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Karel Van Miert

Karel Van Miert, né à Vieux-Turnhout le et mort à Beersel le , est un homme politique européen de nationalité belge, socialiste flamand et un conseiller pour de nombreuses multinationales. Il fut commissaire européen à la Concurrence de 1992 à 1999.

Biographie

Jeunesse et formation

Karel van Miert est né dans la commune flamande de Vieux-Turnhout. Il est l'aîné de neuf enfants dans une famille d'agriculteurs. Il quitte le système scolaire à l'âge de quatorze ans, et travaille comme apprenti électricien dans une entreprise de construction[1].

« Les années passées à la ferme m’avaient donné une grande expérience sur le terrain. Et comme je travaillais aussi dans des entreprises, j’ai pu me rendre compte de la condition ouvrière. »

— Karel van Miert, Interview au quotidien Le Soir, 1993[2]

Karel van Miert décide ensuite de reprendre ses études. Il obtient en 1966 une licence en sciences diplomatiques à l'université de Gand. Il présente à cette occasion une thèse intitulée Le Caractère supranational de la Commission européenne, qui manifeste déjà son engagement européen. En 1967, il obtient le diplôme d'études supérieures européennes du Centre européen universitaire à Nancy[1]. Il y rencontre le secrétaire général de la Commission européenne Émile Noël, sous la direction duquel il effectue l'année suivante un stage à la Commission. En 1973, il entre au cabinet du commissaire européen à l'Énergie Henri Simonet[3].

Responsabilités au sein du Parti socialiste belge

Militant socialiste très jeune, Karel van Miert est de 1970 à 1973 vice-président puis secrétaire politique national des Jeunes socialistes. En 1976, à l'âge de trente-cinq ans, il copréside le Parti socialiste belge, chargé des Affaires internationales.

En 1978, le Parti socialiste belge se scinde entre un parti wallon et un parti flamand. Karel van Miert devient le premier président de ce dernier, le Socialistische Partij qui deviendra plus tard le Socialistische Partij Anders (sp.a). Sa présidence est marquée par son refus dans les années 1980 de l'implantation des euromissiles américains en Belgique, et par la victoire du sp.a aux élections européennes de 1984[1].

Fonctions parlementaires

Karel van Miert est élu député européen en 1979, puis réélu en 1984.

Entre 1985 et 1989, il est député de l'arrondissement Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV) au Parlement fédéral belge.

Fonctions à la Commission européenne

Entre 1989 et 1992, Karel van Miert est commissaire européen chargé des transports, des consommateurs, des crédits et des investissements, au sein de la Commission Delors II.

De 1993 Ă  1999, il est commissaire Ă  la Concurrence, au sein de la Commission Delors III puis de la Commission Santer. Ce portefeuille essentiel lui vaut d'ĂŞtre surnommĂ© « l'homme le plus puissant d'Europe[4] ». Il est remarquĂ© dans ses fonctions pour son activisme et son indĂ©pendance.

Les principaux dossiers dans lesquels il s'illustre sont[5] :

  • le sauvetage de la banque française CrĂ©dit Lyonnais ;
  • la fusion des gĂ©ants allemands des mĂ©dias Kirch (de) et Bertelsmann ;
  • le plan de fusion entre les constructeurs amĂ©ricains Boeing et McDonnell Douglas ;
  • les poursuites contre Microsoft pour abus de position dominante[6] ;
  • les droits de retransmission tĂ©lĂ©visuels des compĂ©titions de Formule 1 ;
  • la restructuration industrielle des Länder de l'Est en Allemagne.
  • le refus d'octroyer une aide europĂ©enne Ă  la modernisation de la ligne ferroviaire 162 reliant Bruxelles Ă  Luxembourg, ce qui devait permettre une rĂ©duction du trajet total entre Bruxelles et Strasbourg.

Fin de carrière

Après 1999, Karel Van Miert se retire de la vie politique. Il enseigne à la Nyenrode Business Universiteit aux Pays-Bas et siège dans les conseils d'administration de grandes entreprises. Avec Louis Michel, il continue à défendre la construction européenne.

« Il est clair que l’Europe n’est pas à la hauteur. On paye le prix d’une évolution qui date de la fin des années 1990. On a sciemment affaibli la Commission européenne, qui représente l’intérêt commun. Les responsables sont nombreux, à commencer par l’Allemagne de Schröder et la France de Chirac, sans même parler des Britanniques. La Commission est très affaiblie. Si on observe tout ce qui a été réalisé depuis les années 1950, le résultat est quand même impressionnant (…) Vous imaginez dans quel état serait l’Europe aujourd’hui, en pleine crise financière, si nous n’avions pas le marché unique et l’euro ? »

— Karel van Miert, Interview au quotidien Le Vif, 2009, cité par le Cercle des Européens[3]

Mandats sociaux

RĂ©actions Ă  l'annonce de sa mort

  • « Karel Van Miert Ă©tait une figure, un vĂ©ritable pilier de l’édifice europĂ©en. Son travail durant dix ans Ă  la Commission europĂ©enne laisse au sein de l’exĂ©cutif europĂ©en le souvenir impĂ©rissable d’un homme de bien, d’un homme de qualitĂ©, d’un homme qui aimait les Ă©changes et la confrontation d’idĂ©es (…) Son dĂ©cès constitue une immense perte pour la Belgique et pour l’Europe. Â» Louis Michel, commissaire europĂ©en au DĂ©veloppement[3].
  • « Il a toujours insistĂ© sur la fonction sociale du marchĂ© intĂ©rieur, appliquant les règles de la concurrence pour protĂ©ger les plus faibles des abus des plus forts, et sur la nĂ©cessitĂ© d'un marchĂ© commun qui assure la justice pour tous. Â» JosĂ© Manuel DurĂŁo Barroso, prĂ©sident de la Commission europĂ©enne[10].
  • « Karel Van Miert Ă©tait un homme qui se mobilisait et se battait pour ses convictions, et surtout pour ses convictions europĂ©ennes. Il Ă©tait Ă©galement un homme de consensus, toujours Ă  la recherche d'une solution. J'ai vraiment appris Ă  le connaĂ®tre en 1988, lors des nĂ©gociations sur la rĂ©forme de l'État. J'ai tout de suite Ă©prouvĂ© de la sympathie et du respect Ă  son Ă©gard. (...) Karel Van Miert Ă©tait très soucieux de l'Ă©volution du pays. (...) Il y a 15 ans, lorsque j'Ă©tais prĂ©sident de parti et que nous n'avions pas de rĂ©el candidat [au poste de premier ministre], j'avais pensĂ© Ă  lui. Â», Herman Van Rompuy, Premier ministre belge[11].
  • « [Karel van Miert Ă©tait] quelqu'un qui au-delĂ  de notre trajectoire europĂ©enne et notre rĂŞve europĂ©en communs, Ă©tait devenu un ami (...) [Il Ă©tait] un visionnaire et un rĂ©formateur effrĂ©nĂ©. J'avais de l'admiration pour sa conviction tenace. Il a fait du parti socialiste en Flandre un parti moderne, et a fait en sorte que la Commission europĂ©enne soit entendue. Si seulement il y avait eu plus de Karel Van Miert en Europe ! Â», Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge[11].
  • « Karel Van Miert Ă©tait un EuropĂ©en convaincu qui lors de ses mandats comme parlementaire europĂ©en de 1979 Ă  1985 et ensuite comme membre de la Commission europĂ©enne de 1989 Ă  1999 a travaillĂ© avec ardeur pour dĂ©fendre la cause europĂ©enne. Il s'est dĂ©vouĂ© pour le projet europĂ©en tout en dĂ©passant les clivages politiques, rĂ©gionaux et nationaux. Il est tragique d'avoir perdu une grande personnalitĂ© europĂ©enne Ă  un âge relativement jeune. MĂŞme si Karel Van Miert s'Ă©tait retirĂ© de la vie politique active, il apportait toujours sa contribution Ă  l'Europe. Ses amis et ses collègues de tout horizon politique au Parlement europĂ©en regretteront profondĂ©ment son absence. Â», Hans-Gert Pöttering, prĂ©sident du Parlement europĂ©en[11].

Ouvrages

  • Le marchĂ©, la concurrence et le pouvoir, 360 pages, Ă©ditions Racine (), (ISBN 2-87386-233-5)
  • (de) Markt, Macht, Wettbewerb., Ă©ditions Deutsche Verlags-Anstalt (), (ISBN 3-421-05384-7)
  • (en) Telecommunications, Broadcasting and the Internet, 320 pages, Ă©ditions Sweet & Maxwell (), (ISBN 0-421-65150-4)
  • (en) European Community Competition Policy 1998: 28th Report on Competition Policy, Ă©ditions Diane Pub Co (), (ISBN 0-7881-8643-4)
  • (en) European Community Competition Policy 1997: 27th Report on Competition Policy, Ă©ditions Diane Pub Co (), (ISBN 0-7881-8134-3)
  • (en) European Community Competition Policy 1996: 26th Report on Competition Policy, Ă©ditions Diane Pub Co (), (ISBN 0-7881-4771-4)

Références

  1. « DĂ©cès accidentel de Karel van Miert Â», RTBF, 23 juin 2009.
  2. « Qu'avez-vous fait de vos vingt ans ? Â», Le Soir, 1993.
  3. « DĂ©cès de Karel Van Miert : la Commission europĂ©enne perd l’une de ses grandes figures Â», Cercle des EuropĂ©ens, 23 juin 2009.
  4. « Mort de Karel Van Miert, un temps "l'homme le plus puissant d'Europe" »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), journaux.ma, 23 juin 2009.
  5. Jean Quatremer, « Karel van Miert est mort ce matin Â», LibĂ©ration, 23 juin 2009.
  6. Myriam Berber, « La position europĂ©enne, Karel Van Miert Â», RFI, 5 novembre 1998.
  7. Biographie sur le site de Vivendi
  8. Composition du conseil d'administration de Notre Europe « Copie archivée » (version du 2 mai 2006 sur Internet Archive)
  9. «L’union européenne : un gigantesque conseil d’administration», Fakir, février-avril, 2013
  10. « Karel Van Miert, former EU commissioner, dies in domestic accident Â», Earthtimes, 23 juin 2009 : « He always stressed the social function of the internal market, applying competition rules so as to protect the weakest from the possible abuses of the strongest, and the need for a common market that ensures fairness for all. Â», traduction libre.
  11. « Les rĂ©actions de la classe politique belge Â», La Libre Belgique, 23 juin 2009.

Liens externes

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