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Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille

Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille est un roman de Paul FĂ©val, paru en feuilleton dans le journal L’AssemblĂ©e nationale du 21 septembre 1849 au 27 avril 1850[1]. L’histoire se dĂ©roule de Ă  , en Bretagne et Ă  Paris. Le livre est divisĂ© en cinq parties de longueur inĂ©gale : la premiĂšre partie, intitulĂ©e Le DĂ©ris, compte neuf chapitres ; la deuxiĂšme, Le Manoir, est longue de dix-huit chapitres ; La troisiĂšme, Le Voyage, et la cinquiĂšme partie, PenhoĂ«l, ne comptent que trois chapitres chacune ; la quatriĂšme — et la plus longue —, Paris, comporte vingt-six chapitres.

Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille
Auteur Paul FĂ©val
Pays France
Belgique
Genre Roman d'aventure
Éditeur MĂ©line, Cans et Compagnie
Lieu de parution Bruxelles
Date de parution 1850
Nombre de pages 262 (volume 1)
261 (volume 2)
247 (volume 3)
281 (volume 4)
274 (volume 5)
Chronologie

Résumé

PremiĂšre partie, Le DĂ©ris

En , Ă  Redon, en Bretagne, trois mystĂ©rieux personnages, deux hommes et une femme, s’arrĂȘtent Ă  l’auberge du Mouton CouronnĂ©, tenu par le pĂšre GĂ©raud: il s’agit de Robert, dit l’AmĂ©ricain, son complice Blaise, surnommĂ© l’Endormeur, et la jeune Lola, belle mais « sans Ăąme ». Les deux hommes sont Ă  bout de ressources et Robert, qui vient de dĂ©couvrir l’existence de la famille le Tixier, dont l’aĂźnĂ© est le vicomte RenĂ© de PenhoĂ«l, dĂ©cide de s’emparer par la ruse de ses terres. Il parvient Ă  extorquer au pĂšre GĂ©raud l’histoire de la famille de PenhoĂ«l et se fait passer pour un ami de Louis, l’aĂźnĂ© de la famille, qui a quittĂ© la Bretagne quinze ans plus tĂŽt, Ă  la suite d'un chagrin d’amour : lui et son frĂšre RenĂ© Ă©tait tous deux Ă©pris d’une jeune fille, Marthe, qui a finalement Ă©pousĂ© RenĂ©, alors que tout laissait penser qu’elle aimait Louis. La jeune femme est nĂ©anmoins d’un caractĂšre mĂ©lancolique qui laisse penser qu’elle n’a jamais cessĂ© d’aimer Louis


Sachant cela, Robert et Blaise font une entrée pour le moins mouvementée au manoir de Penhoël, malgré les avertissements du passeur Benoßt Haligan, qui a deviné la vérité, et se présentent au maßtre de maison comme des amis de Louis, non sans avoir glissé quelques paroles pleine de sous-entendus à Marthe. Les deux truands sont aussitÎt accueillis à Penhoël avec tous les honneurs


DeuxiĂšme partie, Le Manoir

PrĂšs de trois ans aprĂšs les Ă©vĂšnements racontĂ©s dans la premiĂšre partie, l’ÉrĂšbe, premier bateau Ă  vapeur, a quittĂ© Londres pour Bordeaux. À son bord se trouve Montalt, mystĂ©rieux aventurier anglais dĂ©testant la Bretagne et les Bretons. Celui-ci porte nĂ©anmoins secours Ă  un matelot qui a tentĂ© de se jeter Ă  la mer. Ce jeune homme n’est autre que Vincent de PenhoĂ«l, jeune cousin de RenĂ©, qui a quittĂ© le manoir cinq mois auparavant. Il a en effet violĂ© sa cousine Blanche, dont il est Ă©perdument amoureux, un soir qu’il souffrait de la fiĂšvre et de l’ivresse. En entendant ce rĂ©cit, Montalt entre dans une violente colĂšre, accusant Vincent de lui jeter Ă  la tĂȘte son propre crime


Entretemps, Ă  PenhoĂ«l, RenĂ©, fascinĂ© par Lola, a perdu au jeu tout ce qui restait de la fortune familiale. Robert, ses complices, le marquis de PontalĂšs et son fils Alain sont presque maĂźtres du domaine. Au beau milieu d’une fĂȘte, Marthe comprend que sa fille Blanche est enceinte et soupçonne Robert d’ĂȘtre le pĂšre de l’enfant Ă  naĂźtre. Le dĂ©sespoir de la jeune femme est d’autant plus grand qu’elle croit que Blanche a subi le mĂȘme sort qu’elle[2].

De leur cĂŽtĂ©, Diane et Cyprienne de PenhoĂ«l, qui ont dĂ©couvert les manigances de Robert, dĂ©cide de dĂ©rober les papiers permettant au truand de se rendre maĂźtre de PenhoĂ«l. DĂ©couvertes, les jeunes filles sont noyĂ©es par Bibandier, un complice de Robert. De son cĂŽtĂ©, ce dernier enlĂšve Blanche et fait chasser Roger de Launoy, le fils adoptif de RenĂ©, et le peintre Étienne Moreau. Les jeunes gens sont bientĂŽt suivis dans l’exil par les autres membres de la famille. Le marquis de PontalĂšs, dĂ©sormais maĂźtre de PenhoĂ«l, chasse Ă  leur tour Robert et Blaise.

TroisiĂšme partie, Le Voyage

À Rennes, une diligence s’apprĂȘte Ă  partir, emmenant Montalt Ă  Paris. Étienne Moreau, qui a quittĂ© Redon, arrive au moment mĂȘme oĂč le fiacre s’ébranle. Ayant rĂ©ussi Ă  monter dans la diligence, il fait la connaissance de l’Anglais et lui raconte son histoire, en taisant nĂ©anmoins le nom de PenhoĂ«l. MalgrĂ© le sentiment de respect qu’il Ă©prouve pour Montalt, le jeune homme est rĂ©voltĂ© par son immoralitĂ©. De son cĂŽtĂ©, Montalt s’intĂ©resse Ă  deux jeunes filles qui ont pris une autre diligence et suivent la mĂȘme route que lui. Étrangement, elles baissent les stores de la diligence chaque fois qu’Étienne tourne la tĂȘte vers elles. À leur arrivĂ©e Ă  Laval, Étienne et Montalt s’arrĂȘtent pour la nuit dans une hĂŽtellerie oĂč le jeune homme retrouve Roger, dont il ignorait le dĂ©part.

Lorsque la diligence arrive Ă  Paris, Montalt propose aux jeunes gens de s’installer dans son hĂŽtel, l’un en tant que peintre, l’autre comme secrĂ©taire. À peu prĂšs au mĂȘme moment, l’une des mystĂ©rieuses passagĂšres de la seconde diligence laisse tomber au sol deux messages signĂ©s BELLE-DE-NUIT, adressĂ©s Ă  Étienne et Roger, leur donnant rendez-vous devant Notre-Dame. Les jeunes gens, fidĂšles Ă  Diane et Cyprienne, qu’ils aiment, refusent de s’y rendre.

QuatriĂšme partie, Paris

Robert, Blaise, Lola et Bibandier sont montĂ©s Ă  Paris sous de faux noms avec Blanche. Robert dĂ©cide d’approcher le richissime Montalt dans l’espoir de lui gagner au jeu de quoi racheter le manoir de PenhoĂ«l.

De leur cĂŽtĂ©, Marthe, RenĂ©, l’oncle Jean et le pĂšre GĂ©raud, vivent dans un taudis de la capitale et Diane et Cyprienne, qui ont mystĂ©rieusement Ă©chappĂ© Ă  la noyade, survivent tant bien que mal en chantant dans les rues. En dĂ©sespoir de cause et pour racheter le manoir de PenhoĂ«l, elles dĂ©cident de se rendre chez Montalt, qui semble s’intĂ©resser Ă  elles.

À une fĂȘte donnĂ©e par Montalt, Robert fait la connaissance de l’aventurier et lui raconte, sans rĂ©vĂ©ler le nom de PenhoĂ«l, la façon dont il a chassĂ© RenĂ© et sa famille. Montalt l’écoute apparemment avec indiffĂ©rence, mais laisse Ă©clater une poignante douleur en rentrant dans ses appartements. Entretemps, deux mystĂ©rieuses jeunes filles apparaissent Ă  la fĂȘte, apprennent Ă  Étienne et Ă  Roger, eux aussi prĂ©sents, l’assassinat de Diane et Cyprienne, et accusent Robert du crime en prĂ©sence de Montalt.

De retour Ă  son hĂŽtel, Montalt apprend que les mystĂ©rieuses jeunes filles de la diligence, Diane et Cyprienne, ont demandĂ© Ă  le voir. Celles-ci lui racontent leur histoire en taisant leurs noms, se faisant appeler Louise et Berthe. Montalt, pris de pitiĂ©, dĂ©cide de garder les deux jeunes filles auprĂšs de lui. Au mĂȘme moment, Étienne et Roger, trompĂ©s par Bibandier, croient que Montalt a sĂ©duit les jeunes filles.

De son cĂŽtĂ©, Vincent, qui a appris l’enlĂšvement de Blanche et l’exil de sa famille, a pu gagner Paris, mais est arrĂȘtĂ© et emprisonnĂ© juste en face de la maison que Lola loue et oĂč Blanche est retenue prisonniĂšre. Celle-ci, enceinte, se morfond dans sa prison. Diane et Cyprienne, dĂ©guisĂ©es en hommes, s’introduisent dans la maison, enlĂšvent Blanche, qui ne les reconnaĂźt pas, et l’emmĂšnent chez Montalt.

Robert, qui tient Ă  se dĂ©barrasser de Montalt, demande Ă  Lola de persuader Alain de PontalĂšs de provoquer l’Anglais en duel. Puis il fait croire Ă  Vincent, qui s’est Ă©vadĂ© et a Ă©tĂ© tĂ©moin de l’enlĂšvement de Blanche, que Montalt est Ă  l’origine du rapt. Le jeune homme provoque Ă  son tour Montalt en duel. Puis ce sont Étienne et Roger qui viennent demander rĂ©paration Ă  l’aventurier. Enfin Jean de PenhoĂ«l, lui aussi abusĂ© par Robert, dĂ©cide de provoquer Montalt en duel.

Cependant, RenĂ© de PenhoĂ«l, dans un accĂšs de folie, profite de ce que l’oncle Jean a quittĂ© leur taudis pour tenter de se suicider avec Marthe. Ils sont sauvĂ©s par Diane et Cyprienne, qui reviennent Ă  l’hĂŽtel de Montalt, lequel pousse les jeunes filles Ă  lui avouer leurs vĂ©ritables noms avant de leur apprendre son histoire: plusieurs annĂ©es auparavant, il a quittĂ© la maison de son pĂšre car lui et son meilleur ami aimaient tous deux la mĂȘme femme. Montalt a prĂ©fĂ©rĂ© renoncer Ă  son amour mais n’a jamais oubliĂ© la jeune femme. Son rĂ©cit achevĂ©, il leur lĂšgue une boite de sandal serties de diamants qui contient une mĂšche des cheveux de cette jeune fille et leur demande, s’il meurt, de brĂ»ler ce souvenir et de garder les diamants. AprĂšs son dĂ©part, Diane et Cyprienne assistent Blanche, qui met au monde un enfant.

Montalt, qui s’est rendu sur le lieu des duels, tue Alain de PontalĂšs mais Ă©pargne les quatre autres. Jean de PenhoĂ«l reconnait en lui son neveu Louis. En rentrant Ă  l’hĂŽtel, ils dĂ©couvrent Robert et ses deux complices, qui tentaient de dĂ©rober la boite de sandal. Robert, accusĂ© par Jean, Vincent et les jeunes filles, est toutefois Ă©pargnĂ© par Montalt, Ă  qui il remet une lettre que Marthe lui avait Ă©crite et que le truand devait lui donner. Jean rĂ©vĂšle alors Ă  son neveu que Diane et Cyprienne ne sont pas ses filles, mais celles que Marthe a eu de Louis. Tous dĂ©cident de rentrer en Bretagne, pour rĂ©cupĂ©rer les terres de PenhoĂ«l: en effet, il ne leur reste plus que trois jours pour les racheter, sans quoi elles seront la propriĂ©tĂ© du marquis de PontalĂšs.

CinquiÚme partie, Penhoël

Robert, Blaise et Bibandier ont regagnĂ© le Mouton CouronnĂ©, Ă  Redon, emmenant avec eux Marthe et RenĂ©. Ils fixent Ă  RenĂ© un rendez-vous au bord du fleuve en lui faisant miroiter la possibilitĂ© de racheter son domaine puis se rendent Ă  la loge du passeur, BenoĂźt Haligan, qui agonise. LĂ , ils obligent le notaire Le Hivain Ă  faire venir PontalĂšs, qu’ils somment de les aider s’il veut conserver ses terres, car PenhoĂ«l est sur le point de revenir. PontalĂšs accepte Ă  contre cƓur de partager ses domaines avec Robert, Blaise et Bibandier, puis de tuer RenĂ© de PenhoĂ«l et, si nĂ©cessaire, Louis.

Lorsque tous cinq parviennent au lieu du rendez-vous fixĂ© Ă  RenĂ©, celui-ci monte dans la barque, effrayĂ© par un mystĂ©rieux inconnu qui l’a suivi depuis Redon. Ce dernier, qui n’est autre que Louis de PenhoĂ«l, parvient Ă  arrĂȘter la barque avant que Bibandier n’ait pu l’éloigner de la rive. PontalĂšs poignarde RenĂ©, avant d’ĂȘtre abattu par Louis, qui tue ensuite Robert, Blaise et Le Hivain, cependant que Bibandier s’enfuit. AprĂšs la tuerie, Louis cherche Ă  ramener son frĂšre, qu’il croit vivant, mais celui-ci, dans un dernier mouvement d’agonie, se laisse glisser dans l’eau. La barque s’éloigne alors, portĂ©e par le courant, et sombre avec les quatre corps dans le gouffre de la Femme-Blanche, oĂč Robert avait ordonnĂ© qu’on noie Diane et Cyprienne.

Entretemps, Jean de PenhoĂ«l a ramenĂ© Marthe au manoir. Celle-ci, presque mourante aprĂšs tant de souffrances, s’éveille en entendant le chant des Belles-de-nuit et, apercevant ses filles et Louis, qui a regagnĂ© le manoir, adresse une priĂšre Ă  Dieu: « Mon Dieu! [... ] si c’est encore un rĂȘve, faites que je ne m’éveille jamais! »[3].

Les personnages

Les faux noms de certains personnages sont donnés [entre crochets].

La famille de Penhoël

Diane et Cyprienne de PenhoĂ«l, [Louise et Berthe], [Édouard et LĂ©on de Saint-Remy]. Diane et Cyprienne sont deux sƓurs jumelles, nĂ©es quelques mois aprĂšs le dĂ©part de Louis de PenhoĂ«l. Elles sont Ă  la fois semblables et diffĂ©rentes: Toutes deux ont les mĂȘmes cheveux et ressemblent Ă  Louis de PenhoĂ«l, mais Diane est « plus grande que sa sƓur, plus sĂ©rieuse et peut-ĂȘtre plus belle »[4]. Elle a des yeux bruns, alors que Cyprienne les a bleus. Elle est aussi plus sĂ©rieuse, plus mature, plus intelligente et plus forte. Cyprienne la compare Ă  un capitaine dont elle serait le soldat[5]. Les deux sƓurs s’adorent, mais Diane se comporte parfois comme une mĂšre vis-Ă -vis de Cyprienne. Bien qu’elles soient prĂ©sentĂ©es dĂšs le dĂ©but comme les filles de l’oncle Jean et que la vĂ©ritĂ© sur leur naissance ne soit expliquĂ©e qu’à la fin de la quatriĂšme partie[6], le lecteur devine rapidement qu’elles sont en rĂ©alitĂ© les enfants naturelles de Marthe et Louis. Toutes deux sont dĂ©vouĂ©es Ă  ceux qu’elles aiment et font preuve d’un grand courage en mĂȘme temps que d’une certaine naĂŻvetĂ© face aux dangers qui menacent leur famille.
Marthe de PenhoĂ«l. Orpheline Ă©levĂ©e par le Commandant de PenhoĂ«l et sa femme, elle grandit aux cĂŽtĂ©s de Louis et RenĂ©, qui s’éprennent tous deux d’elle. Amoureuse de Louis, elle est persuadĂ©e par les parents et le frĂšre de celui-ci qu’il ne l’a jamais aimĂ©e et Ă©pouse RenĂ© aprĂšs son dĂ©part. Seul l’oncle Jean et son Ă©pouse la soutiennent et connaissent son secret: en effet, ils l’ont assistĂ©e, avec BenoĂźt Haligan, quand elle a accouchĂ© de Diane et Cyprienne, et l’épouse de Jean de PenhoĂ«l a acceptĂ© d’élever les enfants comme les siens. À la naissance de sa fille Blanche, elle reporte tout son amour sur elle, cependant qu’elle se montre sĂ©vĂšre, voire dure, avec Diane et Cyprienne. Sa tendresse pour Blanche ne faiblit qu’une seule fois, aprĂšs la « mort » de ses filles aĂźnĂ©es, oĂč elle reproche Ă  Blanche souffrante et endormie de leur avoir volĂ© tout l’amour auquel elles avaient droit. La « mort » de Diane et Cyprienne et l’enlĂšvement de Blanche lui ĂŽte toutes forces et dĂšs lors, elle sombre dans une sorte d’apathie dont elle ne sera tirĂ©e que par le retour Ă  PenhoĂ«l, oĂč elle retrouvera ses trois filles, Louis et tous ceux qu’elle aime et dĂ©sespĂ©rait de retrouver. Marthe de PenhoĂ«l joue un rĂŽle surtout passif dans le roman.
Louis de PenhoĂ«l, [Lord Berry Montalt]. Le frĂšre aĂźnĂ© de RenĂ© de PenhoĂ«l quitte la Bretagne lorsque son frĂšre lui apprend qu’il aime Marthe. TiraillĂ© entre son amour pour celle-ci et celui qu’il porte Ă  son frĂšre, il finit par sacrifier le premier. Il Ă©crit Ă  son frĂšre un an aprĂšs son dĂ©part, mais ne reçoit pas de rĂ©ponse. Vers l’époque de la conception de Blanche, il revient Ă  PenhoĂ«l, mais RenĂ© refuse de le laisser entrer. Il repart donc cette fois pour de bon. Prenant le nom de Berry Montalt et se faisant passer pour un Anglais, il fait fortune, sans pour autant trouver le bonheur. Il s’attache par la suite Ă  Étienne et Roger, ainsi qu’à Vincent, puis Ă  Diane et Cyprienne, dont il ignore jusqu’au lien avec PenhoĂ«l. C’est lors du duel qu’il est reconnu par Jean de PenhoĂ«l. Sans rancune contre RenĂ©, il tente jusqu’au bout de le sauver, mais n’épargne pas les PontalĂšs, ni Robert et ses complices.
Blanche de PenhoĂ«l. Fille unique de Marthe et RenĂ©, elle ressemble Ă  sa mĂšre. Jolie, mais d’une beautĂ© languissante, contrairement Ă  ses demi-sƓurs, elle est en outre d’une santĂ© fragile et d’une grande naĂŻvetĂ©. Son pĂšre la soupçonne d’ĂȘtre la fille de Louis, qui Ă©tait revenue en Bretagne Ă  l’époque de sa conception[7]. Robert de Blois dĂ©cide de l’épouser pour hĂ©riter de PenhoĂ«l. Elle ne joue pas de rĂŽle actif Ă  proprement parler dans le roman.
Roger de Launoy. Roger est le fils adoptif de Marthe et RenĂ©, adoptĂ© alors que le couple dĂ©sespĂ©rait d’avoir un hĂ©ritier mĂąle. On sait dĂšs sa premiĂšre apparition qu’il a Ă  peu prĂšs le mĂȘme Ăąge que Vincent, soit dix-huit ans au dĂ©but de roman. Par la suite, on apprend qu’il a vĂ©cu vingt ans auprĂšs de PenhoĂ«l, donc qu’il a Ă©tĂ© adoptĂ© immĂ©diatement aprĂšs le dĂ©part de Louis.
MalgrĂ© des dehors parfois inconstants et lĂ©gers, il fait preuve d’un dĂ©vouement sans borne pour sa mĂšre adoptive et d’un amour profond pour Cyprienne. Les escapades nocturnes de celle-ci le portent Ă  croire qu’elle en aime un autre. Il devient le meilleur ami du peintre Étienne Moreau, qu’il considĂšre comme un frĂšre. On apprend aussi qu’il est fier, intelligent et qu’il a du cƓur[8]. Son affection pour RenĂ© de PenhoĂ«l diminue au fur et Ă  mesure que celui-ci, sous l’emprise de Robert, le traite avec de moins en moins d’égards. Lorsqu’il apprend qu’il est chassĂ© de PenhoĂ«l, il dĂ©cide de quitter la Bretagne et de rejoindre Étienne sans plus tarder.
RenĂ© de PenhoĂ«l. C’est le frĂšre cadet de Louis. Ils n’ont qu’un an d’écart. On apprend que depuis son enfance, il est le plus faible des deux sur le plan moral, et que Louis a appris Ă  tout lui sacrifier. Aussi, quand il lui fait part de son amour pour Marthe, Louis dĂ©cide de se sacrifier une fois de plus et quitte PenhoĂ«l[7]. Follement Ă©pris de sa femme, mais la soupçonnant d’aimer Louis, il est d’une jalousie maladive, qui se manifeste encore aprĂšs qu’il est devenu l’amant de Lola. Il n’hĂ©site pas Ă  recourir Ă  la violence face Ă  Marthe, qui n’est protĂ©gĂ©e que par l’oncle Jean. À la fin du roman, dans sa folie, il est tout prĂȘt Ă  faire tuer son frĂšre et, au moment de mourir, quand Louis tente de le ramener sur la rive, prĂ©fĂšre se laisser noyer plutĂŽt que d’accepter sa main.
Jean de PenhoĂ«l. FrĂšre cadet du Commandant de PenhoĂ«l, pauvre et vivant de la charitĂ© de la branche aĂźnĂ©e, il n’a jamais oubliĂ© Louis, qu’il aime comme un fils. Il aime aussi tendrement la jeune Marthe, qu’il considĂšre comme sa fille, et sa femme et lui dĂ©cident d’adopter les enfants naturels des jeunes gens. Il Ă©lĂšve les jeunes filles en leur recommandant d’aimer Dieu et PenhoĂ«l plus que tout au monde. C’est lui qui reconnaĂźt, au bout de vingt ans, son neveu.
Vincent de PenhoĂ«l. C’est le fils unique de l’oncle Jean. Il tait son amour pour Blanche car cette derniĂšre est une riche hĂ©ritiĂšre alors que lui est pauvre. Il quitte PenhoĂ«l aprĂšs avoir violĂ© sa cousine. C’est lĂ  la principale diffĂ©rence entre Louis et lui: Louis quitte la Bretagne pour que son frĂšre puisse Ă©pouser Marthe, mais non parce qu’il a eu avec elle une relation sexuelle, alors que Vincent s’exile par honte de son acte. Lorsqu’il apprend que Blanche a Ă©tĂ© enlevĂ©e par Robert, il se lance Ă  la poursuite de ce dernier jusqu’à Paris, oĂč il est emprisonnĂ© pour un crime commis bien plus tĂŽt: il a en effet tuĂ© un officier en duel. PersuadĂ© par Robert que Blanche a Ă©tĂ© enlevĂ©e par Montalt, il provoque celui-ci en duel.

Autres

Robert Camel, dit l’AmĂ©ricain, [Robert de Blois, le Chevalier de las Matas]. ÂgĂ© de vingt-cinq ans au dĂ©but du roman, on apprend qu’il cĂŽtoie le monde des truands depuis ses quinze ans. Impitoyable, douĂ© d’un grand talent de comĂ©dien, il extorque sans en avoir l’air l’histoire des PenhoĂ«l au vieux GĂ©raud, qui se repent tristement par la suite. Sans scrupule, il dĂ©cide d’épouser Blanche, en qui il voit l’hĂ©ritiĂšre de PenhoĂ«l. Il la fait donc enlever puis garder par Lola, Ă  Paris. Croyant pouvoir racheter le manoir de PenhoĂ«l avec l'argent de Montalt, il dĂ©cide d'en faire un complice, en vain.
Étienne Moreau. ÂgĂ© d'une vingtaine d'annĂ©es en 1820, Étienne Moreau est un jeune peintre parisien, appelĂ© en Bretagne par RenĂ© de PenhoĂ«l pour dĂ©corer les appartements de Lola. Étienne ignore s’il a du talent, ce qui est d’ailleurs l’opinion commune, puisque les mauvaises langues parlent de lui comme d’un « barbouilleur qui est venu de Paris pour mettre du rouge et du bleu sur les murailles »[8]. Le seul qui croie vraiment en lui est Roger de Launoy. Les rapports entre eux deux sont semblables Ă  ceux qu’entretiennent Diane et Cyprienne: bien que n’ayant aucun lien sanguin, les deux jeunes gens s’aiment comme des frĂšres[9] et lorsqu’Étienne est forcĂ© de quitter PenhoĂ«l, c’est sur ces mots qu’il quitte Roger: « souviens-toi que je suis ton frĂšre et que ma demeure, si petite et si pauvre qu’elle soit, sera toujours assez grande pour nous abriter tous deux »[10]. La ressemblance entre Diane et Cyprienne, et Étienne et Roger ne s’arrĂȘte pas lĂ . En effet, les qualitĂ©s et les dĂ©fauts des uns se retrouvent chez les autres: si Diane est plus sĂ©rieuse que sa sƓur, laquelle fait preuve de plus de lĂ©gĂšretĂ©, il en va de mĂȘme chez les jeunes gens, Étienne Ă©tant le plus constant des deux et Roger le plus insouciant. Tous deux ont aussi une façon diffĂ©rente de se comporter en amour: si le comportement de Cyprienne pousse Roger Ă  craindre de ne pas ĂȘtre aimĂ©, Étienne, lui, a confiance en Diane, malgrĂ© le comportement Ă©trange des deux sƓurs.
Blaise Jolin, dit l’Endormeur, [le Comte de ManteĂŻra]. Complice de Robert, il est plus robuste sur le plan physique mais ne possĂšde pas la finesse de celui-ci. DĂ©signĂ© pour jouer le rĂŽle du valet par le sort (ou les tricheries de Robert) au dĂ©but du roman, il se contente d’un rĂŽle subalterne cependant que Robert s’occupe de ruiner PenhoĂ«l. Il n’abandonne toutefois pas l’espoir de devenir seul maĂźtre du manoir et, lorsque les PenhoĂ«l sont chassĂ©s, il n’hĂ©site pas Ă  croiser le fer avec son ancien complice. Toutefois, il sait oĂč sont ses intĂ©rĂȘts et se rĂ©concilie avec lui quand il est chassĂ© Ă  son tour par PontalĂšs.
Bibandier, [le Baron de Bibander]. Ancien receleur condamnĂ© au bagne de Brest, c’est grĂące Ă  lui que Robert et Blaise se sont connus. Truand dĂ©bonnaire, il sauve Diane et Cyprienne contre une forte somme et est le seul Ă  survivre Ă  la fin du roman. AprĂšs son Ă©vasion, il survit tant bien que mal en Bretagne en dĂ©troussant les voyageurs avec son chien pour seul complice. Il espĂšre que Robert et Blaise partageront avec lui aprĂšs s’ĂȘtre emparĂ© de PenhoĂ«l, mais est cruellement déçu par la suite. Il se met donc au service de PontalĂšs, puis rejoint ses anciens complices.
Le Marquis de PontalĂšs. Issu d’une famille pauvre qui a rachetĂ© la plupart des terres de PenhoĂ«l sous la RĂ©volution, en 1793, il devient l’alliĂ© de Robert, qui voit en lui un moyen aisĂ© de s’approprier le manoir. Lui-mĂȘme dĂ©cide de se servir de Robert, dont il connaĂźt le passĂ©, pour s’approprier du reste des terres de PenhoĂ«l. Prudent de nature, il est toutefois entrainĂ© par Robert, et se rend complice du « meurtre » de Diane et Cyprienne. Sa haine pour PenhoĂ«l devient une sorte d’idĂ©e fixe et il poignarde RenĂ© Ă  un moment oĂč la vigilance de Robert se relĂąche.
Lola, [la Marquise d’Urgel]. Lola est une jeune fille issue des bas-fonds. On apprend qu’elle dansait « sur une corde raide » « pour ne pas ĂȘtre battue »[11] avant d’ĂȘtre emmenĂ©e par Robert. On ne sait pas au juste quels liens l’unissent Ă  celui-ci. Il n’est pas question d’amour entre eux, Robert traitant presque Lola comme une esclave, et celle-ci ayant l’«habitude » d’obĂ©ir[12]. On peut supposer qu’ils sont en fait frĂšre et sƓur: en effet, ils se ressemblent physiquement et, Ă  Paris, se font passer pour tels.
Alain de PontalĂšs. Fils du Marquis, on le nomme le Comte Alain de PontalĂšs. C’est un jeune homme Ă©goĂŻste et mauvais. Il est l’amant de Lola, dont il passionnĂ©ment et aveuglĂ©ment Ă©pris. Celle-ci le persuade, sur l’ordre de Robert, de dĂ©fier Montalt en un duel, au cours duquel il est tuĂ©.
François GĂ©raud. Aubergiste de Redon, c’est un fidĂšle de serviteur de PenhoĂ«l. Il raconte naĂŻvement l’histoire de la famille Ă  Robert, qu’il prend pour un ami de Louis, puis se repent de son erreur. Il se ruine pour donner Ă  RenĂ© de PenhoĂ«l de quoi payer ses dettes de jeu. Lorsque la famille quitte le manoir, GĂ©raud gagne Paris avec eux pour les aider, mais il tombe malade peu aprĂšs son arrivĂ©e et ne peut plus leur ĂȘtre d’aucun secours.
MaĂźtre Protais Le Hivain, dit MacrocĂ©phale. Homme de loi vĂ©reux, Le Hivain, surnommĂ© MacrocĂ©phale (longue tĂȘte) par l’instituteur du bourg de GlĂ©nac, joue double jeu. Apparemment fidĂšle serviteur de RenĂ©, il le pousse Ă  vendre et s’endetter. Il fait croire Ă  Robert de Blois qu’il travaille pour lui, mais s’est en rĂ©alitĂ© fait le complice du Marquis de PontalĂšs. Il est finalement tuĂ© par Louis.
BenoĂźt Haligan. À la fois passeur, sorcier et rebouteux, c’est un ancien Chouan. Un peu xĂ©nophobe, il est fidĂšle Ă  PenhoĂ«l depuis toujours. Ses dons de clairvoyance lui permettent de percer Ă  jour Robert dĂšs leur premiĂšre rencontre. Il agonise lentement pendant des mois dans sa cabane, oubliĂ© de tous sauf de Diane et Cyprienne, Ă  qui il lĂšgue la petite fortune qu’il a accumulĂ©e sa vie durant: cent piĂšces de six livres. Plusieurs fois il prĂ©dit que les trois filles de PenhoĂ«l mourront et que Louis reviendra trop tard, en espĂ©rant se tromper. Le soir de sa mort, hĂątĂ©e par Robert de Blois, il voit dans son extase les PenhoĂ«l revenir sur leurs terres.

Des surnoms issus de l'argot judiciaire

Les surnoms de Robert et Blaise, l'AmĂ©ricain et l'Endormeur, viennent du vocabulaire argotique de l'Ă©poque. L'AmĂ©ricain vient du vol Ă  l'amĂ©ricaine, oĂč l'escroc se fait passer pour quelqu'un de fortunĂ© (venant d'AmĂ©rique, l'Eldorado de l'Ă©poque)[13]. L'endormeur Ă©tait le surnom donnĂ© aux voleurs qui opĂ©raient gĂ©nĂ©ralement dans les trains en versant un narcotique aux passagers pour mieux les dĂ©pouiller[14].

Commentaire

Le thĂšme de l’hĂ©ritier disparu pendant de nombreuses annĂ©es est frĂ©quemment exploitĂ© par Paul FĂ©val. Cependant, on remarque une importante diffĂ©rence entre Les Belles-de-nuits ou Les Anges de la famille et d’autres romans de FĂ©val: dans Le Bossu ou Le Loup Blanc, les hĂ©ritiers disparaissent contre leur grĂ© (LagardĂšre enlĂšve Aurore de Nevers pour la protĂ©ger de Gonzague; Jean Blanc enlĂšve Georges Treml aprĂšs une tentative d’assassinat, mais l’enfant disparaĂźt, enlevĂ© par un saltimbanque), alors que dans Les Belles-de-nuit, Louis de PenhoĂ«l s’exile volontairement.

Des ressemblances surgissent aussi entre les personnages des diffĂ©rents romans de Paul FĂ©val: Diane et Étienne partagent la gravitĂ© de LagardĂšre et Aurore, alors que Roger et Cyprienne ressemblent davantage au Marquis de Chaverny et Ă  Flor. De mĂȘme, SĂ©id, le domestique de Montalt, symbolise l’obĂ©issance passive, ne discutant pas les ordres de son maĂźtre et ne prenant de dĂ©cision que quand les circonstances l’exigent (comme Jude Leker dans Le Loup blanc), alors que BenoĂźt Haligan ressemble davantage Ă  Jean Blanc, n’hĂ©sitant pas Ă  s’opposer Ă  son maĂźtre quand il estime devoir le faire pour le protĂ©ger.

Éditions

La prĂ©façon des Belles-de-nuit date de 1850: le livre est Ă©ditĂ© en six volumes par une maison d'Ă©dition belge. Par la suite, le roman sera rĂ©Ă©ditĂ© cette mĂȘme annĂ©e 1850, puis en 1859, 1861, 1866 et 1874.

Dans la seconde Ă©dition de 1850, le roman est suivi de la nouvelle Miss Olivia, du mĂȘme auteur. Les Ă©ditions de 1859 et 1861 contiennent aussi la nouvelle Les Armuriers de TolĂšde.

À la fin de sa vie, Paul FĂ©val se reconvertit Ă  un catholicisme intransigeant et se consacre Ă  la rĂ©Ă©criture de ses romans, parmi lesquels Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, publiĂ© en 1886 sous le titre L’Oncle Louis. L’histoire est sensiblement la mĂȘme, mais l’auteur supprime notamment le viol de Blanche et dans l’édition de 1887 rajoute un Ă©pilogue, dans lequel il explique le destin des quatre couples du roman : Vincent Ă©pouse Blanche, comme le lecteur s’en doute dans les premiĂšres Ă©ditions, et fait prospĂ©rer le nom de PenhoĂ«l, aidĂ© par l’oncle Jean. Étienne et Diane s’installent Ă  Paris et le peintre vit de ses talents d’artiste sans mĂȘme avoir besoin des diamants que Montalt a donnĂ© Ă  son Ă©pouse. La justice ayant reconnu que PontalĂšs s’était emparĂ© illĂ©galement des terres de PenhoĂ«l, Roger de Launoy les rachĂšte grĂące Ă  la dot de Cyprienne. Mais Marthe meurt, tuĂ©e par le bonheur de revoir tous ceux qu’elle croyait disparus et par les douleurs endurĂ©es pendant vingt ans. Louis de PenhoĂ«l passe alors le restant de sa vie Ă  chĂ©rir son souvenir, heureux face au bonheur qu’il a prodiguĂ© au reste de la famille. Cette fin un peu plus tragique est dans doute due au fait que Paul FĂ©val estimait, aprĂšs sa conversion, que le personnage de Louis, lequel frĂŽle parfois l’impiĂ©tĂ© et le blasphĂšme, nĂ©cessitait le repentir: Louis ne pouvait se repentir qu’à la suite de la mort de Marthe.

En 1927 et 1928, les Éditions Albin Michel publient une Ă©dition en trois tomes du roman :

  • Diane et Cyprienne (la premiĂšre partie + les huit premiers chapitres de la deuxiĂšme).
  • L’aventurier: (la fin de la deuxiĂšme partie + la troisiĂšme partie + les cinq premiers chapitres de la quatriĂšme).
  • Les filles de PenhoĂ«l: (la fin de la quatriĂšme partie + la cinquiĂšme partie).

En juillet 2011, les éditions Nabu Press ont réédité certaines parties du roman.

Incohérences dans le roman

Le roman prĂ©sente quelques incohĂ©rences, gĂ©nĂ©ralement dans la description des personnages, ainsi que dans les dates et les Ăąges. Ainsi, au dĂ©but du livre, on apprend que Louis de PenhoĂ«l s’est exilĂ© quinze ans auparavant. L’ñge des personnages est donc donnĂ© en fonction du temps Ă©coulĂ© depuis son dĂ©part: Diane et Cyprienne ont de quatorze Ă  quinze ans, Blanche en a douze, Vincent dix-huit et RenĂ©, cadet de Louis d’un an, en a trente-cinq. Dans la suite du roman, qui se dĂ©roule trois ans plus tard, Paul FĂ©val parle de l’exil qui aurait durĂ© vingt ans. L’ñge des personnages change alors: les jumelles de PenhoĂ«l n’ont pas dix-sept mais dix-neuf ans, Blanche en a dix-sept


De mĂȘme, l’auteur prĂ©sente d’abord GĂ©raud comme un cĂ©libataire endurci, puis on apprend qu’il est mariĂ© depuis l’époque oĂč il Ă©tait cuisinier sur un bateau.

L’apparence physique des personnages change aussi au grĂ© du roman: lors de la premiĂšre description de Diane et Cyprienne, on apprend que Diane a des yeux « d’un bleu obscur »[15], alors que ceux de Cyprienne sont bruns. Par la suite, Paul FĂ©val inverse cette particularitĂ©: dĂšs lors Diane apparaĂźt comme une jeune fille aux yeux bruns, ceux de sa sƓur sont bleu foncĂ©.

De mĂȘme, RenĂ© est d’abord dĂ©crit comme un homme aux cheveux chĂątains, puis on apprend que « son Ă©paisse chevelure blonde [a] blanchi entiĂšrement »[16].

Quant Ă  Marthe, Paul FĂ©val la dĂ©crit d’abord comme une jeune femme blonde, puis parle de « ses cheveux noirs dĂ©nouĂ©s» [17].

Adaptation au théùtre

L’annĂ©e mĂȘme de sa parution en feuilleton, le roman de est portĂ© Ă  la scĂšne par AmĂ©dĂ©e Achard, Paul de Guerville et FĂ©val lui-mĂȘme. La premiĂšre reprĂ©sentation a lieu Ă  la GaĂźtĂ© de Paris, le 30 octobre 1849. De nombreux Ă©lĂ©ments sont changĂ©s, notamment le nombre de personnages et la fin de l’histoire.

Traductions

Le roman a fait l'objet de plusieurs traductions, notamment une en russe (ĐĐŸŃ‡ĐœŃ‹Đ” ĐșрасаĐČоцы, Belles-de-nuits) et deux en allemand (Die Nachtschönchen, oder: Die Schutzengel der Familie, Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, en 1850 et Die Engel des Hauses, Les Anges de la maison, en 1851).

Les Belles-de-nuit

Les Belles-de-nuit sont, dâ€ČaprĂšs FĂ©val, des crĂ©atures du folklore breton, qui ne sont pas sans rappeler les Wilis. Ce sont des jeunes filles mortes d’amour. Les Bretons dĂ©signeraient aussi sous ce nom la Mirabilis jalapa et les Ă©toiles.

Les Belles-de-nuit du roman sont Diane et Cyprienne de PenhoĂ«l, aussi nommĂ©es par le titre les Anges de la famille. On peut aussi inclure dans cette catĂ©gorie Blanche de PenhoĂ«l, surnommĂ©e l’Ange. En effet, BenoĂźt Haligan parle toujours des trois jeunes filles comme des belles-de-nuit.

FĂ©val affirme que la lĂ©gende des Belles-de-nuit est Ă  l’origine d’une complainte bretonne, qu’il dit adapter dans son roman.

Texte original d’aprĂšs Paul FĂ©val Texte publiĂ© dans le roman
Petite fleur, petite Ă©toile, petite fille! Anges de Dieu qui souriez dans l’ombre,
Blanches Ă©toiles, vierges, fleurs,
Vous qui des nuits semez le manteau sombre,
Anges aimés, pour guérir nos terreurs

La belle-de-nuit est la fleur aimée de la Vierge Marie.
La petite fleur plus rose que la rose, plus blanche que le lis, bleue comme l'azur du paradis.
La fleur qui se penche, au matin, semblable à la chrétienne qui prie

Belle-de-nuit, fleur de Marie,
La plus chérie
De celles que l’ange avait mis
Au paradis!
Le frais parfum de ta corolle
Monte et s’envole
Aux pieds du Seigneur, dans le ciel,
Comme un doux miel.
La belle-de-nuit est la petite Ă©toile, pur diamant du ciel.
L'Ă©toile qui donne du courage quand on chemine avant le soleil par les sentiers froids, encore pleins de fantĂŽmes

Belle-de-nuit, pourquoi ce voile,
Petite Ă©toile
Que le grand nuage endormi
Couvre Ă  demi?
Montre-nous la vive Ă©tincelle
De ta prunelle,
Qui semble au bleu du firmament
Un diamant.
La belle-de-nuit est la jeune fille morte, la jolie et la douce! morte d'amour

La pauvre fille pĂąle, qui pleure le long de l'eau et que les cƓurs tristes Ă©coutent.
La jolie et la douce qui avait seize ans, hélas! quand nous la couchùmes sous l'herbe

Le soir elle est derriĂšre les saules, tout habillĂ©e de blanc comme une fiancĂ©e. Ce vent qui se plaint dans les branches, c’est son haleine

Cette perle que le soleil du matin fait luire sur la feuille tombĂ©e, c’est une larme de ses pauvres yeux

Belle-de-nuit, ombre gentille,
Ô jeune fille!
Qui ferma tes beaux yeux au jour?
Est-ce l’amour?
Dis, reviens-tu sur notre terre
Chercher ta mĂšre?
Ou retrouver le lieu si doux
Du rendez-vous?

C’est bien toi qu’on voit sous les saules:
Blanches Ă©paules,
Sein de vierge, front gracieux
Et blonds cheveux

Cette brise, c’est ton haleine,
Pauvre Ăąme en peine,
Et l’eau qui perle sur tes fleurs,
Ce sont tes pleurs


Références

  1. Voir le site Auction.fr
  2. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, chapitre 4: « Perdue!
 [
] perdue comme moi!
 innocente comme moi!
 Qu’ai-je fait, mon Dieu! pour ĂȘtre punie jusque dans mon enfant? »
  3. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, CinquiĂšme partie, Chapitre 3
  4. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 6
  5. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 7
  6. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, QuatriĂšme partie, Chapitre 20
  7. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 17
  8. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 2
  9. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 2: Roger et lui Ă©taient amis jusqu’au dĂ©vouement, bien qu’ils ne se fussent jamais fait de grandes protestations de tendresse
  10. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 14
  11. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, PremiĂšre partie, Chapitre 3
  12. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, QuatriĂšme partie, Chapitre 1
  13. Voir le site
  14. Voir le site
  15. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, PremiĂšre partie, Chapitre 4
  16. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, DeuxiĂšme partie, Chapitre 8
  17. Les Belles-de-nuit ou Les Anges de la famille, QuatriĂšme partie, Chapitre 4

Liens externes

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