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Kakha Bendoukidze

Kakha Avtandilovitch Bendoukidze ou plus souvent Kakha Bendoukidze (gĂ©orgien : კაჼა áƒ‘áƒ”áƒœáƒ“áƒŁáƒ„áƒ˜áƒ«áƒ”, russe : Каха АĐČŃ‚Đ°ĐœĐŽĐžĐ»ĐŸĐČоч Đ‘Đ”ĐœĐŽŃƒĐșОЎзД), nĂ© le Ă  Tbilissi en URSS et mort le Ă  Londres[1], est un homme d'affaires d'origine gĂ©orgienne, oligarque russe, ayant acquis la nationalitĂ© gĂ©orgienne en 2004. C'est aussi un ancien politicien gĂ©orgien (aprĂšs la rĂ©volution des Roses, il a Ă©tĂ© ministre de l'Ă©conomie de GĂ©orgie (de juin Ă  ), puis ministre de la coordination des rĂ©formes ( Ă  ) puis Chef de la Chancellerie du Cabinet du Gouvernement de la GĂ©orgie (de Ă  ).

Kakha Bendukidze
Kakha Bendoukidze
Fonction
Ministre gĂ©orgien de l'Économie et de l'Environnement
juin -
Irakli Rekhviashvili (d)
Lekso Aleksishvili (en)
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  58 ans)
Londres
Nom de naissance
კაჼა áƒ‘áƒ”áƒœáƒ“áƒŁáƒ„áƒ˜áƒ«áƒ”
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Distinction
Ordre de la Victoire de Saint-Georges (en)

Biographie

AprĂšs des Ă©tudes gĂ©nĂ©rales puis de biologie, K. Bendoukidze est diplĂŽmĂ© du DĂ©partement de Biologie de UniversitĂ© d'État de Tbilissi en 1977 puis de l'École doctorale de l'UniversitĂ© d'État de Moscou en 1980.

Il entre dans la vie professionnelle en s'intéressant d'abord à la biologie moléculaire et au génie génétique en travaillant de 1981 à 1985 pour le Laboratoire de génétique moléculaire de l' Institute de Biotechnologie l' Institut de Biologie et de Physiologie des micro-organismes[2] à Puschino. De 1985 à 1988 il a été directeur du Laboratoire de génétique moléculaire de l'Institut de biotechnologie.

Ensuite, il s'est surtout fait connaßtre comme homme d'affaires et durant quelques années comme homme politique.

Homme d'affaires en Russie

Rencontre du Président Vladimir Poutine avec Kakha Bendoukidze (2000)

Alors que la Russie s'ouvre au commerce international et à une certaine libéralisation, Bendoukidze ambitionne de devenir l'un des vingt premiers oligarques russes. Il veut aussi devenir une voix influente de la politique économique[3]. Dans le cadre de la restauration d'un capitalisme russe, il s'enthousiasme alors pour les processus de privatisation de sociétés nationales ou coopératives.

En 1988, profitant de la PĂ©restroĂŻka, il entre dans une entreprise coopĂ©rative “Inter” oĂč il est invitĂ© par Mikhail Yuriev (futur vice-prĂ©sident de la Douma et par Michael Mogutov (avec lequel il crĂ©era bientĂŽt "Bioprocess” puis "Bioprocess-NIPEK”. Bendoukidze se lance alors dans le domaine de la production pharmaceutique de produits biotechnologiques pour le diagnostic mĂ©dical et scientifique.

Un an plus tard (1989), en collaboration avec un cabinet spĂ©cialisĂ© (« Astarta ») il fonde une coentreprise soviĂ©to-libanaise « Madzhess ». Cette entreprise sera bientĂŽt soupçonnĂ©e de pratiques douteuses, mafieuses et criminelles, avec la vente de pĂ©trole tchĂ©tchĂšne Ă  trĂšs bas prix Ă  l'Ă©tranger, via un contrat douteux pour la fourniture de pĂ©trole tchĂ©tchĂšne Ă  l'Angleterre et Ă  la Bulgarie; le pĂ©trole a Ă©tĂ© vendu Ă  un prix infĂ©rieur, et le fournisseur "Chechenneftegazprodukt" n'a rien obtenu, aprĂšs quoi (en ) le tchĂ©tchĂšne Ruslan Utsiev (conseiller du prĂ©sident Johar Dudayev), et son frĂšre Nazarbek Utsiev ainsi que Gennady Sanko (assistant de Yaragi Mamadaev) ont Ă©tĂ© assassinĂ©s. Les deux premiers auraient pu ĂȘtre impliquĂ©s dans des affaires criminelles liĂ©es Ă  « Madzhess » et le troisiĂšme simplement en avoir Ă©tĂ© informĂ©[4].

L'annĂ©e suivante (1990) et avec le mĂȘme cabinet Astarta, Bendoukidze crĂ©e une autre joint-venture, russo-Hong-Kongaise cette fois, baptisĂ©e “Web Technology" (enregistrĂ©e en 1990) dont il occupe le poste de directeur.

En novembre 1991, Bendoukidze investit dans l'industrie pĂ©troliĂšre euro-asiatique en crĂ©ant le groupe NIPEK (People's oil investment industrial Euro-Asian corporation), avec une part importante du capital fixe apportĂ© par ses entreprises "Bioprocess” et "Madzhess", ce qui lui permet d'en ĂȘtre membre du conseil d'administration[5]. MalgrĂ© l'absence de statut officiel dans la direction du groupe, Bendoukidze semble avoir eu un impact considĂ©rable au sein de NIPEK, prenant mĂȘme la parole au nom de la sociĂ©tĂ© dans la presse, et faisant par exemple un exposĂ© lors de la rĂ©union des actionnaires en 1993[5]. Il prĂ©pare une souscription d'actions de NIPEK, qui sera accompagnĂ©e d'une campagne publicitaire prĂ©sentant la sociĂ©tĂ© sous son meilleur jour[5]. En 1992, le fonds statutaire de NIPEK est annoncĂ© et prĂ©sentĂ© comme le plus grand parmi les sociĂ©tĂ©s d'investissement. La presse Ă©conomique salue l'opĂ©ration comme Ă©conomiquement trĂšs intĂ©ressante pour les administrateurs et actionnaires[5]. Cependant, dĂšs , les comptes d'exploitation de NIPEK et le contrĂŽle des investissements s'avĂšrent dĂ©cevants et NIPEK manque mĂȘme de fonds pour payer ses dividendes. L'entreprise dĂ©cide finalement de ne pas les payer en proposant de racheter les parts des actionnaires minoritaires au taux de 2,5-3 %[5]. Bendoukidze a nĂ©anmoins ainsi pu Ă©tendre les parts acquises par "Bioprocess” dans diffĂ©rentes sociĂ©tĂ©s (dont au sein d' Uralmash)[6].

En 1992 Bendoukidze adhĂšre Ă  l'association « Entrepreneurial political initiative-92 », qui comprenait Ă©galement MikhaĂŻl Khodorkovski[7], chimiste devenu banquier et oligarque (rĂ©putĂ© ĂȘtre l'homme le plus riche de Russie, emprisonnĂ© depuis 2004 pour « vol par escroquerie Ă  grande Ă©chelle » et « Ă©vasion fiscale » ; deux accusations qu'il conteste).

En 1993, lors de la campagne de privatisation par coupons, il accroĂźt sa fortune et son influence en achetant un grand nombre d'actions de la sociĂ©tĂ© industrielle russe Uralmash (Complexe industriel de construction mĂ©canique lourde, dont militaire, basĂ©e Ă  Iekaterinbourg[8] et parfois nommĂ© « l'usine des usines »[9], lieu stratĂ©gique qui en 2000 produira encore outre des alliages stratĂ©giques pour le pays et l'armĂ©e, 90 % de l'Ă©quipement minier russe, de 50 % du matĂ©riel industriel de l'Ă©quipement nuclĂ©aire et 70 % du matĂ©riel de forage du pays)[9]. Ce complexe industrialo-mĂ©tallurgique aprĂšs avoir Ă©tĂ© transformĂ© en en sociĂ©tĂ© anonyme vendait alors 18 % de ses parts pour retrouver du capital (La sociĂ©tĂ© Ă©tait prĂ©sentĂ©e comme au bord de la faillite, en rĂ©alitĂ© Ă  la suite d'une chute des commandes de l'État qui a conduit Ă  faire chuter le prix de ces 18 % Ă  1/2 million de dollars, une somme somme d'argent trĂšs petite pour une entreprise qui comptait quelques mois avant parmi les gĂ©ants de l'industrie et qui le redeviendra ensuite)[10]. Ceci permet Ă  Bendoukidze d'entrer dans le conseil d'administration de l'entreprise, d'en devenir copropriĂ©taire pour un peu plus tard en devenir le directeur gĂ©nĂ©ral. Il partage ses parts de l'entreprise avec Alan Kazbekov, que Bendoukidze retrouvera comme directeur d'Almaz[11], un chantier naval civil et militaire qu'il achĂštera l'annĂ©e suivante). Le groupe local de la mafia Ă©galement nommĂ© « Uralmach » (du nom de la zone industrielle et du quartier) cherche Ă  prendre le contrĂŽle de l'usine et la ville dĂ©jĂ  considĂ©rĂ©e comme la probable « capitale de la mafia russe », tout en gĂ©nĂ©rant une sanglante guerre des gangs (de 1992 Ă  1993)[9]. Le gang "Ouralmach" contrĂŽlerait aussi les rĂ©seaux de distribution d'autres entreprises de la ville qui est l'une des zones de Russie oĂč la criminalitĂ© se serait le plus dĂ©veloppĂ©e[9]. Il aurait en selon la presse locale fait assassiner le gĂ©nĂ©ral Oleg Belonenko alors directeur gĂ©nĂ©ral d'Uralmach qui cherchait Ă  rĂ©duire l'influence de la mafia locale. Le Gouverneur rĂ©gional de Sverdlovsk Edouard Rossel (qui a plusieurs fois mis en doute l'existence de la mafia) a immĂ©diatement annoncĂ© prendre l'enquĂȘte en main, mais V Poutine prĂ©cisera que les autoritĂ©s fĂ©dĂ©rales reprendraient ou suivraient aussi l'enquĂȘte[9]. Belonenko Ă©tait Ă  ce moment considĂ©rĂ© comme une « Ă©toile montante » de l'Ă©conomie industrielle russe pour avoir rĂ©ussi Ă  regarnir le carnet de commande de l'usine Uralmashzavod, accroitre la productivitĂ© de 58 % et les ventes de 90 %[9]. Il s'apprĂȘtait Ă  rencontrer V. Poutine le Ă  l'occasion d'une exposition d'armement russe[9].

En mai 1995 NIPEK prend le contrÎle de JSC "Tomsk Petrochemical Plant (TNHK) (usine pétrochimique de Tomsk) pour en 1997 se séparer de l'usine que Bendoukidze cherche à vendre à Gazprom, mais à la suite d'un manque d'entente sur les prix la participation majoritaire de la société est vendue au combinat Sibhimkombinat (SHK, l'une des principales unités industrielles du groupe russe Minatom[12].

En 1994, il entre dans le conseil d'administration de la sociĂ©tĂ© de construction navale « Almaz », un chantier naval situĂ©e sur l'Ăźle Petrvosky (Saint-PĂ©tersbourg), prĂšs du golfe de Finlande, qui conçoit des navires civils et militaires sur une zone d'environ 50 000 m2.

Bendoukidze encourage de investisseurs étrangers à entrer dans le capital d'Uralmash qu'il fait fusionner en 1996 avec le groupe Izhora créant la holding « Ural Heavy Machinery Plants » (Usines de machinerie lourde de l'Oural). Il devient PDG de la société fusionnée Objedinennie Mashinostroitelnie Zavody (OMZ[13]).

En 2000, la coopĂ©rative cofondĂ©e par K Bendoukidze - 12 ans aprĂšs sa crĂ©ation - est transformĂ©e en entreprise privĂ©e (JSC “Bioprocess”) alors que les partenaires se sĂ©parent et que Yuriev se retire de l'affaire. Cette mĂȘme annĂ©e, selon le journal "NezavissimaĂŻa Gazeta"[14] aprĂšs l'arrestation de Vladimir Gusinsky (le prĂ©sident de “Media-Most”), Bendoukidze se rĂ©unit avec d'autres oligarques dont le directeur gĂ©nĂ©ral de "Media-Most" Dzhavanfar Zamani, le prĂ©sident de "Alfa-Bank" et Piotr Aven (prĂ©sident du conseil d'administration d'Alfa-Bank), Mikhail Fridman, prĂ©sident du conseil d'administration de la Banque ONEKSIM, Prokhorov MikhaĂŻl, le vice-prĂ©sident de Ioukos, et Vassili Shakhnovsky pour discuter des menaces qui pourraient peser sur leurs propres entreprises[14].

En 2003, Bendoukidze prend part Ă  un conflit interne Ă  l'Union russe des industriels et entrepreneurs[15], conflit motivĂ© par un document envoyĂ© Ă  Vladimir Poutine par le PrĂ©sident de l'union Arkady Volsky (proche de Mikhail S. Gorbachev et fondateur de ce lobby Ă©conomique en 1991). Cette lettre contenait des suggestions pour amĂ©liorer le climat d'investissement en Russie et elle a reçu des rĂ©ponses favorables de la Russie. Mais Bendoukidze et d'autres membres du syndicat se sont, par voie de presse, irritĂ© de ne pas avoir Ă©tĂ© consultĂ©s avant l'envoi de ce courrier, certains analyses en dĂ©duisant que la lettre de Volsky contredisait certains intĂ©rĂȘts que ces hommes d'affaires auraient tentĂ© de lui imposer[16].
En mars de cette annĂ©e 2003, la holding "United Heavy Machinery (OMZ) contrĂŽlĂ©e par Bendoukidze et qui Ă©tait le seul constructeur russe de centrales nuclĂ©aires annonce avoir achetĂ© assez d'actions pour dĂ©tenir une minoritĂ© de blocage au sein de la sociĂ©tĂ© " Atomenergoexport "(AEE) et avoir acquis une participation de contrĂŽle au sein de « Zarubezhenergoproekt ", deux entreprises du secteur de la conception et construction de centrales nuclĂ©aires alors en cours de privatisation[17]. Ceci a nĂ©cessitĂ© une Ă©norme somme d'argent[17]. On Ă©voque l'amitiĂ© entre Bendoukidze, George Soros et l'ancien ambassadeur de Grande-Bretagne en Russie Braytweit Rodrik qui pourrait ĂȘtre heureux d'acheter les secrets militaires russes dĂ©tenus par Bendoukidze chez OMZ. AprĂšs la privatisation de "Atomenergoexport" et "AtomStroyExport", qui Ă©taient censĂ©s ĂȘtre Ă©trangers aux projets de construction nuclĂ©aire, les fonds publics passĂšrent sous le contrĂŽle de Bendoukidze[17]. L'Ă©tape suivante de la pĂ©nĂ©tration par Bendoukidze du secteur nuclĂ©aire devait ĂȘtre l'achat par la holding de la FSUE (federal state unitary enterprise) EDO (experimental design office) “OKB Gidropress” qui conçoit depuis 1946 des rĂ©acteurs nuclĂ©aires (de 300 Ă  1 700 MW, dont pour les sous-marins nuclĂ©aires), mais le directeur (et concepteur en chef) d'EDO en poste Ă  l'Ă©poque (Yury Dragunov), s'y est opposĂ© au motif que Bendoukidze achetait des entreprises bĂ©nĂ©ficiant de fonds publics reçus Ă  l'avance pour leurs projets, sans que les bĂ©nĂ©fices ne reviennent ensuite Ă  l'État, au profit des oligarques qui ainsi rĂ©cupĂšrent rapidement leurs investissements[17]. Peu aprĂšs, en 2003, OMZ rĂ©vĂ©lait certains dĂ©tails de la structuration de son capital-actions, indiquant notamment que K. Bendoukidze dĂ©tenait 25,93 % des actions de l'entreprise[18]. Cette entreprise reste donc sous le contrĂŽle de l'Agence fĂ©dĂ©rale russe de l'Ă©nergie atomique “Rosatom”[19]. K. Bendoukidze aurait Ă©tĂ© parmi les premiers Ă  dĂ©fendre le chef du groupe pĂ©trolier "Ioukos" suspectĂ© dans plusieurs affaires criminelles, MikhaĂŻl Khodorkovski arrĂȘtĂ© en , et emprisonnĂ© depuis 2004 (ce qui aurait fait chuter les actions autour de "Ioukos" de 10 milliards de dollars sur le marchĂ© boursier russe)[20]. Bendoukidze aurait en Russie utilisĂ© les mĂȘmes moyens que Khodorkovski pour Ă©viter d'avoir Ă  payer des impĂŽts en dĂ©pit de sa fortune. Il a mĂȘme Ă©tĂ© enregistrĂ© Ă  Moscou comme entrepreneur, sans personnalitĂ© morale, ce qui lui donnait le droit de ne pas payer d'impĂŽt sur le revenu[21]. AprĂšs l'arrestation de Khodorkovski en , le Bureau de l'Union russe des industriels et entrepreneurs tient une rĂ©union d'urgence, en prĂ©sence de Bendoukidze, oĂč ils condamnent les actions des organismes chargĂ©s d'appliquer la loi[22].

En 2004, il est l’un des 20 oligarques russes les plus riches[23], mais Vladimir Poutine resserre l'emprise de l’État russe sur les industries stratĂ©giques, et Bendoukidze semble se sentir menacĂ©. Selon l'homme d'affaires et milliardaire russe Boris Berezovsky lui-mĂȘme en conflit avec Poutine : « Bendukidze n'appartient pas au cercle d'amis de Poutine et il a compris plus avant tout le monde que tout allait ĂȘtre Ă©loignĂ© de lui ... Bendoukidze est loin d'avoir Ă©puisĂ© son potentiel, mais les autoritĂ©s russes n'ont pas alors besoin de ces gens talentueux. »[24].

Cette annĂ©e lĂ , Kakha Bendoukidze dĂ©cide de retourner dans son pays natal, la GĂ©orgie[3]. Au mois de mars de cette mĂȘme annĂ©e, il quitte le poste de prĂ©sident du groupe OMZ (dont il vendra peu aprĂšs ses parts Ă  Gazprombank[25] pour dit-il se consacrer Ă  la politique. Il obtient (en ) la nationalitĂ© gĂ©orgienne[26], ce qui Ă©tait selon certains un moyen de trouver via celle du prĂ©sident gĂ©orgien Saakachvili, la protection de George Bush, point de vue vivement rĂ©futĂ© par K. Bendoukidze[27] qui affirme que l'idĂ©e de lui confier un portefeuille ministĂ©riel est venue directement du prĂ©sident gĂ©orgien[28].

Homme politique en GĂ©orgie

Seconde journée de manifestations contre la politique du nouveau gouvernement (manifestations qui ont duré 107 jours ; du au )[29] pour demander le départ du président et une autre politique que la politique ultra-libérale que Bendoukidze a contribué à mettre en place

Entrée en politique

Ce biologiste russe devenu magnat de la finance, entre officiellement en politique comme rĂ©formateur de la GĂ©orgie et surtout de son Ă©conomie. Il vient rĂ©former un gouvernement issue d'une "rĂ©volution des Roses" qui vient « victorieusement » de se terminer[30] et dont il juge l'agenda initial « gauchiste »[30] - [3], retour parfois interprĂ©tĂ© (par la BBC par exemple[31]) comme un retour cachĂ© de l'influence de Moscou et/ou du lobby industrialo-Ă©conomique. En 2004, avant de quitter la Russie pour occuper son nouveau poste de ministre de l’Économie, il explique au journal russe Vedomosti qu’il n’a pas de « connaissance approfondie » de l'Ă©conomie gĂ©orgienne, mais qu’il n’en a pas besoin car « La connaissance des principes fondamentaux compense aisĂ©ment ne pas savoir quelques dĂ©tails ». Selon lui les principes de « bonnes politiques Ă©conomiques » sont universels et tout ce qu'il faut, c’est « du courage, de la conviction, de l'enthousiasme rĂ©volutionnaire et une Ă©quipe de collaborateurs trĂšs motivĂ©s qui travaillent ensemble dans diffĂ©rentes parties du gouvernement gĂ©orgien »[32]. Kakha Bendoukidze dit pouvoir fournir une vision Ă©conomique en queue d'aronde s’accordant parfaitement avec la politique anti-corruption de Saakachvili (lequel va effectivement lui dĂ©lĂ©guer toutes les questions Ă©conomiques, et par moments la question de la lutte contre la corruption, dans la police notamment). Il vise Ă  ouvrir le pays au commerce, dont avec les États-Unis[33].
Bendoukidze fera une carriĂšre politique brĂšve mais fulgurante, en Ă©tant trois mois aprĂšs son arrivĂ©e naturalisĂ© et aussitĂŽt (le ) nommĂ© ministre de l'Ă©conomie de la GĂ©orgie par le nouveau cabinet du prĂ©sident Saakachvili qui vient de crĂ©er un gouvernement fortement post-soviĂ©tique (Parmi les 20 ministres et ministres d’État, aucun n’avait eu de responsabilitĂ© politique durant la pĂ©riode soviĂ©tique ; et seuls 3 avaient dĂ©jĂ  eu une fonction politique dans un des prĂ©cĂ©dents gouvernements[34]).

Action politique en GĂ©orgie

Un semestre aprĂšs son arrivĂ©e, il est nommĂ© (du au ) Ministre d'État Ă  la coordination des rĂ©formes de libĂ©ralisation de l'Ă©conomie[3]. Le journal The Economist le prĂ©sente alors comme ayant « mandat de renverser plus d'une dĂ©cennie de dĂ©cadence post-soviĂ©tique ». Selon ce mĂȘme journal, il aurait insistĂ© sur le fait qu' « il a Ă©tĂ© pris par surprise quand le prĂ©sident gĂ©orgien, MikhaĂŻl Saakachvili, et le Premier ministre, Zourab Jvania, sont venus discuter avec lui au cours d'une visite privĂ©e Ă  Tbilissi en mai 2004, pour lui offrir un poste ministĂ©riel le soir mĂȘme. Mais ayant dit oui (...) il a dit que la GĂ©orgie devrait ĂȘtre prĂȘte Ă  vendre tout ce qui peut ĂȘtre vendu, Ă  l'exception de sa conscience, et que ce n'est que le dĂ©but », ce qui pouvait augurer de tensions politiques, car en 2003, le Parti du mouvement national de Saakachvili s'Ă©tait justement opposĂ© Ă  la privatisation d'entreprises et zones stratĂ©giques (dont notamment le port de Poti, les compagnies de distribution d'Ă©lectricitĂ© et l'usine mĂ©tallurgique de traitement de minerai de ferromanganĂšse (Ferro Alloy Ă  Zestaponi, la plus grande du pays qui Ă©tait en dĂ©clin, n'ayant en 1998 produit que 35 000 t de silicomanganĂšse et 11 000 t tonnes d'alliages de carbo-manganĂšse, soit plus de 10 fois moins que les 110 000 t qu'elle a autrefois pu produire[35]). Bendoukidze dit pour sa part envisager de transformer la GĂ©orgie en « un Hong Kong sur la mer Noire ».

Stratégie

Fervent promoteur du libertarisme[3], il impose une Ă©conomie de marchĂ© et une vague de privatisations (sur le modĂšle de celle dont il a profitĂ© en Russie, mais dans un contexte qu'il va bien plus dĂ©rĂ©guler. Lors d’une confĂ©rence de presse faite Ă  Moscou en 2004, il avait expliquĂ© que pour lui « Toute politique Ă©conomique doit avoir comme prioritĂ© la dĂ©rĂ©glementation maximale de l'Ă©conomie, ce qui en GĂ©orgie devrait prendre la forme d’un ultra-libĂ©ralisme, car si la GĂ©orgie veut construire un pays normal, son Ă©conomie doit croĂźtre Ă  un rythme trĂšs Ă©levĂ© »[36]. Il cherche Ă  rĂ©pondre aux critĂšres d'Ă©valuation des investisseurs et de la finance mondiale.

Soutiens

Son programme de rĂ©forme est prompt, observĂ© et peut ĂȘtre admirĂ© par certains membres de la Banque mondiale (un rapport « Doing Business » publiĂ© sous l'Ă©gide de la banque explique ainsi que de 2004 Ă  2007, sous son mandat ministĂ©riel, la GĂ©orgie aurait Ă©tĂ© le pays qui s'est le plus rĂ©formĂ© au monde, en particulier, la place de la GĂ©orgie est passĂ©e de 137e pays au 11e sur l'Ă©chelle de la facilitĂ© Ă  faire des affaires, passant devant l'Allemagne et la France[37]). Le mĂ©rite de cette rĂ©forme est attribuĂ© en grande partie Ă  Bendoukidze (“Much of the credit for these reforms goes to Kakha Bendukidze, the state minister of reform. Dr Bendukidze has been reforming everything, from business entry to a new 2007 bankruptcy code.”)[38], au risque d'offrir l'Ă©conomie du pays Ă  la mafia ou Ă  des investisseurs peu scrupuleux lui reprocheront ses dĂ©tracteurs. Le taux de croissance du pays est alors remontĂ© Ă  9 Ă  12 %/an selon les chiffres donnĂ©s par le gouvernement, mais au prix selon ses dĂ©tracteurs d’une dilapidation du bien commun (vente des forĂȘts, de richesses nationales, de services et de biens de production Ă  des groupes Ă©trangers par exemple) et au prix d'une forte rĂ©gression sociale selon les dĂ©tracteurs de Bendoukidze qui lors de longues grĂšves et manifestations descendent dans la rue pour manifester leur mĂ©contentement (en 2007, 2008, 2009, 2011, 2012).

Difficultés

De violentes rĂ©pressions policiĂšres des manifestations gĂ©orgiennes de 2007 Ă©cornent la lĂ©gitimitĂ© dĂ©mocratique du gouvernement Saakachvili qui porte alors l'accent sur ce qu'il estime ĂȘtre des succĂšs en matiĂšre de rĂ©formes Ă©conomiques, rĂ©formes pour lesquelles Bendoukidze a Ă©tĂ© dĂ©terminant en cherchant Ă  donner confiance aux investisseurs Ă©trangers.

Il l'a fait en combinant deux stratégies

  1. un affichage fort de lutte anti-corruption (avec un discours fort du président, limogeage de la police, arrestations et entrée au gouvernement de la franco-géorgienne Salomé Zourabichvili) ;
  2. d'autre part en diminuant drastiquement la protection sociale des travailleurs et les taux d'imposition sur le revenu (12 % seulement), tout en supprimant ou diminuant les contrĂŽles et barriĂšres douaniĂšres (devenues parmi les plus basses du monde)[3]. Bendoukidze a spectaculairement rĂ©duit (de 85 %) le nombre de permis nĂ©cessaires pour les entrepreneurs (locaux ou Ă©trangers) ; ce nombre est passĂ© de 909 Ă  159 durant l'Ă©tĂ© 2005[39] pour encore diminuer ensuite Ă  137[39]. De plus alors que le personnel des ministĂšres et agences d'Ă©valuation ou de contrĂŽle a Ă©tĂ© fortement compressĂ©, l’absence de rĂ©ponse de l'administration dans les dĂ©lais lĂ©gaux (souvent par ailleurs raccourcis) vaut rĂ©ponse favorable, c'est-Ă -dire autorisation. Les visas sont supprimĂ©s et le nombre d’administrations, agences et de fonctionnaires, d’inspecteurs notamment fortement diminuĂ©. Selon la Banque nationale de GĂ©orgie, grĂące aux fortes rĂ©ductions des dĂ©penses de l’État d'une part et grĂące aux ventes d'entreprises et apports de certains investisseurs, les revenus de l’État auraient fortement augmentĂ© de 2003 Ă  2008[40]. Les chiffres sont cependant difficiles Ă  vĂ©rifier, de mĂȘme que l'origine d'une partie des capitaux (beaucoup semblent provenir d'investisseurs offshore ou de Russie, ce qui a fait craindre Ă  l'opposition un processus de recolonisation par l’argent[41]), voire de blanchiment d'argent sale.

En janvier 2008, alors que s'annonce une longue crise mondiale (crise de 2008), Ă  l'occasion d'un remaniement du Cabinet de la GĂ©orgie, il devient chef de la Chancellerie d'État, ce qui en fait l'un des politiciens les plus influents de Tbilissi et de toute la GĂ©orgie[42].

Pour son comportement parfois outrancier, et pour ses rĂ©formes autoritaires, il finit cependant par ĂȘtre dĂ©testĂ© tant dans l'opposition qu'au sein de son administration, voire de son parti. Il est notamment critiquĂ© pour avoir abrogĂ© la lĂ©gislation anti-monopole du pays et pour avoir introduit un nouveau code du travail controversĂ© (l'employĂ© licenciĂ© n'a plus droit qu'Ă  une indemnitĂ© correspondant Ă  un mois de travail, la loi (2005) stipulant en outre que presque chaque aspects de la relation employeur-employĂ© doit ĂȘtre rĂ©glementĂ© sur une base contractuelle[43].

Bien que le gouvernement affiche souvent une attitude ostensiblement anti-russe, l'opposition accuse Bendoukidze d'essayer Ă  tout prix de vendre tous les actifs stratĂ©giques de la GĂ©orgie, souvent Ă  des hommes d'affaires russes. Ces actifs sont notamment les ports maritimes, les chemins de fer, l'ensemble du rĂ©seau gazier, les forĂȘts et le sous-sol avec notamment les mines d'or, de cuivre et de mĂ©taux prĂ©cieux ou rares (dont l'immense mine de mĂ©taux prĂ©cieux de Madneuli aux revenus assurĂ©s Ă  65 % par le cuivre dont les prix tendent Ă  monter). Cette mine aux nombreux[44] minĂ©raux et mĂ©taux (dont le chiffre d'affaires est estimĂ© Ă  64 millions de dollars en 2012) a Ă©tĂ© privatisĂ©e par Bendoukidze en 2005, vendue Ă  la multinationale GeoProMining, associĂ©e au dĂ©putĂ© et homme d'affaires russe Koba Nakopia et qui appartiendrait au groupe russe « Promishlenny investor » qui achĂštera aussi en 2007 une partie du groupe gĂ©orgien "Madneuli" and "Quartzite")[45] - [46] ensuite rachetĂ© (120 millions USD) par "Capital Group", une compagnie dont les actionnaires sont des oligarques russes (Dimitri Korzhev, Dimitri Troitski...)[46].

Fin 2008, Pikria Chikhradze (membre du parti d'opposition «Nouvelle Droite») dit avoir des preuves dĂ©montrant que Bendoukidze a eu des « liens avec le Colonel Vitaly Shlykov (ancien espion soviĂ©tique) de l’intelligence militaire russe (GRU) », avant et pendant les Ă©vĂšnements d' et en connivence, selon elle avec le prĂ©sident Saakachvili[47]. Elle accuse Bendoukidze d’avoir livrĂ© des informations importantes et secrĂštes aux Russes. Selon elle Vitaliy Shlykov, avec Konstantin Zatouline, SergueĂŻ Lavrov, et d'autres hommes politiques ", agressifs envers la GĂ©orgie" avaient fondĂ© un « Conseil pour les affaires Ă©trangĂšres et la politique de dĂ©fense » de la Russie et Shlykov avait Ă©tĂ© conseiller de Bendoukidze quand ce dernier dirigeait Uralmash, et plus tard, en 2001-2003, quand Bendoukidze Ă©tait directeur gĂ©nĂ©ral de Atomstroyexport. Selon Chikhradze, la privatisation gĂ©nĂ©rale poursuivie par Bendoukidze est une politique suggĂ©rĂ©e par Shlykov, qui permettrait de vendre des entitĂ©s gĂ©orgiennes stratĂ©giquement importantes Ă  des sociĂ©tĂ©s russes. Selon elle, quand Bendoukidze Ă©tait en responsabilitĂ© au gouvernement gĂ©orgien, Shlykov a soudainement disparu de l'arĂšne politique russe, mais il conseillait secrĂštement Kakha Bendoukidze[48].

Fin de carriĂšre politique

Le , il a Ă©tĂ© dĂ©mis de sa fonction de chef de la Chancellerie d'État[42], remplacĂ© 1 jour plus tard par David Kereslidze[49] et a depuis retrouvĂ© ses activitĂ©s d'investisseur privĂ©. Il est parti, mais en dĂ©clarant qu'il restait prĂȘt Ă  donner des conseils au gouvernement en cas de besoin.

Bilan politique

Bendoukidze semble avoir paradoxalement affichĂ© une orientation pro-occidentale et pro-amĂ©ricaine, trĂšs critique Ă  l'Ă©gard de la Russie[50], mais tout en appliquant une politique qui aurait pu favoriser l'Ă©conomie russe, voire un accĂšs facilitĂ© Ă  la mafia et un modĂšle Ă©conomique si dĂ©rĂ©gulĂ© qu'il ne permettrait pas les rĂ©formes nĂ©cessaires Ă  une Ă©ventuelle intĂ©gration de la GĂ©orgie dans l'Union europĂ©enne. Avec un esprit et un comportement libertariens affirmĂ©s[51], il a promu un capitalisme le moins rĂ©gulĂ© possible. AprĂšs avoir Ă©tĂ© dĂ©mis de ses fonctions politiques, il a dĂ©cidĂ© de rester en GĂ©orgie et d'y ouvrir une Ă©cole de commerce privĂ©e[52] dont il est actionnaire, qu’il a ensuite prĂ©sentĂ© comme une universitĂ© libre et gratuite gĂ©rĂ©e par une fondation qu'il a crĂ©Ă©e. Des annĂ©es 1990 Ă  2000, environ un million de GĂ©orgiens (environ 20 % de la population) auraient quittĂ© la GĂ©orgie pour trouver de quoi vivre ailleurs, dont quelques milliers en France[53].

Filiation idéologique et politique

Durant 4 ans, la Géorgie a été considéré par la banque mondiale comme le marché le plus libre au monde.

Ceci a Ă©tĂ© possible selon Richard Kahn du Cato Institute (l'un des organes de diffusion du libertarisme) et directeur de l'institut Institute for Global Economic Growth (crĂ©Ă© en 2002 pour promouvoir le libĂ©ralisme Ă©conomique), grĂące Ă  un prĂ©sident et Ă  un chancelier (K. Bendoukidze) qui ont bien lu Friedrich Hayek et Milton Friedman et bien appris les leçons de leurs successeurs Margaret Thatcher et Ronald Reagan[54].”

En 2005, alors qu'il pilotait cette politique Ă©conomique, Ă  une question d'un journaliste du Financial Times, Bendoukidze a rĂ©pondu que deux personnes l'ont influencĂ© ; qu’il a connues Ă  Moscou et qui ont Ă©tĂ© ses amis ;

  • le russe AndreĂŻ Illarionov, rĂ©putĂ© libertaire, et qui fut conseiller Ă©conomique du prĂ©sident Poutine de 2000 Ă  2005 ;
  • Vitaly Naishul, un ancien fonctionnaire, mathĂ©maticien de formation. Moins connu qu’Egor GaĂŻdar qui a Ă©tĂ© selon Bendoukidze Ă  l’origine de l'idĂ©e d’une « thĂ©rapie de choc » pour la Russie et fĂ©dĂ©ration de Russie (sous la prĂ©sidence de Boris Eltsine) ou Anatoli TchoubaĂŻs (le pĂšre de la privatisation par coupons de masse), mais auteur d’un livre trĂšs radical : Another Life, Ă©crit la nuit et achevĂ© en 1982 alors qu'il travaillait pour l’URSS au Gosplan (ComitĂ© d'État soviĂ©tique de planification). Il concluait de sa connaissance du systĂšme de planification de l’URSS qu’il Ă©tait si complexe que nĂ©cessairement hors de contrĂŽle, ce qui l’a conduit Ă  prĂ©coniser, d'abord en secret, d’introduire comme antidote la propriĂ©tĂ© privĂ©e et un contexte d'Ă©conomie de marchĂ©. Remplacer le contrĂŽle des masses par une privatisation de masse a finalement Ă©tĂ© adoptĂ© comme une arme centrale par les rĂ©formateurs russes en 1992 pour dĂ©truire de l’intĂ©rieur l'ancien systĂšme, mais pas avec les rĂ©sultats escomptĂ©s[3].

Reprise d'activités industrielles et d'investisseur

Il dit se consacrer à la création d'une école privée de commerce dite européenne à Tbilissi[3]

Il conserve et gĂšre des activitĂ©s financiĂšres Ă  l'international, dont dans son domaine d'origine (gĂ©nie gĂ©nĂ©tique), par exemple selon le New York Times[55] en renflouant (par l'achat de son laboratoire et en devenant le 1er actionnaire de l'entreprise) la startup amĂ©ricaine AquaBounty Technology qui cherche Ă  mettre sur le marchĂ© d'AmĂ©rique du Nord et du Panama un saumon transgĂ©nique (AquAdvantage) puis des truites et tilapias transgĂ©niques ; En 2012, Bendoukidze, devenu le principal actionnaire d'AquaBounty Technologies, disait comprendre qu'une approbation ne serait pas donnĂ©e Ă  ce saumon lors d'une annĂ©e Ă©lectorale[55], tout en mettant le gouvernement et les Agences d'Ă©valuation sous pression : Il affirme ainsi dans le New York Times que si ce saumon transgĂ©nique n'est pas autorisĂ© aux États-Unis, « la nation perdra sa position de leader en matiĂšre de biotechnologie animale, et l'emploi se dĂ©placera ailleurs. Les scientifiques en Chine, en particulier, cherchent Ă  dĂ©velopper des Ă©levages rĂ©sistants Ă  la maladie de la vache folle et la fiĂšvre aphteuse, des moutons Ă  haut rendement en laine, et des cochons et des vaches saines produisant des acides gras omĂ©ga 3 dans leur viande »[55].

Personnage controversé

Bendoukidze en tant qu'homme d'affaires et en tant qu'homme politique a été ou est encore controversé.

DĂšs ses premiers investissements financiers, il s'inscrit dans des rĂ©seaux transfrontiĂšres, et il connait bien l'Internet. Avant de faire publiquement de la politique, il affichait une volontĂ© de lutte contre la corruption, par exemple en entrant dans la fondation INDEM (sigle qui signifie “Informatique pour la libertĂ©â€) crĂ©Ă©e par Georgi Satarov oĂč au Ă©tĂ© crĂ©Ă© un centre de lutte contre la corruption oĂč Bendoukidze a comptĂ© parmi les confondateurs - en 1998 - du HAK (ComitĂ© national anti-corruption). Le groupe des fondateurs comptait des oligarques ou industriels/financiers tels qu'Anatolij Volskij (PrĂ©sident de l'association russe des industriels et entrepreneurs)[56], et K. Bendoukidze et des politiciens tels que V. Loukine, I. Hakamada, B. Nemtsov, S. ChakhraĂŻ et d’autres qui affichaient notamment parmi leurs objectifs de protĂ©ger ceux qui luttent contre la corruption et d'analyser les lois pour y trouver les clauses facilitant ou permettant la corruption[57].

Comme dĂ©cideur et acteur politique de premier plan (ministre, puis chancelier), il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme l' « idĂ©ologue Ă©conomique » et l' « Ă©minence grise »[58] du gouvernement et du prĂ©sident gĂ©orgiens. Craint parce que sachant manipuler par la provocation et la dissonance cognitive, il a rĂ©sumĂ© sa vision politique libertarienne comme suit : « Le concept de base du libertarianisme est simple(..) toute tentative d’un gouvernement de faire quelque chose de bien est trĂšs nocive »[59]. Il a appliquĂ© ce principe en tant que ministre : « notre idĂ©ologie derriĂšre les rĂ©formes Ă©tait de tout privatiser, autant que possible »[60].

Initialement apprĂ©ciĂ© en GĂ©orgie pour son franc-parler et une volontĂ© affichĂ©e de lutter contre la corruption de la police (en 2004, arrivĂ© au pouvoir, il considĂšre qu’un service public dĂ©ficient doit ĂȘtre supprimĂ© ou entiĂšrement remplacĂ©[3]), il a en quelques annĂ©es beaucoup perdu de son influence politique ; DĂšs 2009, l'opposition, mais aussi des membres de son propre parti et des autoritĂ©s du pays le trouvent de plus en plus encombrant ou souhaitent son dĂ©part du gouvernement, d’autant plus que Mikheil Saakachvili, le prĂ©sident a Ă©tĂ© Ă©lu pour sa promesse de lutte contre la corruption et non pour mettre en place un marchĂ© dĂ©rĂ©gulĂ© prĂȘt Ă  vendre les richesses du pays aux investisseurs russes ou plus lointains[3].

Bien qu'il se prĂ©sente toujours comme partisan et ancien acteur de la lutte contre la corruption[50], l'opposition, comme certains analystes Ă©conomiques gĂ©orgiens, l'accusent entre autres choses d'avoir Ă©tĂ© Ă  la fois la voix des lobbies et intĂ©rĂȘts russes en GĂ©orgie et d'intĂ©rĂȘts financiers amĂ©ricains.

Autoritaire, Kakha Bendoukidze est aussi connu pour ses provocations parfois insultantes ; il aurait dit au chef d’une dĂ©lĂ©gation de la Commission europĂ©enne Ă  Tbilissi pour leur 1re rĂ©union, qu'il n’avait qu’ une demi-heure Ă  lui consacrer et qu’en tout Ă©tat de cause, aprĂšs avoir examinĂ© le plan d'action UE-GĂ©orgie, imprimĂ© en face de lui, il Ă©tait bon pour les ordures. Il a ainsi offensĂ© des ministres d'État des membres de l'UE et des reprĂ©sentants de la Banque mondiale, des fonctionnaires Ă©trangers et des journalistes. Employant volontiers l'argot russe avec des journalistes gĂ©orgiens. Il rĂ©sume ainsi ce qu’il pense de l’État (dont il a pourtant Ă©tĂ© ministre) «Demander de l'aide Ă  un gouvernement, c'est comme faire confiance Ă  un homme ivre pour faire une intervention chirurgicale sur le cerveau». Il a comparĂ© le FMI Ă  un Gosplan sur le Potomac, et qualifiĂ© l'UE de « civilisation sclĂ©rosĂ©e ». Et pour expliquer au Financial Times l'absence de tout systĂšme d'inspection de sĂ©curitĂ© alimentaire dans son pays, aprĂšs avoir insistĂ© sur la nullitĂ© de l’ancien systĂšme soviĂ©tique de sĂ©curitĂ© alimentaire il a expliquĂ© qu’il lui suffit de dire Ă  ses amis compatriotes que s'ils ont eu une intoxication alimentaire, ils devraient boycotter le restaurant en cause[3]. Il s’est aussi montrĂ© arrogant et insultant avec ses collĂšgues du gouvernement, par exemple en traitant, lors d'une rĂ©union de cabinet, le ministre de l'Énergie Nika Gilauri (devenu premier ministre en 2009) d'imbĂ©cile[61] et une capacitĂ© Ă  tourner Ă  la dĂ©rision les questions de ses adversaires par l'ironie : « Oui, il y a des gens qui croient vraiment que je suis assis ici et que je transmets en morse des informations Ă  l'Ă©tat-major des forces armĂ©es de la Russie » a-t-il dĂ©clarĂ© Ă  la chaĂźne de TV Imedi TV le . Il a qualifiĂ© les Ă©conomistes gĂ©orgiens qui ne soutenaient pas ses directives ou ses lignes de politique Ă©conomique de « groupe d'idiots, selon lequel ma mission au sein du gouvernement Ă©tait de renforcer les leviers de la Russie ici ».

Production Ă©crite

  • Bendoukidze a Ă©crit un livre sur l'Ă©conomie institutionnelle (en russe)

Notes et références

  1. [grani.ru/Society/m.234957.html]
  2. Institute of Biology and Physiology of Microorganisms, Puschino
  3. ESI, Georgia as a model, April 2010
  4. Database SB Group "Most" ("Kommersant": №8 from 02.1992, № 21 from 05.1993, "Kommersant-daily (en anaglais)" ou (http://www.kommersant.ru/ en russe]) from 19.03.1993, 20.03.1993, 30.03.1993, " Delovoy Mir" from 23.07.1992)
  5. The database SB Group "Most" ("Kommersant": №8 from 02.1992, № 21 from 05.1993,"Kommersant-daily" from 03.19.1993, 20.03.1993, 30.03.1993, "Delovoy Mir" from 23.07.1992)
  6. "The database SB Group "Most" ("Kommersant": №8 from 02.1992, № 21 from 05.1993,"Kommersant-daily" from 03.19.1993, 20.03.1993, 30.03.1993, "Delovoy Mir" from 23.07.1992)
  7. Database SB Group "Most" ("Kommersant": №8 from 02.1992, № 21 from 05.1993, "Kommersant-daily" from 19.03.1993, 20.03.1993, 30.03.1993, " Delovoy Mir" from 23.07.1992)
  8. Portail internet officiel du groupe Uralmash
  9. Central Asia/Russia ; Russia's mafia and the struggle for power STRATFOR.COM's Global Intelligence, mis à jour 2000-07-12, consulté 2013-01-03
  10. Kakha Bendukidze - General Director of OMZ ХрДЎа, 16 Марта 2011]
  11. Almaz Shipbuilding Company JSC, qui sera bientĂŽt dirigĂ©e par Kazbekov (de 2005 Ă  2012, annĂ©e oĂč il sera remplacĂ© par Leonid Grabovets, selon Investing Businessweek : Machinery Company Overview of Almaz Shipbuilding Company JSC, 03, 2013-01-03, consultĂ© 2013-02-03
  12. Source: "Kommersant Vlast-" le 09/11/2001
  13. Site Web offiiel de l'entreprise OMZ
  14. Source: "NezavissimaĂŻa Gazeta" de 15/06/2000
  15. ancienne association Science and Industry Union créée en 1990 par Arkady Volsky et transformée en lobby industriel dit Union russe des industriels et entrepreneurs
  16. Kompromat.ru form 24/04/2003
  17. Kompromat.ru le 31/07/2003
  18. Source: "Kommersant" daté 29/09/2003
  19. « OKB “GIDROPRESS” is the subordinate enterprise of State Atomic Energy Corporation “Rosatom”. » in Gidropress, Experimental & design organisation ; Our company
  20. Source : Site officiel du Président de la Fédération de Russie, consulté 06.10.2003
  21. Source : Russian "Newsweek" ; 07/06/2004
  22. Source : Vedomosti, daté 01/06/2009
  23. Guriev and Rachinsky, “Oligarchs: The Past or the Future of Russian Capitalism?” July 2004
  24. « Bendukidze does not belong to Putin‟s circle of friends and he understood sooner than everyone else that everything would be taken away from him... Bendukidze by far hasn‟t exhausted his potential but right now the Russian authorities do not need such talented people », in Alexander Shvarev, “He Is Not Sure about the Russian Authorities” (en Russe), Vremya Novostey, no. 94, 2 June 2004. (lien vers l'article)
  25. Source: Kommersant № 22/P (4077) from 09.02.2009
  26. Source: Kommersant-ligne du 20.11.2008
  27. "Arguments and Facts" ; 09.06.2004.
  28. «Sobesednik" du 25.10.2005
  29. BBC News, "Georgia set for political rallies" ; 9 avril 2009. [consulté] 2009-04-09.
  30. ESI Interview with Kakha Bendukidze, 25 January 2009
  31. BBC News, BBC : Russian tycoon to reform Georgia
  32. Alexander Bekker, Interview: Kakha Bendukidze, the Minister of Economy of Georgia: Georgia Has Nothing to Lose (en Russe), Vedomosti 93 (1133), 2004-06-02.
  33. USA, Georgia: Opened for Business, September 2009, p. 3.
  34. Lincoln Mitchell, Uncertain Democracy, 2009, p. 117 et 162.
  35. Mitchell, Robert W. (1999-04-02). "Russia plans to up output of ferroalloys" American Metal Market. Consulté 2009-02-01 (lien)
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  37. Invest in Georgia website ; Georgian government: http://www.investingeorgia.org/ Voir aussi : Fraser 2007 (the latest), Heritage 2010, World Bank 2010, Forbes 2008.
  38. Simeon Djankov, “Top Reformer Wins Election in Georgia”, Doing Business Blog, 7 January 2008. http://blog.doingbusiness.org/2008/01/top-reformer-wi.html
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  51. Vladimir Fedorin, An interview with Bendukidze, Mar. 17-18, 2009. Published on the “empedocl” blog, ttp://empedocl.livejournal.com/54620.html
  52. Currently Bendukidze concentrates on building up a private European School of Management in Tbilisi. “Bendukidze on His Dismissal”, Civil Georgia, 8 February 2009. (lien vers l'article)
  53. Lili Sakhltkhytsichvili et Mirian MĂ©loua (2005), [GĂ©orgie : Le chĂąteau de Leuville, un avenir difficile Ă  dessiner] ; Samedi 7 mai 2005
  54. , 2008
  55. Pollack, Andrew (2012) An Entrepreneur Bankrolls a Genetically Engineered Salmon (« Si les AmĂ©ricains mangent un jour du saumon gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s Ă  croissance rapide, ce pourrait ĂȘtre Ă  cause d'un biologiste soviĂ©tique devenu oligarque devenu ministre d'un gouvernement et devenu entrepreneur piscicole ») The New York Times 2012-05-21, consultĂ© 2012-10-03
  56. President of the Russian Association of Industrialists and Entrepreneurs
  57. Myriam DĂ©sert (2006), Le dĂ©bat russe sur l’informel ; Centre d'Ă©tudes et de recherches internationales ; Sciences Po ; Questions de Recherche / Research in Question N° 17 – mai 2006 ; voir p 29/53 du pdf
  58. Georgian Times, “Architect of Georgian economy” is suspected of violations ; 2009-01-08
  59. Vladimir Fedorin, “Keynesianism Is a Phlogiston Theory‟: interview with Kakha Bendukidze” (in Russian), empedocl’s LiveJournal blog, 2009-04-23, consultĂ© 2013-01-02 (lien)
  60. CATO Institute, “Georgia's Transformation into a Modern Market Democracy”, Policy Forum, 13 May 2008. (lien)
  61. Article " Bendukidze est parti", Le Messager (Géorgie)] 12 février 2009

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (ru) Vitaliy Tretyakov, “Bendukidze‟s Mission” (in Russe), Rossiiskaya Gazeta (Federal issue), no. 3492, . (lien vers l'article)
  • (en) Banque mondiale, Russian Enterprise Reform: Policies to Further the Transition, Banque mondiale, World Bank discussion paper, Parties 63 Ă  400 ; Ed : Harry G. Broadman ; (ISSN 0259-210X)
  • (en) Elena Medova & Larissa Tischenko (2006), « Lawless privatization ? »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) ; Working paper no 29
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