Accueil🇫🇷Chercher

Moutabea guianensis

Moutabea guianensis est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Polygalaceae. En Guyane, on l'appelle Graine macaque, Moutabé, Moutabou ou Moutabier de la Guyane en Créoles et Aymoutarou en Kali'na.

Moutabea guianensis
Description de cette image, également commentée ci-après
Moutabea guianensis d'après Aublet, 1775 ("Explication de ſa Planche deux cent soixante-quatorzième: 1. Bouton de fleur. 2. Fleur épanouie. 3. Calice & corolle ouverts. Piſtil. 4. Portion de corolle ouverte. 5. Feuillet ſéparé qui porte ſous ſes dentelures tes anthères. 6. Ovaire. Style. Stigmate. 7. Baie. 8. Baie coupée en travers. Une amande. 9. Amande ſéparée. 10. Amande ouverte en deux cotylédons. 11. Un cotylédon d'amande.)

Espèce

Moutabea guianensis
Aubl., 1775

Classification APG IV (2016)

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

Description

Moutabea guianensis est un arbuste sarmenteux pouvant atteindre une hauteur de 2 mètres. Ses jeunes rameaux sont couverts de poils fins peu visibles. Ses feuilles sont simples, alternes, entières, coriaces, glabres, à nervure principale très côtelée en dessous. Le pétiole est long de 3 à 7 mm. Le limbe ovale, aigu ou obtus-émarginé à son extrémité,·mesure 4 à 10 cm de long pour 1,5 à 4 de large. Il produit de courtes grappes axillaires de fleurs hermaphrodites, irrégulières, parumées, mesurant 10 à 12 mm de long. Le calice et la corolle sont unis au tube formé par les étamines. On compte 5 sépales subobtus, ciliolulés, et 5 pétales blanc-jaunâtre, plus ou moins égaux, obtus et glabres. Le fruit est une drupe jaune à 3 loges, contenant une pulpe gélatineuse qui abrite des graines à enveloppe blanche puis rousse, ovoïdes, pointues, latéralement comprimées. La graine (amande) est violette ponctuée de blanc[1].

Répartition

On rencontre Moutabea guianensis au nord de l'Amérique du Sud, dans les bassins de l'Amazone et de l'Orénoque : Colombie, Pérou, Venezuela, Guyana, Suriname, Guyane, Brésil.

Écologie

On a observé que les fruits de Moutabea guianensis font partie du régime alimentaire du "baboune" (Alouatta macconnelli)[2] et le « kwata » (Ateles paniscus) en Guyane[3], ainsi que du « saki-satan » (Chiropotes satanas) au Suriname[4].

Trois stéroïdes ont été isolé dans les tiges de Moutabea guianensis : le spinasterol, la spinasterone, le spinasterol glucopyranosyl. Ces sustances lui confèrent des effets allélopathiques[5], et phytotoxiques qui empêchent la germination de graines de plantes considérées comme envahissantes en Amazonie[6].

Utilisation

La pulpe des fruits est comestible : douce et fondante, on la consomme crue[1].

Les racines de Moutabea guianensis contiennent des Xanthones originales[7], qui auraient des propriétés anti-cancéreuses[8].

Les propriétés hémolythiques et aggrégant plaquettaire de Moutabea guianensis ont été étudiées[9].

Histoire naturelle

En 1775, le botaniste Aublet rapporte ceci[10] :

« LE MOUTABIÉ de la GUIANE

La racine de cet arbrisseau pouſſe pluſieurs tiges ſarmenteuſes, rameuſes, de cinq à ſix pieds de longueur & plus. Par l'aſſemblage de ces tiges & rameaux il forme des buiſſons plus ou moins épais. Ces rameaux ſont garnis de feuilles alternes, preſque ſeſſiles, liſſes, vertes, entières, fermés, ovales, terminées par une pointe. Les plus grandes ont quatre pouces de longueur, ſur un pouce & demi de largeur.

Les fleurs naiſſent par petits bouquets à l'aiſſelle des feuilles.

Le calice eſt d'une ſeule pièce blanche, arrondie à ſa baſe, enſuite plus étroite en forme de tuyau, dont l'orifice eſt fort court.

La corolle eſt blanche, d'une ſeule pièce ; ſon tube eſt fort court, & il eſt partagé par le haut en cinq lobes inégaux, appliques l'un ſur l'autre par un de leurs côtes: elle eſt attachée à la paroi interne & ſupérieure du tube du calice.

Les étamines ſont cinq anthères, chacune eſt appliquée ſous une des dentelures d'un feuillet qui eſt place a la paroi interne du tube de la corolle. Ce feuillet eſt large, long, à cinq dentelures ; Il ſe courbe a ſon ſommet, & cache entièrement l'orifice de la corolle.

Le piſtil eſt un petit ovaire arrondi, attache au fond du calice ; il eſt ſurmonté d'un style long, charnu, terminé par un stigmate obtus.

La corolle ne s'épanouit pas ; il ſaut écarter ſes lobes & lever le feuillet pour appercevoir les anthères.

L'ovaire devient une baie jaune à trois loges, remplies chacune d'une amande à deux cotylédons, de couleur violette, pointillée de blanc. Cette amande eſt couverte d'une ſubſtance douce, gélatineuſe & fondante que les Créoles ſucent volontiers. Cette amande, qui eſt enveloppée d'une membrane d abord blanche, devient rouſſe en vieilliſſant : elle a la forme de la graine d'un cainitier. La coque de cette baie étant ſèche eſt fragile.

Ce fruit eſt nommé GRAINE MAKAQUE par les Créoles, & ce nom eſt indifféremment donné à pluſieurs autres fruits que les ſinges mangent.

Cet arbriſſeau eſt appelle AYMOUTAROU par les Galibis ; il croît dans l'île de Caïenne & dans la Guiane, ſur les terreins qui ont été défrichés.

Les fleurs exhalent une odeur tout-à-fait ſemblable à celle des fleurs du Seringa.

Il étoit en fleur & en fruit au mois de Juillet. »

Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références

  1. Alain Fouqué, Espèces fruitières d'Amérique tropicale, Paris, IFAC, (lire en ligne)
  2. (en) C. Julliot et D. Sabatier, « Diet of the red howler monkey (Alouatta seniculus) in French Guiana », International Journal of Primatology, vol. 14, , p. 527–550 (DOI 10.1007/BF02215446)
  3. (en) Bruno Simmen 2auteur1=Daniel Sabatier, « Diets of some French guianan primates: Food composition and food choices », International Journal of Primatology, vol. 17, , p. 661–693 (DOI 10.1007/BF02735260)
  4. (en) Marc G. M. Van Roosmalen, Russell A. Mittermeier et John G. Fleagle, « Diet of the northern bearded saki (Chiropotes satanas chiropotes): A neotropical seed predator », American Journal of Primatology, vol. 14, no 1, , p. 11-35 (DOI 10.1002/ajp.1350140103)
  5. (pt) H. S. Ripardo Filho, L. C. Pacheco, A. P. S. Souza Filho, G. M. S. P. Guilhon, M. S. P. Arruda et L. S. Santos, « Bioensaios de atividade alelopática dos esteroides espinasterol, espinasterona e glicopiranosil espinasterol », Planta Daninha, vol. 30, no 4, , p. 705-712 ref.24 (DOI 10.1590/S0100-83582012000400003)
  6. (en) Haroldo da S. Ripardo Filho, Luidi C. Pacheco, Edinaldo S. Andrade, Williams Da S. Ribeiro, Giselle M. S. P. Guilhon, Marivaldo J. C. Corrêa, Oscar. A. S. Romero, Lourivaldo S. Santos et Antonio Pedro da S. Souza Filho, « Phytotoxic activity of compounds from Moutabea guianensis Aubl. on Amazonian invasive species », Eclética Química, Universidade Estadual Paulista Júlio de Mesquita Filho Araraquara, Brasil, vol. 40, , p. 71-76 (lire en ligne)
  7. (en) Haroldo Da S. Ripardo Filho, Luidi C. Pacheco, Edinaldo Da S. Andrade, Marivaldo José C. Correa, Railda Neyva M. Araújo, Giselle Maria S. P. Guilhon, Joyce Kelly R. da Silva et Lourivaldo S. Santos, « Xanthones from the Roots of Moutabea guianensis Aubl. », Molecules, vol. 20, no 1, , p. 127-134 (DOI 10.3390/molecules20010127), dont une Hexaoxygénée(en) Haroldo Silva Ripardo Filho, Luidi Cardoso Pacheco, Edinaldo da Silva Andrade, Giselle Maria Skelding Pinheiro Guilhon et Lourivaldo Silva Santos, « A New Hexaoxygenated Xanthone from the Roots of Moutabea guianensis Aubl. », International Journal of Life-Sciences Scientific Research, vol. 3, no 1, , p. 817-819 (lire en ligne)
  8. (en) Luiz C. Klein-Júnior, Adriana Campos, Rivaldo Niero, Rogério Corrêa, Yvan Vander Heyden et Valdir Cechinel Filho, « Xanthones and Cancer: from Natural Sources to Mechanisms of Action », Chemistry & Biodiversity, vol. 17, no 2, (DOI 10.1002/cbdv.201900499)
  9. (en) Viviana Maria Araújo de Oliveira, Ana Lucia Basilio Carneiro, Glaucia Socorro de Barros Cauper et Adrian Martin Pohlit, « In vitro screening of Amazonian plants for hemolytic activity and inhibition of platelet aggregation in human blood », Acta Amaz., vol. 39, no 4, , p. 973-980 (DOI 10.1590/S0044-59672009000400026)
  10. Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 679-680 + pp. 86-93 (annexes)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • « Moutabea guianensis », sur Flore de Guyane, (consulté le )
  • « Moutabea guianensis », sur blog de photos botaniques de Guyane - La Chaussette rouge rencontres amazoniennes : flore /(faune) de Guyane, (consulté le )
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.