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L'Aube du monde

L'Aube du monde est un film dramatique produit en 2008 et réalisé par le cinéaste franco-irakien Abbas Fahdel.

L'Aube du monde

RĂ©alisation Abbas Fahdel
Scénario Abbas Fahdel
Acteurs principaux

Hafsia Herzi
Hiam Abbass
Karim Saleh
Sayed Ragab
Waleed Abou El Magd
Mahmoud Nagui

Sociétés de production ADR Productions
27 Films Production
Pays de production Drapeau de la France France
Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Drapeau de l'Irak Irak
Genre Drame
Durée 95 minutes
Sortie 2009

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Avant de mourir, un jeune soldat irakien fait promettre à un membre de son unité d'aller trouver son épouse et de se marier avec elle.

À 10 ans, Zahra, fillette d'un village du Sud de l'Irak, offre son miroir fĂ©tiche Ă  son cousin Mastour, qui promet de l'Ă©pouser quand ils seront adultes et de fuir le service militaire pour rester auprĂšs d'elle. Sept ans plus tard, les deux jeunes gens vivent leur nuit de noces mais Zahra, craintive, repousse son mari. Quand une patrouille de l'armĂ©e de Saddam Hussein arrive pour recruter des soldats pour la guerre du Golfe, Mastour doit partir, alors que le mariage n'a pas Ă©tĂ© consommĂ©. Plus tard, son unitĂ© est dĂ©cimĂ©e et il se retrouve Ă  errer dans le dĂ©sert avec Riad, un de ses coĂ©quipiers. Lorsqu'il saute sur une mine, il remet le miroir Ă  Riad, Ă  qui il demande de rejoindre Zahra et de l'Ă©pouser...

Toile de fond historique

Le film a pour toile de fond historique la guerre Iran-Irak, la guerre du Golfe (1990-1991), l'Insurrection en Irak de 1991 et la rĂ©pression qui s'en Ă©tait suivie Ă  l'encontre notamment des Arabes des marais. QualifiĂ©e de gĂ©nocide, cette rĂ©pression faisait partie des actes d’accusations dont Saddam Hussein devait rĂ©pondre devant le Tribunal spĂ©cial irakien.

Cadre géographique

Le film a pour cadre gĂ©ographique la rĂ©gion des grands marais du delta du Tigre et de l’Euphrate, oĂč se situait selon la lĂ©gende le Jardin d'Éden biblique. C’est dans ce paysage d'aube du monde que vivent les Arabes des marais, de la mĂȘme façon aujourd’hui qu’il y a 5 000 ans. C’est lĂ  aussi que se sont rĂ©fugiĂ©s les vaincus des batailles Ă©piques qui ont marquĂ© l’histoire de la MĂ©sopotamie depuis Sumer et Babylone, et plus rĂ©cemment les milliers de dĂ©serteurs irakiens de la guerre Iran-Irak et les survivants de l'insurrection en Irak de 1991. Pour faire disparaitre de la carte ce sanctuaire difficile Ă  contrĂŽler, Saddam Hussein avait ordonnĂ© d'assĂ©cher les marais, provoquant un dĂ©sastre Ă©cologique qui sera qualifiĂ© par Klaus Töpfer (directeur exĂ©cutif du Programme des Nations unies pour l'environnement) de « catastrophe environnementale majeure qui restera dans la mĂ©moire de l'humanitĂ© comme l'un des pires dĂ©sastres environnementaux orchestrĂ©s par l'homme.»

Références mythologiques

L'action du film se dĂ©roule principalement dans le delta du Tigre et de l'Euphrate, rĂ©gion oĂč, selon le Livre de la GenĂšse, se trouvait le lĂ©gendaire Jardin d'Éden. Ce pays "entre deux fleuves" (MĂ©sopotamie) est aussi celui oĂč naquit le mythe du DĂ©luge, relatĂ© dans le PoĂšme du Supersage (XVIIIe siĂšcle av. J.-C.) et dans l'ÉpopĂ©e de Gilgamesh (1200 av. J.-C.) avant d'ĂȘtre repris dans la Bible et le Coran. Le "Supersage" du mythe, qui deviendra NoĂ© dans la Bible et Noh dans le Coran, est Ă©voquĂ© dans L'Aube du monde au travers du personnage du vieux sage Hadji Noh (PĂšlerin NoĂ© en arabe). On peut aussi voir en Riad et Zahra, les deux protagonistes survivants dans les vestiges dĂ©vastĂ©s du Jardin d'Éden, comme l’incarnation des figures mythiques d’Adam et Ève : les Adam et Eve d'un monde post-apocalyptique.

Références littéraires et cinématographiques

Le cinĂ©aste reconnait s'ĂȘtre inspirĂ© partiellement d'Au cƓur des tĂ©nĂšbres, le roman de Joseph Conrad.

Ayant exercĂ© le mĂ©tier de critique de cinĂ©ma, le rĂ©alisateur explique aussi dans un entretien en quoi l’approche thĂ©orique du cinĂ©ma a pu influencer son travail de cinĂ©aste : "L’approche thĂ©orique forge le goĂ»t et apprend Ă  se poser la question du « point de vue », considĂ©rĂ©e tant sous l’angle Ă©thique qu’esthĂ©tique. Pendant le tournage de L’Aube du monde, j’avais sur moi une copie du dĂ©coupage illustrĂ©e par des photos tirĂ©es des films de Kenji Mizoguchi, AndreĂŻ Tarkovski, Ingmar Bergman et quelques autres rĂ©alisateurs dont l'Ɠuvre exprime une idĂ©e du monde en mĂȘme temps qu’une idĂ©e du cinĂ©ma. Je me servais de ces photos comme rĂ©fĂ©rences et elles ont facilitĂ© mon dialogue avec le chef opĂ©rateur et le chef-dĂ©corateur."

Les personnages

  • Zahra (Hafsia Herzi) : 16 ans. Enfant des marais, elle incarne l’innocence bafouĂ©e en temps de guerre. Jeune veuve Ă  peine mariĂ©e, elle se voit vivre avec les souvenirs et les regrets, mais sa rencontre avec Riad va tout changer.
  • Riad (Karim Saleh) : 25 ans, originaire de Bagdad. Survivant de la guerre du Golfe, il semble condamnĂ© Ă  vivre au sein de l'incomprĂ©hensible, avec son dĂ©goĂ»t impuissant et son dĂ©sir de fuir. Mais sa rencontre avec Zahra va lui redonner le goĂ»t de vivre et d’espĂ©rer.
  • Mastour (Waleed Abou El Magd) : 18 ans. NaĂŻf et innocent, il a toujours vĂ©cu dans les marais, jusqu’à ce que les Ă©missaires du gouvernement viennent l’y chercher pour l’envoyer Ă  la guerre. Dans l’armĂ©e, il se lie avec Riad au point de lui confier la mission de protĂ©ger sa femme Zahra aprĂšs sa mort.
  • La mĂšre de Mastour (Hiam Abbass) : 40-45 ans. Une belle femme Ă  la forte personnalitĂ© qui, Ă  la suite de la perte de son fils unique, vacille et perd presque la raison. Par affection pour sa belle-fille Zahra, elle semble prĂȘte Ă  laisser l'Ă©tranger Riad prendre la place de son fils dĂ©funt.
  • Hadji Noh (Sayed Ragab) : avec son nom biblique (Hadji Noh : pĂšlerin NoĂ© en arabe), il incarne la sagesse. MalgrĂ© son Ăąge avancĂ©, c’est encore un solide gaillard auprĂšs de qui Riad trouve soutien et conseil.
  • Zingi (Mahmoud Nagui) : 20 ans, ami d’enfance de Mastour. DĂ©serteur en rĂ©bellion contre les autoritĂ©s, il est une sorte de Robin des Bois des marais, fruste et courageux Ă  la fois.

Le scénario

La musique

Autour du film

Le réalisateur Abbas Fahdel sur le tournage de L'Aube du monde

Fiche technique

Distribution

Distinctions

RĂ©compenses

SĂ©lections officielles

Critiques dans la presse

  • « L'Aube du monde est une vraie surprise. Un film qui semble venir de loin, signĂ© par Abbas Fahdel, un rĂ©alisateur nĂ© en Irak, qui a fait ses Ă©tudes en France et qui a dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© deux documentaires. Il a aussi Ă©tĂ© critique avant de devenir cinĂ©aste et cela se voit : il cadre avec soin, varie les points de vue, procĂšde par mĂ©taphores. Sa fable moderne dĂ©crit le sort malheureux des Arabes du marais, mais puise aussi dans la mythologie. La guerre, la malĂ©diction, les traditions sont, ici, autant de barrages qui empĂȘchent Riad d'ĂȘtre fidĂšle Ă  sa promesse. Servi par une photographie splendide, le film emprunte des dĂ©tours sinueux, oscille entre espoir et dĂ©solation, et s'approche de la fantasmagorie. Jusqu'Ă  finir par la vision hallucinante d'une cohorte de survivants hagards et abandonnĂ©s, possible tableau d'un lendemain d'apocalypse. » Jacques Morice, TĂ©lĂ©rama, 30 mai 2009.
  • « Loin de l’exotisme ou du folklore, la musique composĂ©e par l’Allemand JĂŒrgen Knieper, compositeur fĂ©tiche de Wim Wenders, achĂšve de faire de L’Aube du monde une expĂ©rience sensorielle. Fahdel lĂšve avec cette histoire d’amour postapocalyptique le voile sur un territoire inconnu mais dĂ©jĂ  disparu, effacĂ© par la brutalitĂ© du monde moderne. » AurĂ©lia Hillaire, LibĂ©ration, 27 mai 2009.
  • « Pour son premier film, Abbas Fahdel frappe fort. Sa camĂ©ra est comme la plume d’un poĂšte dĂ©senchantĂ© cueillant la beautĂ© avant qu’elle ne se fasse faucher. Nombre de scĂšnes sont Ă  la lisiĂšre du poĂ©tique et du fantastique, telles ces dĂ©ambulations superbes dans le delta du Tigre et de l’Euphrate (emplacement supposĂ© du jardin d’Eden), ou cette dĂ©ambulation effrayante de Mastour et Riad, perdus dans le dĂ©sert et suivant tels des zombies un sentier bordĂ© de cadavres Ă  moitiĂ© ensevelis sous le sable. (...) Tout est au diapason dans ce film, Ă  commencer par les dialogues, simples, sans un mot de trop, intenses, la photographie magnifique de Gille Porte ou encore la musique minimaliste mais envoĂ»tante de JĂŒrgen Knieper. Les costumes et les dĂ©cors de Hussein Baydoun achĂšvent d’installer cette atmosphĂšre poĂ©tique et rĂ©aliste propre au film, et propice au dĂ©veloppement de l’un de ses thĂšmes principaux, Ă  savoir le morcellement des corps, des familles et des peuples qu’induit la guerre. Par petites touches, Abbas Fahdel montre des corps rĂ©duits Ă  une seule partie de leur anatomie, des familles dĂ©cimĂ©es et le village de Zahra se dĂ©liter peu Ă  peu jusqu’à n’ĂȘtre habitĂ© que par deux veuves sombrant dans la folie. L’Aube du monde est alors un rĂ©quisitoire magnifique et dĂ©solant contre la guerre : l’aube d’un jour nouveau fait toujours suite au crĂ©puscule d’un jour mort. » Morgan Le Moullac, CinĂ©ma.evous.
  • « Fadhel modifie intelligemment le territoire sonore de son mĂ©trage − jusqu’alors baignĂ© dans la quiĂ©tude − en le contaminant par des bruits d’hĂ©licoptĂšres et par le souffle d’un vent aux sonoritĂ©s morbides. La guerre et le totalitarisme ne sont pas montrĂ©s ; ils sont esquissĂ©s par quelques sons, des cadavres et une photo d’Hussein qui en dit plus que de longues sĂ©quences explicatives. Belle Ă©conomie de moyen au service du rĂ©cit. Les acteurs sont utilisĂ©s comme des figures spectrales, vĂ©ritables corps rĂ©ceptacles sur lesquels reflĂštent les malheurs d’un peuple. (...) La force du film rĂ©side surtout dans sa symbolique magnifiĂ©e par la belle composition des plans Ă  l’aspect onirique et rĂȘvĂ© (la photographie relĂšve d’une intĂ©ressante poĂ©sie crĂ©pusculaire). Fadhel joue sur l’opposition entre terre et eau, entre ville et nature, les marais Ă©tant reprĂ©sentĂ©s comme une oasis menacĂ©e par l’arrivĂ©e des bateaux militaires irakiens. L’environnement naturel est filmĂ© dans un style tarkovskien avec des sĂ©quences qui insistent sur la puissance de l’élĂ©ment eau. InspirĂ© par le cinĂ©ma de la modernitĂ©, Fadhel use Ă©galement de plans Ă  la Ozu, sorte de blocs de temps en forme d’interludes, qui permettent de souligner le caractĂšre calme et rĂȘvĂ© de lieux naturels considĂ©rĂ©s comme le jardin d’Eden par la Bible (entre le delta du Tigre et de l’Euphrate). Ce jardin va ĂȘtre contaminĂ© par un mal guerrier et moderne reprĂ©sentĂ© par le dĂ©serteur Riad : il amĂšne sans le savoir la fin d’un paradis (magnifiĂ© par la musique envoĂ»tante de JĂŒrgen Knieper ). » StĂ©phane Caillet, Kritikat
  • « C’est un genre de film de guerre oĂč les coups de feu sont rares et silencieux. Cela peut Ă©voquer « L’OdyssĂ©e », les embĂ»ches et le temps qu’il faut pour retrouver sa terre aprĂšs la guerre, du point de vue de celles qui attendent. Cela se passe pendant la premiĂšre guerre du Golfe, oĂč un soldat irakien trouve refuge dans un hameau marĂ©cageux, au sud de l’Irak, le jardin d’Eden, selon la Bible. Les femmes sont au premier plan, mariĂ©es de force Ă  des hommes qui ne cessent d’ĂȘtre envoyĂ©s Ă  la mort, Ă  moins qu’ils ne reviennent seize ans aprĂšs, comme Mastour, le jeune mariĂ©. Il y a la beautĂ© sidĂ©rante de Hafsia Herzi, dĂ©jĂ  veuve alors que son mariage vient d’avoir lieu. Les plans sont longs et fixes, mais lorsqu’ils se portent sur la jeune actrice dĂ©couverte dans La Graine et le Mulet, ils pourraient ĂȘtre encore plus longs et fixes, on ne s’ennuierait pas. » Anne Diatkine, ELLE

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