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Mine d'Asse

La mine d'Asse est une ancienne mine de sel en Basse-Saxe, qui a été exploitée depuis 1965 comme mine de recherches, et entre 1967 et 1978 comme site d'essais techniques en vraie grandeur, et en utilisation finale pour le stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde.

Chevalement de la mine d'Asse II.
Coupe schématique de la mine d'Asse-II

La mine se situe sur la chaĂ®ne de collines du mĂŞme nom Asse Ă  10 km au sud-est de WolfenbĂĽttel. On appelle aussi l'ensemble de l'installation Asse II, du nom du plus ancien de ses deux puits.

Depuis 1965, la mine a été exploitée au nom du gouvernement fédéral par une institution de recherche, qui s'est appelée d'abord Gesellschaft für Strahlenforschung mbH (Société de recherche sur la radioactivité SARL), ou GSF, puis, après de nombreux changements de dénomination, s'appelle Helmholtz Zentrum München (Centre Helmholtz de Munich) ou HMGU. Les travaux de recherche sur le stockage définitif des déchets radioactifs se sont arrêtés en 1995. De 1995 à 2004, on a rempli des cavités laissées vide par l'exploitation du sel. Mais en 2007, la fermeture définitive a été demandée. La fermeture était débattue sur le plan politique ; mais la décision était soumise à des impératifs de temps, parce que la stabilité mécanique de la mine ne paraissait garantie que pour quelques années.

Après que des articles de presse eussent révélé des fuites de saumure radioactive, il a été reproché en 2008 à l'opérateur de la mine de ne pas avoir suffisamment tenu informées les autorités. Ceci fut confirmé officiellement par la suite. Pour pouvoir fermer la mine conformément aux règlements sur les produits radioactifs, elle n'est plus gérée par le code minier, mais depuis le par la règlementation nucléaire, comme site de stockage définitif. C'est pourquoi depuis cette date, c'est le bureau fédéral de protection nucléaire (de) (BfS) qui est responsable de la gestion et de l'arrêt de la mine[1]. Ce changement d'opérateur a pour conséquence que la responsabilité politique est passée du Ministère fédéral de l'Éducation et de la Recherche à celui de l'Environnement, également chargé de la protection de la nature et de la sécurité nucléaire.

Le nouvel opérateur a remis en question les plans de fermeture débuté par son prédécesseur. Concernant les matières déjà stockées, il a entrepris une comparaison entre trois solutions et a proposé en un plan de récupération des déchets stockés[2].

État et fonctionnement comme saline de 1906 à 1964

Les sels d'Asse ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s par la mer au Permien supĂ©rieur (il y a de 250 Ă  230 millions d'annĂ©es), dans des zones assez plates, et coupĂ©es de la mer pour de longues pĂ©riodes, ce qui leur permettait de se dessĂ©cher complètement. Ces couches dĂ©posĂ©es Ă  plat ont Ă©tĂ© remaniĂ©es par des mouvements tectoniques en plis formant actuellement des dĂ´mes comme Ă  Asse, il y a environ 110 millions d'annĂ©es. Ce plissement ne s'est pas fait symĂ©triquement : le flanc nord est restĂ© en pente douce et a Ă©tĂ© remontĂ© jusqu'Ă  la surface, par la pression des couches de grès multicolore infĂ©rieures de la couverture montagneuse. Le flanc sud plus inclinĂ©, supporte les couches supĂ©rieures : le grès multicolore et le calcaire coquillier, et des couches encore supĂ©rieures de la couverture montagneuse.

Les détails de la géologie en ont été mis au jour par des sondages profonds, principalement dans le domaine du flanc sud, qui est critique à de nombreux points de vue : le noyau du dôme est composé de sel gemme plus ancien, qui a été recouvert de carnallite (sel de potasse et de magnésie) de Stassfurt. Au-dessus, il y a encore un sel gemme plus récent (couche de Leine).

Recette du puits Asse II Ă  environ 490 m de fond

Dans l'histoire minière d'Asse, on a d'abord exploité le sel de potasse carnallite, puis le sel gemme. L'exploitation la plus intense a eu lieu sur le flanc sud-ouest, où les couches surplombantes sont très pentues. Ces exploitations ont renforcé les tensions au sein du dôme de sel. Les déplacements de charge ont conduit là et dans les couches surplombantes à des déformations qui se manifestent jusqu'à la surface.

On a fait d'abord en 1894 et 1895 trois puits profonds qui mĂ©nageaient l'accès Ă  une profondeur de 296 m[3]. Dans la mine d'Asse I près du bourg de Wittmar[4], la potasse est extraite Ă  partir de 1899. En 1905, il se produit une arrivĂ©e d'eau salĂ©e Ă  partir d'un trou prĂ©paratoire fait Ă  travers la couche d'argile surmontant le sel. Cette inondation devient si forte qu'on doit abandonner la fosse en 1906[5].

Entre 1906 et 1908, Ă  1,4 km de lĂ , sur le carreau du bourg de Remlingen[4] le puits d'Asse II est forĂ© jusqu'Ă  765 m de fond. On y installe trois mines distinctes : au nord pour l'extraction de la carnallite : million de m3 extraits entre 1909 et 1925 ; au sud pour l'extraction de sel gemme rĂ©cent (couche de Leine) : 3,4 millions de m3 de 1916 Ă  1964 ; et au centre, plus profond, pour l'exploitation du sel gemme ancien (couche de Stassfurt) : 0,5 million de m3 de 1927 Ă  1964[6]. L'exploitation du sel gemme Ă  Asse II a cessĂ© en 1964. Une partie de l'extraction a Ă©tĂ© immĂ©diatement remblayĂ©e ; il reste un vide d'environ millions de m3. Ă€ certains endroits, la barrière de sel jusqu'aux couches de couverture ne fait plus que quelques mètres. Dans les annĂ©es 1920, un remblai humide a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© dans les galeries de potasse[7]. Il semble que la majeure partie de l'eau se trouvant actuellement Ă  cet endroit provienne de ces remblais, qu'elle se soit rassemblĂ©e sur le sol et se soit accumulĂ©e dans les dĂ©pressions formant une sorte de marĂ©cages.

La mine d'Asse III a Ă©tĂ© Ă©tablie en 1911 près du village de Klein Vahlberg, les autoritĂ©s des mines exigeaient en effet la mise en service d'un deuxième puits pour des raisons de sĂ©curitĂ©. Pendant les travaux, de la saumure s'infiltra en grande quantitĂ©, elle fut Ă©galement inondĂ©e trois fois[8], et l'exploitation n'a jamais commencĂ©. Après la première Guerre mondiale, les travaux reprirent. En 1923 la profondeur de 728 m est atteinte, toutefois en raison de la chute de la demande de potasse, elle n'entre jamais en production et finit par ĂŞtre fermĂ©e en 1924[3]. Asse IV est le second puits de la mine d'Asse II, il se trouve Ă  proximitĂ© immĂ©diate du puits II.

Phase de stockage de 1965 Ă  1978

Objectifs

Quand les premières centrales nucléaires allemandes sont planifiées dans les années 1960, il est clair que l'on aura besoin, après un délai de refroidissement de quelques dizaines d'années, d'un lieu de stockage définitif pour les déchets de haute radioactivité. En raison des conditions géologiques de l'Allemagne, il semble que le stockage dans des couches de sel soit, comme dans beaucoup d'autres pays, la meilleure l'option. Pendant plusieurs décennies, on espère pouvoir mettre en fonction un lieu de stockage définitif.

Le dĂ´me de Gorleben semblait alors ĂŞtre le lieu le plus appropriĂ©, la GSF acquit donc en 1965 pour le compte du gouvernement fĂ©dĂ©ral la mine d'Asse II afin de construire un lieu de stockage pilote. La mine venait en effet d'ĂŞtre fermĂ©e par son propriĂ©taire d'alors, la compagnie Wintershall, qui rĂ©alisa une bonne affaire en la vendant pour 700 000 DM[9], et ce sans mise en concurrence.

« Le but était de récolter les données technico-scientifiques et de préparer les techniques appropriées pour aménager un stockage de déchets dans la mine de sel de Gorleben. Cette mine faisait l'objet d'une enquête d'adéquation. Nous, à GSF, devions mettre au point les technologies appropriées et mener les recherches scientifiques dans la mine de recherche d'Asse. (Klaus Kühn, alors directeur d'Asse, 2001) »

Le problème des entrées d'eau est déjà connu, mais les plaignants ayant été déboutés, la mine d'Asse II est déclarée sèche et appropriée pour le stockage de déchets radioactifs. C'est ainsi que le Secrétaire d'État fédéral à la science, Klaus von Dohnanyi s'exprime en 1972 : « L'entrée d'eau peut être exclue avec une probabilité confinant à la certitude. (Klaus von Dohnanyi)[8] ». À la suite d'une expertise en 1964, la formulation devint :

« Au niveau des 750 m de fond se trouvent une cuvette de rĂ©colte de saumure de potasse contenant du magnĂ©sium, qui coule au rythme de 79 l/j des anciennes mines de carnallite, ainsi qu'un rĂ©servoir pour l'eau d'Ă©coulement du puits. Celle-ci vient de trois fentes, avec un dĂ©bit d'environ 2 l/min... D'après le Pr Mohr, cette arrivĂ©e peut ĂŞtre contenue par un bouchon de ciment. (Rapport d'expertise)[9] »

Inventaire du stockage

Selon l'autorisation de stockage, il n'a Ă©tĂ© stockĂ© Ă  Asse que des dĂ©chets de basse et moyenne activitĂ©, dĂ©finis comme des dĂ©chets ne dĂ©gageant pas de chaleur notable[10]. Le stockage a Ă©tĂ© gratuit de 1967 Ă  1975. C'est dans cette pĂ©riode qu’environ la moitiĂ© des colis ont Ă©tĂ© stockĂ©s. Ă€ partir de , il y a eu une rĂ©glementation des droits de stockage de dĂ©chets de basse et moyenne activitĂ© dans la mine d'Asse. Jusqu'Ă  la fin du stockage, ces droits ont rapportĂ© environ 900 000 €.

Pour la dĂ©contamination du site, les plans prĂ©voient une somme de 2 milliards d'euros. Des avis d'experts vont cependant jusqu’à 6 milliards[11].

L'ensemble de la documentation accessible a été réexaminée en , à la suite de spéculations sur un prétendu stockage de déchets de haute activité. Selon le rapport d'examen, on a stocké dans la mine d'Asse[12] :

  1. 125 787 colis de dĂ©chets de faible activitĂ©, stockĂ©s entre 1967 et 1978 dans diverses cavitĂ©s Ă  750 m de fond. Les colis sont pour la majoritĂ© des fĂ»ts de volumes entre 100 et 400 l, ou des emballages en bĂ©ton. L'activitĂ© totale dĂ©clarĂ©e au moment du stockage est de 1,8 Ă— 1015 Bq. Environ la moitiĂ© des colis proviennent de l'usine de retraitement du centre d'Ă©tudes nuclĂ©aires de Karlsruhe, 20 % de centrales nuclĂ©aires, 10 % du centre de recherches nuclĂ©aires de Juliers. Les colis contiennent typiquement des dĂ©chets de laboratoire et divers, des gravois, de la ferraille, des restes de filtres et d'incinĂ©ration. Les liquides tels que les concentrĂ©s d'eau de chaudière, les boues, les huiles, les goudrons, les solvants, devaient ĂŞtre incorporĂ©s dans des matrices solides. Selon les dires d'anciens collaborateurs, au dĂ©but, on a acceptĂ© et stockĂ© quelques fĂ»ts contenant du liquide[13].
    Espace d'amenĂ©e, 20 m au-dessus de l'espace 8a. Les colis de dĂ©chets de moyenne activitĂ© tombent par le couloir inclinĂ© vers l'espace 8a.
    Pupitre de commande des grues pour le stockage des fûts de déchets de moyenne activité. L'écran à droite donne l'image de l'espace 8a.
  2. 1 293 colis de dĂ©chets de moyenne activitĂ© sont stockĂ©s entre 1972 et 1977 dans l'espace 8a au niveau 511 m. Comme colis, on n'autorisait que des fĂ»ts cylindriques de 200 l ; les matĂ©riaux devaient ĂŞtre incorporĂ©s dans du bĂ©ton ou du goudron. L'activitĂ© totale dĂ©clarĂ©e au moment du stockage se monte Ă  2,8 Ă— 1015 Bq. Plus de 97 % des colis (c'est-Ă -dire plus de 90 % de l'activitĂ© totale d'Asse) proviennent de l'usine de retraitement de Karlsruhe. Une partie de ces fĂ»ts contient des dĂ©chets du retraitement proprement dit, et donc des matières fissiles. Les limites par fĂ»t Ă©taient de 200 g d'U-235, 15 g d'U-233 et 15 g de Pu-239. Ces valeurs limites n'ont pas Ă©tĂ© atteintes : les valeurs maximales ont Ă©tĂ© de 24 g d'U-235, de moins de g d'U-233 et de 5,7 g de Pu. Il a donc Ă©tĂ© estimĂ© qu'au niveau 511 m, moins de 25 kg d'uranium et kg de plutonium sont prĂ©sents[12] - [14]. En , le Ministère fĂ©dĂ©ral de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la SĂ©curitĂ© nuclĂ©aire a fait savoir qu'en raison d'une « erreur de recopie », la quantitĂ© enregistrĂ©e de plutonium avait Ă©tĂ© annoncĂ©e bien trop faible, et qu'en rĂ©alitĂ© 28 kg ont Ă©tĂ© stockĂ©s[15] - [16]. Une nouvelle vĂ©rification de l’inventaire fait ressortir en 2010 en tout 14 800 colis non dĂ©clarĂ©s. Ce ne sont pas comme on le croyait jusqu’à prĂ©sent environ 1300, mais 16 100 colis de dĂ©chets de moyenne activitĂ© qui sont stockĂ©s[17].

Pour l'apprĂ©ciation de l'activitĂ© des 4,6 Ă— 1015 Bq (ou peut-ĂŞtre 30 Ă— 1015 Bq, s'il faut ajouter les dĂ©chets de moyenne activitĂ© non dĂ©clarĂ©s ?) stockĂ©s dans Asse, il faut prendre en compte le fait que la plus grande partie des Ă©metteurs alpha se retrouvent dans les dĂ©chets de faible activitĂ©. Or ce sont les plus importants sur le plan biologique, et ceux qui ont les plus longues vies. Ces dĂ©chets de faible activitĂ© sont donc d'une importance majeure pour la sĂ©curitĂ© Ă  long terme, et posent les problèmes les plus difficiles. Les dĂ©chets de moyenne activitĂ© contiennent en majeure partie des nuclĂ©ides de courte durĂ©e de vie, qui posent moins de problèmes pour la sĂ©curitĂ© Ă  long terme, bien qu'ils suscitent des problèmes dans l'immĂ©diat pour leur manipulation et leur transport (nĂ©cessitĂ© de blindage).

Plus de 25 % des colis provient de la dernière année de stockage, 1978, une année où la fin du stockage était déjà en vue. Les producteurs de déchets ont en effet utilisé le délai imparti, qui se terminait fin 1978, pour stocker tous leurs déchets dans la mine avant sa fermeture. La mine n'a plus eu depuis d'autorisation pour le stockage définitif de matière radioactive[18].

MĂ©thode de stockage

Les fûts métalliques dans lesquels les déchets étaient livrés ont toujours été considérés comme des fûts de transport, jamais comme barrières de longue durée. La corrosion des fûts métalliques dans un environnement salin dure, selon l'humidité, de quelques années à des décennies. La première et la plus importante des barrières pour le confinement de la radioactivité est le sel de la couche géologique.

Au début des tests de stockage, les fûts de déchets de faible activité étaient empilés verticalement dans les cavités de la mine dans le gisement de sel. Une deuxième optimisation conduisit à les empiler en position horizontale. Dans une troisième phase des essais, les fûts ont été hissés sur un monticule, et laissés à eux-mêmes rouler dans l'espace de stockage[19], puis immédiatement recouverts d'un remblai de sel. Plus tard au cours de cette phase, il a été constaté que des fûts étaient déjà endommagés au moment du stockage. Les tonneaux contenant des déchets de moyenne activité ont été aussi ainsi acheminés vers leurs lieux de stockage, simplement entourés de pneus. Il était explicitement hors de question d'aller rechercher les déchets stockés.

« Des incidents particuliers ont Ă©tĂ© signalĂ©s au bureau de la mine, comme (en 1973) la contamination sur une grande surface devant l'espace 12 au niveau 750 m, par des fĂ»ts qui avaient fui (après ĂŞtre tombĂ©s d'un chariot Ă©lĂ©vateur). Cette contamination a Ă©tĂ© Ă©liminĂ©e par le transport des volumes de sel concernĂ©s dans un espace de stockage pour les dĂ©chets radioactifs (Helmholtz Zentrum MĂĽnchen, 2008[13]). »

Conduite des recherches Ă  partir de 1979

Recherche par l'Institut de stockage profond

Chariot dans la mine d'Asse Ă  490 m de fond

En 1976, la loi sur le nucléaire est mise à jour, et le concept de « Stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde (stockage définitif) » est pour la première fois défini sur le plan juridique. Les nouvelles autorisations de stockage ne peuvent plus être délivrées que par un processus de planification soumis à enquête publique. Ce processus n'a jamais eu lieu. Ce n'est qu'au cours des années suivantes qu'il devient clair pour toutes les parties que les stockages ne reprendraient plus jamais[18].

La nouvelle tâche principale assignée aux travaux de recherche et de mise au point à Asse est le stockage définitif dans le dôme de Gorleben. De nouvelles techniques pour le remplissage et le scellement de trous, d'espaces, de galeries et de puits dans un stockage définitif sont mises au point et testées. Sous les étages existants de la mine, de nouveaux étages entre 800 et 975 m sont ouverts pour les tests en profondeur. C'est là que doivent avoir lieu quatre essais en vraie grandeur dans des couches vierges, dans des conditions très semblables à celles de Gorleben : essais de démonstration du stockage de déchets de moyenne et haute activité, essai de construction d'une digue, et essai de stockage de conteneurs Pollux (de) dans des galeries horizontales. Tous les travaux de recherche sont documentés dans les rapports annuels de la GSF.

Au printemps 1992, le Ministère fédéral pour la Recherche et la Technologie annonce qu'il ne soutiendra plus ces essais en vraie grandeur dans Asse, à partir du . À la suite de cette décision, l'Institut GSF pour le stockage profond est dissous au ; les expériences sont interrompues.

Le directeur de la mine alors, GĂĽnther Kappei, Ă©crit Ă  ce sujet en 2006 :

« Pour les scientifiques et mineurs hautement motivés […] le monde s'effondrait alors. Tout l'enthousiasme, toute l'euphorie de savoir que l'on entreprenait des travaux de mise au point uniques en leur genre, ont été balayés d'un coup. Il devenait clair pour tous les participants que le travail des années, voire des décennies, qui tenait tant au cœur de toutes les parties, avait largement été fait en vain. Mais au cours du temps, quelque chose de plus s'effondre. Peu à peu il devient clair que depuis 15 ans aucun travail de recherche ou de mise au point en souterrain n'aura lieu pour un stockage sûr des déchets radioactifs dans le sel. En 2000, un moratoire de trois à dix ans sur l'exploration de la couche de sel de Gorleben est établi, en attendant la clarification de points fondamentaux restés douteux en matière de sécurité. En raison de ces longues périodes d'inactivité, les techniques introduites se périment très vite, et le savoir-faire chèrement acquis se perd au fil du temps. Nous nous éloignons actuellement de la solution du problème posé il y a une cinquantaine d'années : le stockage des déchets radioactifs[20]. »

Projets de recherche d'autres institutions

Le Centre de recherches de Karlsruhe poursuit depuis 1978 une expĂ©rience importante pour le stockage dĂ©finitif : le lessivage de diffĂ©rents Ă©lĂ©ments incorporĂ©s au ciment. Dans ce but, plusieurs fĂ»ts ont Ă©tĂ© apportĂ©s Ă  490 m de fond, dans lesquels du ciment chargĂ© en cĂ©sium, en neptunium et en uranium est baignĂ© dans divers types de liquide. Pour certains liquides, on a mesurĂ© un lessivage important de ces Ă©lĂ©ments, ainsi qu'une destruction de la matrice de ciment[21]. Le prolongement de l'expĂ©rience est acceptĂ© jusqu'en 2013, mais doit ĂŞtre terminĂ© Ă  temps, dans le cadre de la fermeture de la mine.

Entrée du laboratoire souterrain de dosimétrie et de spectrométrie du PTB

L'institut Physico-technique fĂ©dĂ©ral (PTB) a installĂ© au niveau de 490 m un laboratoire souterrain de dosimĂ©trie et de spectromĂ©trie radiologique (UDO). En raison de l'excellent blindage dĂ» aux terrains situĂ©s au-dessus du laboratoire, le flux de muons cosmiques est rĂ©duit de plus de 4 ordres de grandeur par rapport Ă  la surface du sol. Le dĂ©bit de dose radioactive en Îł est infĂ©rieur Ă  nSv/h, et il est nĂ©gligeable en neutrons. En raison de sa faible radioactivitĂ©, le laboratoire est appropriĂ© Ă  la mesure des radioactivitĂ©s les plus faibles, avec des spectromètres au germanium. Il est considĂ©rĂ© sous ce rapport comme le meilleur laboratoire en Allemagne[22]. De plus, ce laboratoire est utilisĂ© pour des mesures pour comparer dans le cadre europĂ©en les performances des sondes locales de mesure de dĂ©bit de dose radioactive, en ce qui concerne le bruit interne, la dĂ©pendance en Ă©nergie, et la linĂ©aritĂ©. Dans ce laboratoire, on peut crĂ©er des faisceaux de rayonnement collimĂ©s avec lesquels on peut calibrer les sondes dans des faisceaux parfaitement connus[23]. La fermeture de la mine menace l'avenir de l'UDO.

Préparation à la fermeture depuis 1995

En , le Ministère de l'Environnement de Basse-Saxe instruit les autorités compétentes d'entreprendre une « Estimation des dangers de la mine d'Asse II ». Un rapport en conséquence est déposé en , et indique les mouvements continuels de la montagne, et les entrées d'eau salée, et qualifie d'« absolument nécessaire » un comblement effectué selon les règles de l'art des mines[24].

Le Ministère fédéral de l'Éducation et de la Recherche (BMBF) décide en 1992 de terminer les travaux de recherche dans la mine. Là-dessus, la GSF prend des mesures pour stabiliser l'architecture de la mine, et se met à rechercher un plan de fermeture. Après des turbulences politiques en été 2008, les ministères fédéraux de l'Environnement (BMU) et de la recherche (BMBF) se mettent d'accord avec le Ministère de l'Environnement de Basse-Saxe, pour retirer la responsabilité à la société, entretemps rebaptisée « Centre Helmholtz ». Depuis le , c'est le bureau fédéral de protection contre les radiations (de) qui est directement responsable de la mine.

Instabilité de la mine

Dans une mine de sel, on ne travaille pas avec des Ă©tais et des montants ; on prĂ©fère travailler de façon que les espaces exploitĂ©s soient disposĂ©s en sorte que le sel restant – qui devient l'architecture de la mine – supporte Ă  lui seul le poids du terrain situĂ© en surplomb. Dans ces conditions, on calcule que les piliers et les terrasses (les rĂ©gions situĂ©es entre les niveaux d'exploitation) subissent des contraintes substantielles, sous l'action desquelles l'architecture en sel se dĂ©forme. Cette dĂ©formation se prolonge dans les terrains de couverture, ce qui, dans le cas de la mine d'Asse, peut aller jusqu'Ă  15 cm/an.

En raison du haut degré d'exploitation et de l'ouverture pour des décennies, la déformation à Asse atteint une telle extension que le sel sous tension perd peu à peu sa cohésion : « Le système porteur a réagi aux tensions dues aux terrains supportés par des déformations de fluage, déformations plastiques aussi bien que des processus locaux de brisure, et est devenu par là plus souple. »[25]. L'Institut de mécanique orographique (IfG) de Leipzig, qui suit ce développement continuellement depuis 1996 a pronostiqué en 2007 que l'on arriverait au début de 2014 à un accroissement de la perte de rigidité, et que le rythme des déplacements dans la montagne surplombant augmenterait[6]. Ces déplacements peuvent éventuellement conduire à une augmentation incontrôlable de l'apport d'eau et rendre impossible de continuer à travailler au sec dans la mine.

Pour dégrossir ces questions, l'Institut de mécanique orographique (Institut für Gebirgsmechanik - IfG) de Leipzig a publié pour le compte du GSF, dans le cadre d'un Workshopqu'est-ce? le , une « Analyse résumée de la résistance au poids de l'ensemble du système de l'installation d'Asse , et deux autres rapports détaillés. Ce rapport a été produit sur la base d'une étude continue de la situation de la mécanique orographique de 1996 à 2005 par IfG.

À la suite de la publication de ce rapport[6], le ministère fédéral de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire (BMU), le ministère fédéral de l'Éducation et de la Recherche (BMBF) et le ministère de l'environnement du Land de Basse-Saxe (NMU) ont communiqué le leur soutien aux cinq mesures suivantes pour l'amélioration de la sécurité et la minimisation des risques[26] :

  • Le centre de recherches pour l'environnement et la santĂ© (GSF) Ă©tablit avant la date limite de une analyse de risques, couvrant Ă©galement le risque d'une entrĂ©e rapidement croissante de saumure pendant la prĂ©sente phase de fonctionnement.
  • Avant mi-2008, une Ă©valuation dĂ©finitive des options sera menĂ©e, prenant en compte, outre les mesures de fermeture tentĂ©es jusqu'ici, les mesures complĂ©mentaires ou alternatives, y compris le retrait des dĂ©chets radioactifs.
  • GSF conduira d'ici 6 mois une Ă©tude de faisabilitĂ© scientifique et technique en vue d'une stabilisation de la structure de la mine, plus rapide que le remplissage effectuĂ© jusqu'Ă  prĂ©sent (p. ex. Ă©lĂ©vation de la rĂ©sistance des matĂ©riaux de remplissage dans le flanc SO).
  • On privilĂ©giera pour le plan de fermeture les mesures Ă  prendre en temps utile, faute de ne pas pouvoir les rĂ©aliser par manque de temps en cas de besoin. On placera dans cette catĂ©gorie les barrages anti-inondation.
  • Les reprĂ©sentants de la population locale seront invitĂ©s Ă  participer Ă  l'Ă©laboration et Ă  l'Ă©valuation des options. Les origines du concept actuel de fermeture seront ainsi mises Ă  disposition comme base de rĂ©flexion, pour le dĂ©but de 2008. La mise en place d'un groupe d'accompagnement dans l'arrondissement (Kreis), ou dans son conseil, sera appuyĂ©e et soutenue conjointement par le BMU, le BMBF et le NMU.

Déjà, en 1979, un groupe de travail sous la direction de H.H. Jürgens avait déposé en rapport sur la stabilité de la construction de la mine[27]. Dans ce rapport, on décrit le scénario qui menace maintenant d'une inondation incontrôlable en provenance des terrains en surplomb du flanc sud, avec la conséquence de la perte de portance de l'architecture de la mine. Le responsable d'alors d'Asse (GSF), ainsi que son conseiller, rejetèrent ce rapport le considérant comme « non-scientifique », et expliquèrent qu'il n'y avait pas de problème de sécurité mécanique à Asse. Pourtant, il y avait eu des avertissements dans ce sens de la part de la direction des mines dès le [28].

Arrivée d'eau

La saumure de potasse est stockée sur place dans des camions citernes (août 2009)

L'eau pénètre dans une mine de sel, si la barrière de sel que l'on laisse en place tout autour de la mine est endommagée – soit parce que cette barrière a été perforée accidentellement, soit parce que la déformation de l'architecture en sel y provoque des déchirures. La mine d'Asse est spécialement menacée par l'eau parce que la barrière de sel n'est parfois que de quelques mètres.

De 1906 Ă  1988, on a recensĂ© 29 entrĂ©es d'eau salĂ©e. Elles ont Ă©tĂ© en partie colmatĂ©es avec succès, en partie taries spontanĂ©ment, et en partie nĂ©gligeables (moins de 0,5 m3/j). Pour la sĂ©curitĂ© actuelle, elles ne sont pas significatives[29].

Entre 1988 et 2008, 32 nouvelles entrĂ©es d'eau ont Ă©tĂ© recensĂ©es. Une partie est attribuĂ©e Ă  des entrĂ©es de solution dans le dĂ´me de sel Ă  partir des domaines situĂ©s vers la mine de potasse. Mais le fait le plus significatif est les entrĂ©es d'eau en provenance des terrains avoisinant ou surplombant le flanc sud, dans le domaine des mines de sel. Elles ont Ă©tĂ© captĂ©es aux niveaux 658, 725 et 750 m et ont en 2008 un dĂ©bit total de 11,8 m3/j[30]. La solution captĂ©e est surveillĂ©e en ce qui concerne sa radioactivitĂ©, par inscription quotidienne des valeurs extrĂŞmes, puis pompĂ©e dans des camions-citernes, et emportĂ©e vers des mines de potasse de la K+S (Bad Salzdetfurth, AdolfsglĂĽck et MariaglĂĽck) et utilisĂ©e lĂ -bas pour les inonder[31] - [32].

Bassin de retenue (couvert de plastique, Ă  droite) et emport de la solution saline par fĂ»ts de 1 000 l au niveau 658 m

Un colmatage du flanc sud ne semble pas possible. Les entrées d'eau proviennent de cheminements qui se sont formés à la suite des déformations de la couche de sel au niveau de la barrière, et dans les couches de terrain voisines. Le danger de telles entrées d'eau avait déjà été souligné en 1979 dans une étude critique[27].

Quand le problème de la mine d'Asse est dévoilé en septembre 2008 dans toute la République Fédérale, les médias ne font pas toujours clairement la différence entre le problème des entrées d'eau de l'extérieur et la pollution de solution au sein de la mine (voir infra). La réponse politique du Ministre de l'Environnement de Basse-Saxe est d'interdire provisoirement l'évacuation de la solution qui a pénétré, et de demander l'installation de sites indépendants de mesure[33]

Saumure de potasse contaminée

Le , le Braunschweiger Zeitung (de) rapporte que de la potasse dans Asse est contaminĂ©e avec du cĂ©sium-137 (137Cs : demi-vie de 30,17 ans). Ce rapport reçoit un fort Ă©cho politique car le Ministère de l'Environnement de Basse-Saxe ne peut pas rĂ©pondre aux questions, puisqu'il n'Ă©tait pas au courant d'une telle contamination. LĂ -dessus, la chambre du Land et le Ministre fĂ©dĂ©ral de l'Environnement demandent au Ministre de l'Environnement de Basse-Saxe un rapport d'Ă©tat, qui est publiĂ© le [34].

Le , la députée du Land Christel Wegner (de) pose des questions détaillées sur le transfert de la potasse hors du dépôt de déchets nucléaires d'Asse[35]. Des réponses à ce questionnaire font apparaître aux yeux du public le fait que, pendant des années, de la solution de potasse d'Asse a été expédiée vers des mines de la K+S, dont l'exploitation a entre-temps cessé. Le Ministre de l'Environnement fédéral de l'époque, Sigmar Gabriel, ignorait tout de ces faits. À la suite de ce questionnaire, des échantillons sont analysés dans les mines en question. Les noms des mines concernées sont publiés, les sénats ainsi que la population des Länder concernés sont informés. Le , le rapport de Wegner avec ses réponses est publié.

Le rapport d'Ă©tat du , de plus de 160 pages, rĂ©pond tout d'abord Ă  la question qui avait dĂ©tenu quelles informations Ă  quel moment, avant de poser les problèmes techniques et juridiques. Ă€ la suite de ce rapport, il est Ă©tabli que depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, de la saumure qui s'Ă©tait accumulĂ©e dans certains trous d'exploration dans le sol du niveau 750 m prĂ©sentait une concentration Ă©levĂ©e du nuclĂ©ide cĂ©sium-137. En , on dĂ©tecte pour la première fois un point d'Ă©coulement au goutte Ă  goutte de solution contaminĂ©e au toit du niveau 750 m. Après un changement de la rĂ©glementation de protection nuclĂ©aire, qui prend effet le , les activitĂ©s en cĂ©sium-137 dĂ©passent la limite nĂ©gligeable en certains points de mesure. En accord avec le niveau immĂ©diatement supĂ©rieur de l'autoritĂ© de surveillance, le bureau des mines de Clausthal-Zellerfeld, la saumure contaminĂ©e est dirigĂ©e vers le niveau 900 m qui n'est plus ouvert Ă  la circulation, jusqu'Ă  dĂ©but 2008. Ensuite, l'afflux se tarit. Dans le rapport d'Ă©tat, le Ministère de l'Environnement de Basse-Saxe argue que pour cette dĂ©viation, il aurait fallu une autorisation spĂ©ciale dans le cadre de la rĂ©glementation nuclĂ©aire ; il cite cependant aussi le point de vue juridique opposĂ©, celui des autoritĂ©s minières de Basse-Saxe, qui dĂ©fendent avec vigueur leur mĂ©thode d'administration pratiquĂ©e depuis de longues annĂ©es.

Pour la confection du rapport d'Ă©tat, on a fait appel Ă  des experts. Le Pr Mengel (TU Clausthal (de)) et le Dr Lennartz (Centre de Recherche de JĂĽlich) se dĂ©clarent insatisfaits des explications de l'exploitant, selon lequel ces contaminations sont des consĂ©quences de l'accident de stockage de 1973. En quelques jours, ils trouvent beaucoup d'indices rĂ©vĂ©lant que la solution provient de l'espace de stockage 12. L'origine de la solution est en fin de compte un vieux comblement dans un espace distant de seulement 30 m, depuis lequel l'humiditĂ© a migrĂ© vers l'espace 12 au cours des dĂ©cennies avant le stockage. Au moment du stockage, en 1974, le sol de l'espace 12 Ă©tait donc imprĂ©gnĂ© de saumure. Cette saumure est entrĂ©e en contact avec les dĂ©chets stockĂ©s, et se diffuse maintenant dans l'environnement immĂ©diat de cet espace de stockage[7].

En , le Service fĂ©dĂ©ral de protection contre les radiations dĂ©tecte Ă  nouveau de la saumure irradiĂ©e non loin de l'espace 12. Dans un trou d'exploration de la mine, on trouve des Ă©chantillons contenant 240 000 Bq/l de l’isotope radioactif cĂ©sium-137. Selon les indications des autoritĂ©s, il s'agit lĂ  de la plus haute concentration en cĂ©sium-137 mesurĂ©e depuis la fin du stockage en 1978. Cela correspond Ă  24 fois la limite de la concentration nĂ©gligeable, mais encore significativement en dessous de la limite supĂ©rieure autorisĂ©e. Dans le trou, il y avait environ 1 l de saumure radioactive, provenant de l'espace des dĂ©chets[36] - [37].

Gaz de la fosse

L'humiditĂ© et les arrivĂ©es de saumure et d'eau dans les couches de sel conduisent Ă  une accĂ©lĂ©ration de la corrosion des tĂ´les d'acier des fĂ»ts. Cela provoque un dĂ©gagement d'hydrogène gazeux. De plus, la putrĂ©faction des dĂ©chets organiques (chiffons, cadavres d'animaux) produit du mĂ©thane en grandes quantitĂ©s[38], ce qui pourrait crĂ©er une situation ingĂ©rable si des quantitĂ©s d'eau ou de saumure, Ă©ventuellement très importantes, venaient soudain Ă  pĂ©nĂ©trer le terrain surplombant, Ă©vĂ©nement qui reste pour l'instant impossible Ă  prĂ©voir. L'eau en pĂ©nĂ©trant dissoudrait en effet encore des sels (la carnallite) de l'architecture de la mine, ce qui en rendrait la sĂ©curitĂ© mĂ©canique encore plus problĂ©matique[39]. De plus, en cas d'inondation, il faudrait compter avec un accroissement massif de la corrosion, et donc de la production d'hydrogène. En connexion avec le mĂ©thane dĂ©jĂ  prĂ©sent, cela pourrait au bout de 50 ans conduire Ă  un « blow-out » (Ă©clatement) oĂą les gaz sous haute pression se prĂ©cipitent de façon incontrĂ´lable vers la surface, en entraĂ®nant des liquides contaminĂ©s et des boues. Les gaz libĂ©rĂ©s et les liquides se rĂ©pandent alors rapidement dans la biosphère oĂą ils apportent une charge radioactive[40]. Ce problème ne sera pas non plus rĂ©solu par l'ennoiement de la fosse par un « fluide protecteur », au contraire : la solution de chlorure de magnĂ©sium envisagĂ©e en cas d'Ă©chec de la rĂ©cupĂ©ration des dĂ©chets, dĂ©jĂ  utilisĂ©e pour des remplissages partiels, ne fait qu'accĂ©lĂ©rer significativement la corrosion du mĂ©tal.

Projet de fermeture de la GSF

L'objectif final de toutes les mesures de fermeture de la mine d'Asse est un isolement sûr entre les déchets stockés et la biosphère.

Les grands traits du projet de fermeture ont été acceptés depuis 1995 dans le cadre des plans des grands travaux et travaux spéciaux. Sur la base de ces plans, une partie du projet général a déjà été modifiée. L'offre proprement dite de fermeture de la mine a été soumise en au bureau des mines du Land. Cette offre contenait un plan de gestion de la fermeture, ainsi qu'une preuve de sécurité à long terme. Après un premier examen, l'autorité de surveillance a déclaré insuffisants les documents présentés, et a réclamé d'autres preuves.

Le plan prévoyait de stabiliser la mine mécaniquement par comblement des espaces vides. L'introduction pneumatique de sel pulvérulent peut conduire à une diminution des tensions au sein de la montagne, mais la contre-pression ainsi obtenue est insuffisante pour une stabilisation à long terme. Pour minimiser le volume des pores du matériel de comblement et contribuer à la diminution des contraintes mécaniques, il faudrait y introduire un fluide protecteur. Il était prévu pour cela une solution de chlorure de magnésium, au moyen de laquelle la dislocation de la carnallite par des entrées de chlorure de sodium pouvait être contrée. Le projet de fermeture prévoyait en plus la construction de barrières étanches.

L'ennoiement d'Asse avec un fluide protecteur est présenté au public comme le seul processus possible selon les règles de l'art minier. Mais il restait la question ouverte de la compatibilité entre cette procédure et les exigences de la protection contre les radiations. Conformément à la règle fondamentale de ne pas résoudre les problèmes de traitement des déchets par la dilution, c'est un standard international de stocker les déchets nucléaires à sec. Si les espaces de stockage d'Asse sont inondés, il faut considérer qu'une partie de l'inventaire nucléaire sera dissous, et qu'au cours des siècles, il se disséminera à travers les espaces remplis, mais poreux, de la mine fermée. Pour limiter cette dispersion, la construction de barrières étanches est nécessaire. Le gestionnaire a essayé d'apporter par des modélisations informatiques la preuve que l'on pouvait atteindre durablement le but de protection radiologique, à savoir rendre impossible toute influence sur la biosphère.

Une autre objection à l'ennoiement est que le ciment dans lequel beaucoup de déchets sont incorporés peut réagir chimiquement avec l'eau qui arrive, libérer du gaz et augmenter la pression, jusqu'au risque d'explosion[41].

Travaux préparatoires

D' Ă  , les vieux espaces d'exploitation entre les niveaux 725 et 490 m ont Ă©tĂ© Ă  peu près tous comblĂ©s avec les terrils des anciennes mines de potasse de Ronnenberg. Tous les jours ouvrĂ©s arrivaient 18 wagons. Sur place, les espaces vides Ă©taient remplis, tassĂ©s jusqu'au toit avec un chariot Ă©lĂ©vateur. En tout, environ 2,15 millions de tonnes de restes de sel ont Ă©tĂ© apportĂ©s dans les exploitations du flanc sud de la mine d'Asse II[42].

Les tâches entreprises ou restant à entreprendre dans ce cadre sont :

  • la construction de barrières Ă©tanches pour une limitation efficace et une dĂ©viation des flux de solution possibles Ă  l'avenir dans l'architecture de la mine
  • le remplissage des espaces vides au-dessous du niveau 800 m
  • la saturation avec une solution de chlorure de magnĂ©sium comme fluide protecteur (depuis )
  • le comblement des puits Asse II et Asse IV
  • la garantie de la sĂ©curitĂ© de la mine par des travaux rĂ©guliers d'entretien des installations minières (contrĂ´le des rĂ©gions sujettes Ă  Ă©boulements de pierre, test des bennes, câblerie et machinerie, surveillance des voies au jour, surveillance et maintenance des machines et installations Ă©lectrotechniques).

Après le changement d'exploitant au , l'ancien projet de fermeture a été remis en cause. Tout d'abord, diverses options de fermeture ont été considérées, parmi lesquelles on devait choisir la meilleure avant fin 2009.

En , le service fĂ©dĂ©ral de protection contre les radiations a proposĂ© de retirer complètement les dĂ©chets nuclĂ©aires de ce chantier en piteux Ă©tat. Les dĂ©chets doivent maintenant ĂŞtre entreposĂ©s dĂ©finitivement dans le puits Conrad, une mine de fer fermĂ©e en 1982 Ă  Salzgitter. Les options d'un ennoiement des fĂ»ts dans le bĂ©ton ou d'un dĂ©mĂ©nagement des fĂ»ts dans des couches plus profondes ont Ă©tĂ© prĂ©alablement abandonnĂ©es[43] - [44]. Pour le retrait des dĂ©chets stockĂ©s, il a Ă©tĂ© mis un dĂ©lai de dix ans, les coĂ»ts ont Ă©tĂ© estimĂ©s par expertise d'abord Ă  environ deux milliards d'euros[43]. Le ministre fĂ©dĂ©ral de l'environnement Röttgen estime dĂ©sormais les coĂ»ts significativement plus haut, Ă  3,7 milliards d'euros.

EnquĂŞte publique et comparaison des options

Jusqu'en 2008, la mine d'Asse était conduite sous l'égide du code minier. La grande différence avec le code du nucléaire consiste en ce que les processus de concession peuvent y être menés sans enquête publique. Sur la base de la pression croissante du public, et pour des raisons politiques, les ministres concernés (Environnement, Recherche, Environnement du land de Basse-Saxe) ont décidé cependant en 2007 de faire participer le public à la vérification des contrats de fermeture. Il y a eu création d'un Groupe de travail de comparaison des options, pour vérifier les alternatives aux concepts de fermeture de l’exploitant, et dans le Landkreis de Wolfenbüttel, il a été établi un groupe de suivi.

Les options présentées, en-dehors de l'ennoiement avec une solution de chlorure de magnésium, ont été le comblement avec un matériau solide (caillasse, ciment Sorel (de)), un déménagement d'une partie des déchets au sein de la mine, ou un retrait des fûts.

Depuis 2009, une commission d'enquête du Landtag de Basse-Saxe s'occupe des événements du dépôt de déchets nucléaires d'Asse[45]. Par les enquêtes de la commission, on a su que les fûts pour le stockage du matériel nucléaire n'avaient été conçus que pour une durée de 3 ans. Le fait qu'ils soient rouillés en peu de temps était donc attendu et toléré. Cela permet de penser que l'industrie, depuis le début, a considéré la fosse de stockage déclarée mine de recherche, comme un dépôt définitif et bon marché[46].

MĂ©diatisation et changement de gestionnaire

Entrée de la mine d'Asse II (août 2009)

La publication du rapport d'Ă©tat et son interprĂ©tation, en particulier par le ministre fĂ©dĂ©ral de l'Environnement Sigmar Gabriel ont fait les gros titres dans toute la RĂ©publique FĂ©dĂ©rale. Le ministre avançait de graves reproches contre le gestionnaire et les autoritĂ©s d'autorisation minières. Les deux avaient omis de respecter la rĂ©glementation nuclĂ©aire. Le stockage de combustibles nuclĂ©aires contredisait des affirmations antĂ©rieures. Il Ă©tait Ă©galement « incroyable » que le manque d'Ă©tanchĂ©itĂ© de la mine ait Ă©tĂ© connu depuis 1967, et pas dĂ©couverte dans le rapport de 1988. On avait agi avec une « nĂ©gligence grossière », et il fallait aussi envisager une plainte pĂ©nale. Le stockage de fĂ»ts de dĂ©chets avait eu lieu dans des espaces humides, comme l'avait montrĂ© le questionnement des collaborateurs. « Il n'y a jamais eu de stockage final sĂ»r Ă  Asse, mais il y a eu sĂ»rement des informations cachĂ©es sur les entrĂ©es de solution de potasse. » critiqua Gabriel[47]. Il parle d'un « accident ultime prĂ©visible psychologique dans le dĂ©bat sur le stockage dĂ©finitif » et d'une charge supplĂ©mentaire pour la recherche d'un site appropriĂ©[48]. Asse II serait « l'installation nuclĂ©aire la plus problĂ©matique en Europe ». Stefan Wenzel (de), membre de la chambre du Land, (groupe Alliance 90 / Les Verts) a portĂ© plainte en pour trafic illĂ©gal de combustibles et autres matières nuclĂ©aires, au chef du §327 et suivants du Code PĂ©nal allemand. La dirigeante du groupe Alliance 90 / Les Verts, Renate KĂĽnast a portĂ© plainte contre le responsable du dĂ©pĂ´t de dĂ©chets nuclĂ©aires[49]. Dans les deux cas, des enquĂŞtes ont Ă©tĂ© diligentĂ©es par le parquet de l'État de Brunswick. En 2008, elles ont Ă©tĂ© reprises pour la troisième fois. Le nettoyage devait coĂ»ter environ 2,2 milliards d'euros[50]. De nouvelles estimations vont de 4 Ă  6 milliards d'euros.

Le , le conseil des ministres fédéral décide, sur proposition de la ministre de la Recherche Annette Schavan et du ministre de l'environnement Sigmar Gabriel, de mettre la mine d'Asse sous l'autorité du bureau fédéral de protection contre les radiations (BfS) à compter du [1].

Par une loi du Bundestag en date du , il est établi que la gestion et l'arrêt de la mine tombe dans le cadre juridique de la loi sur le nucléaire. Le bureau fédéral de protection contre les radiations, en tant que nouveau gestionnaire de la mine, conduira la fermeture de la mine dans le cadre d'une procédure de planification nucléaire, et est responsable de la poursuite temporaire de l'exploitation[51]. Les coûts de la poursuite de l'exploitation et de la fermeture d'Asse seront mis sur le compte du budget fédéral[52]. En , la fraction parlementaire du Land des Verts présente une brochure qui précise les débats parlementaires des dernières décennies, l'inventaire des déchets, le rôle de la recherche et le rôle d'Asse comme prototype pour Gorleben[53].

Dans le bâtiment des porions, face à la mine, le BfS a installé un « hall d'info Asse ». On y présente l'état réel de la mine et le concept de la fermeture, avec des modèles et des animations informatisées[54].

En , la ministre de la recherche fédérale par intérim Annette Schavan, a résumé les erreurs commises en rapport avec le dépôt de déchets nucléaires d'Asse :

  • Le dĂ©pĂ´t n'a pas Ă©tĂ© utilisĂ© uniquement pour des buts de recherche, car le grand nombre des 130 000 fĂ»ts stockĂ©s n'Ă©tait pas nĂ©cessaire pour la recherche.
  • Dans l'Ă©tat actuel des connaissances, on n'Ă©tablirait plus un dĂ©pĂ´t nuclĂ©aire Ă  cet endroit[55] - [56].

Depuis 2009, un comité d'enquête de la chambre des représentants de Basse-Saxe s'occupe de l'historique du stockage de déchets radioactifs d'Asse[45]. Par les auditions du comité, il a été appris que les colis de stockage de matériaux radioactifs avaient été calculés pour une durée de trois ans. Il était donc admis qu'ils seraient rouillés à brève échéance. Stefan Wenzel, le président des Verts dans ce comité d'enquête considère que c'est une indication que l'industrie avait considéré dès le début cette fosse de stockage déclarée comme mine de recherche comme un stockage final à bon marché [46].

Cas de cancers Ă  Asse

En 2008, l'arrondissement de Wolfenbüttel a demandé une enquête concernant la prévalence de la leucémie autour du stockage d'Asse auprès du bureau d'enregistrement épidémiologique du cancer de Basse-Saxe (EKN), fondé en 2000. Pour le bureau, qui possède des données dans cette région depuis 2002, il a fallu attendre 2010 pour avoir suffisamment de données pour pouvoir donner une réponse à la question. Avec les données au , il a constaté que dans la période 2002-2009, sur le territoire de la communauté de communes d'Asse, par rapport à celui des autres communes de l'arrondissement environnant de Wolfenbüttel, le nombre de cas de leucémie était remarquablement élevé. Les probabilités d'atteindre de tels nombres de cas par pur hasard sont pour la leucémie de 0,3 % (18 cas contre 8,5 en moyenne), pour le cancer de la thyroïde de 0,08 % (12 cas contre 3,9 en moyenne) et pour la mortalité par leucémie de 0,86 % (11 cas contre 4,7 en moyenne). Si l'on considère comme significative une probabilité de 1 % ou moins, les trois cas sont significatifs. Si l'on prend une limite de 0,1 %, seul le cancer de la thyroïde est significatif. Pour les autres sortes de cancer, ainsi que pour les autres communes du district, aucune anomalie n'était à signaler. Une relation de cause à effet ne peut pas à ce jour être faite[57] - [58].

Le bureau fĂ©dĂ©ral de protection contre les radiations indique que l'on n'a pas pu mettre en Ă©vidence de contamination radioactive dans le voisinage du dĂ©pĂ´t[59] - [60]. Les donnĂ©es statistiques ne font apparaĂ®tre aucune cause, et donc aucun lien avec la mine d'Asse. Il faut remarquer que l'on ne constate d'Ă©lĂ©vations des leucĂ©mies que chez les hommes, et que de celles de la thyroĂŻde que chez les femmes. Les facteurs de risque connus pour la leucĂ©mie sont les rayonnements ionisants, divers composĂ©s chimiques (cytostatiques, benzène, pesticides), ainsi que quelques modifications gĂ©nĂ©tiques rares. On discute Ă©galement de l'influence de virus et de l'immaturitĂ© du système immunitaire chez les enfants. Les facteurs de risque connus pour les cancers de la thyroĂŻde sont les rayonnements ionisants, surtout chez les jeunes (mais l'âge de tous les 12 patients atteints dĂ©passait 30 ans), goitre, surtout pour les moins de 50 ans, adĂ©nomes bĂ©nins de la thyroĂŻde, dispositions gĂ©nĂ©tiques. En particulier pour les cancers de la thyroĂŻde, on peut aussi penser Ă  des diffĂ©rences dans les mesures lors des diagnostics, qui peuvent amener Ă  des taux de dĂ©tection diffĂ©rents pour lors du dĂ©but de la maladie. Une autre difficultĂ© rencontrĂ©e pour faire une enquĂŞte approfondie vient du fait que les signalements sont en gĂ©nĂ©ral faits de manière anonyme par les laboratoires et ne mentionnent que l'âge et le sexe. Les patients, ou les familles des dĂ©cĂ©dĂ©s, ont Ă©galement Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  se signaler auprès de leur mĂ©decin, afin de pouvoir mieux analyser les liens de cause Ă  effet. On leur demande par exemple le lieu de travail, les rĂ©sidences passĂ©es du malade ainsi que d'autres facteurs de risque le cas Ă©chĂ©ant. L'arrondissement de WolfenbĂĽttel a formĂ© un groupe d'experts pour tenter une localisation plus prĂ©cise des cas et une meilleure identification des facteurs de risque[57].

2012 -

Après la dĂ©cision politique de rĂ©cupĂ©rer les barils, un forage a Ă©tĂ© tentĂ© en juin 2012 après deux ans de prĂ©paration. Cette opĂ©ration encore jamais entreprise avance dans l'inconnu. Elle est supposĂ©e durer un minimum de 30 ans[61].

Notes et références

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Schachtanlage Asse » (voir la liste des auteurs).
(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Forschungsbergwerk Asse » (voir la liste des auteurs).
(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Asse » (voir la liste des auteurs)

(section « Geologie »).

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