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Mars Reconnaissance Orbiter

Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) est une mission spatiale américaine de la NASA en orbite autour de Mars. La sonde spatiale MRO a été lancée le par une fusée Atlas V-401 depuis la base de lancement de Cap Canaveral et s'est insérée en orbite martienne le . La sonde a modifié son orbite durant les cinq mois suivants en utilisant la technique de l'aérofreinage pour parvenir à se placer sur une orbite basse circulaire.

Mars Reconnaissance Orbiter
Sonde spatiale
Description de cette image, également commentée ci-après
Vue d'artiste de la sonde MRO.
Données générales
Organisation Drapeau des États-Unis NASA/JPL
Constructeur Drapeau des États-Unis Lockheed Martin
Domaine Étude de Mars
Type de mission Orbiteur
Statut Opérationnel (en février 2021)
Autres noms MRO
Lancement
Lanceur Atlas V 401
Identifiant COSPAR 2005-029A
Site
Caractéristiques techniques
Masse au lancement 2 180 kg dont 1 149 kg d'ergols
Principaux instruments
HIRISE TĂ©lescope
CRISM Spectromètre imageur infrarouge/lumière visible
MCS Radiomètre
SHARAD Radar
Image en fausses couleurs, prise le par l'instrument HiRISE de la sonde MRO, d'un glissement de terrain dans le cratère Zunil.
Le cratère Victoria photographié en . Le rover Opportunity est visible au bord du cratère à 10 h.

L'objectif principal de la mission MRO est de cartographier la surface de Mars. L'orbiteur de grande taille (plus de 2 tonnes avec les ergols) dispose pour remplir cet objectif du tĂ©lescope HIRISE permettant d'obtenir des images avec une rĂ©solution de 20 Ă  30 cm. Cet instrument est complĂ©tĂ© par un spectromètre et un radiomètre fonctionnant en lumière visible et infrarouge ainsi que par un radar qui permettent de dĂ©terminer la composition minĂ©ralogique du sol, sa gĂ©ologie ainsi que de rechercher l'eau piĂ©gĂ©e sous forme de glace. Enfin, MRO est Ă©quipĂ© d'un système de tĂ©lĂ©communications qui doit lui permettre de transfĂ©rer des volumes de donnĂ©es très importants vers la Terre et de jouer le rĂ´le de relais pour les donnĂ©es collectĂ©es par les atterrisseurs et rovers posĂ©s Ă  la surface de Mars tels que Mars Science Laboratory.

En arrivant en orbite autour de Mars, MRO prend la suite de Mars Global Surveyor et devient le quatrième satellite artificiel opérationnel en orbite autour de la planète rouge avec la sonde européenne Mars Express, et les deux sondes de la NASA 2001 Mars Odyssey et Mars Global Surveyor. Les instruments de MRO ont permis notamment d'estimer le volume de la calotte polaire de Mars, de détecter de la glace dans des cratères situés à une latitude relativement basse, d'observer des avalanches et de détecter plusieurs types de minéraux. La mission initiale, qui s'achevait en , a été prolongée à plusieurs reprises et devrait rester opérationnelle jusqu'au milieu de la décennie .

Contexte

En recherchant les raisons de l'Ă©chec de la sonde spatiale Mars Polar Lander (MPL) perdue durant la phase d'atterrissage sur le sol martien, les responsables de la NASA constatent qu'ils ne disposent pas de moyens leur garantissant que le site d'atterrissage ne prĂ©sente aucun risque. Les meilleures images fournies par les sondes spatiales en orbite autour de Mars (Mars Global Surveyor et 2001 Mars Odyssey) ont une rĂ©solution spatiale de deux mètres. Ce niveau de dĂ©tail ne permet pas d'identifier des rochers d'un mètre susceptibles de faire basculer un engin spatial au moment de son atterrissage. Ne pouvant se reposer entièrement sur les photos prises par MGS, les concepteurs de la mission MPL se sont ainsi basĂ©s sur des statistiques de distribution des rochers pour sĂ©lectionner le site d'atterrissage. Bien qu'un accident de ce type ait Ă©tĂ© Ă©cartĂ© pour expliquer l'Ă©chec de Mars Polar Lander, la NASA dĂ©cide de dĂ©velopper un orbiteur martien capable de fournir des images permettant d'Ă©liminer ce risque pour les prochaines missions envoyĂ©es sur le sol de Mars. Une rĂ©solution de 30 centimètres est retenue pour la camĂ©ra embarquĂ©e par le futur orbiteur martien qui est baptisĂ© Mars Reconnaissance Orbiter (MRO). Les scientifiques responsables des instruments embarquĂ©s Ă  bord de Mars Climate Orbiter, Ă©galement perdu en , obtiennent que MRO emporte une copie du principal instrument (rebaptisĂ© Mars Climate Sounder ou MCS) pour Ă©tudier l'atmosphère et le climat de la planète. La dĂ©cision de dĂ©velopper Mars Reconnaissance Orbiter est prise au dĂ©but de l'annĂ©e quelques mois après le dĂ©marrage du projet de rovers martiens Mars Exploration Rover (MER) mais, alors que les rovers doivent ĂŞtre lancĂ©s en , la date de lancement de MRO pour la fenĂŞtre de lancement suivante est fixĂ©e en [1].

Objectifs

Les contributions de la mission MRO s'inscrivent dans les objectifs scientifiques que la NASA a assigné à son programme martien[2] :

  • dĂ©terminer si la vie a pu apparaĂ®tre sur Mars[3] ;
  • dĂ©finir les caractĂ©ristiques du climat martien[4] ;
  • Ă©tudier la gĂ©ologie de la planète[5] ;
  • prĂ©parer les futures missions d'exploration avec Ă©quipage[6].

Les objectifs scientifiques suivants sont assignés à la mission MRO[7] :

  • caractĂ©riser le climat actuel de Mars et les mĂ©canismes physiques Ă  l'origine des changements climatiques saisonniers et interannuels ;
  • dĂ©terminer la nature des terrains prĂ©sentant une stratification complexes et identifier les formations de surface rĂ©sultant de l'action de l'eau ;
  • rechercher les sites prĂ©sentant des signes d'une activitĂ© liĂ©e Ă  la circulation de l'eau en surface ou Ă  l'hydrothermalisme ;
  • identifier et caractĂ©riser les sites ayant le plus fort potentiel pour des missions impliquant des atterrisseurs ou des rovers ainsi que des missions de retour d'Ă©chantillons martiens.

Par ailleurs, la sonde spatiale joue un rôle très important pour les missions à la surface de Mars assurant le relais entre les engins posés sur le sol de Mars et la Terre.

Architecture de la mission

Comparaison des caractéristiques de MRO avec les orbiteurs martiens qui l'ont précédé. De gauche à droite ci-dessus profil de MRO, MGS et 2001 Mars Odyssey.
Orbiteur : MRO MGS Odyssey
Date de lancement200519962001
Masse totale2 180 kg1 055 kg733 kg
Orbite255 x 320 km380 km400 km
RĂ©solution spatiale0,3 m1,5 m18 m.
Volume de données transmises (gigabits/jour)20 à 900,71

La mission primaire de Mars Reconnaissance Orbiter doit durer deux annĂ©es martiennes (soit quatre annĂ©es terriennes) : la première annĂ©e est consacrĂ©e aux observations scientifiques tout en assurant le relais avec les engins posĂ©s Ă  la surface de Mars. La deuxième annĂ©e, les prioritĂ©s sont inversĂ©es. Comme les orbiteurs qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©, MRO circule sur une orbite hĂ©liosynchrone : celle-ci passe au-dessus de l'Ă©quateur Ă  3 heures de l'après-midi pour privilĂ©gier la prise d'images qui nĂ©cessite des ombres longues. L'orbite est plus basse que Mars Global Surveyor (255 x 320 km au lieu de 370 km) ce qui augmente la rĂ©solution spatiale des photos. Comme les deux orbiteurs martiens qui l'ont prĂ©cĂ©dĂ©, MRO a recours Ă  l'aĂ©rofreinage pour atteindre l'orbite Ă  partir de laquelle il effectue ces relevĂ©s scientifiques. Cette technique permet d'Ă©conomiser près de 580 kg d'ergols. Le choix de la rĂ©solution spatiale de la camĂ©ra principale fait dĂ©bat : certains scientifiques souhaiteraient une rĂ©solution pas trop Ă©levĂ©e pour disposer d'une couverture photographique relativement complète de la planète : la rĂ©solution la plus fine envisagĂ©e nĂ©cessiterait en effet 200 000 jours d'observation pour couvrir l'ensemble de la surface de Mars. Le choix d'une rĂ©solution Ă©levĂ©e, raison d'ĂŞtre de MRO, est nĂ©anmoins retenu : la camĂ©ra HiRISE doit fournir des images ayant une rĂ©solution de 30 cm tandis qu'une deuxième camĂ©ra ayant une rĂ©solution de 6 mètres restituera le contexte de la photo. L'orbiteur emporte Ă©galement un radar (SHARAD) optimisĂ© pour analyser les couches superficielles du sol sur une profondeur de km, un spectromètre imageur (CRISM) fonctionnant en infrarouge et en lumière visible et dotĂ© d'une rĂ©solution spatiale remarquable de 20 mètres et un sondeur atmosphĂ©rique (MCS) fournissant la tempĂ©rature et la pression de l'atmosphère martienne ainsi que la tempĂ©rature des calottes polaires. Pour faire face au volume des images de grande taille produites par sa camĂ©ra principale (80 fois plus de volume de donnĂ©es gĂ©nĂ©rĂ© que 2001 Mars Odyssey), MRO dispose d'un système de tĂ©lĂ©communications particulièrement performant utilisant pour la première fois la bande Ka de manière opĂ©rationnelle et comportant une antenne parabolique de 3 mètres de diamètre. Le satellite qui emporte une charge utile particulièrement importante (139 kg) pèse deux fois plus lourd que Mars Global Surveyor (2 180 kg contre 1 055 kg). Le coĂ»t de la mission (environ 720 millions US$ avec les opĂ©rations de la mission primaire) dĂ©montre que la NASA s'est dĂ©marquĂ©e en partie du dogme du faster, cheaper, better[8] - [9].

Construction de la sonde spatiale

La gestion du projet est confiée, comme les autres missions martiennes, au centre Jet Propulsion Laboratory de la NASA dont le siège est en Californie. En , le JPL choisit de confier à l'établissement de Denver de la société Lockheed Martin Space Systems la construction de la sonde spatiale. La gestion des opérations en vol, qui nécessite une expertise particulière du fait de la très haute définition de la caméra, est également confiée à Lockheed car la société dispose de compétences dans le domaine, acquises en réalisant des satellites de reconnaissance. Les instruments scientifiques sont développés à Tucson, par l'Université de l'Arizona, à Laurel dans le Maryland, au laboratoire de physique appliquée de l'Université Johns-Hopkins, mais également en Europe, à Rome, à l'Agence spatiale italienne (ASI) ainsi qu'à San Diego en Californie, au Malin Space Science Systems et au Jet Propulsion Laboratory.

Caractéristiques techniques de la sonde spatiale

Structure de la sonde

La structure de la sonde spatiale est rĂ©alisĂ©e en matĂ©riau composite contenant du graphite renforcĂ© de matière plastique, complĂ©tĂ© par des panneaux en nid d'abeille d'aluminium. Le rĂ©servoir en titane contenant le carburant utilisĂ© par la sonde est la pièce la plus importante de MRO et assure la rigiditĂ© de l'ensemble. La masse totale est infĂ©rieure Ă  2 180 kilogrammes, dont 1 149 kilogrammes d'ergols. Ă€ l'origine, l'orbiteur pesait 2 180 kilogrammes, mais les ingĂ©nieurs ont rĂ©ussi Ă  rĂ©duire le poids de la sonde de 51 kg. Cet allègement de la structure a permis de rajouter un supplĂ©ment d'hydrazine, afin d'Ă©tendre la durĂ©e de vie de la sonde jusqu'en . La charge utile a une masse de 139 kg.

Système d'alimentation électrique

Les panneaux solaires de la sonde MRO.

L'Ă©nergie Ă©lectrique de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter est fournie par deux panneaux solaires, longs de 5,35 mètres pour une largeur de 2,53 mètres et montĂ©s de chaque cĂ´tĂ© du corps de la sonde. Chaque panneau solaire a une superficie d'environ 9,5 mètres carrĂ©s et comporte 3 744 cellules solaires, constituĂ©es de trois couches cristallines qui permettent de convertir plus efficacement l'Ă©nergie solaire en Ă©lectricitĂ©. Dans le cas de MRO, ces cellules sont capables de convertir plus de 26 % de l'Ă©nergie solaire incidente, et peuvent dĂ©livrer un maximum de 2 000 watts sous 32 V en orbite martienne. Chaque panneau peut pivoter de façon indĂ©pendante autour de deux axes (rotation du haut vers le bas, ou de gauche Ă  droite), et peut ainsi recevoir le rayonnement solaire sous un angle optimal.

Mars Reconnaissance Orbiter utilise deux batteries rechargeables au nickel mĂ©tal hydrure. Les batteries sont utilisĂ©es comme source d'Ă©nergie lorsque les panneaux solaires ne font pas face au Soleil (comme durant le lancement, l'insertion orbitale ou le freinage atmosphĂ©rique), ou lors des passages dans l'ombre de Mars. Chaque batterie possède une capacitĂ© de stockage d'Ă©nergie de 50 Ah, mais la sonde n'ayant pas besoin de toute cette Ă©nergie, la batterie ne sera probablement utilisĂ©e qu'Ă  environ 40 % de sa capacitĂ©, au dĂ©but de la mission. Cette capacitĂ© diminue avec leur usure et celle des panneaux solaires. Lorsque la tension restante tombera sous 20 V, l'ordinateur de bord cessera de fonctionner.

Électronique embarquée

L'ordinateur principal de Mars Reconnaissance Orbiter est un processeur 32-bit RAD750, comprenant 10,4 millions de transistors, et dont l'horloge interne est cadencĂ©e Ă  133 MHz. Ce processeur est une version spĂ©ciale du processeur PowerPC750, aussi appelĂ© G3, mais cette version est durcie pour rĂ©sister aux radiations spatiales. Une carte mère spĂ©cifique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e pour l'occasion. Le processeur RAD750 est le successeur du RAD6000. Bien entendu, ce processeur peut paraĂ®tre dĂ©suet si on le compare Ă  un PC ou Ă  un Macintosh, mais il est particulièrement fiable dans l'espace, pouvant mĂŞme fonctionner lors des tempĂŞtes solaires.

Les donnĂ©es scientifiques sont stockĂ©es dans une mĂ©moire flash de 160 gigabits (20 gigaoctets), constituĂ©e d'environ 700 puces de mĂ©moire, chaque puce ayant une capacitĂ© de 256 Mbits. Cette capacitĂ© de stockage n'est pas très importante, si l'on considère que le volume de donnĂ©es acquis pèsera lourd. En effet, une seule image de la camĂ©ra HiRISE pourra occuper jusqu'Ă  28 Gigabits de donnĂ©es.

Le système d'exploitation du vaisseau, VxWorks, dispose de nombreux outils permettant d'effectuer le suivi et la gestion de l'engin. De nombreux protocoles inclus dans VxWorks lui permettent de diagnostiquer précisément d'éventuelles erreurs.

Systèmes de navigation

Les systèmes de navigation et des senseurs fourniront des données aux ingénieurs (position du vaisseau, cap et altitude) :

  • seize senseurs solaires (dont huit de secours) sont placĂ©s tout autour du vaisseau, pour mesurer la position de celui-ci par rapport au Soleil ;
  • deux senseurs stellaires sont utilisĂ©s pour fournir un pointage de prĂ©cision Ă  l'orbiteur, afin de dĂ©terminer son orientation. Ces « chercheurs d'Ă©toiles » sont de simples camĂ©ras numĂ©riques utilisĂ©es pour reconnaĂ®tre la position d'Ă©toiles cataloguĂ©es de manière autonome ;
  • deux centrales inertielles sont aussi prĂ©sentes Ă  bord (dont une de secours). Elles fourniront des donnĂ©es lors des mouvements du vaisseau. Chaque centrale Ă  inertie est constituĂ©e de trois accĂ©lĂ©romètres et de trois gyroscopes de type gyrolaser.
Schéma de la sonde spatiale.

Système de télécommunications

L'antenne grand gain est montée sur le corps de la sonde spatiale. Les opérateurs donnent l'échelle de cette antenne d'une taille exceptionnelle.

Le sous-système chargĂ© des tĂ©lĂ©communications utilise une grande antenne pour transmettre ses donnĂ©es Ă  la frĂ©quence couramment utilisĂ©e pour les sondes interplanĂ©taires (soit la bande X, Ă  la frĂ©quence de GHz). MRO innove en utilisant de manière expĂ©rimentale la bande Ka, Ă  32 GHz, afin de transmettre des donnĂ©es Ă  haut dĂ©bit. La vitesse de transmission des donnĂ©es peut atteindre Mbit/s. Ce taux de transfert de donnĂ©es est dix fois plus Ă©levĂ© que pour les prĂ©cĂ©dents orbiteurs martiens. Deux amplificateurs seront utilisĂ©es pour la frĂ©quence radio en bande-X (puissance Ă©mise de 100 watts, le second amplificateur Ă©tant un appareil de secours). Un amplificateur en bande Ka consomme 35 watts. Au total, la sonde achemine deux transpondeurs.

Deux antennes plus petites, à faible gain, sont aussi intégrées à la sonde, pour les communications à bas débit (elles seront utilisées en cas de situations critiques, lors du lancement ou de l'insertion en orbite martienne). Ces antennes n'ont pas besoin d'être pointées vers la Terre, elles peuvent transmettre et émettre dans n'importe quelle direction.

Système de propulsion

Pour se propulser, la sonde comprend vingt moteurs-fusĂ©es monoergols qui brĂ»lent tous de l'hydrazine, un carburant qui produit spontanĂ©ment des gaz, sans système de mise Ă  feu, en passant sur un catalyseur. MRO emporte 1 220 kg d'hydrazine, dont 70 % est utilisĂ© lors de la manĹ“uvre d'insertion en orbite. L'hydrazine est injectĂ©e dans les moteurs en Ă©tant mis sous pression par de l'hĂ©lium stockĂ© dans un rĂ©servoir spĂ©cial. Les moteurs sont de trois types :

  • six moteurs sont utilisĂ©s pour les manĹ“uvres orbitales nĂ©cessitant une poussĂ©e importante, en particulier l'insertion en orbite autour de Mars. Chacun des moteurs produit 170 newtons de poussĂ©e, soit un total de 1 020 N. En utilisant plusieurs moteurs plutĂ´t qu'un seul pour la mise en orbite autour de Mars, le risque crĂ©Ă© par la dĂ©faillance d'un moteur est rĂ©duit ;
  • six moteurs de poussĂ©e intermĂ©diaire (22 newtons) sont consacrĂ©s aux manĹ“uvres de correction de trajectoire, au cours du transit entre la Terre et Mars, mais Ă©galement pour ajuster l'altitude durant l'aĂ©rofreinage lorsque MRO plongera dans l'atmosphère martienne ;
  • huit petits moteurs de 0,9 newton de poussĂ©e sont utilisĂ©s pour contrĂ´ler l'orientation de la sonde, et assistent dans cette fonction les roues de rĂ©action. Ils servent Ă©galement Ă  dĂ©saturer ces dernières. Ils sont Ă©galement utilisĂ©s pour contrĂ´ler le roulis, lorsque les autres moteurs sont dĂ©jĂ  utilisĂ©s pour modifier la trajectoire.

Quatre gyroscopes sont aussi inclus, afin d'orienter finement le satellite, comme lors de l'acquisition d'images Ă  très haute rĂ©solution, oĂą le moindre « faux mouvement » de l'orbiteur pourrait rendre l'image floue. Chaque gyroscope est utilisĂ© pour un mouvement axial. Le quatrième gyroscope pourra remplacer n'importe lequel des trois autres en cas de dĂ©faillance Ă©ventuelle. Chaque gyroscope pèse 10 kg et peut tourner très rapidement (jusqu'Ă  6 000 tours par minute).

Instrumentation scientifique

Volume de données attendu de la sonde MRO.

Six instruments scientifiques sont embarquĂ©s Ă  bord du vaisseau, ainsi que deux instruments qui, exploitant des donnĂ©es rĂ©coltĂ©es par les sous-systèmes du vaisseau, reprĂ©sentent une masse totale de 139 kg. Trois dĂ©monstrateurs technologiques sont Ă©galement embarquĂ©s pour ĂŞtre Ă©ventuellement utilisĂ©s lors de missions futures. Les principaux buts de la mission de Mars Reconnaissance Orbiter sont la recherche d'Ă©ventuelles ressources aquifères, la caractĂ©risation de l'atmosphère et de la gĂ©ologie martienne.

Comparaison des performances des instruments optiques embarqués à bord des orbiteurs martiens MRO, Mars Express, Mars Global Surveyor et 2001 Mars Odyssey.

HiRISE

La camĂ©ra HiRISE (High Resolution Imaging Science Experiment) est constituĂ©e d'un tĂ©lescope de 50 cm de diamètre et d'une longueur focale de 12 m, qui demeure en 2016 la plus grosse camĂ©ra jamais embarquĂ©e sur une sonde spatiale. Sa rĂ©solution spatiale au sol atteint 30 cm depuis une altitude de 300 km. Le dĂ©tecteur est constituĂ© de 14 capteurs CCD de 2 048 x 128 pixels, dont 10 comportent un filtre rouge et les quatre autres un filtre bleu, vert et proche infrarouge. Elle prend des clichĂ©s dans trois bandes de couleurs : en bleu-vert, en rouge et dans l'infrarouge. Pour faciliter la cartographie de sites potentiels d'atterrissage, la camĂ©ra HiRISE peut produire des images stĂ©rĂ©o. On peut ainsi estimer le relief d'un site avec une prĂ©cision de 0,25 m. La masse de l'instrument a pu ĂŞtre limitĂ©e Ă  65 kg en utilisant pour sa structure du plastique Ă  renfort fibre de carbone et des miroirs en verre allĂ©gĂ©. Chaque image Ă  haute rĂ©solution a une taille de 28 mĂ©gabits[10].

  • Comparaison de la rĂ©solution de la camĂ©ra HiRISE de MRO, avec celle de son prĂ©dĂ©cesseur, MGS.
    Comparaison de la résolution de la caméra HiRISE de MRO, avec celle de son prédécesseur, MGS.
  • La camĂ©ra HiRISE.
    La caméra HiRISE.
  • La camĂ©ra HiRISE est prĂ©parĂ©e avant d'ĂŞtre rattachĂ©e Ă  la sonde.
    La caméra HiRISE est préparée avant d'être rattachée à la sonde.

CTX

CTX ou Context Imager (« camĂ©ra de contexte ») fournit des clichĂ©s monochromes, pouvant couvrir jusqu'Ă  40 km de largeur, avec une rĂ©solution de 8 mètres par pixel. L'instrument CTX doit fonctionner de manière synchrone avec les deux autres camĂ©ras prĂ©sentes sur la sonde, pour fournir des cartes permettant de replacer les images d'HiRISE et de MARCI dans leur contexte global[11].

MARCI

La caméra MARCI (acronyme de Mars Color Imager) fournit des images dans 5 bandes de couleurs visibles, et dans deux bandes ultraviolettes. MARCI est utilisée pour réaliser une carte globale de Mars afin de caractériser les variations journalières, saisonnières et annuelles du climat martien. MARCI permet de produire des bulletins météo journaliers[12].

CRISM

L'instrument CRISM.

Le spectromètre imageur CRISM (acronyme de Compact Reconnaissance Imaging Spectrometers for Mars) observe dans l'infrarouge et la lumière visible. Il produit des cartes dĂ©taillĂ©es de la minĂ©ralogie de la surface martienne. Cet instrument a une rĂ©solution de 18 mètres Ă  une distance orbitale de 300 km. Il opère dans des longueurs d'onde comprises entre 400 et 4 050 nm, mesurant leur spectre grâce Ă  560 canaux de 6,55 nm de largeur chacun[13].

MCS

L'instrument MCS.

Le radiomètre MCS (Mars Climate Sounder) analyse l'atmosphère martienne sur 9 bandes de frĂ©quence, dont un canal allant du proche ultraviolet au proche infrarouge (0,3 Ă  µm) et huit canaux dans l'infrarouge moyen (12 Ă  50 Âµm). Les diffĂ©rents canaux permettent Ă  l'instrument de mesurer la tempĂ©rature, la pression, la vapeur d'eau et les niveaux de poussière sur toute l'Ă©paisseur de l'atmosphère entre le sol et une altitude de 80 km. Il observe le limbe de l'atmosphère. L'instrument est montĂ© sur un double cardan qui lui permet de disposer de deux degrĂ©s de libertĂ©. Le MCS permet de distinguer les caractĂ©ristiques des couches de l'atmosphère avec une rĂ©solution verticale de km. Les mesures effectuĂ©es sont assemblĂ©es pour rĂ©aliser des cartes journalières et globales de la tempĂ©rature montrant les variations spatiales et temporelles de l'atmosphère de Mars dans le but d'Ă©tablir un modèle de circulation global de l'atmosphère martienne. MCS permet de suivre l'Ă©volution des calottes polaires en dĂ©terminant les propriĂ©tĂ©s des glaces et en mesurant la tempĂ©rature de leur surface. MCS a une masse de kg et comprend deux tĂ©lescopes de cm d'ouverture avec une focale de f/1,7. L'instrument a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© embarquĂ© sur deux sondes spatiales - Mars Observer puis Mars Climate Observer (sous l'appellation PMIRR (Pressure Modulator Infrared Radiometer) - mais n'a retournĂ© aucun rĂ©sultat du fait de la perte de ces deux engins[14].

SHARAD

SHARAD (Shallow Subsurface Radar) est un radar de deuxième gĂ©nĂ©ration qui doit sonder le sous-sol de la planète en complĂ©tant la couverture du radar MARSIS embarquĂ© Ă  bord de Mars Express. La prĂ©sence de l'instrument est en grande partie liĂ©e Ă  la dĂ©couverte des ravines par Mars Global Surveyor dont la formation pourrait ĂŞtre liĂ©e Ă  la prĂ©sence de nappes d'eau situĂ©es Ă  quelques centaines de mètres de profondeur, soit Ă  la fonte de dĂ©pĂ´ts riches en glaces d'eau. Or, le radar MARSIS est optimisĂ© pour dĂ©terminer la structure de la surface de la planète Ă  quelques kilomètres de profondeur et ne fournit Ă  ce titre pas d'informations utilisables pour les couches superficielles Ă  quelques centaines de mètres du sol. SHARAD Ă©met des ondes Ă  plus haute frĂ©quence que MARSIS (centrĂ©e sur 20 MHz avec une largeur de bande de 10 MHz) et est, lui, optimisĂ© pour analyser le premier kilomètre d'Ă©paisseur avec une rĂ©solution verticale de 15 mètres et une rĂ©solution spatiale de 0,3-km le long de la trace au sol du satellite) par 3-km. Il permet Ă©galement d'analyser les dĂ©pĂ´ts sĂ©dimentaires comme ceux trouvĂ©s dans les rĂ©gions des calottes polaires martiennes de Terra Meridiani, de Candor Chasma ou du cratère Holden, les vallĂ©es fluviales, les cratères enfouis et les complexes volcaniques. L'instrument est fourni par l'Agence spatiale italienne avec une participation amĂ©ricaine[15] - [16] - [17].

Synthèse des caractéristiques des instruments[18]
Instrument Type Caractéristiques Objectifs scientifiques Responsable instrument
CRISMSpectromètre imageurLargeur fauchĂ©e 11 km
RĂ©solution spatiale 20 m/pixel
514 bandes spectrales entre 0,4 et 4 microns
RĂ©solution spectrale nm
Composition et morphologie
régionales et locales de la surface
Scott Murchie
Applied Physics Laboratory
Université Johns-Hopkins
CTXCamĂ©raLargeur fauchĂ©e 30 km
Image panchromatique (moins le bleu)
RĂ©solution spatiale m/pixel
Morphologie et stratigraphie régionaleMichael Malin
Université de l'Arizona
HiRISECamĂ©ra Ă  haute rĂ©solutionLargeur fauchĂ©e km rouge) et 1,2 km (bleu, vert)
Image couleur
RĂ©solution spatiale 0,3 Ă  1 m/pixel
Processus géologiques et stratigraphiques
Morphologie
Alfred MacEwen
Université de l'Arizona
MARCICaméra grand angleNuages atmosphériques, brouillards,
ozone et albédo de la surface
7 bandes spectrales (0,28 Ă  0,8 micron)
Météorologie planétaire
Modifications en surface
Michael Malin
Malin Space Science Systems
MCSSondeur atmosphériqueProfil température, eau, poussière, CO2
Couverture verticale de 0 Ă  80 km
RĂ©solution verticale km
Balance de la radiance aux pĂ´les
Structure de l'atmosphère
Processus polaires
Daniel JM Cleese
Jet Propulsion Laboratory
SHARADRadarSondage jusqu'Ă  km de profondeur
RĂ©solution verticale 10 Ă  20 m
RĂ©solution spatiale 1 x km
Structure terrain
jusqu'Ă  km de profondeur
Roberto Seu
Agence spatiale italienne

Étude du champ de gravité

Les variations du champ gravitationnel martien peuvent engendrer des variations de vitesse pour la sonde MRO. La vélocité de la sonde sera mesurée en utilisant le décalage Doppler de l'orbiteur, dont le signal est renvoyé vers la Terre[19].

Étude de la structure de l'atmosphère martienne

Des accéléromètres très sensibles sont intégrés à l'orbiteur. Ils permettent de déterminer par déduction la densité atmosphérique. On ne sait pas encore si cette expérience se déroulera uniquement durant la phase de freinage atmosphérique (lorsque MRO est située à une altitude plus basse, dans des zones plus denses de l'atmosphère), ou durant toute la mission[20].

DĂ©monstrations technologiques

Emetteur radio UHF Electra : version embarquée sur MAVEN.

Electra

Electra est un émetteur radio UHF à haute fréquence conçu pour communiquer avec les engins spatiaux fixes ou mobiles situés à la surface de Mars, tels que l'astromobile Curiosity, l'atterrisseur InSight, etc. Grâce à Electra, l'arrivée et la localisation de sondes sur Mars sont plus précises[21].

Caméra de navigation optique

La caméra de navigation optique prendra des clichés des lunes de Mars, Phobos et Déimos avec les étoiles en arrière-plan, afin de déterminer l'orbite de MRO avec plus de précision. Cette expérience n'est pas indispensable au bon fonctionnement de la mission, elle a été incluse pour que les ingénieurs puissent tester de nouvelles techniques de repérage dans l'espace. Les insertions en orbite et les atterrissages des sondes peuvent être plus précis[22].

Utilisation de la bande Ka

Le système de télécommunications standard pour les échanges de données entre les sondes spatiales et la Terre repose sur l'utilisation de la bande X. MRO est la première mission spatiale à transmettre ses données de manière opérationnelle en utilisant la bande Ka. Celle-ci permet de transmettre des données avec un débit nettement supérieur[23].

DĂ©roulement de la mission

MRO conduit sa mission scientifique durant une première période de deux années, après s'être placée sur une orbite circulaire grâce à la technique de l'aérofreinage mise au point par la NASA. Il s'agit de ralentir progressivement le vaisseau en abaissant l'orbite du vaisseau à son apogée de manière que celui-ci traverse la haute atmosphère de Mars. La trainée générée est utilisée pour abaisser progressivement l'orbite jusqu'à ce que l'orbite visée soit atteinte. La mission scientifique proprement dite n'a commencé que lorsque tous les tests techniques ont été effectués (en ). Après ses deux années de mission, la sonde a continué ses observations scientifiques, tout en jouant le rôle de relais de communication pour les engins spatiaux posés à la surface de Mars.

Lancement et transit vers Mars (août 2005 à mars 2006)

Lancement de la sonde, le , par une fusée Atlas V (401) dotée d'un étage Centaur-5-SEC.
Vue d'artiste : la séquence de freinage atmosphérique de la sonde MRO.

Le lancement de MRO, initialement prévu le , est reporté à deux reprises, à la suite d'incidents techniques (notamment à cause d'un problème mineur sur l'étage Centaur de la fusée Atlas V. La sonde est finalement lancée avec succès, le vendredi depuis la base de lancement de Cape Canaveral par une fusée Atlas V, équipée de l'étage supérieur Centaur. MRO a navigué dans l'espace durant sept mois avant d'atteindre Mars. Quatre corrections de trajectoire pouvaient être éventuellement réalisées, afin que la sonde puisse effectuer sans problème son insertion orbitale une fois arrivée au plus près de Mars.

L'insertion orbitale se produisit lorsque la sonde MRO se rapprocha de Mars, pour la première fois le . La sonde passa sous l'hĂ©misphère sud de la planète, Ă  une altitude comprise entre 370 et 400 kilomètres (190 miles). Les six moteurs principaux de la sonde brĂ»lèrent leur carburant durant 27 minutes, afin de rĂ©duire la vitesse de la sonde de 2 900 m/s (6 500 miles par heure) Ă  1 900 m/s (4 250 miles par heure). Cette insertion orbitale plaça la sonde sur une orbite polaire très elliptique. Le pĂ©riapse, c’est-Ă -dire le point oĂą la sonde se rapproche le plus de la surface, est de 300 kilomètres (180 miles). L'apoapse, le point le plus distant de la surface, est de 45 000 kilomètres (28 000 miles). La sonde met alors 35 heures pour effectuer une orbite complète.

Phase d'aérofreinage (mars à novembre 2006)

L'aérofreinage commença peu après cette insertion orbitale, pour donner à la sonde une orbite plus basse et plus rapide. Ce freinage permet d'économiser du carburant (presque 50 %). Le freinage atmosphérique se déroula en trois étapes :

  • MRO abaissa progressivement son pĂ©riapse en utilisant ses moteurs. L'altitude idĂ©ale du freinage atmosphĂ©rique fut dĂ©terminĂ©e le moment venu, elle dĂ©pendait de la finesse de l'atmosphère (rappelons que la pression atmosphĂ©rique varie selon les saisons sur Mars). Cette première Ă©tape fut rĂ©alisĂ©e en cinq orbites, soit une semaine terrestre ;
  • MRO resta ensuite Ă  une altitude suffisamment basse pour utiliser le freinage atmosphĂ©rique durant cinq mois et demi, soit moins de 500 orbites. Les ingĂ©nieurs de la NASA utilisèrent les moteurs de la sonde pour effectuer des corrections occasionnelles du pĂ©riapse, afin que la sonde ne se dĂ©sintègre pas dans l'atmosphère tĂ©nue. Grâce Ă  ce freinage, l'apoapse devrait ĂŞtre rĂ©duite Ă  450 kilomètres (280 miles) ;
  • pour terminer la sĂ©quence de freinage atmosphĂ©rique, la sonde MRO utilisa ses propulseurs pour que son pĂ©riapse soit situĂ© hors de l'atmosphère martienne (Ă  la fin du mois d').

Après cette phase de freinage, les ingĂ©nieurs effectuent des ajustements supplĂ©mentaires de l'orbite, durant une ou deux semaines, grâce aux moteurs. Ces corrections s'effectuent avant une conjonction solaire qui a eu lieu entre le et le . En effet, Ă  cette pĂ©riode, Mars est passĂ©e derrière le Soleil pour les observateurs terrestres. Après cette phase de freinage atmosphĂ©rique, les opĂ©rations scientifiques ont commencĂ©. L'orbite de travail oscille entre 255 kilomètres (au-dessus du pĂ´le Sud) et 320 kilomètres (au-dessus du pĂ´le Nord de Mars)[24].

Phase d'Ă©tude scientifique

Phoenix photographiée durant sa descente vers le sol martien.

Mission primaire (novembre 2005 Ă  novembre 2008)

Les opérations scientifiques se déroulent durant une période nominale de deux ans. Après cela, la mission étendue a débuté. La sonde Mars Reconnaissance Orbiter a collecté des données pour préparer les missions suivantes de la NASA notamment l'atterrisseur Phoenix, lancé en 2007 et le rover de Mars Science Laboratory, lancé en 2011. Les caméras de MRO ont permis de choisir les sites d'atterrissage les plus propices pour ces robots, en permettant de trouver le meilleur compromis entre risques et résultats scientifiques. Les capacités particulièrement importantes de la sonde MRO en tant que relais de transmissions des données entre Mars et la Terre jouent un rôle essentiel pour les missions présentes au sol. MRO a également pu fournir des données importantes durant les phases d'atterrissage des rovers MER et MSL.

Le , la caméra HiRISE parvient à photographier la sonde spatiale Phoenix alors qu'elle descend accrochée sous son parachute vers le site d'atterrissage situé dans la région de Vastitas Borealis[25].

Extensions de mission (novembre 2008 -)

La sonde spatiale achève sa mission primaire en . La mission de MRO est reconduite pour deux ans avec comme objectif l'Ă©tude des changements Ă  la surface de Mars (dunes, cavitĂ©s Ă  la surface des calottes polaires...)[26]. Le , MRO entre en mode survie pour la troisième fois en 2009 et pour la septième fois depuis son lancement. Elle passe Ă  nouveau en mode survie le et les ingĂ©nieurs dĂ©cident d'interrompre toutes les opĂ©rations pour dĂ©terminer l'origine de ces incidents Ă  rĂ©pĂ©tition[27]. La sonde spatiale ne redevient opĂ©rationnelle que le après qu'un nouvelle version du logiciel embarquĂ© a Ă©tĂ© tĂ©lĂ©chargĂ©e[28]. En , l'orbiteur dispose encore de 290 kg d'ergols dont 120 kg sont rĂ©servĂ©s Ă  des manĹ“uvres destinĂ©es Ă  accompagner la mission Mars Science Laboratory. MRO consomme environ 10 kg par an ce qui permet d'envisager le prolongement de sa mission au-delĂ  de 2020. Durant l'Ă©tĂ© 2011, un des 14 CCD de la camĂ©ra HiRISE tombe en panne ce qui rĂ©duit la largeur de la fauchĂ©e de km Ă  5,4 km[26]. Trois ans après avoir photographiĂ© Phoenix, MRO renouvelle son exploit le pour l'atterrissage de Mars Science Laboratory[29].

Mesures prises pour prolonger la mission jusqu'à la décennie 2020

La NASA a besoin de disposer durant la dĂ©cennie 2020 de plusieurs orbiteurs martiens, pour pouvoir relayer les donnĂ©es collectĂ©es par ses rovers qui travaillent Ă  la surface (Mars 2020, Curiosity...). Or les engins disponibles, notamment MRO, sont vieillissants. L'agence spatiale amĂ©ricaine a dĂ©cidĂ©, au dĂ©but de l'annĂ©e 2018 de prendre des mesures pour prolonger au maximum la vie de MRO, notamment pour garantir la retransmission des donnĂ©es de . Le contrĂ´le d'attitude de MRO repose en mode de fonctionnement normal sur une centrale Ă  inertie, dont elle emporte deux exemplaires. Le premier exemplaire, arrivĂ© en fin de vie après 58 000 heures d'utilisation, a Ă©tĂ© remplacĂ© il y a plusieurs annĂ©es par l'unitĂ© de secours, qui compte dĂ©but 2018 52 000 heures d'utilisation. Pour prĂ©server cette dernière, arrivĂ©e presque au bout de son potentiel thĂ©orique et qui reste indispensable pour les corrections orbitales, le mode survie ou des manĹ“uvres exceptionnelles liĂ©es par exemple Ă  l'arrivĂ©e d'un nouvel engin spatial, la NASA a dĂ©cidĂ© d'utiliser en fonctionnement normal le viseur d'Ă©toiles Ă  la place de la centrale Ă  inertie. Cet Ă©quipement utilise une camĂ©ra pour identifier les Ă©toiles dans son champ de vue et dĂ©terminer l'orientation de l'engin spatial.

Les deux batteries constituent un autre Ă©lĂ©ment critique de MRO, Ă©galement menacĂ©es de panne. Celles-ci sont sollicitĂ©es Ă  chaque fois que la planète Mars s'interpose entre le Soleil et MRO, soit environ 40 minutes durant chaque orbite de deux heures. Pour prolonger leur durĂ©e de vie, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© d'augmenter leur charge, de mettre en marche les rĂ©sistances chauffantes — chargĂ©es de maintenir la tempĂ©rature de l'engin spatial dans des plages correctes lorsqu'il passe dans l'ombre de Mars — avant cette phase, pour rĂ©duire l'utilisation de la batterie durant l'Ă©clipse et enfin de modifier l'orbite de MRO pour rĂ©duire la durĂ©e du passage sur le cĂ´tĂ© nuit de la planète. Ce changement de l'orbite, consistant Ă  reculer l'heure de passage au-dessus de l'Ă©quateur, a un impact sur les observations : rĂ©duction de la durĂ©e des pĂ©riodes de l'annĂ©e oĂą les pĂ´les peuvent ĂŞtre observĂ©s, rĂ©alisation et interprĂ©tation plus difficile des observations d'un mĂŞme site pour dĂ©tecter les changements. Le vieillissement a d'ores et dĂ©jĂ  mis hors service dĂ©but 2018 l'un des deux spectromètres CRISM, dont le fonctionnement nĂ©cessite un cryorefroidisseur : les trois Ă©quipements de ce type ont Ă©tĂ© mis hors service [30].

Galerie

  • Écoulements
  • Traces d'Ă©coulements observĂ©es par l'instrument HiRISE.
    Traces d'écoulements observées par l'instrument HiRISE.
  • Traces linĂ©aires sur la pente martienne.
    Traces linéaires sur la pente martienne.
  • TraĂ®nĂ©es noires
  • TraĂ®nĂ©es noires photographiĂ©es le 3 dĂ©cembre 2006 par l'instrument HiRISE de MRO dans la rĂ©gion d'Acheron Fossae.
    Traînées noires photographiées le par l'instrument HiRISE de MRO dans la région d'Acheron Fossae.
  • Lorsqu'elles prennent naissance sur la crĂŞte des dunes martiennes, les traĂ®nĂ©es noires donnent l'illusion, Ă  faible rĂ©solution, de rangĂ©es d'arbres Ă©parses au milieu de buissons. Photo prise au nord d'Utopia Planitia, en lisière de la calotte polaire borĂ©ale.
    Lorsqu'elles prennent naissance sur la crête des dunes martiennes, les traînées noires donnent l'illusion, à faible résolution, de rangées d'arbres éparses au milieu de buissons. Photo prise au nord d'Utopia Planitia, en lisière de la calotte polaire boréale.
  • Cratère Ă  piĂ©destal prĂ©sentant des traĂ®nĂ©es sombres au sud-ouest d'Amazonis Planitia.
    Cratère à piédestal présentant des traînées sombres au sud-ouest d'Amazonis Planitia.
  • Champs de dunes
  • Divers
  • Cratère d'impact de 30 mètres de diamètre rĂ©cent (moins de 3 ans) photographiĂ© en novembre 2013 par la camĂ©ra HiRISE.
    Cratère d'impact de 30 mètres de diamètre rĂ©cent (moins de 3 ans) photographiĂ© en par la camĂ©ra HiRISE.
  • Avalanche dĂ©clenchĂ©e par le dĂ©gel dans la calotte polaire et photographiĂ©e en fĂ©vrier 2008. Le nuage de dĂ©bris fait environ 200 mètres de long et la falaise a une hauteur de 700 mètres et pente d'environ 60°. Sa partie supĂ©rieure est couverte de dioxyde de carbone gelĂ©.
    Avalanche dĂ©clenchĂ©e par le dĂ©gel dans la calotte polaire et photographiĂ©e en . Le nuage de dĂ©bris fait environ 200 mètres de long et la falaise a une hauteur de 700 mètres et pente d'environ 60°. Sa partie supĂ©rieure est couverte de dioxyde de carbone gelĂ©.
  • Strates sur les pentes de Chasma Boreale, vallĂ©e qui s'enfonce dans la calotte polaire. L'image fait 1 km de droite Ă  gauche et la dĂ©nivelĂ©e est Ă©galement de 1 km.
    Strates sur les pentes de Chasma Boreale, vallée qui s'enfonce dans la calotte polaire. L'image fait km de droite à gauche et la dénivelée est également de km.

Notes et références

  1. Rocard 2003-2006, p. 139-140.
  2. (en) « Science summary », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  3. (en) « Science Goal 1: Determine if Life Ever Arose On Mars », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  4. (en) « Goal 2: Characterize the Climate of Mars », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  5. (en) « Goal 3: Characterize the Geology of Mars », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  6. (en) « Goal 4: Prepare for the Human Exploration of Mars », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  7. (en) « MO > Mission > Science > Objectives », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  8. Ulivi et Harland 2014, p. 213-218.
  9. Rocard 2003-2006, p. 141.
  10. (en) « Mars Reconnaissance Orbiter - High Resolution Imaging Science Experiment (HiRISE) », sur NASA NSSDC Master Catalog, NASA (consulté le ).
  11. (en) « Mission > Instruments > CTX Context Camera », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  12. (en) « Mission > Instruments > MARCI Mars Color Imager », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  13. (en) « Mars Reconnaissance Orbiter - Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars (CRISM) », sur NASA NSSDC Master Catalog, NASA (consulté le ).
  14. (en) « Mars Reconnaissance Orbiter - Mars Climate Sounder (MCS) », sur NASA NSSDC Master Catalog, NASA (consulté le ).
  15. Rocard 2003-2006, p. 143-144.
  16. (en) « Mission > Instruments > SHARAD Shallow Radar », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  17. (en) « Missions and Projects > Solar system exploration > SHARAD », sur Agence spatiale italienne, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  18. Graf et Zurek 2001, p. 3.
  19. (en) « Mission > Instruments > Gravity Field », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  20. (en) « Mission > Instruments > Accelerometers », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  21. (en) « Mission > Instruments > Electra », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  22. (en) « Mission > Instruments > Optical Camera », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
  23. (en) « Mission > Instruments > Ka-band », sur NASA JPL, Jet Propulsion Laboratory (consulté le ).
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  25. (en) Eric Hand, « Planetary science: Stranger in a strange land », Nature, no 753,‎ , p. 712-713 (lire en ligne).
  26. Ulivi et Harland 2014, p. 235.
  27. (en) « Orbiter in Safe Mode Increases Communication Rate », NASA/JPL, .
  28. (en) « Spacecraft Out of Safe Mode », NASA/JPL, .
  29. (en) Emily Lakdawalla, « Mars Reconnaissance Orbiter HiRISE has done it again!! », The Planetary Society, .
  30. (en) Emily Lakdawalla, « Maintaining the health of an aging Mars orbiter », The Planetary Society, .

Annexes

Bibliographie

NASA documents liés à la mission
  • (en) NASA, Mars Reconnaissance Orbiter Launch press kit, (lire en ligne)
    Dossier de presse fourni par la NASA pour le lancement de MRO
  • (en) NASA, Mars Reconnaissance Orbiter Arrival, (lire en ligne)
    Dossier de presse fourni par la NASA pour l'insertion en orbite de MRO
  • (en) James E. Graf, Richard W. Zurek et al., « The Mars Reconnaissance Orbiter Mission IAC-05-A.3.3 », IAC,‎ , p. 1-11 (lire en ligne [PDF])
    Présentation générale de la mission.
  • (en) Richard W. Zurek et Suzanne E. Smrekar, « An overview of the Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) science mission », Journal of Geophysical Research, vol. 112, no E05S01,‎ , p. 23291–23316 (DOI 10.1029/2006JE002701, lire en ligne [PDF])
    Présentation générale de la mission et des enjeux scientifiques.
  • (en) Jim Taylor et al., Mars Reconnaissance Orbiter Telecommunications, Jet Propulsion Laboratory (NASA), coll. « DESCANSO Design and Performance Summary Series », (lire en ligne [PDF])
Spécifications du système de télécommunications de Mars Reconnaissance Orbiter.
Ouvrages de synthèse sur l'exploration de Mars
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    Description de l'instrument MCS.
  • (en) Alfred S. McEwen, Maria E. Banks et al., « The High Resolution Imaging Science Experiment (HiRISE) during MRO’s Primary Science Phase (PSP) », Icarus, vol. 205, no 1,‎ (DOI 10.1016/j.icarus.2009.04.023)
    Description de la caméra HiRISE et resultats à l'issue de la mission primaire.
  • (en) Alfred S. McEwen, Maria E. Banks et al., « The High Resolution Imaging Science Experiment (HiRISE) during MRO’s Primary Science Phase (PSP) », Icarus, vol. 205, no 1,‎ (DOI 10.1016/j.icarus.2009.04.023)
    Description de la caméra HiRISE et resultats à l'issue de la mission primaire.
  • (en) S. Murchie, R. Arvidson et al., « Compact Reconnaissance Imaging Spectrometer for Mars (CRISM) on Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) », Journal of Geophysical Research, vol. 112, no E05S03,‎ , p. 1-57 (DOI 10.1029/2006JE002682, lire en ligne [PDF])
    Description du spectromètre CRISM.
  • (en) Michael C. Malin, James F. Bell III et al., « Context Camera Investigation on board the Mars Reconnaissance Orbiter », Journal of Geophysical Research, vol. 112, no E05S04,‎ , p. 1-25 (DOI 10.1029/2006JE002808, lire en ligne [PDF])
    Description de la caméra Context.

Articles connexes

Mars
Exploration spatiale de Mars
Techniques spatiales

Liens externes

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