Melancholia (film, 2011)
Melancholia est un film dramatique écrit et réalisé par Lars von Trier, sorti en 2011.
Titre original | Melancholia |
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RĂ©alisation | Lars von Trier |
Scénario | Lars von Trier |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Zentropa |
Pays de production |
Danemark Suède France Allemagne Italie Espagne |
Genre |
Drame Science-fiction Catastrophe |
Durée | 130 minutes |
Sortie | 2011 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Les principaux personnages sont interprétés par Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg et Kiefer Sutherland. L'histoire tourne autour de deux sœurs, l'une d'elles se mariant tandis qu'une gigantesque planète surnommée Melancholia s'apprête à entrer en collision avec la Terre.
L'inspiration initiale de Lars von Trier pour réaliser ce film venait d'un épisode dépressif dont il a souffert, ainsi que d'une idée selon laquelle les personnes mélancoliques ont tendance à être sereines lors d'un événement catastrophique.
D'abord présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2011, ce film y a été distingué par le prix d'interprétation féminine pour Kirsten Dunst.
Synopsis
Prologue
Le prologue, construit par des images fixes puis mises lentement en mouvement, introduit le film, sous le prélude de Tristan und Isolde de Wagner.
Chapitre 1 : « Justine »
À l'occasion de leur mariage, Justine (Kirsten Dunst) et Michael (Alexander Skarsgård) donnent une somptueuse réception dans la maison de Claire (Charlotte Gainsbourg), la sœur de Justine, et de John (Kiefer Sutherland), le très riche mari de Claire. Alors que les relations familiales se dégradent peu à peu et que la soirée subit les effets des états d'âmes de Justine, la planète Melancholia se rapproche de la Terre.
Justine a une perception des événements dramatiques à venir. Lorsque Michael se propose de tracer des plans pour le futur, Justine fait une sorte de dépression.
Elle profite de son état d'esprit pessimiste pour annoncer à son employeur qu'elle le déteste et qu'elle déteste le métier qu'elle exerce à ses côtés. L'homme quitte la réception en colère.
Chapitre 2 : « Claire »
En consultant des sites sur internet, Claire acquiert la conviction que la fin de la Terre est peut-être terriblement proche. Comment vivre avec la peur de voir le monde disparaître ? Comment l'annoncer à son fils de 6 ans ?
Le film se termine par la collision de la Terre avec Melancholia. Justine, Claire et son enfant de 6 ans sont ensemble, tentant de faire face Ă leur peur de la mort.
Fiche technique
- Titre : Melancholia
- RĂ©alisation : Lars von Trier
- Scénario : Lars von Trier
- Direction artistique : Simone Grau
- DĂ©cors : Jette Lehmann
- Costumes : Manon Rasmussen
- Photographie : Manuel Alberto Claro (en)
- Montage : Molly Marlene Stensgaard, aidée de Morten Højbjerg
- Supervision des effets spéciaux : Peter Hjorth
- Musique : prélude de Tristan und Isolde de Richard Wagner (pour le thème principal)
- Production : Meta Louise Foldager et Louise Vesth (de)
- Sociétés de production : Zentropa, Memfis Film, Slot Machine, BIM Distribuzione et Trollhättan Film AB, en coproduction avec Arte France Cinéma et une aide au financement de Eurimages
- Sociétés d'effets spéciaux : Dansk Speciel Effekt Service et Filmgate
- Société de distribution : Nordisk Film
- Pays de production : Danemark, Suède, France, Allemagne, Italie et Espagne
- Langue originale : anglais
- Budget : 52,5 millions couronnes danoises (7 400 000 dollars selon une autre estimation[1])
- Format : couleur - Dolby Digital
- Genre : drame, science-fiction, catastrophe
- Durée : 130 minutes
- Dates de sortie :
- France : (festival de Cannes 2011) ; (sortie nationale)
- Danemark :
- Norvège :
- Pologne :
- Suède :
- Finlande :
- Royaume-Uni :
- Pays-Bas :
- Allemagne :
Distribution
- Kirsten Dunst (V. F. : Lola Pauwels) : Justine, surnommée « Super Tatie » (Aunt Steelbreaker) par son neveu
- Charlotte Gainsbourg (V. F. : elle-même) : Claire, la sœur de Justine
- Kiefer Sutherland (V. F. : Thierry Hancisse) : John, le très riche mari de Claire
- Charlotte Rampling (V. F. : elle-même) : Gaby, la mère de Justine et de Claire
- John Hurt (V. F. : Claude Lévêque) : Dexter, le père de Justine et de Claire
- Alexander SkarsgĂĄrd (V. F. : Valentin Merlet) : Michael, le promis de Justine
- Stellan Skarsgård (V. F. : Jean-Yves Chatelais) : Jack, le patron de Justine, directeur d'une agence de publicité
- Brady Corbet (V. F. : Florent Dorin) : Tim, le neveu de Jack
- Udo Kier (V. F. : Michel Voletti) : l'organisateur du mariage
- Jesper Christensen (V. F. : Gilbert Beugniot) : « Little Father »
- Cameron Spurr (V. F. : Nahil Rey) : Leo, le fils de Claire et de John, neveu de Justine
Autour du film
- Avant de choisir Kirsten Dunst, Lars von Trier avait proposé le rôle principal du film à Penélope Cruz. Celle-ci l'a cependant refusé pour aller tourner dans Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence[3].
- Ce film marque le retour au cinéma des acteurs Kiefer Sutherland et Brady Corbet, qui avaient joué dans la série télévisée 24 heures chrono depuis 2006, dans les rôles respectifs de Jack Bauer et Derek Huxley.
- Après avoir dédié son précédent film Antichrist à Andreï Tarkovski, Lars von Trier lui fait indirectement référence en montrant, pendant les premiers plans de Melancholia, la peinture de Brueghel Chasseurs dans la neige, qui apparaissait également dans le film Solaris.
- C'est la 3e fois que Lars von Trier permet à l'une de ses interprètes d'obtenir le prix d'interprétation féminine du festival de Cannes : Kirsten Dunst en 2011 après Björk en 2000 pour Dancer in the Dark et Charlotte Gainsbourg en 2009 pour Antichrist.
- Le film peut rappeler Le Choc des mondes où une planète entre en collision avec la Terre.
Tournage
Le tournage a eu lieu entre le 22 juillet et le [1]. Des scènes intérieures ont été tournées à Trollhättan[4], en Suède, aux studios Film i Väst, mais aussi en extérieur aux alentours comme au château de Tjolöholm. C'était la quatrième fois que Lars von Trier faisait un film à Trollhättan. Lars von Trier a employé son style de réalisation habituel sans répétitions ; au lieu de cela les acteurs ont partiellement improvisé et ont reçu des instructions entre les prises. Techniquement, Lars von Trier a utilisé une caméra Phantom HD[5]. Dans la première partie du film, on peut reconnaitre un scénario similaire à celui de Festen. En effet, on retrouve aussi un diner de famille dans lequel certaines déclarations ou comportements vont aboutir à un trouble. Par ailleurs, dans la façon de tourner, on reconnait le style du courant cinématographique Dogme95 initié par Lars von Trier et Thomas Vinterberg.
Festival de Cannes : polémique et récompense
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2011 mais est éclipsé par la polémique touchant le réalisateur après certaines de ses déclarations tenues lors de la conférence de presse officielle : à la suite d'une question sur ses origines allemandes (qu'il a découvertes à la mort de sa mère en 1989[6]), Lars von Trier déclare à propos d'Hitler : « Je dis que je comprends l'homme. Ce n'est pas vraiment un brave type, mais […] je compatis un peu avec lui ». Il renchérit « Je pense qu'il a fait de mauvaises choses. […] Je ne suis pas pour la seconde guerre mondiale, je ne suis pas contre les juifs. Je suis avec les juifs bien sûr, mais pas trop… parce que Israël fait vraiment chier ». Prenant conscience de l'ambiguïté de ses propos, il annonce « Je ne sais pas comment je vais me sortir de cette phrase » avant de conclure dans un rire gêné : « OK je suis un nazi »[7]. Ces propos font également suite à une interview récente dans laquelle il avouait son « goût pour l'esthétique nazie » et notamment pour Albert Speer[8], sur lequel il est également revenu à Cannes en affirmant : « Même s'il ne fut peut-être pas l'une des meilleures créatures de Dieu, il avait ce talent qu'il a pu exercer [grâce au régime nazi] »[8].
Peu de temps après la conférence, il publie un communiqué d'excuses : « Si j'ai pu blesser quelqu'un par les propos que j'ai tenus ce matin, je tiens sincèrement à m'en excuser. Je ne suis ni antisémite, ni raciste, ni nazi »[8]. La direction du festival fait savoir à son tour dans un communiqué que le cinéaste s'est « laissé entraîner à une provocation »[8]. La presse s'empare rapidement des propos polémiques du réalisateur danois et en diffuse des extraits sans toujours les contextualiser[7]. Le lendemain, malgré les excuses de Lars von Trier, la direction du festival le déclare « persona non grata », tout en laissant son film Melancholia en compétition[9]. Tout en répétant ses excuses, Lars von Trier a accepté la décision en se disant « fier d'avoir été déclaré persona non grata »[10], soulignant que « c'est peut-être la première fois dans l'histoire du cinéma que cela se produit »[10]. Il s'est plus longuement expliqué en affirmant avoir seulement souhaité faire preuve d'un humour volontairement choquant, regrettant que celui-ci ait été mal interprété[10]. Il a aussi souligné qu'il considérait la Shoah comme « le pire des crimes jamais perpétrés »[10]. Enfin, il a précisé que son goût pour l'esthétique nazie n'était lié à aucune conviction politique[10].
Le film est l'un des plus appréciés de la compétition[11] - [12]. Kirsten Dunst reçoit le prix d'interprétation féminine. Plusieurs journalistes ont indiqué que la polémique a très probablement sapé les chances du film d'obtenir les plus hautes distinctions, y compris la Palme d'or[13] - [14]. En 2020, Olivier Assayas, membre du jury de l'édition 2011, explique ainsi : « Tout le monde est monté sur ses grands chevaux […] Il y a eu des conséquences sur le palmarès, car il était un sérieux candidat pour la Palme. Au début, on était que deux, Jude Law et moi, à penser que The Tree of Life de Terrence Malick pouvait, lui aussi, prétendre au plus haut prix. Si on a rallié d'autres membres à notre cause, c'est parce qu'ils avaient perdu leur favori. »[15] - [16].
Analyse
Lars von Trier offre une métaphore de l'attitude des humains face à un monde dans lequel ils ne pourront plus vivre, un monde qu'ils ont détruit, mais auquel ils persistent à croire, dans un déni de leur inévitable extinction.
Distinctions
- Festival de Cannes 2011 : Prix d'interprétation féminine pour Kirsten Dunst
- European Awards 2011 : meilleur film, meilleure photographie et meilleurs décors
- Prix LĂ©on Moussinac 2012 : Prix du meilleur film Ă©tranger
- Robert 2012 : Robert du meilleur film danois, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario
Notes et références
- (en) « Box office / business for Melancholia (2011) », sur imdb.com (consulté le )
- « Fiche de doublage V. F. du film » sur Alterego75.fr, consulté le 15 juin 2013
- Maroussia Dubreuil, « La Roue de la fortune - Penelope Cruz », So Film n°38,‎ , p. 15
- (en) « Filming locations for Melancholia (2011) », sur imdb.com (consulté le )
- « Technical specifications for Melancholia (2011) », sur imdb.com (consulté le )
- « Lars von Trier sympathise avec Hitler », sur ladepeche.fr, (consulté le )
- « Cannes : on se calme, on boit frais et on oublie Lars... »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur nordeclair.fr, (consulté le )
- Lars von Trier et Hitler, lemonde.fr
- « Lars von Trier viré du festival de Cannes »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur next.liberation.fr
- « Cannes 2011 : Lars von Trier, le provocateur, fier d'être persona non grata ! », sur purepeople.com, (consulté le )
- Le Film Français : étoiles de la critique
- « Jury Grid », sur Screen Daily
- « La palme d'or ne doit pas cacher la forêt », sur Les Echos,
- « Cannes 2011 : Lars Von Trier déclaré « non grata » au Festival », sur Ecran Noir,
- « Cannes, promis jury », réservé aux abonnés, sur Libération,
- (en) « Cannes 2011 Jury Preferred Melancholia Over Tree of Life, but Wouldn’t Award von Trier », sur IndieWire,
Voir aussi
Articles connexes
- 2011 en science-fiction
- Le Dernier Voyage, film sorti en 2020(une gigantesque planète rouge s'apprête à entrer en collision avec la Terre).
Bibliographie
- Francis Gauvin, « Nihilisme et fin du monde dans Melancholia de Lars von Trier », Cinémas, vol. 26, no 1,‎ , p. 37-48 (lire en ligne)
Liens externes
- (en) Site officiel
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) British Film Institute
- (de + en) Filmportal
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (en) Metacritic
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :