Maison Margiela
Margiela[2], anciennement la Maison Martin Margiela, est une maison de haute couture française Ă©tablie Ă Paris[3] - [4]. FondĂ©e en 1988[3] - [5] par le couturier belge Martin Margiela, la maison produit des collections artisanales[6] qui tirent leur inspiration de la haute couture et dont les crĂ©ations servent Ă leur tour dâinspiration Ă des collections de prĂȘt-Ă -porter[5] - [7] - [8] - [9]. Les lignes de produits recouvrent aussi bien des vĂȘtements pour femmes et pour hommes que de la bijouterie fine, des chaussures, des objets dĂ©coratifs, des parfums et des articles mĂ©nagers[4] - [5] - [8]. La maison est connue pour ses designs dĂ©constructifs et d'avant-garde et ses matĂ©riaux peu conventionnels[4] - [5] - [9] - [10]. Les dĂ©filĂ©s de la Maison Margiela se dĂ©roulent traditionnellement en public et dans des dĂ©cors inhabituels comme des stations de mĂ©tro ou des coins de rue[5] - [10]. Les visages des mannequins sont souvent cachĂ©s par des pans de tissu ou des cheveux longs afin de focaliser le regard des spectateurs sur les vĂȘtements et leur design[5] - [10] - [11]. AprĂšs lâentrĂ©e en Bourse en 2002 de la Maison Martin Margiela, en 2009 son fondateur Martin Margiela quitte son poste de directeur artistique[3] - [4] - [5] et en 2014 ce rĂŽle est confiĂ© Ă John Galliano[3] - [10]. La sociĂ©tĂ© a collaborĂ© aux vitrines et Ă la conception avec dâautres marques telles que Barneys New York[7] - [12], Converse[13], G-Shock[14], Opening Ceremony[5], HermĂšs[3], H&M[15], LâOrĂ©al[16], et Swarovski[17].
Maison Margiela
"Neuf" | |
Création | 1988
(Anciennement "Maison Martin Margiela -MMM") |
---|---|
Dates clés | 27-09-1989 : immatriculation de la société |
Fondateurs | Martin Margiela
Jenny Meirens |
Forme juridique | Société à responsabilité limitée |
SiĂšge social | Paris France |
Direction | Gianfranco Gianangeli (GĂ©rant)
John Galliano (Directeur artistique) |
Activité | haute couture |
Produits | vĂȘtements, accessoires, articles mĂ©nagers |
Société mÚre | Groupe OTB |
SociĂ©tĂ©s sĆurs | Margiela France (830960647) |
Effectif | non précisé |
SIREN | 352067110 |
SIREN | 352067110[1] |
Site web | www.maisonmargiela.com |
Chiffre d'affaires | 189 861 600.00 ⏠au 31-12-2020 |
Résultat net | 12 450 900 ⏠au 31-12-2020 (bénéfice) |
Historique
La Maison Margiela est fondĂ©e en 1988 par et sous le nom du couturier belge Martin Margiela[4] - [5] - [8] - [9]. Ce dernier fait des Ă©tudes de haute couture Ă lâAcadĂ©mie Royale d'Anvers[5] - [8] - [10] et bien quâil termine celles-ci une annĂ©e auparavant, en 1979[18], il est souvent associĂ© par erreur aux membres du groupe de jeunes stylistes dâavant-garde des annĂ©es 1980, diplĂŽmĂ©s de la mĂȘme acadĂ©mie, les « Six dâAnvers »[19] - [20]. En 1984 Margiela sâinstalle Ă Paris pour devenir lâassistant styliste de Jean-Paul Gaultier[3] - [5] - [21], qui apprĂ©cie beaucoup le talent du jeune couturier[10]. Il jouera ce rĂŽle jusquâen 1987[3] - [4] - [10]. En 1988, Margiela lance une marque sous son propre nom, la « Maison Martin Margiela »[3], en collaboration avec la styliste Jenny Meirens[3] - [9] - [22]. Travaillant dans un premier temps dans un appartement parisien, ils ouvrent leur premiĂšre boutique dans un espace vide et sans distinction Ă Paris[21] - [23].
PremiĂšres collections et anonymat
Le premier dĂ©filĂ© dâune collection femme de la Maison Martin Margiela, celle du printemps 1989, a lieu en 1988 au CafĂ© de la Gare Ă Paris[3] - [4] - [5] - [8]. Cette premiĂšre collection femme comportait ce que The Independent dĂ©crit comme « un tablier de boucher en cuir retravaillĂ© de façon Ă en faire une robe de soirĂ©e sĂ©duisante »[24] ainsi que plusieurs vestes taillĂ©es Ă partir d'une vieille robe en tulle[24]. Dix ans plus tard, en 1998, la maison prĂ©sente sa premiĂšre collection hommes, la « Ligne 10 »[4] - [8] - [25].
DĂ©voilĂ©e pour la premiĂšre fois en 1989 et lancĂ©e en 1992, lâune des piĂšces les plus connues de la marque est la botte « tabi », une interprĂ©tation de la chaussette traditionnelle japonaise qui sĂ©pare le gros orteil des autres[4] - [26] - [27]. En 1994, la Maison Martin Margiela lance ses premiĂšres piĂšces dâĂ©poque par une ligne de « reproductions totales »[28], aprĂšs avoir reconstruit sa collection prĂ©cĂ©dente uniquement Ă partir de ses archives[28]. Au dĂ©voilement des bottes « tabi » en 1988 au CafĂ© de la Gare Ă Paris, les modĂšles marchent d'abord dans de la peinture rouge afin le dĂ©filer, laissant l'empreinte de la chaussure scindĂ©e aux orteils, c'est un des dĂ©filĂ©s les plus connus encore aujourd'hui[29].
Homme extrĂȘmement discret[5] qui refuse les apparitions sur le podium Ă lâoccasion de ses dĂ©filĂ©s en public[30], Margiela commence Ă Ă©viter les photographes et Ă sâentretenir par fax[23] avec les mĂ©dias au moyen de communications signĂ©es au nom collectif « nous »[5] - [8] - [9] - [25]. Les interviews se dĂ©roulent collectivement en prĂ©sence de lâĂ©quipe de design au complet[21]. De 1997 Ă 2003, la maison supervise la direction artistique des vĂȘtements femmes pour la maison de couture française HermĂšs[3] - [31], avec une Ă©quipe de stylistes placĂ©s sous la direction du prĂ©sident dâHermĂšs, Jean-Louis Dumas, mais Margiela reste dans l'anonymat[4] - [5]. Avant lâacquisition de la marque en 2002 par le Groupe OTB[28], les boutiques de la maison ne se trouvent pas dans lâannuaire tĂ©lĂ©phonique et le nom de Margiela nâapparaĂźt jamais Ă l'extĂ©rieur des boutiques[6] - [8] - [32]. Les vĂȘtements de la marque portent des Ă©tiquettes simples Ă quatre brides blanches, portant le chiffre de rĂ©fĂ©rence Ă la ligne, mais sans logo[4] - [5] - [9]. Les diffĂ©rentes lignes de produits sont dĂ©signĂ©es par des chiffres, sans ordre chronologique particulier[4] - [9].
La presse spĂ©cule que cet anonymat est une stratĂ©gie publicitaire[33], bien que la Maison Martin Margiela affirme que lâanonymat de Margiela est une rĂ©action face Ă une industrie de la mode qui sâĂ©tait trop commercialisĂ©e[34] et une tentative sincĂšre de recentrer la focalisation de la mode sur les vĂȘtements et non pas sur les personnages qui y sont derriĂšre[23] - [35]. Par consĂ©quent, la presse qualifie Margiela de « Greta Garbo de la mode » en rĂ©fĂ©rence Ă lâaversion similaire que ressentait l'actrice face aux feux des projecteurs[36] - [37], et en 2008 le New York Times dĂ©crit Margiela comme « lâhomme invisible de la mode »[34].
Un style qui intrigue
Au cours des annĂ©es 1980, Margiela, tout comme dâautres couturiers belges y compris les Six dâAnvers, sâinspire des modes dĂ©constructives prĂ©sentĂ©es par des avant-gardistes japonais comme Rei Kawakubo[20], crĂ©atrice de la marque « Comme des Garçons »[27] - [38]. Margiela commence Ă appliquer le style dĂ©constructif pendant cette mĂȘme pĂ©riode alors quâil travaille en tant que styliste indĂ©pendant Ă Milan, en Italie[39]. DĂšs ses dĂ©buts son travail rĂ©vĂšle la structure des vĂȘtements Ă lâexemple des doublures et des coutures qui sont dĂ©libĂ©rĂ©ment laissĂ©es visibles[8] - [10] - [40].
La collaboration entre Martin Margiela et Jenny Meirens donne lieu Ă des collections qui se distinguent par leur fabrication Ă partir de vĂȘtements et dâobjets rĂ©cupĂ©rĂ©es[6] - [18]. La revue New York Magazine remarque que « le styliste a vite dĂ©fini un look dĂ©construit [pour sa nouvelle marque]⊠De maniĂšre quelque peu dadaĂŻste, comme si Marcel Duchamp s'Ă©tait rĂ©incarnĂ© en styliste de mode, Margiela a remis en question chaque principe de la mode et du luxe »[21]. Plus tard, le magazine Vogue Ă©crira que les idĂ©es initiales de Margiela « choquaient et intriguaient » lâindustrie de la mode[4].
En 1994 le New York Times reconnaĂźt lâinfluence de la maison en Ă©crivant que « ses vĂȘtements de [style] frusques recyclĂ©es ont mis fin Ă la consommation flagrante [de lâindustrie de la mode] des annĂ©es 1980 »[28]. Margiela est dĂ©crit par son premier attachĂ© de presse, Pierre Rougier, comme « un ovni avec une vision sans compromis[10] ». Le style de la maison met en avant, Ă l'avis de Linda Loppa, ancienne directrice de l'AcadĂ©mie Royale d'Anvers[10] - [20] - [30], « une esthĂ©tique de l'inachevĂ©[10] » qui inspire bientĂŽt de nombreux autres crĂ©ateurs[8] - [18] - [30].
De 1997 Ă 2003, pendant la collaboration de la Maison Martin Margiela avec la maison HermĂšs, les collections quâelle conçoit pour cette derniĂšre sont dĂ©voilĂ©es deux fois par an dans la boutique HermĂšs de la rue Saint-HonorĂ©[26] - [31]. The Independent qualifie ces collections de « discrĂštes », avec parmi eux des « contours masculins peu serrĂ©s » et des « robes de soirĂ©e en crĂȘpe noire »[41]. Ă son tour, New York Magazine dĂ©crit les styles comme « de douces explorations du luxe qui se concentrent sur des vĂȘtements classiques portant des variations subtiles mais magistrales »[21].
Rachat par OTB et nouveau siĂšge
Suite Ă lâentrĂ©e en Bourse de lâentreprise en 2002, la majoritĂ© des actions de la Maison Martin Margiela sont acquises par le Groupe OTB, un holding sous la direction de Renzo Rosso, propriĂ©taire de la marque Diesel[3] - [4] - [5] - [28]. En , la Maison Martin Margiela dĂ©mĂ©nage dans son nouveau siĂšge dans un couvent du 18e siĂšcle dans le 11e arrondissement de Paris[42]. LâintĂ©rieur et les meubles du nouveau siĂšge sont entiĂšrement peints en Ă©mulsion blanche afin de leur donner un aspect vieilli[42]. En plus de lâenvironnement blanc, tous les employĂ©s portent la blouse blanche traditionnelle des artisans de la couture[9] - [42]. Ces blouses sont aussi bien un clin dâĆil Ă lâhistoire et Ă lâesthĂ©tique[43] quâun signe dâĂ©galitĂ© puisque chaque membre du personnel en porte quel que soit son titre[9] - [42].
Entrée dans le monde de la haute couture
En , la Maison Martin Margiela est invitĂ©e par la Chambre Syndicale Ă prĂ©senter sa premiĂšre collection de haute couture Ă Paris, et en 2012 la maison en reçoit l'appellation officielle[3] - [4]. La maison fĂȘte le dĂ©filĂ© de sa 20e anniversaire en , Ă Paris encore[44], avec une piste conçue comme un gĂąteau dâanniversaire ambulant et « une fanfare entourĂ©e des assistants Margiela en blouse blanche »[24]. Les vĂȘtements sont dĂ©crits comme « des manteaux fabriquĂ©s de perruques synthĂ©tiques, des justaucorps rassemblant des piĂšces de trench-coat et vestes de smoking, et des collants conçus pour ressembler Ă des boules de disco »[34] - [44].
Changement de nom
En , on annonce la dĂ©mission de Martin Margiela de son poste de directeur artistique de la Maison Martin Margiela[3] - [4]. Il y a une certaine spĂ©culation sur les raisons de ce dĂ©part, et l'on Ă©voque un dĂ©saccord Ă propos de la volontĂ© de Rosso de transformer la Maison Martin Margiela en marque internationale, mais Margiela lui-mĂȘme ne donne pas de motif officiel[4] - [34] - [45]. AprĂšs le dĂ©part de Margiela, lâĂ©quipe de stylistes continue de travailler collectivement sans quâun directeur artistique soit nommĂ©[4] - [9] - [45]. Le Directeur GĂ©nĂ©ral, Giovanni Pungetti, affirme que « nous souhaitons rester avant-garde et provocateur, mais sans nouveau directeur artistique. Câest un dĂ©fi. Nous le savons. Nous allons probablement faire des erreurs, mais le plus important est dâen tirer des leçons »[4] - [45].
En 2010, lâentreprise Ă©largit son activitĂ© de production dâarticles mĂ©nagers et de design intĂ©rieur[46], et en la maison conçoit plusieurs suites dâhĂŽtel conceptuelles pour La Maison Champs-ĂlysĂ©es Ă Paris[4] - [5]. Ă l'automne 2014, la marque gĂ©nĂšre un chiffre dâaffaires annuel de 100 millions d'euros et est rentable depuis deux ans[47] - [48] avec quelque 50 boutiques dĂ©tenues en propre[48] - [49].
LâarrivĂ©e de John Galliano en tant que directeur artistique est annoncĂ©e en [3] - [50]. Galliano avait dĂ©jĂ occupĂ© la mĂȘme position chez Givenchy et Dior ainsi que pour sa propre griffe, « John Galliano »[50] - [51]. Selon le Guardian, la seule directive offerte par Margiela Ă son nouveau directeur est « faites dâelle la vĂŽtre »[52]. Pendant de rares interviews donnĂ©es au cours de la pĂ©riode intĂ©rimaire, Galliano prĂ©sente sa premiĂšre collection conçue pour la Maison Margiela[51]. En mĂȘme temps que la sortie de cette premiĂšre collection de Galliano, on rĂ©vĂšle que la maison a enlevĂ© le prĂ©nom « Martin » de lâenseigne pour nâĂȘtre plus que « Maison Margiela »[3] - [53]. Un porte-parole de la Maison Margiela dit que ce changement de nom « reprĂ©sente une Ă©volution de la maison »[54]. GrĂące Ă la focalisation de Galliano sur l'aspect « haute couture » de lâentreprise, Ă la fin de l'annĂ©e 2015 les rentrĂ©es avaient augmentĂ© de 30 %[52].
Le , à l'occasion du défilé Printemps-été 2019, Maison Margiela lance son nouveau parfum, Mutiny. La campagne met en scÚne six « Mutinists » représentant les multiples facettes du parfum : Willow Smith, Princess Nokia, Molly Bair,Teddy Quinlivan, Hanne Gaby Odiele et Sasha Lane[55].
Expansion internationale
La premiĂšre boutique internationale s'ouvre Ă Tokyo en 2000[5] - [56], et dĂšs lâĂ©tĂ© 2008, 14 boutiques de lâenseigne sont en opĂ©ration Ă travers le monde, avec des entrĂ©es Ă DubaĂŻ, Hong-Kong, Moscou et Munich dans les six mois qui suivent. Fin 2009, la marque ouvre une boutique « pop-up » au salon artistique « Art Basel Miami Beach »[28]. Le nombre de boutiques indĂ©pendantes augmente jusquâĂ 17 dĂšs 2012 et il y a 21 boutiques « stop-in » [« de passage »] Ă travers le monde[46]. PropriĂ©taire de 50 boutiques en 2014[48] - [49], dĂšs 2017 la Maison Margiela est prĂ©sente en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Chine, en Allemagne, Ă Hong-Kong, en Italie, au Japon, en CorĂ©e du Sud, au Taiwan, aux Ătats-Unis et en ThaĂŻlande[57].
Des créations alliant « déconstruction, récupération, et révélation »[10] - [58]
FidĂšle aux pratiques de la Maison Martin Margiela, la Maison Margiela continue d'attribuer Ă chacune de ses lignes de produits le code de rĂ©fĂ©rence brevetĂ©[59], constituĂ© dâun chiffre entre 0 et 23, sans ordre numĂ©rique particulier[9]. Ce systĂšme s'applique tant aux vĂȘtements qu'Ă la bijouterie fine, aux chaussures, Ă la lunetterie, aux objets, et aux parfums[5] - [8]. La maison produit aussi bien des collections artisanales que des collections de prĂȘt-Ă -porter, ces derniĂšres sâinspirant des premiĂšres qui sont des « laboratoires d'expĂ©rience de la mode » et qui sont sorties en Ă©ditions trĂšs limitĂ©es[5] - [8].
Sans allĂ©geance formelle Ă un mouvement de mode spĂ©cifique, les styles de la Maison Margiela continuent d'ĂȘtre reconnus pour leurs lignes dĂ©constructionnistes, avec des coutures visibles, des tailles trop grandes et du recyclage de vĂȘtements[9] - [25]. D'autres stratĂ©gies dĂ©constructionnistes employĂ©es chez la Maison Margiela incluent lâemploi de doublures en tissus traditionnels pour façonner les couches extĂ©rieures des habits[4] - [24]. L'usage de matiĂšres peu conventionnelles inclut des vĂȘtements fabriquĂ©es Ă partir de sacs de transport en plastique et de cintres mĂ©talliques[60], des ensembles Ă pantalon dĂ©coupĂ©s Ă partir de tissues dâameublement des annĂ©es 1970, des hauts cousus Ă partir de gants en cuir, et des bijoux faits de glace colorĂ©e qui teint les vĂȘtements pendant que les bijoux fondent[4] - [11] - [61].
Des défilés de la Maison Margiela
DĂ©crits par le New York Magazine comme Ă©tant « peut-ĂȘtre davantage comme des happenings artistiques que des productions thĂ©matisĂ©es et opĂ©ratiques typiques de la mode parisienne des annĂ©es 80 »[21], les dĂ©filĂ©s de la Maison Margiela sont cĂ©lĂšbres pour la prĂ©sentation des collections dans des lieux inhabituels et selon des maniĂšres atypiques[6] - [11]. Le New York Times dĂ©peint ces prĂ©sentations comme « alternativement Ă©lectrisantes ou drĂŽles ou sexy, sinon tout bonnement bizarres »[34] .
Le choix des scénarios insolites
Les dĂ©filĂ©s de mode de la Maison Margiela se distinguent par le fait que les visages des femmes sont souvent cachĂ©s par des capuches, des masques ou des cheveux longs dans un souhait de diriger le regard vers les vĂȘtements et non pas sur les mannequins[5] - [11]. En 1989, la maison prĂ©sente une collection sur un terrain de jeu dans la banlieue parisienne[10] - [11] - [35]. Le dĂ©filĂ© fait appel aux enfants des environs pour interagir de maniĂšre spontanĂ©e avec les mannequins sur la piste et Ă une disposition de places assises organisĂ©e sur la base du premier arrivĂ©, premier servi[30]. Selon la revue Business of Fashion, « Les critiques lâont dĂ©testĂ©. Lâindustrie lâa adorĂ© »[26].
La maison continue dâorganiser des dĂ©filĂ©s dans des lieux insolites et au printemps 1992 un show dans une station abandonnĂ©e du mĂ©tro parisien prĂ©sente des mannequins qui descendent des escaliers illuminĂ©s par des bougies et accompagnĂ©es d'artistes de rue recrutĂ©s dans le mĂ©tro mĂȘme[5] - [10]. D'autres dĂ©cors inhabituels sont mis Ă contribution Ă l'exemple des tables Ă manger rondes installĂ©es dans des dĂ©pĂŽts nĂ©gligĂ©s, des terrains vagues, des cages dâescalier dans des vieilles maisons de ville, et des wagons de mĂ©tro hors service[5] - [11] - [37] - [41].
Bien que la maison ait une rĂ©putation dâĂ©viter de faire appel aux mannequins cĂ©lĂšbres[6], au printemps 1993 des mannequins comme Cecilia Chancellor et Kate Moss prĂ©sentent « un minimalisme alliĂ© Ă lâĂ©poque victorienne »[37]. 1993 voit aussi un dĂ©filĂ© de mannequins se faufilant parmi les musiciens dâune fanfare[21], et en 1994 la marque prĂ©sente une collection basĂ©e sur lâapparence vraisemblable des vĂȘtements de poupĂ©e Barbie, en taille humaine[34] - [62]. En 1995 des mannequins prennent place parmi les spectateurs, et en 1997 lâentreprise envoie une carte d'invitation Ă la presse spĂ©cialisĂ©e pour un rendez-vous sur un coin de rue en France[26], oĂč les mannequins et une fanfare belge prĂ©sentent la nouvelle collection aprĂšs ĂȘtre descendus dâun bus Routemaster[41]. Vogue rapporte que « lors dâun dĂ©filĂ©, les Ă©diteurs et les acheteurs sont mis au dĂ©fi de se placer selon lâimportance quâils se donnent », et Ă l'occasion d'un autre dĂ©filĂ© « les mannequins sont sorties sur des chariots »[4]. Toujours selon Vogue, pendant deux saisons en 1998, la maison a prĂ©sentĂ© des collections sans mannequin humain[37]. Lâune de ces prĂ©sentations a Ă©tĂ© effectuĂ©e au moyen de marionnettes conçues par Jane How[37] - [63].
Des traditions bousculées
En , la Maison Margiela prĂ©sente ses deux premiĂšres collections sous Galliano, dâabord par la collection « Artisanale » de la marque[3] - [64] - [65]. Ce premier dĂ©filĂ© se dĂ©roule exceptionnellement Ă Londres, Ă l'occasion de la « Fashion Week »[3] - [64]. La deuxiĂšme collection comprend 30 ensembles avec des accessoires en nĂ©on, des ballerines et des chaussons en fourrure synthĂ©tique, des manteaux longs, et des finitions vernis[51]. Galliano rompt lors des dĂ©filĂ©s avec la tradition d'anonymat de la maison, bien qu'il sâabstienne de venir saluer les spectateurs en fin de dĂ©filĂ©[66] - [67]. La collection de rĂ©unit les approches de Margiela et de Galliano, et prĂ©sente des articles comme des manteaux de style militaire, une robe parachute, de la peinture nĂ©on sur les visages, et des habits du XIXe siĂšcle[68] - [69].
En , la Maison Margiela entre en partenariat avec Barneyâs New York pour la dĂ©coration des vitrines dâautomne sur la Madison Avenue, crĂ©ant quatre vignettes pour reflĂ©ter les artisans rĂ©cents de la maison et les collections de prĂȘt-Ă -porter[7].
Ćuvres humanitaires
Chaque annĂ©e depuis 1994 la maison sort un T-shirt au bĂ©nĂ©fice d'une association française de lutte contre le SIDA[5]. Traduit chaque annĂ©e depuis 2010 dans une langue diffĂ©rente, le slogan imprimĂ© sur le T-shirt reste toujours le mĂȘme : « Il y a plus Ă faire pour combattre le Sida que de porter ce t-shirt mais c'est un bon dĂ©but »[8] - [70].
RĂ©trospectives et expositions
En 2008, le MusĂ©e de la Mode de la Province dâAnvers (MoMu) tient une exposition rĂ©trospective du travail de la marque[56] - [58]. L'exposition se dĂ©place Ă la Haus der Kunst (Maison de l'Art) Ă Munich en 2009[71], puis Ă la Somerset House Ă Londres en 2010[56] - [72]. DĂ©but 2015, la cinĂ©aste Alison Chernick sort LâArtiste est Absent, un bref biopic au sujet de Martin Margiela qui est projetĂ© en ouverture du Festival du Film de Tribeca, Ă New York[73]. En 2017, le MoMu prĂ©sente les 12 collections produites par la Maison au temps de sa collaboration avec Jean-Louis Dumas chez HermĂšs[31] - [74], et une exposition mettant la Maison Margiela Ă l'honneur est organisĂ©e au MusĂ©e de la Mode et du Textile Ă Paris en 2018[75] - [76].
Notes et références
- SystÚme national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
- [https://www.societe.com/societe/margiela-879608438.html 352067110.html « Chiffre d'affaires, résultat, bilans et identité de la société Neuf enseigne Maison Margiela »], sur www.societe.com (consulté le )
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- « Dossier : Rétrospective et histoire de la Maison Martin Margiela ». Modissimo.fr, le 22 octobre 2008. Consulté le 21 mars 2017.
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- « Converse x Maison Martin Margiela : la couleur cachée ». Modissimo.fr, le 26 mai 2014.Consulté le 21 mars 2017.
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- (en)« A Peek Behind the Martin Margiela Mystique ». New York Magazine, le 17 avril 2015. Consulté le 18 mars 2017.
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Voir aussi
Bibliographie
- Martin Margiela, Maison Martin Margiela, Ă©dition Rizzoli International Publications, .
Articles connexes
Liens externes
- Site officiel
- ValĂ©rie AbĂ©cassis, « Maison Martin Margiela : La rĂ©cupâ Couture », sur elle.fr, Elle,