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Letea

Letea est un ancien cordon littoral dunaire (grind) dĂ©sormais enclavĂ© du delta du Danube, une forĂȘt primaire inondable de 5 247 ha entourĂ©e de sansouires et protĂ©gĂ©e par une rĂ©serve intĂ©grale de 2 825 ha depuis 1938, classĂ©e en catĂ©gorie I par l’UICN et incluse depuis l’an 2000 dans la rĂ©serve de biosphĂšre inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO[1].

La commune de Rosetti dans le județ de Tulcea. En jaune l'Ukraine.
Letea
Noms locaux
(ro) Letea, (ru) Đ›Đ”Ń‚Ń
GĂ©ographie
Pays
Județ
Commune roumaine
Altitude
4 m
Coordonnées
45° 17â€Č 03″ N, 29° 31â€Č 28″ E
DĂ©mographie
Population
348 hab. ()
Identifiants
Code postal
827017
Carte
Prononciation

GĂ©ographie

Le grind de Letea a une superficie de 170,03 km2 et culmine Ă  15 m d’altitude. SituĂ© Ă  23 km au Nord-Ouest de Sulina oĂč beaucoup d'habitants travaillent, il est limitĂ© au Nord et Ă  l’Est par le bras de Chilia du Danube (frontalier de l’Ukraine) par lequel les pĂȘcheurs LĂ©tois pourraient accĂ©der au golfe de Musura de la mer Noire, s’il n’y avait pas depuis 1948 un litige frontalier Ă  cet endroit, les deux rives de l’embouchure de Chilia appartenant aujourd’hui Ă  l’Ukraine, et le petit canal frontalier de Musura Ă©tant insuffisamment profond et rĂ©servĂ© Ă  la navigation des garde-frontiĂšres (la frontiĂšre roumano-ukrainienne est aussi une frontiĂšre de l'Union europĂ©enne, sĂ©vĂšrement gardĂ©e). Le territoire est lĂ©gĂšrement vallonnĂ© ; le rivage fluvial est plat et sablonneux.

Administrativement, le grind de Letea relĂšve de la commune de C.A. Rosetti (ro), dans le județ de Tulcea, en DobrogĂ©e, province roumaine. La commune de Rosetti est formĂ©e par cinq villages : Rosetti (ro), Cardon (ro), Letea, Periprava (ro) et Sfiștofca (ro) et son territoire inclut en grande partie le grind de Letea.

La faune comprend un grand nombre d’espĂšces de poissons, d’oiseaux (principalement palmipĂšdes et Ă©chassiers) et de mammifĂšres, dont des colonies de pĂ©licans et des hardes de chevaux et de bovins redevenus sauvages. On y trouve des silures de plusieurs mĂštres de longueur, des sandres, des brochets et des carpes en quantitĂ© ; les Ɠufs des carpes et des brochets sont servis dans les auberges de la zone. La Roumanie est signataire de la Convention de Ramsar sur la prĂ©servation des milieux humides.

Histoire

Dans l’antiquitĂ©, le grind de Letea, Ă  l’époque nommĂ© Thiagola, Ă©tait encore une Ăźle du Pont Euxin au-devant des bras danubiens de Psilon et de Boreion, qui ont fini par combler le bras de mer qui l’en sĂ©parait. La colonie grecque de Harpis apparaĂźt aux VIIIe et VIIe siĂšcles av. J.-C. au nord du grind, probablement lĂ  oĂč se trouvent aujourd'hui les villages de Periprava ou bien de VĂąlcov. Les rivages Ă©taient peuplĂ©s de GĂštes : des Thraces du nord progressivement hellĂ©nisĂ©s et romanisĂ©s. De ce processus sont issus les Pontiques de langue grecque et les Valaques de langue romane, auxquels s’ajouteront, au XIVe siĂšcle, des GĂ©nois qui bĂątissent une fortification et crĂ©ent un port nomme Licostomo Ă  l’emplacement de l’actuelle Periprava. Licostomo figure sur les portulans gĂ©nois, mais son nom est grec : Lykostoma signifie « embouchure des loups » et il est probable qu’une escale byzantine se trouvait dĂ©jĂ  lĂ  auparavant.

Ancien moulin en bois sur le grind de Letea. Tous ont été démolis sous le régime communiste, mais quelques-uns ont été reconstruits depuis l'an 2000.

Au XVIIe siĂšcle (Ă  la suite des persĂ©cutions du tsar russe Pierre le Grand contre les orthodoxes vieux-croyants) et au XVIIIe siĂšcle (aprĂšs la bataille de Poltava de 1709), plusieurs milliers de lipovĂšnes (de langue russe) puis de cosaques zaporogues (de langue ukrainienne) s’installent Ă©galement sur le grind : ce sont les fondateurs des villages de Periprava et de Sfiștofca, mais ils se fixent Ă©galement Ă  Letea (mentionnĂ© en 1715) et ils forment actuellement un tiers de la population du grind.

Le grind de Letea a beaucoup souffert du rĂ©gime communiste en partie en raison de la tradition de rĂ©sistance des habitants : aprĂšs avoir Ă©tĂ© partisans anti-nazis, ils furent des rĂ©sistants anti-staliniens notamment lors de la collectivisation (1951) qui fut l’occasion de nombreuses tragĂ©dies locales, les troupes de la police politique tirant parfois dans le tas contre les villageois rĂ©voltĂ©s. Le pĂ©nitencier de Periprava, dont on voit encore les ruines, devĂźnt le centre d’un petit Goulag local oĂč les dĂ©tenus devaient couper et ramasser les cannes, avec une forte mortalitĂ© notamment hivernale, et les femmes qui leur portaient Ă  manger Ă©taient elles-mĂȘmes arrĂȘtĂ©es et maltraitĂ©es. Mais mĂȘme aprĂšs la « dĂ©tente Â» des annĂ©es 1960 et 70, le grind de Letea resta « dans le collimateur Â» des autoritĂ©s qui Ă©taient alors inspirĂ©es par l’idĂ©ologie de la « lutte de l’Homme nouveau contre la nature sauvage Â» : pour « dompter Â» cette derniĂšre, le grind fut entourĂ© de digues qui, empĂȘchant la circulation naturelle des eaux (mise en valeur par Grigore Antipa dans les annĂ©es 1880-1930 - voir gĂ©onomie) modifia la forĂȘt et provoqua l’assĂšchement des frayĂšres et la prolifĂ©ration des moustiques et des taons dont les larves n'avaient plus de prĂ©dateurs. AprĂšs l’effondrement du rĂ©gime communiste, dans les annĂ©es 1990, le grind que la dictature avait rendu invivable, Ă©tait presque dĂ©sertĂ©, une partie du patrimoine local (moulins en bois, Ă©glises, pĂȘcheries) avait disparu, et beaucoup de maisons Ă©taient en ruines.

Le tourisme dĂ©marra Ă  partir de 1995 et, aprĂšs l’an 2000, des investisseurs suisses, belges et français ouvrirent des pensions et des chambres d'hĂŽtes. Des canaux furent creusĂ©s pour faire revenir les eaux.

DĂ©mographie

En 2011, le village de Letea comptait 348 habitants.

Les habitants vivent traditionnellement d’horticulture et d’élevage Ă  terre, de rĂ©colte des cannes et de pĂȘche sur le bras de Chilia. Depuis peu, la rĂ©gion s’ouvre au tourisme, pour le meilleur (tourisme naturaliste et d’aventures) et pour le pire (multiplication des dĂ©charges). Mais le grind a aussi une longue tradition d’émigration, beaucoup de LĂ©tois partant travailler ailleurs ou s’engageant dans la marine. À titre d’exemple, le village de Letea proprement dit ne compte plus que 350 habitants alors qu’il en avait plus de 900 autour de 1930.

Patrimoine maritime

L’ancienne pĂȘcherie (cherhana) de Cardon avec ses outils de pĂȘche traditionnels et les barques typiques de la rĂ©gion (les lotcas aux pointes relevĂ©es et les mahonnes pour sortir en mer aprĂšs avoir traversĂ© le liman) sont encore visibles (et, pour certaines, en usage) : un Ă©co-musĂ©e pourrait voir le jour ici.

Notes

Voir aussi

Bibliographie

  • Dan Ghinea (dir.), Enciclopedia geografică a RomĂąniei, Ă©d. Enciclopedică, Bucarest, 2002, p. 755
  • Petre GĂąÈ™tescu, Romulus Știucă, Le Delta du Danube, Ă©d. CD.Press, Bucarest, 2008, (ISBN 978-973-8044-72-2)
  • Lucia Hossu-Longin (dir.), Memorialul durerii (« MĂ©morial de la douleur Â»), Ă©d. Humanitas, Bucarest, 2010.

Liens externes

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