Thérèse Clerc
Thérèse Clerc, née le à Paris 18e et morte le à Montreuil (Seine-Saint-Denis), est une militante féministe française.
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(à 88 ans) Montreuil |
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Thérèse Simone Marguerite Clerc |
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Montreuil (à partir de ) |
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Militante pour les droits des femmes |
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Membre du Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC) au tournant de mai 68, elle pratique des avortements clandestins gratuitement dans son appartement de Montreuil (Seine-Saint-Denis), où elle s'est installée au milieu des années 1970. Elle y fonde notamment la « Maison des femmes » (2000), puis une « Maison des Babayagas », un centre autogéré pour femmes âgées.
Biographie
Rencontre avec les prêtres-ouvriers
Issue de la petite bourgeoisie parisienne, Thérèse Clerc passe son enfance à Bagnolet[1]. Son père travaille au Pari mutuel urbain[1].
Elle apprend le métier de modiste, et se marie, en 1947 avec un petit entrepreneur en nettoyage industriel[1]. Femme au foyer, elle a quatre enfants. Catholique, elle vend l’hebdomadaire Témoignage chrétien et rencontre des prêtres ouvriers revenus de leur service militaire en Algérie[1] - [2]. « J'ai rencontré Marx à l'église de la rue de Charonne », raconte-t-elle ainsi[2]. Toutefois, la position de l'Église quant aux femmes l'éloigne de celle-ci[1], bien qu'elle ne s'affirme pas, à la fin de sa vie, franchement athée, mais plutôt agnostique voire peut-être croyante (Dieu est « une interrogation car il n'est pas démontrable. Dieu n'est crédible que dans le doute, ça m'amuse », déclare-t-elle ainsi[1]).
Les années 1960-1970
Devenue vendeuse dans un grand magasin, elle milite au Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC) après avoir manifesté contre les guerres d'Indochine et d'Algérie[2], mais elle « rate » Mai 68[2]. En 1969, elle divorce et s'achète un petit appartement à Montreuil en 1974[2]. Surnommée « Thérèse de Montreuil »[3], elle pratique des avortements clandestins sur la table de son salon à Montreuil[1] - [2] jusqu'à la promulgation, en , de la loi Veil[2]. Elle milite aussi au Mouvement de la paix ou encore au Parti socialiste unifié (PSU)[4].
Les années 1980-1990
En 1990, elle signe l'« Appel des 75 » contre la guerre du Golfe[5].
Militante à Montreuil
Thérèse Clerc fonde en 2000, à Montreuil, la « Maison des femmes »[2] - [6], ouverte aux femmes victimes de violence, en insertion ou réinsertion. Parallèlement, alors qu'elle doit s'occuper de sa mère grabataire, elle décide de fonder un lieu autogéré pour « vieillir ensemble en citoyens indépendants, libres et utiles »[2]: le projet, commencé en 1999, manque d'aboutir en 2007 après une rencontre improbable avec la ministre du Logement Christine Boutin (droite catholique)[2], qui débloque les fonds nécessaires[2]. Cela mène ainsi au projet de création de la « Maison des Babayagas », du nom des sorcières russes[7]. Mais, à la dernière minute, le conseil général de Seine Saint-Denis annule sa participation[1], au motif que le projet, réservé aux femmes, serait « discriminant »[1]. Il est relancé en 2009 par la mairie de Montreuil et l'office HLM de la ville et ouvre finalement fin 2012[8]. En 2015 un lieu spécifique a été construit, rue de la Convention, pour le site[9].
Elle a également créé l’université des savoirs sur la vieillesse (Unisavie)[10].
Thérèse Clerc apparaît dans le film documentaire de Sébastien Lifshitz, Les Invisibles, sorti en 2012. Elle y souligne l'intolérance de la société française à l'encontre des homosexuels durant les années 1960, époque où l'homosexualité était considérée comme un « fléau social ». À la fin de sa vie, elle évoquait ouvertement son homosexualité, ayant entretenu des relations jusqu'à un âge avancé[2] - [1]. Sébastien Lifshitz tourne également un film sur les dernières semaines de sa vie, Les Vies de Thérèse[11], selon ses vœux, dans une volonté de désacraliser le tabou autour du corps mourant[12] - [13].
Fin de vie
Atteinte d'un cancer, Thérèse Clerc meurt chez elle à Montreuil, le [10] entourée de ses enfants. Thérèse Clerc est enterrée au cimetière du Père-Lachaise. Sa famille organise des funérailles discrètes dans l'intimité[14].
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur (2008) Elle avait refusé la distinction au début des années 2000[1]. Elle est décorée au palais Bourbon par l'historienne du féminisme Michelle Perrot, en présence de Simone Veil[15].
- Officier de l'ordre national du Mérite (2014)
Notes et références
- Jacky Durand, « Flamme forte », in Libération, 11 juin 2008
- Isabelle Rey-Lefebvre, Mort de la militante féministe Thérèse Clerc, in Le Monde, éd. papier 18 février 2016, éd. Internet 16 février.
- Marjorie Corcier, « Les deux vies de Thérèse », in Le Parisien, 8 décembre 2007.
- Thierry Pastorello, « Être libre avec les autres : Thérèse Clerc, féministe et progressiste », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 131, , p. 169–172 (ISSN 1271-6669, DOI 10.4000/chrhc.5179, lire en ligne, consulté le )
- « Denis Langlois, écrivain, avocat. », sur denis-langlois.fr (consulté le ).
- Le 15 janvier 2016, la Maison des Femmes a été baptisée « Maison des Femmes Thérèse Clerc ».
- Anne Denis, « Les Babayagas, la silver solidarité au quotidien », in Libération, 2 février 2014.
- La maison des Babayagas par Thérèse Clerc sur le site d'Arte Générations solidaires.
- Le projet architectural sur le site La Maison des Babayagas, 9 août 2015.
- AFP, « La militante féministe Thérèse Clerc est morte à 88 ans », in huffingtonpost.fr, 16 février 2016.
- Jean-Marc Lalanne, « “Les Vies de Thérèse” : Sébastien Lifshitz filme les derniers jours de la militante féministe Thérèse Clerc », Les Inrocks, (lire en ligne, consulté le ).
- Anaëlle Verzaux et Elisabeth Svhneider, « Thérèse Clerc, les derniers jours | Reportages », Là-bas si j'y suis, (lire en ligne, consulté le ).
- Johanna Luyssen, « Thérèse Clerc, lutte finale », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Montreuil : la Maison des femmes rend hommage à Thérèse Clerc », leparisien.fr, 2016-02-17cet19:20:00+01:00 (lire en ligne, consulté le ).
- « Thérèse Clerc reçoit la Légion d’honneur », in Le Parisien, 11 juin 2008.
Voir aussi
Archives
- La bibliothèque Marguerite-Durand (13e arrondissement de Paris) conserve un fonds d'archives consacré à Thérèse Clerc. « Fonds Thérèse Clerc », sur Catalogue collectif de France (consulté le ).
Bibliographie
- Danielle Michel-Chich, Thérèse Clerc, Antigone aux cheveux blancs, Éditions des femmes, 2007 (ISBN 978-2721005724)
- Jacky Durand, « Flamme forte », Libération,
- Pénélope Bagieu, « Thérèse Clerc, utopiste réaliste », dans Culottées 2 - Des femmes qui ne font que ce qu'elles veulent, Gallimard, (ISBN 9782075079846) (bande dessinée)
Vidéogrammes
- Julie Chouteau, Thérèse Clerc, le troisième âge du féminisme, réalisé pour l’Institut français de presse, 2012
- Jean-Marc La Rocca, « Nous vieillirons ensemble, la saga des Babayagas », 52 min, Agat Films/Ex Nihilo, 2013
- Ilona Kalmbach, Sabine Jainski, Le meilleur est à venir. Parlez-moi d’amour, 52 min, WDR, Arte, 2015
- Sébastien Lifshitz, Les Vies de Thérèse, 52 min, 2016 « Les Vies de Thérèse » : un portrait plein de vie d’une mourante sur lemonde.fr.
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à la bande dessinée :
- (en) Comic Vine
- Thérèse Clerc sur le site de France Inter
- Thérèse Clerc, invitée de Laure Adler dans l'émission de France Culture Hors-champs du (43 min) [audio] [MP3]
- Thérèse Clerc, utopiste réaliste, du blog « Les Culottées » de Pénélope Bagieu