Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine
La Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine est une organisation de jeunesse nationaliste et revanchiste française fondée en 1911.
Fondation |
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Type | |
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Siège | |
Pays |
Membres |
3 000 |
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Président |
Renauld de Chaumont-Quitry (d) |
Vice-président |
Antoine Bruno-Braun Christian-Marie Funck-Brentano Henri Guérin Jacques Zeller |
Secrétaire général |
Jean Schlicklin |
Idéologie |
Histoire
Née dans un contexte de fortes tensions franco-allemandes marqué par le « coup d'Agadir », la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine affiche son irrédentisme à l'égard des territoires que l'Empire allemand a annexés à la suite du traité de Francfort. Son but est de sensibiliser les élèves des facultés, des lycées et des collèges à la question de l'Alsace-Lorraine, au moyen de conférences, de publications et de voyages organisés pendant les vacances scolaires dans ces provinces perdues, dont plusieurs membres de la ligue sont originaires. L'hebdomadaire L'Alsacien-Lorrain de Paris, dirigé par Eugène Florent-Matter, est son organe officiel[1]. Son siège social est fixé au no 71 de la rue des Saints-Pères puis au no 171 du boulevard Saint-Germain, près du Quartier latin, à Paris. Son président est le comte Renauld-Hubert-Stephen de Chaumont-Quitry (1891-1963).
Issu d'un milieu monarchiste (il est le petit-fils du député bonapartiste Odon de Chaumont-Quitry et le neveu du marquis Félix de Chaumont-Quitry, délégué du duc d'Orléans pour la région de Bourges), Renauld de Chaumont-Quitry est initialement proche des « Jeunesses républicaines » avant de rejoindre l'Action française dans les années qui suivent la Première Guerre mondiale[2].
Revendiquant 3 000 membres en 1914[3], la ligue s'adresse à tous les jeunes patriotes sans distinction d'opinions politiques ou religieuses mais, dans les faits, elle semble davantage recruter à droite de l'échiquier politique. Disposant d'adhérents en province, elle bénéficie notamment du ralliement, le , d'étudiants de l'Université de Bordeaux représentés par leur professeur Albert Dufourcq[4].
L'insigne de la ligue est un écusson émaillé aux couleurs de l'Alsace, au milieu duquel se trouve la croix de Lorraine sur un petit écusson à fond bleu[5].
Parmi les premières manifestations de la ligue, on note sa participation, les et , à des meetings parisiens organisés par plusieurs organisations d'étudiants afin de protester contre la dissolution du Cercle des étudiants de Strasbourg par le sénat académique de la Kaiser-Wilhelms-Universität[6] et contre la cession d'une partie du Congo à l'Allemagne[7]. Elle est aussi aux côtés de ces organisations estudiantines le et le , à l'occasion de cortèges entre la place de la Sorbonne et la statue de Strasbourg de la place de la Concorde[8] - [9] - [10]. Le , à l'occasion de sa grande réunion annuelle, présidée par Maurice Barrès, la ligue organise une conférence d'Émile Haumant sur « la question serbe et son intérêt alsacien-lorrain »[11].
Au début du mois de , la ligue invite Stéphane Lauzanne, rédacteur en chef du Matin, à prononcer une causerie sur la Russie au théâtre municipal de Belfort. La conférence est accompagnée de projections cinématographique sur la vie à la Légion étrangère et d'une présentation de dessins par Henri Zislin[12]. Les Jeunes amis de l'Alsace-Lorraine participent également aux funérailles de Déroulède le , mais un contretemps empêche Chaumont-Quitry de prononcer le discours qu'il avait préparé[13] - [14]. Quelques jours plus tard, la ligue organise au Havre, sous la présidence de Raoul-Duval fils, une conférence d'Émile Hinzelin sur « l'Alsace d'aujourd'hui »[15]. Le suivant, elle tient son assemblée générale sous la présidence d'Henri Galli. Cette réunion est suivie d'une conférence d'André Hallays sur « les Rohan et l'Alsace au XVIIIe siècle » devant un auditoire de plus de six-cents personnes[16]. Le , une causerie de Jeanne D'Orliac sur « la jeunesse de France et la jeunesse d'Alsace » est illustrée par la projection d'autochromes réalisés par Jules Gervais-Courtellemont[17].
Raoul Villain, un ex-silloniste, avait rejoint la ligue en 1913, alors que celle-ci défendait avec virulence le projet de la loi des trois ans. En tant que principal opposant à ce projet de loi, le tribun socialiste Jean Jaurès est assassiné par Villain le . Lors du procès, le , Renauld de Chaumont-Quitry fera partie des témoins à décharge[18].
Après la Première Guerre mondiale et la récupération des départements alsaciens et mosellan, les objectifs de la ligue semblent atteints. D'anciens membres, dont Jean Schlicklin, décident cependant de lancer une « Ligue des amis de l'Alsace-Lorraine » ayant vocation à approfondir les liens culturels entre les Alsaciens-Lorrains et les autres Français, sous la présidence d'honneur de Clemenceau et du maréchal Foch[19].
Membres
Comité directeur
Au début de l'année 1914, le comité directeur de la ligue est composé des personnes suivantes[20] :
- Antoine Bruno-Braun (vice-président)
- Renauld de Chaumont-Quitry (président)
- Christian-Marie Funck-Brentano (vice-président)
- Henri Guérin (vice-président)
- Jean Schlicklin (secrétaire général)
- Jacques Zeller (vice-président)
Comité d'honneur
Au début de l'année 1914, le comité d'honneur de la ligue est composé des personnalités suivantes[20] :
- Paul Acker
- Pierre Adigard, député de l'Orne
- Henri Albert, directeur du Messager d'Alsace-Lorraine
- Maurice Barrès, de l'Académie française
- Théodore Beck, directeur de l’École alsacienne
- Général Bonnal
- Gabriel Bonvalot
- E. Chevé, rédactrice au Dur's Elsass
- Georges Delahache
- Paul Déroulède, président de la Ligue des patriotes
- Domelier, rédacteur en chef de la Dépêche des Ardennes
- Henri Dontenville, agrégé d'histoire
- Commandant Driant, député de Meurthe-et-Moselle
- Georges Ducrocq, directeur des Marches de l'Est
- Georges Duruy, professeur à l’École polytechnique
- Carlos Fischer
- Maurice Flayelle, député des Vosges
- Eugène Florent-Matter, directeur de L'Alsacien-lorrain de Paris
- Henri Galli, conseiller municipal de Paris
- Louis Geisler, membre correspondant de l'Académie de Metz
- Georges Grappe
- René Grosdidier, sénateur de la Meuse
- André Hallays
- Émile Haumant, professeur à la Sorbonne
- René Henry, professeur à l’École libre des sciences politiques
- Émile Hinzelin
- colonel Keller
- Albert Lefébure, député de la Meuse
- André Lichtenberger
- Henri Lichtenberger, professeur Ă la Sorbonne
- Fery de Ludre, député de Meurthe-et-Moselle
- Louis Madelin
- Albert Malet, agrégé d'histoire
- Louis Marin, député de Meurthe-et-Moselle
- Docteur Paul Michaux, président de la Fédération gymnastique et sportive des patronages de France
- Christian Pfister, professeur Ă la Sorbonne
- Frédéric Régamey
- Jeanne RĂ©gamey
- Joseph Sansbœuf, président de la Fédération des sociétés alsaciennes-lorraines de France et des colonies
- Jules Siegfried, député de Seine-Inférieure
- Albert-Émile Sorel
- Général Thomassin
Autres membres
Notes et références
- Revue critique des idées et des livres, 10 novembre 1911, p. 344-345.
- L'Humanité, 30 novembre 1920, p. 1, et 9 janvier 1921, p. 2.
- Les Marches de l'Est, novembre 1913-avril 1914, p. 445.
- Les Marches de l'Est, mai-octobre 1913, p. 376-377.
- Bulletin trimestriel de la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, no 6, janvier 1914, p. 15.
- Le Matin, 23 juin 1911, p. 6.
- Le Gaulois, 28 novembre 1911, p. 2.
- Le Matin, 16 mars 1911, p. 2.
- Le Gaulois, 18 mars 1912, p. 2.
- Le Gaulois, 6 mars 1913, p. 2.
- La Croix, 14 mars 1913, p. 5.
- Le Temps, 22 février 1914, p. 3.
- Le Matin, 2 février 1914, p. 3.
- Le Gaulois, 4 février 1914, p. 2.
- Le Gaulois, 17 février 1914, p. 4.
- Le Gaulois, 6 mars 1914, p. 2.
- Le Figaro, 26 mai 1914, p. 6.
- Le Procès de l'assassin de Jaurès (24-29 mars 1919), Paris, éditions de L'Humanité, 1920, p. 216-219, 255-256.
- Lectures pour tous, 1er avril 1919, p. 1087-1088.
- Bulletin trimestriel de la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, no 6, janvier 1914, p. 53.
- Les Marches de l'Est, mai-octobre 1913, p. 710.
Voir aussi
Bibliographie
- Jacqueline Lalouette, Jean Jaurès. L’assassinat, la gloire, le souvenir, Paris, Perrin, 2014.