Laurence Anyways
Laurence Anyways est un film franco-québécois écrit et réalisé par Xavier Dolan, sorti en 2012[1]. Ce drame psychologique traite de transidentité à travers une relation amoureuse bouleversée lorsque le personnage principal annonce à sa compagne son besoin d'effectuer une transition du genre masculin au genre féminin[2]. Les acteurs principaux sont Suzanne Clément et Melvil Poupaud. Présenté au Festival international du film de Toronto 2012, ce troisième long métrage de Xavier Dolan remporte le prix du Meilleur film canadien[3] - [4] et cumule plus de quinze nominations, dont sept au Festival de Cannes.
RĂ©alisation | Xavier Dolan |
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Scénario | Xavier Dolan |
Musique | Noia (compositeur) |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Lyla Films MK2 Productions |
Pays de production |
Canada France |
Genre | Drame psychologique |
Durée | 168 minutes |
Sortie | 2012 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Dans les années 1990, Laurence annonce à Fred, sa petite amie, qu’elle est en réalité une femme transgenre. Elles affrontent alors les préjugés de leur entourage, résistent à l’influence de leur famille et bravent les phobies de la société qu’elles dérangent. Pendant dix ans, elles tentent de survivre à cette transition et s’embarquent dans une aventure qui semble mener le couple à sa perte.
Résumé
Le film commence par un retour en arrière de dix ans. Laurence Alia est une prof de lettres qui a changé de genre. Elle est très amoureuse de Frédérique (Fred) avec qui elle vit. Le jour de ses trente-cinq ans, elle avoue à Fred qu'elle considère que son corps "d'homme" ne correspond pas à ce qu'elle est : une femme. Elle va alors décider de vivre comme la femme qu'elle est, pour ne plus mentir ni souffrir. Fred ne comprend pas cette décision et lui dit qu'elle aurait dû la prévenir qu'elle était homosexuelle. Laurence répond avec force que cela n'a rien à voir avec l'homosexualité, mais qu'elle ne veut plus se réveiller le matin dans un corps masculin qui ne lui plait pas.
Laurence commence à se maquiller et à assumer son identité, d'abord dans sa famille, son quartier, les rues et les cafés de Montréal, puis jusqu'au milieu professionnel. Tout comme ses cheveux qui deviennent de plus en plus longs, Laurence passe, petit à petit, par les étapes de son changement d'apparence. Cependant, elle continue d'éprouver de l'amour pour Fred, même après leur rupture et bien qu'elle ait une compagne et que Fred se soit mariée, a eu un enfant et se soit embourgeoisée.
Quelques années passent, Laurence publie un recueil de poèmes. A cette occasion elle retrouve Fred qui lui retombe dans les bras. Celle-ci annonce à son mari qu'elle part en tournage alors qu'elles font une escapade sur l'Île au noir.
Leur séparation est définitive lorsque Laurence dit s'être attendue à ce que Fred abandonne toute sa vie (de femme mariée) pour leur amour et que Fred apprend à Laurence qu'à l'époque de son coming out, elle était enceinte de Laurence et, par peur de l'avenir, avait préféré avorter.
Leur amour aura duré plus de 9 ans au total.
Laurence a choisi, à quarante ans, de « descendre la pente » en tant que femme ; c'est ce qu'elle déclare à une journaliste qui l'interviewe à l'occasion de la sortie de son roman autobiographique.
Quelque temps après, depuis une terrasse voisine de la sienne, un jeune homme interpelle Laurence par un « Bonjour Madame » en lui faisant comprendre naïvement son attirance. Le visage de Laurence, pour la toute première fois du film, s'épanouit du bonheur (flatterie, amusement…) de plaire à un homme.
Fiche technique
Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
- Titre original : Laurence Anyways
- Réalisation et scénario : Xavier Dolan[5]
- Musique : Noia
- Direction artistique : Colombe Raby
- DĂ©cors : Anne Pritchard
- Costumes : Xavier Dolan et François Barbeau
- Photographie : Yves BĂ©langer
- Prise de son : François Grenon
- Montage sonore : Sylvain Brassard
- Mixage : Olivier Goinard
- Montage : Xavier Dolan[5]
- Production : Lyse Lafontaine
- Productrice déléguée : Carole Mondello
- Coproducteurs : Nathanaël Karmitz et Charles Gillibert
- Société de production : Lyla Films et MK2 Productions
- Sociétés de distribution : Remstar (Canada), ABC Distribution (Belgique), MK2 Diffusion (France)
- Budget : 8 millions $ CA[5]
- Pays d'origine : Canada ( Québec) et France
- Langue originale : français
- Format : couleur - 35 mm - 1,33:1[6]
- Genre : drame psychologique
- Durée : 168 minutes
- Dates de sortie :
- France : (Festival de Cannes) ; (sortie nationale)
- Canada :
Distribution
- Melvil Poupaud : Laurence Alia
- Suzanne Clément : Fred Bellair
- Nathalie Baye : Julienne Alia, la mère de Laurence
- Monia Chokri : Stéfie Bellair, la sœur de Fred
- Susie Almgren : la journaliste
- Mylène Jampanoï : Fanny
- Yves Jacques : Michel Lafortune
- Sophie Faucher : Andrée Bellair, la mère de Fred
- Magalie LĂ©pine-Blondeau : Charlotte
- David Savard : Albert
- Catherine BĂ©gin : Mamy Rose
- Emmanuel Schwartz : Baby Rose
- Jacques Lavallée : Dada Rose
- Perrette Souplex : Tatie Rose
- Patricia Tulasne : Shookie Rose
- Denise Filiatrault : la serveuse
- Manuel Tadros : le concierge
- Monique Spaziani : Francine, la psychologue
- Alexandre Goyette : Marco de Bellefeuille
- Gilles Renaud : Président du conseil
- Anne Dorval : Marthe Delteuil
- Violette Chauveau : Élise Voïlinsky
- Vincent Davy : Pierre Alia, le père de Laurence
- Xavier Dolan : caméo (non crédité à la 80e minute)
- Éric Bruneau : Mathieu
- Antoine Olivier Pilon : l'adolescent
Production
Melvil Poupaud, qui tient le rôle principal, voit ce film comme un jalon important dans sa carrière : « Je crois que j'attendais ce grand rôle depuis longtemps en fait, ça m'a reboosté, ça m'a redonné de l'énergie pour tourner avec d'autres cinéastes[7]. »
Accueil
Critiques
Après la projection au festival de Cannes, le critique de cinéma Olivier Père juge le film enthousiasmant[8]. Sur Slate.fr, Jean-Michel Frodon regrette que le film n'ait pas été sélectionné en compétition officielle[9]. Julien Gester dans le journal Libération considère Laurence Anyways comme le plus beau film de Xavier Dolan[10].
Box office
Laurence Anyways réalise 104 872 entrées en France après trois semaines d'exploitation en salles[11]. Au Québec, il totalise 50 574 entrées (et des recettes de 374 979 $, hors taxes)[12].
Controverse
À l'occasion du Festival de Cannes 2012, Xavier Dolan s'est vu remettre la Queer Palm, un prix récompensant des films pour leur traitement des thématiques LGBTI+. Le jeune réalisateur a refusé ce prix, la percevant comme un marqueur d'exclusion.
« Que de tels prix existent me dégoûte. Quel progrès y a-t-il à décerner des récompenses aussi “ghettoïsantes”, aussi “ostracisantes”, qui clament que les films tournés par des gays sont des films gays ? On divise avec ces catégories. On fragmente le monde en petites communautés étanches. La Queer Palm, je ne suis pas allé la chercher. Ils veulent toujours me la remettre. Jamais ! L’homosexualité, il peut y en avoir dans mes films comme il peut ne pas y en avoir[13]. »
Ces propos confiés à Télérama en 2014 ont déclenché une polémique dans plusieurs médias internationaux. Selon le réalisateur, cette récompense impose une étiquette à Laurence Anyways qui est avant tout un film sur l'amour, la liberté et le progrès. Ainsi, pour la journaliste Odile Tremblay : « certains prétendent que la transsexualité serait le dernier tabou. Mais le vrai sujet du film ne serait-il pas plutôt la réinvention de l'amour après la transformation du genre ? Car si la thématique identitaire est encore présente chez Dolan, ce n'est pas le cas de la question homosexuelle[14]. » En ce sens, ce film soulèverait la question universelle du flottement de l'identité. Ce refus d'accepter la Queer Palm a pour but d'empêcher la catégorisation systématique des films gays et lesbiens.
En contrepartie, de nombreux membres de la communauté LGBT furent profondément choqués par les propos de Xavier Dolan. Romain Vallet, rédacteur en chef du mensuel lyonnais Hétéroclite, critique sur la forme l'opinion du réalisateur : « Est-il vraiment nécessaire de reprendre ainsi le vocabulaire des pires homophobes ? Qu'est-ce, au juste, qui justifierait une répulsion aussi viscérale ? »[15]
En , Xavier Dolan se rend sur le plateau d’On n'est pas couché, une émission diffusée par France 2 pour la promotion de Mommy. Questionné sur la polémique, il explique son point de vue sur la culture queer :
« En 2014, après des décennies de combats pour l'égalité, pour avoir davantage de droits, davantage de visibilité, davantage de liberté individuelle, qu'on nous reconnaisse comme une communauté, qu'on écrase ces tabous-là , qu'on démystifie des a priori, qu'on éduque les gens sur ce qu'est l'homosexualité ; je pense que de souligner, à grand trait de marqueur épais, les cinéastes qui — surtout pour un film comme J'ai tué ma mère, où on parle d'un personnage homosexuel de la même manière dont on parle d'un personnage qui serait défini par une religion, une race, quelque chose donc que moi je considère, cinématographiquement parlant, de secondaire. On parle ici de l'amour maternel, de l'amour filial. Ce n'est pas un film sur ce sujet. Et le fait que la Queer Palm existe pour récompenser des films de la communauté homosexuelle, je n'ai aucun problème avec ça. Ce qui moi me gêne, c'est qu'une autre communauté, qui chercherait à accéder à ce cinéma-là , qui pourrait être tentée, qui pourrait se dire curieuse d'en savoir plus, d'en découvrir, puisse trouver rédhibitoire une enseigne comme ça, un libellé, qui rive encore le clou, et qui dit : “film gay”, ou “film LGBT”, ou “film queer”. […] J'aimerais comprendre en ce moment en quoi une récompense comme ça aujourd'hui est utile. Ça m'énerve car je m'attaque à une communauté bienveillante. [Ces récompenses] renforcent la muraille autour de la communauté gay, elle empêche la communauté hétérosexuelle et les autres communautés, et pourquoi même parler de communauté ? […] C'est ça qui m'énerve[16]. »
Cette explication permet de comprendre que l'attribution de certains prix tend à séculariser les œuvres dites « marginales ». La volonté esthétique de Xavier Dolan est de dénoncer un isolement de la communauté LGBT.
Distinctions
RĂ©compenses
- Festival de Cannes 2012 :
- Prix d'interprétation féminine Un certain regard pour Suzanne Clément
- Queer Palm
- Festival du film de Cabourg 2012 :
- Festival international du film de Toronto 2012 : meilleur film canadien[18]
- Prix Écrans canadiens 2013 :
- Meilleurs maquillages
- Meilleurs costumes
- Prix collégial du cinéma québécois, 2013[19]
Nominations
- CĂ©sars 2013 : meilleur film Ă©tranger[20]
- Prix Écrans canadiens 2013 :
- Meilleur film
- Meilleur réalisateur pour Xavier Dolan
- Meilleur acteur pour Melvil Poupaud
- Meilleure actrice pour Suzanne Clément
- Meilleur scénario original pour Xavier Dolan
Notes et références
- Jacques Mandelbaum, « Laurence Anyways : variation transgenre sur la fatalité du couple », Le Monde,‎ , p. 19 (lire en ligne, consulté le )
- Pierre Lanquetin, « Laurence anyways : «On va faire ça ensemble» : errance langagière, errance identitaire », Séquences : la revue de cinéma, no 316,‎ , p. 41–43 (ISSN 0037-2412 et 1923-5100, lire en ligne, consulté le )
- webmestre@ledevoir.com (La Presse canadienne), « TIFF - Laurence Anyways de Xavier Dolan reçoit les grands honneurs », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Marc-André Lussier, « Laurence Anyways, meilleur film canadien au TIFF », sur lapresse.ca, (consulté le )
- Marc Cassivi, « Laurence Anyways: Dolan tourne », La Presse,‎ , CINEMA6 (lire en ligne)
- Dossier de presse : https://medias.unifrance.org/medias/219/45/77275/presse/laurence-anyways-dossier-de-presse-francais.pdf
- « Melvil Poupaud dans Laurence Anyways : « J'attendais ce grand rôle depuis longtemps » », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Olivier Père, « Cannes 2012 Day 4 : Paradies : Liebe d'Ulrich Seidl (Sélection officielle, en compétition) ; Laurence Anyways de Xavier Dolan (Sélection officielle, Un Certain Regard) », Blog d'Olivier Père,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Michel Frodon, « Cannes 2012: Beautés asiatiques et tornade québécoise », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Julien Gester, « Homme à femme », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Laurence Anyways » (consulté le ).
- « Banque de données Léo-Ernest-Ouimet », sur statistique.quebec.ca (consulté le )
- Sandrine Marques, « Polémique autour des propos de Xavier Dolan, « dégoûté » par les prix récompensant les films gays », Le Monde,‎ , p.12.
- Zoé Protat, « Ecce Homo », Ciné-Bulles, no 30,‎ , p.16-17 (ISSN 0820-8921, e-ISSN 1923-3221, lire en ligne)
- Romain Vallet, « Queer Palm: Les propos de Xavier Dolan sont consternants », sur www.yagg.fr, .
- Laurent Ruquier, « Xavier Dolan & Anne Dorval Mommy - On n'est pas couché 4 octobre 2014 #ONPC », sur www.youtube.com, France 2, .
- « Laurence Anyways doublement primé au Festival de Cabourg », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
- Odile Tremblay, « Le Festival de Toronto couronne Xavier Dolan : Laurence Anyways, meilleur film canadien », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
- « Prix collégial du cinéma québécois » (consulté le )
- « Laurence Anyways de Xavier Dolan est en nomination aux César », Le Devoir,‎ (lire en ligne, consulté le )
Liens externes
- (fr + en) Site officiel
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Cinémathèque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) BFI National Archive
- (en) British Film Institute
- (it) Cinematografo.it
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (en) Movie Review Query Engine
- (de) OFDb
- (en-CA + fr-CA) Office national du film du Canada
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Ressource relative Ă plusieurs domaines :
- (en) Metacritic