Mutual Building
Mutual Building (Mutual Gebou en afrikaans) est un bâtiment à usage d'habitation situé au centre-ville du Cap en Afrique du Sud. Édifié au 14 Darling Street en 1939 pour être le siège social de la société d'assurance Old Mutual, le bâtiment art déco a été inauguré en 1940. À la suite du déménagement du siège social de Old Mutual dans le quartier de pinelands (nord-est du Cap) à la fin des années 1950, le bâtiment a été reconverti en immeuble d'habitations privées de haute gamme.
Mutual Gebou
Architecte |
Fred Glennie (Louw & Louw) |
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Construction | |
RĂ©novation | |
Statut |
Achevé |
Usage |
Compagnie d'assurance (1939-1959) Logements |
Style | |
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Hauteur |
Flèche : 96,8 m Toit : 85 m |
Étages |
12 |
Sous-sols |
3 |
Nombre dĘĽascenseurs |
7 |
Propriétaire |
Mutual Heights Body Corporate |
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Site web |
Pays | |
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Ville | |
Quartier |
Cape Town Central |
Coordonnées |
33° 55′ 27″ S, 18° 25′ 20″ E |
Ce bâtiment de 85 m de hauteur présente notamment l'une des plus longues frises en pierre sculptée au monde.
Historique
L'histoire de la société Old Mutual remonte à 1845 dans la colonie du Cap quand John Fairbain fonde The Mutual Life Assurance Society of the Cape of Good Hope qui devient en 1885 la South Africa Mutual Life Assurance Society familièrement connu sous le nom de Old Mutual. Dès 1901, la compagnie emploie des femmes puis ouvre des succursales dans le Sud-Ouest africain (1920) et en Rhodésie (1927)[1]. La compagnie deviendra au cours du XXe siècle une société internationale d'assurance et de services financiers, présente dans le monde entier.
Historique du bâtiment
Dans les années 1930, la compagnie d'assurance a néanmoins besoin d'un nouveau siège social qui soit suffisamment prestigieux pour refléter sa prospérité et ses ambitions : ce bâtiment se devait d'être le plus grand d'Afrique du Sud mais si possible de toute l'Afrique (à l'exception des pyramides d'Égypte), avoir les ascenseurs les plus rapides et les plus grandes fenêtres. Il se devait aussi d'incarner les valeurs de l'entreprise soit « la force, la sécurité et la confiance dans l'avenir »[2].
Inauguration, utilisation et reconversion
La construction du bâtiment est achevé en 1939. Son inauguration a lieu en grande pompe au début de l'année 1940. Le journal local, le Cape Times, fournit pour l'occasion à ses lecteurs un supplément de 16 pages[3].
Le bâtiment est globalement considéré de nos jours comme étant à la fois caractéristique des valeurs sociales sud-africaines de l'époque et de la situation économique prospère du pays[4], du moins d'un point de vue européen voire colonial[2].
À la fin des années 1950, Old Building quitte progressivement le bâtiment pour installer son siège social dans un quartier situé au nord-est du centre-ville. Le déménagement ne sera cependant complet qu'en 2003 avec le départ de ses derniers locataires affiliés[5]. Le bâtiment est alors entièrement rénové pour devenir pleinement un immeuble résidentiel[6]. L'immeuble est alors rebaptisé Mutual Heights sans que ce nom n'arrive à s'imposer pour désigner le bâtiment. Cette rénovation immobilière s'inscrit alors dans un plan plus global visant à revigorer le quartier d'affaires du centre-ville du Cap, progressivement abandonné par les sociétés et compagnies privées parties s'installer dans des quartiers périphériques sécurisés.
Architecture et structure
Avant la conception de l'édifice, les architectes et ingénieurs étudièrent les nombreuses constructions alors en vogue, notamment ceux de grande hauteur pour les questions de luminosité, de ventilation ou des risques d'incendies. Leurs regards se tournaient autant vers les États-Unis que vers l'Amérique du Sud, l'Angleterre et la Suède[5]. Aux États-Unis, l'Eastern Columbia Building, construit en 1930 à Los Angeles, est l'un des édifices qui attira plus particulièrement leur attention[2].
La conception du bâtiment est due au cabinet d'architectes Louw & Louw en collaboration avec Fred Glennie[7] et avec Ivan Mitford-Barberton[8] pour les détails et les ornements.
Le style choisi pour le bâtiment fut celui de l'Art déco mais il fut ensuite complété par des éléments de style néo-classique (notamment le hall) pour marquer les valeurs traditionnelles anciennes de l'entreprise.
Structurellement, l'immeuble est construit en béton renforcé, rempli de briques et de plâtre, et revêtu à l'extérieur par une couche de granit.
Haut officiellement de 85 m du rez-de-chaussée au sommet de la tour[5], il est souvent répertorié comme un immeuble de plus de 90 m et atteint 96,8 m[1] en tenant compte de la flèche au sommet.
Avec une telle hauteur, le bâtiment ne possède seulement, dans sa partie centrale, que 10 étages au-dessus du niveau du sol (sans compter ses trois niveaux de parking au sous-sol et les niveaux supplémentaires dans la tour). Cela est dû au fait que à l'espacement important entre les étages (avec des hauteurs de plafond à chaque étage d'environ 5 m). Dans une des salles de réunion du huitième niveau (la salle de l'Assemblée) les rideaux mesurent notamment plus de six mètres de hauteur. En fait, en raison de la réglementation locale de l'époque, les permis de construire délivrés par la municipalité du Cap interdisaient les immeubles de plus de 10 étages sans préciser néanmoins d'interdiction pour la hauteur des bâtiments[2].
Les parties communes du bâtiment ont été globalement préservées depuis son édification et lors de la rénovation de 2005. Ainsi l'entrée, le banking hall, la salle de l'assemblée, la chambre des directeurs, l'atrium et les fenêtres ont été conservées à l'identique tout comme de nombreuses poignées de portes, les rampes d'escaliers, les luminaires et le parquet en bois massif. L'atrium est cependant désormais protégé des intempéries par un toit translucide.
Éléments de design intérieur
Colonne de marbre dans le banking hall Marbre du hall d'entrée Plafond en feuilles dorées du hall d'entrée Détail d'une rampe d'escalier Seuil de niveau avec son numéro d'étage Détail de planchers Luminaire d'origine Portes coupe-feu d'origine avec poignées distinctes Hublots du 9e étage Poignée de porte (origine) Luminaires dans la salle de l'assemblée Détail dans la salle de l'assemblée
Hall d'entrée
Sous un plafond de 15 m de hauteur recouvert de feuilles d'or, l'entrée principale de l'immeuble est décorée de marbre noir et or. L'escalier de 17 marches amène à l'ancienne salle de Banque.
La salle bancaire
Parée de hautes colonnades en marbre, la salle bancaire de style néo-classique, qui est toujours la propriété de Old Mutual, est ornée de luminaires au thème Art déco. La salle présente deux comptoirs de service dont seulement un est d'origine.
Entre les colonnes figurent les armoiries des grandes villes, provinces et pays d'Afrique australe et orientale dans lesquels la South African Mutual Life Assurance Society est alors présente lors de l'édification du bâtiment.
Les ascenseurs
Lors de l'inauguration de l'immeuble, ces ascenseurs Ă©taient les plus rapides d'Afrique. Ils sont au nombre de sept dont quatre sont des ascenseurs principaux.
Garni de marbre noir, chaque ascenseur dispose de portes décorées distinctement par une représentation iconique animale et végétale (attribuées à Ivan Mitford-Barberton) voire par une représentation du logo de l'entreprise.
Springbok (Antidorcas marsupialis) avec une protéa royale (Protea cynaroides), les deux emblèmes nationaux animal et végétal de l'Afrique du Sud Koudou (Tragelaphus) et veltheimia (Veltheimia bracteata) Zèbre (Equus quagga) et figue de barbarie (Opuntia ficus-indica) Autruche (Struthio camelus australus) figue de barbarie et Agave americana Grue royale (Balearica regulorm) et roseau commun (Phragmites australis) Messager sagittaire (Sagittarius serpentarius) et un arbre Léopard d'Afrique (Panthera pardus pardus), Portulacaria afra et Brunsvigia josephinae Lion, Leonotis leonuris, Freesia laxa et arbre corail (Erythrina lysistemon) Le logo de l'entreprise, Strelitzia reginae, Disa uniflora et Protea
La salle de l'Assemblée
La salle de l'Assemblée, parfois appelée la « chambre des fresques », est la salle où, à l'origine, devaient se tenir les réunions des dirigeants. Les fresques, réalisées par l'artiste et peintre Le Roux Smith Le Roux (1913-1964), déjà connu pour ses réalisations murales sur le paquebot Queen Elizabeth, illustrent l'histoire de l'Afrique du Sud. Elles furent réalisées deux ans après l'achèvement de la construction de l'immeuble. Le Roux était un ancien protégé de l'architecte Herbert Baker, qui avait financé ses études d'art à Londres où Leroux s'illustre par ses premières œuvres murales à la South Africa House. Les fresques qu'il réalisa au Mutual Building sont caractéristiques du genre Art déco[9] - [10]. Les cinq fresques sur les murs à l'entrée et aux extrêmes dépeignent plus de 100 ans de l'histoire de la nation sud-africaine, y compris le Grand Trek, le développement industriel, les mines d'or, l'agriculture, les voyages et le commerce international. Pour les érudits, cette œuvre est en accord avec la ligne politique dominante et libérale de la coalition gouvernementale menée par Jan Smuts"[2].
Ingénierie hydraulique, de l'industrie du bâtiment et des voies ferrées Le Grand Trek Découverte de l'or Chemins de fer en service et exploitations agricoles Commerce et voyages internationaux
L'utilisation du béton pour édifier des villes Pompes à eau à énergie éolienne pour l'irrigation Le Grand Trek - femmes en bonnets, homme à cheval Les fermiers Pose de voies ferrées L'image du Mutual Building sous la montagne de la Table
La salle du conseil d'administration
Au quatrième étage, sur la façade principale du bâtiment, se situe la salle du conseil d'administration. Celle-ci est toujours la propriété de la Old Mutual. Elle est agrémentée de deux salles secondaires, dont l'une est un salon.
Dans la salle du conseil, une frise en bois sculptée intègre des motifs animaliers et floraux (14 espèces différentes d'oiseaux et d'animaux sont représentés). Elle est également attribuée à Ivan Mitford-Barberton.
Au-dessus de la frise sculptée se trouve une grande fresque murale représentant une mappemonde, conçue et réalisée sur des panneaux de sycomore par Joyce Ord-Brown. Cette fresque représente aussi la ville du Cap en tant que "Taverne des océans", son surnom traditionnel[2].
L'hémisphère sud, la route du Cap à Londres Un hydravion Manchots empereurs et baleines Une sirène Vols de Grues bleues Portion de l'hémisphère nord avec le roi Neptune
Entrée du conseil d'administration Marbre de la porte d'entrée Tiroirs de rangement des Directeurs Luminaire d'origine doublé d'un système de ventilation Fauteuils du salon Luminaire d'origine situé dans le salon
L'atrium
L'atrium occupe une grande place dans l'immeuble puisqu'il s'étend en hauteur du toit de la salle bancaire au sommet du bâtiment principal.
Initialement découvert, il est désormais protégé par un toit translucide, à travers lequel s'aperçoit la tour.
Les fenêtres circulaires donnent de nos jours sur les appartements privés des résidents.
Les fenĂŞtres
Les hautes fenêtres prismatiques du bâtiment sont très fonctionnelles et permettent facilement à la lumière d'entrer dans les pièces.
Par ailleurs, dès sa construction l'immeuble est climatisé (très innovant à l'époque) ce qui permet aux architectes d'être plus libres dans leur design des fenêtres et des espaces entre celles-ci.
Le revĂŞtement en granit
Le revêtement en granit du bâtiment a été taillé dans un rocher de la montagne de Paarl, au nord-est de la ville du Cap[2]. Le bardage décoratif intègre babouin, éléphant et chefs tribaux sur la façade de la rue Darling.
Vue d'ensemble Éléphant (6ème étage) Babouin (8ème étage) Tête tribale (tour) Tour avec tête tribale
La frise murale
Sur les 3 façades du bâtiment donnant sur Darling Street, Parliament Street et Longmarket Street, une frise de 118 mètres de long décrit des scènes de l'histoire de l'Afrique du Sud, depuis l'arrivée de Jan van Riebeeck au Cap en 1652 jusqu'à l'expansion coloniale au XIXe siècle à l'intérieur du continent africain.
Il s'agit d'une de l'une des plus longues frises au monde[3].
Cette frise, conçue par le sud-africain Ivan Mitford Barberton, fut réalisée par une équipe d'émigrants italiens dirigée par Adolfo Lorenzi.
Au cours des travaux éclata la Seconde Guerre mondiale. En conséquence de quoi l'équipe de maçons italiens dirigée par Lorenzi fut incarcérée à titre préventif, les Italiens étant déclarés comme « ennemi » (l'Afrique du Sud, dominion britannique, est alors en guerre au côté de l'Angleterre contre l'Allemagne et l'Italie).
Ils furent alors obligés de continuer et terminer leurs travaux de maçonnerie sous une étroite surveillance armée.
La chronologie de la frise est la suivante[11] :
- Arrivée de Jan van Riebeeck au Cap (1652)
- Arrivée des colons de 1820
- Le "bureau de poste de pierre"
- La construction du château de Bonne-Espérance
- L'Ă©mancipation des esclaves
- Les négociations avec le Shaka, roi des Zoulous
- Le Grand Trek
- Le rĂŞve de Nongqawuse
- La découverte de diamants à Kimberley
- L'Ă©rection de la croix de pierre par Bartolomeu Dias
- Les négociations de Cecil Rhodes avec les Matabeles
- David Livingstone prêchant, guérissant et libérant des esclaves
- L'ouverture du territoire du Tanganyika
- La défense de Fort Jesus
Figures tribales
Sur la façade donnant sur Parliament Street, des sculptures en granit représentent neuf groupes ethniques africains présentés comme Xhosa, Pedi, Maasaï, Matabele, Basuto, Barotse, Kikuyu, Zoulous et Bushman.
À l'origine, ces figures représentent les groupes ethniques des quatre provinces d'Afrique du Sud (Transvaal, Natal, province du Cap et état libre d'Orange) mais aussi celles des territoires où la Old Mutual possède des représentations locales (colonie britannique du Kenya, de la Rhodésie ...). Elles furent conçues et réalisées de 1935 à 1939 par Ivan Mitford-Barberton[12].
Vues générales
Notes et références
- « Old Mutual - Our heritage », Old Mutual Web Site (consulté le )
- F. Freschi, Big Business Beautility: The Old Mutual Building, Cape Town, South Africa, Journal of Decorative and Propaganda Arts, Vol 20, 1994, pp.39-57
- Cape Times (1940), Old Mutual in New Home, The Cape Times (supplément spécial), 30 janvier 1940
- « Mutual Heights », Emporis - The world's building website (consulté le )
- CSD, Mutual Heights Heritage Impact Assessment Report, CS Design Architects and Heritage Consultants, Le Cap, Afrique du Sud (août 2003)
- « Cocktails over the Grand Parade », Cape Times online, (consulté le )
- « SA Mutual Life Assr Soc (Old Mutual) », Artefacts web site (consulté le )
- « Ivan Mitford-Barberton », Biographical web site by Margaret C Manning (consulté le )
- « Decopix - the Art Deco Architecture Web site », Randy Juster's Art Deco web site (consulté le )
- « The Mutual Building featured on Randy Juster's art deco web site », Randy Juster's Art Deco web site (consulté le )
- « The Mutual Building Frieze », Site internet de la Mutual Heights community
- Sanford S. Shaman, The Heights of Contradiction, Art South Africa, 2009
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mutual Building » (voir la liste des auteurs).