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Montréal-Nord

MontrĂ©al-Nord est un arrondissement de la ville de MontrĂ©al au QuĂ©bec (Canada) situĂ© au nord-est de l'Ă®le de MontrĂ©al sur la rive de la rivière des Prairies. Son territoire s'Ă©tend sur quelques kilomètres en aval du Sault-au-RĂ©collet et de la centrale de la Rivière-des-Prairies. MontrĂ©al-Nord est bordĂ© par le boulevard Saint-Michel (Ahuntsic-Cartierville) au sud-ouest, la ligne de train de banlieue Mascouche au sud-est et Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles au nord-est. On y comptait 84 234 habitants en 2016[1].

Montréal-Nord
Montréal-Nord

En sens horaire: l'hôtel de ville de l'arrondissement, une vue aérienne de l'arrondissement et du pont Pie-IX et le parc Albert-Brosseau.


Logo de l'arrondissement.
Administration
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Drapeau du Québec Québec
Statut Arrondissement
Date de fondation 1915
Maire
Mandat
Christine Black
2021-2025
DĂ©mographie
Gentilé Nord-Montréalais, Nord-Montréalaise
Population 84 234 hab.[1] (2016)
DensitĂ© 7 609 hab./km2
Langue(s) parlée(s) Français
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 45° 35′ 48″ nord, 73° 37′ 38″ ouest
Superficie 1 107 ha = 11,07 km2
Localisation
Liens
Site web Site officiel

    Les rives des rapides du Sault-au-RĂ©collet sur la rivière des Prairies sont un lieu de portage des peuples autochtones de la rĂ©gion de MontrĂ©al depuis environ 4 000 ans. Le territoire de MontrĂ©al-Nord est connu comme le Bas-du-Sault au temps de la Nouvelle-France. De quelques fermes sur le boulevard Gouin, le territoire s'urbanise peu Ă  peu avec le prolongement du boulevard Pie-IX dans les annĂ©es 1910. La ville de MontrĂ©al-Nord, fondĂ©e en 1915, connaĂ®t tĂ´t des difficultĂ©s Ă©conomiques et sera mise en tutelle de la Commission mĂ©tropolitaine de MontrĂ©al de 1921 Ă  1958. Au cours des annĂ©es 1950 et 1960, MontrĂ©al-Nord, de par sa proximitĂ© avec MontrĂ©al et son caractère de banlieue, connaĂ®t un boom rĂ©sidentiel qui entraĂ®ne son urbanisation intĂ©grale dans les annĂ©es 1970. Au cours des annĂ©es 1980, MontrĂ©al-Nord connaĂ®t un dĂ©clin dĂ©mographique et industriel. Après une courte reprise de l'industrie du vĂŞtement et du commerce de gros Ă  la fin des annĂ©es 1990, la ville connaĂ®t un second dĂ©clin industriel dans les annĂ©es 2000. FusionnĂ©e Ă  MontrĂ©al en 2001, l'arrondissement MontrĂ©al-Nord fait la manchette pour les Ă©meutes suivant la mort de Freddy Villanueva en 2008 et pendant la pandĂ©mie de Covid-19 au QuĂ©bec au dĂ©but de mai 2020.

    Aujourd'hui, Montréal-Nord est un arrondissement francophone et populaire avec plus de 40 % de la population issue de l'immigration, dont plus du tiers provenant d'Haïti[1]. Il est à la fois considéré comme l'un des secteurs les plus ethniquement diversifiés de la ville de Montréal[2] et comme un des milieux urbains les plus défavorisés du Canada[3].

    GĂ©ographie

    Localisation

    Montréal-Nord est un arrondissement de l’est de Montréal situé sur l’île de Montréal, la plus grande île fluviale de l’archipel d’Hochelaga. Montréal-Nord borde la rive droite de la rivière des Prairies et fait face à la ville de Laval (Île Jésus) qui est située à quelques centaines de mètres. L’arrondissement est situé à environ 14 kilomètres au nord du centre-ville de Montréal, à près d’une vingtaine de kilomètres de l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau et à environ une quinzaine de kilomètres en amont de la confluence entre la rivière des Prairies et le fleuve Saint-Laurent.

    Montréal-Nord est circonscrit par les arrondissements Ahuntsic-Cartierville et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension au sud-ouest, Saint-Léonard et Anjou au sud-est ainsi que Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles au nord-est. Il est délimité par la rivière des Prairies au nord-ouest, le boulevard Albert-Hudon au nord-est (adjacent au ruisseau de Montigny), la ligne de train de banlieue Exo 5 - Mascouche au sud-est et la rue J.-J.-Gagnier au sud-ouest.


    GĂ©ologie, relief et hydrographie

    Le pont Pie-IX traverse la rivière des Prairies à Montréal-Nord et relie Montréal à Laval.

    L'arrondissement de MontrĂ©al-Nord s'Ă©tend sur 11,07 km2. Son territoire forme une bande quasi-rectangulaire d'environ 5 kilomètres sur la rive montrĂ©alaise de la rivière des Prairies. Il s'Ă©tend sur le versant de la rivière, sur une pente douce de deux kilomètres, allant des berges jusqu'Ă  environ 40 mètres d'altitude.

    Montréal-Nord est situé tout juste en aval du Sault-au-Récollet, un lieu de portage ancestral et historiquement significatif sur la rivière des Prairies, et de la centrale de la rivière des Prairies. La limite nord-est de l’arrondissement longe ruisseau de Montigny.

    RĂ©seaux routiers et stationnement

    Réseau routier de Montréal-Nord.

    L’arrondissement est principalement desservi dans l'axe sud-est–nord-ouest (perpendiculaire à la rivière des Prairies) par le boulevard Saint-Michel, la Route 125 (boulevard Pie-IX) et le boulevard Lacordaire. Il est desservi dans l'axe sud-ouest–nord-est (parallèle à la rivière des Prairies) par les boulevards Henri-Bourassa Maurice-Duplessis, Léger et Gouin.

    Transports en commun

    Montréal-Nord n'est pas desservi par le Métro de Montréal. Plusieurs projets d'allongement du métro jusqu'à Montréal-Nord furent proposés depuis les années 1970 sans se concrétiser. Élue en 2017, la mairesse de Montréal Valérie Plante et son parti Projet Montréal proposent la création de la Ligne rose qui desservirait Montréal-Nord. Le service rapide par bus Pie-IX est présentement en construction.

    Transports ferroviaires

    Montréal-Nord est desservie par deux gares de la ligne Exo 5 - Mascouche mise en service le : la gare Saint-Michel–Montréal-Nord et la gare gare Saint-Léonard–Montréal-Nord. La ligne Exo 5 relie Mascouche sur la rive nord de Montréal à la gare centrale de Montréal les jours de semaine.

    Histoire

    Peuplements ancestraux et colonisation du Bas-du-Sault

    Maison du cultivateur Pierre Andegrave sur le boulevard Gouin à Montréal-Nord, construite en 1741.

    Les berges de la rivière des Prairies sont frĂ©quentĂ©es ponctuellement depuis environ 4 000 ans par les peuples autochtones de la rĂ©gion de MontrĂ©al[4] qui utilisent le cours d'eau comme passage entre le fleuve Saint-Laurent et le lac des Deux Montagnes qui donne sur la rivière des Outaouais. Le territoire actuel de MontrĂ©al-Nord est situĂ© tout juste en aval des rapides de la rivière des Prairies qui sont un lieu de portage obligatoire.

    L'exploration européenne du secteur débute dès le XVIe siècle, une hypothèse non confirmée indique que c'est là que l'explorateur français Jacques Cartier aborde l'île de Montréal en 1535 lors de son deuxième voyage[5]. Il faut attendre 80 ans avant que d'autres Européens fréquentent le secteur. Le lors de son 7e voyage au Canada, l'explorateur Samuel de Champlain y célèbre en compagnie des pères récollets Denis Jamet et Joseph Le Caron la première messe sur l'île de Montréal[6].

    L'établissement français du secteur, principalement destiné à l’évangélisation des peuples autochtones, débute progressivement au XVIIe siècle[7]. Le secteur est bientôt connu comme le Sault-aux-Récollets à la suite de la noyade du père récollet Nicolas Viel et de son compagnon Ahuntsic dans les rapides de la rivière des Prairies en [8]. Le peuplement débute réellement avec la relocalisation de la mission huronne de la Montagne, jugée trop près de Ville-Marie (Montréal), au fort de la Nouvelle-Lorette érigé au Sault-aux-Récollets en 1691[9]. Les Hurons de la mission de la Nouvelle-Lorette sont utilisés pour le défrichement du Sault-aux-Récollets durant les trois premières décennies du XVIIe siècle[9]. Ils sont par la suite relocalisés progressivement à partir de 1721 à Oka, la mission du lac des Deux Montagnes, pour laisser la place à la colonisation française[9].

    Les Sulpiciens, seigneurs de l'île de Montréal, font construire la digue l'île de la Visitation, un des plus importants ouvrages de génie civil du régime français[10], et commencent l’octroi de terres à la côte du Sault-aux-Récollets à partir des années 1720 et y érige la paroisse de La Visitation du Sault-au-Récollet en 1736[11]. La construction d'un moulin à farine, à bois et cardage de la laine font du Sault-aux-Récollets l'un des premiers sites proto-industriels de l'île de Montréal[11]. Le traçage du chemin du Bord-de-l’Eau (aujourd'hui Boulevard Gouin) qui longe la rivière des Prairies permet relier les première maison de fermes du territoire Montréal-Nord aux moulins du Sault-aux-Récollets[12].

    Territoire de la paroisse de Sault-au-RĂ©collet en 1834.

    Au XIXe siècle, le développement rural dans la périphérie du Sault-au-Récollet trouve éventuellement échos dans l'érection de la paroisse du Sault-au-Récollet en municipalité le 1er juillet 1845. La croissance de la population et développement de noyaux villageois entraîne éventuellement le fractionnement progressif de la municipalité de paroisse en plusieurs villages à la fin du XIXe siècle : le village de Villeray en 1896, le village d'Ahuntsic en 1897, le village de Saint-Joseph-de-Bordeaux en 1898. En 1910, le village du Sault-au-Récollet se sépare de la paroisse du Sault-au-Récollet.

    La citĂ© industrielle et prospère de Maisonneuve Ă  l'est de MontrĂ©al, souhaite le prolongement boulevard Pie-IX jusqu'Ă  la rivière des Prairies. Le gouvernement du QuĂ©bec confie la gestion et la construction du boulevard Ă  Maisonneuve. Ce qui reste du territoire de la paroisse du Sault-au-RĂ©collet doit emprunter 210 000 $ pour construire sa partie du futur boulevard Pie-IX. La paroisse devient la ville de MontrĂ©al-Nord ; la nouvelle ville peut emprunter 250 000 $ pour le prolongement du boulevard Pie-IX[13].

    Montréal-Nord, ville rurale sous tutelle de la Commission métropolitaine

    La Back river line, ligne de tramway construite à partir de 1908 reliant le Sault-au-Récollet au terminus Saint-Vincent-de-Paul situé à Montréal-Nord.

    Montréal-Nord est fondée le 5 mars 1915 par la sanction de la Loi constituant en ville la paroisse du Sault-au-Récollet, sous le nom de ville Montréal-Nord par le gouvernement du Québec[13]. Son premier maire est Joseph Boyer, maire de la paroisse du Sault-au-Récollet. Les premières séances du conseil se tiendront à l'école Saint-Charles située sur le boulevard Gouin[13]. La ville compte à cette époque à peine 996 habitants[14].

    La Montreal Park & Island Railway commence la construction en 1908 de la Back island line une ligne de tramway en prolongement du circuit « Sault-au-RĂ©collet »[15]. La nouvelle ligne entre quelques kilomètres dans MontrĂ©al-Nord au milieu des champs et bifurque vers le terminus Saint-Vincent-de-Paul situĂ© Ă  quelques mètres de la rivière des Prairies oĂą les passagers peuvent prendre la traverse vers le pĂ©nitencier Saint-Vincent-de-Paul[15]. L’imposition de tarifs supplĂ©mentaires sur les correspondances vers MontrĂ©al-Nord freinent le dĂ©veloppement dans le nord-est de MontrĂ©al. MalgrĂ© son accès au tramway et sa proximitĂ© avec MontrĂ©al qui compte près d'un demi million d'habitants Ă  cette Ă©poque, MontrĂ©al-Nord demeure une ville rurale isolĂ©e qui connaĂ®t un dĂ©veloppement lent. Un voyage jusqu'au centre-ville de MontrĂ©al peut prendre deux heures[16]. Sa population atteint 1 360 habitants en 1921. Le dĂ©coupage des lots rĂ©sidentiels et le traçage des rues dĂ©bute lentement dans le sud-ouest de la ville Ă  cette Ă©poque ; les rues sont tracĂ©es perpendiculairement Ă  la rivière des Prairies suivant le dĂ©coupage des lots du système seigneurial français. Avec l'achèvement du boulevard Pie-IX, la nouvelle ville est incapable de soutenir ses dĂ©penses en infrastructures et connaĂ®t rapidement des difficultĂ©s financières. Après que les MontrĂ©alais aient rejetĂ© l'offre d'annexion en 1920, le gouvernement Taschereau met la ville de MontrĂ©al-Nord sous la tutelle de la Commission mĂ©tropolitaine de MontrĂ©al en 1921. MontrĂ©al-Nord connaĂ®t Ă©galement Ă  l'Ă©poque de graves problèmes d'approvisionnement en eau potable[16]. En 1925 est construite l'Ă©glise Sainte-Gertrude et en 1927, l'Ă©glise Saint-Vital. En 1928, la Montreal Light, Heat and Power entame la construction de la centrale de la Rivière-des-Prairies tout juste en amont de MontrĂ©al-Nord ; elle est mise en service en 1930.

    Le Pont Pie-IX en 1940.

    La situation dĂ©jĂ  prĂ©caire Ă  MontrĂ©al-Nord s'aggrave avec la Grande DĂ©pression des annĂ©es 1930. La ville, qui compte 4 519 habitants en 1931, doit composer avec un chĂ´mage endĂ©mique. En 1934, un cinquième de la population est bĂ©nĂ©ficiaire de secours directs[16], plusieurs habitants se tournent vers le dĂ©potoir de la rue Lille pour subvenir Ă  leurs besoins alimentaires de base[16]. La mĂŞme annĂ©e la ville de MontrĂ©al-Nord dĂ©crète un couvre-feu pour les enfants de moins de 14 ans[16]. En 1936, le gouvernement Duplessis finance la construction du pont Le Caron (pont Pie-IX) qui enjambe la rivière des Prairies. Il remplace le traversier qui a Ă©tĂ© le seul moyen de franchir la rivière et d’accĂ©der Ă  Saint-Vincent-de-Paul. Les chĂ´meurs de MontrĂ©al-Nord critiquent le refus des entrepreneurs du pont, Dufresne Construction et Dominion Bridge, de les engager pour exĂ©cuter les travaux[17]. MontrĂ©al-Nord s'urbanise, le dĂ©veloppement s'effectue principalement le long des boulevards Gouin, Saint-Michel et Pie-IX.

    En 1942, Canadien National construit un lien ferroviaire entre MontrĂ©al-Nord et le centre-ville de MontrĂ©al via un nouveau tronçon avec la ligne Deux-Montagnes. Les deux arrĂŞts de MontrĂ©al-Nord sont desservis Ă  partir de 1945. L'arrivĂ©e du train entraĂ®ne le dĂ©veloppement industriel Ă  la limite sud-est de la ville. Avec le dĂ©veloppement rĂ©sidentiel, le tramway MontrĂ©al-Nord 40 qui longe le boulevard Perras connaĂ®t lui aussi un achalandage accru au cours des annĂ©es 1940. MontrĂ©al-Nord compte 14 041 habitants en 1951. Avec l'automobile, l'urbanisation et le dĂ©veloppement s’intensifient Ă  MontrĂ©al-Nord au cours des annĂ©es 1950. La ville devient une banlieue de MontrĂ©al. L'arrivĂ©e d'immigrants italiens Ă  MontrĂ©al-Nord vient quelque peu changer le profil dĂ©mographique ; la population Ă  MontrĂ©al-Nord avait Ă©tĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent très majoritairement canadienne-française. En 1958, la tutelle de la Commission mĂ©tropolitaine de MontrĂ©al se termine. En mars 1959, la ville de MontrĂ©al-Nord, qui compte 35 000 habitants, devient la citĂ© de MontrĂ©al-Nord, l'administration municipale rĂ©cupère ainsi des pouvoirs de rĂ©glementation de zonage et de construction[18]. Ă€ partir de 1959, la totalitĂ© rĂ©seau de tramway de MontrĂ©al est dĂ©mantelĂ©e.

    L'administration Yves Ryan

    Le 4 novembre 1963, le journaliste Yves Ryan, frère cadet de Claude Ryan, devient maire de Montréal-Nord. Il sera réélu sans interruption à 10 reprises, dont 6 fois par acclamation entre 1963 et son départ en 2001[19]. Le maire Ryan est connu pour sa gestion austère de la ville de Montréal-Nord et sa volonté de garder les taxes municipales et l’endettement de la ville à son plus bas. Près du Parti progressiste-conservateur du Canada[19], le maire Ryan fut critiqué pour son indifférence vis-à-vis la pauvreté, le sort des locataires et des immigrants[20].

    Les travaux de jumelage du Pont Pie-IX débutent à l'été 1965, l'ancienne structure déjà vétuste ne répond pas à l'augmentation de la circulation automobile[17]. Le nouveau pont Pie-IX, qui compte 6 voies sur deux travées parallèles, ouvre à la circulation en janvier 1967[17].

    La fin des années soixante voit le développement rapide du parc industriel de Montréal-Nord qui s'étend sur un terrain 65 hectares le long des voies ferrées. La ville développe ce dernier à partir de 1963. Déjà à la fin 1967, 75 % de la superficie du parc industriel est occupée par 17 entreprises et génère des revenus importants pour la ville[21]. L'entièreté de la superficie du parc est occupée quelques années plus tard.

    Le 5 octobre 1970, l'attachĂ© commercial du Royaume-Uni James Richard Cross est enlevĂ© de son domicile centre-ville de MontrĂ©al par la cellule LibĂ©ration du Front de libĂ©ration du QuĂ©bec et sĂ©questrĂ© Ă  MontrĂ©al-Nord au 10 945 de la rue des RĂ©collets. Cet Ă©vĂ©nement de la Crise d'Octobre se soldera 60 jours plus tard par la libĂ©ration de James Richard Cross le 3 dĂ©cembre 1970 et par l'exil de la cellule LibĂ©ration Ă  Cuba.

    Dès 1975, MontrĂ©al-Nord devient l'une des rares villes du QuĂ©bec dont le territoire soit occupĂ© en quasi-totalitĂ©[22]. C'est le rĂ©sultat d'un dĂ©veloppement immobilier intensif depuis 1950 qui entraĂ®ne la hausse du prix des terrains et de la densitĂ© des logements[22]. AttirĂ©s par la proximitĂ© avec MontrĂ©al et des taxes plus basses entre 1960 et 1975, près de 17 500 logements sont construits Ă  MontrĂ©al-Nord, soit les deux tiers des logements de la ville Ă  l'Ă©poque[22].

    Le 31 mai 1980, la cité de Montréal-Nord redevient la ville de Montréal-Nord[23].

    Dans les annĂ©es 1980, l'exode vers Laval les couronnes de MontrĂ©al et l'essoufflement de l'industrie manufacturière dans l'Est de MontrĂ©al entraĂ®ne une baisse de plus 15 000 habitants Ă  MontrĂ©al-Nord[24]. Les industries manufacturières de MontrĂ©al-Nord Ă©taient vulnĂ©rables Ă  la concurrence des pays Ă©mergents[24].

    Cette baisse sera comblée par la relocalisation d'une partie de la population pauvre du centre-ville de Montréal et l'établissement de nombreux réfugiés haïtiens fuyant la dictature de François Duvalier.

    Durant la seconde moitié des années 1990, la ratification de l'ALÉNA et la faiblesse du dollar canadien font que l'industrie du vêtement se développe rapidement et devient l'activité économique prédominante à Montréal-Nord[24]. Au cours des années 2000, la hausse du prix du dollar et l'émergence de la Chine comme puissance industrielle entraîne le déclin de cette industrie[24].

    Fusion avec Montréal, mort de Fredy Villanueva et histoire récente

    Montréal-Nord est fusionnée à la ville de Montréal le .

    Le secteur industriel de Montréal-Nord connaît un déclin important au cours des années 2000. Entre 2001 et 2011, les deux tiers des emplois manufacturiers et la moitié des emplois dans le commerce de gros disparaissent[24].

    Le samedi 9 août 2008, une intervention d'une unité de la police de Montréal contre des jeunes jouant aux dés à l'argent dans le secteur de l'aréna Henri-Bourassa entraine la mort d'un jeune, Fredy Villanueva, 18 ans. Dans la nuit du 10 au , une émeute a éclaté dans un quartier de Montréal-Nord[25]. Quelques magasins et automobiles sont détruits. Un ambulancier et trois policiers sont blessés[26]. Les émeutiers s'en prennent également aux pompiers venus éteindre les incendies[25].

    Le , la ligne Exo 5 - Mascouche est mise en service ; les gares Saint-Michel–Montréal-Nord et Saint-Léonard–Montréal-Nord sont complétées un mois auparavant.

    DĂ©mographie

    MontrĂ©al-Nord est le 10e arrondissement le plus peuplĂ© de MontrĂ©al avec ses 84 234 habitants, soit environ 4,9 % de la population de la ville. On y comptait 7 623 habitants/km2 en 2016. L’arrondissement a vu une progression de sa population de 0,4 % entre 2011 et 2016, soit la seconde plus faible croissance de tous les arrondissements de MontrĂ©al après Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (0,3 %).

    Montréal-Nord est caractérisé à la fois par une proportion de jeunes de moins de 25 ans (30,4 %) et de personnes âgées de plus de 65 ans (20 %) plus importante que la moyenne de la ville de Montréal[27]. Le nombre important d’aînés s'explique en partie par la présence de nombreuses résidences pour personnes âgées en bordure du boulevard Gouin[28].

    Évolution démographique

    Évolution démographique
    1921 1931 1941 1951 1956 1961 1966 1971 1976
    1 3604 5196 15214 04125 40748 43367 80689 13997 250
    1981 1986 1991 1996 2001 2006 2011 2016 -
    94 91490 30385 51681 58183 60083 91183 86884 234-
    (Sources : Statistique Canada)
    Histogramme de l'évolution démographique de Montréal-Nord sur ses limites actuelles


    Immigration

    MontrĂ©al-Nord est le cinquième arrondissement ayant la plus importante proportion de personnes issues de l'immigration Ă  MontrĂ©al (42 %), après Saint-Laurent (54 %), Saint-LĂ©onard (49 %), CĂ´te-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (47 %) et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension (42 %). Environ 40 % de ces 34 000 personnes ont immigrĂ© après 2001. Une personne sur 5 ayant immigrĂ© après 1980 est un rĂ©fugiĂ©.

    MontrĂ©al-Nord compte près de 11 400 personnes nĂ©es Ă  HaĂŻti, la plus grande concentration au Canada ; une personne immigrante sur trois dans l'arrondissement. Parmi les autres pays de naissances principaux des personnes immigrantes ont compte l'AlgĂ©rie et l'Italie, environ 3 500 personnes chacune, et le Maroc, environ 3 000 personnes.

    Minorités visibles

    Environ un habitant sur deux (48,7 %) de Montréal-Nord se déclare comme faisant partie des minorités visibles, la plus grande proportion des 19 arrondissements de Montréal.

    Parmi les groupes de minoritĂ©s visibles les plus prĂ©sents Ă  MontrĂ©al-Nord on compte les Noirs (21 120 personnes), les Arabes (9 010 personnes) et les Latino-amĂ©ricains (5 800 personnes).

    Religion

    Confessions à Montréal-Nord en 2011

    • Christianisme (76 %)
    • Islam (13,7 %)
    • IrrĂ©ligion (8,1 %)
    • Bouddhisme (1,8 %)
    • Hindouisme (0,2 %)
    • JudaĂŻsme (0,1 %)
    • Autres religions (0,1 %)
    Confessions religieuses 2011
    Christianisme 61 660
    Islam 11 120
    Bouddhisme 1 440
    Hindouisme 135
    JudaĂŻsme 95
    Autres religions 50
    IrrĂ©ligion 6 580

    Politique et administration

    La ville de Montréal et l'arrondissement Montréal-Nord

    Montréal-Nord est l'un des 19 arrondissements de la ville de Montréal depuis la réorganisation des municipalités du Québec de 2000-2006. En tout, Montréal-Nord compte cinq élus (sans compter le maire de Montréal) : un maire d'arrondissement, deux conseillers municipaux et deux conseillers d'arrondissement. Les cinq élus siègent au Conseil d'arrondissement de Montréal-Nord qui exerce la plupart des compétences de la ville de Montréal à un niveau local.

    L'arrondissement Montréal-Nord est divisé en deux districts électoraux : Marie-Clarac et Ovide-Clermont. Chacun de ces districts est représenté par un conseiller municipal et un conseiller d"arrondissement.

    Élus municipaux siégeant à l'arrondissement de Montréal-Nord

    Maire d'arrondissementChristine Black
    Ensemble Montréal
    Marie-ClaracConseiller municipalAbdelhaq Sari
    Ensemble Montréal
    Conseiller d'arrondissement #1Jean Marc Poirier
    Ensemble Montréal
    Ovide-ClermontConseiller municipalChantal Rossi
    Ensemble Montréal
    Conseiller d'arrondissement #1Philippe Thermidor
    Ensemble Montréal

    Historique des maires de Montréal-Nord

    • 1915-1917 - Joseph Boyer
    • 1917-1925 - Albert Brosseau
    • 1925-1929 - Georges-N. Pichet
    • 1929-1939 - AimĂ© LĂ©onard
    • 1939-1943 - Archambault DĂ©sy
    • 1943-1945 - J.-Armand Blouin
    • 1945-1945 - Hector Lamare
    • 1945-1948 - Archambault DĂ©sy
    • 1948-1951 - Joseph Dufresne
    • 1951-1954 - Archambault DĂ©sy
    • 1954-1960 - Lucien Brodeur
    • 1960-1963 - Roland Filion
    • 1963-2002 - Yves Ryan
    • 2002-2009 - Marcel Parent
    • 2009-2016 - Gilles Deguire
    • 2016-2023 - Christine Black

    Yves Ryan, frère de Claude Ryan, fut maire de Montréal-Nord à partir de 1963 jusqu’à la fusion de 2002. La marque de commerce de l'administration Ryan fut la frugalité, ce qui a valu à Montréal-Nord un des taux d'endettement les plus bas de la communauté urbaine de Montréal.

    Le maire d'arrondissement a été Gilles Deguire (Équipe Denis Coderre pour Montréal) jusqu'au . À la suite de son départ, des élections partielles ont été organisées dans l'arrondissement afin d'y élire un nouveau maire, le , Christine Black (Équipe Denis Coderre pour Montréal) est élue après un intérim assuré par la conseillère de la ville, Chantal Rossi.

    Attraits

    On y dénombre plusieurs secteurs commerciaux d'importance dont le boulevard Henri-Bourassa de Salk à Rolland, le boulevard Pie-IX, le boulevard Léger de Lacordaire à Langelier, la rue Charleroi et plusieurs autres aires commerciales de moindre importance. On y dénombre également 2 centres commerciaux d'assez grande envergure (Place Bourassa et Carrefour Forest) et le centre commercial Léger-Langelier.

    • Une vingtaine de parcs : Lacordaire, Henri-Bourassa, Saint-Laurent, Carignan, Monty, MĂ©nard, Tardif, Gouin, Charleroi, AimĂ©-LĂ©onard, Primeau, Oscar, Ottawa, Chabot, Eusèbe-MĂ©nard, Garon-Amos, Langelier-Marie-Victorin, Pilon (qui comporte aussi la seule aire d'exercice canin de MontrĂ©al-Nord).

    Montréal-Nord peut compter également sur la proximité de l'eau où l'on dénombre plusieurs parcs dont une grande aire de plaisance qui va du parc Aimé-Léonard au pont Pie-IX et une autre allant de Saint-Vital à l'entrée du parc-nature de l'Île-de-la-Visitation.

    • Trois arĂ©nas : Garon (MontrĂ©al-Nord), Henri-Bourassa et Fleury
    • Quatre bibliothèques: maison culturelle et communautaire (Rolland), Henri-Bourassa, Charleroi, Belleville
    • La Maison culturelle et communautaire

    Notes et références

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    2. Selma Tannouche, Bennani et Leslie Touré Kapo « Droit à la ville : Montréal-Nord entre disparités territoriales et racisme systémique vécu », octobre 2019 [lire en ligne]
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    25. http://ap.google.com/article/ALeqM5i4ffFONRmWjkHndkWW8dMZR7YC9gD92G03T00
    26. http://www.canada.com/calgaryherald/news/story.html?id=9ec92305-9cb6-493a-9271-dd569f0c50bd
    27. Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine. Division des affaires économiques et institutionnelles, Profil sociodémographique. Montréal-Nord, Ville de Montréal, (lire en ligne)
    28. Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine. Division des affaires économiques et institutionnelles, Profil sociodémographique 2006 - Montréal-Nord, Ville de Montréal, (lire en ligne)

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