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Michel Déon

Michel Déon, né Édouard Michel[1] le dans le 11e arrondissement de Paris[2] et mort le à Galway (Irlande), est un écrivain et dramaturge français.

Michel Déon
Michel Déon en 2012.
Biographie
Naissance
Décès
(à 97 ans)
Galway
Sépulture
Nom de naissance
Édouard Michel
Pseudonyme
Michel Déon
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Chantal Déon (d) (de à )
Enfant
Alice Déon (d)
Autres informations
Parti politique
Membre de
Académie française (-)
Association des amis de Robert Brasillach (d)
Conflit
Mouvement
Distinctions

Membre de l'Académie française, il est généralement rattaché au mouvement des « Hussards ».

Biographie

Jeunesse et études

Son père, Paul Michel, est conseiller de Louis II, prince de Monaco[3]. Après une enfance passée entre le 16e arrondissement de Paris et Monaco (puis Nice), Michel Déon est élève au lycée Janson-de-Sailly, puis part étudier à la faculté de droit[3] - [4].

Carrière

Engagé volontaire de 1940 à 1942 (152e Régiment d'infanterie) et démobilisé à Lyon en , il devient en zone sud secrétaire de rédaction à L'Action française auprès de Charles Maurras. Dans le même temps, il collabore à Marie Claire[5]. Il devient également par la suite journaliste à Paris Match[4].

En 1950, il adhère à l'Association des amis de Robert Brasillach[6]. Il commence au même moment une vie de voyages qu'il n'arrêtera plus et qui nourrira constamment son œuvre romanesque. D'une manière plus ou moins prolongée, il séjourne notamment en Suisse, en Italie, aux États-Unis, qu'il parcourt en train et en bus Greyhound grâce à une bourse de la fondation Rockefeller, au Canada, au Portugal et en Grèce (à partir de 1959), d'abord à Skyros, puis à Spetsai. Mais c'est encore en Irlande, pays dont il se sent proche culturellement, qu'il séjourne le plus longtemps en famille, avec Chantal (née Renaudeau d'Arc, épousée en 1963[5]), et ses enfants Alice et Alexandre. Ses voyages et séjours en Irlande furent de grandes inspirations pour ses romans[7].

Entre 1960 et 1962, il collabore à Défense de l'Occident[8], au comité de patronage duquel il figure[9].

Parallèlement à la composition de ses livres, il poursuit une carrière d'éditeur pour la maison Plon et de critique aux Nouvelles Littéraires ou au Journal du dimanche. Lié aussi à la revue et aux éditions de La Table Ronde, il est associé aux Hussards[4], bien qu'il ait lui-même contesté l'existence de ce mouvement comme il le confie à son ami journaliste Jean-Luc Delblat dans Le Métier d'écrire publié au Cherche Midi en 1994 : "Nimier et Laurent ne s'aimaient guère, de même que Blondin et Laurent. Nous étions très différents. D'ailleurs les écrits de chacun témoignent de cette profonde divergence, bien que nous ayons été rassemblés un jour, par hasard, à l'occasion des préfaces à un livre d'André Fraigneau... Nous avons aussi été réunis par Jacques Laurent, dans la revue La Parisienne. Mais les "Hussards" n'ont jamais existé..."[10]

Après la liberté de ton de La Corrida ou de La Carotte et le Bâton, Michel Déon donne une nouvelle orientation à son œuvre en recourant au genre plus classique mais aussi plus ambitieux de la fresque contemporaine (Les Poneys sauvages) ou du roman de formation (Le Jeune Homme vert)[11]. Publié en 1981, Un déjeuner de soleil est le roman que Déon confiera être son préféré à Jean-Luc Delblat avec Les Poneys sauvages en répondant à la question : "Lequel de vos romans voudriez-vous qu'un jeune écrivain lise en premier ?" : "Je crois qu'il trouvera son profit dans Un déjeuner de soleil qui est un roman sur la création littéraire. Et puis Les poneys sauvages. Je pense que ce dernier n'est pas trop mal réussi. Je m'en aperçois maintenant parce que ce sont des gens très jeunes qui le lisent aujourd'hui, alors qu'il a été publié il y a vingt ans. Il fait l'objet de nombreuses thèses... Et j'ai de la chance : si mes romans n'étaient lus que par des gens de mon âge, d'abord il y en aurait moins, et puis ce ne serait pas rassurant ! "[10].

En 1999, il signe pour s'opposer à la guerre en Serbie la pétition « Les Européens veulent la paix »[12], lancée par le collectif Non à la guerre[13].

En , l'Université française lui rend hommage : un colloque est organisé à la Sorbonne sur son œuvre à l'initiative d'Alain Lanavère et Thierry Laurent[14].

En , il signe le « Manifeste en faveur de la messe tridentine » qui paraît dans Le Figaro[15].

En 2009, les éditions de l'Herne publient un cahier sur son œuvre[16].

En 2010, Michel Déon est membre du jury du prix Françoise-Sagan[17].

Lors du 23e anniversaire de Radio Courtoisie, le , le prix Jean-Ferré lui a été décerné[18].

Il fut « vice-consul » du royaume d'Araucanie et de Patagonie en Irlande[19] selon le grand jeu créé par son ami Jean Raspail.

Élection à l'Académie française

Vivant en Grèce, sur l'île de Spetsaï, puis en Irlande, à Tynagh[20], il est élu le à l'Académie française en même temps qu'Edgar Faure. Il y est reçu le par Félicien Marceau et fait l'éloge de son prédécesseur au 8e fauteuil, Jean Rostand. Sa carrière d’académicien permet de révéler au grand jour Vincent Delecroix (Tombeau d’Achille) et Jean Rolin (Chrétiens). Il est au moment de sa mort vice-doyen d'âge et vice-doyen d'élection de l'Académie.

Famille

Marié en mars 1963 avec Chantal Renaudeau d'Arc (1932-2018), Michel Déon a deux enfants : Alice et Alexandre[21].

Mort

Il meurt le d'une embolie pulmonaire à Galway en Irlande[22], sa terre d'inspiration, à l'âge de 97 ans[23] - [24].

L'année suivante, la famille de Michel Déon cherche un cimetière parisien pour l'accueillir mais se heurte au refus d'Anne Hidalgo, bien qu’il ait été un romancier ayant beaucoup traité de la capitale française dans ses ouvrages et y ayant longtemps vécu : né rue de la Roquette, il a vécu après guerre rue Férou puis rue de Beaune jusqu'à la fin des années 1990. Étienne de Montety dans Le Figaro lance une campagne, obtenant de nombreux soutiens dont celui d'Hélène Carrère d'Encausse, pour qu'il soit accueilli dans un cimetière de la capitale[4]. En , la mairie de Paris maintient sa position, en s'appuyant sur le Code général des collectivités territoriales[25].

Mais face au tollé, exprimé notamment par une pétition d'une centaine d'écrivains sollicités par Montety, parmi lesquels Michel Houellebecq, Jean Rolin, Yasmina Reza, Anne Hidalgo fait marche arrière[26]. Il est finalement inhumé au cimetière du Montparnasse (division 8), où sa veuve le rejoint en 2018.

Œuvres

Ouvrages

Auteur de nombreux ouvrages illustrés (notamment par Jean Cortot, Olivier Debré, George Ball) sa bibliographie comporte plus de 40 volumes. Ses œuvres majeures ont été réunies en un seul volume paru dans la collection « Quarto » chez Gallimard en 2006.

  • Adieux à Sheila, roman, Robert Laffont, 1944
  • Amours perdues, roman, Bordas, 1946
  • Je ne veux jamais l’oublier, roman, Plon, 1950
  • La Corrida, roman, Plon, 1952
  • Le Dieu pâle, roman, Plon, 1954 (Prix des Sept)
  • Tout l'amour du monde, I, récits, Plon, 1955
  • Plaisirs, roman érotique sous le pseudonyme de Michel Férou. 6e de la Série Blonde des Éditions de Paris, 1955,
  • Lettre à un jeune Rastignac, libelle, Fasquelle, 1956
  • Les Trompeuses Espérances, roman, Plon, 1956
  • Les Gens de la nuit, roman, Plon, 1958
  • L'Armée d'Algérie et la pacification, Plon, 1959
  • La Carotte et le Bâton, roman, Plon, 1960
  • Tout l'amour du monde, II, récits, Plon, 1960
  • Le Balcon de Spetsai, récits, Gallimard, 1961 (Prix Kauffmann)
  • Louis XIV par lui-même, Librairie Académique Perrin, 1964
  • Le Rendez-vous de Patmos, récits, Plon, 1965
  • Mégalonose, La Table Ronde, 1967
  • Un parfum de Jasmin, nouvelles, Gallimard, 1967
  • Les Poneys sauvages, roman, Gallimard, 1970 (prix Interallié)
  • Un taxi mauve, roman, Gallimard, 1973 (grand prix du roman de l'Académie française)
  • Le Jeune Homme vert, roman, Gallimard, 1975
  • Thomas et l'infini, conte, Gallimard, 1975 pour la jeunesse
  • Les Vingt Ans du jeune homme vert, roman, Gallimard, 1977
  • Mes arches de Noé, récits, La Table Ronde, 1978
  • Un déjeuner de soleil, roman, Gallimard, 1981
  • Je vous écris d'Italie, roman, Gallimard, 1984
  • Bagages pour Vancouver, récits, La Table Ronde, 1985
  • Ma vie n'est plus un roman, théâtre, Gallimard, 1987
  • La Montée du soir, roman, Gallimard, 1987
  • Un souvenir, roman, Gallimard, 1990
  • Le Prix de l'amour, nouvelles, Gallimard, 1992
  • Ariane ou l'oubli, théâtre, Gallimard, 1993
  • Parlons-en..., conversations avec Alice Déon, Gallimard, 1993
  • Pages grecques, récits, Gallimard, 1993 (Le Balcon de Spetsai, Le Rendez-vous de Patmos, Spetsai revisité)
  • Je me suis beaucoup promené, miscellanées, La Table Ronde, 1995
  • Une longue amitié, lettres échangées avec André Fraigneau, La Table Ronde, 1995
  • Le Flâneur de Londres, Robert Laffont, 1995
  • Orphée aimait-il Eurydice?, Séguier, 1996
  • La Cour des grands, roman, Gallimard, 1996
  • L'Enfant et la sorcière, roman pour la jeunesse, Gallimard, 1998
  • Madame Rose, roman, Albin Michel, 1998
  • Pages françaises, récits, Gallimard, 1999 (Mes arches de Noë, Bagages pour Vancouver, Post-scriptum)
  • Taisez-vous, j'entends venir un ange, sotie, Gallimard, 2001
  • Mentir est tout un art, nouvelle, Éditions du Rocher, 2002
  • Le poète, Éditions Sigalla, 2003
  • Sarah, Éditions Sigalla, 2003
  • Larbaud, heureux Larbaud, Éditions Sigalla, 2003
  • La Chambre de ton père, souvenirs, Gallimard, 2004
  • Guerres et roman, dialogues avec Lakis Proguidis, Flammarion, 2005
  • Cavalier, passe ton chemin !, récits, Gallimard, 2005
  • Œuvres, Gallimard, coll. « Quarto », 2006 (Thomas et l'infini, La Chambre de ton père, Les Trompeuses Espérances, Les Poneys sauvages, Un taxi mauve, Un déjeuner de soleil, La Montée du soir, Cavalier, Passe ton chemin !, Une île au loin illustrée de 8 gravures de George Ball...)
  • Lettres de château, Gallimard, 2009 (Prix Coup de Cœur de l'Essai du Point, 2009)
  • Cahier Déon, L'Herne, 2009. Cahier de L'Herne qui contient de nombreux inédits, témoignages et études sur son œuvre (contribution d'écrivains, universitaires, et amis dont Fernando Arrabal, Nicolas Briançon, Philippe Le Guillou, Frédéric Vitoux, Milan Kundera, Emmanuel Carrère, Yasmina Reza, Jean d'Ormesson, Xavier Darcos).
  • Journal 1948-1983, L'Herne, 2009
  • De Marceau à Déon, De Michel à Félicien, Lettres 1955-2005, correspondance avec Félicien Marceau, 2011
  • Partir ! ..., Nicolas Chaudun, 2012
  • A la légère, nouvelles, Finitude, 2013

Adaptation au cinéma

Adaptations à la télévision

Documentaires

Décorations

Notes et références

  1. Il a adopté Michel Déon comme nom de plume avant d'en faire son patronyme légal (autorisation accordée par le Conseil d'État le 19 octobre 1965). Déon était le nom de jeune fille de sa grand-mère maternelle comme l'indique son arbre généalogique.
  2. Acte de naissance n° 1786 (vue 31/31) avec mentions marginales du mariage et du décret de changement de nom. Archives en ligne de la Ville de Paris, état-civil du 11e arrondissement, registre des naissances de 1919.
  3. Pierre Joannon, , sur universalis.fr
  4. Étienne de Montety, « Michel Déon sera-t-il enfin inhumé à Paris ? », Le Figaro, samedi 10 / dimanche 11 février 2018, page 15.
  5. « Michel Déon », sur whoswho.fr.
  6. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 397.
  7. « Michel DÉON », sur academie-francaise.fr (consulté le ).
  8. Jean-François Homassel, « Bardèche (Maurice) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 131-132.
  9. Olivier Dard, Michel Leymarie, Jacques Prévotat et Neil McWilliam (dir.), Le Maurrassisme et la Culture : l'Action française : culture, société, politique, t. III, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2010, p. 247.
  10. « Michel Déon, Entretien réalisé à Paris le 18 juin 1991 », sur delblat.free.fr (consulté le )
  11. « Michel Déon », sur gallimard.fr (consulté le ).
  12. « Liste des personnalités signataires de l'Appel », sur nonguerre.chez.com.
  13. Renaud Dély, « L'extrême droite ratisse large contre les frappes de l'Otan. Le «Collectif non à la guerre» a tenu une réunion proserbe hier soir », sur liberation.fr, .
  14. (en) « MICHEL DEON AUJOURD'HUI (Présentation du livre) », sur academia.edu (consulté le ).
  15. « Un manifeste en faveur de la messe tridentine », Le Figaro, (lire en ligne).
  16. « L'Herne - Cahier Michel Déon », sur editionsdelherne.com (consulté le ).
  17. « francoisesagan.fr/6.aspx?sr=10 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?).
  18. « » prix jean ferre (prix daudet) », sur Саrnеtѕ dе Соurtоіѕіе [Arсhivеѕ] (consulté le ).
  19. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 383.
  20. Paris Match n°1456, 22 avril 1977, p.39
  21. Who's Who in France, Éditions Jacques Lafitte, 1992, p.553
  22. (en) « French writer Michel Déon dies in Galway, aged 97 », The Irish Times, (lire en ligne, consulté le )
  23. « L’écrivain et académicien Michel Déon est mort », sur lemonde.fr, 28 décembre 2016
  24. « Mort de l'écrivain et académicien Michel Déon », sur Le Figaro.fr, 28 décembre 2016
  25. « L'académicien Michel Déon n'aura pas de sépulture à Paris », lefigaro.fr, 12 février 2018.
  26. « Hidalgo capitule, Déon aura bien une sépulture à Paris », lefigaro.fr, 19 février 2018.
  27. « Michel Déon ou la force de l'amitié (2019) - IMDb » [vidéo], sur imdb.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pol Vandromme, « Le Prince du bonheur », dans La Droite buissonnière, Paris, Les Sept Couleurs, 1960 ; « Michel Déon », dans Littérature de notre temps, Paris, Casterman, 1970.
  • André Thérive, « Michel Déon », dans Livres de France, Paris, 1962.
  • Kléber Haedens, Une histoire de la littérature française, Paris, Grasset, 1970.
  • Dossier Michel Déon : textes et témoignages de Pierre de Boisdeffre, André Fraigneau, Roland Laudenbach, Éric Lestrient, Jacques Perret, Philippe Sénart, Paul Sérant, Pol Vandromme et Michel Déon lui-même. Matulu no 27, juillet
  • Pol Vandromme, Michel Déon : le nomade sédentaire, Paris, La Table Ronde, 1990.
  • Marie-Hélène Ferrandini et Pierre Brunel (dir.), L'Univers romanesque de Michel Déon (thèse de doctorat en littérature française), Paris, université Paris-IV, , 383 p. (SUDOC 01302034X).
  • Éric Neuhoff, Michel Déon, Monaco, Le Rocher, coll. « Domaine français », , 97 p. (ISBN 2-268-01560-2, BNF 36153648).
  • Thierry Laurent, Michel Déon : écrivain engagé ou désengagé ? Postface de Michel Déon. Paris, Éditions de la Société des écrivains, 1999.
  • Thierry Laurent, Alain Lanavère et Jean-Pierre Poussou (dir.), Michel Déon aujourd'hui, Presses de l'université Paris-Sorbonne, 2005.
  • Déon, Cahiers de l'Herne, 2009.
  • Michel Mourlet, Écrivains de France XXe siècle, réédition augmentée : « Le Calender Michel Déon », Paris, France Univers, 2011. 3e édition augmentée, France Univers, 2020.
  • Dossier Michel Déon : "La Fin d'une époque", Livr'Arbitres n° 22, Hiver 2017.
  • Bernard Alavoine, "Michel Déon, un regard désenchanté", Editions Universitaires de Dijon, 2018, 114 p.
  • Christian Authier, Les Mondes de Michel Déon : une biographie, Paris, Séguier, , 192 p. (ISBN 978-2-84049-754-7).

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