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Maison Margiela

Margiela[2], anciennement la Maison Martin Margiela, est une maison de haute couture française Ă©tablie Ă  Paris[3] - [4]. FondĂ©e en 1988[3] - [5] par le couturier belge Martin Margiela, la maison produit des collections artisanales[6] qui tirent leur inspiration de la haute couture et dont les crĂ©ations servent Ă  leur tour d’inspiration Ă  des collections de prĂȘt-Ă -porter[5] - [7] - [8] - [9]. Les lignes de produits recouvrent aussi bien des vĂȘtements pour femmes et pour hommes que de la bijouterie fine, des chaussures, des objets dĂ©coratifs, des parfums et des articles mĂ©nagers[4] - [5] - [8]. La maison est connue pour ses designs dĂ©constructifs et d'avant-garde et ses matĂ©riaux peu conventionnels[4] - [5] - [9] - [10]. Les dĂ©filĂ©s de la Maison Margiela se dĂ©roulent traditionnellement en public et dans des dĂ©cors inhabituels comme des stations de mĂ©tro ou des coins de rue[5] - [10]. Les visages des mannequins sont souvent cachĂ©s par des pans de tissu ou des cheveux longs afin de focaliser le regard des spectateurs sur les vĂȘtements et leur design[5] - [10] - [11]. AprĂšs l’entrĂ©e en Bourse en 2002 de la Maison Martin Margiela, en 2009 son fondateur Martin Margiela quitte son poste de directeur artistique[3] - [4] - [5] et en 2014 ce rĂŽle est confiĂ© Ă  John Galliano[3] - [10]. La sociĂ©tĂ© a collaborĂ© aux vitrines et Ă  la conception avec d’autres marques telles que Barneys New York[7] - [12], Converse[13], G-Shock[14], Opening Ceremony[5], HermĂšs[3], H&M[15], L’OrĂ©al[16], et Swarovski[17].

Maison Margiela

"Neuf"

logo de Maison Margiela

Création 1988

(Anciennement "Maison Martin Margiela -MMM")

Dates clés 27-09-1989 : immatriculation de la société
Fondateurs Martin Margiela

Jenny Meirens

Forme juridique Société à responsabilité limitée
SiĂšge social Paris
Drapeau de la France France
Direction Gianfranco Gianangeli (GĂ©rant)

John Galliano (Directeur artistique)

Activité haute couture
Produits vĂȘtements, accessoires, articles mĂ©nagers
Société mÚre Groupe OTB
SociĂ©tĂ©s sƓurs Margiela France (830960647)
Effectif non précisé
SIREN 352067110
SIREN 352067110[1]
Site web www.maisonmargiela.com

Chiffre d'affaires 189 861 600.00 € au 31-12-2020
RĂ©sultat net 12 450 900 € au 31-12-2020 (bĂ©nĂ©fice)

Historique

La Maison Margiela est fondĂ©e en 1988 par et sous le nom du couturier belge Martin Margiela[4] - [5] - [8] - [9]. Ce dernier fait des Ă©tudes de haute couture Ă  l’AcadĂ©mie Royale d'Anvers[5] - [8] - [10] et bien qu’il termine celles-ci une annĂ©e auparavant, en 1979[18], il est souvent associĂ© par erreur aux membres du groupe de jeunes stylistes d’avant-garde des annĂ©es 1980, diplĂŽmĂ©s de la mĂȘme acadĂ©mie, les « Six d’Anvers »[19] - [20]. En 1984 Margiela s’installe Ă  Paris pour devenir l’assistant styliste de Jean-Paul Gaultier[3] - [5] - [21], qui apprĂ©cie beaucoup le talent du jeune couturier[10]. Il jouera ce rĂŽle jusqu’en 1987[3] - [4] - [10]. En 1988, Margiela lance une marque sous son propre nom, la « Maison Martin Margiela »[3], en collaboration avec la styliste Jenny Meirens[3] - [9] - [22]. Travaillant dans un premier temps dans un appartement parisien, ils ouvrent leur premiĂšre boutique dans un espace vide et sans distinction Ă  Paris[21] - [23].

PremiĂšres collections et anonymat

Le premier dĂ©filĂ© d’une collection femme de la Maison Martin Margiela, celle du printemps 1989, a lieu en 1988 au CafĂ© de la Gare Ă  Paris[3] - [4] - [5] - [8]. Cette premiĂšre collection femme comportait ce que The Independent dĂ©crit comme « un tablier de boucher en cuir retravaillĂ© de façon Ă  en faire une robe de soirĂ©e sĂ©duisante »[24] ainsi que plusieurs vestes taillĂ©es Ă  partir d'une vieille robe en tulle[24]. Dix ans plus tard, en 1998, la maison prĂ©sente sa premiĂšre collection hommes, la « Ligne 10 »[4] - [8] - [25].

DĂ©voilĂ©e pour la premiĂšre fois en 1989 et lancĂ©e en 1992, l’une des piĂšces les plus connues de la marque est la botte « tabi », une interprĂ©tation de la chaussette traditionnelle japonaise qui sĂ©pare le gros orteil des autres[4] - [26] - [27]. En 1994, la Maison Martin Margiela lance ses premiĂšres piĂšces d’époque par une ligne de « reproductions totales »[28], aprĂšs avoir reconstruit sa collection prĂ©cĂ©dente uniquement Ă  partir de ses archives[28]. Au dĂ©voilement des bottes « tabi » en 1988 au CafĂ© de la Gare Ă  Paris, les modĂšles marchent d'abord dans de la peinture rouge afin le dĂ©filer, laissant l'empreinte de la chaussure scindĂ©e aux orteils, c'est un des dĂ©filĂ©s les plus connus encore aujourd'hui[29].

Homme extrĂȘmement discret[5] qui refuse les apparitions sur le podium Ă  l’occasion de ses dĂ©filĂ©s en public[30], Margiela commence Ă  Ă©viter les photographes et Ă  s’entretenir par fax[23] avec les mĂ©dias au moyen de communications signĂ©es au nom collectif « nous »[5] - [8] - [9] - [25]. Les interviews se dĂ©roulent collectivement en prĂ©sence de l’équipe de design au complet[21]. De 1997 Ă  2003, la maison supervise la direction artistique des vĂȘtements femmes pour la maison de couture française HermĂšs[3] - [31], avec une Ă©quipe de stylistes placĂ©s sous la direction du prĂ©sident d’HermĂšs, Jean-Louis Dumas, mais Margiela reste dans l'anonymat[4] - [5]. Avant l’acquisition de la marque en 2002 par le Groupe OTB[28], les boutiques de la maison ne se trouvent pas dans l’annuaire tĂ©lĂ©phonique et le nom de Margiela n’apparaĂźt jamais Ă  l'extĂ©rieur des boutiques[6] - [8] - [32]. Les vĂȘtements de la marque portent des Ă©tiquettes simples Ă  quatre brides blanches, portant le chiffre de rĂ©fĂ©rence Ă  la ligne, mais sans logo[4] - [5] - [9]. Les diffĂ©rentes lignes de produits sont dĂ©signĂ©es par des chiffres, sans ordre chronologique particulier[4] - [9].

La presse spĂ©cule que cet anonymat est une stratĂ©gie publicitaire[33], bien que la Maison Martin Margiela affirme que l’anonymat de Margiela est une rĂ©action face Ă  une industrie de la mode qui s’était trop commercialisĂ©e[34] et une tentative sincĂšre de recentrer la focalisation de la mode sur les vĂȘtements et non pas sur les personnages qui y sont derriĂšre[23] - [35]. Par consĂ©quent, la presse qualifie Margiela de « Greta Garbo de la mode » en rĂ©fĂ©rence Ă  l’aversion similaire que ressentait l'actrice face aux feux des projecteurs[36] - [37], et en 2008 le New York Times dĂ©crit Margiela comme « l’homme invisible de la mode »[34].

Un style qui intrigue

Au cours des annĂ©es 1980, Margiela, tout comme d’autres couturiers belges y compris les Six d’Anvers, s’inspire des modes dĂ©constructives prĂ©sentĂ©es par des avant-gardistes japonais comme Rei Kawakubo[20], crĂ©atrice de la marque « Comme des Garçons »[27] - [38]. Margiela commence Ă  appliquer le style dĂ©constructif pendant cette mĂȘme pĂ©riode alors qu’il travaille en tant que styliste indĂ©pendant Ă  Milan, en Italie[39]. DĂšs ses dĂ©buts son travail rĂ©vĂšle la structure des vĂȘtements Ă  l’exemple des doublures et des coutures qui sont dĂ©libĂ©rĂ©ment laissĂ©es visibles[8] - [10] - [40].

La collaboration entre Martin Margiela et Jenny Meirens donne lieu Ă  des collections qui se distinguent par leur fabrication Ă  partir de vĂȘtements et d’objets rĂ©cupĂ©rĂ©es[6] - [18]. La revue New York Magazine remarque que « le styliste a vite dĂ©fini un look dĂ©construit [pour sa nouvelle marque]
 De maniĂšre quelque peu dadaĂŻste, comme si Marcel Duchamp s'Ă©tait rĂ©incarnĂ© en styliste de mode, Margiela a remis en question chaque principe de la mode et du luxe »[21]. Plus tard, le magazine Vogue Ă©crira que les idĂ©es initiales de Margiela « choquaient et intriguaient » l’industrie de la mode[4].

En 1994 le New York Times reconnaĂźt l’influence de la maison en Ă©crivant que « ses vĂȘtements de [style] frusques recyclĂ©es ont mis fin Ă  la consommation flagrante [de l’industrie de la mode] des annĂ©es 1980 »[28]. Margiela est dĂ©crit par son premier attachĂ© de presse, Pierre Rougier, comme « un ovni avec une vision sans compromis[10] ». Le style de la maison met en avant, Ă  l'avis de Linda Loppa, ancienne directrice de l'AcadĂ©mie Royale d'Anvers[10] - [20] - [30], « une esthĂ©tique de l'inachevĂ©[10] » qui inspire bientĂŽt de nombreux autres crĂ©ateurs[8] - [18] - [30].

De 1997 Ă  2003, pendant la collaboration de la Maison Martin Margiela avec la maison HermĂšs, les collections qu’elle conçoit pour cette derniĂšre sont dĂ©voilĂ©es deux fois par an dans la boutique HermĂšs de la rue Saint-HonorĂ©[26] - [31]. The Independent qualifie ces collections de « discrĂštes », avec parmi eux des « contours masculins peu serrĂ©s » et des « robes de soirĂ©e en crĂȘpe noire »[41]. À son tour, New York Magazine dĂ©crit les styles comme « de douces explorations du luxe qui se concentrent sur des vĂȘtements classiques portant des variations subtiles mais magistrales »[21].

Rachat par OTB et nouveau siĂšge

Suite Ă  l’entrĂ©e en Bourse de l’entreprise en 2002, la majoritĂ© des actions de la Maison Martin Margiela sont acquises par le Groupe OTB, un holding sous la direction de Renzo Rosso, propriĂ©taire de la marque Diesel[3] - [4] - [5] - [28]. En , la Maison Martin Margiela dĂ©mĂ©nage dans son nouveau siĂšge dans un couvent du 18e siĂšcle dans le 11e arrondissement de Paris[42]. L’intĂ©rieur et les meubles du nouveau siĂšge sont entiĂšrement peints en Ă©mulsion blanche afin de leur donner un aspect vieilli[42]. En plus de l’environnement blanc, tous les employĂ©s portent la blouse blanche traditionnelle des artisans de la couture[9] - [42]. Ces blouses sont aussi bien un clin d’Ɠil Ă  l’histoire et Ă  l’esthĂ©tique[43] qu’un signe d’égalitĂ© puisque chaque membre du personnel en porte quel que soit son titre[9] - [42].

Entrée dans le monde de la haute couture

En , la Maison Martin Margiela est invitĂ©e par la Chambre Syndicale Ă  prĂ©senter sa premiĂšre collection de haute couture Ă  Paris, et en 2012 la maison en reçoit l'appellation officielle[3] - [4]. La maison fĂȘte le dĂ©filĂ© de sa 20e anniversaire en , Ă  Paris encore[44], avec une piste conçue comme un gĂąteau d’anniversaire ambulant et « une fanfare entourĂ©e des assistants Margiela en blouse blanche »[24]. Les vĂȘtements sont dĂ©crits comme « des manteaux fabriquĂ©s de perruques synthĂ©tiques, des justaucorps rassemblant des piĂšces de trench-coat et vestes de smoking, et des collants conçus pour ressembler Ă  des boules de disco »[34] - [44].

Changement de nom

En , on annonce la dĂ©mission de Martin Margiela de son poste de directeur artistique de la Maison Martin Margiela[3] - [4]. Il y a une certaine spĂ©culation sur les raisons de ce dĂ©part, et l'on Ă©voque un dĂ©saccord Ă  propos de la volontĂ© de Rosso de transformer la Maison Martin Margiela en marque internationale, mais Margiela lui-mĂȘme ne donne pas de motif officiel[4] - [34] - [45]. AprĂšs le dĂ©part de Margiela, l’équipe de stylistes continue de travailler collectivement sans qu’un directeur artistique soit nommĂ©[4] - [9] - [45]. Le Directeur GĂ©nĂ©ral, Giovanni Pungetti, affirme que « nous souhaitons rester avant-garde et provocateur, mais sans nouveau directeur artistique. C’est un dĂ©fi. Nous le savons. Nous allons probablement faire des erreurs, mais le plus important est d’en tirer des leçons »[4] - [45].

En 2010, l’entreprise Ă©largit son activitĂ© de production d’articles mĂ©nagers et de design intĂ©rieur[46], et en la maison conçoit plusieurs suites d’hĂŽtel conceptuelles pour La Maison Champs-ÉlysĂ©es Ă  Paris[4] - [5]. À l'automne 2014, la marque gĂ©nĂšre un chiffre d’affaires annuel de 100 millions d'euros et est rentable depuis deux ans[47] - [48] avec quelque 50 boutiques dĂ©tenues en propre[48] - [49].

L’arrivĂ©e de John Galliano en tant que directeur artistique est annoncĂ©e en [3] - [50]. Galliano avait dĂ©jĂ  occupĂ© la mĂȘme position chez Givenchy et Dior ainsi que pour sa propre griffe, « John Galliano »[50] - [51]. Selon le Guardian, la seule directive offerte par Margiela Ă  son nouveau directeur est « faites d’elle la vĂŽtre »[52]. Pendant de rares interviews donnĂ©es au cours de la pĂ©riode intĂ©rimaire, Galliano prĂ©sente sa premiĂšre collection conçue pour la Maison Margiela[51]. En mĂȘme temps que la sortie de cette premiĂšre collection de Galliano, on rĂ©vĂšle que la maison a enlevĂ© le prĂ©nom « Martin » de l’enseigne pour n’ĂȘtre plus que « Maison Margiela »[3] - [53]. Un porte-parole de la Maison Margiela dit que ce changement de nom « reprĂ©sente une Ă©volution de la maison »[54]. GrĂące Ă  la focalisation de Galliano sur l'aspect « haute couture » de l’entreprise, Ă  la fin de l'annĂ©e 2015 les rentrĂ©es avaient augmentĂ© de 30 %[52].

Le , à l'occasion du défilé Printemps-été 2019, Maison Margiela lance son nouveau parfum, Mutiny. La campagne met en scÚne six « Mutinists » représentant les multiples facettes du parfum : Willow Smith, Princess Nokia, Molly Bair,Teddy Quinlivan, Hanne Gaby Odiele et Sasha Lane[55].

Expansion internationale

La premiĂšre boutique internationale s'ouvre Ă  Tokyo en 2000[5] - [56], et dĂšs l’étĂ© 2008, 14 boutiques de l’enseigne sont en opĂ©ration Ă  travers le monde, avec des entrĂ©es Ă  DubaĂŻ, Hong-Kong, Moscou et Munich dans les six mois qui suivent. Fin 2009, la marque ouvre une boutique « pop-up » au salon artistique « Art Basel Miami Beach »[28]. Le nombre de boutiques indĂ©pendantes augmente jusqu’à 17 dĂšs 2012 et il y a 21 boutiques « stop-in » [« de passage »] Ă  travers le monde[46]. PropriĂ©taire de 50 boutiques en 2014[48] - [49], dĂšs 2017 la Maison Margiela est prĂ©sente en France, au Royaume-Uni, en Belgique, en Chine, en Allemagne, Ă  Hong-Kong, en Italie, au Japon, en CorĂ©e du Sud, au Taiwan, aux États-Unis et en ThaĂŻlande[57].

Des créations alliant « déconstruction, récupération, et révélation »[10] - [58]

FidĂšle aux pratiques de la Maison Martin Margiela, la Maison Margiela continue d'attribuer Ă  chacune de ses lignes de produits le code de rĂ©fĂ©rence brevetĂ©[59], constituĂ© d’un chiffre entre 0 et 23, sans ordre numĂ©rique particulier[9]. Ce systĂšme s'applique tant aux vĂȘtements qu'Ă  la bijouterie fine, aux chaussures, Ă  la lunetterie, aux objets, et aux parfums[5] - [8]. La maison produit aussi bien des collections artisanales que des collections de prĂȘt-Ă -porter, ces derniĂšres s’inspirant des premiĂšres qui sont des « laboratoires d'expĂ©rience de la mode » et qui sont sorties en Ă©ditions trĂšs limitĂ©es[5] - [8].

Une création de la maison à base de porcelaine

Sans allĂ©geance formelle Ă  un mouvement de mode spĂ©cifique, les styles de la Maison Margiela continuent d'ĂȘtre reconnus pour leurs lignes dĂ©constructionnistes, avec des coutures visibles, des tailles trop grandes et du recyclage de vĂȘtements[9] - [25]. D'autres stratĂ©gies dĂ©constructionnistes employĂ©es chez la Maison Margiela incluent l’emploi de doublures en tissus traditionnels pour façonner les couches extĂ©rieures des habits[4] - [24]. L'usage de matiĂšres peu conventionnelles inclut des vĂȘtements fabriquĂ©es Ă  partir de sacs de transport en plastique et de cintres mĂ©talliques[60], des ensembles Ă  pantalon dĂ©coupĂ©s Ă  partir de tissues d’ameublement des annĂ©es 1970, des hauts cousus Ă  partir de gants en cuir, et des bijoux faits de glace colorĂ©e qui teint les vĂȘtements pendant que les bijoux fondent[4] - [11] - [61].

Des défilés de la Maison Margiela

DĂ©crits par le New York Magazine comme Ă©tant « peut-ĂȘtre davantage comme des happenings artistiques que des productions thĂ©matisĂ©es et opĂ©ratiques typiques de la mode parisienne des annĂ©es 80 »[21], les dĂ©filĂ©s de la Maison Margiela sont cĂ©lĂšbres pour la prĂ©sentation des collections dans des lieux inhabituels et selon des maniĂšres atypiques[6] - [11]. Le New York Times dĂ©peint ces prĂ©sentations comme « alternativement Ă©lectrisantes ou drĂŽles ou sexy, sinon tout bonnement bizarres »[34] .

Le choix des scénarios insolites

Les dĂ©filĂ©s de mode de la Maison Margiela se distinguent par le fait que les visages des femmes sont souvent cachĂ©s par des capuches, des masques ou des cheveux longs dans un souhait de diriger le regard vers les vĂȘtements et non pas sur les mannequins[5] - [11]. En 1989, la maison prĂ©sente une collection sur un terrain de jeu dans la banlieue parisienne[10] - [11] - [35]. Le dĂ©filĂ© fait appel aux enfants des environs pour interagir de maniĂšre spontanĂ©e avec les mannequins sur la piste et Ă  une disposition de places assises organisĂ©e sur la base du premier arrivĂ©, premier servi[30]. Selon la revue Business of Fashion, « Les critiques l’ont dĂ©testĂ©. L’industrie l’a adorĂ© »[26].

La maison continue d’organiser des dĂ©filĂ©s dans des lieux insolites et au printemps 1992 un show dans une station abandonnĂ©e du mĂ©tro parisien prĂ©sente des mannequins qui descendent des escaliers illuminĂ©s par des bougies et accompagnĂ©es d'artistes de rue recrutĂ©s dans le mĂ©tro mĂȘme[5] - [10]. D'autres dĂ©cors inhabituels sont mis Ă  contribution Ă  l'exemple des tables Ă  manger rondes installĂ©es dans des dĂ©pĂŽts nĂ©gligĂ©s, des terrains vagues, des cages d’escalier dans des vieilles maisons de ville, et des wagons de mĂ©tro hors service[5] - [11] - [37] - [41].

Bien que la maison ait une rĂ©putation d’éviter de faire appel aux mannequins cĂ©lĂšbres[6], au printemps 1993 des mannequins comme Cecilia Chancellor et Kate Moss prĂ©sentent « un minimalisme alliĂ© Ă  l’époque victorienne »[37]. 1993 voit aussi un dĂ©filĂ© de mannequins se faufilant parmi les musiciens d’une fanfare[21], et en 1994 la marque prĂ©sente une collection basĂ©e sur l’apparence vraisemblable des vĂȘtements de poupĂ©e Barbie, en taille humaine[34] - [62]. En 1995 des mannequins prennent place parmi les spectateurs, et en 1997 l’entreprise envoie une carte d'invitation Ă  la presse spĂ©cialisĂ©e pour un rendez-vous sur un coin de rue en France[26], oĂč les mannequins et une fanfare belge prĂ©sentent la nouvelle collection aprĂšs ĂȘtre descendus d’un bus Routemaster[41]. Vogue rapporte que « lors d’un dĂ©filĂ©, les Ă©diteurs et les acheteurs sont mis au dĂ©fi de se placer selon l’importance qu’ils se donnent », et Ă  l'occasion d'un autre dĂ©filĂ© « les mannequins sont sorties sur des chariots »[4]. Toujours selon Vogue, pendant deux saisons en 1998, la maison a prĂ©sentĂ© des collections sans mannequin humain[37]. L’une de ces prĂ©sentations a Ă©tĂ© effectuĂ©e au moyen de marionnettes conçues par Jane How[37] - [63].

Des traditions bousculées

En , la Maison Margiela prĂ©sente ses deux premiĂšres collections sous Galliano, d’abord par la collection « Artisanale » de la marque[3] - [64] - [65]. Ce premier dĂ©filĂ© se dĂ©roule exceptionnellement Ă  Londres, Ă  l'occasion de la « Fashion Week »[3] - [64]. La deuxiĂšme collection comprend 30 ensembles avec des accessoires en nĂ©on, des ballerines et des chaussons en fourrure synthĂ©tique, des manteaux longs, et des finitions vernis[51]. Galliano rompt lors des dĂ©filĂ©s avec la tradition d'anonymat de la maison, bien qu'il s’abstienne de venir saluer les spectateurs en fin de dĂ©filĂ©[66] - [67]. La collection de rĂ©unit les approches de Margiela et de Galliano, et prĂ©sente des articles comme des manteaux de style militaire, une robe parachute, de la peinture nĂ©on sur les visages, et des habits du XIXe siĂšcle[68] - [69].

En , la Maison Margiela entre en partenariat avec Barney’s New York pour la dĂ©coration des vitrines d’automne sur la Madison Avenue, crĂ©ant quatre vignettes pour reflĂ©ter les artisans rĂ©cents de la maison et les collections de prĂȘt-Ă -porter[7].

ƒuvres humanitaires

Chaque annĂ©e depuis 1994 la maison sort un T-shirt au bĂ©nĂ©fice d'une association française de lutte contre le SIDA[5]. Traduit chaque annĂ©e depuis 2010 dans une langue diffĂ©rente, le slogan imprimĂ© sur le T-shirt reste toujours le mĂȘme : « Il y a plus Ă  faire pour combattre le Sida que de porter ce t-shirt mais c'est un bon dĂ©but »[8] - [70].

RĂ©trospectives et expositions

En 2008, le MusĂ©e de la Mode de la Province d’Anvers (MoMu) tient une exposition rĂ©trospective du travail de la marque[56] - [58]. L'exposition se dĂ©place Ă  la Haus der Kunst (Maison de l'Art) Ă  Munich en 2009[71], puis Ă  la Somerset House Ă  Londres en 2010[56] - [72]. DĂ©but 2015, la cinĂ©aste Alison Chernick sort L’Artiste est Absent, un bref biopic au sujet de Martin Margiela qui est projetĂ© en ouverture du Festival du Film de Tribeca, Ă  New York[73]. En 2017, le MoMu prĂ©sente les 12 collections produites par la Maison au temps de sa collaboration avec Jean-Louis Dumas chez HermĂšs[31] - [74], et une exposition mettant la Maison Margiela Ă  l'honneur est organisĂ©e au MusĂ©e de la Mode et du Textile Ă  Paris en 2018[75] - [76].

Notes et références

  1. SystÚme national d'identification et du répertoire des entreprises et de leurs établissements, (base de données)
  2. [https://www.societe.com/societe/margiela-879608438.html 352067110.html « Chiffre d'affaires, résultat, bilans et identité de la société Neuf enseigne Maison Margiela »], sur www.societe.com (consulté le )
  3. Maison Margiela. Consulté le 21 mars 2017.
  4. (en)« Martin Margiela ». Vogue, le 15 octobre 2012. Consulté le 19 mars 2017.
  5. « Maison Martin Margiela ». Elle. Consulté le 21 mars 2017.
  6. « LE MYSTÈRE MARTIN MARGIELA ». Libération, le 25 octobre 2008. Consulté le 30 mars 2017.
  7. (en) « The Designer Is Present! John Galliano Discusses His Maison Margiela Window Collaboration at Barneys New York » Vogue, le 2 septembre 2016. Consulté le 19 mars 2017.
  8. « Dossier : Rétrospective et histoire de la Maison Martin Margiela ». Modissimo.fr, le 22 octobre 2008. Consulté le 21 mars 2017.
  9. « Parcours Maison Martin Margiela ». Vogue, MAJ le 24 novembre 2015. Consulté le 23 mars 2017.
  10. « Martin Margiela, le créateur sans visage ne cesse d'inspirer la mode ». Le Figaro, le 4 juillet 2016. Consulté le 20 mars 2017.
  11. « MARTIN MARGIELA ». Be Arty, Be Chic, le 2 novembre 2015. Consulté le 29 mars 2017.
  12. « MAISON MARGIELA POUR BARNEYS NEW YORK ». Trendsperiodical.fr, le 2 août 2016. Consulté le 21 mars 2017.
  13. « Converse x Maison Martin Margiela : la couleur cachée ». Modissimo.fr, le 26 mai 2014.Consulté le 21 mars 2017.
  14. « Maison Martin Margiela x G-Shock : une montre événement ». Masculin.com, 2013. Consulté le 21 mars 2017.
  15. « H&M et Maison Martin Margiela dévoilent leur collaboration à New York ». L'Express, le 24 octobre 2012. Consulté le 21 mars 2017.
  16. « MARTIN MARGIELA ENFIN AU PARFUM ». Stratégies.fr, le 01 avril 2010. Consulté le 21 mars 2017.
  17. « Maison Martin Margiela et Swarovski collaborent ». Viaprestige-lifestyle.com, le 27 juillet 2013. Consulté le 21 mars 2017.
  18. « Maison Martin Margiela ». Firstfloor.lu. Consulté le 20 mars 2017.
  19. « Les Six d'Anvers rĂ©unis pour les 50 ans de l'AcadĂ©mie ». Le Vif, le 14 juin 2013. ConsultĂ© le 22 mars 2017.
  20. « 50 ans de mode anversoise ». L'Express, le 25 septembre 2013. ConsultĂ© le 22 mars 2017.
  21. (en)« A Peek Behind the Martin Margiela Mystique ». New York Magazine, le 17 avril 2015. Consulté le 18 mars 2017.
  22. (en)« The Woman Behind Martin Margiela ». New York Times, le 6 février 2017. Consulté le 22 mars 2017.
  23. Giovanni Pungetti, dans « La crĂ©ation sans crĂ©ateur : le cas de Maison Martin Margiela ». Journal de l'École de Paris du Management, 2012/2, p. 8.
  24. (en)« Out of sight, not out of mind: Celebrating two decades of Martin Margiela magic ». The Independent, le 6 décembre 2009. Consulté le 19 mars 2017.
  25. (en) « MAISON MARTIN MARGIELA ». Interview Magazine, le 9 janvier 2008. Consulté le 22 mars 2017.
  26. (en)« Remembered: The Game-Changing Martin Margiela Show of 1989 ». Business of Fashion, le 6 février 2016. Consulté le 18 mars 2017.
  27. (en) « How radical Japanese fashion inspired Belgium's avant garde ». Dazedigital.com, mars 2016. Consulté le 20 mars 2017.
  28. (en)« Martin Margiela to Leave Fashion House He Founded ». New York Times, le 8 décembre 2009. Consulté le 19 mars 2017.
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Voir aussi

Bibliographie

  • Martin Margiela, Maison Martin Margiela, Ă©dition Rizzoli International Publications, .

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