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Loi relative Ă  la croissance et la transformation des entreprises

La loi du relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises), est une loi présentée par le gouvernement d'Édouard Philippe, destinée à faire grandir les entreprises françaises et repenser la place des entreprises dans la société[1].

Loi relative Ă  la croissance et la transformation des entreprises
Autre(s) nom(s) Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises
Description de cette image, également commentée ci-après
Bruno Le Maire en 2017.
Présentation
Titre Loi relative Ă  la croissance et la transformation des entreprises
Pays France
Langue(s) officielle(s) (fr)
Type loi
Branche Ă©conomie
Adoption et entrée en vigueur
Législature XVe législature de la Cinquième République française
Gouvernement Gouvernement Édouard Philippe (2)
Promulgation 22 mai 2019

Lire en ligne

Sur LĂ©gifrance

Ce projet de loi a pour but de donner les moyens nécessaires aux entreprises pour innover, se transformer, grandir et créer des emplois.

Les objectifs de ce projet de loi ont été annoncés officiellement par Bruno Le Maire le . Il a également indiqué que la loi viserait en partie à améliorer la performance des TPE et des PME[2] - [3] - [4].

Genèse

Préparation de la loi

Ă€ l'automne 2017, en amont de la loi, le gouvernement crĂ©e des binĂ´mes entre des dĂ©putĂ©s de la majoritĂ© et des chefs d'entreprise pour faire remonter des sujets[5] - [6]. Ă€ la suite de l'audition de plus de 600 personnes, les propositions ont Ă©tĂ© soumises Ă  une consultation publique de 3 semaines[7].

Au début de l'année 2018, le gouvernement prépare la première version du projet de loi. Le Conseil d'État est saisi afin de contrôler la conformité de la loi le .

Le , Bruno Le Maire présente le projet de loi en Conseil des ministres[8] permettant le dépôt de celui-ci à l'Assemblée nationale le lendemain[9].

Examen au parlement

Au début de , la loi est présentée en commission spéciale à l'Assemblée nationale afin d'être examinée par des députés.

La loi est votée en première lecture à l'Assemblée nationale en et transmise au Sénat[10].

À l'Assemblée Nationale, plusieurs députés, dont notamment Charles de Courson ont critiqué l'argumentaire du gouvernement pour justifier la privatisation du Groupe ADP[11]. Les sénateurs votent contre les privatisations d'Aéroports de Paris et de la Française des jeux[12].

Un texte modifié est voté en 1re lecture par le Sénat le .

Après un échec de la Commission mixte paritaire[13], le texte retourne devant l'Assemblée, et est adopté le , en nouvelle lecture.

De retour devant le Sénat, à la suite d'une question préalable adoptée par la Commission spéciale[14], le texte rejeté en nouvelle lecture par le Sénat le [15].

La loi PACTE est définitivement adoptée par l'Assemblée Nationale, le , 147 députés votent pour (LREM, MoDem), 50 votent contre (PCF, LFI, PS, LR) et 8 s'abstiennent[16]. Le vote de Jean-Luc Mélenchon, qui a combattu le projet, a été par erreur comptabilisé en faveur du projet, et inversement pour Bruno Bonnell[17].

Saisine du Conseil constitutionnel

Une saisine du Conseil constitutionnel a eu lieu le [18], par plusieurs groupes parlementaires, remettant notamment en cause la privatisation de l'AĂ©roport de Paris[19] - [20].

Promulgation et mise en Ĺ“uvre

Le , le Conseil constitutionnel valide l'essentiel de la loi PACTE. Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius assure qu’il y a une « pleine cohérence juridique » entre la décision du et celle validant le projet de loi Pacte : la première « s’inscrit dans le cadre d’une procédure permettant, si elle aboutit, de déclarer ADP « service public national », ce qu’il n’est pas aujourd’hui » ; la seconde « confirme que, aujourd’hui, ADP n’est pas un service public national et elle juge qu’il n’est pas non plus un « monopole de fait », ce qui, en application de la jurisprudence du Conseil, permet juridiquement sa privatisation ». Estimant de même que la Française des Jeux possède des droits exclusifs, mais qui ne lui confèrent pas « un monopole de fait au sein du secteur des jeux d’argent qui comprend également les paris hippiques, les jeux de casino et paris sportifs en ligne », il autorise cette privatisation[21].

Proposition de référendum d'initiative partagée sur les aéroports de Paris

Le [22], le Conseil constitutionnel a été saisi par 218 parlementaires afin d'organiser un référendum d'initiative partagée sur cette question, en application de l'article 11 de la Constitution de 1958[23]. Le , le Conseil constitutionnel valide la proposition de référendum d'initiative partagée sur les aéroports de Paris, pouvant être organisé si un nombre suffisant de signatures des électeurs est mis en œuvre pendant neuf mois, du au [24] - [25].

Contenu

Redéfinition de l'entreprise

  • Modification de la dĂ©finition de l'objet social de l'entreprise dans le Code civil pour offrir la possibilitĂ© aux entreprises volontaires de se doter d’une raison d’être, et crĂ©ation de la qualitĂ© juridique de sociĂ©tĂ© Ă  mission[26] .
  • Hausse du nombre de salariĂ©s dans les conseils d'administration : la loi PACTE visera aussi Ă  imposer deux administrateurs salariĂ©s (Ă  partir de huit administrateurs) aux entreprises ayant un conseil d'administration[27].

Protection des secteurs stratégiques

Privatisations partielles ou totales

  • Cession des participations d'AĂ©roports de Paris (groupe ADP), de la Française des jeux (FDJ) et d’Engie : la participation de l’État dans ADP va passer sous le seuil de 50 % de participation, la participation de l’État dans Engie va passer sous la barre d'un tiers, la FDJ sera privatisĂ©e[29] .

Simplification entrepreneuriale

  • Simplification de la crĂ©ation d’entreprise : une plateforme unique en ligne sera crĂ©Ă©e remplaçant les diffĂ©rents interlocuteurs existants, Ă  savoir les centres de formalitĂ©s des entreprises[30] . L'obligation de disposer d'un compte bancaire sera supprimĂ©e pour les microentreprises rĂ©alisant un chiffre d'affaires annuel infĂ©rieur Ă  10 000 €. Le stage de prĂ©paration Ă  l'installation pour les entreprises artisanales est rendu facultatif[31].
  • AmĂ©lioration du financement des entreprises : les Ă©missions de jetons virtuels (ICO) seront encadrĂ©es par l’AutoritĂ© des marchĂ©s financiers . Le PEA-PME sera Ă©largi aux titres Ă©mis par financement participatif[32] .
  • Facilitation de la transmission d’entreprise : la transmission d’entreprise familiale Ă  titre gratuit permise par le dispositif Dutreil sera facilitĂ©e. Tout rachat d’une entreprise par ses salariĂ©s bĂ©nĂ©ficiera du crĂ©dit d'impĂ´t[32] .
  • Diminution des coĂ»ts pour les PME : les seuils sociaux sont diminuĂ©s et les obligations ne sont effectives uniquement si une PME franchit le seuil pendant cinq annĂ©es consĂ©cutives[33]. La certification des comptes par un commissaire aux comptes sera facultative Ă  partir de 8 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le stage prĂ©alable avant installation de 30 heures pour les artisans et micro-entrepreneur sera facultative[27].
  • RĂ©forme de la procĂ©dure de liquidation judiciaire : le dĂ©lai de la procĂ©dure de liquidation ne dĂ©passera pas neuf mois pour les entreprises avec un seul ou aucun salariĂ© et 300 000 € de chiffre d’affaires. Une seconde chance sera accordĂ©e aux entreprises sans salariĂ© en effaçant les dettes contractĂ©es dans le cadre de la procĂ©dure de rĂ©tablissement professionnel[32] .
  • Obligation comptable allĂ©gĂ©e : le texte prĂ©voit de relever les seuils Ă  partir desquels les sociĂ©tĂ©s doivent nommer un commissaire aux comptes pour faire certifier leur bilan. Le gouvernement va relever ces seuils au niveau des règles europĂ©ennes, soit huit millions d'euros de chiffre d'affaires et plus de 50 salariĂ©s. Cette mesure permettra d'exempter les petites entreprises de cette obligation comptable jugĂ©e coĂ»teuse, mĂŞme si celle-ci fera perdre 620 millions de chiffre d'affaires aux commissaires aux comptes (Les Echos)[4].

Actionnariat salarié

  • Doublement de l’actionnariat salariĂ© : le forfait social sur l’intĂ©ressement pour les entreprises de moins de 250 salariĂ©s sera supprimĂ©. Des modèles d’accord d’intĂ©ressement et de participation simplifiĂ©s seront disponibles en ligne[32] .

Autre

  • Meilleure accessibilitĂ© de l'Ă©pargne retraite : une fois Ă  la retraite, l’épargnant, pourra choisir de retirer son argent en une fois, alors qu'il lui est aujourd'hui le plus souvent versĂ© sous forme de rente, avec un revenu rĂ©gulier assurĂ© jusqu'Ă  sa mort[27].
  • Facilitation par la cryptomonnaie : Bercy prĂ©voit de crĂ©er des levĂ©es de fonds en cryptomonnaie , cela consisterait, pour une entreprise, Ă  Ă©mettre des « jetons » numĂ©riques, pour se financer, durant la phase de dĂ©marrage d'un projet[34] .
  • La transfĂ©rabilitĂ© des contrats d’assurance vie au sein d’un mĂŞme organisme assureur sans perte des avantages fiscaux[35]. Les PER (Plan Épargne Retraite) pourront eux ĂŞtre transfĂ©rĂ©s d'un assureur Ă  un autre dans un maximum de 5 mois[36].
  • La durĂ©e des soldes est ramenĂ©e de 6 Ă  4 semaines afin d'amplifier leur impact[37].

RĂ©actions

Dans Mediapart, le journaliste Romaric Godin critique l'aspect « fourre-tout » de la loi[38].

Le journal Libération relaie plusieurs critiques. La CGT et les députés PCF et France Insoumise critiquent la loi en ce qu'elle facilite l'actionnariat salarié afin de se substituer en partie au salaire. Le Parti socialiste se considère « pas hostile » au projet[39]. Le député socialiste Dominique Potier considère que « c’est un texte qui passe à côté des aspirations des salariés au XXIe siècle »[40].

Le Figaro porte un jugement plutôt positif sur le contenu du texte, tout en critiquant son aspect fourre-tout et la lenteur de son vote. Il conclut : « S'il [le projet de loi] contient des mesures de bon sens qui vont faciliter la vie des entreprises, [il] souffre d'un travers de taille qui risque d'en limiter l'impact : il porte en lui tous les travers de ce que la France est capable de faire, de pire, en matière de processus de réforme »[41].

Les commissaires aux comptes, qui voient l'étendue de leur mission réduite par le texte, s'opposent au texte et demandent une saisine du Conseil constitutionnel[42].

Notes et références

  1. « Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises », sur Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises (consulté le ).
  2. « Le projet de loi PACTE voté en première lecture à l'Assemblée nationale », Le portail des ministères économiques et financiers,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « La loi Pacte promulguée par Emmanuel Macron », Le Journal du Net,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « « Pacte » : la loi Le Maire pour faire « grandir » les entreprises - Les Echos », sur www.lesechos.fr (consulté le ).
  5. « BercyLab : le laboratoire d'innovation du Secrétariat général », Le portail des ministères économiques et financiers,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Lionel Préau, « Loi Pacte : la loi new-look est arrivée ! », leparisien.fr,‎ 2018-01-14cet10:07:51+01:00 (lire en ligne, consulté le ).
  7. « Croissance et transformation des entreprises - Sénat », sur www.senat.fr (consulté le ).
  8. Sénat français, « Croissance et transformation des entreprises - Sénat », sur www.senat.fr (consulté le ).
  9. « Texte adopté n° 179 - Projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  10. « projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises », sur www.senat.fr (consulté le ).
  11. « Aéroports de Paris : la privatisation de tous les soupçons », sur Mediapart, (consulté le ).
  12. https://www.ouest-france.fr/politique/institutions/senat/privatisations-revers-au-senat-sur-la-loi-pacte-pour-le-gouvernement-6212166
  13. « Loi Pacte: échec des négociations entre députés et sénateurs », sur FIGARO, (consulté le ).
  14. « Loi Pacte : le Sénat abandonne face à « l'absence de volonté de dialogue » des députés », Journal,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Dossiers législatifs - Projet de loi relatif à la croissance et la transformation des entreprises (ECOT1810669L) | Legifrance », sur www.legifrance.gouv.fr (consulté le ).
  16. « Le Parlement valide définitivement loi Pacte et projet de privatisation d'ADP », sur AFP.com, Agence France Presse, (consulté le ).
  17. « Jean-Luc Mélenchon vote la loi Pacte par "erreur" », Reuters,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « Le projet de loi Pacte entre les mains du Conseil constitutionnel », sur www.efl.fr (consulté le ).
  19. « Loi Pacte : saisine du Conseil constitutionnel », sur L'Agefi Actifs (consulté le ).
  20. « PACTE/ADP: le Conseil constitutionnel saisi d'un recours des députés de gauche », sur Boursorama, (consulté le ).
  21. « Le Conseil constitutionnel valide l’essentiel de la loi Pacte, qui prévoit la privatisation d’ADP », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  22. « Affaires en instance », sur Conseil constitutionnel (consulté le ).
  23. « RIP et ADP: le référendum peut-il empêcher la privatisation des aéroports? », sur FranceSoir, (consulté le ).
  24. « Décision n° 2019-1 RIP du 9 mai 2019 », sur conseil-constitutionnel.fr, (consulté le ).
  25. Manon Rescan, « La décision du Conseil constitutionnel sur la privatisation d’ADP « est une vraie première » », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  26. Mallory Lalanne, « Loi Pacte : les différences entre intérêt social, raison d'être et société à mission », sur Les Echos Executives, (consulté le )
  27. Avec le projet de loi Pacte, l’État veut renforcer la protection des entreprises stratégiques, sur www.lemonde.fr. Consulté le 28 novembre 2018.
  28. Loi Pacte : les privatisations d'ADP et de la FDJ votées par les députés suscitent la controverse, sur www.latribune.fr. Consulté le 28 novembre 2018.
  29. « Effet de la loi Pacte sur l'accès aux informations légales relatives aux entreprises », sur editions-legislatives.fr,
  30. Loi PACTE : les 5 mesures qui vont simplifier la création d’entreprise, sur www.economie.gouv.fr. Consulté le 28 novembre 2018.
  31. « Toute la loi Pacte en 10 points clĂ©s », sur latribune.fr (consultĂ© le ).
  32. Loi Pacte : l'article sur les seuils d'effectifs adopté, une vraie avancée pour les PME, consulté le 28 novembre 2018.
  33. « Les dix principales mesures du projet de loi Pacte, qui vise à "donner aux entreprises les moyens de croître" », Franceinfo,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  34. « Assurance vie : transférabilité, mode d'emploi », Mensuel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  35. Iris Malatrat, « Est-il possible de transférer un PER en 2022 ? », sur Cleerly (consulté le )
  36. Le Figaro, « La loi Pacte adoptée ce mardi à l'Assemblée nationale », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  37. Romaric Godin, « La loi Pacte, texte fourre-tout visant à relancer la croissance, arrive devant le Parlement », Mediapart,‎ (lire en ligne).
  38. Lilian Alemagna et Amandine Cailhol, « Ce que la loi Pacte va changer », sur Libération.fr, (consulté le )
  39. Lilian Alemagna, « Avec la loi Pacte, Le Maire réforme l’entreprise en laissant les salariés de côté », sur Libération.fr, (consulté le )
  40. Marc Landré, « Loi Pacte: l'utile, le futile, l'important et le subsidiaire », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  41. Anne-Hélène Pommier, « Loi Pacte: les commissaires aux comptes en colère », sur Le Figaro.fr, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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