Mario (chanteur d'opéra)
Giovanni Matteo de Candia dit Mario est un chanteur d'opéra italien né le à Cagliari en Sardaigne et mort le à Rome.
Grave |
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Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Giovanni Matteo de Candia |
Surnom |
Mario |
Nationalité |
italienne ( - |
Domicile | |
Formation |
Académie militaire (en) |
Activité | |
Père |
Stefano, Marquis of Candia (d) |
Mère |
Catherine, Marquise of Candia (d) |
Conjoint | |
Enfant |
Propriétaire de | |
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Membre de |
Académie royale de musique (d) |
Grade militaire | |
Tessiture | |
Maîtres |
Giulio Alary (en), Antoine Ponchard, Marco Bordogni |
Genre artistique |
Biographie
DĂ©buts
Le chevalier Giovanni Matteo De Candia[1] est le fils d'un général du royaume Sardo-Piémontais, gouverneur militaire de Nice, Don Stefano de Candia. Il fait ses études à l'Académie militaire de Turin, d'où il sort lieutenant. À cause de dettes que son père refuse de payer pour lui et aussi à cause de positions politiques libérales opposées à celles de son père[2], il déserte et s'enfuit en France[3].
Il étudie le chant à Paris, notamment auprès de Giulio Alary (en), Antoine Ponchard et Marco Bordogni[4]. Beau et charmant, il est très bien accueilli dans les salons parisiens, notamment dans le salon libéral de la princesse Cristina Trivulzio Belgiojoso qui vit le « duel » pianistique entre Franz Liszt et Sigismund Thalberg[5]. On l'estime comte ou marquis et il se garde de préciser qu'il est seulement cavaliere nobile[6].
Le directeur de l'Opéra, Henri Duponchel, lui offre une rétribution mensuelle en attendant de le faire débuter. Alors que Giacomo Meyerbeer est à la recherche d'un ténor pour la reprise de Robert le Diable, on lui a signale le jeune De Candia. Il l'écoute et, après bien des hésitations, lui confie le rôle-titre. Mario remporte un grand succès, malgré une prononciation discutable du français[7] - [8]. En plus d'une voix de ténor claire et souple, il possède de réels dons d'acteur. Il est engagé ensuite au Théâtre-Italien.
La scène n'étant à cette époque pas digne d'un noble, il choisit le nom de scène de « Mario ». Pour cette même raison, il promet à sa mère de ne jamais chanter en Italie.
Giulia Grisi
Il fait ses débuts à Londres en 1839 aux côtés de avec la célèbre soprano Giulia Grisi dans Lucrezia Borgia de Gaetano Donizetti. Giulia entretient alors une relation avec Lord Castlereigh Jr. dont elle vient d'avoir un fils, George Frederick Ormsby, mais elle tombe sous le charme du jeune ténor et devient la compagne de Mario à la ville comme à la scène[9]. Ils se marient à Londres et s'installent à Furham, un arrondissement de la capitale anglaise.
Au succès de Giulia s'ajoute celui de Mario. Donizetti écrit pour eux l'opéra bouffe Don Pasquale , qu'ils créent le au Théâtre-Italien à Paris, où l'accueil est triomphal[10].
La famille Candia revient fréquemment en Italie, vivant de façon saisonnière dans la somptueuse villa Salviati près de Florence, une propriété que Mario avait achetée en 1849. Ils y reçoivent des personnalités éminentes du monde de l'opéra et de l'aristocratie.
Leur carrière se partage essentiellement entre Paris en hiver, et Londres au printemps, d'abord au Her Majesty's Theatre puis à Covent Garden (il y chante le premier Duc de Mantoue dans Rigoletto en 1848). L'été est consacré aux tournées dans les provinces britanniques, notamment à Dublin en Irlande. Ils chantent également aux États-Unis et à Saint-Pétersbourg. C'est également à Londres, en 1839 ou 1840, que Mario fait la connaissance de Giuseppe Mazzini[11], avec lequel il soutient la cause italienne. Il subventionne aussi l'expédition des Mille et Garibaldi qu'il reçoit à la villa Salviati.
Fin de vie
Après la mort soudaine de Giulia Grisi en 1869, ayant vendu sa villa, Mario doit poursuivre sa carrière pour vivre. Il fait ses adieux à la scène à Londres le avec une triomphale représentation de La Favorita[12] - [13]. En 1872-73, il fait une dernière tournée de concerts avec Carlotta Patti[14], sœur d'Adelina Patti, grande amie du couple.
Après avoir gagné et distribué des sommes énormes tout au long de sa vie, il passe ses dernières années à Rome, grâce à une pension que lui versent des amis anglais. Il y meurt le et est enterré à Cagliari en Sardaigne.
Descendance
Mario et Giulia Grisi ont eu six filles :
- Giulia (Paris, 1842 - Paris, 1844) ;
- Rita (Londres, 1849 - Berlin, ?) ;
- Maria Angelina (Londres, 1850 - Paris, ?) ;
- Cecilia Maria (Brighton, 1853 - Bordighera, 1926), qui épousera Godfrey Pearse le à Londres et en divorcera en 1889. Écrivaine, elle compte parmi ses œuvres les plus notoires, The Romance of a Great Singer publiée en 1910 et qui évoque son père Mario ;
- Clelia Corinna (Londres ou Furham, 1855 - ?) qui Ă©pousera Sir Arthur Vaughan Powys en Ă Londres et aura deux filles : Ivy Clelia (v. 1876-v. 1951) et Gwyneth (v. 1879-?)[15] ;
- Bella Maria (Londres, 1857 - ?).
RĂ©pertoire
- Giacomo Meyerbeer : Robert le Diable (Robert), Académie royale de musique (salle Le Peletier), .
- Gioachino Rossini : Le Comte Ory (rôle-titre), Académie royale de musique, .
- Gaetano Donizetti : Lucrezia Borgia (Gennaro), Her Majesty's Theatre, .
- Gateano Donizetti : L'elisir d'amore (Nemorino), Her Majesty's Theatre, .
- Vincenzo Bellini : Norma (Pollione), Her Majesty's Theatre, .
- Fromental Halévy : Le Drapier (Urbain), création, Académie royale de musique, .
- Gioachino Rossini : La donna del lago (Rodrigo), Her Majesty's Theatre, .
- Gioachino Rossini : Il barbiere di Siviglia (comte d'Almaviva), Théâtre-Italien (Odéon), .
- Vincenzo Bellini : Beatrice di Tenda (Orombello), Théâtre-Italien, .
- Domenico Cimarosa : Gli Orazi e i Curiazi (Marco Orazio), Her Majesty's Theatre, .
- Vincenzo Bellini : La straniera (Arturo), Her Majesty's Theatre, .
- Gaetano Donizetti : Fausta (Crispo), Her Majesty's Theatre, .
- Gaetano Donizetti : Marin Faliero (il gondoliere), Her Majesty's Theatre, 6 aout 1841.
- Vincenzo Bellini : La sonnambula (Elvino), Theatre royal de Liverpool, 20 aout 1841.
- Vincenzo Bellini : I puritani (Arturo), Theatre royal de Liverpool, 23 aout 1841.
- Gaetano Donizetti : Lucia di Lammermoor (Edgardo), Théâtre-Italien (Salle Ventadour), Paris
- Saverio Mercadante : La vestale (Decio), Théâtre-Italien,
- Gioachino Rossini : Stabat Mater, création, Théâtre-Italien, .
- Giovanni Pacini : Saffo (Faone), Théâtre-Italien, .
- Gaetano Donizetti : Anna Bolena (Percy), Théâtre royal de Dublin .
- Gaetano Donizetti : Linda di Chamounix (Visconte Carlo), Théâtre-Italien, .
- Gaetano Donizetti : Don Pasquale (Ernesto), création, Théâtre-Italien, .
- Gioachino Rossini : Otello (rôle-titre), Théâtre-Italien, .
- W. A. Mozart : Don Giovanni (don Ottavio), Her Majesty's Theatre, .
- Gioachino Rossini : La gazza ladra (Giannetto), Her Majesty's Theatre,
- Gioachino Rossini : L'italiana in Algeri (Lindoro), Her Majesty's Theatre, , mai ou .
- Gioachino Rossini : La Cenerentola (Ramiro), Her Majesty's Theatre, .
- Giuseppe Persiani : Il fantasma (Adolfo), Théâtre-Italien, .
- Federico Ricci : Corrado d'Altamura (Roggero), Théâtre-Italien, .
- Michael Costa : Don Carlos (rĂ´le-titre), Her Majesty's Theatre,
- Vincenzo Bellini : Il pirata (Gualtiero), Théâtre-Italien, .
- W. A. Mozart : Così fan tutte (Ferrando), Her Majesty's Theatre, .
- Domenico Cimarosa : Il matrimonio segreto (Paolino), Théâtre-Italien, .
- Giuseppe Verdi : I Lombardi alla prima crociata (Oronte), Her Majesty's Theatre, .
- Gaetano Donizetti : Don Gregorio [L'ajonell'imbarazzo] (Enrico), Her Majesty's Theatre, .
- Giovanni Pacini : La fidanzata corsa (Alberto), Théâtre-Italien, .
- Giuseppe Verdi : I due Foscari (Jacopo), Théâtre-Italien, .
- Gioachino Rossini : La donna del lago (Giacomo V), Covent Garden, 12 aout 1847.
- Gaetano Donizetti : La favorita (Fernando), Covent Garden, Londres .
- Giacomo Meyerbeer : Gli Ugonotti [en italien] (Raoul), Covent Garden, .
- D.-F.-E. Auber : Masaniello [La muette de Portici, en italien] (rĂ´le-titre), Covent Garden, .
- Giacomo Meyerbeer : Il profeta [en italien] (Giovanni di Leyda), Covent Garden, .
- Gaetano Donizetti : Roberto Devereux (Roberto), Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, .
- Gioachino Rossini : Semiramide (Idreno), Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, .
- Giacomo Meyerbeer : Roberto il diavolo [en italien] (Rambaldo), Covent Garden, .
- Fromental Halévy : L'ebrea [en italien] (Lazzaro), Covent Garden, .
- Giulio Alary : Sardanapalo [en italien] (rôle-titre), Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, 7 ou .
- Giuseppe Verdi : Rigoletto (duca di Mantova), Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, .
- Gaetano Donizetti : La figlia del reggimento [en italien] (Tonio), Théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, .
- Giuseppe Verdi : Il trovatore (Manrico), Théâtre-Italien, .
- Giovanni Bottesini : L'assedio di Firenze (Lodovico Martelli), Théâtre-Italien,
- Giuseppe Verdi : La traviata (Alfredo), Théâtre-Italien, 6 dècembre 1856.
- Friedrich von Flotow : Marta [en italien] (Lionello), Théâtre-Italien, .
- Giuseppe Poniatowski : Don Desiderio (Federico), Théâtre-Italien, .
- W.A. Mozart : Don Giovanni (rĂ´le-titre), Covent Garden, juin ou .
- Saverio Mercadante : Il giuramento (Viscardo), Covent Garden, .
- Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera (Riccardo), Théâtre-Italien, .
- Giacomo Meyerbeer : Les Huguenots (Raoul de Nangis), Théâtre impérial de l'Opéra (salle Le Peletier), .
- Charles Gounod : Faust [en italien] (rĂ´le-titre), Covent Garden, .
- Charles Gounod : Romeo e Giulietta [en italien] (Romeo), Covent Garden, .
Notes et références
- Par sa naissance, il possède les titres de chevalier et de noble, en sus de l'appellatif de don avant le prénom, selon une ancienne tradition codifiée en dernier ressort par le décret royal italien 651 de l'année 1943 qui approuve l'Ordinamento dello stato nobiliare italiano (ordre de l'état de la noblesse italienne) à l'article 39. Cf. Familles de la noblesse de Sardaigne, p. 18.
- (en) John Potter, Tenor, a History of a Voice, Yale, p. 57
- Lettre à son frère Charles dans les Archives historique de la commune de Cagliari.
- (it) Raoul Meloncelli, « De Candia, Giovanni Battista Matteo, detto Mario », Dizionario Biografico degli Italiani, Roma, Treccani, vol. 33 « Enciclopedia italiana »,‎ (lire en ligne)
- Jules Janin, Journal des débats, 21 mars 1837.
- (it) Felice Todde, Il tenore gentiluomo : la vera storia di Mario (Giovanni Matteo de Candia), Varese (Italy), Zecchini, , 488 p. (ISBN 978-88-6540-177-4), p. 34 et suivantes. Pour autant sa future épouse, Giulia Grisi, sera « marquise de Candia ».
- Giacomo Meyerbeer, Briefwchsel und Tagebuecher, vol. III, Berlin-New York 1975.
- La France Musicale, Revue et Gazette musicale, etc., décembre 1838.
- Elizabeth Forbes, Mario and Grisi: A Biography, London, 1985.
- François-René Tranchefort, L'Opéra, Paris, Éditions du Seuil, , 634 p. (ISBN 2-02-006574-6), p. 193
- Voir les Lettres publiées par Mazzini Edizione Nazionale, notamment celle à sa mère le 11 juillet 1839.
- Davison, The Times 20 juillet 1871.
- The New York Times 21 juillet 1871, etc.
- The New York Times, 1 septembre, 12 septembre, 19 septembre 1872, 2 janvier 1873 etc.
- Voir sa fiche familiale généalogique sur powys.org
Liens externes
- Ressources relatives Ă la musique :
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (en) British Museum
- (en) National Portrait Gallery
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :