĂ©rieures Ă  la pĂ©riode palĂ©o-babylonienne et donc aux plus vieux manuscrits aujourd’hui Ă  disposition des chercheurs. Ceux-ci pourraient ĂȘtre Ă©crits en s’inspirant d’un modĂšle prototype plus ancien. Plusieurs indices tant Ă©tymologiques que culturels amĂšnent les chercheurs vers cette possibilitĂ©[47].

MĂȘme si les textes akkadiens ne prĂ©sentent aucun « sumĂ©rianisme », il subsiste dans les versions akkadiennes d’anciennes formulations trĂšs typiques au sumĂ©rien du IIIe millĂ©naire av. J.-C. Parmi ces indices, le chercheur KomorĂłczy GĂ©za remarque l’utilisation de la formulation « En ces jours, en ces nuits, en ces annĂ©es, lĂ  » typique des rĂ©cits sumĂ©riens et Shlomo Izre’el souligne l’usage quasi continu de constructions de phrases terminant par le verbe, ce qui est une caractĂ©ristique trĂšs prĂ©sente dans la langue sumĂ©rienne alors que l’akkadien littĂ©raire fort souple dans ce domaine permet une utilisation trĂšs variĂ©e de cet ordre grammatical[48].

Par ailleurs, les deux dieux Dumuzi et Ningishzida apparaissent dans le rĂ©cit en tant que dieux mourants de l’abondance et des dattiers, alors qu’à l’époque de l’écriture des plus anciens manuscrits connus, ces deux dieux sont depuis longtemps relayĂ©s Ă  des fonctions de gouvernance des enfers mĂ©sopotamiens. Le fait que l’histoire se dĂ©roule Ă  Eridu, ancien centre religieux des premiers Ăąges de la MĂ©sopotamie, peut Ă©galement ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un indice d’anciennetĂ© du mythe tout comme l’évocation des Anunnaki dans le fragment A du mythe[49] - [50].

L’étude climatique contemporaine des vents en Irak, permet Ă©galement de situer le Mythe d’Adapa entre les mois de dĂ©cembre et fĂ©vrier modernes, pĂ©riode de l’annĂ©e oĂč les vents sont calmes et propices Ă  la pĂȘche le matin et s’intensifient brusquement l’aprĂšs-midi rendant l’activitĂ© maritime difficile Ă  ce que les historiens connaissent comme un peuple vivant principalement de pĂȘche dans les Ă©poques avancĂ©es de l’histoire mĂ©sopotamienne[49] - [47].

Interprétations du récit

Le Mythe d'Adapa, mĂȘme s'il semble court, est fort complexe et les thĂšmes qui y sont dĂ©veloppĂ©s sont nombreux. Certains illustrent des principes fondateurs de la religion mĂ©sopotamienne : la crĂ©ation de l'homme destinĂ© Ă  soulager les dieux de leurs tĂąches, la prĂȘtrise d'Eridu, l'immortalitĂ© des dieux face Ă  la mortalitĂ© des hommes[37].

Dans un premier temps, prenant la phrase « il[Éa] lui donna la sagesse, il ne lui donna pas la vie Ă©ternelle » comme une introduction du thĂšme principal de l'histoire, les chercheurs se sont concentrĂ©s sur l'aspect relatif Ă  l'immortalitĂ© : celle-ci est un privilĂšge des dieux et n'est pas accordĂ©e aux hommes, mĂȘme si Adapa, homme mortel, a Ă©tĂ© tout prĂšs de l'acquĂ©rir. Puis, tout en Ă©cartant le thĂšme de l'immortalitĂ© comme centre du rĂ©cit, en examinant ce que signifient les prĂ©sents d'Anu et en replaçant d'autres personnages au centre du rĂ©cit, les chercheurs tendent Ă  mettre le Mythe d'Adapa dans le cadre du folklore magique des exorcistes de MĂ©sopotamie faisant d'Adapa un personnage liĂ© Ă  la magie et Ă  la prĂȘtrise d'Eridu. Le rĂ©cit se comprend plus en relation avec les invocations magiques relatives aux soins ou avec la condition de prĂȘtre dans la sociĂ©tĂ© mĂ©sopotamienne[51] - [52].

Le thĂšme de l’immortalitĂ©

Le rĂ©cit d'Adapa semble crĂ©Ă© afin de rappeler aux hommes qu'ils subissent la triste condition de mortel face aux dieux qui, eux, sont immortels. Ea est le crĂ©ateur de l'espĂšce humaine et, malgrĂ© la crise de l'aile brisĂ©e du Vent du Sud, il met tout en Ɠuvre pour empĂȘcher son serviteur de devenir immortel mĂȘme si l'opportunitĂ© se prĂ©sente Ă  lui : il interdit Ă  Adapa de prendre la nourriture et la boisson proposĂ©es par Anu[53].

De lĂ , diverses positions sont adoptĂ©es, elles illustrent tantĂŽt la duplicitĂ© ou l'intĂ©gritĂ© du dieu Ea et la fidĂ©litĂ© parfois un peu naĂŻve d'Adapa. Thorkild Jacobsen estime qu'il existe une nourriture rĂ©servĂ©e aux dieux : ils la mangent naturellement et y puisent leur immortalitĂ©. Ea, plutĂŽt dĂ©sireux de garder Adapa Ă  son service, ne souhaite pas le voir accĂ©der Ă  la condition d'immortel ; il l'empĂȘche donc de manger la nourriture de vie et la boisson de vie et lui ment ainsi en prĂ©tendant qu'elle est nocive[54] - [55]. De leur cĂŽtĂ©, Samuel Noah Kramer et John Maier proposent que si Adapa obtient l'immortalitĂ© en absorbant la nourriture offerte par Anu, il l'aurait non seulement fait pour lui-mĂȘme mais pour toute l'humanitĂ©, ce qui entre en totale contradiction avec l'ordre du monde prĂ©sentĂ© dans le prologue du fragment A[56].

Mais pour Georges Roux, pourquoi Adapa devait-il encore refuser la nourriture et la boisson malgrĂ© le pardon d'Anu ? Il donne Ă  cette question deux rĂ©ponses possibles. PremiĂšrement, Ea ment car il ne veut pas qu'Adapa ingĂšre la nourriture et la boisson des dieux et devienne immortel. Adapa la refuse, vexe Anu qui le renvoie Ă  sa glĂšbe et tout s'arrĂȘte lĂ  (fragment B). Mais, Adapa prĂ©pare quotidiennement la nourriture des dieux et il sait par consĂ©quent fort bien de quoi celle-ci est faite. L'injonction d'Ea n'est donc qu'une recommandation qui va de soi et Ă  laquelle Adapa obĂ©it aveuglĂ©ment en refusant toute boisson ou nourriture. C'est ce refus qui, dans le fragment D, le conduit Ă  contempler les cieux, Ă  en percevoir les secrets. Dans cette deuxiĂšme hypothĂšse, Ea donne Ă  Adapa les instructions nĂ©cessaires afin de lui permettre de revenir sur terre Ă©quipĂ© de nouveaux pouvoirs divins et de continuer Ă  le servir parmi les vivants[57].

Le passage du profane au sacré

Mario Liverani remarque que la plupart des chercheurs privilĂ©gient l'Ă©tude du rĂ©cit Ă  travers le refus de la nourriture et de la boisson de vie en abandonnant l'acceptation du vĂȘtement et du parfum dans les Ă©lĂ©ments nĂ©gligeables. De plus, il constate que les analyses faites jusqu'alors reposent souvent sur une psychologie ou une chronologie qui n'a peut-ĂȘtre pas encore de sens au moment oĂč le rĂ©cit est Ă©crit. L'assyriologue s'attache Ă  analyser le rĂ©cit — et, plus particuliĂšrement, la fin du fragment D — de maniĂšre plus « algĂ©brique », donnant Ă  chaque Ă©lĂ©ment une valeur nĂ©gative ou positive, intĂ©rieure ou extĂ©rieure fonctionnant ensemble comme dans une opĂ©ration algĂ©brique[58].

En ce qui concerne les prĂ©sents d'Anu, il considĂšre le couple « Nourriture + Boisson » comme ayant un aspect « intĂ©rieur » et le couple « VĂȘtement + Huile » comme Ă©tant d'aspect « extĂ©rieur »[Note 8]. Le chercheur constate ensuite que, dans la plupart des cultures du Proche Orient ancien, ces deux couples sont prĂ©sents dans des rĂ©cits qui ont pour cadre ou sujet les lois Ă©lĂ©mentaires de l’hospitalitĂ©. Lorsqu'un Ă©tranger est reçu amicalement, il est dans les obligations de l'hĂŽte de lui offrir des prĂ©sents — souvent un vĂȘtement et/ou de l'huile — et, s'il est admis dans l'intimitĂ© du groupe, il se voit offrir un repas[59].

Le couple « VĂȘtement + Huile » est assimilable au changement de statut (aspect « extĂ©rieur »). Il marque gĂ©nĂ©ralement l'admission dans une maison et mĂȘme parfois l'investiture royale. En son absence (saletĂ©, deuil), il marque le retrait de la sociĂ©tĂ© civilisĂ©e et plus grave encore la nuditĂ© en marque l'exclusion. En revanche, le couple « intĂ©rieur » « Nourriture + Boisson », reprĂ©sente une acceptation plus intime. La nourriture et la boisson ont une incidence directe sur le problĂšme de la vie, de la subsistance. Seuls les membres permanents ou temporaires d'une famille ont le droit de recevoir des vivres, Ă  la fois dans la famille nuclĂ©aire et dans la grande organisation d'un temple ou d'un palais. La vie de celui qui mange Ă  la table d'un groupe — ou d'un dieu — jouit d'une protection totale de la part de celui-ci[59].

À son arrivĂ©e au Ciel, dans le royaume d'Anu, Adapa a passĂ© l'Ă©preuve des deux dieux Dumuzi et Ningishzida. Ces derniers, au moment oĂč Adapa apparaĂźt devant Anu, semblent avoir dĂ©jĂ  parlĂ© au dieu du ciel en la faveur du pĂȘcheur. PardonnĂ©, Adapa n'est donc plus un inculpĂ© et ne porte plus le deuil dans lequel son maĂźtre Ea l'a mis avant de monter au Ciel. Adapa change de statut et devient un invitĂ© du Ciel. Anu, ainsi soumis au devoir d'hospitalitĂ©, lui offre les prĂ©sents « extĂ©rieurs » et, par cet acte, l'accepte dans le monde des dieux. Cependant, une pulsion de jalousie envers Ea semble pousser Anu Ă  offrir une sagesse qu'Ea ne peut offrir Ă  Adapa en lui proposant le couple de prĂ©sents « intĂ©rieurs ». En fait, dans le rĂ©cit, le couple « Nourriture + Boisson » n'est pas intrinsĂšquement porteur d'immortalitĂ© : si Adapa avait acceptĂ© les prĂ©sents intĂ©rieurs, Anu n'aurait pas pu accepter que le pĂȘcheur — un invitĂ© Ă  sa table — puisse mourir un jour et le dieu du Ciel aurait dĂ» lui donner l'immortalitĂ©. Mais le pĂȘcheur refuse nourriture et boisson et, par lĂ , ne place pas sa vie sous la protection d'Anu. Par contre, il accepte les prĂ©sents extĂ©rieurs « VĂȘtement + Huile ». L'usage du vĂȘtement et du parfum fait passer Adapa de l'Ă©tat de deuil dans lequel Ea l'avait mis vers l'Ă©tat d'homme du Ciel et ami d'Anu. Ce qui lui permet de visiter et d'admirer les cieux comme aucun mortel ne l'a jamais fait et d'endosser sa pleine intĂ©gration sociale dans le royaume des dieux avant de redescendre parmi les vivants[60].

Ainsi, le mythe apporte un fondement Ă  la condition spĂ©cifique de la prĂȘtrise et non pas exclusivement Ă  la mortalitĂ© gĂ©nĂ©rique de l'humanitĂ©. Adapa est et reste mortel, mais il devient un invitĂ© « extĂ©rieur » des dieux. Les prĂȘtres, bien qu'ils ne soient pas immortels, sont les seuls Ă  pouvoir entrer dans les parties sacrĂ©es du temple oĂč les dieux vivent rĂ©ellement sous forme de statue ou d'effigie. Les prĂȘtres seuls peuvent entrer dans le royaume des dieux pour les servir et les nourrir en s'y sentant comme « Ă  la maison »[61].

Cependant, Liverani admet une limite Ă  son analyse : la description d'Adapa dans le fragment A prĂ©sente le personnage comme Ă©tant dĂ©jĂ  un prĂȘtre s'occupant des tĂąches rituelles. Pour expliquer cette anomalie, il argumente que le rĂ©cit ne suit peut-ĂȘtre pas l'ordre chronologique tel qu'il est utilisĂ© dans les rĂ©cits d'aujourd'hui et que ce passage exprime, en fait, ce qu'Adapa pourrait ĂȘtre s'il Ă©tait acceptĂ© dans le domaine des dieux[62]. Mais Philippe Talon propose anticipativement une autre rĂ©ponse Ă  cette derniĂšre limite : par une minutieuse analyse grammaticale des temps utilisĂ©s dans le texte original du fragment A, il observe que les lignes qui dĂ©crivent ce qui Ă©tait compris jusqu'alors comme les fonctions remplies par Adapa sont en rĂ©alitĂ© des fonctions allouĂ©es au dieu Ea « le savant, le plus intelligent des Anunnaki » alors que celui-ci et ses homologues divins devaient pourvoir « En ce temps-lĂ  » Ă  leurs propres besoins[Note 9] - [15].

En ce temps-là, dans ces années-là, le Sage, Fils d'Eridu, [= Adapa]
Ea l'avait créé comme successeur parmi l'humanité.
Apkallu, personne ne peut annuler sa parole,
le savant, le plus intelligent des Anunnaki, c'est lui.
Le saint, celui qui a les mains pures, l'oint qui se soucie sans cesse des rites,
avec les cuisiniers, il faisait la cuisine,
avec les cuisiniers d'Eridu, il faisait la cuisine.
Chaque jour, il pourvoyait Ă  la nourriture et Ă  la boisson d'Eridu.
[De] ses mains pures, il dressait la table,
sans lui, la table n'Ă©tait pas desservie.
Il manƓuvrait le bateau, il allait Ă  la pĂȘche pour Eridu ...

— La lĂ©gende d'Adapa - version akkadienne (fragment 2) - (Texte de Tell Amarna)[38]

Ce n'est qu'aprĂšs la description des tĂąches d'Ea et juste avant que commence l'histoire, quand Adapa prend le bateau, que la seule tĂąche de ce dernier est exposĂ©e : vĂ©rifier « chaque jour le verrou d'Eridu ». Adapa, n'est alors qu'un portier et non pas un pĂȘcheur capable de gouverner le bateau d'Ea[64].

À ce moment-là, Adapa, fils d'Eridu,
lorsque le prince(?) Ea s'Ă©tendait sur sa couche,
vérifiait chaque jour le verrou d'Eridu.

— La lĂ©gende d'Adapa - version akkadienne (fragment 2) - (Texte de Tell Amarna)[15]

À la fin du fragment D Anu confie au mortel Adapa les fonctions qu'Ea remplissait auprĂšs des dieux « [Alors], Anu plaça sur Adapa la garde [...] (?) (des fonctions ?) » et que « d'Ea, il Ă©tablit la libertĂ© » le relevant ainsi de devoir rendre les services pour ses pairs, les dieux, dĂ©crits dans le prĂ©lude[64].

Il n’est pas impossible que le rĂ©cit ait Ă©tĂ© utilisĂ© comme une incantation ou comme un rite de passage, mais son caractĂšre littĂ©raire semble trop fort pour un tel usage. Antoine Cavigneaux et Piotr Michalowski — qui voient eux aussi dans ce rĂ©cit un symbole de passage du profane au sacrĂ© — le comprennent plutĂŽt comme une sorte d'incantation transformĂ©e en un rĂ©cit identitaire. Il s'agirait d'un mythe fondateur, rĂ©citĂ© et transmis dans les Ă©coles d'exorcistes afin que leurs membres prennent conscience de l'origine, du sens et de l’importance de leur statut de prĂȘtre et de leurs rites. Avoir Adapa pour ancĂȘtre ou saint patron — qui, avant son aventure, disposait dĂ©jĂ  du verbe magique, qui est montĂ© au ciel pour en contempler la splendeur et en est revenu sain et sauf — devait pour un prĂȘtre ĂȘtre une source de fiertĂ©. Il semble Ă©galement possible que ce rĂ©cit puisse servir Ă  dĂ©montrer au monde profane que les prĂȘtres mĂȘme s'ils sont sujets aux problĂšmes du corps et Ă  la mortalitĂ© possĂšdent le pouvoir de cĂŽtoyer les dieux et de leur transmettre les priĂšres. Les Ă©coles plus Ă©litistes avaient pour cette aventure une version sumĂ©rienne comme celles de Nippur ou de Me-Turan, mais la plupart devaient se contenter de versions akkadiennes[52] - [65].

Une incantation littéraire

Photographie couleur d'une plaque de métal avec trois rangées de personnages en reliefs.
PosĂ©e au chevet du malade, cette petite plaque protĂšge ce dernier contre la dĂ©mone des maladies Lamashtu (visible sur la face avant de la plaque). Au troisiĂšme registre, deux prĂȘtres exorcistes habillĂ©s en poisson conduisent le rituel de guĂ©rison. PĂ©riode nĂ©o-assyrienne[66]. MusĂ©e du Louvre, Paris.

Pour l'assyriologue Sara J. Milstein, l'incantation Ă  la fin de la version sumĂ©rienne et celle dans le fragment D suggĂšrent l'utilisation du rĂ©cit dans des rituels magiques relatifs Ă  la maladie. Tant dans la version de Tell Haddad oĂč l'accent est plus portĂ© sur l'oiseau Vent du Sud porteur de maladies que dans les versions akkadiennes oĂč le rĂ©cit est plus centrĂ© sur Adapa victime du dieu Éa, tout semble ĂȘtre imaginĂ© en parallĂšle avec le processus habituel de soins dĂ©livrĂ©s par un exorciste. Ce rĂ©cit pourrait donc avoir Ă©tĂ© lu au cours de rituels incantatoires ou exorcismes en relation avec la guĂ©rison des maladies[67].

Pour les MĂ©sopotamiens, une maladie est provoquĂ©e par l'attaque d'un dieu en colĂšre ou par l'abandon de la victime par son dieu personnel. La victime se trouve alors dans un Ă©tat situĂ© entre la vie et la mort. La premiĂšre tĂąche de l'exorciste est alors d'Ă©valuer quel est le dieu ou le dĂ©mon responsable de l'Ă©tat incertain du patient. Et ce n'est qu'aprĂšs l'identification de ceux-ci, que l’exorciste peut les rĂ©concilier avec le malade qui trouve ensuite la guĂ©rison[68].

Au moment oĂč Adapa est prĂ©cipitĂ© dans l'eau — submergĂ© dans la « maison du seigneur » — il est placĂ© dans le monde de l'ApsĂ», le monde d'Éa, un monde qui pourrait ĂȘtre interprĂ©tĂ© comme l'intermĂ©diaire entre les Enfers[Note 10] et la terre des vivants. Dans le rĂ©cit, aprĂšs le passage du Vent du Sud, Adapa, dont on ne prĂ©cise dans aucun fragment s'il est vivant ou noyĂ©, pourrait se trouver dans une sorte de limbe entre la vie et la mort[69].

Quant Ă  l'oiseau Vent du Sud, responsable du sort d'Adapa, il s'avĂšre ĂȘtre un agent du dieu Ea[Note 11] : dans le fragment D, Adapa explique Ă  Anu que c'est son maĂźtre qui a coupĂ© la mer en deux. Ce qui permet Ă  Anu d'identifier Ea comme Ă©tant l'origine de l'agression du Vent du Sud [Note 12]. Ainsi s’accomplit la premiĂšre Ă©tape du processus de guĂ©rison devant ĂȘtre effectuĂ© par un exorciste : l'identification du dieu responsable de la maladie. Sara J. Milstein reconnaĂźt que la version sumĂ©rienne de Tell Haddad n'est pas aussi explicite Ă  ce propos, mais ajoute que l'incantation de fin prĂ©sente l'oiseau Vent du Sud comme un dĂ©mon de la maladie et que, tant dans le fragment D que dans la version sumĂ©rienne, la levĂ©e du Vent du Sud est nĂ©cessaire Ă  l'Ă©cartement de la maladie[31].

AprĂšs l'examen et l'identification du dieu responsable du mal, l'exorciste Ă©tablit un pronostic positif, « il vivra / rĂ©cupĂ©rera » ou nĂ©gatif « il mourra ». En cas de pronostic positif le traitement peut commencer : il peut alors ĂȘtre demandĂ© au patient d'ingĂ©rer ou de toucher divers solides (aliments, pain, herbes, plantes, pierres
) ou liquides comme de l’eau, de la biĂšre, du sang, de l'urine. Des bandes de tissu et de l'huile sont Ă©galement utilisĂ©s pour le traitement. Ce traitement offre Ă©galement une protection contre les attaques futures et est accompagnĂ© d'une incantation rĂ©citĂ©e par l’exorciste. Le processus de guĂ©rison est appelĂ© « buláč­u », du verbe « balāáč­u » signifiant « vivre »[68].

Ici aussi, le lien entre le rĂ©cit et le processus de soin peut ĂȘtre fait : pour Sara J. Milstein, la nourriture et la boisson qu'Anu offre donc Ă  Adapa n'est pas une offre d'immortalitĂ©[Note 13] mais une mĂ©dication. Celle-ci est composĂ©e, comme chez les exorcistes, de pain et d'eau afin de rester en vie. Ensuite, dans le fragment B, face au refus d'Adapa, Anu comprend qu'Ea a empĂȘchĂ© la guĂ©rison de son disciple et rĂ©pond Ă  Adapa « tu ne vivras pas ». Dans les autres versions, il semble donc que le vĂȘtement et l'huile reprĂ©sentent une autre tentative d'Anu afin de dĂ©livrer des soins Ă  Adapa. Dans le fragment D, qui prĂ©sente une fin plus heureuse que celle de la version sumĂ©rienne et de celle du fragment B, il semble qu'Anu ait rĂ©ussi Ă  soigner Adapa, le libĂšre et le protĂšge de son ancien maĂźtre Ea[51].

Notes et références

Notes

  1. Notamment avancĂ© dans (en) S. H. Hooke, Babylonian and Assyrian Religion, Norman, University of Oklahoma Press, . Shlomo Izre'el souligne qu'en comparaison d'un rĂ©cit comme celui de l'ÉpopĂ©e de Gilgamesh fortement diffusĂ©e en dehors de la MĂ©sopotamie, la dĂ©couverte du texte de la LĂ©gende d'Adapa est plutĂŽt un Ă©vĂ©nement exceptionnel.
  2. Et ce qu'il reste de la version de Me-Turan n'y fait pas allusion.
  3. Par son plongeon dans l'eau, le domaine d’Enki, Adapa acquiert une sorte de pouvoir. Pour Antoine Cavigneau, de cet Ă©vĂ©nement vient peut-ĂȘtre l'assimilation d'Adapa avec OannĂšs[21].
  4. Le concept de « Me » est proprement sumĂ©rien. Les « Me » sont un ensemble de capacitĂ©s, forces ou puissances qui caractĂ©risent les dieux. Ils n’ont ni formes, ni contours et s’intĂšgrent Ă  la rĂ©alitĂ© par des objets, des lois ou mĂȘme des rituels. CensĂ©s prĂ©sider Ă  la destinĂ©e des humains, ces « Me » constituent les grandes forces qui rĂ©gissent le cosmos et qui sont dĂ©tenues par les dieux[24]
  5. Dans le prologue contenu dans le fragment A de la version sumĂ©rienne de Tell Haddad qui rappelle le rĂ©cit contĂ© par Uta-Napishtim dans l’ÉpopĂ©e de Gilgamesh et le mythe de l'Atrahasis.
  6. Dans la mĂȘme argumentation, Wayne Horowitz fait remarquer que, dans le Mythe d'Etana, l'entrĂ©e du ciel n'est gardĂ©e par aucun dieu[29].
  7. En MĂ©sopotamie, la marque de deuil la plus courante consiste Ă  dĂ©chirer son habit et Ă  se couvrir la tĂȘte de poussiĂšre. Durant les cĂ©rĂ©monies de deuil, les membres de la famille d'un mort ne se lavent plus ni ne portent de vĂȘtements d'apparat[39] - [40].
  8. Dans ce cas présent, il s'agit d'huile parfumée d'onction avec laquelle on fait sa toilette.
  9. Les Anunnaki sont prĂ©sents dans le mythe de l’Atrahasis. Ce sont les premiers dieux, maĂźtres du ciel et maĂźtre de leurs dieux esclaves les Igigi[63].
  10. De nombreuses allusions au Monde des Morts sont faites dans le rĂ©cit : Adapa est le plus intelligent des Annunakis (les gardiens de la loi des Enfers), aprĂšs qu’Adapa a rejetĂ© la nourriture et l’eau, Anu le renvoie au qaqqarÄ«sh (autre appellation pour la terre des morts). D'autre part, les instructions donnĂ©es par Ea Ă  Adapa pour Ă©viter les offres d’Anu rappellent les rĂ©cits mĂ©sopotamiens de voyages dans le monde souterrain, au cours desquels le hĂ©ros ne devrait pas prendre ou toucher d'objets de peur de rester parmi les morts.
  11. Plusieurs documents extĂ©rieurs au rĂ©cit dĂ©crivent l'oiseau Vent du Sud comme l'agent, l'objet ou l'envoyĂ© du dieu Ea. Pour la chercheuse et Ă©galement pour d'autres comme Shlomo IzreÊŸel[70], il semble qu'Ea a bel et bien envoyĂ© l'oiseau Vent du Sud vers Adapa.
  12. Dans l'explication donnĂ©e par Adapa Ă  Anu, « Je pĂȘchais du poisson au milieu de la mer pour la maison de mon seigneur. Il a coupĂ© la mer en deux et le Vent du Sud a soufflĂ© », Sara J. Milstein attribue le « il » au dieu Éa et souligne Ă©galement qu'Anu rĂ©pond « Pourquoi Ea montrerait-il Ă  l'humanitĂ© ce qui est mauvais au ciel et sur la terre 
 c'est lui qui a fait cela. Et nous, que pouvons-nous faire pour lui ? ».
  13. Pour Shlomo IzreÊŸel, le terme balāáč­u (« vivre ») ne comporte aucune signification associĂ©e Ă  l'immortalitĂ©: « ĂȘtre en bonne santĂ© », « obtenir de la nourriture pour rester en vie », « rester en vie » et « vivre longtemps »[71]. La seule allusion Ă  cette immortalitĂ© rĂ©side dans la phrase « À lui [Ea] donna la sagesse ; il ne lui a pas donnĂ© la vie Ă©ternelle »[51].

Références

  1. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 5.
  2. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 6.
  3. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 7.
  4. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 51 - 54.
  5. Antoine Cavigneaux 2014, p. 38.
  6. Philippe Talon 1990, p. 44.
  7. Francis JoannÚs, « Adapa », dans JoannÚs (dir.) 2001, p. 6.
  8. Antoine Cavigneaux 2014, p. 1 et 2.
  9. Antoine Cavigneaux 2014, p. 36.
  10. Antoine Cavigneaux 2014, p. 134.
  11. (en) Jeremiah Peterson, « A Middle Babylonian Sumerian Fragment of the Adapa Myth from Nippur and an Overview of the Middle Babylonian Sumerian Literary Corpus at Nippur », dans The First Ninety Years A Sumerian Celebration in Honor of Miguel Civil, Berlin, Boston, De Gruyter, (ISBN 978-1-5015-0369-6).
  12. Antoine Cavigneaux 2014, p. 37.
  13. Sara J. Milstein 2015, p. 40.
  14. Mario Liverani 2004, p. 4.
  15. Philippe Talon 1990, p. 45.
  16. Piotr Michalowski 1980, p. 78 - 79.
  17. Sara J. Milstein 2015, p. 194.
  18. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 1.
  19. Francis JoannÚs, « Adapa », dans JoannÚs (dir.) 2001, p. 246.
  20. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 2.
  21. Antoine Cavigneaux 2014, p. 40.
  22. Philippe Talon 1990, p. 43.
  23. JoannÚs 2001, Article « Ea » - Francis JoannÚs, p. 253.
  24. Bertand Lafont, « Me », dans JoannÚs (dir.) 2001, p. 514.
  25. JoannÚs 2001, Article « Atra-Hashis » - Brigitte Lion, p. 108.
  26. Véronique Van der Stede, Mourir au pays des deux fleuves : L'au-delà mésopotamien d'aprÚs les sources sumériennes et akkadiennes, Louvain, Peeters, coll. « Lettres Orientales » (no 12), , 172 p. (ISBN 978-90-429-1947-1, lire en ligne), p. 67 - 69.
  27. (en) Thorkild Jacobsen, Toward the Image of Tammuz and Other Essays on Mesopotamian History and Culture, William L. Morgan, , 520 p. (ISBN 1-55635-952-7, JSTOR 1062051, lire en ligne), p. 74
  28. (en) Frans Wiggermann, « Nin-giszida », dans Reallexikon der Assyriologie und Vorderasiatischen ArchÀologie, vol. IX, Berlin - New-York, Walter de Gruyter, (ISBN 3-11-013932-4), p. 370
  29. (en) Wayne Horowitz, Mesopotamian Cosmic Geography, Eisenbrauns, , 426 p. (ISBN 978-0-931464-99-7, lire en ligne), p. 65.
  30. Georges Roux 1961, p. 13-33.
  31. Sara J. Milstein 2015, p. 204.
  32. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 145.
  33. Francis JoannÚs, « Anu », dans JoannÚs (dir.) 2001, p. 57.
  34. Jeremiah Peterson 2017, p. 256.
  35. Jean Bottéro et Samuel Noah Kramer, Lorsque les dieux faisaient l'homme : Mythologie mésopotamienne, Paris, Gallimard, coll. « BibliothÚque des Histoires », , 768 p. (ISBN 978-2-07-071382-0), p. 93.
  36. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 107.
  37. Philippe Talon 1990, p. 53.
  38. Philippe Talon 1990, p. 49.
  39. F. JoannÚs, « Sépultures et rites funéraires », dans JoannÚs (dir.) 2001, p. 769-770.
  40. (en) Jo Ann Scurlock, « Death and the Afterlife in Ancient Mesopotamian Thought », dans Jack M. Sasson, Civilizations of the ancient Near East, vol. 3, New York, Hendrickson publishers, , p. 1885.
  41. Antoine Cavigneaux 2014, p. 26.
  42. (en) Sara J. Milstein, Tracking the Master Scribe : Revision Through Introduction in Biblical and Mesopotamian Literature, Oxford University Press, , 244 p. (ISBN 978-0-19-020539-3, lire en ligne), p. 100
  43. Antoine Cavigneaux 2014, p. 27.
  44. Sara J. Milstein 2015, p. 201.
  45. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 39.
  46. Sara J. Milstein 2016, p. 100.
  47. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 68.
  48. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 70-71.
  49. Georges Roux 1961, p. 20.
  50. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 69.
  51. Sara J. Milstein 2015, p. 207.
  52. Antoine Cavigneaux 2014, p. 39.
  53. VĂ©ronique Van der Stede 2007, p. 8.
  54. (en) Frank Polak (dir.), « Some Aspects of Literary Design in the Ancient Near Eastern Epic. », Journal of the Institute of Archaeology of Tel Aviv University, Tel Aviv, vol. 1,‎ , p. 138.
  55. (en) Thorkild Jacobsen, « The Investiture and Anointing of Adapa in Heaven. », The American Journal of Semitic Languages and Literatures, vol. 46, no 3,‎ , p. 202.
  56. (en) Samuel Noah Kramer et John Maier, Myths of Enki, the Crafty God., New York, Oxford University Press, , p. 115.
  57. Georges Roux 1961, p. 31-33.
  58. Mario Liverani 2004, p. 5-13.
  59. Mario Liverani 2004, p. 14-17.
  60. Mario Liverani 2004, p. 16.
  61. Mario Liverani 2004, p. 18.
  62. Mario Liverani 2004, p. 18-19.
  63. Jean Bottéro, La plus vieille religion : En Mésopotamie, Paris, Gallimard, , 443 p. (ISBN 978-2-07-032863-5), p. 121
  64. Philippe Talon 1990, p. 45-46.
  65. Piotr Michalowski 1980, p. 78-82.
  66. « Plaque de conjuration contre la démone Lamashtu dite « Plaque des Enfers » », sur Musée du Louvre (consulté le ).
  67. Sara J. Milstein 2015, p. 209 210.
  68. Sara J. Milstein 2015, p. 202.
  69. Sara J. Milstein 2015, p. 205 206.
  70. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 26.
  71. Shlomo IzreÊŸel 2001, p. 31.

Annexes

Bibliographie

  • Antoine Cavigneaux, « Une version sumĂ©rienne de la lĂ©gende d’Adapa (Textes de Tell Haddad X) », Zeitschrift fĂŒr Assyriologie und Vorderasiatische ArchĂ€ologie, vol. 104, no 1,‎ , p. 1-41 ;
  • (en) Shlomo IzreÊŸel, Adapa and the South Wind : Language Has the Power of Life and Death, Winona Lake, Eisenbrauns, coll. « Mesopotamian Civilizations » (no 10), (lire en ligne) ;
  • Francis JoannĂšs (dir.), Dictionnaire de la civilisation mĂ©sopotamienne, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 974 p. (ISBN 2-221-09207-4) ;
  • (en) Mario Liverani, « Adapa, guest of the gods », dans Myth and Politics in Ancient Near Eastern Historiography, London, Colombia University, (ISBN 9781904768043), p. 3-23 ;
  • (en) Piotr Michalowsky, « Adapa and the Ritual Process », Rocznik Orientalityczny, Varsovie, Faculty of Oriental Studies University of Warsaw, vol. XLI, no 2,‎ , p. 78-82 ;
  • (en) Sara J. Milstein, « The “Magic” of Adapa », dans Texts and Contexts : Textual Transmission in the Cuneiform World, Boston, De Gruyter, , 20 p. (ISBN 978-1-61451-537-1) ;
  • (en) Sara J. Milstein, « The Origins of Adapa », Zeitschrift fĂŒr Assyriologie und vorderasiatische ArchĂ€ologie, vol. 105, no 1,‎ ;
  • Georges Roux, « Adapa, le vent et l'eau », Revue d'assyriologie et d'archĂ©ologie orientale, vol. 55, no 1,‎ , p. 13–33 (ISSN 0373-6032, JSTOR 23283299, lire en ligne) ;
  • Philippe Talon, « Le Mythe d'Adapa », Studi epigrafici e linguistici sul Vicino Oriente antico, vol. 7,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens internes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.