La Maison des femmes
Les Maisons des Femmes d'Ile-de-France sont des organisations à but non lucratif, toutes conçues dans le but de favoriser l’émancipation des femmes en leur proposant de l’aide, de l’écoute, et des soins adaptés à leurs besoins. Toutes sont engagées dans différents combats, souvent choisis selon les besoins spécifiques qui inhérent aux villes et départements dans lesquelles ces maisons sont installées. Tandis que la Maison des Femmes de Saint-Denis créée en 2016 s’est penchée sur l’accompagnement des victimes de mutilations sexuelles, la Maison des Femmes de Montreuil, ouverte en 2000 est très particulièrement engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Quant à la Maison des Femmes de Paris, étant la plus ancienne, elle s’est engagée dans la lutte générale pour l’émancipation des femmes, et c’est aujourd’hui la seule à proposer des accompagnements tels que l’apprentissage de la langue des signes française. La particularité de ces maisons réside dans l’approche pluridisciplinaire qu’elles apportent aux femmes. Elles proposent toutes un parcours d’aides adaptées à chaque besoin dans l’objectif de simplifier les démarches des femmes dans leurs reconstructions.
La Maison des Femmes de Paris
Création et naissance
La Maison Des Femmes de Paris[1] est une association féministe qui anime un espace de solidarité et d’initiative, pour les droits de toutes les femmes depuis plus de 30 ans. La Maison de Paris a vu le jour le 20 juillet 1981 dans le sillage du Mouvement de Libération des Femmes afin de rassembler des collectifs féministes encore épars à l’époque. C’est aujourd’hui une association loi de 1901, qui concentre des initiatives féministes solidaires et accueille des femmes victimes de violences sexistes. C’est un espace laïque et ouvert à toutes les femmes. Par ailleurs, tous les accompagnements et services proposés sont gratuits.
L’association a pour but de gérer et d’animer une Maison des Femmes, c'est un espace féministe, laïque et ouvert à toutes les femmes. Sa présidente actuelle est Claudie Lesselier[2],enseignante agrégée d’histoire et militante associative. Elle est notamment connue pour ses travaux sur l’histoire des mouvements des Femmes et notamment sur ceux impulsés par des femmes exilées, migrantes ou se réclamant de l’héritage de l’immigration. Par ailleurs, elle aussi reconnue pour son livre : L’extrême droite et les femmes : enjeux & actualités (1997)[3]
La Maison Des Femmes de Paris est la seule association féministe à proposer une permanence hebdomadaire d’écoute pour les femmes en langue des signes.
L’association est également rattachée au centre Hubertine Auclert[4], le centre francilien pour l’égalité femmes-hommes, organisme associé de la Région Ile-De-France qui a pour principaux objectifs la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre les violences faites aux femmes à travers notamment de l’Observatoire Régionale des Violences faites aux Femmes[5].
Emplacement de la structure
La Maison agit dans le département de Paris (75) elle se situe au cœur du 12e arrondissement. La Maison des Femmes de Paris accueille, conseille et accompagne des femmes à la recherche d’informations et d'un espace bienveillant et sécurisant dans lequel se confier et trouver de l’aide.
Missions
La Maison des Femmes de Paris possède des missions cruciales et indispensables au quotidien qui la rende essentielle dans le paysage francilien :
- Accompagnement de personnes victimes de violences
- Mode d'action artistique (projections vidéos/ateliers artistiques)
- Production de données/études/recherches
- Sensibilisation, information (évènements féministe/débats)
La Maison Des Femmes a pour mission d’assurer un appui auprès des structures associatives et syndicales ou auprès de tout individu porteur de projet en faveur de l’égalité femmes-hommes. Elle assure également une continuité pédagogique avec le suivi de l’éducation à l’égalité[6]. Le centre a aussi choisi d’accompagner toute structure ou personne désireuse de mettre en place une démarche en faveur de l’égalité filles-garçons dans le champ éducatif.
À l’invitation de la collectivité, le Centre intervient auprès des élu·es et des services pour sensibiliser aux enjeux des politiques locaux d’égalité femmes-hommes ou encore pour une présentation de la Charte européenne pour l’égalité femmes-hommes[7]dans la vie locale.
Depuis 2013, la Maison des Femmes de Paris possède également un rôle collaboratif avec l’Observatoire Régional Des Violences Faites aux Femmes.
Par ailleurs, les trois missions prioritaires pour l’Observatoire Régional des Violences faites aux Femmes (ORVF) sont:
- Renforcer la connaissance et l’expertise sur les violences faites aux femmes en Île-de-France, notamment à travers des formations.
- Mieux accompagner et protéger les femmes victimes de violences par la mise en réseau des actrices et des acteurs franciliens agissant dans ce champ
- Sensibiliser contre les violences faites aux femmes et identifier les outils existants.
Structure
La Maison des Femmes de Paris tout comme les autres Maisons des Femmes (MDF) d'Ile-de-France[8] permet aux femmes de recevoir une prise en charge complète. Elle fonctionne grâce aux interventions de différents professionnels qui proposent une prise en charge intégrale. La structure permet à ces femmes de retrouver au même endroit une prise en charge à la fois psychologique, médicale, sociale, juridique et économique à travers un soutien et un suivi total.
Équipe pluridisciplinaire
La Maison des Femmes de Paris fonctionne grâce à quelques salariés. Parallèlement à ces professionnels, il y a également des intervenants bénévoles
La Maison des Femmes compte :
- · 4 salariés à temps partiel
- · Des vacataires ponctuels au gré des permanences, groupes de parole et ateliers
- · De nombreux bénévoles (juristes, psychologues…)
Thèmes d’interventions
La Maison des Femmes de Paris propose des actions particulièrement riches et variées telles que des groupes de paroles contre les violences masculines faites aux femmes (coanimés par une écoutante et une psychologue féministe), des débats, des entretiens individuels et personnalisés, des campagnes d’affichage et de création de pancarte, une permanence d’accueil notamment une concernant l'emploi et surtout d’une permanence en Langue Des Signes (LSF).
Le public ciblé est essentiellement composé de femmes victimes de violences, de femmes en difficulté, en situation de précarité, en situation de handicap.
Actions principales
Les actions principales de la Maison des Femmes de Paris sont d’agir contre les violences faites aux femmes notamment grâce à des groupes de paroles et des Actions Femmes Emplois. Leurs actions sont les suivantes : deux sessions annuelles d'accompagnement pluridisciplinaire, deux journées des métiers hors genre, des permanences juridique et sociale à destination de femmes sourdes victimes de violences masculines, un accueil de jour, un primo-accueil et un espace inter-associatif. La Maison propose aussi des ateliers culturels de bien-être et artistique : événements, repas solidaires, spectacles, lectures, ateliers citoyenneté.
Champs d'intervention thématiques
- Accès à l'emploi et égalité professionnelle
- Accès aux droits, citoyenneté
- Déconstruction des stéréotypes de genre
- Égalité dans la sphère publique et sociale
- Élargissement des choix d'orientations et des choix professionnels
- Histoire des droits des femmes
- Prévention et lutte contre la lesbophobie, la biphobie et/ou la transphobie
- Prévention et lutte contre la prostitution
- Prévention et lutte contre le sexisme
- Prévention et lutte contre le viol
- Prévention et lutte contre les mariages forcés
- Prévention et lutte contre les mutilations sexuelles
- Prévention et lutte contre les violences au sein du couple
- Prévention et lutte contre les violences au travail
- Prévention et lutte contre les violences envers les filles et les jeunes femmes dans la famille
- Prévention et lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l'espace public
- Rapport au corps
- Santé, sexualité, IVG, contraception
Accueil
En 2018, c’est près de 328 femmes qui ont été accueillies par la Maison des Femmes qui n'avait jamais reçu un aussi grand nombre de femmes.
La Maison des Femmes de Paris est ouverte du Lundi au Vendredi de 12h à 19h selon les jours elle peut être ouverte en dehors de ces horaires pour les groupes de paroles, ateliers et réunions[9].
La Maison des Femmes de Paris accueille tout type de femmes. Selon des statistiques, les femmes qui sont le plus souvent accueillies sont celles qui font face à une situation de violence, des trentenaires, célibataires avec enfants.
Cependant la structure remarque que les profils se diversifient de plus en plus au fil des années. Elle reçoit régulièrement des femmes de plus de 60 ans mais aussi des mineur(e)s, des femmes en situation de mal-logement ou encore qui ont besoin de conseils juridiques (en cas de divorce ou de dépôt de plainte par exemple)[10].
Les ateliers organisés au sein de la structure ont principalement pour but d’aider des femmes sur des thématiques particulières comme l’autonomie ou encore le self défense. L'un des groupes de parole est également exclusivement réservé aux femmes entre 18 et 25 ans. De plus, La Maison propose des repas partagés tous les vendredis.
Actions
Les activités régulières proposées par la Maison des Femmes de Paris sont :
- Groupes de paroles contre les violences masculines faites aux femmes, coanimés par une écoutante et une psychologue féministe
- Accueil et permanence juridique et sociale en langue des signes française
- Permanence emploi en langue des signes française
- Permanence emploi
- Repas solidaire
- Atelier d’apprentissage de la langue des signes française
- Accueil et interprétariat en langue des signes
- Cybercafé
- Livres et journaux Ă consulter
- Cuisine Ă disposition
Évènements
Dans le cadre de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, la Maison des Femmes a organisé une rencontre avec Zahra Agsous, chargée de mission pour l'Action contre les violences faites aux femmes à la Maison des Femmes.
En 2019, la structure a également organisé une exposition « Traces, mémoires, histoire des luttes de femmes de l’immigration en France » à la Maison des Associations du 12e arrondissement.
À l’occasion de la Journée Internationale pour les Droits des Femmes, le 8 mars 2019, l’association a organisé un atelier « création de pancarte[9] » à l’occasion de La Marche pour les Droits des Femmes[11].
Financements et soutiens
La Ville de Paris est également l’un des partenaires et l’un des financeurs de La Maison des Femmes de Paris.
L’association est également rattachée au centre Hubertine Auclert, le centre francilien pour l’égalité femmes-hommes.
La Maison Des Femmes de Paris reçoit également le soutien de :
- Mairie de Paris
- RĂ©gion Ile-De-France
- Délégation régionale aux droits des femmes et à l’égalité
- Préfecture de la région d’Ile-De-France
- Préfecture de Paris
- La Fondation des Femmes
- Les dons de soutiens
- La Maison des Femmes de Saint-Denis
La Maison des Femmes de Saint-Denis
Création et Naissance
Née au Liban en 1959, Ghada Hatem-Gantzer fait ses études secondaires au Lycée Français de Beyrouth puis étudie la médecine à Paris et plus précisément à l'Hôpital Necker. En 2010, Ghada Hatem-Gantzer arrive à Saint- Denis (Seine-Saint-Denis, 93) et devient cheffe de la gynécologie-obstétrique. En 2014, elle pense à une solution pour venir en aide aux femmes vulnérables : la Maison des Femmes.
La Maison des Femmes de Saint-Denis a ouvert le 1er juin 2016 et est depuis ouverte tous les jours (hors week-end) de neuf heures à dix-sept heures. Elle dépend du centre hospitalier de Saint-Denis
Emplacement de la structure
Seine-Saint Denis
En Seine-Saint Denis “les difficultés sociales persistent” selon l'INSEE. En effet, son taux de pauvreté est le plus élevé de France Metropolitaine (INSEE,2017)[12]. De plus, selon l’Observatoire des violences envers les femmes, 36 000 habitantes du 93 de 15 à 59 ans ont déjà subi des violences conjugales[13].Bien que les violences conjugales n’aient aucun déterminant social, Ghada Hatem-Gantzer a découvert à Saint-Denis une patientèle difficile[14] vivant dans un environnement compliqué. Elle a notamment été confrontée à des récits migratoires d’une rare violence. La création d'un lieu pour écouter des femmes vulnérables s’est donc vite avéré indispensable.
De plus, la Maison des Femmes de Saint-Denis a la particularité d’offrir un large panel de soin aux femmes victimes de mutilations sexuelles. En effet, le département compte beaucoup de femmes issues de pays dans lesquels la tradition des mutilations sexuelles et notamment de l’excision subsiste encore. Selon Docteur Piet (cité dans un rapport du Sénat) “dans ce département 16% des femmes qui accouchent ont été mutilées !"[15]
Adossement Ă l'hĂ´pital
La Maison des Femmes est adossée à l'hôpital et ce choix a été réfléchi en termes de santé et de sécurité. Alors qu’aujourd’hui des soins sont pratiqués directement dans la maison, en 2016, tous les soins ne pouvaient pas être réalisés au sein même de la structure. Cette proximité est donc un avantage selon Ghada Hatem-Gantzer.
Missions
La Maison des Femmes lors de sa création, s’est distinguée en se voulant une structure unique en France : une structure qui accueillerait les femmes vulnérables et/ou victimes de violences en leur proposant un parcours global de soins adaptés à leur(s) problème(s). Selon Ghada Hatem-Gantzer “la maison a été pensée pour révéler tous les atouts qu'elles ont pour sortir des violences et se reconnecter avec elles mêmes."[16]
La structure s’articule en trois unités[17] :
- Unité de planification familiale
- Unité prise en charge des violences faites aux femmes
- Unité de mutilations sexuelles féminines
La Maison des Femmes de Saint-Denis a ainsi pour mission de proposer une prise en charge médicale de l’ensemble des situations auxquelles peuvent être confrontées les femmes. Les soignants de la structure s’attèlent donc à déterminer quels soins proposer à chaque femme : accompagnement psychologique, sexologique, social, juridique mais aussi des ateliers et groupes de paroles indispensables au bien être physique, mental et psychologique de ces femmes.
La mission de la Maison des Femmes de Saint-Denis réside aussi dans sa capacité à offrir aux femmes un accompagnement personnalisé et complet dans un même lieu. En effet, la concentration de tous les soins et du personnel dans un même endroit garantit aux femmes d’être au centre d’un parcours vers la reconstruction. Elles ne sont ainsi pas contraintes d’engager tous types de démarches qui ajouteraient un poids à leurs souffrances.
Équipe pluridisciplinaire
La Maison des Femmes de Saint-Denis compte 80[18] professionnels soignants et non-soignants ainsi que des bénévoles. Cette équipe est pluriprofessionnelle dans la mesure où les femmes peuvent bénéficier de tous les accompagnements possibles : médical, de justice, de bien-être, d’écoute. Le personnel de la Maison des Femmes de Saint-Denis est composé de :
- Des assistant(e)s social(e)s
- Des thérapeutes/psychologues
- Un(e) sexologue
- Des sages-femmes
- Conseillères conjugales et familiales
- MĂ©decins
- Infirmier(e)s
- Aide-soignante
- Secrétaires
- Chirurgiens
- Gynécologue
- Animatrices d'ateliers psychocorporels (artistes, sportifs…)
- Policière bénévole
- Ostéopathe
- Psychiatre
- PĂ©diatre
- Médecin légiste
- Agent de service hospitalier
- Agent d'accueil
- Shiatsu
- Kinésithérapeute
L’aspect pluriprofessionnel est au cœur du parcours proposé aux femmes vulnérables ou victimes de violences. Un seul professionnel ne pourrait en effet pas accompagner ces femmes dans l’ensemble de leur reconstruction. Ce réseau de professionnels permet à la fois aux femmes d’être aidées dans tous les domaines possibles mais aussi de se sentir épaulées et soutenues.
Unité de Centre de Planification familiale[19]
Responsable de l’Unité Planification familiale : Mélanie Horoks, médecin généraliste.
L’Unité de Centre de Planification Familiale est l’unité “mère” car toutes les autres unités de la structure ont été pensées en fonction de ce modèle. C’est un lieu de rencontre sociale, préventif, anonyme et gratuit. C’est largement un lieu d’écoute, d’orientation vers des solutions adaptées aux problématiques de chaque femme et un lieu encourageant l’épanouissement de la sexualité féminine.
Cette unité regroupe les professionnels suivants : médecins, conseillères conjugales, infirmières, aides-soignantes et assistantes sociales. Cette équipe pluridisciplinaire traite les questions liées à la contraception, les infections sexuellement transmissibles, les interruptions volontaires de grossesses, les dépistages mais aussi toutes questions inhérentes à la sexualité de la femme. Dans l’Unité de planification familiale, si une femme souhaite interrompre sa grossesse elle est en mesure de demander la méthode qu’elle veut (avec la consultation d’un professionnel de santé). Toutes les méthodes sont proposées et l’accompagnement à la fois physique et psychologique est pris en charge.
Unité de prise en charge des violences faites aux femmes[20]
Responsable de l’Unité de prise en charge des violences faites aux femmes : Mathilde Delespine, sage-femme.
L’unité d’accompagnement des violences faites aux femmes reçoit, écoute et accompagne les femmes victimes de violence(s) qu’elle(s) soi(en)t psychologique(s), physique(s), sexuelle(s), ou encore verbale(s). Les professionnels de cette unité accompagnent la femme dans différents domaines : psychologique, administratif, médical, social ou juridique. Depuis 2019, une permanence policière[21] permet aux victimes de porter plainte, ce qui leur évite d’aller au commissariat. L’unité fait en sorte que “les femmes victimes de violences (n’aient pas à ) faire le lien entre toutes les démarches et professions” (Mathilde Delespine). Tout l’accompagnement nécessaire est donc réunit dans cette unité qui accompagne la femme du début à la fin. Le but étant de positionner la femme au milieu des démarches pour qu’elle n’ai pas à porter ces poids et donc favoriser sa reconstruction, son émancipation et son estime d’elle-même et de son corps.
Unité mutilations sexuelles féminines[22]
Responsable de l’unité mutilations sexuelles féminines : Ghada Hatem-Gantzer : médecin-cheffe de la Maison des Femmes de Saint-Denis.
Cette unité apporte une réponse adaptée à chaque victime de mutilation sexuelle[23]. Cette unité draine des femmes vivant plus loin que le département de Seine-Saint Denis car elle offre un véritable parcours et pas qu’un soutien psychologique ou physique. L’unité et les professionnels qui y travaillent insistent d’abord sur la nécessité pour les victimes de parler de leurs mutilations sexuelles afin de répondre à leurs interrogations mais aussi afin de mettre des mots sur ces souffrances. L'intervention chirurgicale ne peut être pratiquée qu’après un accompagnement total de la victime dans tous les domaines. Et ce suivi est possible grâce au large pan de professionnels qui coordonnent chaque parcours de victimes et aussi grâce aux groupes de paroles et ateliers, notamment sur l’estime de soi et l’acceptation de son corps.
Accompagnement transversal : groupes de paroles et ateliers psychocorporels
Les groupes de paroles sont des accompagnements collectifs permettant aux femmes de partager leurs expériences et d’entendre des récits possiblement similaires aux leurs. Ainsi, les groupes de paroles ont pour but de faire accepter aux femmes l’idée qu’elles ne sont pas seules et peuvent les faire sortir de l’isolement. Ces groupes de paroles sont prescrits par les soignants.
En 2021, la structure compte 4 groupes de paroles mensuels capables d'accueillir 10 Ă 15 femmes :
- Groupe excision, animé par un chirurgien et un anthropologue
- Groupe violences conjugales, animé par une sage-femme et une conseillère conjugale
- Groupe violences sexuelles, animé par une sage-femme et une psychologue
- Groupe inceste, animé par une sage-femme et une psychologue
Les ateliers psychocorporels[24] sont aussi des outils thérapeutiques permettant aux femmes suivant un parcours de soin de lâcher prise, se détendre, améliorer l’estime d’elles-mêmes, se réapproprier leurs corps, etc. Ces ateliers font partie intégrante du parcours de soin et participent grandement à la reconstruction des femmes qui ont subi des violences.
En 2021, la structure en compte 7 :
- L’atelier « Réparer l’intime"[25], animé par l’illustratrice et créatrice de bijoux Clémentine du Pontavice et la photographe Louise Oligny
- L’atelier « Danse orientale », animé par Emmanuelle Rigaud, metteur en scène et chorégraphe
- L’atelier « Théâtre" [26] animé par Nadine Naous , metteur en scène et réalisatrice
- L’atelier « Karaté"[27]organisé par l’association Fight for Dignity
- L’atelier « Français» animé par une équipe de bénévoles
- L’atelier « Percussions » animé par Mélanie Therbault, psychologue clinicienne et art-thérapeute
- L’atelier « Beauté »
Financement de la structure
Le projet initial de la Maison des Femmes de Saint-Denis a coûté 950 000 euros[28]. Ce projet a été financé à la fois par des acteurs publics et des acteurs privés.
Aujourd’hui encore, la structure vit grâce à des subventions institutionnelles et des dons privés. Depuis début 2021, la Maison des Femmes a lancé le collectif Re#Start[29] pour se dupliquer. C’est un partenariat public/privé entre Elisabeth Moreno et François-Henri Pinault
Subventions institutionnelles
Pour faire naître la Maison des Femmes, l’Etat, la Région Ile-de-France et les collectivités départementales et municipales ont financé ⅔[30]du projet (377 000[31] euros versés par la Région Ile-de-France).
Aujourd’hui, la Maison des Femmes reçoit aussi le soutien financier de l’Agence Régionale de la Santé,Ghada Hatem-Gantzer et ses équipes s’investissent aussi dans un travail de lobbying auprès des acteurs publics[16] et notamment auprès du gouvernement pour obtenir une mission d'intérêt général qui avait été évoquée le 25 novembre 2019 dans l’article 11 des recommandations du Grenelle contre les violences conjugales[32].
Fonds publics et privés
Le projet a aussi été financé par des fondations d’entreprises comme la Fondation Kering, la Fondation Elle, Sanofi ou encore Bouygues Construction.
Aujourd’hui la Maison des Femmes de Saint-Denis compte 19 partenaires privés[33] qui la soutiennent économiquement. Les campagnes de crowdfunding[34]et les appels aux dons[35] ont aussi permis à la structure de voir le jour. Ces types de dons privés permettent toujours à l’entreprise d’être en partie financée et témoignent du soutien de chaque citoyen, donateurs, et donatrices. Depuis peu, la Maison des Femmes de Saint-Denis a créé la fondation éponyme[36] lui permettant ainsi de lever des fonds privés. L’association vient en aide aux femmes vulnérables et est reconnue d’utilité publique.
Le rĂ´le des soutiens et communication de la structure
Depuis son ouverture en 2016, la Maison des Femmes de Saint-Denis est parrainée par la chanteuse Inna Modja[37] qui a elle-même été victime d’excision et est maintenant pleinement reconstruite. Ce parrainage offre une plus grande visibilité à la Maison et augmente le nombre potentiel de dons.
En 2016, Inna Modja et d’autres artistes comme Brigitte, Iman ou encore Olivia Ruiz ont organisé un concert[38] permettant de récolter des dons pour aider la Maison des Femmes de Saint-Denis.
La Maison des Femmes de Saint-Denis est aussi très active sur les réseaux sociaux. Elle compte en mars 2021, 25 000 abonnés sur Instagram. Cette “popularité” lui permet de faire entendre sa voix, ses luttes mais surtout ses actions et ainsi de récolter des dons et le soutien de personnalités influentes.
En mars 2020, Oxmo Puccino cède les droits de sa chanson “Tendrement"[39] à la Maison des Femmes de Saint-Denis, une occasion pour la structure d’accroître sa visibilité et ses chances de recevoir des dons.
En décembre 2020, 22 personnalités telles que Alexandra Lamy, Natoo, Philippe Katerine, Lucien Jean-Baptiste ou encore Jeanne Damas appellent aux dons via les réseaux sociaux, dans le but de dupliquer le modèle de la Maison des Femmes de Saint-Denis.
La Maison des Femmes de Montreuil
Origines
Création et naissance
Thérèse Clerc est née en 1927 à Paris et morte en 2016 à Montreuil. C’est une militante féministe française. Elle fait partie du Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception. Elle se distingue par son titre de Chevalière de la Légion d’honneur, décerné en 2008. Thérèse Clerc a réalisé dans les années 1960-70 des avortements clandestins gratuits. Elle a pratiqué cette activité dans son appartement à Montreuil en Seine-Saint Denis. Elle fonde la Maison des Femmes de Montreuil en 2000.
Direction actuelle
Actuellement la Maison des Femmes de Montreuil est tenue par la présidente Roselyne Rollier et la directrice Isabelle Colet.
Missions
La Maison des Femmes Thérèse Clerc Montreuil lutte contre les violences faites aux femmes et parallèlement, pour l’accès à leurs droits. Effectivement celle-ci s’inscrit dans une action pluridisciplinaire en alliant prévention, sensibilisation, lutte, accueil, soutien et soins aux victimes, éducation/enseignement aux adhérents de la structure. L’implication collective aux pratiques féministes est largement sollicitée au sein de la structure. La Maison des Femmes de Montreuil est engagée, ses actions sont multiples et variées.
La Maison des Femmes inscrit sa démarche et ses actions dans une large temporalité, effectivement leurs actions sont projetées dans le passé, présent et futur. C’est un espace qui vise à prendre en charge les femmes victimes de violences, mais c’est également un espace qui encourage l’expression féminine et féministe. L’émancipation des femmes anime la structure. Leur démarche est en effet initialement politique et féministe.
Accueil
La structure est accueillante afin que les adhérentes perçoivent dans le local (situé dans le centre-ville de Montreuil (93) dans le département de Seine-Saint Denis) un lieu propice à leur bien-être. Leur aide s’adresse à toutes les femmes dans le besoin sans distinction de classe sociale ou d’âge.
Thèmes d’intervention
La Maison des Femmes de Montreuil tout comme les autres Maisons des Femmes (MDF) d'Ile-de-France permettent aux femmes de recevoir une prise en charge complète.
La Maison des Femmes s'inscrit dans un champ d’intervention pluridisciplinaire. Effectivement les thématiques d’intervention sont multiples : accès à l’emploi et à l'égalité professionnelle, accès aux droits, citoyenneté, élargissement des choix d’orientations et des choix professionnels, santé, sexualité, IVG, contraceptions. La Maison des Femmes de Montreuil s’est spécialisée dans les violences faites aux femmes.
Actions
Les actions sont particulièrement riches et variées. On compte parmi les démarches des ateliers, des festivals, la création de podcasts, des groupes de paroles, des débats, des entretiens individuels et personnalisés, des campagnes d’affichage avec notamment la campagne « Montreuil féministe ». La Maison des Femmes de Montreuil est également active sur Internet et les réseaux sociaux grâce auxquels elle élargit sa visibilité.
Tout comme les autres Maisons des Femmes, celle de Montreuil fonctionne grâce à différents professionnels. La prise en charge est intégrale. La structure incarne un lieu dans lequel le soutien est complet. Les femmes peuvent retrouver au même endroit une prise en charge psychologique, médicale, sociale, juridique, économique.
On retrouve de nombreux professionnels dont des avocats, juristes, psychologues et conseillers conjugaux formés à la victimologie. La réunion de tous ces professionnels permet aux femmes victimes de violences d'accélérer leur prise en charge, celle-ci initialement longue et complexe. Effectivement, Isabelle Colet expose que : "Cela tourne en général autour de 3 ans pour commencer à sortir des violences : ici sur la plateforme nous évaluons ce délai à 15 mois"[40].
La Maison des Femmes de Montreuil fonctionne de la façon suivante : quelques salariés et des bénévoles. Parallèlement à ces professionnels, il existe des intervenants bénévoles[41].
Événements illustratifs de leurs actions
La maison de Montreuil a organisé, le 29 novembre dernier, un événement autour du contrôle des corps par les vêtements. Il s’agit d’un podcast / live Instagram, imaginé comme l’un de leurs « RDV corps en lutte », durant lequel différentes intervenantes participent : une historienne de la mode et fondatrice d’une marque de vêtements « Mélo Rétro », une spécialiste en droit pénal, une militante pour « l’empowerement » de la femme ou encore une étudiante prête à témoigner.
La Maison de Montreuil a également organisé le samedi 12 décembre, de 10 à 20h, dans le cadre des « RDV corps en lutte », une collecte solidaire de protections périodiques et de produits d’hygiène dans le magasin bio « Biocoop ».
Financements et soutiens
La Maison des Femmes de Montreuil est soutenue et financée par différents acteurs[42] :
- La RĂ©gion ĂŽle-de-France
- Le département de Seine-Saint Denis
- La préfecture de Seine-Saint Denis
- La ville de Montreuil
- Le Fonds Interministériel de prévention de la délinquance (FIPD)
- La Fondation des Femmes
- Le Commissariat Général à l’égalité des Territoires
Elle bénéficie parallèlement aux soutiens suivants, de multiples partenariats. Parmi ceux-ci on peut recenser notamment l’Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (l’AVFT), la Fédération GAMS, le Mouvement du Nid, Voix d’elles Rebelles, le Comité contre l’esclavage moderne.
La Maison des Femmes de Montreuil reçoit des soutiens via des dons sur Internet sur Hello Asso sur laquelle on retrouve leur association en ligne. Le soutien s’opère également par la vente de Tote bags notamment. La logique de don est cruciale pour cette association. Effectivement la Maison des Femmes Thérèse Clerc comme de nombreuses associations souffrent de gros manques de moyens financiers[43].
Projet Ă venir
Maison des Femmes de Nanterre
Le projet de la Maison des Femmes de Nanterre s’inspire de celle de Saint-Denis : des équipes professionnelles sont mises au point avec l’aide de l’hôpital Max Fourestier, des associations féministes et d’accès au droit des femmes sollicitées (entre autres l’AFED 92 et le CIDFF 92, le Mouvement du Nid ou encore le Planning familial) et enfin des institutions comme les services de la ville ou les services de police nationale et l’Agence régionale de santé (ARS). La première réunion de ce collectif s’est tenue le 8 mars 2021. La première réunion publique, elle, aura lieu courant avril 2021.
Références
- « Maison des femmes de Paris | Centre Hubertine Auclert », sur m.centre-hubertine-auclert.fr (consulté le )
- « Lesselier Claudie · MUSEA », sur musea.fr (consulté le )
- Fiammetta Venner, Claudie Lesselier, L'extrêmes droite et les femmes : enjeux et actualités, Golias, , p. 299
- « Centre Hubertine Auclert | Centre francilien pour l'égalité femmes-hommes », sur www.centre-hubertine-auclert.fr (consulté le )
- « Observatoire régional des violences faites aux femmes | Centre Hubertine Auclert », sur www.centre-hubertine-auclert.fr (consulté le )
- « Égalité entre les filles et les garçons », sur Ministère de l'Education Nationale de la Jeunesse et des Sports (consulté le )
- « Charte européenne pour l'égalité des femmes et des hommes dans la vie locale - Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes », sur www.haut-conseil-egalite.gouv.fr (consulté le )
- « "Pour lutter contre les violences, il faut des Maisons des femmes dans toute la France" », sur L'Obs (consulté le )
- « Maison des femmes de Paris », sur Maison des femmes de Paris (consulté le )
- « Connaissez-vous la Maison des Femmes de Paris ? », sur www.paris.fr (consulté le )
- « Droits des femmes : des milliers de personnes manifestent à Paris, Madrid, Berlin ou Istanbul », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « La pauvreté dans les départements », sur Observatoire des inégalités (consulté le )
- « Reportage à la Maison des femmes de Saint-Denis, un lieu où les patientes vulnérables “se sentent autorisées à parler” », sur Les Inrockuptibles, (consulté le )
- « Ghada Hatem, fondatrice de La Maison des femmes » (consulté le )
- « Mutilations sexuelles féminines : une menace toujours présente, une mobilisation à renforcer », sur www.senat.fr (consulté le )
- « Déconfinement : urgence pour les femmes victimes de violences | Le Média », sur www.lemediatv.fr (consulté le )
- « A Saint-Denis, une maison pour accompagner les femmes », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Notre équipe | La Maison des femmes de Saint-Denis », sur La Maison des Femmes (consulté le )
- « Planning Familial & IVG | La Maison des femmes de Saint-Denis », sur La Maison des Femmes (consulté le )
- « Unité Violences faites aux femmes | La Maison des femmes de Saint-Denis », sur La Maison des Femmes (consulté le )
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